person:gilbert achcar

  • L’antisionisme est une opinion, pas un crime - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2019/02/28/l-antisionisme-est-une-opinion-pas-un-crime_1712216

    Tribune. Monsieur le Président, vous avez récemment déclaré votre intention de criminaliser l’antisionisme. Vous avez fait cette déclaration après en avoir discuté au téléphone avec Benyamin Nétanyahou, juste avant de vous rendre au dîner du Crif.
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    Monsieur le Président, vous n’êtes pas sans savoir que la Constitution de la République énonce en son article 4 que « la loi garantit les expressions pluralistes des opinions. » Or, l’antisionisme est une opinion, un courant de pensée né parmi les juifs européens au moment où le nationalisme juif prenait son essor. Il s’oppose à l’idéologie sioniste qui préconisait (et préconise toujours) l’installation des juifs du monde en Palestine, aujourd’hui Israël.

    L’argument essentiel de l’antisionisme était (et est toujours) que la Palestine n’a jamais été une terre vide d’habitants qu’un « peuple sans terre » serait libre de coloniser du fait de la promesse divine qui lui en aurait été donnée, mais un pays peuplé par des habitants bien réels pour lesquels le sionisme allait bientôt être synonyme d’exode, de spoliation et de négation de tous leurs droits. Les antisionistes étaient, et sont toujours, des anticolonialistes. Leur interdire de s’exprimer en prenant prétexte du fait que des racistes se servent de cette appellation pour camoufler leur antisémitisme, est absurde.

    Monsieur le Président, nous tenons à ce que les Français juifs puissent rester en France, qu’ils s’y sentent en sécurité, et que leur liberté d’expression et de pensée y soit respectée dans sa pluralité. L’ignominie des actes antisémites qui se multiplient ravive le traumatisme et l’effroi de la violence inouïe dont leurs parents ont eu à souffrir de la part d’un Etat français et d’une société française qui ont largement collaboré avec leurs bourreaux. Nous attendons donc de vous que vous déployiez d’importants moyens d’éducation, et que les auteurs de ces actes soient sévèrement punis. Mais nous ne voulons certainement pas que vous livriez les juifs de France et leur mémoire à l’extrême droite israélienne, comme vous le faites en affichant ostensiblement votre proximité avec le sinistre « Bibi » et ses amis français.

    C’est pourquoi nous tenons à vous faire savoir que nous sommes antisionistes, ou que certains de nos meilleurs amis se déclarent comme tels. Nous éprouvons du respect et de l’admiration pour ces militants des droits humains et du droit international qui, en France, en Israël et partout dans le monde, luttent courageusement et dénoncent les exactions intolérables que les sionistes les plus acharnés font subir aux Palestiniens. Beaucoup de ces militants se disent antisionistes car le sionisme a prouvé que lorsque sa logique colonisatrice est poussée à l’extrême, comme c’est le cas aujourd’hui, il n’est bon ni pour les juifs du monde, ni pour les Israéliens, ni pour les Palestiniens.

    Monsieur le Président, nous sommes des citoyens français respectueux des lois de la République, mais si vous faites adopter une loi contre l’antisionisme, ou si vous adoptez officiellement une définition erronée de l’antisionisme qui permettrait de légiférer contre lui, sachez que nous enfreindrons cette loi inique par nos propos, par nos écrits, par nos œuvres artistiques et par nos actes de solidarité. Et si vous tenez à nous poursuivre, à nous faire taire, ou même à nous embastiller pour cela, eh bien, vous pourrez venir nous chercher.

    Premiers signataires : Gilbert Achcar universitaire Gil Anidjar professeur Ariella Azoulay universitaire Taysir Batniji artiste plasticien Sophie Bessis historienne Jean-Jacques Birgé compositeur Simone Bitton cinéaste Laurent Bloch informaticien Rony Brauman médecin François Burgat politologue Jean-Louis Comolli cinéaste Sonia Dayan-Herzbrun sociologue Ivar Ekeland universitaire Mireille Fanon-Mendès France ex-experte ONU Naomi Fink professeure agrégée d’hébreu Jean-Michel Frodon critique et enseignant Jean-Luc Godard cinéaste Alain Gresh journaliste Eric Hazan éditeur Christiane Hessel militante et veuve de Stéphane Hessel Nancy Huston écrivaine Abdellatif Laâbi écrivain Farouk Mardam-Bey éditeur Gustave Massiah économiste Anne-Marie Miéville cinéaste Marie- José Mondzain philosophe Ernest Pignon-Ernest artiste plasticien Elias Sanbar écrivain, diplomate Michèle Sibony enseignante retraitée Eyal Sivan cinéaste Elia Suleiman cinéaste Françoise Vergès politologue.

    Liste complète des signataires disponible sur : https://bit.ly/2BTE43k

  • Antisémitisme et antisionisme : une assimilation absurde dans le monde arabe - Caroline HAYEK et Anthony SAMRANI - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1158662/antisemitisme-et-antisionisme-une-assimilation-absurde-dans-le-monde-

    Au Proche-Orient, c’est le sionisme et plus largement la politique israélienne qui ont fait le lit de l’antisémitisme.
    Caroline HAYEK et Anthony SAMRANI | OLJ
    23/02/2019

    C’est un débat qui se joue en France mais qui est suivi avec attention de l’autre côté de la Méditerranée. Emmanuel Macron a annoncé mercredi vouloir intégrer l’antisionisme – dans le sens de la négation du droit d’Israël à exister – à la définition juridique de l’antisémitisme. Le président français considère que « l’antisionisme est une des formes modernes de l’antisémitisme », alors que les actes antisémites en France étaient en hausse de 74 % en 2018 par rapport à l’année précédente.

    Plusieurs voix critiques ont fait remarquer que cela pouvait conduire à des incohérences – la plus absurde étant d’être amené à considérer certains juifs antisionistes comme des antisémites – et à créer une confusion entre une idéologie politique et une identité religieuse. Cela revient aussi à faire le jeu du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, pour qui les deux termes sont indissociables, et à donner l’impression qu’il n’est pas permis en France de critiquer la politique israélienne, même si ce n’est pas du tout le sens de l’initiative présidentielle.

    Vue du monde arabe, l’assimilation entre ces deux termes apparaît pour le moins inadaptée. Si l’antisionisme peut parfois, comme en Europe, cacher des relents d’antisémitisme, c’est bien le sionisme qui apparaît comme la cause première de la montée de l’antisémitisme, et non l’inverse. L’antisémitisme est un terme inventé au XIXe siècle pour évoquer la discrimination à l’égard des populations juives au sein des sociétés européennes. Outre l’argument un peu simpliste que les Arabes sont eux-mêmes un peuple sémite, la notion n’a pas vraiment de sens dans le contexte arabe. Malgré un statut particulier les empêchant, à l’instar des chrétiens, d’accéder aux hautes fonctions politiques et administratives, les juifs étaient bien intégrés au sein des sociétés arabes et n’ont pas subi de persécutions comparables à ce qu’ont pu être les pogroms en Europe.

    « La communauté juive a connu un moment de gloire et de puissance à l’époque ottomane, notamment lors de l’arrivée massive des juifs chassés d’Espagne », note Henry Laurens, professeur au Collège de France et titulaire de la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe, interrogé par L’Orient-Le Jour. « Avant la déclaration Balfour et tout ce qu’elle entraînera par la suite, les juifs sont une communauté parmi d’autres dans le monde arabe, qui, depuis l’ère ottomane en particulier, a été organisée sur une base communautaire », confirme à L’OLJ Gilbert Achcar, professeur à la School of Oriental and African Studies (SOAS, University of London), auteur d’un ouvrage sur Les Arabes et la Shoah : la guerre israélo-arabe des récits (2013).

    Dégradation continue

    La diffusion des thèses sionistes développées par l’intellectuel autrichien Theodor Herzl va peu à peu changer la donne jusqu’au tournant de la création d’Israël en 1948, véritable choc pour les populations arabes. Au début du XXe siècle, les populations locales ne font pas nécessairement la distinction entre juifs et sionistes, le second terme n’étant pas encore véritablement assimilé. « Les habitants de la Palestine historique avaient l’habitude de désigner les juifs comme juifs. Certains étaient sionistes, mais beaucoup ne l’étaient pas. Ils étaient pour la plupart des juifs religieux et asionistes ou antisionistes », décrit à L’OLJ Tarek Mitri, ancien ministre et directeur de l’institut d’études politiques Issam Farès de l’AUB.

    « Les Arabes ont d’abord connu le sionisme de façon indirecte, en lisant la presse européenne. En Palestine, les premières réactions ne sont pas nécessairement négatives, mais les choses changent à partir de la déclaration Balfour, et le sionisme est progressivement considéré comme un danger pour les Palestiniens d’une part, et pour les Arabes du Proche-Orient d’autre part. Cela conduit à une dégradation continue de la situation des communautés juives du Proche-Orient à partir des années 1930 », dit Henry Laurens.

    Les relations se compliquent à mesure que l’immigration juive s’accélère en raison de la répression dont ils sont victimes en Europe.

    « Dans les discours, il y avait une distinction entre les juifs et les mouvements sionistes. Dans la pratique, ce qui inquiétait particulièrement les Arabes, c’est le fait de voir une communauté parmi d’autres se doter d’un territoire, de passer de la communauté à la nation », note Henry Laurens.Dans les années 1930 et 1940, c’est l’histoire européenne qui rencontre frontalement celle du Proche-Orient, de façon encore plus brutale après l’Holocauste et jusqu’à la création de l’État hébreu. Durant cette période, le grand mufti de Jérusalem Hajj Amine al-Husseini – qui n’était toutefois pas représentatif des Palestiniens – va collaborer avec l’Allemagne hitlérienne, au départ pour contrecarrer les projets anglais d’établissement d’un foyer juif, jusqu’à approuver sa politique génocidaire contre les juifs. Cet épisode va être largement instrumentalisé par la propagande israélienne pour démontrer un soi-disant antisémitisme arabe, au point que Benjamin Netanyahu va même aller jusqu’à présenter le mufti comme l’inspirateur de la solution finale.

    Complotisme et négationnisme

    La création de l’État hébreu va profondément changer les rapports entre les juifs et les autres communautés dans le monde arabe. Si, pour les sionistes, l’aboutissement du projet étatique est avant tout le fruit d’une volonté collective de plusieurs décennies, il apparaît aux yeux des Arabes comme une injustice liée à un génocide dont ils ne sont en aucun cas responsables. Les juifs du monde arabe n’accueillent pas forcément avec enthousiasme la naissance d’Israël. « Les communautés juives du monde arabe, surtout d’Égypte et d’Irak, n’étaient pas vraiment tentées au début par la migration vers la Palestine. Mais il y a eu deux facteurs qui ont encouragé ce mouvement. D’une part, la politique israélienne qui a tout fait pour les attirer, au point que le Mossad a organisé des attentats contre des synagogues pour leur faire peur. D’autre part, il y a une méfiance arabe qui s’est installée et qui faisait que les juifs pouvaient être perçus comme une sorte de 5e colonne », explique Tarek Mitri.

    Après la proclamation de l’indépendance d’Israël par David Ben Gourion, l’antisionisme va devenir dominant dans le monde arabe. Le sionisme apparaît comme un projet colonial avalisé par les puissances occidentales visant à déposséder les Arabes de leurs terres. La distinction devient très nette dans les discours entre juifs et sionistes. « Dans leurs discours, Nasser ou Arafat ne font pas d’amalgame entre sioniste et juif, bien au contraire. Au début de son combat, le projet politique de Arafat était d’instaurer un débat laïc et démocratique en Palestine où juifs, chrétiens et musulmans coexisteraient », explique Tarek Mitri.

    Le double sentiment d’injustice et d’humiliation que les Arabes ont vis-à-vis de l’État hébreu va toutefois être le moteur d’un antisémitisme qui va avoir un certain écho au sein des classes populaires arabes – où le terme juif est parfois utilisé comme une insulte – et va être largement relayé par les mouvements islamistes. Cela va être particulièrement visible à travers la propagation de deux phénomènes intimement liés : le complotisme et le négationnisme.

    « Les théories du complot qui sont dans le discours antisémite occidental ont pu facilement trouver un public dans le monde arabe, parce que, de fait, c’est une région qui a connu de vrais complots, à commencer par les fameux accords secrets Sykes-Picot », constate Gilbert Achcar. L’idée complotiste des protocoles des sages de Sion, qui attribuent aux juifs des plans de domination du monde, est largement répandue au sein du monde arabe. « Chez les islamistes, il y a eu un moment où on a ressuscité une vieille littérature parareligieuse qui ridiculise et avilie les juifs. Ils puisent dans les textes sacrés ce qui est de nature à susciter la méfiance ou même la haine à l’égard des juifs », note Tarek Mitri.

    Le négationnisme concernant l’Holocauste trouve aussi ses adeptes, même s’ils restent minoritaires. Dans un article publié en 1998 dans le Monde diplomatique, le grand intellectuel palestino-américain Edward Saïd s’indignait que « la thèse selon laquelle l’Holocauste ne serait qu’une fabrication des sionistes circule ici et là. Pourquoi attendons-nous du monde entier qu’il prenne conscience de nos souffrances en tant qu’Arabes si nous ne sommes pas en mesure de prendre conscience de celles des autres, quand bien même il s’agit de nos oppresseurs ? » ajoutait-il non sans une certaine verve. « La plupart des gens qui ont un peu de culture savent que la Shoah n’est pas une invention, mais un certain négationniste a pu trouver un écho favorable chez les gens étroits d’esprit, qu’ils soient ultranationalistes ou intégristes », dit Gilbert Achcar.

    Ce dernier insiste toutefois sur le fait qu’il n’y a pas d’antisémitisme propre au monde arabe, mais que la diffusion des thèses antisémites dans cette région n’est pas comparable à ce qui se passe en Occident. « Toute l’équation entre le monde occidental et le monde arabe est complètement faussée par le fait que les juifs étaient opprimés pendant des siècles en Europe, tandis que dans le monde arabe, ce qu’on peut qualifier de haine envers les juifs est surtout le produit d’une histoire moderne marquée par la présence d’un État oppresseur, qui insiste lui-même à se faire appeler État juif », résume Gilbert Achcar. Et Tarek Mitri de conclure, pour insister sur la nécessité de distinguer les deux termes dans le monde arabe : « Il y avait une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU en 1975 qui disait que le sionisme était une forme de racisme et de discrimination. Elle a été révoquée en 1991, mais elle avait suscité un grand enthousiasme dans le monde arabe. »

  • La fonction pétrolière assignée à son protectorat saoudien par l’Amérique, par Gilbert Achcar dans Al-Quds Al-Arabi - Actuarabe
    http://actuarabe.com/la-fonction-petroliere-assignee-a-son-protectorat-saoudien-par-lamerique

    L’Arabie saoudite remplit une fonction pétrolière décisive pour l’hégémonie mondiale américaine : Riyad peut influencer les prix mondiaux du pétrole comme aucun autre Etat, en raison de ses réserves considérables et du fait qu’elle soit un des premiers exportateurs de pétrole au monde. L’Arabie saoudite est aussi le plus riche des grands exportateurs en ce qui concerne le revenu pétrolier par habitant. Toutes ces données permettent à l’Arabie saoudite de faire preuve d’une grande souplesse pour supporter la baisse des prix du pétrole suite à l’augmentation des exportations, ou baisser les exportations pour faire monter les prix.

  • Le gendre de Trump fait tout pour sauver Ben Salman, par Gilbert Achcar dans Al-Quds Al-Arabi - Actuarabe
    http://actuarabe.com/le-gendre-de-trump-fait-tout-pour-sauver-ben-salman

    L’ensemble des médias internationaux ont mis en avant les échecs de Ben Salman à la suite de ses actions inconsidérées et l’assassinat de Khashoggi n’est que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Mais le Prince héritier n’a pas pris en compte le fait que les actes que peut se permettre un dirigeant autoritaire comme Vladimir Poutine ne peuvent pas être commis aussi facilement par un dirigeant otage des Etats-Unis. Personne ne doute de la responsabilité directe de Poutine dans la tentative d’assassinat de l’ancien espion russe en Grande-Bretagne il y a huit mois, mais cette action n’a pas fait trembler le trône du nouvel empereur de Russie. Ce dernier ne dépend de personne et possède tous les éléments constitutifs du pouvoir. Il a même entre ses mains les éléments constitutifs de la puissance internationale, dont il se sert pour soutenir par exemple la famille Assad en Syrie.

  • Gilbert Achcar sur France 24 qui dit une chose (malgré sa victoire le Hezbollah est obligé de négocier avec Hariri) et son contraire (le Hezbollah va dicter ses conditions) avant de se ressaisir partiellement (même si comme je l’ai dit...)

    Les Georges Corm sont une espèce rarissime.

  • Israël hanté par la Nakba
    Thomas Vescovi, Monde diplomatique, mai 2018
    https://www.monde-diplomatique.fr/2018/05/VESCOVI/58636

    « La marche du grand retour » : c’est ainsi que les organisations politiques palestiniennes nomment les actions menées chaque année depuis 2009 entre le 30 mars et le 15 mai. Pour l’État d’Israël, le 14 mai marque le souvenir de ce jour de 1948 où David Ben Gourion déclara l’indépendance. La société palestinienne, elle, commémore le lendemain la Nakba (« catastrophe », en arabe) : l’expulsion des 805 000 Palestiniens dont les descendants attendent encore l’application de la résolution 194, votée le 11 décembre 1948 par l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU). Ce texte fonde leur « droit au retour » : c’est-à-dire de pouvoir rentrer dans leurs foyers ou de recevoir une compensation. Enfin, c’est à cette date que l’administration de M. Donald Trump entend inaugurer la nouvelle ambassade des États-Unis à Jérusalem.

    Au terme de la première guerre israélo-arabe, des centaines de milliers de Palestiniens se retrouvent éparpillés aux quatre coins de la région. Des historiens enregistrent les événements, conscients que la version du vainqueur risque de s’imposer. Les écrits de Walid Khalidi ou Sami Hadawi sont sans ambiguïté : qu’il ait préféré fuir de lui-même pour se protéger ou qu’il y ait été forcé, le peuple palestinien a été chassé de sa terre (1). Mais, pour que cette version des événements de 1948 se diffuse au-delà du monde arabe, il a fallu attendre 1987 et la publication des premiers ouvrages des « nouveaux historiens » israéliens, parmi lesquels Benny Morris, Tom Segev, Ilan Pappé et Avi Shlaïm (2). En s’appuyant sur les archives de leur État, ces chercheurs ébranlèrent un à un les piliers de l’historiographie officielle.

    La temporalité de ces publications n’est pas anodine. Le premier ouvrage paraît lorsque se déclenche la première Intifada, près d’une décennie après l’arrivée au pouvoir de la droite et le début du mouvement refuznik, qui voit des objecteurs de conscience refuser de servir dans les territoires occupés tandis que des militaires israéliens s’interrogent à propos des pratiques de leur armée. Les pacifistes entrent dans une phase d’ouverture et d’interrogation sur leur société, leur État et leur rapport à l’autre. L’accession d’Itzhak Rabin au poste de premier ministre en 1992 et le début des négociations avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui conduisent à la signature des accords d’Oslo en septembre 1993, s’inscrivent dans ce cadre. C’est l’époque où la guerre froide se termine et où le soutien de nombreux pays arabes à la coalition anti-irakienne durant la guerre du Golfe de 1991 sonne le glas d’un panarabisme longtemps opposé à toute négociation avec Israël.

    Au cours de la première moitié des années 1990, les travaux des « nouveaux historiens » suscitent un réel intérêt au sein d’une partie de la société israélienne. Conférences, séminaires, débats dans les médias : sans être acceptées par tous, les thèses avancées dans ces ouvrages sont du moins discutées. Des projets d’écriture d’une histoire israélo-palestinienne surgissent, de même que des commissions visant à revoir les programmes d’histoire dans les écoles. Cependant, les discussions restent cantonnées aux milieux intellectuels. L’assassinat de Rabin par un extrémiste juif en 1995, puis l’arrivée au pouvoir de M. Benyamin Netanyahou en 1996 et le début des attentats-suicides sur le sol israélien mettent à mal ce processus d’ouverture, mais ne l’interrompent pas.

    Le déclenchement de la seconde Intifada, fin septembre 2000, referme néanmoins les derniers espaces d’échange et de dialogue entre Israéliens et Palestiniens au sujet de leurs récits historiques. Principaux promoteurs de ces relations, les mouvements pacifistes s’effondrent à la suite de l’échec, en juillet 2000, du sommet de Camp David ; un échec dont le premier ministre travailliste Ehoud Barak, par un tour de passe-passe masquant sa propre intransigeance (il reconnaîtra plus tard n’avoir rien proposé au dirigeant palestinien), impute la responsabilité au seul Yasser Arafat. Sans représenter l’avant-garde du mouvement, les militants de la gauche sioniste parvenaient à rassembler de larges secteurs de la société israélienne. Avec les déclarations de M. Barak et le déclenchement d’un second soulèvement palestinien bien plus meurtrier et militarisé que le premier, la majeure partie d’entre eux cessent toute activité pacifiste ; leurs organisations s’essoufflent.

    Pour la société juive, il n’y aurait alors « plus de partenaire » avec qui faire la paix. Les Israéliens perçoivent la seconde Intifada comme une attaque sans sommation des Palestiniens, qui plus est marquée par la mobilisation du Hamas, nouvelle force politique à tendance islamiste, ce qui fait écho à une actualité mondiale anxiogène. En 2001, Ariel Sharon, chef de file de la droite, remporte les élections en proposant une autre issue : puisque la cohabitation est impossible, la séparation amènera la paix. Conformément à cette logique unilatérale, un mur est construit en Cisjordanie entre Palestiniens et colons israéliens et l’armée se retire de la bande de Gaza.

    La mémoire de la Nakba est à nouveau profondément enfouie au profit de la vieille propagande : les Palestiniens auraient quitté leur terre pour ne pas vivre avec des Juifs ; Israël a droit à cette terre que Dieu aurait donnée à Abraham. Dès sa prise de fonctions, Sharon fait retirer des écoles le manuel d’histoire d’Eyal Naveh, qui introduisait une vision hétérodoxe de 1948. À l’université, les travaux des « nouveaux historiens » sont combattus avec virulence. Aujourd’hui, cette bataille est au cœur des actions d’Im Tirtzu, une organisation estudiantine proche du dirigeant d’extrême droite et actuel ministre de l’éducation Naftali Bennett, dont les militants ont mené ces dernières années une campagne baptisée « La Nakba est un mensonge » (3). Les Israéliens refusent de se considérer comme partie prenante de l’histoire palestinienne, et les institutions leur martèlent qu’ils sont les héritiers d’idées émancipatrices et progressistes.

    La création d’Israël a lieu au lendemain de la guerre la plus meurtrière de l’histoire, à l’issue de laquelle les idéaux de liberté ont triomphé du fascisme. Les Juifs incarnent les principales victimes de la terreur nazie, et la fondation d’un État-refuge au Proche-Orient doit venir réparer cette tragédie pourtant européenne. Dès lors, la défense d’Israël devient un enjeu à la fois politique et civilisationnel. La mémoire de la Nakba risque de ternir la totale innocence qu’affiche l’appareil d’État israélien. Accepter qu’à la création du pays ses combattants n’aient pas été des victimes, mais des bourreaux, ruinerait la « pureté des armes » dont se targue l’armée dite « de défense » d’Israël.

    La logique de séparation a entraîné dans la société juive israélienne un profond désintérêt pour la question palestinienne. Lors des élections législatives de mars 2015, seuls 9 % considéraient l’obtention d’un accord de paix avec les Palestiniens comme une priorité pour le prochain gouvernement (4). Ce sujet devenant invisible à leurs yeux, une forte proportion d’Israéliens se rallient aux idées les plus nationalistes. En 2001, lorsque la violence de la seconde Intifada était à son paroxysme, 35 % d’entre eux se disaient favorables à un « transfert » de la population arabe hors d’Israël vers la Cisjordanie ou la Jordanie (5). En 2015, 58 % soutiennent cette proposition, et 59 % la mise en place d’un régime d’apartheid privilégiant les Juifs en cas d’annexion de la Cisjordanie.

    Sur les ruines du grand mouvement pour la paix ont toutefois émergé de petites organisations agissant sur des questions plus ciblées. Ainsi Zochrot, fondée en 2001, se donne pour objectif d’enseigner la Nakba à la société israélienne. Elle a pris l’initiative de la première conférence sur le droit au retour des réfugiés palestiniens en Israël et organise depuis 2013 un festival annuel de films intitulé « De la Nakba au retour ». Elle propose également des visites de sites palestiniens « abandonnés » en 1948. La résidence d’un cheikh devenue cafétéria de l’université de Tel-Aviv, des maisons palestiniennes transformées en centre psychiatrique à Kfar Shaul : autant d’éléments du paysage israélien qui rappellent l’arabité de la terre. Pour les fondateurs du centre de recherche alternatif De-Colonizer (décoloniser), Éléonore Merza et Eitan Bronstein, la Nakba reste un tabou en Israël. En pratique, « la discussion se limite généralement à la question de savoir s’il est souhaitable ou même permis d’en discuter ». Cependant, ils notent que la situation a évolué, puisque le mot bénéficie d’un écho suffisant pour inquiéter les responsables politiques.

    Le 23 mars 2011, la Knesset, le Parlement israélien, adopte un amendement au budget prévoyant qu’aucune organisation commémorant le jour de la fête nationale comme un deuil ne reçoive plus de subventions. Naturellement, ces associations n’en bénéficiaient pas auparavant, mais il s’agit de les stigmatiser et de diffuser le sentiment que prendre part à ce type de manifestations vous place en dehors de la société. Par ailleurs, l’amendement dénie à la population arabe d’Israël, soit un habitant sur cinq, le droit d’honorer son histoire. D’ailleurs, depuis 2009, les écoles arabes n’ont officiellement plus le droit d’utiliser le terme « Nakba » dans leurs programmes.

    Pour la sociologue Ronit Lentin, il existe en Israël trois manières de considérer la Nakba (6). Une minorité ressasse la vision fantasmée de la Palestine comme « terre sans peuple pour un peuple sans terre ». D’autres reconnaissent partiellement la tragédie vécue par les Palestiniens, mais refusent d’admettre une quelconque responsabilité juive, voire répètent les arguments éculés sur les liens entre les Arabes et les nazis (7). Enfin, certains reconnaissent explicitement l’expulsion, mais refusent l’idée de présenter des excuses, ou regrettent même que le transfert n’ait pas été total — comme le « nouvel historien » repenti Benny Morris, qui a fini par affirmer : « Un État juif n’aurait pas pu être créé sans déraciner les Palestiniens (8). »

    Le Likoud, quant à lui, s’en tient à la version officielle niant toute expulsion, et par conséquent tout droit des Palestiniens sur la terre. La gauche sioniste reconnaît des massacres et des expulsions, mais en attribue la responsabilité aux milices nationalistes du Parti révisionniste, l’Irgoun et le Lehi.

    Pour certains militants anti-occupation, la découverte de la réalité de 1948 a marqué le début d’une remise en question plus générale de l’État d’Israël. D’où la réticence de beaucoup de leurs concitoyens à s’interroger sur cette période. Accepter de voir s’effondrer le récit inculqué depuis l’école les condamnerait à une marginalisation, voire à une stigmatisation ; on les accuserait d’accepter le discours de l’adversaire. Ainsi, certains parviennent à enfouir ces vérités au plus profond d’eux-mêmes afin de poursuivre normalement leur vie.

    Conformément à la théorie freudienne (9), Israël agit avec la Nakba comme un esprit traumatisé qui tente de refouler ce qui le hante. Une sorte d’« inquiétante étrangeté », à la source d’un sentiment de honte ressenti à l’égard d’actes passés, provoque un malaise qui pousse à vouloir les faire disparaître. Ce passé dérangeant revient, selon Freud, lorsque s’effacent les limites entre l’imagination et la réalité. La mémoire de la Nakba remonte à la surface par l’intermédiaire de divers acteurs qui détruisent les créations imaginaires pour montrer la réalité, et de Palestiniens qui saisissent toutes les occasions de resurgir dans l’espace public.

    La marche du 30 mars et celles qui ont suivi, avec leur lourd bilan humain, sont un cauchemar pour l’État d’Israël ; un rappel du fait que cinq millions de Palestiniens, les réfugiés et leurs descendants qui vivent à Gaza, en Cisjordanie ou dans d’autres pays de la région continuent de s’accrocher à leur droit au retour, ou à une indemnité à titre de compensation pour avoir été chassés de leur terre et de leurs demeures. Ils incarnent une injustice dont les Israéliens restent comptables.

    Thomas Vescovi Chercheur indépendant en histoire contemporaine, auteur de La Mémoire de la Nakba en Israël, L’Harmattan, coll. « Comprendre le Moyen-Orient », Paris, 2015.

    (1) Walid Khalidi, Nakba, 1947-1948, Sindbad - Actes sud - Institut des études palestiniennes, Arles, 2012.
    (2) Lire Dominique Vidal, « L’expulsion des Palestiniens revisitée par des historiens israéliens », Le Monde diplomatique, décembre 1997.
    (3) Lire Charles Enderlin, « Israël à l’heure de l’Inquisition », Le Monde diplomatique, mars 2016.
    (4) The Times of Israel, Jérusalem, 25 janvier 2015.
    (5) Gideon Levy, « Survey : Most Israeli Jews wouldn’t give Palestinians vote if West Bank was annexed », Haaretz, Tel-Aviv, 23 octobre 2012.
    (6) Ronit Lentin, Co-memory and Melancholia. Israelis memorialising the Palestinian Nakba, Manchester University Press, 2010.
    (7) Lire Gilbert Achcar, « Inusable grand mufti de Jérusalem », Le Monde diplomatique, mai 2010.
    (8) Haaretz, 9 janvier 2004.
    (9) Sigmund Freud, L’Inquiétante Étrangeté et autres essais, Gallimard, coll. « Folio essais », Paris, 1985 (1re éd. : 1919).

    #Palestine #Nakba #Histoire

  • La dualité du projet sioniste, par Gilbert Achcar (Le Monde diplomatique, février 2018)

    Théorisé par Theodor Herzl, le sionisme politique entendait obtenir la création d’un État pour le peuple juif en Palestine. S’il était motivé par les souffrances des communautés juives, notamment en Europe de l’Est, et par le regain d’antisémitisme dans l’ouest du vieux continent, ce mouvement relevait d’une logique colonialiste conforme au contexte européen de l’époque.

    https://www.monde-diplomatique.fr/mav/157/ACHCAR/58306

    l n’est pas rare que les opprimés de l’histoire soient eux-mêmes oppresseurs. C’est le cas en particulier des mouvements de libération qui luttent contre le joug colonial tandis que leur propre nation, elle-même opprimée, s’en prend à une minorité, raciale, religieuse ou autre, dans son propre pays. Bien souvent, ces mouvements ferment les yeux sur cette oppression, quand ils ne la soutiennent pas ouvertement sous des prétextes divers, par exemple l’accusation portée contre la minorité en question de constituer une « cinquième colonne » du colonialisme. D’aucuns évoquent cette fréquente dualité dans l’intention de « normaliser » le sionisme, en le présentant comme un cas semblable à beaucoup d’autres somme toute, ce qui a pour effet de minimiser ses torts, voire de les excuser, afin qu’Israël soit traité comme un État « normal ». Or cet argument ne tient pas compte du caractère de la dualité propre au sionisme.

    Certes, le sionisme est incontestablement né en réaction à la longue oppression endurée par les minorités juives dans l’Europe chrétienne, du Moyen-Âge jusqu’au XIXe siècle. Il est notoire que, sous les pouvoirs se réclamant de la chrétienté, les Juifs ont subi des persécutions bien plus graves que la discrimination et les persécutions intermittentes qu’ils ont endurées sous les pouvoirs se réclamant de l’islam. Cependant, cette persécution a progressivement cessé en Europe occidentale à l’époque moderne, à la suite des Lumières et de la Révolution française de la fin du XVIIIe siècle, avec la diffusion de la notion de citoyenneté fondée sur l’égalité des droits. Grâce à la transformation démocratique, la condition des Juifs entre la côte atlantique et les frontières orientales de l’Allemagne et de l’Autriche actuelles s’est graduellement orientée vers l’intégration des Juifs dans les sociétés nationales et la fin des discriminations. Toutefois, avec la première grande crise qui a frappé l’économie capitaliste mondiale, la Grande Dépression du dernier quart du XIXe siècle (1873-1896), les tendances xénophobes ont été ravivées. Comme dans toute crise sociale, des groupes d’extrême droite se mirent en quête de boucs émissaires afin d’instrumentaliser le mécontentement populaire au service de leurs projets réactionnaires.

  • a propos de blocage pour complotisme supposé : https://seenthis.net/messages/655358#message659284 Aux bloqueurs, diffamateurs, diffuseurs de fausses infos, et délateurs a propos d’Annie Lacroix Riz et son engagent pour la paix dans le monde lors d’une réunion Axis For Peace en 2005 : " Surtout qu’ici personne ne sait qui est le soit disant « historien » déconstructeur de Annie-Lacroix Riz VRAIE historienne elle contrairement à l’obscur prof « Tietie006 » ? Ok je vous met son site en ligne car il fréquente des gens comme Bernard Shalscha ami de BHL entr’autres et bien facho sur les bords. http://tietie007.over-blog.com/2017/11/de-l-islamo-gauchisme-en-france-insoumise.html oui depuis il s’est rajouté un 1 et fait dans le 007 le pauvre ancien prof d’histoire de collège : https://www.linkedin.com/in/thierry-giraud-19185144. Excusez moi du peu, mais participer à une réunion pour la paix ne fait pas de vous une méchante et mauvaise historienne là vous colportez (tiens votre pseudo ?) des rumeurs et diffamations. Mme Lacroix Riz a perdu une partie de sa famille pendant la seconde guerre mondiale, elle est « juive » d’origine et l’insulter à ce point est grave.
    Bien à vous

    • Merci @bce_106_6 pour ces infos, hélas très juste sur l’Ukraine actuelle, et de plus d’après un rapport 8 millions d’ukrainiens sont partis à l’étranger après le putsch du Maidan .La guerre en Europe existe bel et bien. Andrei Biletsky le fasciste suprémaciste, adorateur de Hitler a été invité au Parlement européen alors qu’en France on interdit des personnes un comique et un essayiste pour leur idées antisémites alléguées ou leur extrêmisme. On peux ne pas les soutenir sans avoir a les interdire systématiquement. Géométrie variable totale et hypocrisie en prime voilà en plus en France des gens se permettent de juger d’autres personnes et les bloquent pour un « complotisme » supposé, si on sait que c’est le mot crée pour diviser exclure, des gens qui ne pensent pas EXACTEMENT comme eux. Nous nous américanisons car c’est bien la CIA qui a crée ce mot « conspiracy theorist » pour exclure du débat a propos de la mort de Kennedy. Repris après le 11 septembre pour bloquer la parole a ceux qui doutaient de la « responsabilité unique » de Ben Laden dans cette affaire.
      C’est surtout l’israelo-américain Daniel Pipes qui l’a lancé dans les médias. Et voilà en France la 5 ème colonne pro-israelienne de la Fondation Jean Jaurès (Rudy Reichstadt and co) qui l’ont repris a fond pour « disqualifier » le discours dissident sur des faits actuels que se soit Israel et les Palestiniens, les conflits contre les pays arabes, Irak, Lybie Syrie, et en Europe l’Ukraine ou là si on ne suis pas « leur narrative » pro-occidentale on serait donc « pro-russe » ou pro-dictateur.
      D’autre part insulter des gens comme l’historienne Annie Lacroix Riz de la part de ces escrocs de ré-écriture de l’histoire version « oligarchie » suivi d’innombrables partisans « officiels » du NPA ou d’autres partis de gauche, antifas, ou féministes qui ont le même discours que les tenant de la VO version OTAN est incroyable et criminel. Gilbert Achcar en est l’exemple type, il a même rencontré en Suède un des chefs des terroristes Bhuran Ghalioune, connus pour leurs crimes (décapitations, meurtres ethniques, etc) sur la population syrienne. https://www.wsws.org/fr/articles/2013/08/achc-a16.html ces gens là seront j’espère jugés pour crimes contre la paix. Encore un trotskyste qui est passé de l’autre côté.

    • Le WSWS seul parti trotskyste a ne pas s’aligner sur l’OTAN et ces guerres impérialistes « humanitaires » a été censuré par Google et ces avatars : https://www.wsws.org/fr/articles/2018/01/13/jpil-j13.html face a la « gauche collabo » comme dit Annie Lacroix Riz qui elle connait bien le sujet ..Et que je sache si Raphael Meyssan est bien le fils de son père quand bien même celui serait un criminel (il ne l’est pas sauf que ces idées sont classées comme telles) a le droit de vivre et considéré différent si c’est un adulte. Ou est le crime de le suivre ? Les bloqueurs sont des collabos et utilisent la réthorique de l’oligarchie a propos des dissidents avec l’exclusion, l’intolérance, la diffamation, délation incroyable de la part de gens voulant la liberté d’expression. Cela me rappelle Ornella Guyet dans la méthode ...

    • @bce_106_6 quand on voit ce qu’est devenu la gauche on finit par regretter De Gaulle malgré ces défauts, il était contre l’Otan au moins et ne voulait pas s’aligner sur l’atlantisme béat. Au fait j’ai trouvé ceci sur la BD sur la Commune de Paris selon Raphael Meyssan : https://twitter.com/RFIculture/status/934286803036618752 étrange qu’il soit diabolisé par les faux purs de la gauche collabo ou les antifas ...même FR3 salue son oeuvre : https://twitter.com/F3PaysdelaLoire/status/936584629288685570

  • La liberté de s’exprimer sur Israël en butte à des attaques dans les universités britanniques
    The Guardian, le 27 février 2017
    http://www.aurdip.fr/la-liberte-de-s-exprimer-sur.html

    Signatures (plus de 200 profs britanniques): Prof Jonathan Rosenhead, Prof Conor Gearty, Prof Malcolm Levitt, Tom Hickey, Prof Dorothy Griffiths, Prof Moshé Machover, Sir Iain Chalmers, Prof Steven Rose, Prof Gilbert Achcar, Prof Penny Green, Prof Bill Bowring, Mike Cushman, Jim Zacune, Dr Jethro Butler, Dr Rashmi Varma, Dr John Moore, Dr Nour Ali, Prof Richard Hudson, Dr Tony Whelan, Dr Dina Matar, Prof Marian Hobson, Prof Tony Sudbery, Prof John Weeks, Prof Graham Dunn, Dr Toni Wright, Dr Rinella Cere, Prof Ian Parker, Dr Marina Carter, Dr Shirin M Rai, Andy Wynne, Prof David Pegg, Prof Erica Burman, Dr Nicola Pratt, Prof Joanna Bornat, Prof Richard Seaford, Dr Linda Milbourne, Dr Julian Saurin, Dr Nadia Naser-Najjab, Prof Elizabeth Dore, Prof Colin Eden, Dr Neil Davidson, Jaime Peschiera, Catherine Cobham, Prof Haim Bresheeth, Dr Uriel Orlow, Dr Saladin Meckled-Garcia, Dr Abdul B Shaikh, Dr Mark Leopold, Prof Michael Donmall, Prof Hamish Cunningham, Prof David Johnson, Dr Reem Abou-El-Fadl, Dr Luke Cooper, Prof Peter Gurney, Dr Adi Kuntsman, Prof Matthew Beaumont, Dr Teodora Todorova, Prof Natalie Fenton, Prof Richard Bornat, Dr Jeremy Landor, Dr John Chalcraft, Milly Williamson, David Mabb, Dr Judit Druks, Dr Charlie McGuire, Dr Gholam Khiabany, Glynn Kirkham, Dr Deirdre O’Neill, Dr Gavin Williams, Prof Marsha Rosengarten, Dr Debra Benita Shaw, Dr João Florêncio, Prof Stephen Keen, Dr Anandi Ramamurthy, Dr Thomas Mills, Dr Don Crewe, Prof Robert Wintemute, Andy Gossett, Prof Mark Boylan, Angela Mansi, Dr Paul Taylor, Tim Martin, Keith Hammond, Karolin Hijazi, Dr Kevin Hearty, Prof Daniel Katz, Dr Richard Pitt, Prof Ray Bush, Prof Glenn Bowman, Prof Craig Brandist, Prof Virinder S Kalra, Dr Yasmeen Narayan, Prof Michael Edwards, John Gilmore-Kavanagh, Prof Nadje Al-Ali, Prof Mick Dumper, Graham Topley, Dr Shuruq Naguib, Prof David Whyte, Peter Collins, Dr Andrew Chitty, Prof David Mond, Prof Leon Tikly, Dr Subir Sinha, Dr Mark Berry, Dr Gajendra Singh, Prof Elizabeth Cowie, Dr Richard Lane, Prof Martin Parker, Dr Aboobaker Dangor, Dr Siân Adiseshiah, Prof Dennis Leech, Dr Owen Clayton, Dr John Cowley, Prof Mona Baker, Dr Navtej Purewal, Prof Mica Nava, Prof Joy Townsend, Dr Alex Bellem, Dr Nat Queen, Gareth Dale, Prof Yosefa Loshitzky, Dr Rudi Lutz, Dr Oliver Smith, Tim Kelly, Prof Laleh Khalili, Prof Aneez Esmail, Fazila Bhimji, Prof Hilary Rose, Dr Brian Tweedale, Prof Julian Petley, Prof Richard Hyman, Dr Paul Watt, Nisha Kapoor, Prof Julian Townshend, Prof Roy Maartens, Dr Anna Bernard, Prof Martha Mundy, Prof Martin Atkinson, Dr Claude Baesens, Dr Marijn Nieuwenhuis, Dr Emma Heywood, Dr Matthew Malek, Prof Anthony Milton, Dr Paul O’Connell, Prof Malcolm Povey, Dr Jason Hickel, Dr Jo Littler, Prof Rosalind Galt, Prof Suleiman Shark, Dr Paula James, Dr Linda Pickard, Pat Devine, Dr Jennifer Fortune, Prof Chris Roberts, Dr Les Levidow, Dr Carlo Morelli, Prof David Byrne, Dr Nicholas Cimini, Prof John Smith, Prof Arshin Adib-Moghaddam, Dr Peter J King, Prof Bill Brewer, Prof Patrick Williams, Prof Daphne Hampson, Dr Wolfgang Deckers, Cliff Jones, Prof Luis Pérez-González, Prof Patrick Ainley, Dr Paul Kelemen, Prof Dee Reynolds, Dr Enam Al-Wer, Prof Hugh Starkey, Dr Anna Fisk, Prof Linda Clarke, Prof Klim McPherson, Cathy Malone, Prof Graham Dawson, Prof Colin Green, Prof Clément Mouhot, Prof S Sayyid, Prof William Raban, Prof Peter Hallward, Prof Chris Rust, Prof Benita Parry, Prof Andrew Spencer, Prof Philip Marfleet, Prof Frank Land, Dr Peter E Jones, Dr Nicholas Thoburn, Tom Webster, Dr Khursheed Wadia, Dr Philip Gilligan, Dr Lucy Michael, Prof Steve Hall, Prof Steve Keen, Dr David S Moon, Prof Ken Jones, Dr Karen F Evans, Dr Jim Crowther, Prof Alison Phipps, Dr Uri Horesh, Dr Clair Doloriert, Giles Bailey, Prof Murray Fraser, Prof Stephen Huggett, Dr Gabriela Saldanha, Prof Cahal McLaughlin, Ian Pace, Prof Philip Wadler, Dr Hanem El-Farahaty, Dr Anne Alexander, Dr Robert Boyce, Dr Patricia McManus, Prof Mathias Urban, Dr Naomi Woodspring, Prof David Wield, Prof Moin A Saleem, Dr Phil Edwards, Dr Jason Hart, Dr Sharon Kivland, Dr Rahul Rao, Prof Ailsa Land, Dr Lee Grieveson, Dr Paul Bagguley, Dr Rosalind Temple, Dr Karima Laachir, Dr Youcef Djerbib, Dr Sarah Perrigo, Bernard Sufrin, Prof James Dickins, John Burnett, Prof Des Freedman, Dr David Seddon, Prof Steve Tombs, Prof Louisa Sadler, Dr Leon Sealey-Huggins, Dr Rashné Limki, Dr Guy Standing, Dr Arianne Shahvisi, Prof Neil Smith, Myriam Salama-Carr, Dr Graham Smith, Dr Peter Fletcher

    #Palestine #Grande-Bretagne #Liberté_d'expression #Liberté_académique #Universités #Semaine_contre_l'apartheid_israélien #Israeli_Apartheid_Week #BDS #Boycott_universitaire

  • Gilbert Achcar : « Après les révolutions arabes, il reste des raisons d’espérer »
    http://universitepopulairetoulouse.fr/spip.php?article912

    Gilbert ACHCAR était venu à Toulouse invité par l’Université Populaire de Toulouse présenter son précédent livre "Le peuple veut". Dans son dernier ouvrage,"Symptômes morbides" Gilbert Achcar examine les raisons des échecs des soulèvements arabes. Il en tire quelques leçons stratégiques nécessaires pour envisager un « changement radical social et politique » plutôt que « l’aggravation du choc des barbaries ». Il en parle dans un interview réalisé par JOSEPH CONFAVREUX pour Médiapart le 10 février 2017 « 

    #International

    http://universitepopulairetoulouse.fr/IMG/pdf/article_632825.pdf
    http://universitepopulairetoulouse.fr/IMG/pdf/article_669677.pdf

  • Gilbert Achcar : « Après les #révolutions arabes, il reste des raisons d’espérer »
    https://www.mediapart.fr/journal/international/100217/gilbert-achcar-apres-les-revolutions-arabes-il-reste-des-raisons-d-esperer

    Dans son dernier ouvrage, Gilbert Achcar examine les raisons des échecs des #Soulèvements arabes. Il en tire quelques leçons stratégiques nécessaires pour envisager un « changement radical social et politique » plutôt que « l’aggravation du choc des barbaries ».

    #International #al-Assad #Egypte #Khadafi #libye #Moubarak #printemps_arabe #Proche-Orient #révolte_arabe #révolution #Sissi #Syrie #Yémen

  • Lire absolument: Louis Allday, “Controlling the Narrative on Syria”
    http://mrzine.monthlyreview.org/2016/allday131216.html

    One of the many fallacies that predominate in this prevailing narrative is that the West has not intervened in the conflict in Syria. For instance, Amnesty International has recently described the UK as “sit[ting] on the sidelines” of the conflict. This fundamentally false position ignores several years of the West and its regional allies (primarily Turkey, Saudi Arabia and Qatar) arming, funding and training rebel groups, the crippling economic sanctions imposed against the Syrian Government, ongoing airstrikes, special forces operations, and a host of other diplomatic, military and economic measures that have been taken. Not only has the West (primarily the US) intervened, it has done so on a very large scale. For instance, in June 2015, it was revealed that the CIA’s involvement in Syria had become “one of the agency’s largest covert operations” in which it was spending roughly $1bn a year (about $1 for every $15 in the CIA’s announced budget). At that time, this operation based out of Jordan had already “trained and equipped nearly 10,000 fighters sent into Syria over the past several years”. As Patrick Higgins has remarked, “[i]n other words, the United States launched a full-scale war against Syria, and few Americans actually noticed”. It is vital to place this aggression in the context of long-standing US animosity to the Syrian Government. As diplomatic cables released by WikiLeaks have revealed, since at least 2006, the US has consistently sought to undermine it “by any available means”, utilising a variety of techniques including an effort — in co-ordination with Saudi Arabia — to encourage Islamic fundamentalism and sectarianism in the country by playing on fears of Iranian influence. Indeed, although it is rarely mentioned, a senior US intelligence official is on record in a televised interview with Mehdi Hasan confirming that facilitating the rise of ISIS and other Islamic extremist groups in Syria and Iraq was a “wilful decision” on behalf of the Obama administration. The BBC has recently reported that ISIS use ammunition bought legally in Eastern Europe by the US and Saudi Governments that is then transported via Turkey into Syria and Iraq, “sometimes only two months from leaving the factory”.

    When US intervention in Syria is acknowledged, it is regularly portrayed as having been small-scale and insufficient. Professor Gilbert Achcar of SOAS has remarked that “Washington’s support to the opposition is more the stuff of jokes than anything serious”. Given that Achcar made this observation six months after the revelations concerning the enormous scale of the CIA’s Syria operation, it is hard to imagine exactly what level of military support would be required in order to be considered more than a ’joke’. This misleading narrative of non-existent or inadequate US intervention, coupled with a propensity to defend it with insults, is extremely common, including among commentators who write for ostensibly left-leaning publications. Some pundits such as Murtaza Hussain of The Intercept have recently even gone so far as to claim that the US is in fact intervening in Syria, but “in favor of Assad”, an absurd argument that Glenn Greenwald has also expressed.

  • La #religion peut-elle servir le progrès social ?, par Gilbert Achcar (juin 2015)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/06/ACHCAR/53097

    Alors que l’#athéisme est pourfendu par bien des religieux, et la religion par de nombreux laïcs, des combats émancipateurs ont rassemblé ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n’y croyaient pas, notamment en Amérique latine grâce à la théologie de la libération. Mais ce type d’alliance paraît inconcevable avec les partisans ultraorthodoxes de l’islam politique. Pourquoi ? [#st]

    http://zinc.mondediplo.net/messages/12895 via Le Monde diplomatique

  • La France informe le Secrétaire Général de sa décision de déroger à la Convention européenne des droits de l’homme en application de son article 15
    http://www.coe.int/fr/web/secretary-general/news/-/asset_publisher/EYlBJNjXtA5U/content/france-informs-secretary-general-of-article-15-derogation-of-the-european-conve

    Les autorités françaises ont informé le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe d’un certain nombre de mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence instauré à la suite des attentats terroristes de grande ampleur perpétrés à Paris, mesures qui sont susceptibles de nécessiter une dérogation à certains droits garantis par la Convention européenne des droits de l’homme.

    (Du coup, il paraît que Bachar Assad s’est demandé si lui aussi, il n’allait pas un peu s’autoriser à déroger aux droits de l’homme.)

    • Convention européenne des droits de l’homme.
      http://www.echr.coe.int/Documents/Convention_FRA.pdf

      ARTICLE 1
      Obligation de respecter les droits de l’homme

      ARTICLE 4
      Interdiction du travail forcé

      ARTICLE 5
      Droit à la liberté et à la sûreté

      ARTICLE 6
      Droit à un procès équitable

      ARTICLE 8
      Droit au respect de la vie privée et familiale

      ARTICLE 9
      Liberté de pensée, de conscience et de religion

      ARTICLE 10
      Liberté d’expression

      ARTICLE 11
      Liberté de réunion et d’association

      ARTICLE 12
      Droit au mariage

      ARTICLE 13
      Droit à un recours effectif

      ARTICLE 14
      Interdiction de discrimination

      ARTICLE 16
      Restrictions à l’activité politique des étrangers

      ARTICLE 17
      Interdiction de l’abus de droit

      ARTICLE 18
      Limitation de l’usage des restrictions aux droits

    • État d’urgence : la France demande officiellement à déroger aux Droits de l’homme - Politique - Numerama
      http://www.numerama.com/magazine/31916-deroger-aux-droits-de-l-homme-voici-comment-ca-peut-etre-legal.html

      Dans le cadre de l’État d’urgence, la France a notifié le mercredi 24 novembre à la Cour européenne des droits de l’homme son intention de déroger à certains des droits garantis par la Convention européenne (CEDH) et par le droit de l’ONU. Juridiquement, de telles dérogations sont possibles. Mais pas sans conditions ni limites.

      La phrase avait fait bondir sur les réseaux sociaux en janvier 2015 dans le contexte des attentats contre Charlie Hebdo et l’épicerie casher de la Porte de Vincennes, mais elle est juridiquement exacte. Interrogée sur RTL, l’ancienne ministre Valérie Pécresse, qui avait été la première à parler de la nécessité d’un « Patriot Act à la française » (une expression depuis reprise par Laurent Wauquiez à la suite des attentats de Paris), avait prévenu qu’il était possible de déroger à des droits prévus par la Convention Européenne des droits de l’homme (CEDH).

      C’est tout à fait vrai, et la proclamation de l’État d’urgence qui a été prorogé pour 3 mois et étendu à de nouvelles mesures montre que la France ne voit pas d’obstacle. Mais le gouvernement ne peut pas faire tout et n’importe quoi sans violer ses engagements internationaux.

    • Etat d’urgence : « de graves violations des droits humains sont allégrement envisagées », Gilbert Achcar, prof. à l’Ecole des études orientales et africaines, SOAS, université de Londres.
      http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/11/25/la-france-a-tort-de-renouer-avec-l-etat-d-exception_4816796_3232.html

      ... le président français a choisi d’ignorer les nombreuses critiques du choix fait par l’administration Bush, bien qu’elles constituassent en leur temps l’opinion dominante à cet égard en France même (une opinion partagée par Hubert Védrine et Dominique de Villepin). Et ce en dépit du fait que le bilan désastreux de la «  #guerre_contre_le_terrorisme  » menée par l’administration Bush a donné pleinement raison à ses critiques. Sigmar Gabriel, vice-chancelier de l’Allemagne voisine et président du SPD allemand, parti frère du PS français, a lui-même déclaré que parler de guerre, c’est faire le jeu de Daech.

      De prime abord, le discours de guerre peut cependant sembler relever du défoulement verbal  : une façon de répondre à l’émotion légitime suscitée par un attentat horrible qui a fait 130 morts jusqu’à présent.

      Hypocrisie

      Le corollaire du discours de guerre est déjà là  : François Hollande a fait adopter une loi prorogeant de trois mois l’état d’urgence. Il souhaite faire réviser la Constitution française pour accroître le registre des exceptions aux règles démocratiques, alors qu’il s’agit d’une #Constitution née en 1958, en situation d’exception, et qui codifie déjà copieusement l’exceptionnalité à coups de #pouvoirs_exceptionnels (art. 16) et d’#état_de_siège (art. 36). Dès maintenant, de graves violations des droits humains sont allégrement envisagées  : déchéance de la nationalité, enfermement sans inculpation, et autres cartes blanches données à l’appareil répressif.

      Mais il y a plus grave encore  : contrairement aux attentats de New York, ceux de janvier et de novembre à Paris sont, en grande majorité, le fait de citoyens français (d’où la menace relative à la nationalité). Tandis que l’état de guerre est dans son essence même un #état_d’exception, c’est-à-dire un état de suspension des droits de la personne humaine, il y a une différence qualitative entre les conséquences qu’il entraîne selon que la guerre est portée en dehors du territoire national ou que l’ennemi potentiel se trouve sur ce même territoire.

      Les Etats-Unis ont pu rétablir fondamentalement l’exercice des #droits_civiques, quoique rognés, une fois leur territoire sécurisé dans son insularité, tandis qu’ils pratiquaient et continuent à pratiquer l’état d’exception à l’étranger. C’est toute l’hypocrisie du maintien de ce lieu de non-droit qu’est le camp de Guantanamo comme de la pratique des exécutions extrajudiciaires à coups de drones qui font du Pentagone le plus meurtrier des tueurs en série.
      Mais la France  ? La question du djihadisme n’est pas extérieure à son histoire. Elle l’est si peu que sa première rencontre avec le djihad remonte à la sanglante conquête de l’#Algérie par son armée, il y a bientôt deux siècles, même si le djihad d’aujourd’hui est qualitativement différent de celui d’antan par son caractère totalitaire. Le djihad, l’appareil militaro-sécuritaire français y a été confronté ensuite avec le Front de libération nationale de l’Algérie, dont le journal même s’appelait El Moudjahid («  le pratiquant du djihad  »).

    • Après les attentats : la Réaction qui vient, Olivier Lecourt Grandmaison
      https://blogs.mediapart.fr/olivier-le-cour-grandmaison/blog/261115/apres-les-attentats-la-reaction-qui-vient

      Gouvernement, parlementaires : tous prétendent commander aux événements ; ils ne font que s’y soumettre (...)
      Analysant l’inflation des législations antiterroristes adoptées avant les attentats du 13 novembre 2015, la juriste du Collège de France Mireille Delmas-Marty constatait qu’elles multipliaient dangereusement les « pratiques dérogatoires (…) au profit de pouvoirs de plus en plus larges confiés à l’administration ou à la police, constituant un véritable régime de police qui ne dit pas son nom. » La loi qui vient d’entrer en vigueur et l’état d’urgence établi pour trois mois précipitent le mouvement : triomphe de l’exception légalisée et soustraite à la Constitution. Et triomphe de l’extrême-droite et de la droite dont plusieurs éléments programmatiques – la déchéance de la nationalité notamment – ont été défendus par le chef de l’Etat en personne. « Un bon coup » aux dires de certains conseillers de l’Elysée qui se réjouissent de mettre ainsi leurs adversaires en difficulté. Mais quel est le coût politique de ce « coup » ? Exorbitant. En agissant de la sorte l’exécutif et la majorité socialiste qui le soutient aveuglément légitiment les propositions sécuritaires du Front national et des Républicains, et accréditent l’idée que leurs dirigeants respectifs apportent de justes réponses aux menaces présentes.

  • Selon Benjamin Netanyahu, « Hitler ne voulait pas exterminer les Juifs » - SudOuest.fr
    http://www.sudouest.fr/2015/10/21/selon-benjamin-netanyahu-hitler-ne-voulait-pas-exterminer-les-juifs-2161237

    "Hitler ne voulait pas exterminer les Juifs à cette époque, il voulait expulser les Juifs. Et Haj Amin al-Husseini est allé voir Hitler et lui a dit : « Si vous les expulsez, il vont tous venir ici (en Palestine) ». « Alors que devrais-je faire d’eux ? », a demandé Hitler. « Brûlez-les », lui a-t-il répondu."

    via @JulienSalingue
    https://twitter.com/juliensalingue/status/656745798760316928

    • PM Netanyahu’s Speech at the 37th Zionist Congress
      20/10/2015 Photo by Amos Ben Gershom, GPO
      http://www.pmo.gov.il/English/MediaCenter/Speeches/Pages/speechcongress201015.aspx

      And this attack and other attacks on the Jewish community in 1920, 1921, 1929, were instigated by a call of the Mufti of Jerusalem Haj Amin al-Husseini, who was later sought for war crimes in the Nuremberg trials because he had a central role in fomenting the final solution. He flew to Berlin. Hitler didn’t want to exterminate the Jews at the time, he wanted to expel the Jews. And Haj Amin al-Husseini went to Hitler and said, “If you expel them, they’ll all come here.” "So what should I do with them?" he asked. He said, “Burn them.” And he was sought in, during the Nuremberg trials for prosecution. He escaped it and later died of cancer, after the war, died of cancer in Cairo. But this is what Haj Amin al-Husseini said. He said, “:The Jews seek to destroy the Temple Mount.” My grandfather in 1920 seeks to destroy…? Sorry, the al-Aqsa Mosque.
      So this lie is about a hundred years old. It fomented many, many attacks. The Temple Mount stands. The al-Aqsa Mosque stands. But the lie stands too, persists.

      et sa conclusion :

      But I think the larger battle that we fight is the battle for the truth and I urge every one of you to be a soldier in that battle. We’ve withstood, in the last century, the many assaults on our people. We came back to our homeland. We built our state. We’ve overcome tremendous forces. Israel is a modern, democratic, progressive and powerful state. We’ve withstood the attacks of terror, Palestinian terror, over the decades and we’ll overcome this one too. But I believe that the biggest battle we have to fight is the battle for the facts. The facts win over the fiction if they’re repeated clearly, responsibly, firmly. This is what I ask all of you to do for the sake of the Jewish state and for the sake of the Jewish people.

    • Nétanyahou fait du grand mufti de Jérusalem l’inspirateur de la solution finale
      Le Monde | 21.10.2015 à 11h37 • Mis à jour le 21.10.2015 à 11h58 | Par Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)
      http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/10/21/netanyahou-fait-du-grand-mufti-de-jerusalem-l-inspirateur-d-hitler_4793848_3

      (...)Ce dialogue imaginaire qui aurait eu lieu le 28 novembre 1941 lors de la rencontre, tout à fait réelle, entre Hitler et le mufti, a déclenché un incendie sur les réseaux sociaux. Il a obligé les responsables politiques à intervenir dans le débat, tandis que les historiens étaient invités à se prononcer sur la validité de cette thèse. Le chef des travaillistes, Isaac Herzog, a réagi mercredi sur sa page Facebook en évoquant « une dangereuse distorsion historique ». « Je demande à Nétanyahou de la corriger immédiatement car elle minimise la Shoah, le nazisme et… le rôle d’Hitler dans le désastre terrible de notre peuple. »

      Mais la réaction la plus tranchante fut celle de la chef du parti de gauche Meretz, Zehava Galon. « Peut-être que les 33 771 juifs assassinés à Babi Yar en septembre 1941 – deux mois avant la rencontre entre le mufti et Hitler – devraient être exhumés et mis au courant que les nazis ne voulaient pas les détruire. » Quant à Saeeb Erekat, le secrétaire général de l’Organisation pour la libération de la Palestine (OLP), il a affirmé que « Nétanyahou déteste tant les Palestiniens qu’il est prêt à absoudre Hitler pour le meurtre de 6 millions de juifs ». M. Erekat a aussi souligné la participation de milliers de Palestiniens dans les rangs des Alliés.(...)

    • N’oublions pas aussi que Vichy a sauvé des juifs :

      Comme Zemmour, Le Pen estime que Vichy a sauvé des juifs
      La Dépêche, le 20 octobre 2014 (tiens c’était il y a tout juste un an)
      http://www.ladepeche.fr/article/2014/10/20/1975796-comme-zemmour-pen-estime-vichy-sauve-juifs.html

      C’est une nouvelle forme de Point Godwin, on devrait l’appeler le Point Zemmour...

      Bientôt c’est Faurisson qui écrira les discours de Netanyahou...

    • Netanyahou tient des propos négationnistes : « Hitler ne voulait pas exterminer les juifs »
      Le Premier ministre israélien a accusé mardi le Grand Mufti de Jérusalem, autorité religieuse musulmane, d’avoir poussé Hitler à « brûler » les Juifs.
      J.Cl. | 21 Oct. 2015, 11h41 | MAJ : 21 Oct. 2015, 12h18
      http://www.leparisien.fr/international/derapage-negationniste-de-netanyahou-hitler-ne-voulait-pas-exterminer-les

      Le grand Mufti voulait empêcher la création d’un « foyer juif » en Palestine

      (...) Fin 1941, après avoir fui en Italie, le grand Mufti de Jérusalem s’était bel et bien réfugié en Allemagne pour demander à Hitler de reconnaître l’indépendance de la Palestine vis-à-vis de la puissance coloniale britannique. Des historiens ont démontré qu’Haj Amin al-Husseini voulait obtenir le droit pour les autorités arabes palestiniennes d’empêcher la création d’un « foyer juif » en Palestine.

      La rencontre avec le Führer a lieu le 28 novembre 1941. Aucun historien ne rapporte le dialogue imaginé par Netanyahou hier. Il semble qu’Hitler ait été très impressionné par la personnalité et le sens tactique de son interlocuteur dont il dira : « Cheveux blonds et yeux bleus, le visage émacié, il semble qu’il ait plus d’un ancêtre aryen. Il n’est pas impossible que le meilleur sang romain soit à l’origine de sa lignée ». Al-Husseini obtiendra même le titre « d’aryen d’honneur ».

    • Erekat: Netanyahu speech blames Palestinians for Holocaust
      Oct. 21, 2015 1:20 P.M.
      http://www.maannews.com/Content.aspx?id=768397

      (...) The reference to the Mufti was made while attempting to deny that Israel has plans to change the status quo at the Al-Aqsa Mosque compound, referred to by Jews as the Temple Mount.

      Erekat said the comments by the Israeli PM deepen the divide “during a time when a just and lasting peace is needed most” and attempt to turn a political issue into a religious one.

      “Just a day after the Israeli occupying forces gunned down five Palestinians, raising up the number of Palestinians killed since October 1st to 50, Mr. Netanyahu blamed the Palestinians for the Holocaust and completely absolved Adolf Hitler’s heinous and reprehensible genocide of the Jewish people,” the PLO official said.

      “On behalf of the thousands of Palestinians that fought alongside the Allied Troops in defense of international justice, the State of Palestine denounces these morally indefensible and inflammatory statements.”

      Erekat added that it is a “sad day in history” when the leader of Israel hates his neighbor so much that he would absolve the most notorious war criminal in history, Adolf Hitler, of the murder of six million Jews.

    • Shoah : selon Netanyahou, le mufti de Jérusalem a inspiré Hitler
      21/10/2015
      http://www.france24.com/fr/20151021-benjamin-netanyahou-israel-mufti-jerusalem-holocauste-shoah-hitle

      (...) Du reste, au lendemain de son discours devant le congrès sioniste, le Premier ministre israélien a fait machine arrière. Avant de s’envoler pour Berlin, il a déclaré à la presse qu’il n’avait pas voulu diminuer le rôle d’Hitler dans la solution finale : « C’est lui le responsable. C’est lui qui a pris la décision. Mais il est absurde d’ignorer le rôle du mufti Al Husseini qui était un criminel de guerre et a encouragé Hitler à exterminer les juifs d’Europe. » Netanyahou a également expliqué qu’il entendait faire la démonstration qu’un antisémitisme arabe existait « sans l’occupation et sans les colonies. »

  • Sortir de l’essentialisme

    Notre analyse critique des modalités et des effets de construction du « problème musulman » ne signifie évidemment pas que les phénomènes sociopolitiques ayant trait à l’« islam » ne doivent pas être analysés. Par exemple, la violence politique se référant à l’islam ou l’activisme de mouvements prônant une coupure radicale avec le reste de la société constituent autant de phénomènes qu’il s’agit d’étudier. Mais, à l’inverse de la démarche des idéologues, des experts et de certains politologues qui promeuvent une lecture racialo-religieuse de l’agir musulman, nous pensons que les nombreux enjeux liés à la référence musulmane nécessitent le recours à une démarche « profane » d’investigation, c’est-à-dire une analyse qui explique, selon l’expression canonique du sociologue Émile Durkheim, un fait social par un fait social (facteurs historiques, économiques, sociaux, politiques, etc.) . Il s’agit, comme l’ont fait par exemple Stéphane Beaud et Olivier Masclet sur le cas de Zacharias Moussaoui ou Gilbert Achcar au sujet des révoltes arabes, de rejeter une supposée « essence » religieuse des faits observés et de s’interroger sur le sens du recours à la référence musulmane par les acteurs sociaux. Cette approche rompt avec la tendance de l’expertise « politologique » ou sécuritaire à légitimer l’alarmisme politique dominant sur l’islam, en réduisant les populations musulmanes, leurs désirs et leurs pratiques individuelles ou collectives à un agir strictement « religieux ». En d’autres termes, il nous semble nécessaire et urgent de rejeter l’écrasement de la pluralité et de la complexité des identités sociales dont sont porteurs les musulman-e-s, ainsi que la miniaturisation du « musulman » dans une différence perçue comme définitivement dangereuse. Cette essentialisation du « musulman » – comme jadis celle de l’« immigré » ou du « beur » – est l’un des fondements de l’islamophobie.

    Si nous évoquons ici des phénomènes aussi extrêmes que l’usage du terrorisme, et que nous citons quelques noms de chercheurs ayant pris soin de se démarquer des lectures essentialistes, c’est pour mieux appeler tous les observateurs à adopter une telle démarche quand ils abordent des pratiques sociales d’apparence « religieuse » comme le port d’une kippa, d’un hijab, d’une « grande croix » ou d’une barbe fournie. Ces faits sociaux ne doivent pas être mécaniquement envisagés comme des « problèmes » : dans la plupart des cas, ils ne sont que des manifestations somme toute assez banales de la pluralité culturelle et confessionnelle dans une société démocratique. L’ampleur du « problème musulman » est avant tout affaire de perception : plus la perception de l’Autre sera hostile et restrictive, plus le « problème musulman » paraîtra grand.

    Hajjat & Mohammed, Islamophobie , La Découverte, 2013, p. 262-263.

  • J’ai raté l’anniversaire de la poignante déclaration de Gilbert Achcar, interviewé par Christophe Ayad en février 2013 :
    http://www.lemonde.fr/culture/article/2013/02/21/il-faut-en-passer-par-l-experience-de-l-islamisme-au-pouvoir_1836577_3246.ht

    Comme Locke, je préfère le chaos au despotisme, parce que dans le chaos j’ai le choix.

    Les millions de déplacés et réfugiés syriens – dont on se préoccupe tant désormais – ont peut-être du mal à prendre conscience de la belle liberté de choix dont ils bénéficient désormais. Mais s’ils vivaient d’une activité dématérialisée, parlaient parfaitement 3 langues et obtenaient sans difficulté des passeports et des billets d’avions pour n’importe quel endroit de la planète, sans doute apprécieraient-ils un peu plus la référence à Locke.

  • A l’heure où je vous la poste Gilbert Achcar vient de signer la pétition, j’ai signé hier : merci d’en faire de même svp.
    Je colle le texte envoyé par Wladimir Glasman qui s’adresse à tous les amis , frères et soeurs des syriens.
    N’hésitez pas à partager.

    Chers amis,
    il est aujourd’hui de notoriété publique que le régime syrien a fait de l’arrestation des défenseurs des Droits de l’Homme, des opposants et des activistes aspirant à un changement pacifique du système politique en Syrie, un moyen ordinaire et tristement banal de son maintien au pouvoir pour un temps qu’il espère illimité.
    Il est également établi que, pour terroriser ceux qui refusent de rester des sujets et veulent être reconnus comme des citoyens, il n’hésite pas à les affamer dans ses prisons ou à les torturer jusqu’à la mort.
    La conférence que l’Institut du Monde Arabe accueillera le 13 mars à 19h00 sera l’occasion de revenir en détail, preuves à l’appui, sur cette politique criminelle.
    Cette situation impose aux esprits libres de se mobiliser en faveur de ceux qui, en Syrie, aujourd’hui, risquent de payer de leur vie leur combat contre un régime d’un autre âge, rangé comme son parrain russe « du mauvais côté de l’Histoire ».
    Il est donc urgent d’inciter les organisations internationales de défense des Droits de l’Homme à faire davantage et en particulier à lancer une campagne pour la libération des prisonniers politiques en Syrie.
    C’est pour les encourager à ne pas les oublier que je souhaite vous inviter, si vous ne l’avez pas encore fait, à lire la pétition : http://syrie.blog.lemonde.fr/2014/03/02/halte-aux-detentions-arbitraires-en-syrie

    et à la signer :

    https://secure.avaaz.org/fr/petition/Aux_organisations_internationales_de_defense_des_Droits_de_lHomme_Lancer_une_campagne_pour_la_liberation_des_prisonniers_1/?Day2Share
    #Syrie# #prisonnierspolitiques#

  • Que reste-t-il du Printemps arabe ? - Gilbert Achcar - L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/article/855890/que-reste-t-il-du-printemps-arabe-.html

    Point de vue intéressant de Gilbert Achcar, toujours très centré sur le socio-économique :

    Revenons donc à notre question de départ : que reste-t-il du Printemps arabe ? La réponse est simple : le processus révolutionnaire régional n’en est encore qu’à ses débuts. Il faudra de nombreuses années, voire plusieurs décennies, avant que l’onde de choc jaillie des profondeurs de l’ordre régional irrémédiablement corrompu n’aboutisse à une nouvelle stabilisation des sociétés arabes. Et c’est bien pourquoi l’expression « Printemps arabe » était erronée dès le départ : elle était inspirée par la douce illusion que le soulèvement régional était uniquement animé par une soif de démocratie de nature à être assouvie par des élections libres.

    C’était ignorer le ressort principal de l’explosion de 2011, qui est d’ordre socioéconomique : ce ressort, c’est le blocage du développement régional depuis des décennies qui s’est traduit par des taux record de chômage, en particulier parmi les jeunes et les diplômés.

  • Que demande le peuple ? - via @CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales
    http://www.cqfd-journal.org/Que-demande-le-peuple #PrintempsArabe

    Deux ans après les soulèvements qui ont secoué le monde arabe, les esprits frileux avaient prédit un « hiver islamiste » comme triste conséquence du « printemps démocratique ». Dans son dernier ouvrage, Le Peuple veut ( Une exploration radicale du soulèvement arabe ) (Actes sud, 2013), Gilbert Achcar en offre une autre lecture, mettant le prisme sur les contradictions du capitalisme et la question sociale dans ces régions.

  • A l’encontre » « Il faut en passer par l’expérience de l’islamisme au pouvoir »
    http://alencontre.org/moyenorient/il-faut-en-passer-par-lexperience-de-lislamisme-au-pouvoir.html

    Entretien avec Gilbert Achcar conduit par Christophe Ayad

    Professeur à la School of Oriental and African Studies (SOAS) de Londres, Gilbert Achcar est l’un des meilleurs analystes du monde arabe contemporain. Né en 1951, il a quitté le Liban en 1983. Il a successivement enseigné à l’université de Paris-VIII, puis au Centre Marc-Bloch, à Berlin. Son engagement à gauche et pro-palestinien ne l’a jamais empêché de porter un regard sévère sur les dictatures nationalistes arabes [1].

    Comment qualifier ce qui se passe dans le monde arabe depuis 2011 ?

    J’ai choisi comme titre, pour mon livre, le mot neutre de « soulèvement ». Mais, dès l’introduction, je parle de processus révolutionnaires de long terme. Il était clair, dès le commencement, que nous étions au tout début d’une explosion. La seule chose que l’on peut prévoir avec certitude, c’est que ce sera long.

    Emmanuel Todd [2] a donné une explication démographique du phénomène. Vous penchez plus pour une explication marxiste.

    La phase pendant laquelle le monde arabe se distinguait par une démographie galopante est terminée depuis une vingtaine d’années. Je suis parti de l’état des lieux à la veille de l’explosion, en 2010. On constate un blocage du développement, qui contraste avec le reste du monde. Même dans l’Afrique subsaharienne. La traduction la plus spectaculaire de ce blocage est un taux de chômage record, notamment chez les jeunes. Ensuite, il y a une modalité spécifique du capitalisme dans la région : tous les Etats sont rentiers à des degrés divers. L’autre caractéristique, c’est un patrimonialisme où le clan dominant possède l’Etat et va jusqu’à le transmettre de manière héréditaire.

    Les révolutions arabes se sont traduites par des libéralisations politiques, mais pas des bouleversements sociaux. Pourquoi ?

    En Egypte et en Tunisie, seul le sommet de l’iceberg a été cassé, c’est-à-dire les despotes et leur entourage immédiat. D’ailleurs, dans ces deux pays, l’« Etat profond » – l’administration, les appareils de sécurité – n’a pas bougé. Pour l’instant, seule la révolution libyenne a abouti à un changement radical : aujourd’hui, il n’y a plus d’Etat, plus d’armée. Le chambardement social y a été le plus prononcé, parce que l’espace privé, déjà étroit, était dominé par la famille Kadhafi.

    On s’est étonné en Occident que les islamistes remportent les élections alors qu’ils n’avaient pas lancé ces révolutions…

    Les attentes de l’Occident, ce romantisme du « printemps » et du « jasmin », tout ce vocabulaire orientaliste, se fondaient sur une méconnaissance de la situation. Il était évident que les intégristes allaient tirer les marrons du feu parce qu’ils se sont imposés, depuis la fin des années 1970, comme une force hégémonique dans la protestation populaire. Ils ont rempli le terrain laissé vacant par la faillite du nationalisme arabe. La crainte des intégristes est d’ailleurs la principale raison pour laquelle les gouvernements occidentaux soutenaient les despotismes arabes. Croire que tout cela allait être balayé revenait à prendre ses désirs pour des réalités. Avec le soutien financier du Golfe et l’appui télévisuel d’Al-Jazira, on ne pouvait pas s’attendre à autre chose qu’à des victoires électorales des intégristes. Ce qui est étonnant, c’est que ces victoires n’aient pas été écrasantes. En Egypte, on voit à quelle vitesse le vote intégriste s’effrite, des législatives au référendum sur la Constitution, en passant par la présidentielle. En Tunisie, Ennahda fait 40 % de la moitié des inscrits. Et, en Libye, les Frères musulmans locaux ont été battus.

    Les difficultés actuelles des islamistes au pouvoir vous surprennent-elles ?

    D’abord, il faut dire que le retour aux despotismes n’est pas envisageable. Il faut en passer par l’expérience de l’islamisme au pouvoir. Les courants intégristes se sont construits comme forces d’opposition avec un slogan simpliste : l’islam est la solution. C’est complètement creux, mais cela fonctionnait dans un contexte de misère et d’injustice où l’on pouvait vendre cette illusion. Les islamistes sont des trafiquants d’opium du peuple. Du moment qu’ils sont au pouvoir, ce n’est plus possible. Ils sont incapables de résoudre les problèmes des gens. Ils sont arrivés aux commandes dans des conditions que personne n’envie et ils n’ont aucun programme économique.

    Peut-on leur faire confiance pour organiser des scrutins qui pourraient les chasser du pouvoir ?

    C’est l’argument classique : une personne, une voix, mais une seule fois. Sauf qu’ils n’arrivent pas au pouvoir en position de force. Le peuple a appris à « vouloir », à descendre dans la rue. Jamais un dirigeant, dans l’histoire de l’Egypte, n’a été traité avec autant de mépris par son peuple que Morsi aujourd’hui…

    Le modèle turc peut-il se transposer au monde arabe ?

    Non, ce ne sont pas des Frères musulmans qui dirigent la Turquie, c’est une scission moderniste qui s’est réconciliée avec le principe de laïcité. L’AKP turc, c’est la version islamique de la démocratie chrétienne européenne. Les Frères musulmans, ce n’est pas ça. C’est une organisation intégriste qui milite pour la charia et pour qui le mot laïcité est une injure. Sur le plan économique aussi, ils n’ont rien à voir : l’AKP incarne un capitalisme de petits industriels, tandis que les Frères musulmans participent d’une économie de rente, fondée sur le profit à court terme.

    Pouvez-vous décrire l’influence du Qatar sur ces révolutions ?

    C’est une énigme. Certains dirigeants collectionnent les voitures ou les armes, l’émir du Qatar, lui, joue à la politique extérieure. Il s’est porté acquéreur des Frères musulmans comme on achèterait une équipe de football. Un homme a joué un rôle fondamental dans cette nouvelle alliance qui rappelle celle entre Mohamed ben Abdel Wahab [prédicateur, 1703-1792] et la dynastie des Saoud, au XVIIIe siècle : c’est le cheikh Qaradhawi, chef spirituel des Frères musulmans, installé de longue date au Qatar, où il a antenne ouverte sur Al-Jazira. Tout cela se passe dans un pays où l’émir ne tolère aucune opposition.

    Comment expliquer la complaisance des Etats-Unis envers les Frères musulmans ?

    Cela a commencé sous l’administration Bush. Pour les néoconservateurs, le despotisme nationaliste a produit le terrorisme, il fallait donc renverser les despotes comme Saddam Hussein afin de diffuser la démocratie. Condoleezza Rice a voulu renouer l’alliance en vigueur dans les années 1950-1960 avec les Frères musulmans. Mais la victoire du Hamas aux élections palestiniennes a bloqué le processus. L’administration Obama, qui a hérité d’une situation catastrophique au Proche-Orient, a eu une attitude indécise et prudente. Quand tout a explosé, elle a choisi de faire semblant d’accompagner le mouvement. L’obsession de Washington dans la région, c’est la stabilité et le pétrole. Et la traduction de cette obsession, c’est la recherche d’alliés disposant d’une assise populaire.

    Pourquoi l’intervention de l’OTAN a été possible en Libye et pas en Syrie ?

    En Syrie, on se trouve face à un risque de chaos à la libyenne, mais dans un environnement régional bien plus dangereux. Il y a aussi le soutien de la Russie et de l’Iran. Dès le début, l’OTAN a dit qu’elle ne voulait pas intervenir. La question n’est pas : « Pourquoi l’Occident n’intervient pas en Syrie », mais : « Pourquoi empêche-t-il les livraisons d’armes à la rébellion ? ». La raison profonde est la peur du mouvement populaire en Syrie. Et le résultat, c’est le pourrissement de la situation. Le régime syrien finira par tomber, mais à quel prix ? La myopie des gouvernements occidentaux est hallucinante : sous prétexte de ne pas reproduire les erreurs commises en Irak, à savoir le démantèlement de l’Etat baasiste, ils font pire. Aujourd’hui, les Syriens sont persuadés que l’Occident laisse leur pays s’autodétruire à dessein afin de protéger Israël.

    La gauche anti-impérialiste voit un complot américain dans ces révolutions…

    Ce n’est pas parce que des insurrections populaires sont soutenues, par opportunisme, par des puissances impérialistes que cela justifie le soutien à des dictatures. La théorie du complot américain est grotesque. Il suffit de constater l’embarras de Washington. Evidemment qu’après quarante ans de totalitarisme c’est le chaos. Comme Locke, je préfère le chaos au despotisme, parce que dans le chaos j’ai le choix.

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    Références bibliographiques
    Gilbert Achcar, Le Peuple veut. Une exploration radicale du soulèvement arabe, Actes Sud, Sindbad, 448 p.
    Jean-Pierre Filiu, Le Nouveau Moyen-Orient.Les Peuples à l’heure de la révolution syrienne, Fayard, 408 p.

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    [1] Entretien publié dans Le Monde. Culture et Idées, 21 février 2013.
    [2] Voir Allah n’y est pour rien ! Sur les révolutions arabes et quelques autres, Ed. Le Publieur, juin 2011.

  • aie aie aie ...

    En pleine production de l’atlas 2012 du Monde diplomatique, deux de nos auteurs (Catherine Samary et Gilbert Achcar) nous signalent deux citations qui tuent !

    « Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures… (…) Ces devoirs ont été souvent méconnus dans l’histoire des siècles précédents (…). Mais, de nos jours, je soutiens que les nations européennes s’acquittent avec largeur, avec grandeur et honnêteté, de ce devoir supérieur de civilisation. »

    Discours de Jules Ferry prononcé à la Chambre des députés le 28 juillet 1885 (« Les fondements de la politique coloniale)

    Réponse de Georges Clemenceau, le 30 juillet 1885

    « La conquête que vous préconisez, c’est l’abus pur et simple de la force que donne la civilisation scientifique sur les civilisations rudimentaires pour s’approprier l’homme, le torturer, en extraire toute la force qui est en lui au profit du prétendu civilisateur. Ce n’est pas le droit, c’en est la négation. Parler à ce propos de civilisation, c’est joindre à la violence l’hypocrisie. »

  • Popular Rebellion & Imperialist Designs by Gilbert Achcar | ZNet Article
    http://www.zcommunications.org/contents/180818

    At the moment, however, it looks like this scenario is doomed because of the unexpected sudden collapse of the structures of the regime in Tripoli. It looks like it was only wishful thinking for NATO to believe that they could keep the basic repressive structures of a regime which has been shaped over decades as the private business and private militia of the ruling family. It can’t work that way in a situation where the people are being armed, with a majority of the armed rebels being civilians turned fighters for the occasion. This is a real popular revolution, a real popular rebellion. A lot of the rebels would hardly accept the continuation of the structures of Gaddafi’s regime.

    [...]

    Many Libyans believe that in some way they hired NATO’s services like Gaddafi hired mercenaries. They called for help and got it from the Western powers that are looking forward to being remunerated for that, and they assure them that they will get rewarded. They will tell you, “We will carry on making deals with them as Gaddafi’s regime was doing anyway.” Believing this is an illusion of course. But the belief that NATO can control the situation from afar and without boots on the ground is also an illusion. Many people in NATO circles are aware of that and have therefore designed plans for sending troops on the ground.

    #lybie

  • The Arab revolutions in perspective by Gilbert Achcar | ZNet Article
    http://www.zcommunications.org/contents/180683

    The most desirable perspective from my point of view is the deepening and consolidation of the democratic conquests in such a way as to allow the construction of a social and political workers’ movement capable of starting a new phase of radicalization of the process, on a class basis. The main alternative perspective today is the limitation of the democratic transformation in favor of the continuity of the regimes, by co-opting the fundamentalist movements. This is what the US calls “orderly transition,” which is why they have now established official relations with the Muslim Brotherhood. There also remains, of course, the perspective of a phase of prolonged instability with social and economic consequences that could ultimately lead to an authoritarian power confiscating the revolution and its gains — like the aftermath of the revolution of 1848 in France, which led to the “18th Brumaire of Louis Bonaparte” [the title of Karl Marx’s book on the 1851 coup of Louis-Napoleon Bonaparte]. Such a development cannot be ruled out.

    That is why it is fundamental that the left know how to fight for political democracy, with the alliances that this fight requires, while considering it essential to construct an independent workers’ movement on both the trade union and political fronts.

    • Ce texte est la traduction d’une interview donnée en français. Disponible ici :

      Les révolutions arabes mises en perspectives - revolutionarabe
      http://revolutionarabe.over-blog.com/article-les-revolutions-arabes-mises-en-perspectives-8104

      La perspective la plus souhaitable à mon sens, c’est l’approfondissement et la consolidation des conquêtes démocratiques de manière à permettre de poursuivre la construction d’un mouvement ouvrier social et politique capable d’engager une nouvelle phase de radicalisation du processus, sur une base de classe. La principale perspective alternative aujourd’hui est la limitation de la transformation démocratique au profit de la continuité des régimes, au moyen de la cooptation des mouvements intégristes. C’est ce que les USA appellent la « transition dans l’ordre », pour laquelle ils ont maintenant établi des rapports officiels avec les Frères musulmans. Reste aussi, bien entendu, la perspective d’une phase d’instabilité prolongée avec ses conséquences économiques et sociales qui – comme au lendemain de la révolution de 1848 en France qui a débouché sur « le 18 Brumaire de Louis Bonaparte » – pourrait déboucher à terme sur un pouvoir autoritaire confisquant la révolution et ses acquis. On ne peut pas exclure une telle évolution.

      C’est pour cela qu’il est fondamental que la gauche sache se battre pour la démocratie politique, avec les alliances que ce combat implique, tout en considérant comme primordiale la construction du mouvement ouvrier indépendant tant sur le terrain syndical que politique.