person:guy debord

  • Parution de Ne travaillez jamais. La critique du travail en France de Charles Fourier à Guy Debord, d’Alastair Hemmens ; préface d’Anselm Jappe (éditions Crise & Critique)
    http://www.palim-psao.fr/2019/05/parution-de-ne-travaillez-jamais.la-critique-du-travail-en-france-de-char

    Un vrai seen à part pour la parution de ce livre.

    Qu’est-ce que le travail ? Pourquoi travaillons-nous ? Depuis des temps immémoriaux, les réponses à ces questions, au sein de la gauche comme de la droite, ont été que le travail est à la fois une nécessité naturelle et, l’exploitation en moins, un bien social. On peut critiquer la manière dont il est géré, comment il est indemnisé et qui en profite le plus, mais jamais le travail lui-même, jamais le travail en tant que tel. Dans ce livre, Hemmens cherche à remettre en cause ces idées reçues. En s’appuyant sur le courant de la critique de la valeur issu de la théorie critique marxienne, l’auteur démontre que le capitalisme et sa crise finale ne peuvent être correctement compris que sous l’angle du caractère historiquement spécifique et socialement destructeur du travail. C’est dans ce contexte qu’il se livre à une analyse critique détaillée de la riche histoire des penseurs français qui, au cours des deux derniers siècles, ont contesté frontalement la forme travail : du socialiste utopique Charles Fourier (1772-1837), qui a appelé à l’abolition de la séparation entre le travail et le jeu, au gendre rétif de Marx, Paul Lafargue (1842-1911), qui a appelé au droit à la paresse (1880) ; du père du surréalisme, André Breton (1896-1966), qui réclame une « guerre contre le travail », à bien sûr, Guy Debord (1931-1994), auteur du fameux graffiti, « Ne travaillez jamais ». Ce livre sera un point de référence crucial pour les débats contemporains sur le travail et ses origines.

    #travail #critique_du_travail #critique_de_la_valeur #wertkritik #France #Alastair_Hemmens

  • Procrastination nocturne 2. Quand tu t’endors crevé super tôt sans même l’avoir voulu, toute lumière allumée et que tu te réveilles à 1h35 la lampe dans la gueule…
    Après : https://seenthis.net/messages/753114

    Je me lève pour tout éteindre et me changer, j’envoie un message à mon amoureuse pour dire que je n’avais pas vu son mot vu que je m’étais endormi et…

    Du coup, devant l’ordi, je tombe sur l’onglet ouvert pour plus tard avec la préface par Robert Kurz au Debord d’Anselm Jappe
    https://seenthis.net/messages/782666
    http://www.palim-psao.fr/2019/05/la-societe-du-spectacle-trente-ans-plus-tard.par-robert-kurz-preface-a-l-

    Ce n’est pas très long, donc je me mets à la lire. Puis je suis un lien vers un article de Jappe de l’année dernière que j’avais déjà lu et épinglé :
    https://seenthis.net/messages/690117
    http://www.palim-psao.fr/2018/04/guy-debord.plus-que-jamais-en-situation-par-anselm-jappe-paru-dans-le-nou

    À partir de là, c’est foutu.

    Je me mets à relire sa fiche WP, pour lire des choses sur son suicide :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Guy_Debord
    https://www.independent.co.uk/arts-entertainment/from-being-to-nothingness-1524917.html

    Je retombe sur cet article sur le livre à charge d’Apostolidès :
    https://next.liberation.fr/livres/2015/12/23/guy-debord-satiete-du-spectacle_1422654
    que @supergeante avait épinglé à l’époque :
    https://seenthis.net/messages/442991

    Du coup ça m’amène à lire sur Alice Becker-Ho et « l’affaire Riesel »
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Alice_Becker-Ho
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Riesel

    Là je cherche des photos d’eux tous, et je retombe sur… le journal pro-situ américain Not Bored qui contient de nombreuses correspondances de Debord traduites en anglais et disponibles sur le web. Comme je n’ai pas les livres, pour résumer, je me plonge dedans et je passe plus de 3h à lire des lettres de Debord en pleine nuit.
    http://notbored.org/debord.html

    Je ne me rappelle plus trop dans quel ordre ça s’est passé : est-ce que j’ai d’abord cherché les mots de Debord sur Jappe, puis je suis retombé sur le conflit avec René Riesel, ou bien était-ce l’inverse ?…

    Le dernier mot de Debord sur Jappe est dans une lettre pour Makoto Kinoshita :
    http://notbored.org/debord-5April1994.html

    Dis moi si un de tes amis sait lire italien. Dans ce cas, je t’enverrais un livre d’Anselm Jappe (Debord, Edizioni Tracce, Pescara). C’est sans aucun doute le livre le mieux informé sur moi, écrit par un Allemand qui assume explicitement un point de vue Hegeliano-Marxiste.

    Mais on trouve donc aussi des choses sur « l’affaire Riesel ». À commencer par sa lettre de rupture définitive à Riesel, où en goujat sans pincettes, il traite sa femme de misérable conne et de vache :
    http://notbored.org/debord-7September1971.html

    À l’inverse dans une autre lettre il s’explique très en détail sur une autre relation libertine de son couple avec Eve et Jean-Marc :
    http://notbored.org/debord-2October1971.html
    Le point commun étant qu’il haïssait absolument le mensonge (Apostolidès dit qu’il mentait et manipulait lui-même mais je n’ai pas lu de témoignage ailleurs, qu’il était excluant, violent, etc oui, mais pas menteur et Sanguinetti dit le contraire alors qu’Apostolidès est censé s’être basé sur ses sources justement). Et que donc toute relation amoureuse et/ou sexuelle doit toujours se faire sans jamais mentir à personne (y compris pendant l’acte, ce qui est le point qui a énervé Alice avec la femme de Riesel).

    Toujours autour des mêmes gens, je tombe aussi sur un article de Bourseiller, qui au milieu de notes sur Debord et le libertinage, détaille la vie de l’écrivain et pornographe Alexander Trocchi plus que sa fiche Wikipédia. À n’en pas douter c’était un aventurier… et une grosse merde qui a prostitué sa femme enceinte (et pas qu’un peu) pour se payer de l’héroine, et moult autre.
    http://christophebourseiller.fr/blog/2017/03/transgresser-ou-disparaitre-les-situationnistes-a-lepreuve-de-

    Bon, ça a dérivé (haha) et j’avoue sans mal qu’il doit y avoir du voyeurisme à être parti dans tout ça. Je préfère généralement rester sur le contenu lui-même, comme le fait très bien le livre de Jappe justement. Mais je garde toujours en tête que les idées doivent être pratiquées au quotidien, donc il y a quand même un intérêt à savoir la vie réelle des gens (et c’était très exactement le crédo principal de Debord et tous les situs, et justement lui pensait être assez en accord avec ce qu’il disait).

    Et là, il était 5h45. Et le réveil à 7h.

    #procrastination #sérendipité #Debord #Guy_Debord #Alice_Becker-Ho #René_Riesel #situationniste #internationale_situationniste #nuit #sommeil #Robert_Kurz #Anselm_Jappe #théorie_critique #libertinage #Alexander_Trocchi #Christophe_Bourseiller #Jean-Marie_Apostolidès et #dérive !!

  • Debord et la médiocrité de notre société postmoderne
    http://www.dedefensa.org/article/debord-et-la-mediocrite-de-notre-societe-postmoderne

    Debord et la médiocrité de notre société postmoderne

    Le pouvoir socialiste-mondialiste a honteusement, répétitivement tenté de récupérer ou de diaboliser Guy Debord (méprisant, macho, nostalgique…), mais le message du maître des rebelles demeure puissant et dur. On ne saurait trop recommander la vision du film In girum imus nocte et consumimur igni (superbe titre palindrome), qui va plus loin que la Société du Spectacle, étant moins marxiste et plus guénonien en quelque sorte (le monde moderne comme hallucination industrielle et collective). Le virage élitiste et ésotérique de ce marxisme pointu défait par la médiocrité du progrès nous a toujours étonnés et enchantés. Georges Sorel en parlait dès 1890 dans ses Illusions du progrès :

    « La grande erreur de Marx a été de ne pas se rendre compte du pouvoir (...)

  • Capitalocène, racisme environnemental et écoféminisme – Agitations
    https://agitationautonome.com/2019/04/07/capitalocene-racisme-environnemental-et-ecofeminisme

    « En dehors du fait que les méthodes d’exploitation ne correspondent pas au niveau de développement social, mais aux conditions accidentelles et fort inégales dans lesquelles les producteurs sont individuellement placés, nous assistons dans ces deux formes [petite et grande culture] à une exploitation gaspilleuse des ressources du sol au lieu d’une culture consciencieuse et rationnelle de la terre, propriété commune et éternelle, condition inaliénable de l’existence et de la reproduction de générations humaines qui se relaient ».
    Karl Marx, Le Capital, Volume II

    « Quand il pleut, quand il y a de faux nuages sur Paris, n’oubliez jamais que c’est la faute du gouvernement. La production industrielle aliénée fait la pluie. La révolution fait le beau temps ».
    Guy Debord, La Planète Malade

    Introduction

    Indéniablement, le désastre est en cours. Les îles Marshall sont progressivement inondées, certaines ont déjà disparu. Les réfugiés climatiques se multiplient, et sont des milliers à demander l’asile climatique : ils seront plusieurs centaines de millions d’ici 30 ans (à noter qu’à ce jour, le statut de « réfugié climatique » n’est pas reconnu juridiquement par les institutions supranationales). Les catastrophes naturelles s’intensifient, l’augmentation de la salinité des eaux menace nombre de terres agricoles, les feux de forêts paraissent dans certaines régions inarrêtables. Des métropoles et mégalopoles phares du capitalisme mondialisé sont menacées d’être invivables d’ici quelques décennies, notamment Miami, New-York, Rotterdam, Tokyo, Singapour ou encore Amsterdam.

    Il serait fastidieux de recenser tous les dégâts du réchauffement climatique, et là n’est pas notre sujet. Nombre de travaux ont déjà été réalisés1 sur ce qui apparaît aujourd’hui comme une menace monstrueuse et imminente : l’effondrement de toute civilisation humaine. Les théories catastrophistes ont désormais le vent en poupe, tout comme les thèses, articles et ouvrages de collapsologie. Le survivalisme devient progressivement un thème sociétal en vogue, surfant au gré des pseudo-solutions individualistes et techno-utopistes prônées par les tenants du capitalisme vert ou par les lobbys assurantiels du risque climatique. Le changement climatique est un marché lucratif.

    Depuis des décennies, l’ampleur du danger est étudiée par des institutions et chercheurs, pour la plupart occidentaux et régulièrement subventionnés par de grands groupes capitalistes. Les plus grandes fortunes mondiales se transforment en philanthropes sauveurs de l’humanité. En 2016, Bill Gates, à travers sa fondation et le fonds Breakthrough Energy Ventures, levait un milliard de dollars afin de développer des technologies de géo-ingénierie illuminées nécessitant l’exploitation de millions de prolétaires pour des résultats plus qu’incertains. Mark Zuckerberg (Facebook), Jeff Bezos (Amazon) ou Richard Branson (Virgin) furent parmi les principaux donateurs. D’autres multi-milliardaires explorent en hélicoptère les savanes africaines et indonésiennes afin de redorer leur image en comptant le nombre d’éléphants disparus chaque année : une façon comme une autre de faire campagne sans nécessité de serrer des mains.

    Les capitalistes profitent de la déqualification du prolétariat à l’ère du Toyotisme2 pour s’arroger toutes les compétences techniques et toutes les solutions au changement climatique : les travailleurs, aliénés, sont dépossédés de toute capacité d’intervention sur la production, entrainant la promotion d’une attitude individualiste et morale sur la crise en cours. Ainsi, les capitalistes font de la crise environnementale un problème « civilisationnel », un « enjeu nouveau pour nos démocraties », se pressent pour parler de « consensus » quant au danger qui nous guette. L’idéologie citoyenniste du « tous-ensemble » ou celle pseudo-radicale de l’éco-populisme sont incapables de mettre fin aux ambitions d’exploitation des ressources naturelles propres au système actuel, précisément parce que ce dernier ne peut fonctionner qu’en accumulant toujours plus de richesses. Ces idéologies s’indignent de l’inaction de l’État, incapable de remettre l’humanité sur de bons rails. Dès lors, l’ État est le nouvel interlocuteur privilégié des acteurs des Marches pour le Climat, marches très majoritairement métropolitaines, blanches et bourgeoises. De son côté, l’économie apparaît pour ces marcheurs, dans un système mondialisé, comme lointaine, sinon secondaire : elle est un « interlocuteur » absent.

    L’indignation citoyenniste est d’un moralisme exacerbé, si bien qu’on entend parler à longueur de temps d’alternatives institutionnelles. C’est l’homme qui est visé dans son individualité, abstraitement, et ce principalement à travers son mode de consommation. La production marchande passe à la trappe au profit du « consom’acteur », le genre humain est aussi bien le fauteur de trouble que le bouc-émissaire, l’universalisme bourgeois hors-sol des Lumières reprend ses droits. Une vision fictionnelle du système-monde l’emporte à l’heure où les sols sont presque partout déjà morts.

    Contre cette lecture caricaturale de la crise en cours, nous effectuerons dans un premier temps une critique radicale du concept d’Anthropocène, en tant qu’il serait cause du réchauffement climatique, et nous lui préférerons le concept de Capitalocène. Dans un second temps, nous verrons comment le système capitaliste produit différentes formes de racisme environnemental. Enfin, nous verrons ce qu’une lecture écoféministe de la crise telle que celle de Maria Mies nous enseigne à propos des liens entre effondrement environnemental et domination masculine, le tout afin de comprendre comment les luttes actuelles (aux prises avec les contradictions du capital, de genre et avec la segmentation raciale du travail comme de l’espace) sont imbriquées et tendent à ralentir la crise.

    #capitalocène #écoféminisme

  • Chatelet et le devenir-gibier de la jeunesse en France
    http://www.dedefensa.org/article/chatelet-et-le-devenir-gibier-de-la-jeunesse-en-france

    Chatelet et le devenir-gibier de la jeunesse en France

    Dans les années soixante, rappelle Thomas Frank, on a imposé le slogan Think Young, pour célébrer la marchandise et la non-culture nouvelles à base de pub et de communication, une « culture d’usurpateur », disait Guy Debord, qui veut faire oublier comment elle est arrivée au pouvoir. On chassa les anciens et la tradition pour imposer le jeunisme consumériste à base de gilet James Dean, de rébellion creuse, de chewing-gum Hollywood et de coca-cola ; cela marcha comme sur des roulettes.

    Cinquante plus tard, on a une jeunesse de dystopie, à 90% ruinée par l’immobilier, par les études, promue à des petits boulots disqualifiés, à des exils ingrats, à un nomadisme cheap et à un abrutissement technologique festif.

    Malgré cela les jeunes valent mieux que (...)

  • Le fil du site de https://souriez.info sur https://seenthis.net/people/souriez est désormais en panne depuis plusieurs mois faute de récupération RSS

    @seenthis que se passe-t-il ? merci de ton aide

    #médias_alternatifs #boycott_facebook

    Debord stratège - Souriez vous êtes filmés
    https://souriez.info/Debord-stratege

    Emission du 25 janvier 2019 //

    Les Amis d’ORWELL rendent une petite visite amicale à DEBORD, autour d’un ouvrage paru récemment aux éditions l’Échappée :« STRATÉGIE », une compilation minutieuse des fiches de lecture manuscrites qui ont participé à la construction de la pensée de Guy Debord dans le domaine de la stratégie et de l’histoire militaire.

  • Patrick Marcolini : « Il faudrait reprendre la réflexion de Guy Debord là où il s’était arrêté en 1994 »
    https://lemediapresse.fr/idees/patrick-marcolini-il-faudrait-reprendre-la-reflexion-de-guy-debord-la-

    Philosophe, historien des idées et professeur à l’université de Montpellier, Patrick Marcolini est l’auteur d’un essai sur le « mouvement situationniste » à L’Échappée, où il dirige la collection « Versus ». Il lance au sein de cette maison d’édition « La librairie de Guy Debord », dont le premier livre, Stratégie (dirigée par Laurence Le Bras), vient de paraître ce 21 novembre. Nous l’avons […]

    • Le reportage Facebook d’un journaliste sur les gilets jaunes à Bruxelles arrêté en plein direct par la police
      https://www.rtbf.be/info/medias/detail_un-reportage-facebook-d-un-journaliste-francais-a-bruxelles-arrete-en-pl

      Un journaliste français qui couvrait la manifestation des gilets jaunes à Bruxelles s’est fait interpeller par la police en plein direct sur facebook.

      Rémy Buisine, qui avait déjà couvert la manifestation des gilets jaune à Paris pour le média en ligne « Brut » était en train d’interroger des témoins sur la raison de leur présence à Bruxelles, après avoir montré diverses images de violences.

      Il était en train d’expliquer qu’il quittait la zone et que des cars de police arrivaient derrière lui, quand un policier vient l’interpeller. « Pas ici, lui lance-t-il. Vous arrêtez ou êtes arrêté ».

      Rémy Buisine lui explique alors qu’il est journaliste, le policier lui réclame sa carte d’identité, le journaliste tend sa carte de presse. « Ce n’est pas ça que j’ai demandé » s’énerve-t-il. Le journaliste finit par tendre son passeport, que le policier conserve en lui disant qu’il recevra un P.V..

      Le journaliste est alors emmené manu militari par le policier malgré les nombreuses protestations de Rémy Buisine qui rappelle à plusieurs reprises qu’il est journaliste.

      Rien n’y fera, et le reportage en direct sera interrompu. On ne sait pas encore si le journaliste a été interpellé ou juste emmené à l’écart de la zone.

      . . . . .
      #Le_Média

  • Guénon et le génie initiatique du peuple (II)
    http://www.dedefensa.org/article/guenon-et-le-genie-initiatique-du-peuple-ii

    Guénon et le génie initiatique du peuple (II)

    Reprenons ce thème du génie populaire, génie passif que la Tradition a pu informer depuis longtemps. Comme on l’a vu Guénon, méprise l’actuelle « élite » qu’il ramène justement à la classe moyenne, au bourgeois de Taine ou de Balzac. C’est une classe artificiellement créée par les échanges commerciaux devenus omnipotents (« l’économie devenue folle » de Guy Debord devenu sur la fin gauchiste transgressif – comme Mélenchon !) et par la progression/centralisation du pouvoir étatique que j’avais étudié dans mon livre sur l’exception française (le Coq hérétique publié en 1997 aux Belles Lettres).

    On rappellera cette belle phrase du pauvre Francis Fukuyama toujours cité, souvent insulté, mais rarement lu. Je le cite en anglais, quand il parle de la liquidation de la caste (...)

  • #Néo-situationnisme : vers un nouvel « art des territoires » – Carnet des études urbaines

    https://urbs.hypotheses.org/397

    Par Luc Gwiazdzinski, Géographe, Directeur du Master Innovation et Territoire, Université Grenoble Alpes

    « La formule pour changer le monde, nous ne l’avons pas cherchée dans les livres mais en errant ». A plus d’un demi siècle de distance, cette formule de Guy Debord entre en résonnance avec de nouvelles pratiques artistiques et citoyennes dans la ville contemporaine, mais également avec les attentes des politiques, urbanistes et aménageurs, en quête de sens et de sensible, à la recherche d’autres clés de compréhension, d’organisation et de production urbaine.
    Hors les murs

    Hors des institutions, des salles de spectacle ou des musées, une partie de la création artistique contemporaine met en scène le vivant dans l’espace public et dessine de nouveaux rapports à l’art et à l’espace. Des « artivistes » font bouger les lignes et ouvrent les champs des possibles d’une société déboussolée et nostalgique, inquiète pour son avenir et condamnée à hurler dans le présent. Dans ce contexte mouvant, entre « métropoles liquides » (Bauman, 2000) et « art à l’état gazeux » (Michaud, 2004), de nouvelles pratiques hybrides (Gwiazdzinski, 2016) associant art et espace, création artistique et production urbaine émergent et dépassent la seule mise en scène de la « société du spectacle » (Debord, 1967).

    #situationnistes #territoires #lieux #mémoire_des_lieux

    • Il faut le dire ici de manière simple et définitive. #Debord avait tout prévu : la médiatisation systématique des rapports entre les personnes, la domination du secret et le secret de la domination dans les métamorphoses de l’économie marchande, les catastrophes écologiques, la disparition de la figure du monde. Il avait même prévu la récupération/neutralisation dont il serait l’objet à travers une surexposition posthume le réduisant pour les uns à un critique de la télévision et pour les autres à beau moment d’histoire littéraire.

      Debord, il faut le lire, le lire et s’en régaler

  • « Diogène au pays des gauchistes » ou « Agamben vu par “Le Figaro” » (09/05/2018)
    http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2018/05/09/31003-20180509ARTFIG00353-diogene-au-pays-des-gauchistes.php

    Giorgio Agamben, soleil de la gauche la plus illuminée, était de passage à Paris la semaine dernière, au moment des « célébrations » des 50 ans de 68. Mais le philosophe italien vaut beaucoup mieux que ça !

    Il y a mille manières de revenir sur les événements de Mai 1968. L’une d’elles est d’écouter la conférence d’un des grands insoumis du moment. Ce que nous fîmes, le 4 mai dernier, jour officiel du début des « événements » de mai. L’Italien Giorgio Agamben était l’invité de l’École pratique des hautes études, qui célèbre cette année le 150e anniversaire de sa création. Agamben est un homme de 76 ans de fine silhouette, le visage ovale, légèrement couronné de cheveux. Il est semblable à l’idée vague que l’on se fait d’un Diogène souple et ironique. C’est un polyglotte et un érudit. Il s’exprime en un français à peine accentué. Il a un côté Umberto Eco de l’ultra-gauche - sans le chapeau à bords mous. Il se promène avec une facilité envoûtante dans le jardin des lettres et de la philosophie européenne.

    Notre philosophe est à mille lieux des célébrations fiévreuses de 1968. Pourtant, comme un signe ironique que les temps ont bien changé, la conférence d’Agamben a failli être annulée par les mouvements de grève universitaires qui tentent, en vain, de ressusciter les débordements de 1968. Deux jours plus tôt, en effet, les normaliens de l’ultragauche ont fêté leur idole dans les jardins de la rue d’Ulm. Avec sa morale diogénienne, l’idole aurait dû les envoyer promener, mais il accepta l’échange. Sur ces entrefaits, les black blocs, ces philosophes à coups de matraque, ont occupé l’École normale, la main dans la main avec les enfants turbulents de l’élitisme républicain. La Sorbonne, inquiète des fréquentations d’Agamben, ou du sillage insurrectionnel qui l’entoure, a refusé au philosophe italien l’amphithéâtre promis.

    Ainsi, il dut migrer jusqu’à l’École de chimie, toujours dans le Quartier latin. La communication d’Agamben était intitulée « la voix comme problème philosophique ». L’assistance fut calme et studieuse. Nul charivari, nulle interpellation. Nul cri. À ses côtés se tenait le philosophe spécialiste des religions, Vincent Delecroix - auteur d’un texte récent Non ! De l’esprit de révolte - mais aussi Christian Jambet, qui connut les pavés de 1968 et la gauche révolutionnaire, avant de « brûler des voitures » autrement, par l’étude passionnée et érudite de la philosophie chiite, à la suite du regretté Henry Corbin.

    Agamben n’a rien à voir avec les autres gourous de la pensée de gauche, comme Alain Badiou. Vu des fortins de l’ordre libéral que représente Le Figaro, Badiou n’atteint ni en finesse, ni en ironie, ni en radicalité mordante, le subtil Agamben. Le premier étant le triste épigone d’un 1968 ivre encore du mot déjà fatigué de révolution. Le second, tout aussi sévère à l’égard du monde comme il va, un porteur de l’anarchisme pur, un continuateur de la branche situationniste - il était proche de Guy Debord -, une espèce de curé défroqué un peu quiétiste, un peu poète.

    Fidèle à sa méthode philologique, Agamben a analysé la voix humaine sous sa forme exclamative, celle par laquelle on s’adresse à quelqu’un. Il a donné l’exemple de Moby Dick : « Appelle-moi Ismaël ! » Le vocatif, nous a-t-il fait entendre, est le seul cas grammatical qui laisse place à la tonalité singulière et vivante de celui qui parle, et résiste à l’ordre réglé du discours, dont la fonction est de dire quelque chose sur quelque chose d’autre. « On a la philosophie de sa grammaire », résume l’Italien qui voudrait faire de ce « moment vocatif » une autre manière de « décider de l’humain en nous ». Être humain, selon Agamben, et pour autant que l’on puisse le dire si vite, c’est refuser de se soumettre aux ruses de « la biopolitique », ce système complexe de contrôle de nos vies par la bureaucratie, le droit, l’argent, les conventions etc. Bienvenue au pays des anarchistes, dont Diogène est un habitant dilettante. Dans ce pays-là, on retrouve des enfants qui regardent par la fenêtre, des artistes, des moines peut-être, et quelques anachorètes.

    On était donc très loin de l’hédonisme proclamé de l’année 68. Les soixante-huitards ont voulu faire table rase du passé et de l’avenir, au nom du présent. Agamben n’avait rien à leur dire, hier, comme il n’a rien à dire, aujourd’hui, aux hystériques de Nuit debout. Il est ailleurs. Il a substitué l’attente de l’apocalypse à celle de la révolution. Il a remis la théologie au premier plan, elle qui avançait masquée, sous la forme du marxisme. Et il fixe un point inatteignable - on a vu ce qu’il en coûtait de vouloir l’atteindre ici et maintenant - qui n’est même pas la fin de l’histoire, mais ce qui se passe après la fin de l’histoire. Avec un sens aigu de la citation, il fait revivre pour nous les eschatologies juives et chrétiennes, les prophéties messianiques, les textes millénaristes qui décrivent la mort vaincue, l’injustice abolie, la souffrance dépassée, et la fusion du règne humain et animal.

    Agamben a joué, tout jeune, le rôle de Philippe, disciple du Christ, dans le magnifique Évangile selon saint Matthieu (1964) de Pasolini. Ami de ce dernier, il aurait pu, aussi bien, jouer le personnage du jeune homme scandaleux hébergé par une famille bourgeoise dans Théorème. Mais il a arrêté là sa carrière d’acteur. À la place, il a suivi les séminaires de Heidegger à Thor, avec et grâce à René Char. Sa lecture de l’Épître de Paul dans Le temps qui reste (Ed. Rivage) est un tour de force. Sa critique franciscaine du principe de propriété dans De la très haute pauvreté, en est un autre. Car évidemment, il y a une parenté spirituelle avec le fondateur de l’ordre franciscain. Avec l’Église aussi. Agamben n’a-t-il pas fait l’éloge du renoncement de Benoît XVI ? La fascination apocalyptique dans le discours de cet italien charismatique n’a pas échappé au pape François. Et on susurre que le philosophe est un visiteur du soir du commandeur des catholiques.

    Tout cela agace les gauchistes qui se réclament d’Agamben. C’est le cas du « Comité invisible », à l’origine de la tentative supposée de sabotage d’une ligne de chemin de fer à Tarnac, qui ont finalement bénéficié d’une relaxe récemment. Sans doute l’ont-ils mal lu. Car la pensée dont ils se réclament devrait les déprendre de l’injonction à l’action. L’oeuvre du philosophe fait de son mieux pour nous libérer de l’efficacité, pour en appeler au désoeuvrement, et à la grève indéfinie. Agamben est à la recherche d’un mode d’être radicalement nouveau et presque insaisissable. Malgré ses variations de style et de ton, ce n’est peut-être pas Diogène qui domine chez lui, mais le pessimisme des gnostiques à l’égard de la Création. Si le monde est mauvais sur toute la ligne, il ne peut donc changer que par la fin des temps. C’est pourquoi, bien sûr, nous ne le suivons pas. Car nous pensons comme les Grecs qu’il faut d’abord comprendre ce qui est, et dans ce qui est ce qui est beau, pour mieux admirer et mieux aimer le monde tel qu’il va.

  • Benalla au JT de TF1 > Debord : La société du Spectacle (résumé) – La-Philosophie.com : Cours, Résumés & Citations
    https://la-philosophie.com/debord-la-societe-du-spectacle-resume

    « Le secret généralisé se tient derrière le spectacle, comme le complément décisif de ce qu’il montre et, si l’on descend au fond des choses, comme sa plus importante opération. » ; « Notre société est bâtie sur le secret, depuis les ”sociétés-écrans” qui mettent à l’abri de toute lumière les biens concentrés des possédants jusqu’au ”secret-défense” qui couvre aujourd’hui un immense domaine de pleine liberté extrajudiciaire de l’Etat » .
    On le voit ici, le secret couvre le champ tant économique que politique. Il convient ainsi de déterminer en quoi le secret est au cœur du spectacle, et quelle est précisément sa fonction : en quoi est-il sa « plus importante opération » ? Le secret, comme technique de gouvernement, apparaît comme la clé de voûte du système spectaculaire, en ce qu’il permet de masquer le spectacle, autrement dit la domination, au public. Il est ainsi vital à l’exercice de la domination. Mieux, le secret est le mode de production de la domination. Car sans lui, cette dernière, apparaissant au grand jour, deviendrait, dans sa nudité et son obscénité, insupportable et donc fragile. C’est pourquoi Debord fustige ceux qui organisent le secret, ses agents, à savoir les services secrets, les experts, les médias et les sociétés secrètes.

  • Des voix sans maître : déconstruire de grands récits par la dystopie (Pierre Pelot)
    http://www.raison-publique.fr/article882.html
    Raison-publique.fr, samedi 16 juin 2018, par Simon Bréan

    Le storytelling pourrait être interprété comme l’un des instruments actuels de ce que Guy Debord appelle en 1967 le « spectaculaire diffus », par contraste avec le « spectaculaire concentré » des régimes communistes. La Société du Spectacle fournit une puissante matrice de déconstruction des grands récits, en les ramenant à une froide réalité mécanique, servir une même entreprise de « prolétarisation du monde ». Pierre Pelot, figure marquante de la science-fiction française des années 1970, s’est emparé de cette matrice contestataire pour écrire une série de récits dystopiques de 1977 à 1980. Ses dystopies sont des utopies négatives, qui détruisent les citoyens tout en prétendant les sauver. Dans cet article, nous examinons plus particulièrement trois romans, Delirium Circus (1977), Les Barreaux de l’Eden (1977) et Parabellum tango (1980).

    […]

    La pratique du storytelling identifiée par Christian Salmon est l’un des avatars contemporains d’une tentation ancienne, la manipulation du discours à des fins de propagande, que l’exacerbation des idéologies concurrentes au XXe siècle a rendu plus systématique. Rapporté à des modalités antérieures telles que la propagande totalitaire, qui implique un contrôle vertical des canaux de diffusion et une réécriture massive de la réalité historique et contemporaine, l’une des singularités du storytelling semble être son caractère multidirectionnel et opportuniste. Là où, pour en reprendre la logique mise en scène par le 1984 d’Orwell, la figure totalitaire du Big Brother s’impose depuis un empyrée inaccessible par le conditionnement de citoyens schizophrènes et par le contrôle paranoïaque d’une novlangue réduite à sa plus simple expression, les artisans du storytelling sont légions, chacun exploitant à sa manière les richesses rhétoriques d’une langue faussement familière et tâchant d’atteindre dans leurs destinataires des émotions déjà présentes, qu’il s’agit alors de faire primer sur les capacités rationnelles de critique et de distanciation.
    Une telle opposition ne paraît flagrante qu’en l’absence d’un terme intermédiaire : le storytelling tel que le conçoit Christian Salmon n’est pas l’héritier direct d’une propagande d’État totalitaire, mais semble plutôt relever de la bonne conscience moralisatrice qui lui a longtemps été opposée par le « Bloc de l’Ouest », fondée sur des boucles rétroactives affirmant d’un côté des valeurs fondamentales et de l’autre, au nom de ces valeurs, la nécessité de stratégies radicales, ce qui aboutit à des logiques paradoxales telles que « Détruire un village pour le sauver » pendant la Guerre du Vietnam, selon une expression rappelée récemment par Eric Fassin à propos de la guerre contre le terrorisme et des suppressions de libertés individuelles.

    #grands_récits #storytelling #science-fiction #dystopie #littérature #Pierre_Pelot #Christian_Salmon

  • « Macron veut faire de la censure une forme d’esprit critique », par Bruno Adrie
    https://brunoadrie.wordpress.com/2018/01/06/macron-veut-faire-de-la-censure-une-forme-desprit-critique-par

    Monté sur son char doré tiré par les chevaux ailés de la finance accapareuse, le président aux lingettes veut nettoyer le ciel des fausses nouvelles propagées contre la démocratie par ceux qui lui veulent du mal. Mais quelle démocratie entend-il protéger ? Certainement pas celle qui gît aplatie sous le poids d’une majorité qui a transformé l’Assemblée nationale en chambre d’applaudissement de toutes les attaques menées contre l’État providence par une équipe de clones arrogants et encostardés. C’est bien plutôt son régime de plomb qu’il veut sauver, un régime mis en place grâce au soutien d’une presse qui s’est bien gardée d’annoncer le Blitzkrieg que le candidat de l’extrême centre – c’est-à-dire d’extrême droite économique – allait mener contre le code du travail, les retraites, la sécurité sociale, les fonctionnaires et l’État lui-même, dans le but de le piller. Pratiquer la politique des caisses vides permet de creuser la dette et d’enrichir les prêteurs qui courent ensuite enterrer leur argent sous les cocotiers qui se balancent au souffle chaud des rivages détaxés.

    Il ne faudrait donc pas que la réflexion menée par des citoyens informés et sagaces vienne perturber la fête et fissurer peut-être le mur dressé par l’ingénierie du mensonge pour égarer le gogo. Et quoi de mieux pour chasser la vérité que de la désigner comme mensonge ? La technique est habile et grâce à elle la censure fait peau neuve. Elle cesse d’être #censure, et devient #esprit-critique, défense d’une #démocratie de papier mâché que des employés du cirque médiatique promènent comme un bonhomme de #carnaval devant les fenêtres grandes ouvertes des imbéciles pour qu’ils croient encore aux élections et aillent remplir des urnes qui ne changeront rien à la dictature qui DOIT régner. Stratégie identique à celle qui consiste à baptiser guerre humanitaire une guerre d’agression destinée à l’accaparement de matières premières ou au contrôle des routes indispensables à la libre circulation des richesses qui finiront dans les coffres à rallonge de la mondialisation heureuse.

    Guy Debord a écrit en 1988 dans Commentaires sur la société du spectacle (page 65 de l’édition poche folio Gallimard de 1992) : “Ce qui peut s’opposer à une vérité officielle doit être forcément une désinformation émanant de puissances hostiles, ou au moins de rivaux, et elle aurait été intentionnellement faussée par la malveillance” . A l’époque où il a écrit ces lignes, internet n’existait pas et les citoyens étaient contraints de rester muets devant les vagues de mensonges qui coulaient des turbines bruyantes de la #presse. Aujourd’hui, ce n’est plus pareil et chaque citoyen pensant peut devenir une puissance hostile. Voilà pourquoi il est urgent que le président poudré, le président des riches, le président des promesses les plus molles et des décisions les plus impitoyables, propose à sa majorité, qui l’adoptera, une loi de censure destinée à interdire l’usage des marteaux-piqueurs qui risquent de faire trembler et pourquoi pas vaciller la statue que le spectacle a érigée à sa triste figure et à ses tristes desseins.❞

  • Mai 1968-2018 : prendre la parole, encore et toujours

    Actualité de Mai-68

    Par Daniel Blanchard

    Photos de Bruno Barbey

    http://jefklak.org/mai-1968-2018-prendre-la-parole-encore-et-toujours

    Avant de partir aux États-Unis rejoindre le penseur écologiste libertaire Murray Bookchin, Daniel Blanchard s’engagea pleinement dans le mouvement du 22-Mars, puis dans les comités d’action durant le bouillonnant printemps français de 1968. Proche un moment de Guy Debord, avec qui il rédige en 1960 les Préliminaires pour une définition de l’unité du programme révolutionnaire, Blanchard est aussi un membre actif de Socialisme ou Barbarie (1949-1967), organisation révolutionnaire et revue héteromarxiste, anti-stalinienne avant l’heure, fondée par Cornelius Castoriadis et Claude Lefort. Cinquante ans après Mai-68, loin des commémorations ronflantes et matraquantes des « évènements », Daniel Blanchard livre dans Jef Klak son regard singulier sur ce moment radical de réappropriation de la parole. Un texte qui éclaire le mouvement social en cours, plus que jamais en proie à l’autoritarisme du pouvoir étatique.

  • Mai 1968-2018 : prendre la parole, encore et toujours
    http://jefklak.org/mai-1968-2018-prendre-la-parole-encore-et-toujours

    Avant de partir aux États-Unis rejoindre le penseur écologiste libertaire Murray Bookchin, Daniel Blanchard s’engagea pleinement dans le mouvement du 22-Mars, puis dans les comités d’action durant le bouillonnant printemps français de 1968. Proche un moment de Guy Debord, avec qui il rédige en 1960 les Préliminaires pour une définition de l’unité du programme révolutionnaire, Blanchard est aussi un membre actif de Socialisme ou Barbarie (1949-1967), organisation révolutionnaire et revue héteromarxiste, anti-stalinienne avant l’heure, fondée par Cornelius Castoriadis et Claude Lefort. Cinquante ans après Mai-68, loin des commémorations ronflantes et matraquantes des « évènements », Daniel Blanchard livre dans Jef Klak son regard singulier sur ce moment radical de réappropriation de la parole. Un texte qui éclaire le mouvement social en cours, plus que jamais en proie à l’autoritarisme du pouvoir étatique.

    #Mai68 #mouvement #Socialisme_ou_barbarie #Debord #Murray_Bookchin

  • Je tombe, par le hasard de la sérendipité, sur une chronique, une tribune, un article -, comment appeler une chose pareille ? -, de l’inénarrable Bernard-Henri Lévy, en tout cas un exercice hebdomadaire dont le lectorat du Point est gâté, toutes les semaines donc, depuis sans doute Mathusalem et peut-être même avant - lectrices et lecteurs du Point ne connaissent pas leur chance. Laquelle tribune commence par « Mes lecteurs » - Je ne pense pas que je serais jamais capable d’écrire un jour sérieusement mes lecteurs, d’autant que j’aurais tendance à préférer, lectorat ou lectrices et lecteurs, mais qui suis-je (un petit auteur Inculte de rien du tout), pour juger des manières d’un des grands du monde ? Bon autant vous le dire, la chronique en question est assez divertissante puisqu’elle oscille entre deux pôles improbables, le premier, rappeler sans cesse à ses lecteurs, que Bernard-Henri Lévy est toujours au centre de la marche du monde, que c’est un métier assez prenant, qu’il est ami avec tout ce que le monde moderne compte à la fois de progressiste et de résistant, et le deuxième pôle pas moins fantasque, Nicolas Sarkozy qu’il a longuement conseillé sur la Lybie - je vous ai dit que sans Bernard-Henri Lévy, rien ne se fait dans ce pays ? sommes-nous chanceux en France, nous avons un Ministère des Affaires étrangères dans lequel travaille un petit peuple laborieux et un autre ministère, celui des raccourcis sans doute, tenu par un seul homme, et quel ! c’est vous dire si nous sommes bien lotis en France ! -, Nicolas Sarkozy donc, est innocent de toutes les charges qui pèsent sur lui, lui, Bernard-Henri Lévy le sait de façon irréfragable, et lui, Bernard-Henri Lévy, peut savoir ces choses-là, parce que - rappelez-vous -, il est au centre de tout, et tout passe par lui, et donc, nécessairement il est dans le secret des dieux modernes, à vrai dire, il EST le secret des dieux - en fait Bernard-Henri Lévy murmure à l’oreille des dieux. A vrai dire, sans perversité excessive de ma part, la lecture d’un tel article est assez divertissante, comment ce type semble capable de se convaincre de ses propres mensonges est une source intarissable d’étonnement clinique pour moi.

    Et je me dis que ce serait dommage que les personnes qui me suivent sur seenthis, passent à côté d’un tel divertissement, ne boudons pas trop vite les occasions de rire un peu avec la marche du monde, qui #pendant_qu’il_est_trop_tard, ne recèle pas à ce point d’occasions de se réjouir, c’est plutôt le contraire. Cherchant une autre image que celle de l’article original - au Point ils ont tous misé sur la qualité de l’éditorialiste, pour l’iconographe, ils se sont contentés d’un talent moindre -, j’en trouve une bien meilleure sur le site de la Règle du Jeu - à la source en somme -, qui est, de la même manière pas entièrement exempte de perversité décrite plus haut, un filon sûr de bonne rigolade - imaginez un site internet hagiographique de Bernard-Henri Lévy -, qui représente Bernard-Henri Lévy entouré de jeunes soldats, résistants libyens, crois-je, habillé d’un magnifique costume dont on peut imaginer qu’il faudrait la solde annuelle des six soldats autour de lui pour en payer un tel, Bernard-Henri Lévy, le regard lointain, forcément lointain, bionique sans doute, est entouré de ses six soldats - le pronom possessif est ici à sa place - en armes, à la vue d’une telle photographie qui pourrait encore douter que sans Bernard-Henri Lévy, la Lybie serait encore sous le joug sanguinaire de Kadhafi, oui, qui ? La scène est tout en mouvement, c’est une scène d’action, cadrée avec juste le zest de maladresse feinte qui atteste que le danger ne devait pas être bien loin, ce qui justifie sans doute que le stratège Bernard-Henri Lévy soit entouré de pas moins que six soldats en armes, par ailleurs bouchonnées, ce qui signifie sans doute qu’elles ne sont pas chargées et le seraient-elles, elles ne pourraient faire feu, on n’est jamais prudent imaginez un peu le désordre : Bernard-Henri Lévy, ce génie militaire qu’on nous envie, blessé, tué lors d’un exercice, plus exac-tement lors d’une mise en scène.

    Je ne devais pas avoir autre chose à faire hier en fin d’après-midi, un vendredi, fin de semaine, veille d’une week-end de trois jours, on relâche la pression, des fois je me comporte vraiment comme un employé d’open space, je me suis offert un peu de récréation et j’ai par-couru quelques pages html du site internet de La Règle du jeu, et je suis tombé sur quelques images fort drôles dont j’ai émaillé les commentaires de mon propre signalement sur seenthis, il y avait notamment celle que je trouvais la plus admirable et la plus significative de cette œuvre gigantesque d’imposture - à la fois l’œuvre et les moyens dévolus à cette imposture - c’était une photographie de Bernard-Henri Lévy faisant semblant d’écrire. Et une autre encore plus désopilante - si une telle chose est possible - dans laquelle il était représenté travaillant à l’accrochage d’une exposition d’art contemporain de son cru - une exposition inconnue de moi, qui pourtant me tiens plus ou moins au courant de ce qu’il se passe en matière d’art contemporain - et dans laquelle figuraient deux œuvres de - vous êtes bien assis - - Guy Debord - le retournement du sens et des valeurs est un domaine qui ne semble pas avoir de bords visibles.

    Je remarquais que toutes ces images dont très peu avaient été dûment créditées devaient pourtant toutes avoir le ou la même photographe, pour être à ce point comparables en autant de points, l’éclairage, l’exposition et un cadrage d’une remarquable constance, usant et abusant du truc, très connu des photographes en 35mm, qui consiste à diviser verticalement un cadre horizontal en trois parties égales et de placer ce qui est important au tiers ou au deux tiers du cadre - works everytime -, j’en déduis, sans doute trop hâtivement, mais je pense la chose tellement plausible, que Bernard-Henri Lévy peut compter sur le ou la même photographe employés à ce grand œuvre hagiographique.

    Bon s’acharner, fut-ce avec ironie, sur un aussi médiocre sujet, il n’y avait pas de quoi être fier en somme. À vaincre sans péril on triomphe sans gloire. Ce que @reka n’a pas manqué de faire remarquer, mais pas en alexandrins. Pour @reka la cause de la ridicule imposture est entendue, c’est perte de temps et d’énergie d’y revenir, je dois convenir que l’argument n’est pas sans force.

    Oui, mais.

    Que l’imposture de Bernard-Henri Lévy soit aussi immanquable désormais qu’un élé-phant dans un couloir j’en conviens aisément. En revanche tout à la lecture de sa tribune hebdomadaire, qui me faisait tellement rire - et je devrais sans doute m’interroger sur les raisons d’un rire aussi mauvais de ma part sur des sujets qui sont, en fait, tout sauf drôle, une prochaine fois peut-être, un examen de conscience, promis -, je n’ai pas pu m’empêcher de ressentir une certaine commisération envers - tenez-vous bien ! - Sarkozy ! Est-ce que le fait que seul le fou du village vous défende, et le fasse aussi bruyamment, ne rejaillit pas en mal sur votre réputation, fasse rire, voire, vous contamine d’imposture - Certes l’imposture de Bernard-Henri Lévy crève les yeux - et il ne faut pas être grand clerc pour la relever - mais est-ce que justement cela ne pourrait pas avoir quelque utilité pour éclairer d’autres impostures moins visibles moins facilement discernables ? La justice qui s’intéresse à rien moins que dix affaires différentes dans lesquelles Sarkozy serait impliqué, n’est-elle pas en train, elle, de démasquer une imposture bien plus grande, aux ramifications encore plus vastes et nettement plus discrètes, accordons-lui cela, que celle, pachydermique, de Bernard-Henri Lévy ? Et n’y aurait-il pas quelque intérêt supérieur à démasquer cette imposture du pouvoir et de son abus, et toutes celles qui, nul doute, vont se retrouver en pleine lumière dans un jeu de domino, dont j’espère qu’il me sera donné assez de vie pour assister à la chute de ses premiers rangs.

    Ces dernières semaines, le battage médiatique et les compte-rendus d’audience du procès dit de Tarnac m’ont curieusement fait regagner un peu de crédibilité politique au sein de communautés pourtant étanches à toute pensée autonome ou anarchiste, que ce soit dans mon environnement professionnel, familial voire amical : ce n’est pas le plus petit des mérites de ceux de Tarnac d’avoir à la fois l’intelligence et l’extrême courage de saisir l’occasion de leur procès pour en faire une lutte politique et dans le cas présent mettre à jour une nouvelle imposture d’État, et ce faisant, on ne peut que se réjouir : à la fin les choses vont finir par se voir.

    Mon cher @reka, il n’est donc peut-être pas complétement inutile de maintenir les im-postures dans la lumière, surtout quand il est loisible d’opérer des liaisons de contagion entre les différentes impostures, et, in fine, créer et favoriser les conditions de la contagion.

    #pendant_qu’il_est_trop_tard

    • Hello hello :

      J’ai lu avec attention ton texte, je dois avouer que je suis authentiquement impressionné, et je commence à revoir ma position ... A condition que ces incursions dans ces mondes crapuleux et nauséabonds n’endommagent pas, par ailleurs, notre capacité à créer, à apprendre et à découvrir tout ce qui ensoleille notre vie, tout ce qui nous enrichit intellectuellement et émotionnellement.

      Mais je reste quand même incertain quant à donner trop de lumière à des phénomènes marketing de cette espèce, obscène à ce point de récupérer le grand Guy Debord à son propre profit...

    • @reka Le but est moins de te convaincre que de réfléchir un peu à voix haute. Mais je comprends aussi que tu raisonnes de la même manière que Sacha Guitry : que l’on parle de cette boursoufflure en bien ou en mal, on est, en fait, en train d’en parler et sans doute que le silence serait à la fois préférable et autrement efficace. Je n’ai, sur le sujet, aucune certitude.

  • Procès de Tarnac : le Comité invisible, dix ans de subversion

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/03/14/proces-de-tarnac-le-comite-invisible-dix-ans-de-subversion_5270531_3232.html

    De « L’insurrection qui vient » à la création du site « Lundimatin », la mouvance révolutionnaire liée à l’affaire de Tarnac s’ouvre au milieu culturel.

    Voici plus de dix ans que L’insurrection qui vient (La Fabrique, 2007), brûlot théorique du Comité invisible, embrasait la sphère radicale. Depuis, les membres ont grandi, voyagé, bataillé, vieilli aussi. Se sont-ils pour autant assagis ? Disons qu’ils semblent avoir beaucoup appris. Et avoir en partie rompu avec la posture « post-situ » qui caractérisait leurs premiers écrits. Un ton péremptoire et un style comminatoire hérités des méthodes les plus contestables de l’Internationale situationniste et de son mentor, Guy Debord.

    « Voir la gueule de ceux qui sont quelqu’un dans cette société peut aider à comprendre la joie de n’y être personne », écrivaient-ils en 2017. Et les voici qui, le 27 janvier 2018, organisent, à la Bourse du travail, à Paris, et au Clos sauvage, à Aubervilliers, une journée de conférences et de débats intitulée « Tout le monde déteste le travail », où sont notamment intervenus le philosophe Pierre Musso, l’écrivain de science-fiction Alain Damasio ou le metteur en scène Sylvain Creuzevault. Contradiction ? Plutôt une évolution, perceptible depuis leur deuxième opus, A nos amis (La Fabrique, 2014), où les formules lapidaires à l’égard d’autres collectifs – coopérativistes ou mutualistes – laissaient place à une volonté d’ouverture.

    Il y a une indéniable volonté de « ne pas s’enfermer dans un ghetto radical », déclare Julien Coupat, lors de la soirée que les « tarnaciens » ont donnée, jeudi 8 mars, à la Marbrerie, chaleureuse salle de concerts de Montreuil, louée chichement pour l’occasion. Une fête pour se serrer les coudes avant les trois semaines d’audiences qui se sont ouvertes mardi 13 mars.

    Autre pilier du groupe et animateur du site Lundimatin, Mathieu Burnel se réjouit que la soirée réunisse aussi bien de jeunes émeutiers que des écrivains confirmés, de nouvelles recrues que de vieux routiers, comme le philosophe Frédéric Lordon ou l’écrivain Serge Quadruppani. Car, « s’il y a bien un objectif que cette opération a lamentablement raté, c’était celui de nous isoler pour mieux pouvoir nous écraser », expliquent Mathieu Burnel et Julien Coupat.

    En effet, poursuivent-ils « sans les centaines de personnes qui nous ont soutenus, sans tant d’amis rencontrés au fil des ans, nous ne serions aujourd’hui que le vague souvenir d’un fait divers un peu étrange ». L’« affaire de Tarnac » – ce village corrézien où des membres présumés du Comité invisible s’étaient installés – n’est pas tombée dans l’oubli. Elle est même devenue un symbole, une marque, un tarmac où circulent les idées subversives, même si une partie du groupe a émigré du côté d’Eymoutiers, dans la Haute-Vienne, sur le plateau de Millevaches, où d’autres manières de vivre et de subvertir l’ordre du monde s’inventent.

    Solide armature théorique

    Crée en 2014, le site Lundimatin marque incontestablement un tournant. C’est tout d’abord une réussite éditoriale. Le journal électronique, au graphisme sobre et élégant, rassemble toute la mouvance autonome, libertaire et révolutionnaire. Chaque lundi matin, un article sur la ZAD de Bure y côtoie une lecture du talmudiste Ivan Segré, un appel au blocage des universités jouxte un reportage sur un campement de réfugiés. Mais le cercle des lecteurs, comme celui des contributeurs, s’est élargi.

    Bien sûr, la rhétorique émeutière est toujours présente. Mais elle est aussi bien portée par de jeunes zadistes que par Marcel Campion, « le roi des forains », qui « apporte [sa] voix et [ses] poings dans la guerre sociale qui se prépare » (Lundimatin no 112, 4 septembre 2017), ou par l’écrivain Eric Vuillard, Prix Goncourt 2017, auteur de romans dans lesquels « l’Histoire apparaît comme une puissance dévorante et absurde » (Lundimatin no 121, le 6 novembre 2017). Deux volumes de Lundimatin en version papier sont déjà sortis en libraire, dont un numéro entièrement consacré à l’affaire de Tarnac.

    Cette ouverture n’empêche pas le groupuscule révolutionnaire de tenir une ligne ferme sur des sujets qui divisent la gauche radicale. Ainsi en va-t-il de la Syrie, dont témoignent les reportages de Pierre Torres, les entretiens avec des exilés kurdes, les analyses de Catherine Coquio sur la Ghouta. Une fidélité à la révolution syrienne et à l’opposition au régime de Bachar Al-Assad qui a conduit le site à mener l’une des critiques les plus argumentées de la façon dont Le Média renvoyait dos-à-dos le dirigeant syrien et ses opposants (Le Média sur la Syrie : naufrage du « journalisme alternatif », par Sarah Kilani et Thomas Moreau, Lundimatin no 135, 28 février 2018).

    Ainsi Ivan Segré y a-t-il publié l’une des analyses les plus élaborées du livre « décolonial » de Houria Bouteldja, porte-parole du Parti des indigènes de la République et auteure de Les Blancs, les Juifs et nous : vers une politique de l’amour révolutionnaire (La Fabrique, 2016). Une solide armature théorique – Foucault, Deleuze, Debord, mais peut-être avant tout le philosophe italien Giorgio Agamben – et une connaissance aiguisée des mouvements émancipatoires du siècle dernier, adossée à de multiples implantations dans des luttes locales, leur permettent d’articuler témoignages et théorie en évitant, le plus souvent, les écueils du socialisme autoritaire comme ceux du gauchisme postcolonial.

    Indéniable empreinte

    La mouvance serait-elle devenue mainstream ? N’exagérons rien. Théoricienne de la guérilla des « cortèges de tête », notamment observés lors des manifestations contre la loi travail, elle demeure résolument insurrectionnelle, faisant l’apologie des blocages et autres sabotages (« Dans saboter, il y a beauté »). C’est pourquoi Lundimatin ne commémorera pas Mai 68. « Nous, on s’en fout de Mai 68, peut-on lire sur le site révolutionnaire. Que Cohn-Bendit soit pote avec Macron et Debord à la Bibliothèque nationale, ça ne nous fait ni chaud ni froid. »

    Mais, poursuivent les auteurs anonymes, « ça n’est pas une raison pour ne pas se donner rencard en mai prochain, vu la situation », car « on ne va pas laisser Macron dérouler ses plans tranquillement pendant dix ans. On ne va pas se laisser marcher sur la gueule en nous récitant du Molière ». Que veulent-ils alors ? « Nous, on veut déchiqueter le désastre. » C’est pourquoi le philosophe Jacques Rancière a pu déceler dans cette prose, certes inventive et corrosive, un catastrophisme répandu à droite comme à gauche : « Il y a quand même une chose que Badiou, Zizek ou le Comité invisible partagent avec Finkielkraut, Houellebecq ou Sloterdijk : c’est cette description basique du nihilisme d’un monde contemporain » voué uniquement au « narcissisme marchand », déclare-t-il dans En quel temps vivons-nous ? (La Fabrique, 2016).

    La surenchère décadentiste et l’antidémocratisme du groupe de Tarnac, qui conchie les assemblées générales, ont également suscité les critiques de Jaime Semprun, fondateur des éditions de l’Encyclopédie des nuisances, et René Riesel, ancien membre de l’Internationale situationniste : « Ces songeries catastrophiles s’accordent à se déclarer enchantées de la disparition de toutes les formes de discussion et de décision collectives par lesquelles l’ancien mouvement révolutionnaire avait tenté de s’auto-organiser » (Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable, Encyclopédie des nuisances, 2008).

    Pourtant, après vingt ans de publication théorique et d’activisme, l’empreinte du Comité invisible, notamment chez les jeunes générations, est indéniable. Malgré ses excès, il reste cité et plébiscité. Pour autres, une séquence s’achève, et il est temps de changer d’air. Notamment parce que la volonté affichée par Julien Coupat de « destituer la politique » conduirait à une forme de découragement. Et parce que cette sacrée insurrection ne vient toujours pas.

    Pour l’écrivain Nathalie Quintane, au contraire, le site Lundimatin a ouvert un précieux espace politique et littéraire. De la revue Tiqqun à Lundimatin, en passant par L’insurrection qui vient, la mouvance insurrectionniste a, entre ouverture et clôture, tracé un chemin. L’insurrection viendra-t-elle enfin ? Et sera-t-elle communiste, anarchiste ou, au contraire, droitière et traditionaliste ? Nul ne le sait. Mais gageons avec Guy Debord que, pour ces jeunes gens qui veulent forcer la porte du temps, « la sagesse ne viendra jamais ».

  • Je conduis les derniers lacets
    Qui me séparent d’un village escarpé
    Dans les Pyrénées catalanes

    Dans ce petit village
    La maison du père d’une amie
    Récemment décédé

    J’aide mon amie
    À vider la maison de son père
    Notamment la pièce du haut

    La pièce du haut n’est accessible
    Qu’avec une échelle escarpée
    Mon amie a le vertige

    C’est pour cette raison
    Que je viens de Paris
    Dans les Pyrénées, pour l’aider

    Je découvre que le père de cette amie
    N’est autre que Johnny Hallyday (trois « y »)
    Je suis tenté de lui voler une guitare

    Ah jouer de la guitare électrique
    À la Fred Frith (avec trois « f »)
    Sur une ancienne guitare de Johnny !

    Dans la chambre du père
    Les photographies sont en fait
    Des hologrammes qui s’animent

    L’hologramme d’un jeune Johnny
    Qui ressemble à Stephen Stills (même époque)
    Répond à une interview dans un anglais fameux

    L’hologramme du jeune Johnny
    Tient des propos
    Dignes de Guy Debord (même époque)

    Dehors la neige
    A remodelé
    Le paysage

    La neige n’adoucit pas les mœurs
    Échanges amers-amers
    De messages textuels de téléphone de poche

    Pas grave
    Café
    Free jazz

    Je reçois un mail transmis par J.
    Dont le titre de conférence
    Me fait hurler de rire. McEnroe et moi

    McEnroe et moi
    Comprenne
    Qui pourra

    Je retarde le moment
    De la plongée en apnée
    Dans les papiers

    Toujours étonnant pour moi
    De constater après-coup
    Que les papiers ne sont jamais loin

    Pâtes aux sardines
    Longtemps que je n’en avais
    Pas cuisinées. Trop mangé

    Les rues de Fontenay
    Sont méconnaissables
    Pas une voiture, pas un bruit

    Pas une voiture, pas un bruit
    On dirait un mois d’août
    Enneigé

    J’ai pris bien trop de marge
    Je tente de profiter d’une heure
    De promenade dans Paris enneigé

    Mais le cœur n’y est pas
    Comment pourrait-il en être
    Autrement, rue de Rennes ?

    Je signe
    En quatre exemplaires
    Le document le plus important de ma vie

    Sortant de chez mon conseil
    Je ne me sens pas très bien
    Et ce n’est pas gabegie de sardines

    Je passe prendre Zoé
    Seule qui s’ennuie
    Sarah révise puis s’accorde de la luge

    Je trouve une nouvelle piste
    Dans Frôlé par un V1
    Efficace chasseur de fantômes

    Je polis
    Mon anguille
    De cette nuit

    Je tente une nouvelle expérience
    De guitare électrique
    Je détruits des trucs affreux

    http://desordre.net/bloc/contre/sons/bush.mp3

    Zoé interloquée
    Je lui explique ma démarche
    Avec Kate Bush

    Elle pouffe de rire
    Devant les chorégraphies
    Et costumes très années septante

    Puis : tu ne voudrais pas
    Que je te filme en train de danser
    La même chorégraphie ?

    Un quinquagénaire obèse
    Meurt d’une crise de rire
    Dans son pavillon de banlieue

    Mais quels rêves
    De Wuthering heights
    Vais-je faire cette nuit ?

    #mon_oiseau_bleu

  • De quoi l’expression « en même » temps est-elle le symptôme ? Roland Gori, Le Média
    https://www.lemediatv.fr/articles/de-quoi-l-expression-en-meme-temps-est-elle-le-symptome

    Comment préserver l’autorité de l’Etat et « en même temps » externaliser ses missions en les abandonnant à la spéculation financière ? Comment « en même temps » placer la République sous l’enseigne de la « fraternité » et évoquer ces « gens qui réussissent et ceux qui ne sont rien » ? Comment concilier Ricoeur et le CAC 40 ? Le psychanalyste Roland Gori explore brillamment pour « Le Média » les paradoxes et les impostures d’une expression devenue la marque Macron.
    « Nous serions capables d’éteindre le soleil et les étoiles parce qu’ils ne nous versent pas de dividendes. [1] »
    L’expression « en même temps » est passée, non sans ironie, dans le vocabulaire des médias et du monde politique. Comme la célèbre phrase de Bartleby[2], « I would prefer not to », une expression peut « corrompre » l’entourage politico-mondain qui est le plus hostile à son promoteur. Emmanuel Macron a fait de cette expression, « en même temps », sa marque de fabrique politique. Dès le mois de juillet 2017 dans le quotidien Libération[3] j’attirais l’attention sur la complexité et la signification de cette formule qui, au-delà de son effet de divertissement, condense la vérité d’une signature politique.
    Les partisans du président dotent cette expression d’une signification positive : elle serait le signe d’une pensée de la « complexité » qui transcenderait les anciens clivages. La France enfin livrée au ravissement d’un économisme décomplexé et d’un humanisme affirmé, pourrait assumer, à la fois l’efficacité et la justice, le souci de l’entreprise et l’exigence du social. On peut toujours ironiser sur le caractère de « spectacle » (au sens de Guy Debord[4]) de cette rhétorique de propagande qu’en son temps déjà Giscard d’Estaing nous avait servie en prenant son petit déjeuner avec les éboueurs, et son dîner au MEDEF. Il n’empêche qu’il convient d’analyser plus en détails cette formule, sa structure et son efficacité symboliques.
    Nous le savons, les opposants au président Macron voient dans cette formule l’ambiguïté typique d’un centrisme social-libéral assumé, décomplexé, renouvelé, toujours aussi hypocrite. Peut-être, mais ce diagnostic se révèle bien insuffisant si on ne déconstruit pas davantage les composants qui assurent le succès de cette formule, que je considère comme symptomatique du macronisme. Bref, pour sortir de l’impasse des querelles idéologiques de pur prestige, il nous faut nous pencher plus attentivement sur les significations sociales et politiques de cette formule-valise du président Macron. Elle participe d’une victoire qui repose sur un malentendu lié à la double signification de cette expression qui séduit d’autant plus le bon peuple de France que son pouvoir symbolique repose sur une ambiguïté fondamentale.

    #contradtiction #superposition_temporelle #école #cognitivisme

  • #LesInrocks - Alain #Damasio : “C’est tout le rapport de l’Occident à l’activité qu’il faut repenser”
    https://www.lesinrocks.com/2018/01/24/actualite/alain-damasio-cest-tout-le-rapport-de-loccident-lactivite-quil-faut-repe

    Alain Damasio : “C’est tout le rapport de l’Occident à l’activité qu’il faut repenser”
    24/01/18 18h15
    PAR
    Mathieu Dejean
    Samedi 27 janvier, une journée de débats est organisée à la Bourse du #Travail de Paris sous le titre : “Tout le monde déteste le travail”. Alain Damasio, écrivain de science-fiction engagé, auteur de “La Horde du Contrevent” (2004), nous en dit plus sur cet événement qu’il a co-organisé.
    Au milieu des années 1950, l’Internationale lettriste regroupée autour de Guy Debord annonçait l’esprit de Mai 68 avec un célèbre graffiti : “Ne travaillez jamais”. Cinquante ans après les “événements” de mai, un collectif souffle sur les mêmes braises réfractaires, et organise le 27 janvier à la Bourse du Travail de Paris une journée de débats et de création artistique sous le titre : “Tout le monde déteste le travail - Rencontres pour qui en a, en cherche, l’évite, s’organise au-delà...”.

    Annoncé sur le site lundimatin, proche du #Comité_invisible, l’événement rassemble la fine fleure de la pensée critique dans ce domaine – la sociologue Danièle #Linhart, le professeur de droit Emmanuel #Dockès, l’économiste Frédéric #Lordon, ou encore le journaliste indépendant Olivier #Cyran (auteur de Boulots de merde ! Enquête sur l’utilité et la nuisance sociales des métiers, 2016) -, mais aussi des syndicalistes, des zadistes et des écrivains (le programme complet est ici).

    Le collectif à son origine est aussi celui qui avait organisé la “chasse aux DRH” le 12 octobre dernier, pour empêcher la venue de Muriel Pénicaud au Congrès des DRH. Alain Damasio, écrivain de science-fiction engagé, auteur de La Zone du dehors et de La Horde du Contrevent, qui a co-organisé ce rassemblement, nous en dit plus.

    Quel est l’objectif de cette journée ?

    Alain Damasio – Lors d’une rencontre sur le plateau de Millevaches (Limousin) fin août avec des gens qui gravitent autour du Comité invisible, des artistes, Frédéric Lordon ou encore Julien #Coupat, on s’est dit qu’il fallait lancer une série d’actions pour lutter contre la deuxième loi travail. La première action, c’était la “#chasse_aux_DRH”. La deuxième, c’est cette journée au cours de laquelle nous allons essayer de déployer nos idées, nos visions, de proposer des choses. L’objectif, c’est de répondre à ces questions qui nous traversent tous : Comment dépasser le travail ? Comment sortir de cette fabrique du travailleur comme figure essentielle ?

    Ces rencontres sont réunies sous l’intitulé “Tout le monde déteste le travail”. Ça vous semble si évident que ça ?

    Le titre est une référence au slogan “Tout le monde déteste la police”, il fait la continuité avec les manifestations contre la loi travail. Il a aussi un côté affectif. Frédéric Lordon explique très bien que les mouvements politiques se déploient lorsqu’ils ont un affect commun. En l’occurrence, nous éprouvons la sensation qu’une majorité de gens souffrent au travail, subissent des conditions d’exploitation de plus en plus subtiles, que la pression du chômage les oblige à accepter. C’est pourquoi nous avons décidé de taper sur le travail, conçu comme une activité soumise à salaire et à un système de contrainte très fort.

    C’est aussi une provocation. Des gens vont lire l’affiche et se dire : “C’est pas possible, moi j’aime mon travail !” En fait, on pousse les gens à s’auto-convaincre qu’ils aiment ce qu’ils font. Quand tu subis une exploitation forte, dans un cadre très contraint car tu dois gagner ta vie, c’est une réaction naturelle. Intérieurement tu souffres et tu détestes ce que tu fais, mais tu as aussi une injonction à être à l’aise, à aimer ce travail. C’est aussi contre ce néo-management que nous nous érigeons.

    “Nous avons décidé de taper sur le travail, conçu comme une activité soumise à salaire et à un système de contrainte très fort”

    Nos vies vous semblent-elles de plus en plus réduites à cette seule activité : le travail ?

    J’ai le sentiment qu’on continue en tout cas à nous faire croire que l’horizon peut être le plein-emploi, qu’il suffit d’y mettre le fric, ou de “libérer” le travail pour qu’on recrée de l’emploi. Je suis convaincu qu’il faut au contraire définitivement enterrer cette idée. Pour moi, l’avenir du travail réside peut-être dans le revenu universel, même si le capital peut s’en accommoder. Cette idée ne fait d’ailleurs pas consensus entre nous.

    En effet il y a une version néolibérale du revenu universel... Comment en faire une mesure vraiment émancipatrice ?

    Les positions des participants à cette journée divergent à ce sujet. Ariel Kyrou, que j’ai fait inviter, a énormément défendu le revenu universel dans le cadre de la revue Multitudes. Pour moi, c’est un plancher minimal à partir duquel tu peux te débarrasser de la nécessité de travailler. Je pense que ça peut libérer énormément d’énergie pour créer, militer, organiser un autre type de vie. Ça ouvre la porte à des alternatives. Beaucoup de gens se moquent d’avoir un statut social. C’est ce que j’ai vu à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. De quoi vivent-ils ? Ils vivent souvent d’un RSA, et de l’autoproduction. En l’occurrence, le plancher du RSA leur permet de faire des choses fabuleuses localement.

    Entendez-vous revaloriser la paresse, l’oisiveté ?

    Je n’aime pas l’idée de paresse, car elle s’articule comme une négativité par rapport au travail. Par contre, étymologiquement, l’oisiveté vient du terme latin otium. Nier l’otium, ça donne le mot negotium, le "négoce", le commerce, et finalement, ce monde capitaliste dans lequel on est. Nietzsche l’écrivait très bien aux alentours de 1870, avant l’arrivée du marxisme, qui a été très pro-travail : pourquoi prôner le travail, alors que la noblesse spirituelle de l’époque était fondée sur une valorisation absolue de la disponibilité, de l’oisiveté, de la présence au monde, de la contemplation ? On a réussit à inverser cette hiérarchie des valeurs pour faire du travail quelque chose d’indispensable, le nec plus ultra.

    “C’est tout un rapport de l’Occident à l’activité en elle-même qu’il faut repenser”

    L’oisiveté, ce rapport au temps libéré, cette disponibilité au monde, à la nature et aux autres m’intéresse. Prendre ce temps me paraît fondamental. C’est tout un rapport de l’Occident à l’activité en elle-même qu’il faut repenser. En écrivant le texte du programme de cette journée avec Julien Coupat, on s’est posé la question du sens de l’activité. On a une telle compulsion au productivisme ! Moi-même, je n’arrive pas à passer à un rapport à l’activité qui ne soit pas auto-aliénant.

    Les technologies numériques semblent contribuer à accentuer l’emprise du travail sur nous, alors qu’on croyait qu’elles allaient nous en libérer. Pensez-vous qu’on peut mieux les maîtriser ?

    Je pense qu’on est dans un état d’adolescence par rapport aux technologies numériques. Il faudra encore une génération pour atteindre un bon niveau de recul, de maîtrise. Je vois très peu de parents capables d’éduquer leurs gamins aux jeux vidéo. Or s’il n’y a pas de transmission sur ce média, d’école pour éduquer aux jeux vidéo, comment voulez-vous que les gamins ne soient pas bouffés, vampirisés par des jeux addictifs ? C’est pareil pour les réseaux sociaux, les mails, etc. On peut passer des journées seulement en interactions avec des interfaces. Ça, c’est flippant.

    “La liberté est un feu : tout le monde a envie de se mettre autour, mais personne ne va prendre le risque de sauter dedans, d’assumer ce qu’être libre veut dire”

    J’ai l’impression qu’il y a un mécanisme humain de fermeture au monde, de régression fusionnelle avec les outils technologiques. Cela crée des effets de bulle. Le psychanalyste Miguel #Benasayag l’a très bien expliqué dans Plus jamais seul. Les gens veulent rester dans un continuum affectif permanent avec leurs proches, ils ne supportent plus le moment où le lien se coupe, et où on se retrouve seul. Pourtant c’est dans l’absence, dans la rupture du continuum que le désir de l’autre se construit.

    On a réussi à faire de la technologie un magnifique vecteur d’auto-aliénation. C’est ce dont je parle dans La Zone du dehors : on est très forts pour le liberticide. La liberté, c’est un feu : tout le monde a envie de s’en approcher, de se mettre autour, mais personne ne va prendre le risque de sauter dedans, d’assumer ce qu’être libre veut dire, parce que ça brûle, ça crame.

    Quelle #philosophie_du_travail défendez-vous collectivement ?

    Un de nos modèles, c’est la ZAD. La manière dont les zadistes conçoivent quotidiennement l’activité est différente. Elle est auto-générée. Pour construire un bâtiment avec du bois de la ZAD, ils constituent un collectif qui réapprend à faire les charpentes, ils réapprennent un artisanat et retrouvent une continuité naturelle avec la forêt. Il y a une autodétermination de bout en bout, corrélée à un territoire. On passe ainsi d’un statut d’ouvrier à un statut d’œuvrier. L’œuvrier décide lui-même de ce qu’il a envie de faire, du projet qu’il a envie de porter, et le fait avec des gens qu’il a choisis. C’est notre vision générale du travail.

  • La deuxième mort de l’auteur, Laurent Jeanpierre
    http://next.liberation.fr/livres/2017/10/04/la-deuxieme-mort-de-l-auteur_1600902

    Auteur de la première biographie intellectuelle de Guy Debord en 2001, professeur de littérature et d’histoire des médias en Suisse, Vincent Kaufmann s’interroge sur les effets, pour les écrivains, des transformations rapides de « l’écosystème médiatique » depuis un demi-siècle. Il développe un ensemble de constats sur la « banalisation » et la « spectacularisation » des auteurs, soumis au règne de la télévision et de plus en plus mobilisés par les technologies numériques des réseaux sociaux.

    L’idée centrale de Kaufmann, déployée à l’aide d’une plume alerte et agréable, se résume simplement : alors que la mise en scène publique de soi et la recherche d’une large audience étaient des modalités particulières d’existence dans le champ littéraire jusqu’aux années 70, elles représentent désormais la manière la plus générale d’entrer en littérature et la raison d’être principale des écrivains. Les livres ne servent plus que comme simples « prétextes à apparitions » car, dans le nouvel ordre littéraire, l’autorité des auteurs dérive de l’attention qu’ils ont su capter.

    Scénographie.
    A partir de cette hypothèse, le critique relie de manière originale les développements français de l’autofiction et des écritures de l’intime à la montée d’un « impératif autobiographique » qui se serait installé avec et en même temps qu’Apostrophes, s’étendrait aujourd’hui à travers une identification croissante entre auteur, narrateur et personnage, et culminerait dans une exigence d’authenticité d’où la fiction et l’imagination devraient être bannies, comme l’illustrent, pour Kaufmann, les reproches adressés par Camille Laurens à Marie Darrieussecq lors de la polémique autour de Tom est mort, publié par cette dernière en 2007. Toute une scénographie accompagne ce « stade Canada Dry de l’auteur », à commencer par celle de la comparution et de l’aveu : l’écrivain spectaculaire y apparaît tel un héros sacrifié, mettant à nu sa vie privée quelles que soient les réserves de son entourage, faisant ensuite toute la lumière sur cette mise au jour et ses effets, et se soumettant d’œuvre en œuvre à une interminable injonction de transparence.

    @tintin puisque cet article me permet de penser autrement une réticence que j’attribuais à une pudeur (pudibonderie ?) probablement déplacée face au brillant Deux fois né.

    #auteur #aveu #spectacle #littérature #fabrique_de_la_visibilité #autofiction

  • Jimmy Goldsmith et le désastre de la civilisation
    http://www.dedefensa.org/article/jimmy-goldsmith-et-le-desastre-de-la-civilisation

    Jimmy Goldsmith et le désastre de la civilisation

    « Le destin du spectacle n’est pas de finir en despotisme éclairé » (Guy Debord)

    1993 : l’Amérique est en bouillie, le vainqueur de l’Irak vaincu par un apprenti de la Trilatérale, les socialistes de Cresson-Mitterrand sont enfin tambourinés aux élections, et l’Allemagne est mal réunifiée et à moitié ruinée… Debord toujours :

    « Les nouvelles concernent toujours la condamnation que ce monde semble avoir prononcée contre son existence, les étapes de son autodestruction programmée. »

    Debord se faisait alors menacer à la télé (Polac, F.O.G.), comme Goldsmith ; aujourd’hui ils sont complètement oubliés puisque tout va bien.

    Mais parlons de Jimmy Goldsmith régulièrement insulté aujourd’hui par les MSM.

    Ce fut un beau coup d’éclair alors : le milliardaire de la finance (...)

  • Small is beautiful
    http://www.dedefensa.org/article/small-is-beautiful

    Small is beautiful

    Le penseur austro-américain Léopold Kohr était cité avec Jacques Ellul et Guy Debord à la fin du documentaire apocalyptique Koyaanisqatsi. C’est comme cela que je l’ai découvert en 1983. En réalité son nom est inconnu alors que son lemme est mythique : small is beautiful. Kohr est l’esprit qui a mis en doute le monde moderne dans tout ce qu’il a de gigantesque, de titanesque et de compliqué. Pour lui tout s’écroulera de ce fait ; ou, si cela ne s’écroule pas, finira mal. A l’heure où l’Europe tangue, où les USA tanguent, où l’Espagne et le royaume désuni tanguent, on ferait mieux de redécouvrir son breakdown of nations publié il y a plus d’un demi-siècle. Proche des libertariens ou des traditionnels (je suis des deux écoles, donc je me sens bien concerné), la pensée de Kohr ne pourrait (...)

  • Calenda - Situations graphiques

    http://calenda.org/422682

    #graphisme

    Pour une construction de situations en design graphique

    Guy Debord annonçait en 1960 que l’idée centrale de l’Internationale Situationniste était la « construction de situations » au sens « d’ambiances momentanées de la vie ». Au delà de la production de formes qui seraient appréhendées seulement sur un mode contemplatif, il s’agissait selon lui de produire des situations « émouvantes », au sens d’expériences sensibles vécues collectivement. L’utopie situationniste entendait révolutionner la culture, c’est-à-dire « les possibilités d’organisation de la vie » en s’opposant à la société du spectacle.

    Penser la situation dans le champ du graphisme, c’est se questionner à la fois sur le rapport qu’entretient le design graphique avec l’environnement dans lequel il s’insère et la manière dont les objets graphiques existent dans un moment et un endroit donnés. Cela revient évidemment à interroger la relation du graphiste avec le milieu qui conditionne la réalisation de ses projets et sa responsabilité éthique, politique et culturelle face à ce contexte. Par ailleurs, la notion de situation implique l’existence de troubles, de tensions, voire de conflits (« we have a situation here »). Se pose alors la question du format, du mode d’intervention et en somme des formes les plus adaptées pour un graphisme situé. Ainsi, il s’agit d’interroger la situation à la fois comme ce qui conditionne la crise et comme élément de résolution et acte de communication vécu collectivement.