www.tunisiainred.org – Inciucio (*) à la tunisienne
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C’est le Président de la République, l’octogénaire ex ministre de Ben Ali, Beji Caid Essebsi, qui a été le parrain du « licenciement » du premier ministre précédent Habib Essid. Le 2 juin dernier, dans une manœuvre surprise et à un moment où le pays ne connaissait pas de tension particulière, Essebsi avait lancé, au cours d’une interview télévisée, la proposition d’un gouvernement d’unité nationale. Selon lui, l’initiative était rendue nécessaire par le fait que l’État n’était pas parvenu jusque là à imposer ses lois et le droit dans le pays ; il considérait que la situation était également rendue très grave par le péril terroriste et il invitait à participer à ce gouvernement tous les partis (à l’exception du mouvement de son rival Moncef Marzouki), la centrale syndicale de l’UGTT et l’Utica.
Pour beaucoup d’observateurs politiques il s’agissait en réalité d’une tentative de sortir de l’impasse dans laquelle l’implosion de son parti Nidaa Tounes avait conduit le gouvernement. L’intention du Président, en mettant en discussion l’action du technocrate et indépendant Essid, était de redistribuer les cartes à l’intérieur de son propre parti, en essayant en même temps de coopter d’autres forces, extérieures au parlement, pour mieux gérer la présence dans celui-ci de l’allié/ennemi Ennahda, le parti d’inspiration islamique qui a le même nombre de députés que Nidaa Tounes.
Comme le fait remarquer l’ex députée de l’Assemblée constituante, Mabrouka M’Barek, chercheuse auprès du Middle East Institute, d’autres facteurs auraient accéléré la décision du Président :
En présentant son remaniement ministériel en janvier dernier, Essid avait pris une décision radicale et révolutionnaire : ôter la gestion des collectivités locales de la juridiction du ministère de l’intérieur, une disposition en vigueur du temps de Ben Ali…