person:jacqueline sauvage

  • « Lorena », une histoire de violence conjugale
    https://www.liberation.fr/planete/2019/02/15/lorena-une-histoire-de-violence-conjugale_1703854

    Une série-documentaire coproduite par Jordan Peele (« Get Out »), disponible ce vendredi en streaming sur Amazon, aborde la question des violences conjugales aux Etats-Unis à travers le cas de Lorena Bobbitt, femme violée et battue surmédiatisée au début des années 90 après avoir émasculé son mari.

    « Lorena », une histoire de violence conjugale

    C’est une histoire qui débute comme un rêve américain. Nous sommes à la fin des années 80. Lorena, jeune manucure latino, rencontre John, engagé dans la marine, dans un bar de Virginie. Elle a grandi au Venezuela, son anglais n’est pas très assuré. Lui porte un uniforme et se bat pour son pays. Ils tombent sous le charme, se marient un an plus tard. Elle a 20 ans. Son mari, de deux ans son aîné, la décrit comme « douce » et « innocente ». Ils ont des allures de roi et reine de bal de promo. Les violences démarrent peu après la cérémonie. Pendant quatre ans, Lorena Bobbitt dit avoir été victime d’abus physiques (son mari la bat, l’étrangle), sexuels (il la force à avoir des rapports anaux, l’oblige à avorter) et psychologiques (il menace de la faire expulser du territoire).

    Une histoire de violences conjugales tristement banale qui se serait peut-être terminée par un entrefilet dans un journal local le jour où John aurait mis ses menaces à exécution et aurait tué sa femme. Le couple a pourtant été propulsé, en 1993, à la une des tabloïds du pays et vu son nom tourner en boucle sur les chaînes nationales. La nuit du 23 juin, Lorena Bobbitt, a commis « l’impardonnable » aux yeux du public américain. La jeune femme de 24 ans, après un nouveau viol conjugal, s’empare d’un couteau de cuisine et sectionne le pénis de son mari, alors qu’il est assoupi dans leur appartement de Manassas (Virginie), à quelques kilomètres de Washington DC. Elle s’enfuit avec, à la main, le phallus sectionné qu’elle jette par la fenêtre de sa voiture. L’organe, retrouvé dans une pelouse par la police, sera recousu au cours d’une opération de neuf heures – une prouesse qui vaudra même à John Bobbitt une brève carrière dans l’industrie pornographique.

    Le fait divers est relaté dans une série documentaire en quatre parties diffusée fin janvier au festival de Sundance et désormais disponible sur Amazon Prime Video, le service de streaming du géant du commerce en ligne. A la façon de la série Netflix Making a murderer, Lorena, réalisé par Joshua Rofé et coproduite par Jordan Peele (Get Out), donne la parole aux deux protagonistes et aux témoins de l’époque (policiers, médecins, voisins…), des interviews entrecoupées d’extraits du procès, diffusé en direct sur CNN en 1994.

    Plus qu’un fait divers

    Pourquoi revenir, un quart de siècle après, sur l’histoire du couple Bobbitt ? On se questionne, brièvement, lors du premier épisode, quand le documentaire flirte avec le cocasse, narrant sur la longueur l’ablation du membre viril (ce qui nous donne droit à une vision gore dont on aurait pu se passer) et sa quête (la police ira jusqu’à chercher dans le lave-vaisselle du couple pour le retrouver). Au fur et à mesure du visionnage, on réalise que Lorena raconte bien plus qu’un fait divers sordide. La série dépeint une société américaine dans laquelle la voix d’un homme mutilé a plus de valeur que celle de la femme qu’il a brutalisée pendant des années. Une société phallocentrée et phallocrate, dans laquelle les hommes ont le regard rivé sur leur entrejambe et un droit de vie ou de mort sur leur conjointe. « Elle a fait pire que de le tuer, elle a pris ce qui compte le plus pour un homme » , s’indigne sur un plateau télé l’un des frères du mari. Quand il menace d’assassiner sa belle-sœur pour se venger, le public l’ovationne. Cette-année là, plus de 2 000 femmes ont été tuées par leur partenaire aux Etats-Unis, sans que grand monde ne s’en émeuve.

    Décrite comme manipulatrice et impétueuse par la presse à scandale, Lorena Bobbitt devient aussi, à la manière de Jacqueline Sauvage en France, le symbole de l’épouse qui se rebelle face à son mari violent. La surmédiatisation du procès, au cours duquel la jeune femme fait le récit difficilement soutenable des abus subis, libère aussi la parole de celles, nombreuses, qui ont vécu des expériences similaires. « Quelqu’un a enfin fait ce que j’ai toujours voulu faire », dit une victime dans le documentaire. Face à l’afflux de témoignages, Lorena Bobbitt – innocentée par les jurés mais internée de force en hôpital psychiatrique – réalise qu’elle n’est pas seule. « Plus je parlais avec des victimes, plus je réalisais que les histoires étaient les mêmes que les miennes », explique celle qui dirige aujourd’hui une association caritative en Virginie. Désormais remariée, la quadragénaire n’est pas pour autant débarassée de son ex-mari. L’une des dernières séquences, glaçante, la montre assise devant les dizaines de lettres qu’il lui a envoyées ces dernières années, dans l’espoir de renouer. Reconnu coupable de violences contre deux autres compagnes, John Bobbitt n’a jamais été condamné pour celles dont son épouse l’accusait.

    #domination_masculine #violences #pénectomie #patriarcat #fraternité #pornographie #misogynie

    Le fait que ce violeur, harceleur, tortionnaire de femmes multirécidiviste aient eu une carrière dans le porno est à mon avis significatif. Voire aussi https://seenthis.net/messages/760513

  • ENFANTS VIOLENTÉS : « circulez y’a rien à voir » | Entre les lignes entre les mots
    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2019/01/21/enfants-violentes-circulez-ya-rien-a-voir

    On oublie de dire que pendant des années, les filles de Jacqueline Sauvage ont été violées par leur père. Quand on parle de victimes de violences, on évoque toujours la mère, on n’évoque pas les enfants. Et on ne parle pas en particulier des enfants qui ne sont pas protégés par leur mère quand elle est victime de violences, parce qu’elle n’est pas en situation de les protéger. Il y a une campagne autour de la nouvelle loi de Marlène Schiappa mais cette loi ne protège absolument pas les enfants – c’est une particularité française que de ne pas regarder les violences faites aux enfants.

    FS :Vous citez dans votre livre le cas d’une petite fille, Fanny, orpheline parce que son père a tué sa mère, mais impossible à adopter parce que son père assassin conserve néanmoins ses droits paternels sur elle. Qu’est ce qui justifie la conservation incompréhensible de ces droits paternels dans de telles situations ?

    FL : Le problème, c’est que la loi française est faite comme ça – on ne peut pas être déchu de ses droits parentaux sans qu’il y ait un jugement. Dans ce cas précis, c’était un meurtrier en cavale, donc il n’y a pas eu de jugement. Mais ce qui est très dommage, c’est qu’on ne se préoccupe pas de faciliter l’adoption de cette petite fille, et de ces enfants qui sont complètement abandonnés par leurs parents, dont les parents ne s’occupent plus du tout, et qui pourraient être adoptables. Normalement, une commission de révision des statuts devrait être se réunir régulièrement pour analyser la situation réelle de l’enfant, pour dire : « voilà, cet enfant pourrait être adoptable » – car ce n’est pas parce que les parents envoient une carte postale tous les ans que cela suffit à en faire des parents capables de prendre en charge l’éducation de leur enfant. On est dans un pays où la famille biologique, la famille de sang, est tellement privilégiée par rapport à toute autre relation qu’on considère que c’est moins grave d’avoir une famille malfaisante que pas de famille du tout. Et en conséquence, on laisse les enfants dans la dépendance d’une famille qui est au mieux absente, au pire malfaisante.

    FS : Vous évoquez dans votre livre comment l’affaire d’Outreau a modifié la façon dont est reçue la parole des enfants. Pouvez-vous nous en parler ?

    FL : A l’issue de l’affaire d’Outreau, et après que tout un groupe ait été condamné, puis finalement innocenté, la vraie question, c’est que les enfants d’Outreau ont été abandonnés pendant des années, on leur a dit en gros : « circulez, il n’y a rien à voir ». On a considéré que la parole de ces enfants qui avait été entendue et reprise dans des circonstances extrêmement pénibles pour eux, n’était pas digne d’être entendue. Lors du procès d’Angers, que nous comparons avec le procès d’Outreau, et où il y a eu une soixante d’accusés pédophiles, tout s’est passé de façon – on ne peut pas dire sereine – mais conforme au droit parce que le témoignage des enfants avait été recueilli dans des centres prévus à cet effet, enregistré, et qu’on ne leur a pas demandé cinquante fois de répéter la même chose. A Outreau, les enfants qui ont témoigné, ils étaient dans le box des condamnés ! Donc on voit bien qu’il y a eu une inversion absolue des priorités et des valeurs, et c’est ça qu’on a essayé de démontrer : très souvent, on fait de l’enfant victime un enfant coupable.

    FS : J’avais aussi remarqué, au moment de l’affaire d’Outreau, qu’il y avait dans les médias une campagne pour décrédibiliser la parole des enfants, pour souligner que, par définition, elle n’était pas fiable, que les enfants mentaient souvent. Ca évoquait un peu le concept freudien de l’enfant « pervers polymorphe »…

  • La légitime défense, une « arme au service des dominants »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/071118/la-legitime-defense-une-arme-au-service-des-dominants

    Dans Légitime défense. Homicides sécuritaires, crimes racistes et violences policières (CNRS éditions, septembre 2018), Vanessa Codaccioni retrace l’évolution de cette notion, montrant comment l’État français a réussi, par une politique volontariste, à faire diminuer depuis les années 1990 ces homicides en légitime défense. L’historienne met également en garde contre la tentation, sur le modèle du Canada, d’étendre cette notion aux femmes battues qui tuent leur compagnon. Entretien.

    Vous décrivez un véritable Far West français dans les années 1980-1990. Comment expliquer cette multiplication des homicides présentés en légitime défense ?

    Vanessa Codaccioni : Il y a plusieurs raisons. La politisation de l’insécurité par le gouvernement, les médias ainsi que le marché de l’autodéfense va se conjuguer à la hausse des atteintes aux biens, qui débute dans les années 1950. Dans les années 1970, on atteint un pic de vols et cambriolages. De cette utilisation des chiffres du crime et de la peur du crime résulte une augmentation du sentiment d’insécurité de la population.

    Il y a une popularisation de la notion de légitime défense, qui était tombée en désuétude. Dans les archives du magistrat Étienne Bloch, fondateur du Syndicat de la magistrature, j’ai trouvé une petite note qui disait : « On ne parlait plus de la légitime défense et aujourd’hui on ne parle que de ça. » En 1978, une association nommée Légitime défense va médiatiser ce sujet, en appelant les citoyens à s’armer contre les délinquants, les voleurs, à leur tirer dessus, en leur promettant l’acquittement. Cette association fait croire qu’existe un droit à la légitime défense, ce qui est faux, et qu’en plus, il y a une impunité à tuer un supposé cambrioleur.

    Pourquoi la légitime défense n’est-elle pas un droit ?

    Historiquement, elle a toujours été considérée comme un droit. Si vous êtes attaqué, vous vous défendez, vous pouvez même tuer pour protéger votre vie. C’est un droit à l’autoconservation. Mais au Moyen Âge, une rupture se produit : on considère que ces actes de légitime défense sont assimilables à une forme de justice privée. Or la construction de l’État et d’une justice publique suppose l’éradication de cette justice privée. Les actes de légitime défense deviennent un crime excusé. Les juges vont vérifier qu’il y a bien eu légitime défense.

    C’est aussi un moyen pour le roi de disciplinariser les nobles. À partir du XVIe siècle, si un noble tue et se déclare en état de légitime défense, il doit demander le pardon du roi et des juges dans une cérémonie où il se met à genoux. On passe ainsi d’un droit à un crime excusable. Dans le premier code pénal de 1810, la légitime défense devient une cause d’irresponsabilité pénale, comme la folie. Si vous êtes reconnu en état de légitime défense, vous n’êtes pas jugé, vous êtes libre et n’allez même pas en prison.

    Un personnage relie votre précédent travail sur la justice d’exception et ce livre sur la légitime défense : François Romerio, ex-président de la Cour de sûreté de l’État et créateur de l’association Légitime défense.

    C’est un personnage incroyable. François Romerio est un juge de l’exception : un juge qui a toujours exercé des fonctions d’exception ou qui a toujours recherché la proximité avec les politiques. Cet ancien juge colonial a exercé en Indochine, où il mettait en œuvre une justice coloniale. Il était donc déjà habitué à des pratiques arbitraires. Il a été président des assises, puis de la Cour de sûreté de l’État de 1965 à 1975. Pendant dix ans, il a jugé les ennemis politiques : l’OAS [Organisation armée secrète], les manifestants de mai 1968, les maos de la Gauche prolétarienne, les premiers indépendantistes corses, basques, bretons. Et dans ses mémoires, François Romerio fait une distinction très claire entre les ennemis politiques et les droits-communs, pour lesquels il a une véritable aversion. Ce qui va se manifester dans la création de l’association Légitime défense, clairement dirigée contre ce qu’il appelle la « racaille » et la « vermine ».

    À la Cour de sûreté de l’État, avait-il une pratique aussi sévère ?

    Non, au contraire, il avait presque une forme d’admiration pour les ennemis politiques déférés devant ce tribunal d’exception [créé en 1963 et dissous en 1981 – ndlr]. Par exemple, il leur permettait de parler pendant des heures. Il acceptait que des militants du FLNC fassent de longues déclarations politiques. Les journalistes n’avaient jamais vu ça. En revanche, après son départ à la retraite, son discours devient extrêmement répressif. Il diffuse une idéologie sécuritaire très conservatrice. Il a un discours d’animalisation du délinquant : c’est un loup, c’est un chien, une bête sauvage. Et si c’est une bête, ce n’est donc pas un homme, on peut le tuer. Son discours est presque d’eugénisme : le délinquant ronge la société française. Il faut assainir la société, presque dans une perspective évolutionniste.

    Et, chose importante, François Romerio considérait que le délinquant n’est pas récupérable. Pour la droite et l’extrême droite, la criminalité ne peut s’expliquer par des facteurs sociaux – enfance difficile, parcours scolaire difficile, précarité – mais uniquement par l’égoïsme. C’est pour cela qu’il existe toujours un lien entre la légitime défense et la peine de mort. Vu que les délinquants ne sont pas récupérables, il faut les tuer par la peine de mort ou par la légitime défense. Quand on a commencé à évoquer l’abolition de la peine de mort, à la fin des années 1970, François Romerio a prévenu qu’il resterait la légitime défense, perçue comme un palliatif à cette abolition.

    Comment ce Far West se traduit-il dans les faits ?

    Entre 1978 et 1980, uniquement en termes de crimes sécuritaires, il y a 41 cambrioleurs ou voleurs supposés qui périssent dans le cadre de la légitime défense en France. La plupart sont des faux cas de légitime défense.

    Outre ces crimes sécuritaires, parmi les nombreux cas présentés comme des « affaires de légitime défense » par la presse, beaucoup sont en réalité, selon vous, des bavures policières et des « crimes racistes ». Comment l’expliquez-vous ?

    L’association Légitime défense naît d’un comité de soutien au brigadier de police Marchaudon qui, en 1977, a vidé son chargeur sur un jeune Algérien de 21 ans, Mustapha Boukhezer, qui rôdait autour d’un bureau de poste. En 1974, ce brigadier avait déjà tué un jeune Algérien de trois balles dans le dos, au métro Anvers. C’est un récidiviste.

    À partir des années 1970, les affaires de bavure policière sont beaucoup plus médiatisées. Les policiers ont toujours beaucoup tué, mais on parlait finalement peu de ces homicides. Pensez au silence qui a entouré le 17 octobre 1961. Mon hypothèse est qu’on en parle davantage parce que ces affaires sont dites « en légitime défense », qui est alors un sujet d’actualité.

    L’un des cas les plus connus est celui, en 1972, de Mohamed Diab, un chauffeur de poids lourd algérien tué d’une rafale de pistolet-mitrailleur par un sous-brigadier, au prétexte qu’il se serait rebellé dans le commissariat. Sauf que le sous-brigadier a dit, avant de le mitrailler : « Oui, je te tue, sale race, je te tue. » Le sous-brigadier ne sera jamais jugé, il bénéficiera d’une ordonnance de non-lieu. Il y a quelques rares procès de policiers, qui sont pour la plupart acquittés.

    Puis, parmi les homicides dits en légitime défense, il y a ce que j’appelle les homicides querelleurs. Ce sont des hommes qui se disputent, le beau-père et son ex-beau-fils, deux personnes en conflit dans une petite ville, et ça finit mal. Enfin, il y a énormément de crimes racistes qui sont justifiés par la légitime défense à partir de la fin des années 1970.

    Pour comprendre la légitime défense, vous vous intéressez au profil tant des auteurs que des victimes. Quel est-il ?

    Ceux qui tuent en état de légitime défense sont toujours des hommes. De 1978 au milieu des années 1990, il n’y a qu’un seul cas de femme, c’est l’affaire de la boulangère de Reims qui, en 1989, tue d’une balle dans la tête Ali Rafa parce qu’il aurait voulu voler des pains au chocolat. Le phénomène des femmes battues qui retournent la violence contre leur conjoint, à l’image de Jacqueline Sauvage, est extrêmement récent.

    Mon point de départ est de vouloir déconstruire cette idée selon laquelle la légitime défense est une arme pour les plus faibles. C’est le discours tenu historiquement par les juristes, les hommes politiques, les criminologues. Or, quand on regarde qui tue et qui est tué, on voit très bien que c’est l’inverse. La légitime défense est une arme au service des dominants, c’est-à-dire ceux qui ont toujours monopolisé la violence. Ce n’est qu’une disposition de plus qui permet aux détenteurs du monopole de la violence de tuer presque en impunité : des hommes qui ont des armes, des chasseurs, des policiers, des vigiles.

    Toujours des hommes d’âge mûr, blancs, qui exercent des professions qui peuvent leur attirer de la sympathie – commerçants, artisans, garagistes – ou dites respectables comme les policiers, les vigiles. Ce profil d’honnêtes gens leur sert au moment du procès. Ces hommes n’étaient pas prédestinés à tuer. Alors, s’ils sont des honnêtes gens, ce sont les personnes en face qui n’étaient pas des gens respectables. Cela joue en miroir contre ceux qui sont tués.

    Qui sont-ils ?

    Ce sont plutôt des jeunes en situation d’exclusion sociale, soit au chômage, soit exerçant des petits boulots précaires, souvent vivant en banlieue et souvent racisés, noirs ou arabes. Dans la période 1978-1990 sur laquelle j’ai travaillé, ce sont souvent des jeunes de banlieue issus de l’immigration maghrébine. La moyenne d’âge est de 22 ans. Certains sont très jeunes. Ce sont des « délinquants », des « racailles », donc, dans cette façon de penser, ils sont tuables, quel que soit leur âge. Il y a presque deux idéotypes opposés : les honnêtes gens ou les bons flics, et la racaille. Souvent, les personnes tuées avaient un passé de délinquance, étaient connues des services de police ou avaient un casier judiciaire. Et ça va justifier leur mort.

    De façon étonnante, vous racontez que l’association Légitime défense va militer pour faire passer ces procès du tribunal correctionnel aux assises.

    Les affaires de légitime défense sont des procès qui vont toujours être politisés. Il y a toujours un enjeu politique derrière : le droit de posséder des armes, de défendre sa vie, ses biens, son commerce, etc. Les affaires de légitime défense ont toujours été jugées au tribunal correctionnel, qu’il s’agisse de policiers ou de citoyens. Mais ce n’est pas la bonne juridiction pour politiser la légitime défense, car c’est un petit tribunal, qui ne permet pas de faire des grandes plaidoiries politiques, des grands défilés de témoins. Et les magistrats professionnels du tribunal correctionnel sont plutôt sévères envers les auteurs de légitime défense. Ils condamnent souvent symboliquement à du sursis ou à une peine d’amende pour signifier qu’il y a eu mort d’homme.

    Or le fait qu’un auteur d’homicide dit défensif soit condamné, même à du sursis, est inacceptable pour les avocats de Légitime défense. Ils vont demander que leurs clients soient passibles des assises, ce qui est du jamais-vu : des avocats qui demandent à aggraver la situation pénale de leurs clients. Ils disent : ce n’est pas un homicide involontaire puisque mon client avait vraiment l’intention de tirer sur cette personne. C’est très risqué, car les peines en cour d’assises peuvent être beaucoup plus lourdes. Mais c’est une stratégie payante : les jurys vont acquitter très majoritairement les tireurs.

    Au début des années 1980, l’État veut être de plus en plus sévère contre les auteurs de légitime défense en les traduisant devant les cours d’assises. Deux camps opposés, qui réclament l’un la limitation de la légitime défense, l’autre son extension, vont se retrouver sur la juridiction où les tireurs doivent être jugés, la cour d’assises.

    Comment les cours d’assises traitent-elles ces homicides ?

    Ma thèse est que la légitime défense impose aux jurés d’assises une problématique particulière. On passe de la question habituelle : « L’accusé est-il coupable ou innocent ? », à une autre question : « L’accusé a-t-il tiré en état de légitime défense ? ». Ce qui modifie complètement les questions des juges, la plaidoirie des avocats, la perception des jurés.

    Le juré d’assises va toujours s’identifier avec celui qui a tiré parce qu’il y a des proximités en termes de classe sociale et de vision du monde. Les jurés d’assises ont toujours été très sévères envers les atteintes aux biens. Dans une société où on martèle qu’il y a de l’insécurité, les jurés ont tendance à acquitter celui qui a tiré sur un voleur supposé, aperçu sur un toit, en train de s’enfuir dans leur jardin.

    Il y a cette croyance qu’on peut défendre ses biens par les armes, alors qu’en France l’atteinte aux biens a toujours été exclue des crimes de sang. On peut être excusé si on tue en état de légitime défense, quand on protège sa vie, mais pas quand on protège un bien, sauf si on entre chez vous la nuit ou qu’on essaie de vous voler avec une extrême violence.

    Le profil de la victime semble également déterminant. Qu’attend-on d’une bonne victime ?

    Les jurys d’assises ne jugent pas tant celui qui a tiré que celui qui a été tué. C’est le mort qui est en procès : avait-il une bonne vie ? Était-il un délinquant ? Était-il en train de commettre un crime ou un délit ? Dans ces procès, on assiste à une criminalisation post mortem de la personne tuée. Cela débouche souvent sur deux affirmations : soit « il l’a bien mérité », soit « il est responsable de son propre décès », s’il commettait un délit au moment où il a été tué. Par exemple, quand un voleur est tué, les avocats du tireur diront que ce sont les risques du métier.

    Les bonnes victimes de la légitime défense sont très rares. Il n’y a que trois configurations où les tireurs sont condamnés et où la famille de la victime peut obtenir justice. Premier cas, les jurés ne peuvent vraiment pas croire que la personne était en état de légitime défense parce qu’elle a inventé une menace ou a maquillé la scène du crime. Les jurés ne peuvent alors pas croire à sa peur.

    Deuxième cas, lorsque le tireur a un rapport problématique aux armes, est un fanatique des armes. C’est le cas du gardien de supermarché qui a tué Moussa Mezzogh, qui venait de dérober des blousons. Il a été condamné à cinq ans de prison, dont trois avec sursis. La police avait trouvé chez lui un arsenal.

    Le troisième cas, c’est lorsque le racisme est reconnu comme le mobile unique. Dans les crimes racistes, pour que la question du racisme apparaisse lors des audiences, il faut qu’il n’existe aucune autre possibilité. Pour que la thématique du racisme apparaisse, il faut que la personne tuée soit « blanche comme neige », si je peux me permettre l’expression : qu’elle n’ait aucun passé délinquant et ne fasse absolument rien au moment où elle est tuée.

    Les médias ont un rôle très important, car ils participent à l’idéologie de l’insécurité en mettant l’accent sur les faits divers. Et ils ont tendance à participer à la criminalisation post mortem de la victime. Soit ils ne parlent pas de la personne tuée, qui est invisibilisée, soit ils insistent sur sa mauvaise conduite.

    Aujourd’hui, hors quelques cas médiatisés comme celui du bijoutier de Nice, en 2013, les homicides en légitime défense ont diminué. Comment l’expliquer ?

    Il y a effectivement de moins en moins de cas de légitime défense mortels. Entre 2015 et 2017, il y a eu une cinquantaine de cas où l’argument de la légitime défense est avancé au procès, dont moins d’une dizaine mortels. Donc, moins de dix cas mortels en deux ans contre quarante cas mortels juste pour des cambriolages ou des vols en 1978 et 1980.

    Cela rentre dans un processus plus général de pacification des mœurs, mais aussi dans une politique volontariste de l’État français pour réduire la légitime défense. Il limite les ventes d’armes d’autodéfense les plus utilisées, notamment la carabine 22 long rifle. Dans les années 1980, on achetait ces armes à la FNAC, au BHV, sur catalogue à La Redoute, etc.

    Mais l’État ne pourra jamais limiter l’une des principales armes de légitime défense : le fusil de chasse. Les cas récents montrent que c’est ce fusil de chasse qui est utilisé dans les affaires mortelles dites de légitime défense.

    À partir de 1994, il inclut dans le code pénal des critères, issus de la jurisprudence, qui encadrent la légitime défense : l’immédiateté, la simultanéité, la proportionnalité et la nécessité d’avoir une menace réelle et non imaginaire. Et l’État impose ce qu’est une bonne autodéfense : appeler la police, ne pas garder d’argent chez soi, s’assurer contre le vol, ne pas ouvrir quand on frappe, être très méfiant. L’État français construit un sujet résilient, acteur de sa propre sécurité, qui développe des sentiments de suspicion envers autrui mais qui a confiance envers la police.

    Reste l’exception policière : les policiers ont eux, au contraire, connu ces deux dernières années une extension du champ de la légitime défense, au nom de la menace terroriste.

    La légitime défense policière s’analyse comme un dispositif d’exception qui, après les attentats du 13 novembre 2015 et après l’état d’urgence, est devenu permanent. J’ai découvert que la France avait déjà étendu la légitime défense pour les policiers à deux reprises, sous Vichy et pendant la guerre d’Algérie, en leur permettant d’utiliser plus facilement leurs armes. Ce sont les moments les plus répressifs de notre histoire récente, où on a inventé le plus de dispositifs d’exception et dans lesquels on va puiser des mesures aujourd’hui, dans le cadre de la lutte antiterroriste.
    Sous Vichy et pendant la guerre d’Algérie, on avait déjà aligné la légitime défense policière sur les règles d’ouverture du feu militaires, dans un cas, pour abattre plus facilement des résistants, dans l’autre, pour abattre des indépendantistes ou leurs soutiens. Mais après Vichy et après la guerre d’Algérie, on avait refermé cette parenthèse. La légitime défense policière était redevenue ordinaire.

    Après les attentats, au contraire, on a étendu par deux lois, en 2016 et 2017, la possibilité pour les policiers de tirer. C’était une très vieille revendication, à la fois des syndicats de policiers et de la droite et de l’extrême droite, au moins depuis le début des années 1980. Et tous les chefs d’État, gouvernements, tous les ministres de l’intérieur s’y étaient toujours opposés. Même Charles Pasqua, connu pour avoir couvert de graves bavures policières, était contre, car il disait que c’était trop dangereux. En 2015, dans le contexte traumatique post 13-Novembre et de l’état d’urgence où l’État a beaucoup demandé aux policiers, il a accédé à leurs revendications.

    Cela a-t-il eu un impact sur le nombre de personnes tuées par la police ?

    Je ne crois pas. Il y a eu 14 morts l’an dernier, or on sait que la police a tué plus de 450 personnes en 40 ans [de juillet 2017 à mai 2018, 14 personnes ont été tuées lors d’opérations policières, selon un recensement inédit de l’IGPN, qui ne comptabilisait pas ces morts auparavant – ndlr]. En revanche, il y a une augmentation exponentielle du nombre de tirs policiers. En 2017, la police a tiré 394 fois, soit une augmentation de 54,5 % par rapport à 2016. Il va falloir observer les effets de ces lois sur le temps long.

    Après les attentats à Londres de 2005, les officiers de Scotland Yard ont adopté la théorie du shooting to kill, qui vise à abattre le plus rapidement possible un potentiel terroriste avant qu’il ne déclenche une possible ceinture d’explosifs. Quelques semaines après l’adoption de cette doctrine, en juillet 2005, un électricien brésilien, Jean Charles de Menezes, a été tué de sept balles dans la tête, dans le métro londonien, par deux policiers qui l’avaient pris pour un suspect pakistanais. Cela a été considéré comme une affaire de légitime défense.

    Une nouvelle problématique s’est mise en place, qui est celle du « faire mourir le terrorisme ». Michel Foucault parlait des techniques du « faire mourir » et du « laisser vivre ». Aujourd’hui, il me semble que nous sommes dans une réflexion sur le « faire mourir les terroristes ». Comment les tuer ? À quel moment ? Cela répond à la militarisation de la police, qui fait suite à cette expression entendue partout après le 11 septembre 2001 : « On est en guerre. » Si nous sommes en guerre, alors la police doit pouvoir tuer, comme l’armée, et avoir une possibilité de tir plus étendue sans être inquiétée par la justice.

    Et chez nos voisins européens, comment cette législation sur la légitime défense évolue-t-elle ?

    C’est assez inquiétant. Nos voisins européens sont dans une démarche totalement différente de la nôtre sur la légitime défense citoyenne. Au début des années 2000, le Royaume-Uni a par exemple entamé une réflexion sur la possibilité d’étendre la légitime défense pour les particuliers, notamment quand il s’agit de cambriolage. En 2008, une loi a mis en place la légitime défense subjective, qui a toujours été refusée en France. C’est considérer que quelqu’un qui croyait honnêtement être en légitime défense ne sera pas inquiété par la justice. Celle-ci s’applique aussi aux policiers.

    Le pire à venir est en Italie. La Ligue du Nord a fait de la légitime défense un enjeu central de ses campagnes en politisant les affaires de vols, de cambriolages. En 2015, elle a réussi à la faire étendre. Et le ministre de l’intérieur Matteo Salvini, qui porte des tee-shirts en faveur de la légitime défense [comme ici, en mai 2017 – ndlr], défend des propositions de loi pour aller plus loin. Ce qui est très préoccupant, car il y a énormément d’armes en circulation en Italie, avec un fort lobby des armes. Et ce n’est pas un hasard si, depuis quelques mois, on assiste à une multiplication des fusillades racistes visant des Noirs.

    Sans parler de la République tchèque, qui dit qu’il faut s’armer contre les terroristes islamistes. Avec notre État centralisé très fort qui veut centraliser la violence, nous sommes un peu une exception par rapport à nos voisins.

    Aujourd’hui, certaines féministes revendiquent une extension de la légitime défense aux femmes battues, comme c’est déjà le cas au Canada, au vu notamment du cas de Jacqueline Sauvage, condamnée pour le meurtre de son mari. Cela vous semble-t-il souhaitable ?

    En France, les femmes battues ne sont jamais reconnues en état de légitime défense, car deux critères leur font défaut quand elles tirent. Celui de la simultanéité : il faut que la femme tue son compagnon violent au moment même où elle est battue, ce qui est extrêmement rare. C’était le cas d’Alexandra Lange qui, en 2009, a poignardé son mari au moment où il l’étranglait. Elle a été acquittée en avril 2012. Mais souvent, les femmes les tuent après la séquence de violence conjugale, soit d’une balle dans le dos, soit dans leur sommeil. Et il y a celui de la proportionnalité : peut-on tirer sur quelqu’un qui vous a donné une gifle ?

    Le cas le plus ahurissant est celui de Fatiha Taoui, condamnée en mars 2018 à cinq ans de réclusion criminelle, dont trois ferme, aux assises de la Haute-Vienne. Elle a été battue pendant plusieurs années, son mari avait été condamné trois fois pour violences conjugales et harcèlement, il avait des injonctions à ne pas s’approcher du domicile. Il défonçait sa porte à coups de hache, il la menaçait de mort, elle et ses enfants. Un soir, il est arrivé avec un fusil de chasse chez elle et elle l’a tué. Les juges ont trouvé son discours incohérent, car elle a affirmé l’avoir abattu dans un corps à corps, alors qu’elle a utilisé un fusil long. C’est représentatif, car les femmes qui tuent leur conjoint ne sont quasiment jamais reconnues en état de légitime défense.

    Au Canada, en 1990, une législation a créé la légitime défense différée. Elle supprime ce critère de simultanéité. Un expert décide si la femme qui a tué est atteinte d’un syndrome de la femme battue (SFB). Ce qui est une manière aussi de pathologiser ces femmes, mais cela leur permet de pouvoir mobiliser la légitime défense comme les hommes. On considère qu’elles ont tellement été battues qu’elles ne sont plus en état de décider si c’est bien ou mal au moment où elles tirent.

    Est-ce transposable en France ?

    Je suis réservée parce que la légitime défense a été faite pour les hommes, ceux qui disposent des armes, qui monopolisent la violence, qui vont à la chasse, qui sont inscrits dans un club de sport de tir. Ne faut-il pas laisser la légitime défense aux hommes et imaginer autre chose ?

    En tout cas, il faut être extrêmement prudent dès qu’on parle d’extension de la légitime défense, pour deux raisons. En Angleterre, on a étendu la légitime défense citoyenne. Immédiatement, ça s’est appliqué aux policiers. En 2014, Christian Estrosi (LR) et Éric Ciotti (LR) avaient déposé une proposition de loi pour étendre la légitime défense pour les commerçants. Ils ont justifié cette extension en prenant l’exemple des femmes battues au Canada ! C’est-à-dire que les causes féministes peuvent être utilisées pour justifier la légitime défense des dominants et des hommes.

  • Assassinée en pleine rue, Razia avait porté plainte contre son mari
    https://www.aufeminin.com/news-societe/razia-besancon-assassinee-violences-conjugales-s2939888.html

    Razia avait trouvé le soutien de l’association Solidarité Femmes, qui accompagne les femmes victimes de violences conjugales, qui l’avait exfiltrée de Marseille vers Besançon. Dans la première ville, elle avait déposé trois plaintes contre lui, puis quatre dans la nouvelle. Après avoir demandé le divorce, un juge des affaires familiales lui avait délivré une ordonnance de protection pour interdire à Rafid A. de l’approcher. Bien qu’elle ait déménagé, celui-ci a réussi à la retrouver au printemps. « Les enfants l’ont aperçu lors d’un trajet en bus et ils l’ont signalé à Razia. Ils étaient terrorisés et ne sont pas allés à l’école pendant trois mois, de peur d’un rapt », raconte Christine Perrot, présidente de l’association, citée par Franceinfo. Au moment des plaintes, « le mari a été entendu par la justice et laissé en liberté. Notre parole n’a pas suffi parce qu’il manquait des preuves matérielles, mais nous savions que la menace était urgente. Une fois que l’ordonnance de protection a été obtenue, la justice aurait dû sévir pour concrétiser la sanction, pour qu’il arrête de la poursuivre », regrette-t-elle.

    #féminicide #violences_conjugales

    • Tout le temps la même chose. Ces histoires me mettent hors de moi ! Il y a des plaintes, des agressions systématiques et l’homme dangereux est toujours laissé libre, sans surveillance et les femmes ne sont aidées par personne et surtout pas par la police ou la justice. J’ai des dizaines d’histoires comme ça à raconter ! Il me semble qu’en plus le procureur s’est indigné de la violence du mari. Mais à quoi il sert ! Le mec il est procureur et c’est comme s’il avait rien à voir dans tout ce scandale ! Et après on va condamner les Jacqueline Sauvage ! Ils veulent qu’on crève en leur disant merci ou quoi ?

  • Annie Métais, voyage au bout de son « enfer » - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/05/16/annie-metais-voyage-au-bout-de-son-enfer_1650592

    Mardi, la cour d’assises des Bouches-du-Rhône va juger cette psychologue et ancienne cadre de la Banque de France pour le meurtre de son ex-mari en 2010. Soutenue par ses enfants, elle raconte une vie de terreur au côté d’un homme aux accès de violences destructeurs.

    Le carrelage de la cuisine est posé. Il reste les joints à faire, les peintures, le jardin à déblayer… Et tout l’étage à finir. Les ouvriers ont pris du retard, alors, jour et nuit, depuis des semaines, Annie Métais met la main au chantier. Tout doit être terminé avant le 22 mai. Ce jour-là, la psychologue de 61 ans est attendue devant les assises des Bouches-du-Rhône. Elle doit y être jugée pour le meurtre de Jacques Métais, son ex-mari et père de ses trois enfants.

    Les faits remontent au 25 septembre 2010. Ce soir-là, sur son catamaran amarré à Bandol, près de Toulon, Jacques Métais meurt étouffé des mains de son ex-femme. Un instant auparavant,il avait les siennes autour de son cou, tentant de l’étrangler après une violente dispute qui a viré au corps à corps. Des tentatives de strangulation, il y en a eu d’autres durant leurs quinze ans de vie commune. Comme souvent dans ses phases maniaques aiguës, Jacques Métais avait beaucoup bu, déliré, insulté son épouse, avant de l’attaquer physiquement. Ce soir-là, dit Annie Métais, c’était lui ou elle. Ce sera Jacques. Pour Annie, désormais, c’est à la justice de décider.

    Cocktail Molotov

    L’ordonnance de mise en accusation ne la ménage pas. Le juge d’instruction valide le récit de la dispute qui tourne mal, mais détaille ensuite comment Annie Métais a enveloppé le corps de son ex-mari avant de le jeter en mer, lesté d’une ancre, puis ses mensonges aux enquêteurs après la découverte du cadavre, dans la rade de Marseille. « Manipulatrice », « sang-froid glaçant », « intelligence supérieure et narcissisme… » Si l’ordonnance confirme les violences de son ex-époux, Annie Métais n’a pas le profil de la « victime idéale ». Sa beauté sévère, son regard bleu perçant, sa maîtrise des mots : les apparences jouent contre elle. « Je sais », renvoie-t-elle tristement. Elle n’aura que deux jours et demi de procès pour raconter aux jurés ce que ne dit pas ce meurtre. La maladie qui saborde le quotidien, la violence, la peur pour les enfants, le renoncement, puis la séparation et une vie, enfin tranquille, qui s’effondre brutalement un soir, parce qu’il fallait sauver sa peau, affirme Annie Métais. « J’aimerais que les jurés puissent comprendre que ce qui m’est arrivé aurait pu arriver à n’importe qui, espère-t-elle. Que personne ne peut prédire ce qu’il aurait fait ou pas fait, soumis à la même histoire que moi. »

    L’histoire d’Annie et de Jacques Métais débute en 1988, dans les couloirs de la Banque de France à Paris. La jeune cadre, déjà mère d’un petit Jonathan, tombe sous le charme de ce veuf brillant qui élève seul ses trois filles depuis le suicide de sa femme, un an plus tôt. Un premier enfant, Samuel, naît de leur amour. Ce n’est que quatre ans après, enceinte de Jonas, qu’elle épouse Jacques et s’installe avec lui. La première alerte, raconte-t-elle, survient très vite. Au rez-de-chaussée de leur immeuble, un bar fait résonner sa musique sous les fenêtres de Jonas, âgé de 3 mois. Jacques, survolté, décide de jeter un cocktail Molotov sur l’établissement. Découvrant le bidon d’essence, sa femme le cache. Ivre de rage, il lui ordonne de le rendre. « J’ai dit non, dit Annie Métais. Et là, il m’a étranglée. Il a serré très fort jusqu’à ce que je cède. » Il finit par jeter son cocktail.« J’ai pensé que c’était un accident… mais je me suis tout de même mise en mode "chien de garde", pour les enfants. »

    Dès lors, la famille vit au rythme de la maladie du père, diagnostiqué maniaco-dépressif. Tantôt sombrant dans une dépression profonde, cloîtré, mutique, tantôt dans une surexcitation aiguë, buvant à outrance, claquant l’argent du ménage et jouant avec sa vie. Annie : « Il pouvait rouler ivre à contresens, provoquer plus fort que lui… Dans ces phases maniaques, on est Dieu… On a des idées délirantes et on s’attaque à quiconque viendrait s’y opposer. Et c’était moi. » Car elle lui tient tête. D’abord pour les enfants, « pour ne pas banaliser cet exemple paternel ». Et parce que les réactions de son mari sont imprévisibles. « Ce n’était pas une violence permanente, insiste-t-elle. Pour un même acte, il pouvait partir dans un éclat de rire ou dans une rage folle. Parfois, ça passait. Parfois non. »

    Entre-deux-crises

    Quand la rage l’emporte, la famille est en première ligne. Annie Métais évoque des flots d’insultes, des menaces de mort dans le meilleur des cas, des attaques à la tronçonneuse ou à la hache quand la situation dégénère. « J’ai eu peur une bonne partie de mon enfance, confirme Jonathan, 32 ans aujourd’hui. Pour ma mère surtout, qui subissait les violences les plus graves. Pour nous aussi. Gamins, on a eu des certificats médicaux qui ne sont pas jolis à voir… » Souvent, il faut fuir par la fenêtre, se réfugier la nuit à l’hôtel. La police est régulièrement alertée. Jacques Métais fait même de la prison, des séjours en psychiatrie. « Il y a eu des réponses, concède Jonathan, mais pas assez fermes. Et puis ma mère retirait souvent ses plaintes… Quand on n’a pas vécu ça, on ne peut pas comprendre. Elle pensait qu’elle allait le sauver. » Pendant des années, Annie Métais se raccroche à ces entre-deux-crises, quand son mari révèle « son vrai lui ». Dans l’espoir né de ces parenthèses, elle décide de quitter la Banque de France pour installer la famille à Meyreuil, dans la campagne aixoise. Mais le Sud n’apaise rien. La bipolarité de Jacques Métais, qu’il refuse de soigner, le coupe de toute relation sociale. Ses trois filles aussi, plus tard, rompront tout contact. Son épouse finit par capituler : en 2006, le couple se sépare et Jacques part s’installer aux Baléares.

    Mensonge

    A Meyreuil, c’est le soulagement. Annie Métais reprend des études en psychologie. Avec Jacques, les relations s’apaisent. Il semble se stabiliser, s’investit dans l’éducation des enfants, accueille même Jonas pour un trimestre à Minorque. Elle y croit tant qu’en 2010, alors qu’elle doit s’éloigner quelques mois pour valider son stage de master, elle demande à son ex-mari de venir prendre le relais auprès de leur fils Jonas, qui entre en seconde. Mais quand il débarque en septembre, elle comprend que« l’enfer est de retour ». « C’était le délire comme on l’avait connu, raconte-t-elle. D’autant plus insupportable que ça me replongeait des années en arrière… » Le week-end approche et les deux grands, étudiants à Marseille, vont rentrer. Pour éviter les confrontations, Annie propose à Jacques de partir avec elle sur son catamaran. « Je voulais préserver les enfants du risque d’une explosion à la maison,explique-t-elle. Et l’explosion a eu lieu sur le bateau, avec moi. »

    Annie Métais a du mal à se remémorer en détail cette soirée. Elle se souvient surtout du silence, après la mort : « Jacques n’avait plus qu’un poumon depuis son cancer, il souffrait d’insuffisance respiratoire. On pouvait l’entendre respirer dans la pièce à côté. Là, plus rien… » Épouvantée, elle s’enfuit. Puis revient, ne sait plus quoi faire, rentre chez elle, tente de réfléchir. Surtout, ne rien dire aux enfants. « C’était déjà impossible pour moi d’assumer, alors pour eux… Et puis j’étais révoltée contre le sort : on avait réussi à s’en sortir, et là, cette catastrophe allait démolir leur vie. » Elle décide de dissimuler le corps. Une semaine plus tard, quand la police se présente à son domicile, elle raconte n’avoir plus vu son ex-mari depuis qu’elle l’a déposé à l’aéroport, quelques jours auparavant. « Ma hantise, c’était que Jonas, mineur, soit placé, explique-t-elle. J e voulais tenir jusqu’à son bac. »

    Ce mensonge, elle s’y accroche huit mois durant, devant ses enfants et face aux enquêteurs. Mais les preuves s’accumulent : en mai 2011, elle est placée en garde à vue et finit par avouer. A peine arrivée aux Baumettes, elle écrit à ses fils pour leur demander pardon. Leur soutien, immédiat, sera sans faille. Au bout de dix-huit mois de préventive, elle obtient sa libération sous contrôle judiciaire. Depuis sa sortie en 2012, la sexagénaire, qui a passé son diplôme en prison, s’est installée comme psychologue. Quand la date du procès tombe, en octobre dernier, la famille se met en ordre de bataille. Jonathan a quitté son travail à Briançon avec femme et enfants pour s’installer à Meyreuil. Si sa mère est condamnée lourdement, elle ne pourra pas être incarcérée aux Baumettes - pour les femmes, seules les courtes peines y sont effectuées. Ce sera Paris ou Lyon. Il faudra veiller sur Jonas, qui vit toujours à Meyreuil. Cette semaine, la psy a arrêté ses consultations. Les travaux dans la maison devaient assurer une rentrée locative palliant la perte de ses revenus. Si le chantier se termine enfin, il lui restera encore quelques jours pour préparer son procès.

    Partie civile

    Annie Métais encourt la perpétuité, le #meurtre sur conjoint étant une circonstance aggravante. Jonathan, pour qui l’affaire Jacqueline Sauvage (1) a fait bouger les lignes, espère une peine courte, symbolique. « Je peux entendre que la justice doit répondre à un acte répréhensible, mais là, c’est la double peine. Ma mère s’est fait tabasser pendant quinze ans et quand elle se défend, elle part en prison ? » dénonce le jeune homme, qui s’est porté partie civile avec ses frères. Le sens de la peine, c’est aussi ce que questionne Me Olivier Lantelme, l’avocat d’Annie Métais : « Elle ne représente aucun danger pour la société. Elle est madame Tout-le-Monde, personne n’est à l’abri d’un passage à l’acte. Il faut les laisser libres, elle et ses trois garçons. Pas besoin de rajouter des barreaux au malheur. »Annie Métais, elle, a déjà choisi sa peine : « Toute ma vie, je me sentirai coupable au fond de moi, quoi que décide la justice. Je lui ai ôté la vie, même si je ne l’ai pas voulu, même si je n’ai fait que réagir par instinct de survie. J’aurai toujours le regret et la douleur que Jacques ne soit plus là… »
    Photo Olivier MONGE. myop
    Stéphanie Harounyan Correspondante à Marseille

    Il y a quand même un sacré problème d’éducation chez nous les femmes pour qu’on essaie sempiternellement de sauver, aider, soutenir nos conjoints même quand c’est à nos dépens. Cette illusion qu’il va changer, que je peux le "sauver" de sa maladie, de sa violence, de son alcoolisme etc. Il est urgent d’éduquer les filles pour qu’elles soient un peu plus égoïstes ou du moins qu’elles aient un instinct de préservation/conservation minimal envers leur propre personne. Qu’elles s’aiment avant toute chose et après elles pourront aimer qui elles veulent.
    #violences_conjugales #légitime_défense #patriarcat #procès #cour_d_assise

  • « Exhibition sexuelle » : relaxe des Femen
    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2017/06/28/97001-20170628FILWWW00079-exhibition-sexuelle-nouvelle-relaxe-des-femen.php

    Le tribunal correctionnel de Paris a relaxé aujourd’hui des militantes Femen qui étaient poursuivies pour « exhibition sexuelle » lors de deux actions torse nu fin 2016, après déjà plusieurs décisions similaires de la justice française.

    Quatre Femen étaient poursuivies pour avoir manifesté à Paris, seins nus et peints, le 16 octobre 2016, contre les opposants au mariage homosexuel en marge de la Manif pour tous ; et trois autres pour avoir tenté de se menotter aux grilles du Palais de justice le 25 novembre en signe de solidarité avec Jacqueline Sauvage. Le parquet avait requis des jours-amende, en considérant que « l’exhibition de la poitrine de la femme est une exhibition sexuelle ».

    Les trois militantes présentes au tribunal ont accueilli la décision avec de grands sourires dans la salle d’audience, se transformant en cris de joie et embrassades à l’extérieur.

    « Le tribunal dit que nous ne sommes pas des exhibitionnistes mais des militantes, que notre action est politique », a dit à l’AFP l’une d’elles, Sophia Antoine, vêtue d’un T-Shirt blanc avec l’inscription « Feminist ». « Le torse d’une femme doit être traité comme celui d’un homme », a-t-elle ajouté.

    « Il est temps de préciser la loi sur l’exhibition sexuelle », ont pour leur part estimé les avocats, Me Valentine Rebérioux et Me Michaël Ghnassia, rappelant que la justice avait déjà plusieurs fois relaxé des Femen.

    Lors de l’audience du 31 mai 2017, un courrier de la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, et destiné aux Femen, avait été lu. Elle y saluait « un message politique » et regrettait la « sexualisation systématique de la nudité féminine ».

    #sein #femen #femmes #nudité #pudeur #exhibition #activisme

  • #Jacqueline_Sauvage : les paradoxes d’un président et d’une #Justice
    https://www.mediapart.fr/journal/france/291216/jacqueline-sauvage-les-paradoxes-d-un-president-et-d-une-justice

    François Hollande a fait le président, et Jacqueline Sauvage est enfin libre. Cette manière d’assumer après avoir tergiversé ressemble à toute sa présidence. Elle illustre aussi les limites de notre démocratie, et les scandales de la justice.

    #France #Christine_Lagarde #François_Hollande

  • Grâce à François Hollande, Jacqueline Sauvage est « libre »
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/12916-grace-a-francois-hollande-jacqueline-sauvage-est-libre

    Une bonne nouvelle, ça me faisait mal au cœur à chaque fois que je voyais ses demandes rejetés, ce qui est sûr c’est que dans cette affaire, comme dans le cas de Gérard Filoche qui a été condamné à 3000€ d’amende pour avoir osé contester son éviction des primaires du PS, la justice de notre pays n’en sort pas grandie…

    AFP

    Le président de la République a accordé à Jacqueline Sauvage, condamnée à 10 ans de prison pour le meurtre de son mari violent, une grace totale.

    Présentée comme un symbole des femmes victimes de violences conjugales, Jacqueline Sauvage, dont le cas avait suscité une intense mobilisation, est sortie de prison mercredi après avoir été graciée par François Hollande, malgré deux décisions de justice opposées à sa libération.

    Jacqueline Sauvage, qui avait fêté mardi son 69e anniversaire à la (...)

  • #Revue_de_Presse du jour comprenant l’actualité nationale et internationale de ce jeudi 29 décembre 2016
    https://www.crashdebug.fr/revue-de-presse/12914-revue-de-presse-du-jour-comprenant-l-actualite-nationale-et-interna

    https://www.crashdebug.fr/images/stories/addons/images/Images+globales/2015/decembre/revue_de_presse_02_12_2015.png

    Bonjour, comme vous le savez la blogosphère est en deuil, et j’avoue que j’ai eu du mal a me concentré pour cette Revue de presse, moi aussi j’ai pas mal négligé ma santé, mais je reprends les choses en main, les examens sont en cours, possible que je doive me faire opérer.

    En attendant, voici les titres du jour.

    Bonne lecture,

    Amicalement,

    f.

    Actualités françaises :

    29.12.2016

    Benji, Webmaster du site « Les Moutons Enragés », nous a quitté… (Crashdebug.fr)

    Grâce à François Hollande, Jacqueline Sauvage est "libre" (L’Humanité.fr)

    Plus d’un tiers des saisonniers au chômage dans les Alpes... faute de neige (Le Figaro.fr)

    Pénibilité : les employeurs jouent la montre (Les Echos.fr)

    Filoche et Verdier déboutés pour la primaire PS (Boursorama.fr)

    Les socialistes craignent la (...)

    #En_vedette

    • Maitre eolas est sexiste et sa position sur les questions qui touchent les femmes est toujours réactionnaire. Sur Jacqueline Sauvage c’est le cas comme a son habitude.

      C’est quant même rigolo de voire a quel point une femme doit payé pour s’étre défendu. Est ce que tu pense qu’elle devait payé encore ? Elle a fait de la prison elle à été condamnée. Elle a purgé 4 ans, ce qui est le prix que la société à demandé pour l’assassinat de Marie Trintignant. Tu aurais voulu qu’elle reste à réfléchir sur sa culpabilité comme le demandait les ordures qui lui ont refusé ses remises de peine.

    • Commentaire sous le billet de Eolas
      Le jeudi 4 février 2016 à 06:57 par NBV
      Je ne sais pas qui de Jaqueline Sauvage ou de ses avocats ont eu le nez creux. Mais (ré ?)interpréter l’affaire avec une grille de lecture féministe était rudement bien joué.

      3. Le jeudi 4 février 2016 à 08:22 par cocale
      Merci maître de ce billet comme toujours d’une grande clarté pédagogique. Ayant assisté à l’intégralité du procès en appel, je voudrais apporter ici quelques éclaircissements.

      1/ J Sauvage n’a pas “agi pour mettre fin à l’enfer que lui faisait vivre son mari”. Auquel cas, la préméditation aurait sans doute été retenue. Elle a expliqué avoir eu “un déclic” “un éclair” dans sa tête, et agi en une sorte de pilotage automatique, comme si elle n’était pas vraiment là. Comme si les violences de ce jour-là, pas pires que d’habitude, avaient fait sauter une sorte de soupape, l’empêchant de prendre une décision rationnelle (ex : prendre ses cliques et ses claques et se barrer). Certes, le “syndrôme de la femme battue” a été très mal étayé à la barre ; mais les travaux de Muriel Salmona sont éclairants sur le sujet, pour tenter d’expliquer ce passage à l’acte.

      2/ Je pense que la culpabilité de J Sauvage n’a jamais fait débat au sein du jury. La peine, en revanche, sans doute. Si je vous suis, 7 voix ont suffi à la condamner à 10 ans, c’est à dire potentiellement les 3 magistrats professionnels + 4 jurés populaires, c’est à dire une minorité d’entre eux (ils sont 9). On ne saura jamais comment s’est passé le délibéré. Mais il a duré 6 heures, et je suis persuadée que les débats ont été âpres, vu la partialité affichée de la présidente et d’un de ses assesseurs (ton des questions, agressivité, audience au pas de charge). J’aimerais bcp qu’un des jurés ait le courage de raconter comment cela s’est vraiment passé…

    • Un juge m’avais expliqué qu’il est tres facil de manipulé des jurés. Que les juges sont rompus à cet exercise. Que lors des affaires de violences sexuelles contre des femmes ou des filles les femmes sont évacuées des jury au prétexte qu’elles manquerait d’objectivité (mais bien sur les hommes sur ce sujet sont encor moins objectifs). C’est flagrant quand on a les statistiques sur les condamnations.

      Aussi sur la fonction de la peine. Il me semble que l’institution judiciaire n’a pas pour fonction (ou ne devrait pas) de venger la societe, mais d’en écarté les individus qui nuisent a la collectivité ou qui represente un danger pour autrui. Mme Sauvage n’est pas dangereuse pour autrui dans le sens qu’elle va pas se remarié et tuer à nouveau, rien dans son parcours n’indique qu’elle serai une tueuse en série de hommes blancs violents. Par contre elle est dangereuse d’un point de vue patriarcal car son geste de se defendre est un interdit fait aux femmes. Les femmes doivent être impuissantes. Et c’est pour cela qu’elle est punie si sévèrement.
      a mon avis cette femme devrai bénéficié d’un dédommagement ou d’une réparation de la part de la societe. Elle a vécu 40 ans de torture sous les yeux de tous y compris l’institution. Il y avait des mains courantes, des demandes d’aides, la police, justiçe... La justiçe l’avait condamé a mort par son abandon.
      Au contraire un homme comme Cantat qui a tué avec de multiples circonstances aggravantes a beneficié d’une grande clémence des institutions nationales et internationales. Il a purgé 4ans pour un meurtre féminicide a multiples circonstances aggravantes et le fait d’avoir été condamné en Lituanie lui ete profitable. Mais une fois sorti il a continué à torturer et brutalisé des femmes, au moins une, son ex femme, la mere de ses enfants. Celle ci a demander de l’aide. Elle a parler des coups et du harcelement que Cantat s’est remis à lui infligé. Elle a fini par se suicidé. Or pour ces coups, ce harcelment, ces tortures psychologiques qui ont manifestement poussé cette femme a la mort, la justiçe refuse d’examiné la moindre respinsabilité. Malgres l’extrême danger que représente cet homme il est libre et peu continuer à perpetrer sa violence.

      Je ne dit pas qu’il faut une autorisation de tué pour les femmes qui subissent la violence masculine. Je dit que les circonstances aggravantes - atténuantes doivent être reevaluees. La responsabilité collective - de l’état- sont aussi à prendre en compte.

      Si la justiçe c’est de vengé la societe, pour Mme Sauvage c’est fait. Elle a purgé 4 ans c’est deja bien cher payé.
      Si la justiçe c’est d’écarter les individus dangereux, c’est fait aussi.
      Elle n’a pas de second epoux a assassiné autour d’elle et n’est pas susceptible de récidivé.
      Si la justiçe c’est de veillé à la préservation de la domination masculine, blanche, bourgeoise, hetero, catholique... C’est vrai qu’en ce sens il y a déni de « justiçe ».

  • Affaire Jacqueline Sauvage : la justice démunie face aux femmes sous emprise de leurs conjoints
    http://theconversation.com/affaire-jacqueline-sauvage-la-justice-demunie-face-aux-femmes-sous-

    Les femmes victimes de violence conjugale souffrent en fait d’une triple culpabilité. La culpabilité face à leur agresseur, d’abord. Elle leur fait penser que leur compagnon est gentil sur le fond, et que ce sont elles qui sont imparfaites et ne donnent pas satisfaction. La raison ? Petites, elles n’étaient pas l’enfant « idéale » que leurs parents auraient souhaité. Ou bien elles voyaient, déjà, l’homme-père humilier, crier, frapper, toujours pour de « bonnes » raisons. Ce sentiment de culpabilité est le moteur de l’emprise – conduisant celui qui l’exerce à la neutralisation du désir d’autrui, c’est-à-dire la réduction de toute altérité et de toute différence, l’abolition de toute spécificité, pour reprendre la définition du psychanalyste Roger Dorey. L’emprise transforme le sujet en un « objet » passif, sans autonomie de pensée, et qui ne se rebelle pas contre son possesseur-bourreau puisque la culpabilité vécue interdit toute représentation positive de soi.
    La honte, le prix à payer pour avoir ignoré les avertissements

    Il existe une deuxième source de culpabilité. Par honte, ces femmes n’osent pas se confier à leurs proches, parce qu’elles sont persuadées d’y perdre leur estime. C’est encore pire quand l’entourage, et notamment les parents, les ont mises en garde contre l’homme qui est devenu leur conjoint. Pour avoir ignoré les avertissements de leurs proches, elles se sentent encore plus coupables face à l’emprise, comme si c’était le prix à payer pour s’être senties « fortes » et n’avoir pas voulu écouter. Cette culpabilité-là est infantile, quand la première naît de l’ambivalence face à l’homme idéalisé qu’elles s’illusionnent à croire amendable.

    Enfin, la culpabilité vient aussi comme conséquence du traumatisme. « La culpabilité est ce qui marque toute victime, écrit le professeur de médecine légale Liliane Daligand. C’est avec elle et par elle que le rapport à l’autre peut à nouveau s’établir après le trauma. Encore faut-il que ce sentiment de culpabilité soit entendu et accepté par les personnes qui accompagnent les femmes violentées ou battues : entourage, associations d’aide aux victimes ou thérapeutes.

    Ces femmes se voient souvent reprocher d’être restées – ou même retournées – auprès de leur conjoint, comme le fit Jacqueline Sauvage durant quatre décennies. Contrairement à certaines idées reçues, elles ne restent ni par masochisme, ni par la seule peur de la vengeance de leur compagnon. En fait, elles sont dépourvues de stratégie pour échapper à la situation et ne savent pratiquer que l’évitement ou la soumission pour ne plus avoir à supporter le poids de cette triple culpabilité. C’est ce que le professeur Martin Seligman, ancien président de l’Association américaine de psychologie, a nommé « l’impuissance apprise », ce sentiment d’impuissance permanente qui résulte du vécu quand un sujet est plongé dans une situation sur laquelle il ne peut agir.

    • Le repentir n’est pas une peine prévue au Code pénal

      Dans son jugement, le tribunal confond deux choses : la culpabilité et la repentance. Inviter Jacqueline Sauvage à se repentir sous peine de rester en prison, c’est reproduire une forme de chantage implicite qu’elle a sans doute bien connu avec son mari violent. Or jusqu’à preuve du contraire, le repentir ne figure pas dans les peines prévues au Code pénal.

      La justice en premier lieu, et la société dans son ensemble, sont coupables, elles, de ne pas avoir aidé Jacqueline Sauvage à échapper à l’emprise de son conjoint. Il est regrettable que la cour d’appel de Paris n’ait pas su se rappeler les fortes paroles de l’avocat général Luc Fremiot en 2012, lors du procès d’Alexandra Lange, qui avait tué son mari après 11 ans de calvaire et fut acquittée. « Quelle serait la crédibilité, la légitimité de l’avocat de la société qui viendrait vous demander la condamnation d’une accusée, s’il oubliait que la société n’a pas su la protéger ? » En exigeant de femmes comme Jacqueline Sauvage qu’elles donnent des gages de leur sentiment de culpabilité, la justice ne fait que les maintenir dans l’impuissance.

  • « Justice » française. Compilation d’articles depuis moins d’un mois :

    La demande de libération conditionnelle de Jacqueline Sauvage est rejetée :
    http://www.liberation.fr/france/2016/08/12/la-demande-de-liberation-conditionnelle-de-jacqueline-sauvage-rejetee_147

    Mort d’Adama Traoré : la famille porte plainte contre une gendarme pour faux en écritures publiques et modification de scène de crime :
    http://www.francetvinfo.fr/faits-divers/adama-traore/info-france-3-mort-d-adama-traore-la-famille-porte-plainte-contre-une-g

    187.000 Euros d’amende pour ne pas avoir ouvert le 14 juillet :
    http://www.leparisien.fr/economie/187-000-eur-d-amende-pour-ne-pas-avoir-ouvert-le-14-juillet-10-08-2016-60

    Un SDF prend trois mois ferme pour un vol de yaourts :
    http://www.paris-normandie.fr/actualites/faits-divers/a-rouen-le-sdf-prend-trois-mois-ferme-pour-un-vol-de-yaourts-AB65423

    Licenciée pour 0.85 centimes chez Auchan :
    http://www.filoche.net/2016/08/05/licenciee-pour-085-centimes-chez-auchan

    Deux ans de prison pour consultation de site terroriste :
    http://www.lemonde.fr/pixels/article/2016/08/09/a-chartres-deux-ans-de-prison-ferme-pour-consultation-de-sites-terroristes_4

    Justice à deux vitesses : selon que vous serez une élue régionale ou un SDF :
    http://france3-regions.blog.francetvinfo.fr/midi-pyrenees-politiques-france3/2016/08/19/justice-a-deux-vitesses-selon-que-vous-serez-une-e

    Tourcoing. Un caissier de 56 ans licencié pour une erreur de caisse : « Pour 18 euros ?! »
    http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20160901.OBS7265/tourcoing-un-caissier-de-56-ans-licencie-pour-une-erreur-de-cai

    #France #Justice #Injustice
    #recension

  • #Revue_de_Presse du jour comprenant l’actualité nationale et internationale de ce lundi 22 août 2016
    https://www.crashdebug.fr/revue-de-presse/12244-revue-de-presse-du-jour-comprenant-l-actualite-nationale-et-interna

    https://www.crashdebug.fr/images/stories/addons/images/Images+globales/2015/decembre/revue_de_presse_02_12_2015.png

    Bonjour, Lundi c’est reparti, et pour vous aider à mettre le pied a l’étrier, voici la Revue de presse du jour. ; )

    Amicalement, ; )

    f.

    Actualités françaises :

    22.08.2016

    « La violence des migrants est hors de contrôle » déclare le maire de Calais. Ils attaquent les véhicules avec des blocs de béton. (Les Observateur.ch) via Contributeur anonyme

    Au tour de Montebourg d’avancer ses ambitions présidentielles (L’Humanité.fr)

    L’étiquetage de l’origine du lait et de la viande dans les starting-blocks (Les Echos.fr)

    Jacqueline Sauvage fait finalement appel de son maintien en détention (France 24.com)

    Seuls 11% des Français pensent que l’immigration a un impact positif sur le pays (Le Figaro.fr)

    Philippe Pascot, le "justicier" de l’Essonne (Le Point.fr)

    Divers : (...)

    #En_vedette

  • #Revue_de_Presse du jour comprenant l’actualité nationale et internationale de ce samedi 20 août 2016
    https://www.crashdebug.fr/revue-de-presse/12239-revue-de-presse-du-jour-comprenant-l-actualite-nationale-et-interna

    https://www.crashdebug.fr/images/stories/addons/images/Images+globales/2015/decembre/revue_de_presse_02_12_2015.png

    Bonjour, enfin nous y sommes !, le blog passe donc en mode « pause » pour 48h, profitez bien de votre week end ; )))))

    Amicalement,

    f.

    Actualités françaises :

    20.08.2016

    La méthode Hollande, de l’affaire Léonarda au maintien de Jacqueline Sauvage en prison (L’Humanité.fr)

    Près d’un Français sur trois n’a aucune préférence politique (20 Minutes.fr)

    "Jungle" de Calais : hausse spectaculaire du nombre de migrants, selon la préfecture (France 24.com)

    Cagoulés, les migrants s’attaquent à sa voiture sur l’A16 (lepharedunkerquois.fr) via Contributeur anonyme

    Alerte enlèvement pour un garçon de neuf ans en Saône-et-Loire (Libération.fr)

    19.08.2016

    Cartes de crédit : les millions volés en frais cachés par les compagnies aériennes (Agoravox.fr)

    Après s’être vu refuser une libération conditionnelle, (...)

    #En_vedette

  • #Revue_de_Presse du jour comprenant l’actualité nationale et internationale de ce vendredi 19 août 2016
    https://www.crashdebug.fr/revue-de-presse/12235-revue-de-presse-du-jour-comprenant-l-actualite-nationale-et-interna

    https://www.crashdebug.fr/images/stories/addons/images/Images+globales/2015/decembre/revue_de_presse_02_12_2015.png

    Bonjour, j’espère que vous allez bien. aujourd’hui je vais enfin pouvoir commander le bouquin sur Direct X 11 que je convoitait tant, j’en avait un mais les gens n’hésite pas a éditer des livres qui sont pleins d’erreur donc au deuxieme listing au bout de 92 pages, forfait... C’est bien fait pour moi, une petite recherche sur internet m’aurrais évité ces désagréments...

    En attendant voici la Revue de presse du jour !

    Bonne lecture et bonne journée, ; )

    Amicalement,

    f.

    Actualités françaises :

    19.08.2016

    Cartes de crédit : les millions volés en frais cachés par les compagnies aériennes (Agoravox.fr)

    Après s’être vu refuser une libération conditionnelle, Jacqueline Sauvage renonce à faire appel (France 24.com)

    Cannabis au lycée : l’État opposé aux tests salivaires (Le (...)

    #En_vedette

  • Affaire Jacqueline Sauvage : le but du T.A.P. n’est-il pas de punir, à travers elle, le mouvement de solidarité féministe ? | Singulier masculin
    https://singuliermasculin.wordpress.com/2016/08/16/affaire-jacqueline-sauvage-le-but-du-t-a-p-nest-il-pas-

    Bien que libérable par décision du président de la République, Jacqueline Sauvage devra rester en prison. Ainsi en a décidé le « Tribunal d’application des peines » (T.A.P.). Une décision surprenante dans son contenu et effarante dans ses motivations. On peut lire à travers ces motifs une réaction de vengeance, typique de la domination masculine : contre le mouvement de solidarité féministe, contre toute compréhension de ce qui contraint les victimes de violence conjugale, contre toute critique de l’appareil judiciaire. Une vengeance qui frappe d’abord, de toute sa violence et son mépris, l’intéressée elle-même et sa famille.

    Cette décision suscite l’indignation. Ce billet cherche à étayer davantage cette indignation, sous l’angle de la domination masculine.

    • L’éclairage de quelqu’un qui a assisté au procès :

      Merci maître de ce billet comme toujours d’une grande clarté pédagogique. Ayant assisté à l’intégralité du procès en appel, je voudrais apporter ici quelques éclaircissements.

      1/ J Sauvage n’a pas “agi pour mettre fin à l’enfer que lui faisait vivre son mari”. Auquel cas, la préméditation aurait sans doute été retenue. Elle a expliqué avoir eu “un déclic” “un éclair” dans sa tête, et agi en une sorte de pilotage automatique, comme si elle n’était pas vraiment là. Comme si les violences de ce jour-là, pas pires que d’habitude, avaient fait sauter une sorte de soupape, l’empêchant de prendre une décision rationnelle (ex : prendre ses cliques et ses claques et se barrer). Certes, le “syndrôme de la femme battue” a été très mal étayé à la barre ; mais les travaux de Muriel Salmona sont éclairants sur le sujet, pour tenter d’expliquer ce passage à l’acte.

      2/ Je pense que la culpabilité de J Sauvage n’a jamais fait débat au sein du jury. La peine, en revanche, sans doute. Si je vous suis, 7 voix ont suffi à la condamner à 10 ans, c’est à dire potentiellement les 3 magistrats professionnels + 4 jurés populaires, c’est à dire une minorité d’entre eux (ils sont 9). On ne saura jamais comment s’est passé le délibéré. Mais il a duré 6 heures, et je suis persuadée que les débats ont été âpres, vu la partialité affichée de la présidente et d’un de ses assesseurs (ton des questions, agressivité, audience au pas de charge). J’aimerais bcp qu’un des jurés ait le courage de raconter comment cela s’est vraiment passé…

      3/ Il a été établi à l’audience (expert toxiçologique) que J Sauvage avait très bien pu prendre un Stillnox, et qu’il n’y en ait pas de trace dans son sang. La durée de “demi vie” de ce médicament est très rapide, et ce n’est pas parce qu’il n’y en a pas dans son sang que l’effet en était dissipé. L’expertise toxicologique citée dans l’OMA a été désavouée à la barre.

      4/ L’heure des faits n’a jamais été établie par JS. Elle a dit qu’elle pensait s’être réveillée à 16H de sa sieste, car c’est l’heure à laquelle elle se réveillait habituellement. D’après son récit (son mari entre dans sa chambre, lui hurle dessus, la traine dans la cuisine en lui disant de ‘faire le manger’), il était plus probablement 19H (qui s’inquiète que le diner ne soit pas prêt à 16H ?). Mais JS était dans le brouillard, elle a une notion très floue de l’heure des faits. La seule chose établie est son coup de fil au gendarmes, juste après le meurtre, vers 19H et quelques.

      5/ Il a bien été relevé une trace au visage de JS, compatible avec les coups portés ce jour là : il la tire par les cheveux, la frappe au visage, la bouscule, l’insulte. Certes, il ne l’a pas fracassée à coups de poing, mais ce n’est pas ce qu’elle raconte. Elle vit dans un contexte de violence physique et psychologique permanent. Ses filles ont expliqué, au delà des coups qui n’étaient pas quotidiens, cette violence verbale constante, ce rabaissement systématique (filles traitées de putes, de trainées, fils de bon à rien), menaces de mort (je vais tous vous tuer) etc.

      6/ JS se cachait quand elle avait des traces visibles de coups, demandait à ses filles de faire les courses. Elle a bien été hospitalisée après une TS, mais n’a rien raconté aux soignants, qui n’ont pas cherché à en savoir plus.

      7/ Je n’ai pas souvenir d’une voisine parlant de JS giflant son mari, ce n’était pas en 2de instance. Les voisins ont raconté la violence permanente de cet homme, envers tout le monde (insulte l’une qui se fait bronzer -‘rentre ton tonneau” dit il à son mari-, injurie les voisins qui ne travaillent pas -feignasses, bons à rien-, etc. ) Sans savoir que sa femme et ses filles étaient frappées, aucun n’en a été vraiment étonné. Le maire du village a reconnu à demi mot que bcp s’en doutaient. Le mari d’une des soeurs a cassé la gueule de son BP, a voulu inciter sa femme à porter plainte, qui l’en a tjrs empêchée, car elle avait trop peur qu’en représailles il tue leur mère. Le contexte de violence permanente dans cette famille ne fait aucun doute pour quiconque a assisté au procès.

      8/ La présidente et ses assesseurs ont-il expliqué aux jurés l’erreur de calcul de l’AG ? (Celui ci a effectivement compté comme si JS avait le maximum de RPS au vu de son comportement exemplaire en détention, passé les premiers mois difficiles - elle trouvait les autres détenues affreusement mal élevées.) N’est ce pas leur rôle ? L’ont ils fait ? J’aimerais vraiment le savoir un jour, pour comprendre si les jurés ont pris une décision éclairée.

      9/ Cette femme a indubitablement une très forte personnalité, qui lui a permis de tenir pendant 47 ans auprès de cet homme dont elle était longtemps, je la cite, “follement éperdue amoureuse”. C’est toute la mécanique de l’emprise qui était ici en oeuvre. Elle l’avait rencontré à 15 ans, c’était le plus beau gars du village, un peu rebelle, un peu voyou, enceinte à 16 ans… Elle s’est accrochée à l’idée qu’elle se faisait de son couple, de ce qu’ils représentaient (ils géraient la société de transports familiale, chassaient ensemble). C’est elle qui bossait, faisait la compta, gérait la boîte… C’était sa plus grande fierté. Le quitter, c’était aussi pour elle perdre tout cela (l’entreprise était à son nom à lui). On ne peut pas juger de ces cas de manière binaire : meurtrière de sang froid, ou misérable petite femme sans force. JS n’est ni l’une, ni l’autre. C’est une femme d’une résistance exceptionnelle. L’image que je garde d’elle : dans le box, elle raconte qu’après les coups, parfois elle allait se réfugier dans le jardin, étreindre un arbre, ou pleurer dans sa voiture… “Et puis, je me reprenais” expliquait-elle. Elle essuyait ses yeux, et repartait vaillamment. C’est cette dureté au mal qui a fait sa perte.

      10/ Et enfin, je garde une dernière image : cette femme, assez frêle, le corps plié en deux de douleur dans le box, quand elle entend ses filles raconter les viols (pas des viols répétés, plutôt une fois chacune, comme pour marquer son territoire, quand elles devenaient ados). Elle ne savait pas, ne pouvait pas imaginer, cela la plie en deux physiquement de douleur de l’entendre, elle serre ses poings sur son visage, sa voix part dans les aigus. Je ne pense pas cette femme capable de simuler cela, cette douleur brute.

      Voilà pourquoi, au terme de ces 3 jours de procès, je suis repartie avec le sentiment qu’un mauvais verdict avait été rendu. Et je suis reconnaissante à la grâce présidentielle de pouvoir, parfois, rétablir un peu les plateaux déséquilibrés de la justice. J Sauvage était sans doute partie prenante de son malheur, il faut être deux pour danser le tango… Mais elle méritait une peine clémente.

      http://www.maitre-eolas.fr/post/2016/02/03/De-gr%C3%A2ce#c178400

    • Très interessant cet article @monolecte même si je ne comprend pas grand chose à la première partie. Savoir que ce sont les lois crée pour lutter contre la violence systhémique faites aux femmes qui est ici utilisé contre Mme Sauvage, sans tenir compte des 47 ans de tortures physiques, mentales et sexuelles qu’elle à subit, c’est le comble du cynisme.
      Savoir aussi que la pseudo grâce présidentielle n’a servi qu’a lui interdire une remise de peine... les ordures !!!!

  • Nous sommes Jacqueline Sauvage, et pourquoi – Fatima-Ezzahra Benomar
    https://fatimabenomar.wordpress.com/2016/08/14/nous-sommes-jacqueline-sauvage-et-pourquoi

    Je pense avant toute chose qu’il est important de redonner les éléments de contexte de notre société de #féminicides structurels, où nous sommes toutes, pour l’instant, en situation de légitime défense en tant que #femmes. Nous en sommes aujourd’hui à 68 femmes tuées par leurs compagnons ou ex-compagnon depuis le premier janvier de cette année, avec des mobiles qui se ressemblent beaucoup et notamment le refus de ces hommes que les destins de « leurs » épouses leurs échappent au moment d’une éventuelle séparation. Il s’agit donc bien culturellement d’une idéologie de régime de #propriété, donc d’#esclavage puisqu’on parle de s’approprier des humains qui ont une caractéristique spécifique, leur genre. Ce chiffre constant d’une femme tuée tous les deux jours et demi ou tous les trois jours selon les années en France (sans parler de celles qui sont dans la tombe jusqu’aux chevilles, jusqu’aux genoux ou jusqu’au cou) est révélateur de la façon dont notre société crée inlassablement nos agresseurs, nos violeurs et nos tueurs, à un rythme qui ne varie guère.

    #mort #guerre #domination #exploitation #patriarcat #injustice #inégalités

  • Sans grâce | Joelle Palmieri
    https://joellepalmieri.wordpress.com/2016/02/11/sans-grace

    SANS GRÂCE
    Posted by joellepalmieri on 11 février 2016 · 2 commentaires 

    Le 31 janvier 2016, François Hollande accorde la « grâce » à Jacqueline Sauvage, auteure le 10 septembre 2012, au lendemain du suicide de son fils, du meurtre par balles de son mari violent, incestueux et pervers. 47 ans pour murir une riposte, une défense, que la cour d’assises du Loir-et-Cher n’a pas retenue et qui a condamné le 28 octobre 2014 cette femme alors âgée de 67 ans à dix ans de réclusion criminelle. Cette peine sera confirmée le 3 décembre 2015 par le tribunal de Blois. D’où le tollé féministe général, les pétitions, etc.
    Cette « grâce », qui n’est que partielle, a permis à l’intéressée de présenter une demande de libération conditionnelle. Cette procédure juridique se traduit par un transfert ce lundi 8 février 2016 de la prison de Saran (Loiret) à celle de Réau (Seine-et-Marne), qui abrite l’un des trois Centre National d’Évaluation. Qu’est-ce donc ? Un lieu, où vont se succéder à ses côtés, psychologues, médecins et autres experts pendant au moins six semaines durant lesquelles sa « dangerosité » et les risques qu’elle récidive vont être évalués. Quelles que soient leurs conclusions et si elle obtient la libération conditionnelle – possiblement en avril –, elle portera un bracelet électronique ou restera en semi-liberté.
    En quelque sorte, Jacqueline Sauvage n’aura jamais rien connu d’autre. La semi-liberté. Une liberté bradée. Une liberté de seconde main. Un assujettissement. Une captivité. Une dépendance. Une domination. Cette femme aurait-elle troqué la domination de son mâle de mari contre celle de l’État ? Sans aucun doute. La « grâce » dont elle a bénéficié, de tradition monarchique, en atteste. Elle confirme la hiérarchie des personnages et de leurs rôles assignés : un président de la République, d’un côté, une condamnée, de l’autre, non reconnue comme victime de violences et auteure de justice.

  • STUPÉFACTION ! : La demande de libération de Jacqueline Sauvage rejetée | Entre les lignes entre les mots
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2016/08/12/stupefaction-la-demande-de-liberation-de-jacqu
    https://secure.gravatar.com/blavatar/a3b1cc5dc5733d7f4309d47eda4caf8d?s=200&ts=1470999259

    STUPÉFACTION ! : La demande de libération de Jacqueline Sauvage rejetée
    Publié le 12 août 2016 | Poster un commentaire
    Les effronté-e-s sont accablées et scandalisées par le rejet de la demande de libération de Jacqueline Sauvage, six mois après la grâce présidentielle qui lui avait été accordée !

  • La demande de libération conditionnelle de Jacqueline Sauvage rejetée
    http://www.liberation.fr/france/2016/08/12/la-demande-de-liberation-conditionnelle-de-jacqueline-sauvage-rejetee_147

    Tu oses enfin te défendre face à ton mari qui te tape dessus depuis 47 ans ? 10 ANS. Pas de liberté conditionnelle. Tu fracasses la tête de ta copine avec qui t’es maqué depuis 6 mois contre un radiateur jusqu’à ce que mort s’en suive ? 8 ans, liberté conditionnelle au bout d’un peu plus de 3 ans. (Coucou Bertrand) Justice à deux vitesses. — Permalink

    #feminisme

  • Le mythe des hommes battus | le Collectif Antimasculiniste île de france
    http://lmsi.net/Le-mythe-des-hommes-battus

    Entre la sortie du livre de Maxime Gaget en février, Ma compagne mon bourreau, et le procès de Jacqueline Sauvage en décembre [1], la ritournelle de l’année 2015 aurait pu être « hommes battus, femmes violentes [2] ». Les avancées matérielles et idéologiques des masculinistes [3] sont réelles sur ce terrain. Il s’agit pour eux de contester les ressources institutionnelles et économiques conquises par les luttes féministes ; mais aussi de renverser les analyses féministes du système patriarcal en présentant les hommes [4] comme victimes d’un phénomène selon eux massif et tabou : les violences conjugales exercées par les femmes [5]. Source : Les mots sont (...)