person:jacques berque

  • ’Orientalism,’ Then and Now | by Adam Shatz | NYR Daily | The New York Review of Books

    https://www.nybooks.com/daily/2019/05/20/orientalism-then-and-now

    Un retour sur l’histoire de l’orientalisme et sa « mutation » à l’époque actuelle.

    Edward Said’s Orientalism is one of the most influential works of intellectual history of the postwar era. It is also one of the most misunderstood. Perhaps the most common misunderstanding is that it is “about” the Middle East; on the contrary, it is a study of Western representations of the Arab-Islamic world—of what Said called “mind-forg’d manacles,” after William Blake. The book’s conservative critics misread it as a nativist denunciation of Western scholarship, ignoring its praise for Louis Massignon, Jacques Berque, and Clifford Geertz, while some Islamists praised the book on the basis of the same misunderstanding, overlooking Said’s commitment to secular politics.

    Since the book’s first publication in 1978, “Orientalism” has become one of those words that shuts down conversation on liberal campuses, where no one wants to be accused of being “Orientalist” any more than they want to be called racist, sexist, homophobic, or transphobic. That “Orientalist” is now a commonly applied epithet is a tribute to the power of Said’s account, but also to its vulgarization. With Orientalism, Said wanted to open a discussion about the way the Arab-Islamic world had been imagined by the West—not to prevent a clear-eyed reckoning with the region’s problems, of which he was all too painfully aware.

  • De la France à l’Egypte : hommage à l’écrivain Taha Hussein
    http://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/de-la-france-l-egypte-hommage-l-ecrivain-taha-hussein

    En 1974, Hélène Tournaire consacrait une émission en hommage à Taha Hussein. L’écrivain, essayiste et homme politique égyptien s’était éteint en octobre 1973 à l’âge de 84 ans.

    http://rf.proxycast.org/1174074863875268608/13915-12.06.2016-ITEMA_21000825-12.mp3

    Universitaire, romancier, essayiste, critique littéraire et homme politique égyptien du 20ème siècle, Taha Hussein donne une idée magnifique de ce que l’Egypte à pu produire comme penseur important. Né dans une famille trop pauvre pour le soigner, Taha Hussein devint aveugle à l’âge de trois ans. C’est à Paris, à la Sorbonne qu’il soutint sa thèse et rencontra son épouse, Suzanne. Celle-ci écrivit un livre après la mort de son époux intitulé Avec toi de la France à l’Egypte, un extraordinaire amour .

    Traducteur de Sophocle, Taha Hussein pensait que la seule façon pour l’Egypte pour être totalement indépendante et émancipée était de se saisir de toute son histoire. Pour lui, la revendication méditerranéenne est une revendication de libre accès à la culture européenne et en dehors d’un cadre de domination.

    En 1974, Hélène Tournaire consacrait une émission à Taha Hussein qui s’était éteint en octobre 1973, à l’âge de 84 ans. Maurice Couve de Murville et Jacques Berque [ et son fils aussi Moenis Hussein ] lui rendaient un vibrant hommage.

    dans les Nuits de France-Culture de Yasmina Khadra
    http://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/yasmina-khadra-je-sais-que-je-suis-ne-pour-ecrire

    #Taha_Hussein

  • chez Jean Sur, sur son précieux http://resurgences.net , à la rubrique http://resurgences.net/category/points-chauds , en date du 9 janvier 2016, cette expression de Jacques Berque :

    « Jouer de toutes ses sortes. » C’était là une magnifique expression de Jacques Berque. Un peu archaïque, comme souvent chez lui, elle réveillait en moi des territoires oubliés, négligés, méprisés, ou qui, tout simplement, m’inquiétaient. Jouer de toutes ses sortes, comprend-on aujourd’hui que ce n’est pas faire feu de tout bois, que ce n’est pas saisir toutes les occasions, que ce n’est pas se goinfrer dans toutes les mangeoires ? Comprend-on que cette invitation à la diversité est aussi une invitation à l’unité ? Que ces sortes sont les mouvements différents et cousins d’un même être ? Qu’elles traduisent les impulsions et intuitions multiples qui habitent cet être comme elles habitent tous les êtres ? Qu’en elles les contraires se considèrent, se reconnaissent, apprennent à se réconcilier dans l’élan d’un commun dépassement ? Non pas seulement l’unité et la diversité, mais le fixe et le mouvant, l’instant et la durée, la mémoire et le projet. La prétendue modernité se reconnaît dans le rôle, dans ce qu’elle appelle l’acteur. C’est là un rêve de maître et/ou d’esclave. Ou plutôt, c’est le rêve de l’intendant du maître, c’est le fantasme de son comptable. Jacques Berque, comme tous les vrais réalistes, nous appelait à la profusion des sortes, à l’unité multiple de nous-mêmes dans l’unité multiple du monde. La société du rôle, c’est-à-dire de la soumission et de la répétition, et la société des sortes, c’est-à-dire des naissances et des éclosions, ne sont pas plus compatibles que la vie et la mort.

  • Hello amis de seenthis, je sollicite votre bienveillance pour un éclaircissement

    J’ai écrit dernièrement un billet qui me tenait à coeur, issue d’une soudaine prise de conscience à la veille des attentats, amplifiée par la réalité atroce du lendemain.
    En gros la question de l’intégration des populations d’origine maghrébines, qui ont un « capital culturel » que la France snobe délibérément, par exemple par le fait que la langue arabe n’est quasiment pas enseignée dans les écoles de France, alors qu’elle est bcp plus parlée que l’Allemand par exemple (et je ne parle pas du latin..), et que la France a des relations historiques avec les pays du Maghreb.

    Ce billet n’ayant reçu absolument aucun feedback, cela me perturbe car je doute de la pertinence de mon raisonnement.
    Aussi si des âmes charitables veulent bien me consacrer un peu de temps pour m’éclairer, je vous en serais reconnaissant.
    Je souhaite récupérer des éléments de réponses pour comprendre en quoi ce texte ne suscite que de l’indifférence, en quoi il n’est pas digne d’intérêt. Cela me permettra de progresser en n’apportant aux discussions publiques que des apports plus pertinents.
    Est-ce un problème de forme, de manque de clarté dans l’expression, de propos illisibles ?
    Ou bien sur le fond, est-ce que j’enfonce des portes ouvertes ? Suis-je confondant de naïveté ? Est-ce une réflexion inutile ?
    Ai-je une posture agaçante qui me rend antipathique ?
    Je manque de légitimité, de notoriété, cela décrédibilise mon raisonnement ?

    Je suis incapable de privilégier la moindre hypothèse.
    Je suis donc preneur de tout éclairage franc et sincère.
    Voilà voilà, je surmonte mon orgueil en venant mendier votre sollicitude, et comme un mendiant honteux, j’espère ne pas vous déranger :-)
    J’ai ce besoin de partager le fruit de mes réflexions pour progresser dans ma compréhension du monde par échanges mutuels. Si je fais des monologues dans le vide, la logique voudrait que j’en tire des conclusions implicites et m’arrête d’écrire, ce dont je ne parviens pas à me résigner.

    • Je fus enseignant d’arabe, et je répondrai juste sur ce point même si le terme « intégration » mériterait plein d’autres commentaires.
      Je reprends quelques uns de tes mots :
      « La question se pose, alors que près de 3 millions de français sont arabophones, » : non, ils sont d’origine arabophone pour la plupart, sachant qu’une bonne partie des populations concernées sont berbérophones aussi. En plus, au regard des origines sociales, rarement éduqués, par rapport à une langue dont la maîtrise du code écrit est un terrible marqueur social. Intégrés justement, ces populations le sont jusqu’à un certain point puisque la/les langue(s) d’origine ont été perdues en grande partie (certes, pour un français mal maîtrisé dans le cadre d’une institution scoalire clivante).

      « Pourquoi l’arabe arrive si loin dans le classement des langues vivantes du baccalauréat ? Pourquoi un tel tabou, pour ne pas parler d’indifférence ou de mépris ? »
      Question complexe là encore. Prof d’arabe en banlieue, il m’arrivait de me tirer une balle dansle pied en suggérant aux familles de mettre leurs enfants brillant scoalirement an allemand plutôt qu’en arabe où ils allaient couler scolairement avec le reste du bateau ! Les familles d’origine arabophone ne font pas forcément (loin de là) le choix de l’arabe à l’école (classes ghetto, choix de l’enseignement religieux de l’arabe, choix de l’intégration comme les auters, etc.) mais surtout les « Gaulois » ne vont, sauf à être suicidaires scolairement, sauf dans de rares lycée d’élite en fin de parcours, jamais choisir l’arabe (alors que le chinois, hein !)
      « Comment les français d’origine arabe peuvent-ils ressentir cela ? »
      Autant de réponses que d’individus...
      « Et pourquoi ces jeunes bilingues ne peuvent pas ou si peu faire valoir cette compétence dans le système scolaire français ? » parce qu’ils ne les ont pas, précisément, ces compétences... N’oublie pas que l’arabe « littéral » n’est la langue naturelle de personne (sauf Allah et encore ;-)) et que les éventuelles "avantages"qu’ils possèderaient par rapport à d’autres candidats scolarisés (vocabulaire, investissement personnel, maîtrise des phonèmes...) sont réduits à néant au regard du statut social de cette langue.

      Parmi les multiples trahisons de la gauche socialiste, celle de Miterrand en l’occurrence, qui a enterré, en 1983 je crois, une réforme préconisée par l’arabisant (génial) jacques Berque préconisant, pour TOUS les élèves de la République, des cours obligatoires de sensibilisation à TOUTES les cultures immigrées... Son rapport s’appelait « Les enfants de l’immigration à l’école de la République » (mais il consistait à mettre la République à l’école de l’immigration aussi).

      Voilà, on est 35 ans plus tard...

    • Depuis ton appel à contribution je réfléchis à une réponse. Ce qui a laissé le temps à @gonzo d’en proposer une à laquelle, bien que n’ayant pas autant d’expérience, je ne peux que souscrire vivement.

      J’ajouterai quelques remarques. D’abord, me semble-t-il une dimension que l’on retrouve pour les langues régionales françaises et, en l’espèce, le breton. Où les stratégies d’intégration aboutissent à ne pas valoriser, voire à rejeter complètement, la langue d’origine. Et pour lisser tout ça, le rouleau compresseur linguistique de la télévision.

      Pour l’arabe, on peut rajouter le racisme effréné qui régnait dans l’enseignement universitaire et tout particulièrement à l’égard des « arabophones cultivés », dénigrant absolument tout validité à une connaissance de l’arabe littéral acquise en dehors de l’établissement universitaire occidental. En gros, heureusement que les européens se sont penchés sur cette langue merveilleuse qu’est l’arabe, parce que les bougnoules sont bien trop bornés pour en comprendre l’esprit. Je caricature à peine…

      Ajoutez à ces considérations « scientifiques » une pratique discriminatoire avérée. Aux Langues O, il y a plus de trente ans, les étudiants au patronyme arabe disparaissaient extrêmement rapidement. À l’époque (je ne sais pas si c’est toujours le cas) le premier cycle (DULCO) se faisait en 3 ans avec la possibilité de suivre la première et la deuxième année simultanément conditionnée à un examen en fin de premier trimestre universitaire dit autorisation de cumul. J’ai passé cet examen à côté d’un bon copain algérois, j’ai fait la version, il a fait le thème. Je l’ai eu, pas lui… Idem, pour mon autre copain syrien d’origine tcherkesse…

      Du coup par la suite, le public étudiant était composé majoritairement (de l’ordre de 60%) de jeunes filles de bonne famille dont c’était la seule formation universitaire, quelques militaires, en général à 3 galons, venant acquérir un bagage permettant d’accompagner l’exportation des belles productions françaises dans les pays concernés et des atypiques qui réalisaient là un deuxième voire un troisième cursus, en complément à d’autres formations supérieures.

    • Apres lecture de ton texte @petit_ecran_de_fumee, que j’ai trouvé plein de questionnement interessant. Je ne trouve bien sur rien d’aussi pertinant que ce que disent @gonzo, @simplicissimus, @remi et @odilon. Je vais voir si j’ai des choses intéressantes a mettre en lien sur la question de l’intégration, histoire de pas trop écrire pour ne rien dire.
      –---
      Édit :
      Sur « les mots sont importants » il y a pas mal de choses :
      http://lmsi.net/Integration-et-assimilation
      http://lmsi.net/Integration-piege-a-cons
      http://lmsi.net/L-integration-contre-l-egalite
      http://lmsi.net/L-integration-contre-l-egalite,407
      En fait il y a meme une rubrique « intégration »
      http://lmsi.net/-Integration-

    • Tiens, une illustration de cette aberration...
      Ne pas connaitre le langage de l’adversaire c’est par définition la cause originelle qui a donné naissance à cet adversaire.

      http://www.20minutes.fr/societe/1839175-20160504-special-investigation-gendarmes-traquent-vraiment-djihadi

      La séquence a de quoi interroger. Dans le documentaire « Les soldats d’Allah » diffusé lundi soir sur Canal + pour Spécial Investigation, le colonel Nicolas Duvinage, patron du Centre de cybercriminalité de la gendarmerie nationale (C3N), expliquait qu’il ne disposait d’aucun agent arabophone : « On utilise des outils en ligne type Google Translate. La traduction est de qualité assez approximative. Ça pourrait être mieux d’en avoir mais encore une fois, nous ici on se contente de ce qui est visible sur internet ».

      (...)

      Si au sein de cette unité spécifique, composée de 43 gendarmes, aucun ne parle arabe, ce n’est évidemment pas le cas dans la totalité des services amenés à effectuer des recherches et des missions de surveillance sur internet et les réseaux. Les besoins existent et les ressources sont faibles reconnaît toutefois un agent de l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC), qui dépend de la Direction Centrale de la Police Judiciaire : « Nous n’en avons pas énormément et lorsque nous n’avons pas la chance d’avoir un policier arabophone, il arrive que nous faisions appel à des traducteurs de façon ponctuelle ou d’affiner avec des agents qui appartiennent à d’autres unités ».

  • BALLAST Mona Chollet : « #Écrire, c’est un acte à part entière »
    http://www.revue-ballast.fr/mona-chollet-ecrire


    @mona chez Ballast, c’est quand les grands esprits se rencontrent!

    Cette répartition des rôles est tellement ancrée ! J’ai l’impression que l’#érotisme est foncièrement fondé sur cette distinction que le fait de troubler cet ordre-là, pour les #femmes hétérosexuelles, peut réellement créer des perturbations dans leur vie intime et amoureuse. Elles ont tellement l’habitude que ce qui est érotique soit d’être regardée et d’être un objet de #désir ! Avancer un point de vue, être active ou affirmer un désir — tout cela est assez lié — est perçu de manière agressive. La réalisatrice Claire Denis m’impressionne en cela dans sa manière de filmer les hommes. Je trouve sa démarche très audacieuse et belle, mais c’est assez rare, finalement. Cela reste ingrat pour une femme de s’affirmer comme créatrice. Ça revient à menacer un ordre, et renvoie une image souvent négative et déplaisante. Il faut un certain courage. C’est un sujet sur lequel j’aimerais bien travailler : les rapports entre #féminisme et érotisme. Énormément de femmes la jouent profil bas, et surtout ne voudront jamais se revendiquer comme féministes, ayant trop peur de bouleverser leur imaginaire érotique et leur rapport aux hommes. C’est perturbant de réaliser que nos fantasmes et nos désirs sont modelés par l’imaginaire #dominant, y compris dans ce qu’on croit avoir de plus #intime et de plus personnel.

    • D’une certaine manière, il y a une pensée religieuse qui imprègne le militantisme, y compris chez des gens qui se revendiquent parfois athées militants. Il y a un côté très judéo-chrétien dans l’engagement politique. Ça me paraît complètement stérile, et il ne peut en sortir que des choses très malsaines. Je pense que le nombre d’engagements motivés par une forme de culpabilité ou d’intimidation est très important. Il y a l’idée qu’il ne faudrait pas s’écouter, qu’il faudrait sortir de soi, se faire un peu violence. La glorification du « terrain » dans le militantisme rejoint ce que j’ai écrit sur le journalisme. Il faudrait une théorisation de l’utilité sociale de cela. Dans La Tyrannie de la réalité, je raconte comment, en Mai 68, l’écrivain Jean Sur a eu une forme d’illumination qui a changé sa vie. Il était assez désorienté, et il a demandé conseil à son ami Jacques Berque — grand islamologue et professeur au collège de France —, qui lui a répondu : « Augmentez votre poids spécifique. » Je trouve que c’est un excellent conseil. Je me méfie de la délégation de pensée, de l’homologation qui opère dans les structures militantes.

      Mais tellement. Et je le vois aussi à l’oeuvre même dans des milieux qui revendiquent une militance festive et joyeuse. C’est triste à quel point ça imprègne tout.

  • Le « musulman modéré », une version actualisée du « bon nègre »

    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/01/16/le-musulman-modere-une-version-actualisee-du-bon-negre_4557616_3212.html#r2I

    Dès que la nouvelle du massacre tragique de Charlie Hebdo s’est répandue, la condamnation de l’horreur a été accompagnée, comme d’une sœur jumelle, par la mise en garde contre « l’amalgame ». François Hollande comme Nicolas Sarkozy ont utilisé ce mot. Sans oublier les cohortes d’invités des plateaux télé qui, la main sur le cœur, ont juré que les terroristes « ne représentent pas les 5 millions de musulmans de France ». Oui, l’islam de ces derniers est « modéré », ont opiné à l’unisson les animateurs vedettes.

    Ce discours n’est pas nouveau. C’est même un classique de la bien-pensance politico-médiatique, qu’on rejoue sans ciller après chaque attentat terroriste. Son objectif : contrer la stigmatisation des Français issus de l’immigration. Son message : ne faisons pas le jeu du Front national. Son mot d’ordre : nous sommes tous des enfants de la République. Son exhortation : ne singularisons pas les musulmans de France.

    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/01/16/le-musulman-modere-une-version-actualisee-du-bon-negre_4557616_3212.html#r2I

    • D’ailleurs à propos des termes #radicalisation et #fondamentalisme dont les médias français nous bombardent régulièrement ; on dit les jeunes qui se « radicalisent » en parlant de ceux qui vont faire la guerre religieuse en Syrie. « Imams radicaux » pour ceux qui diffusent la haine.
      Le terme « radical » vient de racine, et l’employer au sujet de de ces dérives violentes diffuse l’idée que la haine aveugle est à la racine de cette religion.
      De même le terme « fondamentalistes », « fondamentalisme », donne à croire que la haine aveugle en est le fondement.
      Je crois que ça participe à renforcer l’#islamophobie ambiante.
      http://resurgences.net/a-quoi-nous-sert-les-horizons

      Jacques Maritain voulait un humanisme intégral. Jacques Berque insistait sur la dimension du fondamental. Le premier disait intégral, non pas intégriste. Le second fondamental, non pas fondamentaliste. Aucune tentation, c’est le moins qu’on puisse dire, ni chez l’un ni chez l’autre, de céder à quoi que ce soit qui viendrait s’imposer de force à l’intelligence et à la liberté. Mais l’un et l’autre sentaient notre vision du monde effroyablement étroite. L’un et l’autre comprenaient que la réduction que nous imposons à la réalité fait du réalisme auquel elle conduit un outil inutile, dangereux, aberrant. Que ce prétendu réalisme est un monstre d’irréalisme. Que cette pitoyable caricature conduit plus sûrement la jeunesse au désespoir que l’alcool, que la drogue, que les pires aberrations. Que rien ne peut lui couper plus efficacement les ailes.

  • Les Arabes, l’islam et nous - Jacques Berque, islamologue
    http://www.peripheries.net/article208.html par @mona

    Par son écriture, dont la noblesse, porteuse d’un autre système de valeurs, change le regard, l’œuvre de Berque rend justice aux #Arabes, et contribue, même modestement, à dissiper les malentendus et à laver les humiliations dont le siècle n’a pas été avare à leur égard. Elle donne en outre une vision différente de peuples le plus souvent évoqués, aujourd’hui, dans le contexte de l’#immigration, c’est-à-dire détachés de leur passé, de leur #histoire, et « mal vus », exposés au #racisme. « Je suis un Arabe, personne n’ose plus dire ce mot », lançait l’écrivain d’origine algérienne Azouz Begag, portraituré dans Libération (10 novembre 1997). On a beau rappeler de façon convenue et théorique la richesse de la culture arabe pour contrer les ravages du racisme, on en sait rarement assez pour éprouver véritablement cette richesse. Jacques Berque, lui, évoque pêle-mêle, parmi ses références, le Supplément au voyage de Bougainville, la Profession de foi du vicaire savoyard, et l’œuvre d’un contemporain indien de Rousseau, Shah Waly Ullah al-Dihlâwî, au sujet de qui il écrit :

    « Serait-il - et je n’en crois rien - le seul phare à redécouvrir du côté de l’#Islam, que notre remontée dans le temps, pareille à celle de Faust, se tiendrait pour récompensée de son audace. Je sais maintenant, grâce à ce penseur sunnite, qu’avant la bifurcation que la technologie déchaînée allait imprimer au devenir mondial, des cultures diverses, mais non pas adverses, auraient pu concourir. Elles auraient pu fonder à elles toutes un avenir commun. #Utopie rétrospective ? Assurément, mais ce n’est qu’un cas entre bien d’autres de ces retrouvailles où les richesses du multiple se recomposent en unité de l’humain. »

    Cette « utopie rétrospective » est le sujet d’Andalousies, la leçon de clôture de Jacques Berque au Collège de France en 1981, publiée en appendice à l’essai Les Arabes et qui se conclut ainsi : « J’appelle à des Andalousies toujours recommencées, dont nous portons en nous à la fois les décombres amoncelés et l’inlassable espérance. »

    • https://lafamilledejantee.wordpress.com/2015/01/10/une-heure-pour-ecrire

      Je pense à mes co-terriens juifs qui tremblent depuis la mort des leurs, je pense à mes co-terriens musulmans qui sont la cible de représailles immondes. Je pense à ma grand mère italo-tunisienne qui racontait des étoiles dans les yeux les quelques années du multiculturalisme joyeux qu’elle a eu la chance de connaître, où juifs, chrétiens et musulmans, s’entraidaient, festoyaient et pleuraient ensemble. A-t-elle rêvé ? C’est possible. Mais si c’est un rêve, il est beau, et je veux faire le même pour mon pays. J’ai lu hier le récit d’un échange dans un train où un homme est soudain venu déclarer sa flamme pour les “orientaux” à un inconnu marocain pour le moins interloqué. Les réactions étaient sévères : “Quel dingue ! Mais enfin, le Maroc n’est pas un pays “oriental” ! Mais de quoi se mêle-t-il cet imbécile !”. C’est vrai, cet homme était un ignorant au comportement enfiévré par les scènes populaires autour du “Je suis Charlie”. C’est vrai, il reste tant à faire pour que les gens arrêtent de penser que tous les arabes sont musulmans, que l’Afrique est un pays, ou que tuer les gens à la Kalachnikov est une religion. Mais je suis persuadée qu’il y a à la base de ces réactions naïves, déplacées, exaspérantes, quelque chose qui parle de l’envie de comprendre l’autre, de lui témoigner son soutien et son indignation, quelque chose dont on n’a plus loisir de se priver (même s’il convient de le faire évoluer) en ces temps où la haine gagne du terrain chaque jour.

  • Ambiance de 1967 (guerre des Six Jours), témoignage de Jacques Berque

    "Radio-Luxembourg m’invita à un dialogue avec Daniel Mayer. Je connaissais mon interlocuteur comme un démocrate impeccable. J’aurais peut-être voté pour lui en tant que candidat à la présidence de la République, comme il en avait été question quelques années auparavant. Nous étions, lui et moi, en ce moment même, occupés à préparer une intervenon touchant la persécution subie par des intellectuels iraniens. Nos rapports étaient donc cordiaux. J’arrivai, plein de débonnaireté, si j’ose dire, et fus instantanément surpris par le ton de passion scandalisée qu’adoptait ce militant. Il tenait pour inadmissible qu’un mouvement d’union sacrée ne se fût pas dessiné en France dès l’annonce de cette guerre, une guerre dont presque tous considéraient que les Arabes l’avaient déclenchée. On a su, depuis, que I’attaque a été délibérée de la part d’Israël, et, dans la meilleure hypothèse, préventive. Car je ne nie pas les provocations inconsidérées de Nasser. Ce fut alors que Daniel Mayer assura avoir honte d’être français. Dans la bouche d’un tel patriote, le mot m’accabla. C’est alors aussi qu’un collaborateur d’une revue de gauche, déplorant l’attitude de De Gaulle qui venait d’interdire le décollage d’avions portant des volontaires français en Israël, écrivit en substance : « Au moins, le président Johnson soutient Israël. Alors vive Johnson. » Johnson, à l’époque, c’était pour l’opinion mondiale celui qui arrosait le Vietnam de défoliants, et lançait des bombes porteuses de billes d’acier, qui déchiquetaient les enfants. Ces attitudes me chagrinèrent. Non ce n’était pas la confession religieuse - oblitérée chez la plupart - qui portait certains de mes concitoyens juifs à cette frénésie. Qu’y avait-il dans le sionisme qui pût pousser des intellectuels de gauche à un délire unilatéral, qui les écartait de toute discussion objective ? Il y avait ce qui avait bouleversé un grand intellectuel comme Sartre, à coup sûr le chef de file de notre intellientsia. Il y avait, il y a que pour le démocrate français, pour l’homme d’honneur et d’espérance, les horribles massacres qu’avaient subis les Juifs à l’époque d’Hitler faisaient considérer leur installation en Palestine comme une sorte de réparation, encore très faible par rapport à l’injustice subie, en tout cas incommensurable aux dégâts qu’elle entraînait. Je voyais là un sophisme. Je me disais, moi, que les Arabes n’avaient été pour rien dans les massacres d’Hitler. Que l’on accordât aux victimes d’Hitler une réparation, y compris territoriale, pourquoi pas ? Mais je ne voyais pas pourquoi les Palestiniens devaient en faire les frais, eux qui, ni de pied ni d’aile, n’avaient été engagés dans la Seconde Guerre mondiale, sinon pour défendre leurs terres contre les premiers colons sionistes, aidés par le mandat britannique. "

    [ Jacques berques, Arabies ]