person:jamel debbouze

  • Enquête. Les écoles d’Espérance banlieues, un danger public
    https://humanite.fr/enquete-les-ecoles-desperance-banlieues-un-danger-public-646259

    Ces établissements portent une conception réactionnaire et rigoriste de l’éducation.

    C’est un courriel de professeurs du Rhône qui a levé le lièvre : « Le numéro deux de la région Rhône-Alpes, Étienne Blanc (“Les Républicains” — NDLR), a assisté le 6 novembre à la cérémonie de remise des uniformes aux élèves d’Espérance banlieues Pierre-Bénite. » Suivaient quelques lignes décrivant ces écoles hors contrat, « fer de lance de la mouvance réac-républicaine », qui, « sous couvert de lutte contre le décrochage scolaire », privilégieraient une approche « néocoloniale » de l’éducation avec « lever des couleurs » hebdomadaire au son de la Marseillaise et inscription dans le règlement intérieur de l’« interdiction de parler la langue des parents ». Des établissements gérés par « la droite catholique et réactionnaire », qui cherchent à s’implanter en banlieue, ciblant un public pour partie d’origine immigrée et/ ou de confession musulmane, du moment qu’il paie. Un réseau dont la gestion va « à l’encontre de (leur) vision d’une école émancipatrice », alertaient ces enseignants. Le ton grave du message, les mots alarmants sont partagés par toutes les personnes que nous avons interrogées sur le fonctionnement de ces écoles hors contrat. De Montfermeil (Seine-Saint-Denis) à Marseille (Bouches-du-Rhône), en passant par Pierre- Bénite (Rhône), la fondation Espérance banlieues, parfois appuyée au plus haut sommet de l’État, organise son réseau dans le but – officieux mais dénoncé par de nombreux enseignants – de « dynamiter l’école publique ».

    • « Espérance banlieue » : quand la #privatisation (rampante) récupère la désespérance des familles à l’encontre de l’incurie du service public d’éducation, incurie provoquée par l’abandon de l’état des fameux « quartiers pourris »

      https://www.humanite.fr/sous-le-masque-social-une-machine-broyer-lecole-republicaine-646233

      Éducation. Dans les écoles du réseau Espérance banlieues, on affiche les valeurs de la République comme un refuge pour des enfants de quartiers populaires en mal de repères. Mais entre lacunes éducatives et rigorisme nationaliste, un drame éducatif se joue avec la complicité passive de l’État.

      Dans la galaxie réactionnaire, le soutien à ces écoles va de soi : Radio Courtoisie, le site Internet catholique traditionaliste le Salon beige… Logique. Après tout, la fondation a été créée par une des futures têtes de la Manif pour tous, Anne Coffinier. Dans son numéro du 15 septembre dernier, le Figaro Magazine consacre un dossier vantant les « nouvelles pédagogies » qui seraient appliquées dans ces établissements (1)… Sans surprise, l’hebdomadaire conservateur est enthousiaste, avançant la « liberté d’éducation », de ces « laboratoires » que sont les écoles hors contrat. Comme Causeur, autre titre de la même eau, dans les colonnes duquel Élisabeth Lévy s’extasiait en septembre sur la façon d’enseigner l’éducation civique : « Quand même, entendre des petits Alioune et Sanaa brailler l’hymne national avec tant de cœur, ça rend optimiste… »
      Les filles balayent la cour, font la vaisselle... pendant que les garçons jouent au football

      La palme revient à ce documentaire de la série Infrarouge produit par Mélissa Theuriau et diffusé sur France 2 en novembre 2016. Là encore sans commentaires ni analyse, le ton mielleux laisse pourtant percevoir d’inquiétantes fractures. Le cours Alexandre-Dumas de Montfermeil y est présenté comme une « école privée laïque », sans que la pertinence des enseignements y soit interrogée. À peine y entend-on des échanges entre le directeur et des élèves, certes intéressants, sur le sentiment d’appartenance à la nation. Ou des recadrages de professeurs sur la discipline. En matière d’éducation, on appréciera aussi de voir les filles balayer la cour, faire la vaisselle collective, nettoyer les tables à grande eau… pendant que les garçons jouent au football. Pour le reste, on s’étonne que le creusement d’une tranchée derrière les préfabriqués de l’école tienne lieu de cours sur l’histoire de la Première Guerre mondiale. Ou que la fin de l’Empire carolingien, si on lit bien le cahier de cet élève de primaire que la caméra saisit au vol, ne soit imputée qu’aux « barbares » qui « lancèrent des raids contre l’occident chrétien : les Arabes remontèrent le Rhônes, à l’Oest les Wikings vinrent de Norvège et du Danemark à bort de leurs drakkars et les Hongrois vinrent de l’Est. Ils pillèrent les villes, les églises et les monastères »… Passons sur les fautes oubliées par les corrections en rouge. Le seul fait de présenter « l’Occident chrétien » – en fait le royaume franc de Charlemagne divisé en trois à sa mort – comme la France assiégée conjointement par les Vikings, les Sarrasins et les Hongrois (des invasions qui ont eu lieu avec parfois soixante ans d’écart !) offre une vision pour le moins particulière de l’histoire…
      « Il s’agit d’enseigner les connaissances fondamentales »

      Hormis en épluchant ces reportages bienveillants, il est assez difficile d’obtenir des informations de première main sur le contenu des cours dispensés dans les écoles labellisées EB (Espérance banlieues). Professeur au collège Pablo-Picasso de Montfermeil, Jordi Le Cointe a « récupéré » plusieurs élèves que leurs parents, « déçus », « soucieux », voire « alarmés », ont retirés du cours Alexandre-Dumas. « On n’a aucune trace de leur vie scolaire passée », soupire-t-il. La direction de Dumas inciterait, selon les membres du collectif Pour l’école de la République, dont il fait partie, à « cacher ou à détruire les cahiers » même après avoir quitté l’établissement. Ce que l’on connaît, c’est « le niveau catastrophique » de ces élèves : « Ils sont arrivés en 3e, mais on a été obligés de les inscrire en 5e pour qu’ils rattrapent leur retard. Je leur parlais de génétique, ils me répondaient que “Dieu a tout créé”… Les collègues de français disaient qu’ils n’avaient aucun esprit critique, prenant les écrits au premier degré. Aujourd’hui ils sont en 3e avec un niveau convenable, mais, chez nous, on ne fait pas de miracle. On avait demandé un accueil spécifique pour ces enfants, mais on n’a pas eu de réponse du rectorat… » Dominique Dellac, conseillère départementale communiste de Seine-Saint-Denis, affirme avoir rencontré à Montfermeil une mère de famille qui elle aussi a retiré sa fille d’Alexandre-Dumas car « au bout d’un an en CP elle ne savait pas lire ». Les chiffres de réussite au brevet des collèges eux aussi en disent long : « Trois élèves sur cinq présentés » l’ont validé, soit « 60 % », contre 83 % dans les des établissements publics du département. Au temps pour l’excellence… Il faut dire que, selon les fiches de recrutement des professeurs visibles sur le site de la fondation, aucun diplôme n’est requis pour diriger un de ses établissements, ou pour enseigner, quel que soit le niveau. Il ressort que l’attachement aux « valeurs » est plus important que les capacités à transmettre le savoir.

      Espérance banlieues le reconnaît d’ailleurs sur son site, sa « mission fondamentale » n’est pas l’enseignement au sens où il se pratique dans le public, mais « l’instruction. Il s’agit d’enseigner les connaissances fondamentales : lire, écrire, compter, calculer, ainsi que les fondements de la culture occidentale (repères historiques, géographiques, littéraires, spirituels) » et de donner « le goût et la recherche du vrai en toute chose ». Repères historiques désuets, repères « spirituels » orientés, à base de chants catholiques, voire de prières, rapportent les observateurs… En décembre 2015, le Figaro assistait, au cours Saint-Exupéry d’Asnières (Hauts-de-Seine), à un cours de mathématiques consacré à la lecture d’un texte de… Madeleine de Jessey, égérie de la Manif pour tous, alors porte-parole de Sens commun : « Notre société devra réaffirmer l’amour de sa culture et de ses grands penseurs, la fierté de toute son histoire, des Gaulois à notre République, et l’attachement aux racines judéo-chrétiennes qui lui donnent sa stabilité et ses ressources spirituelles. » La charte des écoles d’Espérance banlieues a beau proclamer qu’elles « n’affichent ni ne conduisent aucun enseignement religieux » – même si « les appartenances religieuses des élèves (et des professeurs – NDLR) ne sauraient être mises “entre parenthèses” » –, voilà « un arrière-plan idéologique assez inquiétant pour une association qui se présente comme “aconfessionnelle” », explique à l’Humanité l’inspecteur de l’éducation nationale Paul Devin, secrétaire général du Syndicat des personnels d’inspection FSU.

      Le développement du réseau s’appuie sur des élus de droite dure, voire extrême. Les maires des communes où il s’implante, comme Xavier Lemoine (Parti chrétien-démocrate) à Montfermeil, ou « les Républicains » Jérôme Moroge à Pierre-Bénite ou Manuel Aeschlimann à Asnières, appuient sans réserve son action. À Pierre-Bénite, sous l’impulsion d’un maire « de droite droite », l’école bénéficie d’un « bâtiment avec un bail emphytéotique (au minimum 99 ans – NDLR), l’ancien hôtel de ville de la jeunesse », déplore le conseiller municipal PCF Daniel Deleaz. L’opposition a dénoncé cette aide, et la municipalité a renoncé à verser en prime une subvention. Mais la région Auvergne-Rhône-Alpes a pris le relais, et pris en charge la construction d’une salle d’activités à 250 000 euros, « au nom de la politique de la ville ! » s’étrangle Daniel Deleaz. À Montfermeil, le terrain où s’élève l’école EB a été acquis par la ville dirigée par « un fou de Dieu », selon ses opposants, pour 2 millions d’euros, plus 1,25 million de travaux, « pour un prix de location dérisoire », s’étonne l’opposition : 1 500 euros pour 1 500 mètres carrés. À Béziers, Robert Ménard aimerait verser son obole, mais son projet n’a pas été retenu parmi la vingtaine qu’Espérance banlieues compte ajouter aux onze existants, dans des villes reconquises par la droite en 2014 (Le Blanc-Mesnil, Saint-Ouen), des villes de gauche (Nantes, Trappes), voire à direction communiste (Nanterre).

      Pour Paul Devin, le soutien plus ou moins discret à ces écoles prépare une « libéralisation du marché de l’école » (voir encadré). Le faisceau des soutiens à Espérance banlieues et à la Fondation pour l’école le laisse craindre. "Dès 2007, Nicolas Sarkozy écrivait dans une lettre de cadrage à son ministre de l’Éducation nationale, Xavier Darcos : « Vous ne dissuaderez pas les établissements privés de s’installer dans des quartiers en difficulté et, au contraire, vous soutiendrez, lorsqu’ils existent, de tels projets d’installation. » Le plan Espoir banlieues était né. L’année suivante, la Fondation pour l’école, qui pilote Espérance banlieues, est reconnue d’utilité publique. En 2016, lorsque le président LR du Sénat, Gérard Larcher, visite l’école la Boussole de Mantes-la-Jolie (Yvelines), il y voit « la réalisation de l’école telle que la décrivait son rapport sénatorial de 2015  : basée sur l’autorité et débarrassée du pédagogisme », analyse Paul Devin." Durant la campagne présidentielle, François Fillon, dont une des porte-parole, l’ex-déléguée à l’éducation des « Républicains » Annie Genevard (sa fille est chargée de projet à Espérance banlieues), reprenait les mots de Sarkozy dans son discours de Besançon du 9 mars 2017 : « L’État ne devra plus s’opposer à cette nouvelle offre éducative issue de la société civile ; il devra leur faciliter la tâche et les aider. » Depuis, les réseaux LR sont mobilisés : Laurent Wauquiez et François Baroin ont pu « apprécier les vertus » du cours la Passerelle de Pierre-Bénite (le Progrès du 15 mars 2017), et la région Île-de-France, dirigée par Valérie Pécresse, a octroyé l’an dernier 35 000 euros à la Fondation pour l’école. Logique, pour Céline Malaisé, présidente du groupe Front de gauche au conseil régional : « Il y a trois élus de Sens commun dans notre assemblée, qui ont une influence démesurée. » Même le très consensuel Jean-Louis Borloo s’était affiché, en 2016, aux côtés de la journaliste Natacha Polony au colloque annuel d’EB. Il n’est pas le seul à être là où on ne l’attend pas…
      Le ministre de l’éducation nationale est resté discret sur son attachement à « l’école libre »

      Qu’Éric Zemmour dise le plus grand bien de ce système éducatif est compréhensible, mais nombre de stars ont prêté leur concours à la fondation. Le journaliste de TF1 Harry Roselmack a signé en 2015 la préface du livre Espérance banlieues, en réalité écrit par Anne Coffinier, nous apprend le rapport d’activité de la Fondation pour l’école. L’acteur Jamel Debbouze en a fait la promotion, avec sa compagne Mélissa Theuriau, sur le plateau de Michel Drucker (Vivement dimanche) la même année. Mais le soutien le plus inattendu, bien qu’officieux, reste celui… du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer ! Aujourd’hui, déplore Paul Devin, qui affirme n’avoir eu accès à aucune des enquêtes de l’inspection, « on ne sait pas trop quelle est la position du gouvernement ». Depuis sa nomination, Blanquer est resté relativement discret sur son attachement à « l’école libre », dans ou hors contrat avec l’éducation nationale. Mais, en 2016, il avait fait passer un message vidéo diffusé lors du colloque d’Espérance banlieues pour dire « (s)on soutien » sans ambiguïté : « À mes yeux elle rassemble les ingrédients de ce qui réussit le mieux dans un système scolaire », notamment « l’engagement des professeurs » avec « une formation appropriée pour chacun d’entre eux » (sic). Et de vanter ces « convergences » qu’il a mises en œuvre en tant que recteur de l’académie de Créteil entre 2007 et 2009 avec « les internats d’excellence ». Il avait pris position à l’avance.

      (1) L’Humanité a cherché à contacter la fondation, via son site Internet, sans résultat.

      Grégory Marin

    • L’abandon de la population ouvrière des banlieues (voir la politique de Levallois entre 1995 et 2000) avec la nécessité de construire un ennemi/bouc émissaire, a aussi permis l’instauration d’une soumission au préceptes religieux à la place d’un accueil libre et ouvert pour tout·es. Les imams comme les curés ont senti l’aubaine que les politiques leurs ont offerte, se retrouvant les seuls à proposer un accueil aux enfants. Honte à tous ces crevards.

      Aujourd’hui ils sont en 3e avec un niveau convenable, mais, chez nous, on ne fait pas de miracle. On avait demandé un accueil spécifique pour ces enfants, mais on n’a pas eu de réponse du rectorat…

      #montfermeil
      #école_alexandre_dumas

  • Réseaux, influence, fortune... : comment Marc Ladreit de Lacharrière, l’homme révélé par l’affaire Fillon, a construit son empire ?
    http://www.francetvinfo.fr/politique/francois-fillon/affaires-fillon/reseaux-influence-fortune-qui-est-marc-ladreit-de-lacharriere-l-homme-r


    Derrière le mécénat, la politique n’est jamais très loin. C’est ainsi qu’en 2014, Marc Ladreit de Lacharrière fait venir François Hollande à Trappes (Yvelines) pour assister à des matchs d’improvisation organisés par le comédien Jamel Debbouze, soutenu par l’homme d’affaires.

    En 2013, le même Jamel Debbouze se retrouve à l’Élysée lors de la remise d’un prix créé par Marc Ladreit de Lacharrière, le prix de l’audace créatrice et culturelle. Le prix, créé en 1996 et parrainé par les ministères de l’Éducation et de la Culture récompense un chef d’entreprise lors d’une cérémonie organisée sous les ors de l’Élysée, sauf sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy où, à l’exception de 2007, il a été remis à Matignon par François Fillon. Il a également créé le prix de la photographie ou encore les prix du livre d’économie et du livre politique, parrainés par son association Lire la société qu’il co-préside avec son ami Louis Schweitzer.

    Jamel Debbouze avec François Hollande à l\’Élysée lors de la remise du prix de l\’audace artistique, le 12 juin 2013.
    Jamel Debbouze avec François Hollande à l’Élysée lors de la remise du prix de l’audace artistique, le 12 juin 2013. (FRANCOIS GUILLOT / AFP)
    Ces prix permettent de peser sur le « petit monde » politico-médiatique. « C’est une bonne introduction auprès de personnes dont il faut avoir l’oreille au bon moment, analyse Benjamin Lagues du site Acrimed, qui a consacré plusieurs articles à ces prix. En sponsorisant ce genre de prix, il bénéficie de l’influence de ces milieux politiques, économiques et médiatiques, qui s’auto-consacrent, et de promouvoir plus largement ses idées libérales, comme seule pensée ’autorisée’. »
    #réseaux #Fillon #nobles

  • Mediator, UBS, HSBC : les rudes lendemains des lanceurs d’alerte

    http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/04/25/mediator-ubs-hsbc-les-rudes-lendemains-des-lanceurs-d-alerte_4908085_3224.ht

    Les nouveaux héros du quotidien se reconnaissent aux « bravo » et « merci » que leur adressent les passants dans la rue. A cet air ému et à leur allure un peu gauche lorsqu’ils montent sur scène pour recevoir un prix, une Marianne, voire le diplôme de citoyen de l’année. Ces honneurs les portent et les réconfortent, bien sûr. Mais une fois les estrades redescendues, les vivats évanouis, eux seuls, les « lanceurs d’alerte », connaissent l’envers du décor et les conséquences qu’a eues leur geste sur leur vie et celle de leurs proches.

    Difficile de savoir combien ils sont à payer le prix fort pour avoir dénoncé les dysfonctionnements dont ils ont été témoins dans leur travail. Mais le procès d’Antoine Deltour qui s’ouvre mardi 26 avril au Luxembourg aux côtés d’un de ses ex-collègues, Raphaël Halet, et du journaliste Edouard Perrin, est emblématique de ces lendemains vertigineux. Le père de famille de 30 ans risque dix ans de prison et plus d’un million d’euros d’amende. L’intérêt général retiendra que l’ancien auditeur de PricewaterhouseCoopers a permis la révélation d’un vaste système d’optimisation fiscale établi entre des multinationales et le Grand-Duché. Son ex-employeur bloque sur le vol de données et la divulgation de secrets d’affaires.

    L’après est souvent cauchemardesque, mais si c’était à refaire, la quasi-totalité des personnes interrogées par Le Monde recommenceraient. La question se pose d’autant moins chez ceux dont l’alerte constituait le cœur de métier.

    (...) L’usure psychologique s’installe

    La réplique fut violente. Passe encore le climat délétère des dix-huit mois qui ont précédé son licenciement. Nettement plus désagréables furent le rat éventré retrouvé sur le climatiseur de sa voiture, les mots sur le pare-brise – « Si tu vas trop loin, on sait où tes enfants vont à l’école » –, son domicile visité, et ces « personnes, dans la rue, qui vous observent en regardant leur montre ». La banque niera toujours être à l’origine de telles intimidations. Hasard ou pas, son ex-collègue Stéphanie Gibaud, qui, elle aussi, a contribué à dénoncer ce système d’évasion fiscale, a retrouvé la porte de son appartement trois fois grande ouverte le matin. Depuis, elle vit avec un chien.

    A mesure que la menace s’éloigne, l’usure psychologique s’installe. Le bras de fer entre Nicolas Forissier et son ancien employeur dure depuis neuf ans. Certes, les 300 000 euros gagnés aux prud’hommes marquent une première victoire, mais UBS a fait appel. « Je ne manque de rien, j’ai un toit, un chauffage, mais ma vie est réduite à sa plus stricte simplicité. Tout mon salaire passe en frais d’avocats : 6 000, 7 000 euros par trimestre. Et je n’ose imaginer si je perds en appel. »
    L’affaire UBS a rapporté des milliards d’euros à l’Etat grâce à la régularisation de milliers de comptes, mais elle a détruit une femme. Stéphanie Gibaud, licenciée il y a quatre ans, est toujours sans travail.
    « J’ai mis du temps à reprendre connaissance. Maintenant, qui voudrait de celle qui a parlé ? », se désole l’ex-responsable événementiel d’UBS France.

    Aujourd’hui, elle vit des minima sociaux : 450 euros par mois quand on est mère célibataire de deux ados, c’est maigre. Au risque de lasser, elle rappelle les heures passées à renseigner les douanes. Ne comprend pas l’incapacité de l’Etat à indemniser le préjudice. Ses lettres à Bercy, au président de la République, au garde des sceaux, au défenseur des droits sont restées vaines.

    La famille trinque

    Le lanceur d’alerte échappe rarement à une campagne de discrédit. « Après quinze et vingt ans de travail sans histoire à Monaco, nous serions “des gestionnaires indélicats” », soupirent Céline Martinelli et Mathieu Chérioux, deux des trois anciens employés de la banque Pasche qui, en 2012, ont signalé des remises d’espèces douteuses. Ils ont été mis à la porte un an plus tard. « Les conséquences sont raides. Alors qu’on aurait très bien pu fermer les yeux, ne rien dire et partir chercher ailleurs, nous voilà sans emploi » – aucune banque n’a répondu à leurs lettres de candidatures –, « déboutés en premier instance » par le tribunal du travail et avec « des amis monégasques qui nous ont subitement tourné le dos ».

    Inévitablement, la famille trinque. A la maison, le sujet prend toute la place. Vos amis vous trouvent obsessionnel. « Alors que c’est souvent eux qui, par sympathie, demandent des nouvelles de “votre” affaire », rectifie Daniel Ibanez, organisateur du Salon du livre des lanceurs d’alerte, et ardent détracteur du tunnel Lyon-Turin. Amélie, la petite dernière de la pneumologue Irène Frachon, ne veut plus entendre parler du Mediator ni des laboratoires Servier qui lui ont volé sa mère durant six années de sa vie. Hervé Falciani, l’informaticien de HSBC parti en 2008 avec des listes d’évadés fiscaux, et désormais conseil « du gouvernement grec, de municipalités Podemos en Espagne, mais aussi de Chypre », vit toujours sous protection en Espagne.

    Le couple d’Olivier Thérondel n’a pas résisté. Lui, c’est l’ancien fonctionnaire de Tracfin, la cellule antiblanchiment de Bercy, qui s’agaçait sur un blog de la lenteur avec laquelle sa direction gérait l’affaire Cahuzac. « Lorsque j’ai reçu ma convocation pour “violation du secret professionnel”, j’ai voulu médiatiser. Pendant des mois, j’ai été absorbé par mon combat, alors que mon amie, le politico-financier c’était pas son univers. » Condamné à deux mois de prison avec sursis, mais sans inscription au casier, il est toujours aux douanes. Il vit mal sa perte d’anonymat et, lors de ses rendez-vous, évite de donner son nom le premier soir de peur que la jeune femme ne rappelle pas.

    « Il faut casser le mythe du lanceur d’alerte assoiffé de média. En réalité, il rêve d’être tranquille chez lui », confirme Daniel Ibanez.
    Bernard ne souhaite d’ailleurs ni que l’on donne son nom de famille ni que l’on s’étende trop sur sa nouvelle vie de libraire, pour préserver sa sérénité retrouvée. Il y a dix ans, directeur financier dans le parapétrolier, il s’était ému auprès de sa hiérarchie du système de contournement de l’impôt de la société. Pressions, intimidations, rumeurs, procès, il a tout subi, et n’a jamais retrouvé de travail dans sa branche.

    Seul, on ne tient pas

    Le seul à regretter son geste est l’ex-commandant de police Philippe Pichon, pourfendeur du fichier de traitement des infractions STIC et de ses données approximatives conservées plus que de raison. Face à la sourde oreille de sa hiérarchie, il se tourne vers la presse. Le site d’information Bakchich réalise un joli coup en publiant, en 2008, les fiches de Johnny Hallyday et Jamel Debbouze, mais le ministère de l’intérieur n’apprécie guère. L’indélicat est mis à la retraite d’office et n’a pu conserver sa maison que grâce à la solidarité familiale. En 2014, le médiateur de la police nationale a plaidé pour sa réintégration. Lui qui rêve « de contact humain », et vivote de missions de conseil juridique, l’attend toujours.

    Un jour, pourtant, les procédures judiciaires s’éteignent et l’ennemi qui a hanté vos nuits disparaît. Foi de Denis Robert, l’homme qui s’est battu dix ans contre la chambre de compensation luxembourgeoise Clearstream. Antoine Deltour ne fut pas le premier à lui demander conseil. Seul, on ne tient pas, confirme Denis Robert. Lui a supporté la quarantaine de procédures initiées dans cinq pays grâce à l’ingéniosité d’une bande de copains qui a tout osé – vendre des tee-shirts, transformer un mauvais vin en cuvée « Denis Robert », organiser un concert à la Cigale – pour payer les plus de 100 000 euros d’honoraires d’avocats.

    Antoine Deltour n’a pas encore cette notoriété mais son comité a déjà récolté 18 000 euros. Après l’émission « Cash investigation » sur les « Panama papers », Stéphanie Gibaud a, elle, reçu 12 000 euros de dons anonymes. En attendant qu’une loi cohérente et adaptée protège les lanceurs d’alerte en France, la société civile soutient comme elle peut ses modèles du moment.

  • Lilia Marsali

    Projet de Master

    Titre de mon projet de Master :

    Djihadistes français ou le rejet de la culture médiatique postcoloniale : déconstruction d’un phénomène minoritaire surmédiatisé dans la presse francophone d’élite.

    Par une absence d’application de solutions politiques internationales radicales en matière de justice internationale en Syrie, le conflit syrien a malheureusement attiré des jeunes français soit d’héritage musulman, soit convertis, de tranches d’âges, d’origines, et de catégories socioprofessionnelles diverses, qui ont par « mécanismes » endossé volontairement le rôle de « défenseurs » des opprimés abandonnés par les grandes puissances mondiales. C’est dans une vision biaisée de « héros » que ces djihadistes français accourent pour sauver ceux-là même qui subissent depuis plus de trois ans les exactions du régime syrien soutenu par des milices internationales avec lesquelles ces « nouveaux héros » de la toile terroriste désiraient rivaliser. Les djihadistes français ont ainsi rejoint facilement le groupe djihadiste armée le plus radical, classé « terroriste », l’Etat Islamique d’Iraq et du Levant nouvellement renommé Etat Islamique, dénommé Da’ech en Syrie et dans la presse francophone, et ce sans avoir réellement réfléchi aux conséquences de leur engagement.
    Les djihadistes français sont de facto majoritairement représentés dans la presse francophone bien qu’ils ne représentent qu’une minorité de la population musulmane en France. Les raisons de cette surmédiatisation viennent en partie des exactions commises par leur groupe radical sur des minorités ethnico religieuses : les chrétiens, les yazidis, les kurdes mais aussi par les enlèvements de journalistes étrangers et des décapitations appliquées comme sentences. Ces djihadistes ont choisi d’exprimer leur colère sous couvert de l’Islam qu’ils maîtrisent peu en général. Ils sont « chaperonnés » par des discours religieux de leur chef Al Baghdâdi autoproclamé « Calife » qui font office de lois. Ces lois que l’on désignerait de réceptacle de colères et d’amertumes certes inspirées de la substance du texte coranique détourné par opportunisme sont l’aboutissement de tout un mélange d’expériences, de frustrations, de mal être et de projections. Paradoxalement cette attention médiatique se fait rare lorsque les exactions sont portées sur des membres de la majorité religieuse en Syrie. Ainsi les djihadistes concentrent l’attention des agences de presse francophone.

    Pourquoi ces jeunes français musulmans minoritaires ont – ils quitté leur pays, sacrifiant leur confort matériel, pour se fondre dans une extrême violence qu’ils n’avaient peut-être pas expérimentée auparavant dans leur environnement en France ? L’empathie, l’identification à un groupe religieux étranger en détresse, l’indignation réelle n’expliquent pas tout. Aussi je souhaiterais explorer les raisons qui les ont conduits à rejoindre spécifiquement un mouvement d’une extrême violence plus dangereux qu’Al Qaeda, à travers une réflexion sur leur comportement sociologique en France et leur degré de conscientisation politique. Tout d’abord en tant qu’acteurs citoyens et ensuite en tant qu’audience passive ou active.

    J’ai pensé à explorer deux cas de figures liés dans les faits. La récupération d’un mouvement contestataire « La Marche pour l’Egalite et les Droits » devenue par stratégie politique « La Marche des Beurs » et la création d’une culture de dépendance via un programme télévisuelle Le Jamel Comedy Club où les stéréotypes battent leur plein, ont endigué toute forme de conscientisation politique dans les banlieues et au-delà après les émeutes en 2005. « La Marche pour l’Egalite et les Droits » fut un premier échec de conscientisation politique et l’échec d’un manque de visibilité d’une minorité religieuse dans l’industrie médiatique française. Etrangement Jamel Debbouze sera en 2013 le personnage principal du film sur « La Marche des Beurs ». L’absence de projets culturels en banlieues autres que le divertissement médiatisé favorisera par conséquent la création d’une culture de dépendance pour catalyser un mouvement social contestataire. En effet, afin d’apaiser ce mouvement contestataire légitime assez violent dans sa forme l’industrie médiatique française a essayé de rendre visible une minorité ethnique en jouant sur les egos, les paillettes, la reconnaissance via le « star system » jusqu’à engendrer un climat malsain de contradiction. En outre « « La Marche des Beurs » et les émeutes en banlieues ont en commun des revendications d’ordre politique et sociale. Cependant l’apparition d’une revendication à caractère religieux du mouvement ouvrier de l’immigration révèlera par la suite d’autres revendications sociétales à caractère religieux dans un espace laïc qui empêche toute forme d’épanouissement privé d’ordre religieux et qui se posera en contradiction avec la représentation médiatique du jeune « Beur » laïc, moitié athée, moitié musulman et des fantasmes créés autour. Laïcs et religieux, « beurs » ou « musulmans », tous deux stigmatisés sont pourtant concernés par les mêmes revendications. Idem pour les émeutes en banlieues : là où le vide laisse s’installer une culture médiatique post coloniale sera la période qui suit les émeutes en banlieues. Ce problème ne sera pas dans le champ médiatique résolu par l’intégration de programme télévisuel de divertissement censé correspondre aux attentes d’une jeunesse contestataire. Bien au contraire il résidera une absence de conscientisation majeure politique en France malgré des foyers d’organisation tels que le MIB englouti par les Indigènes de la République paradoxalement trop médiatisés depuis les émeutes de banlieues cependant lent à s’engager dans la scène politique, et un militantisme associatif actif, complètement ignoré, puis écrasé par un militantisme opportuniste.
    Afin de déconstruire ce phénomène minoritaire de djihadistes pour en extraire les causes réelles de leur passage à l’action à l’étranger, il serait pertinent de travailler sur l’hypothèse d’un rejet d’une culture médiatique post coloniale instaurée à la suite des émeutes des quartiers en France et de mettre en rapport les insatisfactions d’une minorité de citoyens français avec cet ersatz médiatique préfabriqué à la hâte censé catalyser une certaine tranche de la population issue d’une culture populaire ou pas . On pourrait ainsi réfléchir sur les effets et les conséquences d’une mauvaise représentation médiatique de leur groupe ethnico religieux. Aussi, les djihadistes français représentent un phénomène contestataire apolitique minoritaire qui révèle une histoire citoyenne à travers son désengagement total des luttes et du militantisme puisqu’ils s’expatrient brutalement vers un autre environnement. Il serait également intéressant d’explorer les raisons de ce désengagement afin de comprendre sa transfiguration dans un champ de violence, en un état de guerre où tout avenir est incertain. Ainsi, l’approche de cette réflexion empirique s’inscrit dans des démarches de déconstruction d’un phénomène sociologique violent, minoritaire, représenté médiatiquement dans la presse francophone et dans une méthode d’analyse de la critique du discours de la presse francophone. Il serait pertinent de montrer enfin en quoi le paradoxe qui s’impose, à savoir une représentation accrue dans la presse francophone d’élite en tant que djihadistes et une invisibilité médiatique de leur groupe sociologique en tant qu’individu français, est-il la clef de compréhension d’un rejet d’une culture médiatique identifié qui mènerait à une forme de violence.

  • Les fanfictions (Culture Pop’/Rubis sur l’Onde/Radio Prun)
    http://james.at.rezo.net/RSO/Les%20fanfictions.mp3

    « Guillaume marchait en tête. Le front haut et les épaules larges, il menait les Betamax sur le devant de la scène pour emporter le Molière du meilleur spectacle d’humour. Ses compagnons de toujours, William et Romain, le suivaient, hilares, saluant le public de la Maison des Arts et de la Culture de Saint-Herblain qui leur offrait une impressionnante standing ovation. Le trio savourait ce témoignage de reconnaissance de leurs aînés qui applaudissaient bruyamment, sauf Jamel Debbouze, évidement. »

    – « Mais qu’est-ce que tu racontes, James ?
    – Oh, c’est rien, juste une #fanfiction.
    – Quoi ? Comment ? Une fanfiction ? Mais qu’est-ce que c’est ? »

    Une fanfiction, c’est un récit écrit par des amateurs qui prolonge, cherche à améliorer ou même transforme totalement un produit médiatique qu’ils affectionnent, qu’il s’agisse d’un roman, d’un manga, d’une série télévisée, d’un film, d’un jeu vidéo ou encore d’une célébrité.

    Autrement dit, de manière moins wikipédienne, on va supposer qu’une personne, ça peut être n’importe qui, a envie d’écrire. Cette personne, elle a lu une histoire qui lui a plu, ou bien elle a vu un film qu’elle a trouvé génial. Elle pourrait même trouver un artiste complètement fantastique, par exemple. Ça l’a suffisamment enthousiasmé pour qu’elle décide de coucher ses propres idées sur le papier. Un déclic va donc la pousser à réinventer l’histoire d’un personnage, se mettre en scène avec celui-ci, dans l’univers fictif ou très pailleté de son héros. Elle va faire cela sans demander à personne, pas plus à l’auteur originel qu’à une maison d’édition. Non. Elle va mettre elle-même en forme la suite de l’histoire, une autre fin, voire un autre début, peu importe. Et puis, si elle est assez fière du résultat, elle le fera connaître en cherchant à publier ce qu’on appellera donc, une fanfiction.

    J’en étais où ? Ah oui !

    « … leurs aînés qui applaudissaient bruyamment, sauf Jamel Debbouze, évidement. » OK…

    « Quand tout à coup, au lieu d’entamer le traditionnel discours avec liste de personnes à remercier, Guillaume glissa élégamment vers le piano qui trainait là, et après quelques notes, se mit à chanter la moustache d’Hitler, repris en coeur par ces deux types qui trainaient sur la scène et dont les noms m’échappent... Les sifflements remplacèrent aussitôt les applaudissements, sauf ceux de Jamel Debbouze, évidement… »

    C’est pas breveté, mais c’est tout comme. On attribue aux fans américains de la série télévisée de la fin des 60’s Star-Trek, l’origine de cette pratique. À la même époque, les japonais en faisaient autant en produisant des dojinshi, à savoir, des recueils de dessins et de texte réalisés par des amateurs de manga. Comme se sont des américains qui ont formalisé et institutionnalisé une pratique qui, j’en mets ma main au feu, avait cours avant Star-Trek sans la moindre réglementation, ils s’en attribuent la paternité, mais on a l’habitude. Passons. Ce qu’il est utile de savoir, c’est que c’est un terme usurpé aux amateurs de science-fiction qui, laissant le terme science-fiction au auteurs professionnels, inventent le terme fanfiction, texte purement inventif compilés dans des anthologies fabriquées artisanalement et distribués dans des conventions de SF sous le nom de fanzine. Ce sont des jeux de mots, quoi. Nous ne sommes qu’au milieu des 70’s et déjà, les mordus de SF, fans en tout genre et principalement de Star-Trek lâchent peu à peu l’envoi par la poste et la diffusion de la main à la main pour les listes de diffusion (les courriels) puis Usenet. Nous voilà au début des 80’s.
    Dans les 90’s, deux phénomènes mondiaux nous tombent dessus coup sur coup : Le Web et Harry Potter. 1998 marque la naissance du site fanfiction.net qui devient rapidement le plus gros, et par voie de conséquence, la référence en matière de fanfiction. Tous les fandoms sont représentés, la fanbase est impressionnante. On y parle de tout, sauf de fanes de radis…
    Quelques chiffres à fin 2012 : 5 millions de récits archivés. Les trois-quarts pour les seules séries télé, livres, manga. Les jeux vidéos sont très loin derrière, les films et les BD ne sont que des anecdotes. Plus de 3 millions d’inscrits, 7500 fandoms. Harry Potter est le numéro 1 des héros fanfictionné, suivi de Naruto et de l’univers Twillight avec plus d’1 million de récits à eux trois, ce qui représente plus de 50 % de toutes les histoires inspirées par un livre…
    Je suis en verve, je vous livre cette petite information que vous connaissez peut-être déjà :
    Une britannique écrit un jour une fanfiction très coquine dans l’univers de Twillight. Mais alors, quand je dis coquine, attention, c’était de la relation sadomasochiste, du très très chaud entre Bella, mineure à l’époque des faits, et Edward qui n’avait pas les mains d’argent mais plutôt baladeuses. Eh bien, elle est allée trop loin, elle a été obligée de retirer sa fanfiction parce que ça ne respectait plus le souhait de l’auteure qui voulait bien qu’on écrive des fantaisies sur ses personnages mais pas de cul s’il vous plait. La fan s’exécute et comme son texte a quand même vachement plu, elle change le nom des personnages et revient à un contexte réaliste. Adieu les vampires et les loups-garou. Bonjour Monsieur Grey et vos 50 nuances... E.L. James vendra 3 bouquins et des droits pour des adaptations cinématographiques. Ça marche plutôt bien pour elle, peut-être même mieux que pour Stepheny Meyer…

    En conclusion, et comme ma fille écoute, et qu’elle écrit, elle aussi, une fanfiction sur son groupe pop favori, je commencerai par admettre que je n’ai pas lu les 5 millions de récits de fanfiction.net ni ceux qu’on peut trouver ailleurs, sur Facebook, par exemple… Pour me documenter, j’ai pioché au hasard, en suivant les appréciations des lecteurs, mes propres goûts, et ou le contraire, pour lire de tout. Il y a beaucoup de merdes. Il y en a même qui se vendent, c’est dire. Mais il y a aussi des pépites, des bijoux, de l’émulation entre participants, des mélanges de genre très étonnant, plaisant, incongrus, ça n’a pour limite que celle de l’imagination. Je trouve cependant que l’étude du sujet est plus passionnante que la lecture des récits eux-mêmes. Mais franchement, mon avis pèse bien peu face au 3 millions de fanfiqueurs de fanfiction.net.

    Je me réjouis toujours quand face à l’industrie des médias de masse qui nous sert une soupe culturelle qui n’a pas tous les jours un goût très raffiné, des gens s’approprient une pratique, des mythologies, pour en faire ce qu’ils veulent sans attendre le brouet du lendemain. Aucune armée de scénaristes professionnels, leurs plumes fussent-elle les mieux aiguisées du monde, ne peut rivaliser avec cette envie partagée par des millions d’auteurs bénévoles de remplir le monde d’histoires sans cesse renouvelées.

    Alors ma fille chérie, continue d’écrire ! Auteurs de fanfiction qui m’écoutez, ne lâchez rien, ce monde vous appartient !

    #audio #son #shameless_autopromo