person:james baldwin

  • « Whiteness studies » : il était une fois les Blancs…

    L’historienne américaine Nell Irvin Painter publie une ambitieuse « Histoire des Blancs », qui montre que l’humanité s’est bien longtemps passée du concept de « races ». Née en Europe au XVIIIe siècle, l’idée de la supériorité des « Caucasiens » jouera un rôle central dans la construction de l’identité américaine.

    « Whiteness studies » : il était une fois les Blancs raconte que l’idée d’écrire une Histoire des Blancs lui est venue en lisant le New York Times, chez elle, à Princeton. Une photo montrait Grozny, la capitale tchétchène, rasée par les Russes. « Une question m’est alors venue : pourquoi appelle-t-on les Blancs américains les "Caucasiens" ? Ça n’a aucun sens. Autour de moi personne n’avait de réponse. Tous me disaient s’être déjà posé la question sans jamais oser demander… Un non-dit. » On est en 2000 et Nell Irvin Painter, historienne afroaméricaine jusqu’alors spécialisée dans l’histoire des Etats-Unis, se lance dans une longue recherche qui s’achèvera dix ans plus tard avec la parution, outre-Atlantique, de son livre The History of White People . Il vient d’être traduit et paraît ces jours-ci en France, aux éditions Max Milo.

    « La plus belle race d’hommes, la géorgienne »

    Sa quête la mène d’abord à Göttingen, en Allemagne, sur les traces du médecin Johann Friedrich Blumenbach (1752-1840), l’inventeur de la notion de « race caucasienne ». Ses caractéristiques : « La couleur blanche, les joues rosées, les cheveux bruns ou blonds, la tête presque sphérique », écrit le savant dans De l’unité du genre humain et de ses variétés . L’homme classe dans cette catégorie « tous les Européens, à l’exception des Lapons et des Finnois », et l’étend aux habitants du Gange et de l’Afrique du Nord. « J’ai donné à cette variété le nom du mont Caucase, parce que c’est dans son voisinage que se trouve la plus belle race d’hommes, la géorgienne », conclut Blumenbach.

    Nell Irvin Painter poursuit ensuite le fil de ses recherches en France, dans les salons de Mme de Stael qui publie en 1810 un livre à succès, De l’Allemagne . L’ouvrage popularise en France la manie qu’ont les savants allemands (ils ne seront bientôt plus les seuls) à classer les Européens entre différentes « races ». Mme de Stael en voit trois : la latine, la germanique et la slave. L’enquête de Painter la porte encore vers l’Angleterre de l’écrivain Thomas Carlyle, dont la théorie de la « race saxonne » traversera l’Atlantique et exerça une grande influence sur le poète et philosophe américain Emerson (1803-1882). Celui-ci, père de la philosophie américaine, abolitionniste convaincu, est aussi l’un de ceux qui a lié pour longtemps la figure de « l’Américain idéal » à celui de l’Anglais, parangon de beauté et de virilité. Son idéologie « anglo-saxoniste » marquera, selon Nell Irvin Painter, la conception de la « blanchité » américaine jusqu’au XXe siècle.

    Car pour le reste, l’histoire que retrace Nell Irvin Painter dans son livre est bien celle des Blancs d’Amérique. « Painter montre la construction endémique, aux Etats-Unis, de la question raciale, analyse l’historienne Sylvie Laurent, qui a coordonné le livre De quelle couleur sont les Blancs ? (La Découverte, 2013). Dès la fondation des Etats-Unis, les Américains se sont construits comme une nation blanche. Sa généalogie de la "race blanche" est un travail passionnant, même s’il n’est pas transposable à la situation française. »

    En France, parler de « Blancs » (plus encore qu’évoquer les « Noirs ») reste très polémique. Notamment parce que parler de « race » (une notion construite de toutes pièces et qui n’a rien de biologique), comme de couleur de peau, pourrait finir par leur donner une réalité qu’elles n’ont pas. Sans doute aussi parce qu’il est difficile pour un groupe majoritaire, les personnes perçues comme blanches, d’accepter qu’elles bénéficient de privilèges sans même s’en rendre compte… Les récents passages de Nell Irvin Painter à la radio ou à la télévision ont suscité des mails outrés d’auditeurs. « C’est touchant, ironise l’historienne américaine, lors d’un passage à Paris. Mais cette crispation face à ces questions passera. » Déjà, des chercheurs, comme Maxime Cervulle à l’université Paris-VIII, revendique la notion émergente de « blanchité » : « Alors que le terme "blancheur" renvoie à une simple propriété chromatique, parler de blanchité, c’est parler de la façon dont le fait de se dire ou d’être perçu comme blanc a été investi d’un rapport de pouvoir : l’idéologie raciste qui continue d’associer la blancheur de la peau à la pureté, la neutralité ou l’universalité. »

    « La question raciale, indissociable de la question sociale »

    Aux Etats-Unis, les whiteness studies se sont développées dès les années 80 et 90. Des départements d’université ou des maisons d’édition y sont consacrés. « Les années Reagan ont accouché de ce nouveau champ d’études, explique l’historien Pap Ndiaye, spécialiste des Etats-Unis et auteur de la Condition noire (Calmann-Lévy, 2008). Reagan s’est fait le porte-parole des Blancs "abandonnés" par le Parti démocrate… Un discours qu’on retrouve aujourd’hui avec Trump. Des historiens ont voulu étudier ce backlash conservateur. » L’historien David Roediger est l’un des premiers à travailler sur l’invention de la « race » blanche. En 1991, il publie The Wages of Whiteness . « Il a montré que la blanchité n’était pas un universel fixe et sans histoire. Et qu’on pouvait donc faire l’histoire des Blancs », note Pap Ndiaye. Roediger, marqué par le marxisme, relit la culture ouvrière au prisme de la « race ». « La question raciale est indissociable de la question sociale, confirme Pap Ndiaye. Les immigrés italiens aux Etats-unis ont été animalisés et victimes d’un racisme incroyable. Ils ne se sont "blanchis" qu’au fil de leur ascension sociale. Quand on est tout en bas de l’échelle, on n’est jamais totalement blanc. Les hiérarchies de races sont aussi des hiérarchies de classes. » Au fil des années, les whiteness studies ont diversifié leur approche s’ouvrant largement à la dimension du genre, et dépassant les frontières américaines pour tenter d’écrire une histoire transnationale des « races ».

    Pourtant, selon l’américaniste Sylvie Laurent, « les recherches sont sans doute aujourd’hui plus stimulantes parmi les working class studies ou les gender studies, que dans les départements de whiteness studies des universités ». « Au fond, dit-elle aussi, les chercheurs des whiteness studies se sont toujours appuyés sur les grands penseurs noirs, ceux qui ont été exclus du groupe des Blancs : le sociologue et militant pour les droits civiques W.E.B. DuBois (1868-1963) ou James Baldwin, qui a été un grand théoricien du "pourquoi les Blancs se pensent blancs". Aujourd’hui encore, ce n’est pas un hasard si cette vaste Histoire des Blancs est écrite par une femme noire, Nell Irvin Painter. »

    « Embrasser une histoire beaucoup plus large »

    Née en 1942, celle-ci a été parmi les premières femmes noires a devenir professeure d’histoire dans les facs américaines - elle a enseigné à Princeton. Elle a consacré un livre à la migration de Noirs vers le Kansas après la guerre de Sécession et a écrit une biographie reconnue de la féministe et abolitionniste Sojourner Truth. « Cette Histoire des Blancs je l’ai écrite en tant qu’historienne, pas en tant qu’afroaméricaine. Je suis noire, c’est un fait, mais "it’s not my job" », prévient-elle. Painter n’est pas issue des départements de whiteness studies et revendique un regard différent de celui de la plupart de ses collègues. « A travers leurs recherches, ils ont retracé leur généalogie : leurs grands-pères étaient juifs d’Europe de l’Est ou italiens… Ils commencent donc leur histoire des Blancs à la fin du XIXe siècle, le moment où leurs aïeux ont débarqué du bateau. Je voulais au contraire embrasser une histoire beaucoup plus large. »

    A tel point que Nell Irvin Painter fait démarrer son livre… dans l’Antiquité. Manière de démontrer à quel point le concept de « race » est récent. « Contrairement à ce que croient des gens très éduqués encore aujourd’hui, les Anciens ne pensaient pas en terme de race », insiste Nell Irvin Painter. Les Grecs distinguaient les hommes en fonction de leur lieu d’origine ou du climat de leur région. Les Romains pensaient en terme de degrés de civilisation. Les Blancs ne sont donc pas les illustres et exclusifs descendants des démocrates grecs. « C’est le XIXe siècle qui a "racialisé" l’Antiquité, précise l’historienne. Des historiens de l’art, comme Johann Joachim Winckelmann notamment, s’en sont servis pour glorifier les Européens blancs, cette fois dans une perspective esthétique : "Nous n’avons pas seulement le génie de gouverner les autres, nous avons également toujours été les plus beaux." Un tableau exposé au Boston Museum représente ainsi des Grecs beaux et blonds, dont même les montures sont blondes ! »

    L’humanité a donc passé le plus clair de son temps à se passer des « races ». « Celles-ci sont nées au XVIIIe siècle dans les travaux de savants qui cataloguaient le monde entier : les plantes, les oiseaux, les rochers, les abeilles… et bientôt les êtres humains, dit encore l’historienne Nell Irvin Painter. Leur visée n’était pas raciste, mais chauviniste plutôt. Ethnocentriste. »

    Il est une autre idée - fausse - qui a pour longtemps suggéré une différence d’essence entre les Blancs et les Noirs, « creusant définitivement un abîme entre eux », écrit Painter. Etre noir, ce serait avoir été esclave ; être blanc, serait donc ne jamais l’avoir été. Or des Blancs, rappelle-t-elle, furent longtemps esclaves ou serfs : les Vikings ont massivement déplacé les peuples européens, et au XIe siècle, au moins un dixième de la population britannique a été réduit en esclavage. « P artout où il y a des gens pauvres, il y a de l’esclavage. Si nous le relions aujourd’hui aux Noirs, c’est parce que la traite africaine a coïncidé avec le moment où ont émergé les théories racialistes. Avant, il n’y avait pas le "langage racial" pour "légitimer" ce phénomène. C’est important de le dire : cela montre que l’esclavage n’est pas un problème racial, c’est un problème de droits humains. »

    « Discours embrouillés et changeants »

    Dernière idée que cette Histoire des Blancs met en charpie : il n’y a jamais eu une « race » blanche bien définie. Construction sociale et imaginaire comme toutes les races, la « blanchité » n’a jamais été stable, mais au contraire le fruit de « discours embrouillés et changeants », explique Nell Irvin Painter. Au XIXe siècle, les Saxons étaient censés être des Blancs supérieurs aux Celtes (ce qui expliquera en partie le racisme des Américains descendants des Anglais envers les Irlandais). « L’histoire des Blancs américains n’a pas de sens si on ne parle pas des vagues successives d’immigration aux Etats-Unis. » Progressivement, les Irlandais, les Italiens, les Juifs d’Europe de l’Est, les Grecs… intégreront et construiront l’identité américaine. C’est ce que Painter appelle les « élargissements » successifs de la figure de « l’Américain ». L’ère Obama, en est la dernière étape. « Qu’on ait la peau noire ou brune, pourvu qu’on soit riche, puissant ou beau, on a désormais accès aux atouts et privilèges de la blanchité », conclut Nell Irvin Painter.

    L’élection de Trump a représenté un point de bascule pour l’identité blanche, estime encore l’historienne : « Avant Trump, les Blancs se considéraient comme des individus. Les "races", les "communautés", c’était les autres : les Noirs, les Mexicains… Mais pendant sa campagne, le slogan "Make America great again" a été clairement entendu comme "Make America white again". Et les Blancs, même ceux qui n’étaient pas des suprémacistes, se sont découverts blancs. »

    Au fil de ses recherches, Painter a trouvé, bien sûr, l’origine du mot « caucasien ». Dans son cabinet d’anthropologue, Johann Friedrich Blumenbach, le savant de Göttingen, conservait des crânes. Il estimait que le plus « parfait » d’entre eux était celui d’une jeune fille géorgienne, une « caucasienne », qui fut violée et mourut d’une maladie vénérienne. Le terme « caucasien », qui devait devenir au fil des siècles le mot de ralliement de « Blancs » qui, dans le monde entier, se sentiront supérieurs, venait en fait d’une petite esclave sexuelle.

    Sonya Faure

    https://www.liberation.fr/debats/2019/02/24/whiteness-studies-il-etait-une-fois-les-blancs_1711379

  • After #Ara_Güler: Capturing the Feeling of Loss in Modernizing #Istanbul

    Ara Güler, the world famous photographer born in 1928 in Istanbul passed away on the October 17, 2018. His remarkable career encompassed photographs from around the world, portraits and interviews of politicians and celebrities such as Pablo Picasso, Salvador Dali, Winston Churchill, Alfred Hitchcock, John Berger, Bertrand Russell, James Baldwin and many more. Güler was an example of a cosmopolitan artist who was integrated into transnational networks of artists, while being simultaneously rooted in his hometown of Istanbul. He had a site-specific presence in “his” district of the city, Beyoğlu, one of Istanbul’s most cosmopolitan neighborhoods that for centuries has been a diverse melting pot of the different communities that lived across the Ottoman Empire, including Armenians like Güler.

    Historian Edhem Eldem defines the “embedded cosmopolitanism” in Beyoğlu in the 19th century as consisting not only of the mere juxtaposition of diverse actors, but by a cosmopolitan cultural milieu that in turn transformed them as well. Besides visually documenting the district, Güler also was an integral component of its cosmopolitan culture, with his studio and archive, situated in the heart of Beyoğlu, on Istiklal Street. Next to it, there is Ara Café named after him, a café frequented by artists, students, expats, and intellectuals where you could see Ara Güler himself very often before his passing.

    Among the variety of his photographic work, Güler is mostly associated with his city Istanbul, and was even given the nickname “The Eye of Istanbul”. Meticulously documenting this city marked by mind blowing transformation, he left a heritage of visual urban memory. This article aims to explore Ara Güler’s photographic work as a visual guide to comprehending Istanbul’s journey of modernization and urbanization in the 20th century.

    Our focus is Güler’s portrayal of Istanbul in black and white in 1950s and 1960s, where Istanbul appears as a metropole “in progress”, or under construction. As described by the sociologist Nilüfer Göle, in the context of non-Western countries modernization, involves a cultural shift, a process of changing habitus, aesthetic norms, values, and lifestyles in the public sphere. The economic development of the country goes along with this social and cultural transformation. In 1950s and 60s Turkey, the construction of highways and railways connected the national periphery to the center. Istanbul received a mass wave of migration and expanded with slums during this improvised, unplanned urbanization process. The city became the scene where center and periphery, modern and traditional lifestyles encountered, confronted, and transformed one another and found ways to coexist. Urban poverty became an issue with this contrast becoming more and more visible in the city.

    My Prostitute Love (Vesikalı Yarim (1968)), the cult movie directed by Ömer Lütfi Akad, depicts the emerging social issues of 1960s Istanbul through the lens of a poetic and impossible love story between a greengrocer and an escort. In this movie influenced by French and Italian new wave, Istanbul is not a simple background, but the protagonist of the movie, a transforming urban space making Halil and Sabiha’s encounter possible. Halil is a simple man, married to a traditionally veiled “village” woman subordinate to him and the mother of his children. He is dragged out of his neighbourhood to a casino in Beyoğlu by his friends and discovers the neighborhood’s emerging nocturnal scene, where women drink with men, a new type of socialization. There he sees Sabiha, a blond escort with heavy makeup, smoking and drinking. He falls immediately in love with this feminine and modern looking woman from beyond his world. He starts to drink, frequenting the nocturnal scene of Beyoğlu and detaching himself from his family. The impossibility of their love not only comes from their different moral values, but also them living in different spatialities and temporalities in the same city. These different temporalities are powerfully exposed by Güler in his photography.

    Güler starts from the micro level, photographing people in their small routines: working, smoking, having a cup of tea, coffee, or an alcoholic drink. These people can be defined as the urban poor, not synchronized with the rapid urban growth and the modern ideal of progress. They are portrayed in the public sphere rather than in the intimacy of their private sphere. Their eyes, facial expressions, hands, and postures incarnates their poverty, highlighting modes of being that contrast sharply with the Westernizing public sphere they have entered. An emotional relation is established between people and the space they inhabit by enacting the space in the body and the body in the public sphere, hence humanizing the city and spatially contextualizing the people. As Jacques Lecoq announces in his pedagogy of movement in theater, only the body engaged in the work can feel, and thus reflect the evidence of the space. Güler’s urban poor portrayed in their work express the social reality with their bodies.

    The relation between human body and urban space is particularly staged in work and places of leisure. Güler often portrayed professionals; workers, repair men, shopkeepers, fishermen, bargemen, boatmen, etc. as they worked. These are craftsmen, working with their hands and heads before these two were separated by modernity and the mechanization of labor. Craftsmanship is based on the impulse of doing a work well, developing a skill through training and practice. Physical acts of repetition and practice develop skill from within and reconfigure the material world through a slow process of metamorphosis.

    Richard Sennett distinguishes the singularity of craftsmen’s work places, workshops, as productive and autonomous spaces reproducing a hands-on transmission of knowledge from generation to generation. These spaces are not products of spontaneous, mindless occurrence. Craftsmen observe and experiment with tools in relation to their own bodies. Workshops have always glued people together through work rituals consisting on transmission of knowledge by personal contact. Most of these professions don’t exist anymore or were transformed with machines replacing handwork. The work loses its centrality on the organization of daily life and public time. Güler thus becomes a pioneer by constituting a visual source of modernization process.

    People are also photographed in coffee shops and old fashioned bars where they socialize. Coffee shops have a particular significance in Istanbul’s urban culture, as they emerged as alternative public spheres to mosques in the 16th century. Coffee houses became popular by offering a venue for social occasions including leisure and political dialogue between men in the Ottoman world, thus creating a public culture, as noted by the historian Cemal Kafadar. As gender-mixed modern coffee houses gained popularity, traditional kahvehane became considered places of unproductive time pass activity. These alternative spaces, in turn, become a shelter for men alienated from the emerging modern public sphere and lifestyles. Güler’s men in coffee houses are “waiting”, as the opposite of circulating or producing that increasingly characterized the fast rhythm of the modern city.

    In the absence of plans in the present and for the deferred future, a temporal slowing manifests itself. Hence, it points out to a suspension referring to the interruption of social ties, the feeling of being cut-off, a sense of disbelonging, being removed from the context, being out of place, a sense of invisibility, immobility and arbitrariness. These traits resonate with people waiting in the photographs, who seem slightly erased, detached from the space and time surrounding them. Güler’s choice of décor, the Ottoman ruins, emphasizes this detachment by fixing our regard on the remains of the past embodied in the present and the obsolete corners of the city, not “illuminated” yet by the city lights.

    Perhaps this is the very reason why Güler’s Istanbul appears as the visual reflection of the Nobel winning author Orhan Pamuk‘s description of the grayscale Istanbul, marked by the feeling of hüzün. Comparable to Baudelaire’s description of Paris Spleen, hüzün is a feeling of melancholia, nostalgia and loss in a multilayered city where multiple spatialities and temporalities are superposed. Guler’s photography reflects this singularity of Istanbul, its vibe and the ambiance experienced when wandering in the city. Given that urban heritage is never patrimonialized and the events of the imperial and republican past haven’t been confronted, they haunt city’s present.

    An incarnation of this feeling can be traced in Pamuk’s novel A Strangeness in My Mind. Mevlüt, the protagonist, could perfectly fit in one of Güler’s photographs as a craftsman, selling boza (a wheat based traditional drink) and wandering the streets of Istanbul. While Mevlüt strolls in the city, the layers of past and the transforming present unfold before him. We observe the development of Istanbul from 1950s from the eyes of Mevlüt, who migrates to Istanbul and becomes a slum dweller, gradually alienated from the city and becoming rapidly outdated. Another person who shares the same fate is the lottery seller in a documentary on Narmanlı Han. He sits in the courtyard of the building that had been one of Istiklal Street’s key buildings until its unfaithful restoration, talking about the past: “We would sit here, we would walk around, we would come back to sit again…” The expression otururduk (we would sit) is repeated many times, showing the repetitive rhythm of the now out-of-time sociability.

    Ara Güler might be referred as a Proustian in search of lost time, however his madeleine would be persons; the urban poor in the streets of Istanbul. His quest to seize what is being lost is not an interior process of romanticization, but comes from the external world. He always insisted that he is not an artist who proposes an interpretation of reality, but a visual archivist who documents life as it exists. In his photographs, it is the people who craft the urban sphere by sitting, waiting, settling, investing, appropriating it. Güler composes the cityscape of Istanbul by parting from the margins to join the center, the core of the city. This composition identifies the singularity of Istanbul, hüzün, a feeling of loss of firm ground, a loss of an emotional root, which opens up a wide range of emotions and experiences.

    https://ajammc.com/2018/11/26/after-ara-guler-modernizing-istanbul

    #Turquie #photographie #histoire
    ping @philippe_de_jonckheere

  • James Baldwin, le pendulaire transatlantique - rts.ch - Livres

    https://www.rts.ch/info/culture/livres/9925461-james-baldwin-le-pendulaire-transatlantique.html

    @isskein quand tu trouves ces pépites, surtout ne te prive pas de les référencer sur un réseau sérieux (genre seenthis par exemple...) :)

    James Baldwin, le pendulaire transatlantique

    Introduction

    L’écrivain, essayiste, poète et journaliste James Baldwin (1924-1987) a bâti, à partir de son statut de « negro », entre les Etats-Unis et la France, en passant par la Suisse, une oeuvre qui transcende les haines raciales, les frontières de genre et les a priori politiques.

  • Poétique politique, une histoire des chansons de luttes francophones.

    Pendant une semaine, Rocé explique sa recherche de plusieurs années sur l’histoire des musiques de luttes francophones, par les damnés elleux-mêmes, les colonisés, les ouvriers. Avec pas mal de femmes aussi dedans. Une redécouverte de slam et spoken word en français, depuis longtemps avant que le rap n’arrive de ce côté de l’océan. C’est un énorme projet ! Qui sort en septembre.

    Rocé, aux origines de la recherche
    http://nova.fr/podcast/nova-stories/roce-aux-origines-de-la-recherche

    (Je ne sais pas comment trouver les mp3 de l’émission comme sur radio france depuis les RSS ping @intempestive)

    Le rappeur Rocé livre les coulisses de son projet Par les damnés de la terre, qui va faire l’objet d’une compilation à la rentrée de septembre. Une recherche de plusieurs années, de rencontres de hasard en flair attentif, il est parti à l’origine du spoken word à la française, via les « chansons de luttes » depuis la fin des années 1960. On part dans le XIXe arrondissement de Paris, au Cameroun, au Burkina, à Haïti, à New York... « C’est important de réunir avec cohérence cette énergie du passé si présent dans nos quotidiens, ces voix qui résonnent aujourd’hui dans le rap et ailleurs, les voix des vaincus, des subalternes, des damnés de la terre », nous dit Rocé.

    Des morceaux qui servaient pour les luttes sociales ou anticoloniales. Une quête subjective, qui l’a mené de rencontres en rencontres. Selon lui, on trouve là une des sources d’un spoken word francophone, qui a nourri plus ou moins directement le slam et le hip-hop français. Comme une branche de l’arbre pas encore totalement découverte.

    2ème : L’esthétique et la politique
    http://nova.fr/podcast/nova-stories/lesthetique-et-la-politique

    Parti du free jazz, conseillé par un ami disquaire, mais passé aussi par un underground sans œillère et l’écoute de francs-tireurs multiples, le projet de Rocé se nourrit de multiples racines. Ce qui lui parle : le mélange d’une teneur politique, mais esthétique forte : funk, blues... « Je cherche les Last poets à la française », dit Rocé. « Le proto-rap, le rap avant le rap ». La playlist du jour va de Francis Bebey aux chants de luttes sociales de la Régie Renault à la fin des années 1960.

    3ème : Un nom en entraîne un autre
    http://nova.fr/podcast/nova-stories/un-nom-en-entraine-un-autre

    En partant d’une pochette de disque, Rocé trouve des noms de labels, puis des figures comme François Tusques, pièce maîtresse du free jazz français, et enfin des noms qui restent clandestins et compliqués à trouver. À l’écoute, notamment : « Déménagement », par Salah Sadaoui, « Le Mal du pays », par Manno Charlemagne...

    4ème : Dane Belany, l’aventure américaine
    http://nova.fr/podcast/nova-stories/dane-belany-laventure-americaine

    Le projet a permis à Rocé de retrouver des artistes oubliés. Dane Belany en faire partie. Chanteuse noire d’origine turque et sénégalaise, qui chantait dans les cabarets de Pigalle, elle côtoyait du beau monde parisien, avant de partir à New York. Là-bas elle a rencontré Thelonious Monk, Miles Davis, croisé James Baldwin. Une maladie lui fait perdre sa voix. Elle s’est mise à clamer des textes en français, de David Diop, Aimé Césaire... Ce qui donne un disque dédicacé à Frantz Fanon. Rocé l’a retrouvée...

    5ème : Un chapitre africain
    http://nova.fr/podcast/nova-stories/un-chapitre-africain

    On termine cette Nova Story par un zoom sur la partie africaine des recherches de Rocé. Qui commence par un morceau d’Abdoulaye Cissé, figure de la musique burkinabè, mandaté par le président Thomas Sankara, créateur à sa demande de deux groupes : Les chanteurs au poing levé et Les Colombes de la Révolution. Rocé retrouve Abdoulaye Cissé, qui l’aide aujourd’hui dans ses travaux.

    #musique #Rocé #Histoire #luttes_sociales #damnés_de_la_terre #colonisation #chanson #spoken_word #slam #radio #audio #Radio_Nova #historicisation

    et cc @intempestive @sinehebdo @mad_meg @odilon @touti

    • les urls sont des redirections du proxy google, il faut donc cliquer sur celles que tu as données pour les retrouver ! (ce qui permet à google d’enregistrer qui va écouter quoi avant de te laisser l’accès)

    • L’album arrive ! Premier extrait ! (et on peut le commander)
      https://horscadres.bandcamp.com/album/par-les-damn-e-s-de-la-terre

      Je fais partie de cette génération qui a vu naître le rap français, et avec lui l’énorme engouement pour cette musique des enfants de la deuxième et troisième génération d’immigrés. J’ai voulu creuser au-delà du rap, fouiller les artistes de la langue française qui véhiculent la poésie de l’urgence, la poésie à fleur de peau, engagée malgré elle parce que le contexte ne lui donne pas le choix. La poésie des « damné.e.s de la terre ». Dans l’ombre des chanteurs à texte médiatisés existent des femmes et des hommes devenus artistes juste le temps d’un disque.
      Inutile de chercher dans ce recueil le morceau « exotique et funky », extrait du folklore destiné à la métropole. Rythmes et textes sont vêtus de leur propre « blues » dur et sincère. La langue française réunit des régions du monde qui portent des fardeaux communs. Géopolitique et sentiments se mêlent. Les paroles des anciens résonnent jusque dans les oreilles des enfants d’aujourd’hui, ceux des diasporas. Un bon nombre des artistes présent.e.s dans ce recueil n’a pas eu la chance de croiser son public à l’époque, je pense que le contexte actuel des migrations et des questionnements identitaires donnera une résonance toute particulière à ces textes et à ces musiques.

      Deux historiens, Naïma Yahi et Amzat Boukari-Yabara, écrivent le livret du disque, ils décrivent les contextes de l’époque et des pays dont proviennent les morceaux.

      Ce projet, musical et de patrimoine, répond à un besoin : (re)donner la voix aux nouvelles générations qui évoluent en France avec une absence d’identification, un oubli de l’histoire de leurs parents dans le paysage politique et culturel qu’elles traversent en grandissant. Il écrit une autre histoire de la musique en français. A la jonction des luttes de libération des pays d’origines, des luttes ouvrières, des exils, il cristallise une époque où les luttes bâtissaient des fraternités, des affirmations, de la dignité, des liens entre les peuples opprimés et des convergences que l’Histoire des livres scolaires ne dit pas. Il est important à mes yeux de transmettre ces moments de tous les possibles afin d’en imprégner la morosité dans laquelle grandissent les nouvelles générations.

      Les enfants des diasporas et ceux des travailleur.euse.s ouvrier.ère.s ont besoin d’avoir des espaces de transmission de l’histoire de leurs parents. Ces parents qui ont sacrifié des années dans des luttes ou dans l’exil et qui ont choisi pour leurs enfants une intégration dans la discrétion et pointée vers un futur sans le poids d’une lourde mémoire. Le passé ne se transmet pas facilement lorsqu’il est emprunt de tabous et qu’on pense ses enfants libres, sauvés, car nés en France. Mais les combats de nos aînés, à la vue des luttes actuelles, sont précieux et utiles. Le présent se débrouille mieux lorsqu’il a de la mémoire.

      Ce disque est donc un constat, un bout de mémoire qui montre que le champ des possibles était ouvert un court moment, avant d’être refermé, nous plongeant dans l’individualisme, le court terme, l’absence de projets de société. L’absence des ces histoires dans l’Histoire nous prive de l’espoir, des notions de fraternité, de résistance, de modes d’emplois d’autodéfense. L’époque actuelle nous impose ses fictions dystopiques, des histoires d’échecs et d’impasses.

      Le sillon fossilisé dans le disque m’a permis de découvrir des artistes et intellectuels qui ont transmis des solutions multiples. On connaît trop peu le personnage de Frantz Fanon, ce Martiniquais qui a épousé la cause algérienne, on connaît trop peu le grand Franklin Boukaka, artiste congolais qui rend hommage dans une chanson à Mehdi Ben Barka, homme politique marocain. Il a existé un soutien entre étudiants guadeloupéens pour l’indépendance de la Guadeloupe et un militant corse du FLNC qui a décidé d’héberger sur son label leur musique.
      Nous pouvons être tous d’accord, ça ne sert à rien s’il n’y a pas de projet commun. Je ne sais pas comment sera demain, ce que je sais c’est qu’avec la mémoire nous pouvons additionner la force et l’union des peuples d’hier aux diasporas et subalternes d’aujourd’hui. Nous placer au centre de l’histoire que l’on nous conte afin de rompre avec la logique impérialiste.


      « Voir ce qui n’avait pas lieu d’être vu, faire entendre comme discours ce qui n’était entendu que comme un bruit. » Jacques Rancière

      Rocé

    • Yes ! et vendredi 2 novembre, à l’occasion de la sortie du projet tant attendu, grand entretien avec Rocé sur www.jefklak.org ! Le livret, le projet et les sons/chansons sont plus qu’indispensables !

    • Pour celles et ceux qui ont aimé Par les damné·es de la terre collecté par monsieur @Roce, on pourra continuer le chemin avec

      MOBILISATION GENERALE/ Protest and Spirit Jazz from France 1970-1976

      Commande & écoute ici : http://www.bornbadrecords.net/releases/bb057-va-mobilisation-generale-protest-and-spirit-jazz-from-france-1

      1968. France société anonyme. L’incendie est déclaré et tout l’immeuble est entrain de s’effondrer. On ne sauvera rien. Des décombres du vieux monde les enfants de Marx et de Coca Cola surgissent pour arracher le bleu et le blanc au drapeau tricolore. Le fond de l’air est rouge et la musique n’adoucira plus les mœurs. Le chantier peut commencer.

      Si les Stones, les Who, les Kinks ou le MC5 composent la bande son de la revolution à coups de singles Molotov, ce sont des noirs américains qui ont fait sauter les digues durant les sixties. Contre le jazz à papa et la tradition occidentale Ornette Coleman, Cecil Taylor, Eric Dolphy, Albert Ayler ou Archie Shepp libèrent alors la note, explosent les formats, se lancent dans des improvisations furieuses qui redessinent un territoire sans frontières, aussi spirituel que politique. Avec le free jazz, le saxo devient lui aussi une machine à détruire l’ordre établi.

      L’Art Ensemble of Chicago qui atterrit à Paris en 1969 au Théâtre du Vieux Colombier allume une nouvelle mèche. Le quintette intègre au linup traditionnel une multiplicité de « petits instruments » dénichés un peu partout (de la sonnette de bicyclette aux wind chimes en passant par le steel drum, le djimbe ou le vibraphone : rien ne leur échappe) dont ils usent en fonction de leur inspiration. Sur scène le groupe détonne en arborant boubous et peintures de guerre afin de célébrer les pouvoirs d’une musique libre et hypnotique, en connexion directe avec ses racines africaines. La rencontre avec le label Saravah (fondé en 1965 par Pierre Barouh), alors aux avant postes d’une world music qui ne porte pas encore de nom, est évidente. L’album Comme à la radio de Brigitte Fontaine enregistré en 1970 à l’issue d’une série de concerts donnés au Théâtre du Vieux Colombier scelle l’union de cette héritière d’une chanson française, poétique et engagée (Magny, Ferré, Barbara) avec le jazz voodoo de l’Art Ensemble of Chicago et la tradition arabe perpétuée par son compagnon Areski Belkacem.

      Un ovni vient de se poser sur les platines des ados français qui découvrent la culture underground via Actuel, Libération, Charlie Hebdo, Rock’n Folk et une free press en pleine ébullition. Une jeunesse qui est de tous les combats : aux cotés des paysans sur le plateau du Larzac, des ouvriers de l’usine Lip, contre le nucléaire à Creys-Malville, la guerre du Vietnam, la peine de mort, les discriminations subies par les femmes, les homosexuels et les immigrés. Faire de la musique quand on a 20 ans au début des années 70, c’est faire de la politique. On ne prend pas un micro pour devenir une rock star mais pour faire avancer ses idées. Tandis que le prix du baril s’enflamme et que Pompidou bétonne à tout va en développant les grands ensembles et en « adaptant la ville à l’automobile », on prend la route pour se réfugier à la campagne. Des communautés qui se forment aux quatre coins de l’hexagone naissent des groupes (ou plutôt des collectifs) à géométrie variable qui mélangent allégrement musique, happening théâtral et agit prop sous une bonne dose d’acide. Le grand n’importe quoi est souvent de mise (le prog rock est la tarte à la crème de l’époque), mais ceux qui empruntent le sentier dessiné par le spiritual jazz planent vers d’autres cieux. La véhémence (voir la grandiloquence) des propos est alors portée et transcendée par la finesse et l’inspiration du jeu. La France de Claude François n’a jamais entendu ça. À la fois spatiaux, pastoraux et tribaux, les morceaux réunis ici font la jonction parfaite entre un certain héritage psychédélique, le space jazz de Sun Ra et l’Afro Beat qui se met alors en place à Lagos avec Fela, ils sont autant des incantations (l’usage du spoken word est récurrent), des cris de guerre, des poèmes que des tracts.

      1978. Giscard est à la barre. Le punk et la disco décapitent les derniers hippies. Si le sang bout toujours, il est déjà trop tard. La guerre est finie, elle a été perdue sans que personne ne s’en aperçoive, et l’on a beau se battre encore contre des moulins à vent, faire parfois parler la poudre et le plomb dans des luttes sans issues (du rêve au cauchemar il n’y a qu’un pas), on sait que la parenthèse enchantée vient de se refermer, que les lendemains qui chantent sont désormais derrière nous et qu’on ne laissera que quelques disques à nos enfants. Le spectre d’un single prophétique peut alors ressurgir des speakers. Brigitte Fontaine y interroge Areski : « Hey mais je pense à un truc, on ne va pas mourir dans une minute ? »

    • Très bonne interview : http://dialna.fr/interview-par-les-damne-e-s-de-la-terre-lhommage-aux-luttes-du-passe-de-roce

      Évocation de #archivage_militant (mais au final tout le projet en est question)

      Cet album est aussi possible car ces luttes ont été gravées sur vinyles, ou sur bandes. D’après toi, que garderons-nous de nos luttes actuelles ?
      Rocé : Je pense que c’est un peu le problème de notre époque. Tu peux le voir avec notre consommation de la musique, des photos, etc .. Aujourd’hui tu changes de téléphone, tu perds tes photos. Avant tu avais moins ce problème. On a beaucoup plus de choses aujourd’hui, mais on les transporte beaucoup moins longtemps avec nous. Je ne sais pas ce qu’il advient des albums photos de famille, plus personne n’en a. C’est tout con, mais on fait une confiance aveugle en la technologie mais l’obsolescence fait qu’on peut tout perdre du jour au lendemain. Il y a des morceaux qui cartonnent grâce à des plateformes de téléchargement, mais tout ne tient qu’à ces plateformes. J’ai réédité mon premier album qui date de 2001. Le graphiste de l’époque avait gardé un disque dur avec les morceaux, la pochette, etc. Le disque dur ne démarrait pas quand on l’a branché. On a dû reprendre la pochette vinyle et allait la faire une reproduction de la photo. Encore une fois, le vinyle a sauvé l’affaire, c’est du sillon gravé. Le numérique, c’est limité. Que va-t-il advenir de nos luttes d’aujourd’hui ? On va y arriver mais ça va être moins simple.

  • Number One in Poverty, California Isn’t Our Most Progressive State — It’s Our Most Racist One
    https://www.forbes.com/sites/michaelshellenberger/2018/05/31/number-one-in-poverty-california-isnt-our-most-progressive-state-its-our-mos

    the Golden State is also number one in poverty and inequality in America.

    How can this be? Around the world, progressive economies like those of Sweden, France, and Germany, which redistribute wealth through high taxes and generous social welfare policies, boast far less poverty and inequality than other nations.

    What gives? And how does California maintain its reputation as a progressive leader given the reality on the ground? 

    If racism is more than just saying nasty things — if it is, as scholars like James Baldwin, Ta-Nehisi Coates, Michelle Alexander and countless others have described, embedded into socioeconomic structures — then California isn’t just the least progressive state. It’s also the most racist.

    (…)

    In the 2013 science fiction film, “Elysium,” the rich have fled to a luxury satellite orbiting Earth while the poor toil in dangerous conditions below. Life in California today differs in degree, not in kind, from that dystopian vision.

    (…) [#California]’s residents believe they are progressive.

    How do they maintain that fiction, which is more detached from reality than “Elysium” the movie? By living in a fantasy world where California is leading the world in saving the environment and fighting racism.

    But in saving the environment, California progressives increased electricity rates, hurt manufacturing, and allowed carbon emissions to rise even while they declined in the rest of the U.S.

    #californie #racisme #inégalités #sf

  • Ils ont tué son père, et les cheminots aussi… - regards.fr
    http://www.regards.fr/culture/article/ils-ont-tue-son-pere-et-les-cheminots-aussi

    La littérature est souvent le reflet d’un monde qui parfois nous échappe et dont on ignore les contours. Comme si nous refusions de nommer la réalité. Le dernier ouvrage d’Edouard Louis, Qui a tué mon père, réveille notre actualité sociale bouillonnante et désigne les coupables.

    #littérature #lutte_des_classes #domination

  • #James_Baldwin (1/4) : Sexe et race
    https://www.franceculture.fr/emissions/la-compagnie-des-auteurs/james-baldwin-14-sexe-et-race


    Fuyant la ségrégation raciale, James Baldwin a quitté son Harlem natal à l’âge de 24 ans pour s’exiler en France. Écrivain, essayiste mais aussi activiste politique, il a fréquenté aussi bien l’intelligentsia de Saint-Germain-des-Prés que les grandes figures de la lutte pour les droits civiques.

    #racisme #discrimination

  • Emission spéciale avec #Raoul_Peck, 1/2
    https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-1ere-partie/emission-speciale-avec-raoul-peck-12


    Un réalisateur politiquement incorrect, traversé par l’exil, les luttes, la mémoire. Documentariste haïtien, ancien ministre de la culture à Port-au-Prince, président de la femis à Paris… Raoul Peck signe aujourd’hui I am not your Negro : un retour aux fondamentaux, diffusé en avant-première ce soir sur Arte, et au cinéma le 10 mai, après un carton dans les salles américaines.

    Ce documentaire – déjà multiprimé, ce week-end à Los Angeles après les festivals de Berlin, Toronto, et nominé pour l’Oscar du meilleur film en février dernier – revisite les luttes sociales et politiques des Afro-Américains à travers les mots et la figure de l’écrivain James Baldwin. Sans être une histoire de la question noire mais une histoire de l’Amérique.

    Né en 24, mort en 87,# James_Baldwin est un écrivain profondément américain, chroniqueur de son pays natal, qui raconte dans ses textes, romans, essais, poésies, l’Amérique sous toutes ses formes, les tensions sociales, raciales, qui agitent son Siècle.

    #littérature

  • Il n’existe « aucun espoir d’établir la paix » au Moyen-Orient « sans résoudre la question palestinienne », lançait l’essayiste et romancier afro-américain James Baldwin, né à Harlem au début des années 1920. C’est une lecture croisée que l’auteur propose dans les présentes lignes : l’Amérique suprématiste qu’a connue Baldwin et la Palestine sous occupation israélienne — si les contextes diffèrent, les processus de ségrégation mentale et spatiale à l’œuvre résonnent tragiquement.

    Baldwin, le Noir et la Palestine
    https://www.revue-ballast.fr/baldwin-noir-palestine

    « L’État d’Israël n’a pas été créé pour le salut des Juifs ; il a été créé pour le salut des intérêts occidentaux. […] Les Palestiniens paient pour la politique coloniale britannique du diviser pour mieux régner et pour le sentiment de culpabilité chrétienne qui hante l’Europe depuis plus de trente ans. Enfin : il n’y a absolument — je répète absolument — aucun espoir d’établir la paix dans ce que l’Europe appelle de manière si arrogante le Moyen-Orient […] sans résoudre la question palestinienne. La chute du Shah en Iran n’a pas seulement révélé la teneur des préoccupations de Carter en matière de droits de l’homme, elle a aussi révélé qui fournissait Israël en pétrole et à qui Israël fournissait des armes. Il s’avère qu’il s’agit de la très blanche Afrique du Sud […]. Mon ami Andrew Young1, par un courage et un amour profond, et avec une noblesse silencieuse, irréprochable, indescriptible, a tenté de parer à un nouvel holocauste et je le proclame un héros, trahi par des lâches. »

  • http://www.academia.edu/12503888/The_End_of_Innocence_Debating_Colonialism_in_Switzerland_in_Patricia_Purts

    The New Heart of Darkness?
    ‘From all available evidence no black man had ever set foot in this tiny Swiss village before I came.’

    With these words, James Baldwin commences his essay Stranger in the Village, a concussive reflection on racism in the mid-20th century. The text draws on his experiences in the Swiss Alpine village of Leukerbad, where he had spent time in the early 1950s escaping from the hectic life in Paris to work on his first novel Go Tell It on the Mountain. In his text, first published in
    Harper’s Magazine in 1953, Baldwin describes how he encounters blatant and manifest racism in this ‘white wilderness’ . The children in the alleys call himNeger!’ (‘Negro!’) , the villagers constantly comment upon and touch his hair and skin . They do not believe that he is American, because ‘black men come from Africa’ ; they treat him like an exotic curiosity and accuse him of stealing wood . Baldwin contrasts the barefaced racism of this village with the reality in the United States, where white people could not claim that ‘black men do not exist’ . In what constitutes a vibrant and sagacious contri-bution to whiteness studies avant la lettre, Baldwin analyses how ‘the idea of white supremacy rests simply on the fact that white men are the creators of civilization […] and therefore civilization’s guardians and defenders’ . He concludes that white identity formation relies on the constitutive exclu-sion of non-whites and therefore on the jealous policing of the borders of civilization. However, despite the cruelty of the segregationist system in the United States at the time, the American model contains a sparkle of hope and the germ of a different future for Baldwin. Even though white people refuse to share their sense of humanity with blacks, they cannot maintain a notion of blacks as strangers. The interracial drama in America, states Baldwin, ‘has not only created a new black man, it has created a new white man, too’ .This insight is worked out against the foil of the Swiss Alpine village, where ‘white men still have the luxury of looking on me as a stranger’ At first sight, Leukerbad seems to serve only as a counter-image to the United States and thus as a mere tool for Baldwin’s diagnosis of North American society. But there is more to his depiction of post-World War II Swiss village life than initially meets the eye. The African American nov-elist explains that, in this setting, the issue of race ‘was a problem that remained comfortingly abstract: in effect, the black man, as a man, did not exist for Europe’ . Why does he use the example of a Swiss village in order to provide this insight? For many European places, especially urban imperial metropoles such as London, Paris or Brussels, his diagnosis of an all-white European society would have been hardly applicable. In contrast, Leukerbad’s population seemed to incorporate an ideal type of European colonial world-view: they behaved as if black people were unknown stran-gers and, indeed, non-human. At the same time, they seemed to have fully incorporated the sense of white supremacy that works as a collectively shared value in colonial Europe.

    #littérature #racisme #colonialisme #Europe #USA

  • Raoul Peck : « Une bonne partie du monde n’a plus le luxe d’attendre »
    https://www.revue-ballast.fr/raoul-peck-bonne-partie-monde-na-plus-luxe-dattendre

    Un café et un verre d’eau dans un quartier du centre de Paris ; l’entretien démarre, à peine arrivé. Raoul Peck — la soixantaine, une dizaine de films, costume sans cravate, diction calme et droit au but —, aura connu une année particulièrement chargée : deux longs-métrages en salles, l’un consacré à l’écrivain afro-américain James Baldwin et l’autre au théoricien allemand Karl Marx. Un documentaire et une fiction au plus près des faits. Le premier jurait que la couleur est politique et le second qu’il convenait de transformer le monde ; une invitation à tenir les deux bouts de la seule corde qui vaille : un antiracisme socialiste, un socialisme antiraciste. L’anarchiste Bakounine, frère-ennemi de Marx, salua sa « grande et féconde pensée » tout en déplorant son autoritarisme « de la tête aux pieds » ; (...)

  • #Christiane_Taubira : « Le mythe français de l’égalité, un mythe noble, empêche de revenir sur le crime de l’esclavage » - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2017/10/06/christiane-taubira-le-mythe-francais-de-l-egalite-un-mythe-noble-empeche-

    A l’occasion de la sortie du nouvel essai de l’Américain Ta-Nehisi Coates, « le Procès de l’Amérique », l’ex-garde des Sceaux, qui en a signé la préface, revient sur la question des réparations matérielles ou éthiques. Comme les Etats-Unis, la France doit s’interroger sur son histoire esclavagiste et coloniale qui abîme encore notre présent.

    #esclavage #racisme #xénophobie #états-unis

    • semi #paywall alors :

      Christiane Taubira : « Le mythe français de l’égalité, un mythe noble, empêche de revenir sur le crime de l’esclavage »
      Sonya Faure et Catherine Calvet, Libération le 6 octobre 2017
      http://www.liberation.fr/debats/2017/10/06/christiane-taubira-le-mythe-francais-de-l-egalite-un-mythe-noble-empeche-

      A l’occasion de la sortie du nouvel essai de l’Américain Ta-Nehisi Coates, « le Procès de l’Amérique », l’ex-garde des Sceaux, qui en a signé la préface, revient sur la question des réparations matérielles ou éthiques. Comme les Etats-Unis, la France doit s’interroger sur son histoire esclavagiste et coloniale qui abîme encore notre présent.

      Après le succès d’Une colère noire (Autrement, 2016), l’écrivain et journaliste américain Ta-Nehisi Coates publie un nouvel essai, le Procès de l’Amérique. « Il est temps de laver notre linge sale en public »,écrit-il. Il est temps pour les Etats-Unis de se poser la question des réparations de l’esclavage et de la ségrégation. Dans son livre, Coates décrit précisément comment « le pillage d’hier a rendu le pillage d’aujourd’hui plus efficace » : les Etats-Unis ont bien une dette envers la communauté noire. Initiatrice de la loi reconnaissant l’esclavage comme un crime contre l’humanité, Christiane Taubira a signé la préface du Procès de l’Amérique. Nulle réparation matérielle n’effacera un crime si grand que l’esclavage ou la colonisation, prévient l’ancienne garde des Sceaux. Mais la France a elle aussi un devoir : permettre un débat rationnel et serein sur notre passé commun, dont les traces continuent de fragiliser le présent.

      Qu’est-ce qui, dans le livre de Ta-Nehisi Coates, vous a convaincue de le préfacer ?

      Avant tout, ce croisement inédit entre d’une part, la souffrance des gens, leurs combats, leurs désillusions, et d’autre part, le décryptage précis des dispositifs qui vont pénétrer des vies pour les démolir : Coates parvient à entremêler le savant et l’émotionnel. Le Procès de l’Amérique montre par quels mécanismes « la kleptomanie d’Etat », comme il l’écrit, a continué après la fin de l’esclavage, après même la ségrégation. Comment le pillage de la force de travail des Africains-Américains laisse encore des traces.

      Une colère noire a connu un grand succès en France. Nous scandalisons-nous de la situation américaine pour mieux s’aveugler sur la nôtre ?

      Je suis absolument persuadée qu’en France, des personnes sont capables, sans arrière-pensée ni calcul, d’avoir une vraie curiosité pour la société américaine. C’est à nous de nous appuyer sur ce que décrit Coates pour rappeler que la France aussi fut une puissance esclavagiste, dans des conditions très différentes des Etats-Unis. Aurait-elle échappé à toutes les séquelles de ce passé ? Non.

      La France aussi se serait livrée à « une épouvantable entreprise de brigandage d’Etat », comme vous le dites des Etats-Unis ?

      La traite négrière, l’esclavage, la colonisation : c’est du brigandage. Partout, l’appareil d’Etat s’est donné le droit d’émettre des règles violentes et inégalitaires. C’est l’Etat qui a organisé le commerce, créé les compagnies de monopoles et les comptoirs le long des côtes [qui, dès le XVIIe siècle, ont été un pilier de la colonisation, ndlr]. C’est l’Etat qui a décidé du régime fiscal avantageux, accordé des licences de navigation aux compagnies maritimes qui profitaient de la traite, c’est même l’Etat qui percevait une dîme sur le nombre d’esclaves baptisés. Oui, c’est un brigandage établi. Pourtant, chaque fois que ressurgit la question des réparations, le débat provoque une hystérie sans nom.

      Mais au fond, que signifie « réparer » de tels crimes ?

      La réparation n’est pas que matérielle. Elle est politique et éthique. Quel sens cela a-t-il de vivre ensemble et de faire comme si le passé n’avait laissé aucune trace ? C’est un non-sens. Il faut avoir du courage, dépasser des préoccupations immédiates. C’est une parole mesquine que celle qui décide que puisque cela me dérange, il n’y a pas lieu d’en débattre. Les aspects matériels que les réparations pourraient entraîner sont bien peu de chose. Car le crime de l’esclavage est irréparable. On ne répare pas les vies qui se sont achevées au fond de l’Atlantique ou de l’océan Indien. On ne répare pas ces enfants vendus séparément de leurs parents. La question est plutôt de savoir si nous sommes capables d’affronter le passé et d’en voir toutes les survivances dans le présent. Celles qui aujourd’hui cassent les relations dans la société, celles qui obstruent le regard que l’on pose sur l’autre. Abordons ainsi la question des réparations, et normalement la frayeur et l’hystérie devraient disparaître.

      Sommes-nous prêts ?

      Je ne sais pas si c’est possible mais c’est indispensable. Peut-on comprendre notre rapport aux banlieues sans regarder le passé ? Non. Sinon on est dans le fait divers, dans l’incident, l’inexplicable. Or tout est parfaitement explicable : cette incompréhension, ces rancœurs enfouies, cette peur qui pousse à réagir n’importe comment… Tout cela a un lien organique.

      Ce débat-là, les Etats-Unis le mènent plus que nous…

      L’urgence paraît plus forte aux Etats-Unis car les traces physiques et matérielles de l’esclavage sont là, sous les yeux de tous. La ségrégation n’est pas si ancienne. Dans un discours absolument sublime, à l’université de Cambridge en 1965, l’écrivain James Baldwin explique que la prospérité de l’Amérique repose sur sa sueur. Il dit « ma sueur », il ne dit pas la sueur de ses ancêtres. « My sweat, my free labour. » Ma sueur, mon travail gratuit. Il reste une mémoire vive sur la façon dont la loi organisait la domination, l’oppression, la séparation. Il reste une mémoire vive sur la tolérance de l’Etat, sa complaisance envers les crimes et les lynchages de Noirs. Il suffit qu’une parole « autorisée » soit suffisamment permissive, comme celle de M. Trump, pour que certains se lâchent à nouveau, comme à Charlottesville cet été. En France, poser la question des réparations demande un plus grand volontarisme car on peut faire semblant d’oublier que les colonies étaient des terres d’esclavage. On peut se glorifier de l’égalité avec « nos compatriotes d’outre-mer » - un terme toujours prononcé avec un trémolo dans la voix, un surcroît d’empathie, une espèce de démonstration impudique. Mais au quotidien, ces compatriotes d’outre-mer font l’expérience d’une citoyenneté différente. Et l’ancien empire colonial est de plus en plus visible sur le sol français, dans nos banlieues. On peut toujours tenter de fuir. Sauf qu’on est rattrapé par le passé. Je dis délibérément « on ». Car ou bien nous portons cela tous ensemble, ou bien nous faisons les mariolles : si je descends d’esclaves, vous descendez des maîtres, et nous n’aurons plus qu’à régler nos comptes. Je pense que c’est une impasse. Nous devons porter ensemble une histoire qui nous rattrape.

      Le 21 mai 2001, vous avez fait voter une loi dont le premier article reconnaît que la traite négrière et l’esclavage constituent un crime contre l’humanité…

      Et quelle violence nous avons alors subie ! Le sujet reste extrêmement sensible. Le mythe français et républicain de l’égalité - un mythe noble, à préserver bien sûr ! - empêche ce retour sur le passé esclavagiste et colonial. Je me souviens d’une émission de radio où un président d’association me reprochait de salir la France : « La France n’est pas esclavagiste, elle a aboli l’esclavage ! » hurlait-il. Oui, la France a aboli l’esclavage qu’elle pratiquait ! Le déni est partout, jusqu’aux autorités publiques qui ont célébré le cent cinquantenaire de la deuxième abolition de l’esclavage… sans rappeler qu’il y en avait eu une première en 1794. Parce qu’il aurait alors fallu dire qui avait rétabli l’esclavage dans les colonies françaises : le grand Napoléon. En France, on commémore l’abolition de l’esclavage, mais l’esclavage, on ne connaît pas ! Imposer que la journée du 10 mai devienne une journée en mémoire des traites, de l’esclavage et de l’abolition a été un combat. A quoi sert cette prudence inutile ? Quand vous construisez une société sur de la dissimulation, la rage enfle par en dessous. Dans le Procès de l’Amérique, Ta-Nehisi Coates dit qu’il est temps, aussi, « d’en finir avec la culpabilité blanche ». Débattre du passé est émancipateur. C’est ce qu’a très bien compris la ville de Nantes, qui fait la lumière sur son passé de ville du commerce triangulaire.

      Cette mémoire à vif, on en a eu un nouvel exemple avec la polémique sur les noms de rues et les monuments. Faut-il déboulonner les statues de Colbert ?

      Au pays qui se prétend le cœur des Lumières, sur ces sujets-là, la raison disparaît ! Il ne reste que l’affectif ! Pourquoi ne pourrait-on réfléchir au rôle de Colbert dans la rédaction du Code noir ? Ce qui ne veut pas dire que Colbert n’était que cela. Mais débattons ! Il ne s’agit pas de faire la chasse à d’éventuels coupables survivants, il n’y en a plus. Même les personnes qui portent le nom de grandes familles d’armateurs négriers ou esclavagistes ne sont pas concernées - mais si elles veulent nous ouvrir leurs archives, elles sont les bienvenues. Sans doute aurions-nous dû être capables de faire retomber la pression, de débattre, peut-être avec passion, mais de débattre. Oui, il faut, dans l’espace public, des rues et des bâtiments au nom de Nègres marrons, ces résistants qui, au péril de leur vie, décidaient de quitter la plantation et le régime esclavagiste. Le Code noir stipulait qu’à la première évasion, si vous étiez repris, on vous coupait l’oreille. La deuxième fois, on vous coupait le jarret. La troisième, vous étiez mis à mort. Qui énonçait cela ? La législation officielle. C’était le code de Colbert, dont l’article 1er chassait les Juifs !

      Au-delà du débat et de la reconnaissance officielle, quelles formes plus concrètes pourraient prendre les réparations ?

      Nous devons être prêts à regarder en face toutes les conséquences qui découlent, aujourd’hui, de ce passé. Des banques américaines, comme Lehman Brothers ou Morgan Chase, ont dû reconnaître qu’elles avaient possédé des esclaves ou accordé des prêts à des maîtres, dont la garantie était le cheptel d’esclaves. Certaines ont décidé de consacrer 5 millions de dollars - peu de chose par rapport à leur fortune - à des bourses pour des Africains-Américains. Quelle serait la dette de la France à l’égard des descendants d’esclaves ou des ressortissants des empires ? Si c’est insurmontable, on le dira. Mais l’essentiel aura été de s’y pencher. L’Etat étant profondément impliqué, il doit aussi pouvoir réparer par le biais, par exemple, de politiques publiques bien identifiées. Cette monstruosité économique qu’était l’esclavage a aussi produit une créativité culturelle phénoménale. Pourquoi ne pas consacrer des budgets à la mise en valeur des langues créoles, nées de la nécessité, en territoire esclavagiste, de se comprendre entre maîtres et esclaves ou entre esclaves venus de régions différentes d’Afrique ? Financer des études sur les expressions picturales, la littérature orale, les traces archéologiques, la toponymie, la pharmacopée de plantes que les esclaves ont développée pour se soigner ? Mettre en lumière tout ce patrimoine qui montre que cette période ne fut pas seulement une longue et interminable nuit de souffrance et de violence.

      LE PROCÈS DE L’AMÉRIQUE de TA-NEHISI COATES Ed. Autrement, 96pp., 12€.

  • « Le jeune Karl Marx », un biopic matérialiste, par Frédéric Monferrand (Les blogs du Diplo, 26 septembre 2017)
    https://blog.mondediplo.net/2017-09-26-Un-biopic-materialiste #st

    Après Patrice Lumumba et James Baldwin, Raoul Peck met sa caméra au service d’une autre grande figure de l’histoire des luttes d’émancipation : #Karl_Marx, dont il retrace le parcours de Cologne à Bruxelles en passant par Paris, Londres et Manchester entre 1843 et 1847. C’est donc sur les années de formation de l’auteur du « Capital » que se concentre le réalisateur haïtien. Un choix qui témoigne non seulement de la volonté de rendre à la pensée de Marx la vivacité de la jeunesse, mais aussi du poids que l’histoire du XXe siècle continue de faire peser sur cette pensée.

    http://zinc.mondediplo.net/messages/85597 via Le Monde diplomatique

  • #James_Baldwin and Dick Gregory « Baldwin’s Nigger » 1969 - YouTube

    Je ne connaissais pas le doc, le peu que j’en ai vu ce matin est juste formidable.

    https://www.youtube.com/watch?v=2zkWshZRm-M

    A 1969 conversation with writer James Baldwin and Dick Gregory in London about the black experience in America and how it relates to the Caribbean and Great Britain. Directed by Horace Ové.

    Aussi ici au cas où...

    https://www.youtube.com/watch?v=DeFpzp1pBjc

    https://www.youtube.com/watch?v=VYBclB1MHvc

    https://www.youtube.com/watch?v=cPXRQ3lEv9Y

  • Quoi ?
    Rien !
    J’ai cru

    Le matin, James Baldwin
    L’après-midi, Nathalie Quintane
    Le soir, Holocaust de Reznikoff

    Le matin, du café
    Le midi, des nouilles sautées
    Le soir, du soleil

    Tu n’avais pas
    Déchargé ta carte-moire
    Depuis trois mois !

    Informaticien,
    (Photographe),
    Auteur.

    Encore
    Un
    Effort !

    Sur la table
    De la cuisine
    Ton manuscrit

    Laisse-le là
    Reprends-le
    Plus tard

    Vous rêvez d’une pièce
    Ou d’un étage en plus ?
    Nous avons la solution !

    Suis-je encore photographe ?
    Suis-je informaticien ?
    Sentiment d’imposture

    #mon_oiseau_bleu

  • James Baldwin : « Quand les choses vont mal dans mon pays, cela va encore plus mal pour les Noirs »
    https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/james-baldwin-quand-les-choses-vont-mal-dans-mon-pays-cela-va


    En 1987, Jean Daive avait rencontré #James_Baldwin pour une série de cinq entretiens, enregistrés pour « Les chemins de la connaissance » sous le titre « Je m’appelle James Baldwin ». Diffusion du premier volet dans lequel il évoquait son recueil de nouvelles « Face à l’homme blanc ».

    #racisme #États-Unis #résistance
    1er volet
    http://media.radiofrance-podcast.net/ts/podcast09/13915-18.06.2017-ITEMA_21351690-1.mp3?tp=0

    les 2 et 3

    En mars 1987, Jean Daive avait rencontré James Baldwin pour une série de cinq entretiens, enregistrés pour « Les chemins de la connaissance » sous le titre « Je m’appelle James Baldwin ». Diffusion des deuxième et troisième volets dans lesquels il nous racontait son parcours et ses luttes.

    http://media.radiofrance-podcast.net/ts/podcast09/13915-19.06.2017-ITEMA_21362216-4.mp3?tp=0

  • James Baldwin on film
    http://africasacountry.com/2017/06/james-baldwin-on-film

    Since 1949, James Baldwin has been singing a song. It’s an old tune, at times tender, chiding, insistent, blaring, but always loving. It is, at its core, a bluesy refrain to the country that formed him, tormented him, his contemporaries, and his kin, and ultimately drove him from its shores. We should be careful, however,…

  • Tu accompagnes ta grande Sarah
    À sa première épreuve
    De baccalauréat

    Tu t’amuses qu’à Créteil
    Sarah remarque certains immeubles
    Pastiches de Bertrand Goldberg à Chicago

    François Morellet,
    Hokuzai,
    Jérôme Zonder

    François Morellet, Hokuzai, Jérôme Zonder
    Récite Sarah en chemin
    Vers son épreuve d’Arts Plastiques.

    Open space désert
    Du matin
    Temps radieux.

    Dominique Pifarély
    Daniel Van De Velde
    Mails reçus dans la nuit

    Un musicien (et quel !)
    Un sculpteur (et quel !)
    Deux amis. Deux frères.

    Dominique et Daniel
    Sont mes deux frères
    Qui ne se connaissent pas

    Tu attends
    L’heure de ta séance d’analyse
    Avec impatience

    Pressé
    D’en découdre
    Avec la machine à coudre

    Élever
    Des chèvres
    En
    open space

    Élever des chèvres en open space
    Le titre de ton dernier roman a changé
    Inspiration matinale

    I am not
    Your
    Negro

    James Baldwin
    Parle lentement
    Mais pense vite

    Tu pourrais
    Être tranquille mais,
    Rage de dent, jamais tranquille

    Dans ta besace
    De photographe, au fond
    Une demi-douzaine de préservatifs.

    Pour
    Quoi
    Faire ?

    C’est en voulant charmer
    Une musicienne
    Que tu as commencé à écrire des poèmes.

    Créteil le matin
    Mails de la nuit
    Préservatifs au fond du sac

    #mon_oiseau_bleu

  • MON
    Oiseau
    Bleu

    Charles Reznikoff
    James Baldwin
    Nathalie Quintane

    Holocaust
    Retour dans l’œil du cyclone
    Que faire des classes moyennes ?

    Lecture de Quintane
    Dans la salle d’attente
    Du Centre Médico Pédago Psychologique

    Rentrés tard
    Le repas est prêt
    Cuisiné par Émile

    Trois fois de suite
    Émile m’impose aux échecs
    L’ouverture de la Bird.

    Trois fois de suite
    Émile m’impose aux échecs
    La défaite

    Holocaust
    Lecture du soir
    Tu pleures encore ?

    Quintane au CMPP
    Deux Bird, deux échecs
    La lecture du soir fait pleurer

    #mon_oiseau_bleu