Notes de lecture, plongée dans les zones obscures des activités humaines des Jason Bourne et autres fantomes
▻http://aboudjaffar.blog.lemonde.fr/2016/11/24/le-courroux-des-furies-vigilantes-narretera-plus-les-forfai
On sort éreinté de la lecture de Pukhtu, la saga franco-afghane en deux volumes (Pukhtu Primo et Pukhtu Secundo). DOA, qui poursuit son exploration des coulisses les moins reluisantes de notre monde, livre ici plusieurs centaines de pages d’intrigues croisées, de coups louches et d’opérations tordues sur fond de guerre contre les Taliban.
D’appartements parisiens en FOB afghanes, l’auteur développe une intrigue complexe dans laquelle se croisent affairistes, narcotrafiquants, policiers, journalistes, barbouzes, espions en fuite et contractors. Les deux romans n’ont, malgré leur toile de fond, que peu à voir avec le terrorisme ou le jihad international. Ils constituent en revanche une plongée plutôt fascinante dans le monde des sociétés militaires privées américaines.
Evidemment, et malgré la spectaculaire précision des descriptions, qui relève parfois du weapon porn mais n’évite pas de petites erreurs (s’agissant, par exemple, de la charge utile du MQ-9), tout cela n’a rien d’un documentaire. Polar, roman de guerre et d’espionnage, Pukhtu offre un tableau peu reluisant du dessous des cartes, à la fois caricaturale, débordant de testostérone, voire franchement racoleuse, mais jamais lassante.
On pense, évidemment, à James Grady (Le Fleuve des ténèbres, bien plus que Les Six jours du condor), à Maurice G. Dantec (notamment La Sirène rouge) et, plus que jamais, à James Ellroy (Le Quatuor de Los Angeles), aussi bien pour l’ambition de la fresque que pour les nombreux personnages ou la violence et la perversité, parfois un peu complaisantes, du texte. Il est même permis de trouver dans l’opération Tisiphone une réminiscence lointaine du projet Treadstone créé par Robert Ludlum dans la saga consacrée à Jason Bourne.