J’ai bien aimé cette petit débat initié par Jean Abbiateci Hier, à 18:34 sur FB et du coup, je le reprosuit ici
Coucou Nouvo (et la RTS).
D’abord, pour vous dire que je vous aime bien (vous êtes un chouette exemple de ce que peut faire le service public pour rajeunir son audience, je l’avais écrit ici : ▻https://goo.gl/lTa1RK).
Mais je viens de voir votre sujet sur « la presse écrite : une mort inévitable ? ». Et je suis tout chagrin.
–-> A voir ici (clic clic) : ▻https://goo.gl/s2klcM
Que dire ?
– D’abord, passons sur l’usage du mot « feuille de chou » pour désigner la presse écrite, nous sommes en 2016, saperlipopette !
– Passons aussi sur le ton donneur de leçon du reportage : « Un changement qui va demander à nos feuilles de chou (sic) d’évoluer et vite sous peine de disparaître ». Tiens, ça alors, on s’était jamais posé la question dans nos feuilles de chou respectives... Internet, c’est quoi, Facebook, on connait pas...
– Passons de nouveau sur le fait que citer l’audience de Watson en exemple (qui fait certes aussi de très bons papiers), c’est oublier que celle-ci est principalement faite, non pas de « papiers décalés », mais d’articles « clickbait » sur les chats mignons et les 59 meilleures façons de draguer en boîte.
– Passons enfin sur cette magnifique figure journalistique, qui consiste à tirer une conclusion définitive à partir de deux exemples : « ll faut faire de l’hyperlocal et du décalé ». Et ce sans jamais interroger un spécialiste du secteur, ni citer une étude.
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NON, LE TRUC qui m’a chagriné vraiment très très fort dans votre reportage, c’est votre utilisation des chiffres de diffusion de la REMP pour montrer comment les tirages des feuilles de chou que sont « La Tribune de Genève » et « 24Heures » se cassent la gueule et sont au bord du précipice et de la mort clinique.
Sur votre graphique diffusé à l’antenne et en ligne, on voit une chute vertigineuse du tirage de ces deux titres. Et si on prolonge un peu la courbe, c’est la « mort inévitable » qui effectivement attend ces deux titres, dès l’an prochain. C’est en tout cas l’impression visuelle qui restera ancrée dans l’esprit de vos téléspectateurs et de vos internautes.
SAUF QUE, l’échelle de votre graphique est totalement fausse, puisqu’elle n’est pas à zéro. J’ai repris les chiffres et refait le graphique avec la bonne échelle : le résultat est très largement différent. Elle montre une érosion forte du tirage, qui reste une tendance commune pour la majorité des titres, mais ces deux titres conservent un ancrage fort dans leurs cantons respectifs.
Il ne s’agit pas de se voiler la face. En Suisse romande, les journaux sont dans une situation difficile et confrontés à de nombreux défis. Il est important également d’avoir un regard critique, sans concession, de la part du service public (les médias privés ne s’en privent pas d’ailleurs dans l’autre sens) sur notre secteur d’activité. Mais pas au prix d’un catastrophisme appuyé par des graphiques tronqués.
Bon, sans rancune, je vous laisse, je cuisine une potée ce midi et j’ai des feuilles de chou à blanchir.