person:jean-hervé bradol

  • Comment les humanitaires travaillent face à Al-Qaïda et l’Etat islamique - Page 1 | Mediapart

    http://www.mediapart.fr/journal/international/010215/comment-les-humanitaires-travaillent-face-al-qaida-et-letat-islamique

    Guerre, Djihadisme transnational et action humanitaire : A mon avis un texte intéressant et très important pour mieux comprendre encore ce qui se passe en, Syrie. Très long, mais ça vaut la peine de prendre le temps. Et éventuellement d’en parler.

    Président de Médecins sans frontières de 2000 à 2008, Jean-Hervé Bradol continue à effectuer des missions pour l’ONG internationale : Somalie en 2007, Haïti en 2010, Syrie en 2012 et 2013 (lire la boîte noire en pied de cette article). Son expérience en Syrie, où MSF est l’un des principaux acteurs humanitaires, ses vingt-cinq années de missions sur le terrain, rendent son témoignage et son analyse des conditions d’intervention pour les ONG particulièrement précieux.

    #syrie #irak #is #isis #humanitaire

    • Extrait :

      Au début de l’année 2014, les tensions entre l’EIIL et les autres groupes (y compris Jabhat an-Nuṣrah) prirent la forme d’une guerre ouverte. En passe de se faire expulser du district de Jisr Ash-Shughur, l’EIIL opéra une retraite stratégique, emportant, en guise de butin, cinq membres du personnel international de MSF qu’il avait arrêtés le 2 janvier 2014. En dépit des soins prodigués à ses soldats blessés et de la parole donnée, l’EIIL exigea une importante somme d’argent pour leur libération. Les membres du personnel international de MSF qui ne l’avaient pas encore fait quittèrent le nord de la Syrie en février 2014, à l’exception de ceux qui opéraient dans le gouvernorat d’Al-Hassaka dans une zone contrôlée par les forces kurdes.

      Une fois l’équipe libérée en mai 2014, MSF mit progressivement un terme à ses activités dans les zones contrôlées par l’EIIL, devenu entretemps État islamique (EI) suite à la proclamation du califat le 29 juin 2014.

      Depuis, les autorités de l’EI du district d’Al-Bab ont recontacté MSF en demandant à recevoir des donations en médicaments et matériel médical. Des requêtes du même type ont été formulées auprès d’autres représentants de l’association en Syrie et en Irak. Lorsqu’en réponse, nous demandons que les dirigeants de l’EI s’expliquent sur l’arrestation, la détention et le racket de notre équipe, nos interlocuteurs rétorquent qu’il est trop dangereux pour eux-mêmes de transmettre nos griefs et nos exigences à leurs supérieurs.

      Quand nous leur expliquons qu’avant de considérer leur requête, nous demandons aux dirigeants de l’EI d’inviter officiellement MSF à travailler sur son territoire et de s’engager publiquement à garantir notre sécurité, les représentants locaux de l’EI répondent qu’il est irréaliste d’attendre de leurs chefs une telle décision. Ils réclament simplement d’être approvisionnés en médicaments et matériel médical en déclarant que si MSF ne s’y résout pas, cela confirmera son alignement sur la politique menée par « l’Occident ».

    • L’Aide humanitaire, aide à la guerre ?
      http://www.monde-diplomatique.fr/2002/07/GOUVERNEUR/9290

      L’aide est ainsi susceptible d’exacerber les tensions en attisant les compétitions pour l’accès à des ressources rares. Avec la fin de la guerre froide et des appuis extérieurs, les civils sont devenus des enjeux stratégiques aux yeux des combattants, l’aide internationale apportant « de l’oxygène à un conflit qui serait resté en vase clos ». Pour l’auteur, quand l’aide n’est qu’un soin palliatif sans résolution des causes politiques du problème, il faut savoir partir et travailler en amont des crises, par exemple en muselant les marchands de canons.

      #Pérouse_de_Montclos

    • J’aurais bien aimé lire l’article cité, mais je ne suis point abonné à Mediapart.

      Mais en général, je crains que les ONG, lorsqu’elles atteignent une taille importante, se retrouvent à devoir gérer une entreprise ... et par exemple être sollicité dans la rue ou par mailing de masse pour donner à MSF (ou d’autres, car en vérité je pense que MSF fait partie des moins pires), et bien cela me pose plein de questions sur ce qu’est l’humanitaire ...

  • Le génocide au Rwanda raconté par un humanitaire français
    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2014/04/07/le-genocide-rwandais-vecu-par-un-humanitaire-francais_4396815_3212.html

    LE SILENCE DE LA FRANCE

    Les Nations unies et les ambassades étrangères se refusent elles aussi à employer le terme qui, conformément à la Convention sur le génocide de 1948, sous-tend une obligation légale à intervenir contre les génocidaires. Quand il rentre en France, fin avril, Jean-Hervé Bradol multiplie les plateaux télévisés pour appeler à une intervention internationale. « Les Nations unies étaient complètement dépassées. Elles n’avaient ni la volonté ni les moyens. Les casques bleus avaient été réduits à 270 hommes. On ressentait une sorte d’abandon », s’explique Jean-Hervé Bradol.

    http://www.youtube.com/watch?v=4DCrkBjQiGc

    A la télévision, comme plus tard devant la mission d’enquête parlementaire, M. Bradol dénonce « les responsabilités écrasantes de la France », alliée du pouvoir hutu, qui « finance, entraîne et arme » l’armée rwandaise. « On était très surpris en juillet 1993 de voir les militaires français participer aux points de contrôle routiers sur les grandes routes qui sortaient au nord de Kigali. Quand les casques bleus sont arrivés en novembre, les militaires français contrôlaient l’aéroport », raconte-t-il. Lorsqu’il rencontre en mai des responsables français de l’Elysée, M. Bradol supporte mal leur « déni de la radicalité des autorités » et leur « satisfecit » de ce qu’ils présentent comme la « mission pacificatrice et démocratique » de la France, principal artisan des accords d’Arusha. Alain Juppé, ministre des affaires étrangères, sera le premier à employer publiquement, le 15 mai, le terme « génocide ». L’Assemblée nationale française et les Nations unies l’enjoignent peu de temps après.

    Quand, le 14 juin, Jean-Hervé Bradol rencontre avec d’autres responsables de MSF le président François Mitterrand, ce dernier acte le changement de la position française. Le président leur présente le gouvernement intérimaire comme « une bande d’assassins » et leur confie ses difficultés à contrôler la veuve du président rwandais, Agathe Habyarimana. « C’était un revirement de dernière minute, une condamnation politique de leurs anciens alliés mais, dans les actes, il ne s’est pas passé grand-chose », commente M. Bradol. Le président a décidé de monter l’opération humanitaire « Turquoise », pour secourir les victimes. « On demandait une intervention des Nations unies, avec des casques bleus, sous chapitre VII, pour confronter les génocidaires les armes à la main, fustige-t-il. C’était inapproprié et grave de choisir la neutralité. Ils auraient au moins pu sauver les derniers. »

    • Exposed: Washington Ignored U.S. Intel Warning of Genocide in Rwanda
      http://www.democracynow.org/2004/4/1/exposed_washington_ignored_u_s_intel

      The National Security Archive recently obtained declassified U.S. intelligence reports that show the Clinton administration knew as early as April 23, 1994 that the slaughter in Rwanda amounted to genocide. Senior officials used the word genocide in private but chose not to publicly to justify not intervening.
      (...)
      U.S. officials, including Secretary Christopher and Secretary Perry, met with and telephoned counterparts such as UN Secretary General Boutros-Ghali, Gen. Romeo Dallaire, and French Foreign Minister Alain Juppe throughout the crisis, with Gen. Dallaire pleading with USAID head Brian Atwood that “without U.S. equipment, UNAMIR can do virtually nothing” to save civilians in Rwanda;

    • Tiens, le Monde reprend :

      Le génocide au Rwanda raconté par un humanitaire français
      http://www.lemonde.fr/afrique/article/2014/04/07/le-genocide-rwandais-vecu-par-un-humanitaire-francais_4396815_3212.html

      Le 6 avril 1994, Jean-Hervé Bradol est en France lorsque l’avion du président rwandais hutu Juvénal Habyarimana est abattu dans la soirée au-dessus de Kigali. « Là, on a su que les massacres allaient démarrer », confie vingt ans plus tard celui qui était alors responsable des programmes de Médecins sans frontières (MSF) dans la région des Grands Lacs. Sillonnant depuis juillet 1993 la région, de camps de réfugiés en dispensaires, le médecin a vu s’amplifier les violences entre Rwandais, à mesure que s’amenuisaient les espoirs d’une cessation des hostilités opposant depuis 1990 le régime hutu en place et la rébellion à majorité tutsi du Front patriotique rwandais (FPR).