person:jean-louis comolli

  • Polémique Le Corbusier : « Juger les attitudes d’un artiste d’hier dans le climat d’aujourd’hui est bien de notre époque »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/05/polemique-le-corbusier-juger-les-attitudes-d-un-artiste-dans-le-climat-d-auj

    Chronique. La descente aux enfers se poursuit pour Le Corbusier (1887-1965). L’architecte suisse devenu français en 1930 était considéré comme le dieu de la modernité des années 1920 et 1930 – grands ensembles rationnels pour les masses et maisons pures, blanches et élégantes pour les riches. Mais au fil des ans et des publications, ce Picasso du béton fut qualifié de réactionnaire, vichyste, fasciste, stalinien, antisémite et pro-Hitler. Ce qui donne un millefeuille nauséabond et un personnage qui, même mort, n’est pas fréquentable. Tout cela figure dans une tribune collective, publiée le 2 avril sur le site du Monde.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi « L’antisémite Le Corbusier ne doit plus bénéficier d’aucun soutien public »

    Ce portrait a déjà été brossé dans trois livres sortis en 2015 à l’occasion d’une exposition Le Corbusier au Centre Pompidou. Le contraste était vertigineux : le musée mettait en lumière un génie des formes ; les livres dénonçaient sa face noire. Entre les deux camps, ce fut rude. Mais la tribune est d’abord inédite par le profil des neuf signataires : on y trouve des anti-corbuséens de longue date, mais aussi, et c’est une surprise, le cinéaste Jean-Louis Comolli et l’historienne Michelle Perrot, voix du féminisme, du mouvement ouvrier et aussi de l’univers carcéral, un sujet que les « anti-Corbu » associent aux bâtiments du maître.

    La tribune demande aussi au ministre de la culture, Franck Riester, de se désengager du projet de musée Le Corbusier, à Poissy (Yvelines). De se retirer de la Fondation Le Corbusier, dans le 16e arrondissement de Paris. Et d’agir pour que soit déboulonnée la statue de l’architecte inaugurée il y a quelques semaines à Poissy. Puisque, selon les signataires, Le Corbusier « ne doit plus bénéficier d’aucun soutien public », ils auraient pu demander que nos écoles d’architecture, financées par l’Etat, suppriment l’artiste des enseignements, que ses bâtiments soient fermés à la visite, que les plaques à son nom soient retirées, et que ses œuvres soient expulsées des musées.
    Faire vaciller la statue de l’homme

    Le ministère de la culture nous a fait savoir qu’il ne fera rien de tout cela et qu’il appartient aux historiens de se prononcer. Pas simple car deux camps s’invectivent. Le Corbusier a voulu travailler pour Philippe Pétain et Benito Mussolini. Oui, mais aussi pour Léon Blum, en 1936. Il écrit des mots louangeurs sur Adolf Hitler, mais aussi d’autres de mépris sur l’Allemagne nazie.

    #grand_homme

  • L’antisionisme est une opinion, pas un crime - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2019/02/28/l-antisionisme-est-une-opinion-pas-un-crime_1712216

    Tribune. Monsieur le Président, vous avez récemment déclaré votre intention de criminaliser l’antisionisme. Vous avez fait cette déclaration après en avoir discuté au téléphone avec Benyamin Nétanyahou, juste avant de vous rendre au dîner du Crif.
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    Monsieur le Président, vous n’êtes pas sans savoir que la Constitution de la République énonce en son article 4 que « la loi garantit les expressions pluralistes des opinions. » Or, l’antisionisme est une opinion, un courant de pensée né parmi les juifs européens au moment où le nationalisme juif prenait son essor. Il s’oppose à l’idéologie sioniste qui préconisait (et préconise toujours) l’installation des juifs du monde en Palestine, aujourd’hui Israël.

    L’argument essentiel de l’antisionisme était (et est toujours) que la Palestine n’a jamais été une terre vide d’habitants qu’un « peuple sans terre » serait libre de coloniser du fait de la promesse divine qui lui en aurait été donnée, mais un pays peuplé par des habitants bien réels pour lesquels le sionisme allait bientôt être synonyme d’exode, de spoliation et de négation de tous leurs droits. Les antisionistes étaient, et sont toujours, des anticolonialistes. Leur interdire de s’exprimer en prenant prétexte du fait que des racistes se servent de cette appellation pour camoufler leur antisémitisme, est absurde.

    Monsieur le Président, nous tenons à ce que les Français juifs puissent rester en France, qu’ils s’y sentent en sécurité, et que leur liberté d’expression et de pensée y soit respectée dans sa pluralité. L’ignominie des actes antisémites qui se multiplient ravive le traumatisme et l’effroi de la violence inouïe dont leurs parents ont eu à souffrir de la part d’un Etat français et d’une société française qui ont largement collaboré avec leurs bourreaux. Nous attendons donc de vous que vous déployiez d’importants moyens d’éducation, et que les auteurs de ces actes soient sévèrement punis. Mais nous ne voulons certainement pas que vous livriez les juifs de France et leur mémoire à l’extrême droite israélienne, comme vous le faites en affichant ostensiblement votre proximité avec le sinistre « Bibi » et ses amis français.

    C’est pourquoi nous tenons à vous faire savoir que nous sommes antisionistes, ou que certains de nos meilleurs amis se déclarent comme tels. Nous éprouvons du respect et de l’admiration pour ces militants des droits humains et du droit international qui, en France, en Israël et partout dans le monde, luttent courageusement et dénoncent les exactions intolérables que les sionistes les plus acharnés font subir aux Palestiniens. Beaucoup de ces militants se disent antisionistes car le sionisme a prouvé que lorsque sa logique colonisatrice est poussée à l’extrême, comme c’est le cas aujourd’hui, il n’est bon ni pour les juifs du monde, ni pour les Israéliens, ni pour les Palestiniens.

    Monsieur le Président, nous sommes des citoyens français respectueux des lois de la République, mais si vous faites adopter une loi contre l’antisionisme, ou si vous adoptez officiellement une définition erronée de l’antisionisme qui permettrait de légiférer contre lui, sachez que nous enfreindrons cette loi inique par nos propos, par nos écrits, par nos œuvres artistiques et par nos actes de solidarité. Et si vous tenez à nous poursuivre, à nous faire taire, ou même à nous embastiller pour cela, eh bien, vous pourrez venir nous chercher.

    Premiers signataires : Gilbert Achcar universitaire Gil Anidjar professeur Ariella Azoulay universitaire Taysir Batniji artiste plasticien Sophie Bessis historienne Jean-Jacques Birgé compositeur Simone Bitton cinéaste Laurent Bloch informaticien Rony Brauman médecin François Burgat politologue Jean-Louis Comolli cinéaste Sonia Dayan-Herzbrun sociologue Ivar Ekeland universitaire Mireille Fanon-Mendès France ex-experte ONU Naomi Fink professeure agrégée d’hébreu Jean-Michel Frodon critique et enseignant Jean-Luc Godard cinéaste Alain Gresh journaliste Eric Hazan éditeur Christiane Hessel militante et veuve de Stéphane Hessel Nancy Huston écrivaine Abdellatif Laâbi écrivain Farouk Mardam-Bey éditeur Gustave Massiah économiste Anne-Marie Miéville cinéaste Marie- José Mondzain philosophe Ernest Pignon-Ernest artiste plasticien Elias Sanbar écrivain, diplomate Michèle Sibony enseignante retraitée Eyal Sivan cinéaste Elia Suleiman cinéaste Françoise Vergès politologue.

    Liste complète des signataires disponible sur : https://bit.ly/2BTE43k

  • Notre-Dame-des-Landes : « Nous, cinéastes, appelons à filmer et à défendre ce territoire qui bat et se bat »
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/05/17/notre-dame-des-landes-nous-cineastes-appelons-a-filmer-et-a-defendre-ce-terr

    Nous, qui travaillons dans le cinéma, avons entendu l’appel en soutien à la ZAD dans le film Vent d’Ouest, d’abord attribué à Jean-Luc Godard puis salué comme une habile parodie. Cela nous rappelle son manifeste de 1970 intitulé Que Faire ?, dont sont tirées ces phrases très connues : « 1. Il faut faire des films politiques. 2. Il faut faire politiquement des films. »

    Ces deux propositions dialectiques constituent les fondations d’un texte magnifique, qui brouille les frontières entre politique et cinéma tout en affirmant la nécessité de préciser nos positions. Car celles-ci se prennent mais ne s’additionnent pas. On ne peut pas être du côté de la police et des manifestants et manifestantes. Faire 1, c’est croire qu’il y a des vrais et des faux films. Faire 2, c’est savoir que la vérité est dans la lutte.

    Alors, si ce film est un faux de Godard, la vérité c’est que nous y avons entendu un appel. La vérité, c’est qu’il y a des expulsions à Notre-Dame-des-Landes, c’est que des personnes qui luttent auront leurs maisons détruites. Des personnes qui se sont battues, des années durant, contre des aménageurs, un aéroport et leur monde, et qui ont gagné. La vérité, c’est que l’Etat s’acharne à détruire des expériences communes, des tentatives d’organisations qui s’inventent encore et toujours, une nature qui se défend et les vies multiples qui l’habitent. Et nous prenons position, en tant que cinéastes.

    Continuité dans les forces de révolte

    Nous sommes au mois de mai 2018. Cinquante ans après, on commémore Mai 68. Et de commémorations en commémorations, on paralyse l’action en la muséifiant. On ignore les réfugiés et réfugiées, les cheminots et cheminotes, les étudiants et étudiantes, les postiers et postières, le personnel médical et la répression quotidienne dans les banlieues. Lors de sa conférence de presse à Cannes, Godard a établi une continuité dans ces forces de révolte, entre Mai 68 et les zadistes aujourd’hui. Alors, soyons présents et agissons avec nos mains, positionnons-nous avec nos yeux, regardons avec nos pieds et imaginons mille manières de vivre. « Faire 2, c’est savoir se servir des images et des sons comme les dents et les lèvres pour mordre. »

    Nous, cinéastes, appelons donc à « mordre », c’est-à-dire à filmer et à défendre ce territoire qui bat et se bat. Car défendre la ZAD lorsque l’on fait du cinéma, c’est défendre une idée de l’expérimentation, c’est défendre un lieu réel qui lutte pour construire des imaginaires, d’autres imaginaires, pour dessiller le regard et supprimer l’agonie.

    Liste des principaux signataires : Julie Bertuccelli (cinéaste) ; Serge Bozon (cinéaste) ; Jean-Stéphane Bron (cinéaste) ; Dominique Cabrera (cinéaste) ; Lou Castel (acteur) ; Jean-Paul Civeyrac(cinéaste) ; Jean-Louis Comolli (cinéaste, écrivain) ; Catherine Corsini (cinéaste) ; Pedro Costa (cinéaste) ; Marina Déak (cinéaste) ; Yann Dedet (monteur, cinéaste) ; Vincent Dieutre (cinéaste) ; Alice Diop (cinéaste) ; Jean-Pierre Duret (cinéaste, ingénieur du son) ; Victor Erice(cinéaste) ; Esther Garrel (actrice) ; Philippe Garrel (cinéaste) ; Miguel Gomes (cinéaste) ; Robert Guédiguian (cinéaste) ; Alain Guiraudie(cinéaste) ; Adèle Haenel (actrice) ; Clotilde Hesme (actrice) ; Aki Kaurismäki (cinéaste) ; Nicolas Klotz (cinéaste) ; Sophie Letourneur (cinéaste) ; Bertrand Mandico (cinéaste) ; Valérie Massadian (cinéaste) ; Mariana Otero (cinéaste) ; Arnaud des Pallières (cinéaste) ; Joao Pedro Rodrigues (cinéaste) ; Elisabeth Perceval (cinéaste) ;Thierry de Peretti (cinéaste) ; Nahuel Pérez Biscayart (acteur) ; Serge Le Péron (cinéaste) ; Joana Preiss (actrice, cinéaste) ; Ben Rivers(cinéaste) ; Jonathan Rosenbaum (critique) ; Ben Russell (cinéaste) ; Thomas Salvador (cinéaste) ; Claire Simon (cinéaste) ; Pierre Trividic (cinéaste, scénariste) ; Paul Vecchiali (cinéaste) ; Akram Zaatari (cinéaste).

    #ZAD #NDDL #Notre-Dame-des-Landes #territoires #cinéma #cinéma_militant

  • Jean-Louis Comolli, Daech, le cinéma et la mort, Paris, éditions Verdier, 2016, 128 pages, 13,50 €. | Dissidences : le blog
    http://dissidences.hypotheses.org/7470

    Jean-Louis Comolli analyse les clips de Daech en fonction de l’histoire de la photographie et des films sur les camps nazis, sur les guerres (notamment d’Algérie), mais aussi en les mettant en rapport avec des films de fiction, en général, et avec la production de Hollywood, en particulier. C’est que les films de Daech utilisent tout un arsenal d’effets du « « cinéma d’action » hollywoodien, qui est aussi celui de la plupart des publicités télévisées, des génériques de séries, etc. » (p. 37). Loin d’être le fruit d’une coïncidence, cette reprise des mêmes codes culturels serait due, selon un article en annexe de cet essai (p. 111), à l’arrivée de nouvelles recrues, principalement allemandes et étatsuniennes, exerçant dans le domaine audiovisuel, au sein d’Al-Hayat Media Center. Surtout, ils convergent dans une démarche d’avilissement du spectateur, transformé en voyeur2. D’où ce paradoxe à première vue, à savoir « que ceux – Daech – qui se disent les ennemis par excellence de cet Occident perverti emploient les mêmes moyens de production que lui, les mêmes formes de réalisation, les mêmes logiques publicitaires, les mêmes chemins d’accès aux écrans. Les « ennemis » sont alliés sur ces terrains » (p. 109).

    Bien sûr, il ne s’agit pas d’attribuer un signe d’équivalence entre Hollywood et Daech, mais bien de marquer la dépendance du second envers les codes culturels du premier, en termes d’images médiatiques. Or, cela n’est pas sans conséquences sur l’appréhension de l’État islamique, en fonction entre autre de l’antagonisme entre tradition et modernité. En effet, Jean-Louis Comolli reprend à son propre compte l’analyse de Hans Magnus Enzensberg, qu’il cite longuement : « Quelle que soit la ferveur avec laquelle les islamistes se posent en gardiens de la tradition, ils sont en réalité de purs produits du monde globalisé qu’ils combattent. (…) S’étant mis à l’heure de la télévision, de l’informatique, de l’internet et des techniques publicitaires, le terrorisme islamiste atteint aujourd’hui un audimat supérieur à celui d’une coupe du monde de football. Il met en scène son cœur de métier, les massacres, avec l’application d’un élève nourri de cinéma hollywoodien, sur le modèle du film catastrophe, des films « gore » ou du thriller de science-fiction. Ce faisant, il relève encore une fois sa dépendance à l’égard de cet Occident qu’il hait tant » (p. 28).

    Comoli offre ensuite de longs développements sur la nouvelle alliance entre le cinéma et la mort, qui s’opérerait dans les clips de Daech. Mais le terreau de cette alliance serait le « spectacle », tel que les situationnistes l’ont défini.

    #daesh

  • Le cinéma (documentaire) selon Jean-Louis Comolli - Télévision - Télérama.fr
    http://television.telerama.fr/television/le-cinema-documentaire-selon-jean-louis-comolli,124544.php

    Point de vue inspiré et inspirant de Jean-Louis Comolli sur les #webdoc - ça change des rabat-joie :-)

    Dans un livre et un film qui sortent ces jours-ci, Jean-Louis Comolli, entre autres réalisateur et critique, traite du cinéma. En ignorant l’air du temps, tel l’oiseau prophète de Nietzsche, un œil tourné vers le passé, l’autre vers l’avenir.

    « Faut-il redire que le Web et sa consultation extratemporelle sont le contraire du cinéma, doc ou pas ? Le Web nous fascine ou nous aura fascinés par la liberté qu’il nous donne de sortir du cadre et de passer d’une chose à l’autre, en tout ingénuité curieuse. Le spectateur de cinéma ne peut pas passer d’une chose à l’autre. Il est là le temps de la séance. Le Web, doc ou pas, nous accorde cette licence de pouvoir papillonner. Nous reprenons à dessein un terme du XIXe siècle. Comment voir en ne faisant que passer ? Comment se sentir impliqué en n’ayant en mains qu’un jeu de cartes définitivement dessiné et sur lequel nous n’avons aucune prise ? Comment tout simplement entrer dans le récit à tiroirs d’un webdoc alors qu’on ne risque pas, loin de là, d’y laisser sa peau de spectateur ? Le webdoc est par excellence le cinéma destiné à un seul et qui ne le touche que de loin. Ah ! confort ! Ah ! sentiment de maîtrise ! Acmé de la promenade tranquille, le webdoc n’implique rien ni personne. (…) Au cinéma, pour le meilleur et pour le pire, nous partageons avec le film en déroulement un temps synchrone (…), mais qui passe néanmoins et nous oppose sans cesse ses durées. Nous n’avons pas le choix dans la réalité de la relation au film projeté, nous n’avons le choix que de l’imaginaire. Le webdoc, tout au contraire, est en accord avec le monde de stimulations qui est devenu le nôtre, nous donne tous les choix, ou presque. Aller, venir, rester, partir ? C’est encore une fois un fanatisme du passage à l’acte qui montre ici le bout du nez. »

    #nouvelles_narrations #veille

  • Le militantisme cinéphilique, de la théorie à la pratique : entretien avec Jean-Louis Comolli
    http://revueperiode.net/le-militantisme-cinephilique-de-la-theorie-a-la-pratique-entretien-ave

    Le cinéma militant – ou l’usage militant du cinéma – procède souvent d’une méprise caractérisée : se servir d’un film comme prétexte pour initier une discussion ou pour défendre une idée politique. La forme passe alors au second plan. Dans cet entretien, Jean-Louis Comolli revient sur son expérience aux « Cahiers du cinéma » entre 1969 et 1973, à l’heure du tournant marxiste de la célèbre revue. (...) Source : Période