person:joseph e. stiglitz

  • Pourquoi il faut signer l’arrêt de mort du néolibéralisme - Joseph E. STIGLITZ The Guardian - 30 Mai 2019
    • Joseph E. Stiglitz est lauréat du prix Nobel d’économie, professeur à l’Université Columbia et économiste en chef à l’Institut Roosevelt.

    Depuis des décennies, les États-Unis et d’autres états mènent une politique de libre échange qui a échoué de façon spectaculaire.
    Quel type de système économique apporte le plus de bien-être au genre humain ? Cette question est devenue centrale aujourd’hui, car après 40 ans de néolibéralisme aux États-Unis et dans d’autres économies avancées, nous savons ce qui ne fonctionne pas.
    L’expérience néolibérale – réduction de l’impôt des riches, déréglementation des marchés du travail et des produits, financiarisation et mondialisation – a été un échec spectaculaire. La croissance est plus faible que pendant le quart de siècle qui a suivi la seconde guerre mondiale et elle n’a favorisé le plus souvent que ceux qui sont tout en haut de l’échelle. Après des décennies de revenus stagnants, ou même en baisse pour ceux qui se trouvent en dessous d’eux, il faut signer le certificat de décès du néolibéralisme et l’enterrer.


    Au moins trois grandes propositions politiques alternatives existent actuellement : le nationalisme d’extrême droite, le réformisme de centre gauche et la gauche progressiste (le centre-droit représentant l’échec néolibéral). Mais, à l’exception de la gauche progressiste, ces alternatives continuent d’adhérer à une forme d’idéologie qui a (ou aurait dû avoir) fait long feu.

    Le centre-gauche, par exemple, représente le néolibéralisme à visage humain. Son objectif est d’adapter au XXIe siècle les politiques de l’ancien président américain Bill Clinton et de l’ancien premier ministre britannique Tony Blair, en n’apportant que de légères modifications au système de financiarisation et de mondialisation actuel. La droite nationaliste, quant à elle, rejette la mondialisation, et accuse les migrants et les étrangers de tous les problèmes. Mais, comme l’a montré la présidence de Donald Trump, elle continue – du moins dans sa version étatsunienne – à réduire, avec zèle, les impôts des riches, à déréglementer et à réduire ou supprimer les programmes sociaux.

    En revanche, le troisième camp défend ce que j’appelle le capitalisme progressiste, qui propose un programme économique radicalement différent, fondé sur quatre priorités. La première consiste à rétablir l’équilibre entre les marchés, l’État et la société civile. La lenteur de la croissance économique, les inégalités croissantes, l’instabilité financière et la dégradation de l’environnement sont des problèmes nés du marché et ne peuvent donc pas être réglés par le marché. Les gouvernements ont le devoir de limiter et d’organiser le marché par le biais de réglementations en matière d’environnement, de santé, de sécurité au travail et autres. Le gouvernement a également pour tâche de faire ce que le marché ne peut ou ne veut pas faire, par exemple investir activement dans la recherche fondamentale, la technologie, l’éducation et la santé de ses électeurs.

    La deuxième priorité est de reconnaître que la « richesse des nations » est le résultat d’une enquête scientifique – l’étude du monde qui nous entoure – et d’une organisation sociale qui permet à de vastes groupes de personnes de travailler ensemble pour le bien commun. Les marchés gardent le rôle crucial de faciliter la coopération sociale, mais ils ne peuvent le faire que si des contrôles démocratiques les contraignent à respecter les lois. Autrement, les individus s’enrichissent en exploitant les autres et en faisant fructifier leurs rentes plutôt qu’en créant de la richesse par leur ingéniosité. Beaucoup de riches d’aujourd’hui ont emprunté la voie de l’exploitation pour arriver là où ils en sont. Les politiques de Trump ont favorisé les rentiers et détruit les sources de la création de richesse. Le capitalisme progressiste veut faire exactement le contraire.

    Cela nous amène à la troisième priorité : résoudre le problème croissant de la concentration du pouvoir du marché. En utilisant les techniques d’information, en achetant des concurrents potentiels et en créant des droits de douane à l’entrée, les entreprises dominantes peuvent maximiser leurs rentes au détriment des populations. L’augmentation du pouvoir des entreprises sur le marché, conjuguée au déclin du pouvoir de négociation des travailleurs, explique en grande partie la hausse des inégalités et la baisse de la croissance. À moins que le gouvernement ne joue un rôle plus actif que ne le préconise le néolibéralisme, ces problèmes vont probablement s’aggraver à cause des progrès de la robotisation et de l’intelligence artificielle.

    Le quatrième point clé du programme progressiste consiste à rompre le lien entre les pouvoirs économique et politique. Les pouvoirs économique et politique se renforcent mutuellement et se cooptent réciproquement, en particulier là où, comme aux États-Unis, des individus et des sociétés fortunés peuvent financer sans limites les élections. Dans le système étatsunien de plus en plus antidémocratique de « un dollar, une voix », il n’y a plus assez de ces freins et contre-pouvoirs si nécessaires à la démocratie : rien ne peut limiter le pouvoir des riches. Le problème n’est pas seulement moral et politique : les économies plus égalitaires sont en réalité plus performantes. Les capitalistes progressistes doivent donc commencer par réduire l’influence de l’argent en politique et par réduire les inégalités.

    On ne peut pas réparer les dégâts causés par des décennies de néolibéralisme d’un coup de baguette magique. Mais on peut y arriver en suivant le programme que je viens d’ébaucher. Il faudra que les réformateurs soient au moins aussi déterminés à lutter contre le pouvoir excessif du marché et les inégalités, que le secteur privé l’a été pour les générer.

    L’éducation, la recherche et les autres véritables sources de richesse doivent être au cœur des réformes. Il faudra protéger de l’environnement et lutter contre le changement climatique avec la même vigilance que les Green New Dealers aux États-Unis et Extinction Rebellion au Royaume-Uni. Et il faudra mettre en place des mesures sociales permettant à tous de mener une vie décente. Cela veut dire bénéficier de la sécurité économique, d’un travail et d’un salaire décent, de soins de santé et d’un logement convenable, d’une retraite garantie et d’une éducation de qualité pour ses enfants.

    Ce programme d’action n’a rien d’irréaliste ; ce qui serait irréaliste serait de ne pas le mettre en œuvre. Les alternatives proposées par les nationalistes et les néolibéraux engendreraient davantage de stagnation, d’inégalités, de dégradation de l’environnement et de colère, et pourraient avoir des conséquences que nous ne pouvons même pas imaginer.

    Le capitalisme progressiste n’est pas un oxymore. C’est au contraire l’alternative la plus viable et la plus dynamique à une idéologie qui a clairement échoué. Il constitue notre meilleure chance de sortir du marasme économique et politique actuel.

    Joseph E. STIGLITZ

    #néolibéralisme #capitalisme #financiarisation #mondialisation #nationalisme #réformisme #progressisme #pouvoirs #marchés #inégalités #Joseph_Stiglitz

    Sources : https://www.legrandsoir.info/pourquoi-il-faut-signer-l-arret-de-mort-du-neoliberalisme-the-guardian
    https://www.theguardian.com/business/2019/may/30/neoliberalism-must-be-pronouced-dead-and-buried-where-next

  • Après le #néolibéralisme by Joseph E. Stiglitz - Project Syndicate
    https://www.project-syndicate.org/commentary/after-neoliberalism-progressive-capitalism-by-joseph-e-stiglitz-2019-05/french

    L’expérience néolibérale – moins d’impôts pour les riches, dérégulation des marchés du travail et des produits, financiarisation et mondialisation – s’est soldée par un échec spectaculaire. La croissance est plus faible qu’elle ne l’était durant le quart de siècle qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, et elle n’a touché, pour l’essentiel, que les tout derniers degrés de l’échelle des revenus. Après des décennies de stagnation, voire de baisse des revenus inférieurs, la mort et la mise en bière du néolibéralisme doivent être actées.

  • La #concentration du #marché menace l’#économie américaine by Joseph E. Stiglitz - Project Syndicate
    https://www.project-syndicate.org/commentary/united-states-economy-rising-market-power-by-joseph-e-stiglitz-20

    [...]

    Mais un problème plus profond et plus fondamental encore réside dans une concentration croissante de la puissance de marché, qui permet aux sociétés dominantes d’exploiter leurs clients et d’exercer une pression sur leurs employés, dont le pouvoir de négociation et les protections juridiques sont affaiblies. [...]

    Les dirigeants d’entreprise aux États-Unis ont ainsi œuvré pour que l’essentiel des gains permis par la baisse d’#impôts prenne la forme de #dividendes et de rachats d’#actions, qui ont atteint un niveau record de 1 100 milliards $ en 2018. Ces rachats ont fait augmenter le prix des actions, ainsi que le bénéfice par action, sur lequel repose la rémunération de nombreux dirigeants. Dans le même temps, représentant 13,7 % du PIB, l’#investissement annuel est resté faible, pendant que de nombreux régimes de retraite d’entreprise devenaient sous-financés.

    Partout s’observent les illustrations d’une puissance de marché croissante. D’importantes marges contribuent à des bénéfices d’entreprise élevés. Secteur après secteur, des activités réduites telles l’alimentaire pour animaux de compagnies aux activités majeures comme les télécommunications, les prestataires de câble, les compagnies aériennes ou les plateformes technologiques, une poignée de sociétés dominent aujourd’hui 75 à 90 % du marché, voire plus, sachant que le problème est encore plus prononcé au niveau des marchés locaux.

    À mesure qu’augmente le #{pouvoir de marché des plus grandes sociétés, il en va de même pour leur capacité à influencer les #politiques américaines dans lesquelles intervient l’#argent. C’est ce qu’illustre parfaitement la multiplication de clauses d’arbitrage qui, dans les contrats de travail et les contrats d’utilisateurs, permettent aux grandes sociétés de régler les litiges avec les employés et les clients via un simple médiateur, plutôt que devant les tribunaux.

    De multiples forces contribuent à l’augmentation de la puissance de marché. L’une d’entre elles réside dans la croissance de secteurs aux importants effets de réseau, qu’une seule et unique société – de type Google ou Facebook – peut facilement dominer. Une autre réside dans l’attitude prévalente parmi les dirigeants d’entreprises consistant à considérer la puissance de marché comme la seule voie pour générer des profits durables. Pour reprendre la célèbre formule de l’investisseur Peter Thiel, « la #concurrence, c’est pour les #perdants ».

  • Quand l’Europe perd la raison by Joseph E. Stiglitz

    http://www.project-syndicate.org/commentary/european-union-austerity-backlash-by-joseph-e--stiglitz-2015-01/french

    Dans la plupart des pays de l’UE, le PIB par habitant est inférieur à ce qu’il était avant la crise. La demi-décennie perdue se transforme sous nos yeux en une décennie entière. Derrière le froid des statistiques des vies humaines sont brisées, des rêves sont étouffés et des familles éclatent (ou ne se forment pas) en raison de la stagnation qui se prolonge (voire de la dépression dans certains pays).

    Le désordre actuel tient en partie à l’adhésion à la croyance discréditée de longue date selon laquelle les marchés fonctionnent parfaitement et ne sont pas affectés par les imperfections de l’information et de la concurrence. L’orgueil démesuré joue aussi un rôle. Sinon comment expliquer que les prévisions des dirigeants européens quant aux résultats de leur politique soient régulièrement démenties par les faits année après année ?

    Ces prévisions sont erronées non parce que les pays de l’UE n’appliquent pas la politique prescrite, mais parce que les modèles sur lesquels elle repose sont viciés. En Grèce par exemple les mesures destinées à alléger le fardeau de la dette ont en réalité alourdi cette dernière : le ratio dette/PIB est plus élevé qu’en 2010 en raison des conséquences néfastes de l’austérité budgétaire sur la production. Au moins le FMI reconnaît-il ses échecs, qu’ils soient intellectuels ou politiques.

    Les sondages donnent en tête le parti d’opposition de gauche Syriza qui s’est engagé à renégocier les conditions de l’aide de l’UE à la Grèce. Si ce parti arrive en tête sans parvenir au pouvoir, cela tiendra sans doute à la crainte de la réaction de l’UE. Or la crainte n’est pas la plus noble des émotions, elle ne suscitera pas le genre de consensus national dont la Grèce a besoin pour continuer à avancer.

    Le problème ce n’est pas la Grèce, c’est l’Europe. Si l’Union européenne ne change pas de politique - si elle ne réforme pas la zone euro et ne renonce pas à l’austérité - une réaction populiste sera inévitable. La Grèce pourrait maintenir le cap cette fois-ci. La folie économique ne peut durer éternellement, la démocratie ne le permettra pas. Mais combien l’Europe devra-t-elle encore souffrir avant que raison revienne ?

  • The Chinese Century
    By Joseph E. Stiglitz
    http://www.vanityfair.com/business/2015/01/china-worlds-largest-economy

    (...)

    Ultimately, the Soviet system was to fail (...) The world was now dominated by a single superpower, one that continued to invest heavily in its military. That said, the U.S. was a superpower not just militarily but also economically.

    The United States then made two critical mistakes. First, it inferred that its triumph meant a triumph for everything it stood for. But in much of the Third World, concerns about poverty—and the economic rights that had long been advocated by the left—remained paramount. The second mistake was to use the short period of its unilateral dominance, between the fall of the Berlin Wall and the fall of Lehman Brothers, to pursue its own narrow economic interests—or, more accurately, the economic interests of its multi-nationals, including its big banks—rather than to create a new, stable world order. The trade regime the U.S. pushed through in 1994, creating the World Trade Organization, was so unbalanced that, five years later, when another trade agreement was in the offing, the prospect led to riots in Seattle. Talking about free and fair trade, while insisting (for instance) on subsidies for its rich farmers, has cast the U.S. as hypocritical and self-serving.

    (...)

    (...) if we ponder the rise of China and then take actions based on the idea that the world economy is indeed a zero-sum game—and that we therefore need to boost our share and reduce China’s—we will erode our soft power even further. This would be exactly the wrong kind of wake-up call. If we see China’s gains as coming at our expense, we will strive for “containment,” taking steps designed to limit China’s influence. These actions will ultimately prove futile, but will nonetheless undermine confidence in the U.S. and its position of leadership. U.S. foreign policy has repeatedly fallen into this trap. Consider the so-called Trans-Pacific Partnership, a proposed free-trade agreement among the U.S., Japan, and several other Asian countries—which excludes China altogether. It is seen by many as a way to tighten the links between the U.S. and certain Asian countries, at the expense of links with China. There is a vast and dynamic Asia supply chain, with goods moving around the region during different stages of production; the Trans-Pacific Partnership looks like an attempt to cut China out of this supply chain.

    Another example: the U.S. looks askance at China’s incipient efforts to assume global responsibility in some areas. China wants to take on a larger role in existing international institutions, but Congress says, in effect, that the old club doesn’t like active new members: they can continue taking a backseat, but they can’t have voting rights commensurate with their role in the global economy. When the other G-20 nations agree that it is time that the leadership of international economic organizations be determined on the basis of merit, not nationality, the U.S. insists that the old order is good enough—that the World Bank, for instance, should continue to be headed by an American.

    Yet another example: when China, together with France and other countries—supported by an International Commission of Experts appointed by the president of the U.N., which I chaired—suggested that we finish the work that Keynes had started at Bretton Woods, by creating an international reserve currency, the U.S. blocked the effort.

    And a final example: the U.S. has sought to deter China’s efforts to channel more assistance to developing countries through newly created multilateral institutions in which China would have a large, perhaps dominant role. The need for trillions of dollars of investment in infrastructure has been widely recognized—and providing that investment is well beyond the capacity of the World Bank and existing multilateral institutions. What is needed is not only a more inclusive governance regime at the World Bank but also more capital. On both scores, the U.S. Congress has said no. Meanwhile, China is trying to create an Asian Infrastructure Fund, working with a large number of other countries in the region. The U.S. is twisting arms so that those countries won’t join.

    (...)

    We should take this moment, as China becomes the world’s largest economy, to “pivot” our foreign policy away from containment. The economic interests of China and the U.S. are intricately intertwined. We both have an interest in seeing a stable and well-functioning global political and economic order. Given historical memories and its own sense of dignity, China won’t be able to accept the global system simply as it is, with rules that have been set by the West, to benefit the West and its corporate interests, and that reflect the West’s perspectives. We will have to cooperate, like it or not—and we should want to. In the meantime, the most important thing America can do to maintain the value of its soft power is to address its own systemic deficiencies—economic and political practices that are corrupt, to put the matter baldly, and skewed toward the rich and powerful.

    A new global political and economic order is emerging, the result of new economic realities. We cannot change these economic realities. But if we respond to them in the wrong way, we risk a backlash that will result in either a dysfunctional global system or a global order that is distinctly not what we would have wanted.

    #Chine #Etats-Unis #force

  • #Ebola et #inégalités by Joseph E. Stiglitz - Project Syndicate
    http://www.project-syndicate.org/commentary/ebola-highlights-inequality-by-joseph-e--stiglitz-2014-11/french

    Cette crise nous rappelle également l’importance de la gouvernance et de la société civile. Nous ne faisons pas appel au secteur privé lorsqu’il s’agit d’endiguer la propagation d’une maladie telle qu’Ebola. Nous nous tournons davantage vers des institutions – CDC américains (Centers for Disease Control and Prevention), Organisation mondiale de la santé (OMS), ainsi que Médecins Sans Frontières, association remarquable de médecins et infirmiers risquant leur vie pour sauver celle des populations les plus défavorisées de la planète.

    (...)

    La crise d’Ebola soulève davantage la question de notre tendance à compter sur le #secteur_privé pour accomplir des tâches pour lesquelles les gouvernements se révèlent pourtant plus efficaces. En effet, il apparaît aujourd’hui qu’à condition de financements publics plus élevés, un vaccin contre Ebola aurait pu être élaboré il y a déjà plusieurs années.

    Les échecs de l’Amérique à cet égard suscitent une attention particulière – à tel point que certains États africains gèrent les voyageurs en provenance des États-Unis selon des précautions spécifiques. En fin de compte, ceci reflète tout simplement une difficulté plus fondamentale : en grande partie privé, le système de santé américain est aujourd’hui en échec.

    Du côté de ses atouts, l’Amérique abrite certes quelques-uns des plus grands hôpitaux, des meilleures universités de recherche, et des centres médicaux les plus avancés de la planète. En revanche, lorsque l’on sait que les États-Unis dépensent davantage par habitant et en pourcentage de leur PIB en direction de la santé que n’importe quel autre pays au monde, leurs résultats en matière de #santé apparaissent véritablement décevants.

  • On the Wrong Side of Globalization
    By JOSEPH E. STIGLITZ
    http://opinionator.blogs.nytimes.com/2014/03/15/on-the-wrong-side-of-globalization

    The secrecy might be enough to cause significant controversy for the TPP. What we know of its particulars only makes it more unpalatable. One of the worst is that it allows corporations to seek restitution in an international tribunal, not only for unjust expropriation, but also for alleged diminution of their potential profits as a result of regulation. This is not a theoretical problem. Philip Morris has already tried this tactic against Uruguay, claiming that its antismoking regulations, which have won accolades from the World Health Organization, unfairly hurt profits, violating a bilateral trade treaty between Switzerland and Uruguay. In this sense, recent trade agreements are reminiscent of the Opium Wars, in which Western powers successfully demanded that China keep itself open to opium because they saw it as vital in correcting what otherwise would be a large trade imbalance.

  • How Intellectual Property Reinforces Inequality, By JOSEPH E. STIGLITZ - NYTimes.com
    http://opinionator.blogs.nytimes.com/2013/07/14/how-intellectual-property-reinforces-inequality

    inequality is not just morally repugnant but also has material costs. When the legal regime governing intellectual property rights is designed poorly, it facilitates rent-seeking — and ours is poorly designed, though this and other recent Supreme Court decisions have led to one that is better than it otherwise would have been. And the result is that there is actually less innovation and more inequality.

    Indeed, one of the important insights of Robert W. Fogel, a Nobel Prize-winning economic historian who died last month, was that a synergy between improved health and technology accounts for a good part of the explosive economic growth since the 19th century. So it stands to reason that intellectual property regimes that create monopoly rents that impede access to health both create inequality and hamper growth more generally.

    There are alternatives. Advocates of intellectual property rights have overemphasized their role in promoting innovation. Most of the key innovations — from the basic ideas underlying the computer, to transistors, to lasers, to the discovery of DNA — were not motivated by pecuniary gain. They were motivated by the quest for knowledge. Of course, resources have to be made available. But the patent system is only one way, and often not the best way, of providing these resources. Government-financed research, foundations, and the prize system (which offers a prize to whoever makes a discovery, and then makes the knowledge widely available, using the power of the market to reap the benefits) are alternatives, with major advantages, and without the inequality-increasing disadvantages of the current intellectual property rights system.

    #recherche #propriété_intellectuelle #santé #inégalités