person:l’historien alain ruscio

  • Tuer pour civiliser : au cœur du colonialisme

    http://www.revue-ballast.fr/tuer-pour-civiliser-au-coeur-du-colonialisme


    « Halte à la repentance ! » piaffent-ils en chœur de leurs perchoirs. « Les Français » n’auraient qu’une passion : « la haine de soi » pour mieux expier un passé dont ils ne sont plus fiers. Le siècle dernier fut celui des luttes d’indépendance ; l’affaire, puisqu’entendue, serait donc à classer — à l’heure où Eric Zemmour, jurant à qui veut l’entendre de l’évidence du « rôle positif » de la colonisation, caracole sur les étals des librairies ; à l’heure où Alain Finkielkraut, assurant que les autorités hexagonales ne firent « que du bien aux Africains », est sacré à l’Académie ; à l’heure où l’auteur de Vive l’Algérie française !, nous nommons Robert Ménard, a transformé la ville de Béziers en sujet d’actualité, les « vieilles lunes » n’ont-elles pas encore certaines choses à dire ? L’historien Alain Ruscio remonte le temps pour nous faire entendre ces voix qui, de gauche à droite, appelèrent à la guerre par souci de « pacification »

    Commençons en 1580. Un penseur français, des plus fameux, écrit ces lignes, devenues célèbres, que les plus intransigeants anticolonialistes du XXe siècle n’auraient sans nul doute pas désavouées : « Tant de villes rasées, tant de nations exterminées, tant de millions de peuples passés au fil de l’épée, et la plus riche et belle partie du monde bouleversée pour la négociation des perles et du poivre ! […] Jamais l’ambition, jamais les inimitiés publiques ne poussèrent les hommes les uns contre les autres à si horribles hostilités et calamités si misérables. » On aura reconnu Michel de Montaigne, l’auteur des Essais.

    Combien, depuis cette époque et ces lignes, à l’ombre des drapeaux des puissances colonisatrices, d’autres « villes rasées », de « nations exterminées », de « peuples passés au fil de l’épée » ? On pourrait se contenter de cette question, sans crainte d’être contredit, et entrer dans les détails et les descriptions, pour le moins horrible, des fusillades, des razzias, des décapitations, des corvées de bois, des tortures, des viols, de l’utilisation de l’aviation, des armes chimiques, du napalm… On pourrait citer mille auteurs qui protestèrent, de Victor Hugo (« L’armée faite féroce par l’Algérie ») à Anatole France, en passant par Albert Londres, André Gide, Malraux, Aragon, Sartre ou encore François Mauriac… On pourrait, certes. Mais nous resterions dans le comment ; nous devons plutôt tenter de comprendre le pourquoi.

  • Alain Ruscio sur l’essayiste réactionnaire élu à l’Académie française et grand admirateur, entre autres, du nauséabond Renaud Camus.

    « Contribution à l’édition future des œuvres complètes d’Alain Finkielkraut » - Par Alain Ruscio

    http://www.regards.fr/web/contribution-a-l-edition-future,7658

    L’historien Alain Ruscio revient sur la carrière très médiatique du philosophe présumé, irréconciliable avec la France d’aujourd’hui. Une carrière jalonnée d’éclats qui font de lui le digne héritier de certains de ses devanciers de l’Académie française.

    Texte repris en partie de Alain Ruscio, Y a bon les Colonies ? La France sarkozyste face à l’histoire coloniale, à l’identité nationale et à l’immigration, Éd. Le Temps des Cerises, 2011.

    Je ne croyais pas que cela fût possible (toujours commencer par un imparfait du subjonctif, quand il s’agit de l’Académie française). J’étais naïf : cette France rance, ce pays qui marine dans l’affront national, est désormais capable de tout. Alain Finkielkraut va donc venir s’asseoir dans un des fauteuils qui recueillit les postérieurs du monarchiste Charles Maurras, condamné à la libération à la dégradation nationale, de Philippe Pétain, de Louis Bertrand, qui naguère voulait « former un seul bloc » des Européens d’Algérie et « les lancer contre l’ennemi commun, le musulman qu’on a eu la sottise de laisser vivre, alors qu’il fallait l’exterminer sans pitié » [1], du maréchal Juin, ennemi intransigeant de l’indépendance du Maroc, de Michel Debré, qui resta "Algérie française" au-delà du raisonnable (gaulliste)… Tiens, en lisant la liste des "ex", on apprend que Finkielkraut va occuper le fauteuil 21, détenu naguère par le duc d’Aumale, qui s’illustra par la prise de la smala d’Abd el Kader, où il y avait d’ailleurs plus de femmes et d’enfants que de farouches guerriers. La boucle (coloniale) est bouclée.

    #Finkilekraut #idées #racisme #colonialisme #culture #France