person:linda lovelace

  • Aigreurs administratives : Pornographie, postporn et morale chrétienne 1/6
    http://aigreurs-administratives.blogspot.gr/2014/06/pornographie-postporn-et-morale.html

    ll y a quelques semaines, je partageais sur Twitter un article sur les porn studies, qui faisait mention d’une « pornographie éthique ». S’ensuivait une avalanche de réactions, sceptiques, ironiques, ou franchement horrifiées, de la part de contacts, catholiques pour l’essentiel, mais qui sont loin, pour la plupart, d’être spécialement traditionnalistes ou virulents et sectaires dans leurs engagements politiques. Surpris et quelque peu choqué par le caractère quelque peu épidermique de cette levée de bouclier, et par le blocage sur le mot « pornographie » et les significations qui lui sont habituellement associées qu’elle laisse deviner, je promettais un billet sur le sujet : le voici (ou plutôt les voici, puisqu’il y en aura six en tout, que celui-ci vise simplement à introduire).

    Il semble d’usage, lorsqu’on essaie de réfléchir sur la pornographie, de se situer par rapport à cet objet d’étude (voir cet article, par exemple) : après tout, quelques soient les hauteurs vers lesquelles nous élève notre pensée, nous sommes aussi des corps désirants, avec notre sexualité propre et notre histoire spécifique de celle-ci, et sommes en tant que tels toujours susceptibles d’être soit, ou en même temps, excités, perturbés, révulsés, attirés, étonnés, par tel ou tel texte, ou telle ou telle image, à caractère pornographique.

    #pornographie #genre #sexualité #catholicisme

    • a) l’auteur ne mentionne jamais le « pro-sexe », en tous cas pas avec ce vocabulaire, parce qu’il est en général plus subtile que pro/anti
      b) dire que pornographie est nécessairement représentation de la prostitution, c’est confondre la définition d’un mot avec son étymologie. Qu’aurait tu dire si l’auteur avait parlé de « sexographie » ? Sur d’autres sujet tu a su te montrer plus nuancée, ne confondant pas nécessairement certaines activités avec le cadre industriel et capitalistique dans lesquelles elle s’exercent majoritairement.

    • « Que fallait-il comprendre dans les guillemets ? En l’absence de rappel du lieu du debat, a savoir le mouvement feministe americain ? »

      Avec MacKinnon et Butler citées juste en dessous (dans la même phrase, d’ailleurs), cela ne me paraissait pas si difficile à comprendre.

      « C’est pas la meme chose, le film de cul joyeux que je vais montrer dans un centre feministe, avec des benevoles qui s’amusent devant la camera, et le produit qui montre une femme pauvre se faire prendre dans des positions pas dignes ou traumatisantes. »

      C’est précisément parce que ce n’est pas la même chose que votre commentaire précédent, qui réduit la pornographie dans son ensemble, à partir d’une lecture étymologique contestable, à l’exploitation sexuelle, est incompréhensible. Ce que vous rappelez ci-dessus, c’est qu’il existe des pornographies, avec des implications différentes, et des degrés de gravité difficilement comparable. Ce qui me parait plutôt ajouter du moulin aux partisanes du postporn et de la resignification du porno : si vous reconnaissez vous même qu’il existe un porno « joyeux », avec des « bénévoles qui s’amusent devant la caméra », comment nier qu’un autre porno que celui « sexploitif » est possible et défendable, et que la voie juridique n’est pas la seule réponse, ni même la plus efficace (par exemple, le durcissement de la réglementation sur la pornographie dans les années 80 en France, et la mise en place du classement X, semblent avoir eu peu d’effet sur l’"industrie" , mais ont par contre fait beaucoup de mal aux tentatives de « films d’auteurs » pornos, du genre « derrière la porte verte »), aux difficultés éthiques soulevées par d’autres productions : qu’une transformation de l’intérieur est possible, et digne d’intérêt ?

      Pour le reste, j’ai répondu à votre précédent commentaire ici : http://aigreurs-administratives.blogspot.com/2014/06/pornographie-postporn-et-morale.html?showComment=

    • oui sur 1) lecture un peu trop rapide. Mea culpa. La question de la subversion du vocabulaire est toujours complexe. Faut-il accepter de prendre le vocabulaire de ceux que l’on combat pour le détourner, ou faut-il le refuser. C’est un choix théorique (qui s’applique à d’autres domaines comme tu le souligne) qui n’a pas vraiment trouvé pour le moment de réponse satisfaisante, dans un sens ou dans l’autre. Ajout d’adjectif, ou changement de nom ? bonne question, mais je pense que l’essentiel, et connaissant les autres articles de l’auteur est ailleurs : quels types de relations entre humaines (et entre humains et animaux) ont accepte, et pourquoi.

    • "mais le texte est en francais, s’adresse a un lectorat francophone, et je n’avais lu aucune autre gene que les guillemets a integrer ce debat-la direct dans notre contexte, qui lui est etranger et ou il fait des ravages d’incomprehension."

      Encore une fois, je cite Butler et Mac Kinnon dans la même phrase que le terme "pro sexe". Par ailleurs, le paragraphe où il est situé consiste en une annonce d’un futur billet, plus approfondi : peut-être n’était-il pas si difficile de se dire que j’allais y expliciter plus avant le cadre du débat et le sens des mots employés.

      "Et je ne VEUX pas utiliser le meme mot parce que j’ai deja fait ma queer sympatoche pro-porn dans un texte de 2003 et tout ce que j’ai entendu des mecs de goche conscientises, c’est « cool les filles, continuez comme ca, on se tapera la queue sur des trucs plus varies maintenant ». Approche androcentree, qui m’a laissee demunie. Et enragee. En voila, un truc qui n’arrivera jamais aux spectateurs qui trouvent ca cool, l’empowerment feminin, qu’on puisse jouir de, s’approprier leur position de spectateur. Nous, les femmes qui sommes invitees a faire les benevoles devant la camera en guise d’empowerment, on connait un peu l’impression d’etre appropriees par d’autres..."

      C’est votre témoignage et j’ai juste à le respecter (et je reconnais qu’il m’incite à plus de prudence dans mon usage et mon interprétation de la notion d’empowerment). Vous avez cependant parlé de "fiche de lecture " à propos de mon billet, et effectivement, j’essaie au maximum d’y taire ma propre expérience, difficile, avec le porno, pour rendre compte de lectures, qui sont certes globalement situées dans un certain courant du féminisme, mais dont des femmes sont les auteures : Butler, Paveau, probablement Bourcier et Preciado. Je le ferai peut-être très maladroitement, ou avec plein de contresens, mais il me semble avoir tenté de mettre en place, autant qu’il m’était possible, des stratégies, pour éviter le point de vue andro-centré, qui est toujours unrisque je le reconnais.

      "La conclusion, c’est que non je ne vais pas voir des films de cul feministes en mixite avec des hommes heteros, non je ne parle pas de films de boules avec eux parce qu’on n’a pas de vocabulaire commun prealable a la conversation."

      La encore, c’est totalement votre droit, et je n’ai pas à faire de commentaire à ce sujet. mais cela me parait loin de ce dont mon billet traite : je ne parle pas de mixité ou de dialogue homme femme ou quoique ce soit du genre : je m’appuie, en essayant autant que possible d’expliciter mes présupposés, mon historique personnel, la situation de mon point de vue ... (vous avez vous-même mentionné mon "honnêteté"), sur des textes écrits majoritairement par des femmes, non pas pour dire : "le cul c’est pas grave", mais pour tenter de trouver un moyen terme entre le discours catho sur le porno, qui en absolutise les méfaits éventuels d’une manière qui contribuent trop souvent à occulter les aspects sexistes de la morale religieuse, et le libertinage pur et dur, ceci sans grande prétention, mais en tant que croyant qui tente de faire la synthèse entre ses lectures (effectivement très orientées queer et poststructuralisme) et sa foi. Vous avez tout à fait le droit de n’en avoir rien à foutre, ou d’être en désaccord. Mais cela ne me semble pas, peut-être à tort, avoir de rapport avec ce que vous dénoncez (même si par ailleurs, mon ambivalence vis à vis du porno a certainement aussi des racines sexistes).

      "Et oui, je trouve cet interet pour le feminisme ultra-malsain... je ne me precipite plus de maniere enamouree devant le moindre pretendu allie""

      Tout à votre honneur. Je cherche à poser sur le papier mes idées, et le cas échéant à échanger intellectuellement. Pas une reconnaissance affective .

    • « Et je ne VEUX pas utiliser le meme mot »

      Sur l’angle lexical de cette revendication, s’il s’agit de substituer au mot « pornographie » celui de « sexographie » (d’une manière peut-être analogue à celle dont certaines féministes préfèrent parler de « womanism » ou d’"antisexisme" pour éviter les dérives d’un certain féminisme blanc, post colonial, transphobe... ), c’est en effet une idée à laquelle je n’avais pas du tout réfléchi, sur laquelle je n’ai pas suffisamment de recul (ni de légitimité d’ailleurs)pour me déterminer, mais que je garde en mémoire.