Allocution de Nathalie Arthaud le dimanche 19 mai 2013 à la fête de Lutte Ouvrière (Presles)
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[...] Après avoir aidé dans le passé Mitterrand à se donner une image d’homme de gauche, la direction du PC amène la force militante et le crédit qui lui reste de son passé de parti ouvrier à Mélenchon. Il aide ainsi l’ancien sénateur et ministre socialiste à se donner une allure de révolutionnaire du verbe et d’ami des travailleurs.
La sauce de Mélenchon est un drôle de mélange qui concilie la prise de la Bastille avec une candidature au poste de premier ministre.
Après Hollande, c’est lui qui nous explique maintenant qu’il est possible d’avoir un « bon » gouvernement de gauche, qu’il est possible d’en faire ravaler aux plus riches et de concilier les intérêts des travailleurs et de la bourgeoisie.
Le croire serait aller d’illusions en illusions ! Quand bien même Mélenchon serait Premier ministre, il serait non seulement sous l’autorité de Hollande, mais surtout à la tête d’un appareil d’Etat entièrement construit pour servir les intérêts de la bourgeoisie.
Un appareil d’Etat composé de centaines, de milliers de hauts fonctionnaires, des préfets aux directeurs de cabinet des ministères, qui incarnent la continuité de l’Etat pendant que les ministres passent. Un appareil d’Etat avec la hiérarchie militaire, la hiérarchie policière, dressées pour défendre l’ordre bourgeois sur l’économie.
Un gouvernement Mélenchon devra, comme n’importe quel autre gouvernement sous la domination sociale de la bourgeoisie, obéir à la classe riche. Dans cette période de crise, cela le mettra dans l’obligation de faire une politique anti-ouvrière.
Les mots d’ordre que Mélenchon met en avant sont toujours d’apparence radicale mais ils sont politiquement creux et ils sont étrangers aux intérêts des travailleurs.
Mélenchon a compris que l’alternance ne faisait plus rêver personne, il propose donc de changer de constitution. La solution miracle serait de bâtir une nouvelle République la VIe République qui deviendrait démocratique et sociale par la grâce de nouveaux textes constitutionnels. Comme si l’exploitation était inscrite dans la constitution !
Ce n’est pas une constitution qui permet aux capitalistes de s’enrichir sur notre dos, c’est le droit de propriété capitaliste, c’est le monopole que la bourgeoisie a sur l’argent, sur les entreprises et sur toute l’économie. C’est ce monopole là qu’il faut supprimer, mais renverser la domination de la bourgeoisie, ce n’est pas le programme de Mélenchon.
À tous ceux qui sont convaincus par nos idées mais qui regrettent que nous ayons moins d’influence que Mélenchon, nous disons : « rejoignez-nous ! » Car s’il y a bien des choses que nous ne pouvons pas faire, il y en a toujours une que pouvons faire : dire ce que nous pensons, affirmer notre politique communiste révolutionnaire, faire vivre nos idées et de préparer l’avenir .
Les révolutionnaires n’ont pas à se mettre à la remorque de politiques étrangères aux intérêts des travailleurs, il faut qu’ils s’attèlent à la tâche de construire un parti. Ils doivent être présents et se battre pour donner aux luttes politiques qui ne manqueront pas dans les années à venir la seule orientation positive, la lutte de classe [...]