person:marie-aldine girard

  • Du rôle de l’autodérision dans la presse/blogosphère féminine

    Garance Doré fait un post sur l’autodérision :
    http://www.garancedore.fr/2013/11/13/self-service-3

    Effectivement, avec son image de fille joyeuse et spontanée, son humour et le fait qu’elle ne se prenne pas au sérieux contribuent beaucoup à faire d’elle une blogueuse mode qui sort du lot.

    Mais son billet est l’occasion de remarquer une chose : on aurait tort de croire que la sphère culturelle mode-beauté (presse féminine, blogs, cinéma, édition, etc.) fonctionne uniquement sur le mode de l’injonction, et que tout ce qui s’écarte de ce mode serait subversif. Au contraire, elle ménage régulièrement des soupapes, des sas de décompression par le rire.

    Certaines rédactrices de magazines féminins, par exemple, sont préposées au rôle de la fille rigolote qui « n’y arrive pas » (à être une créature de rêve, une mère parfaite, une amante torride, à avoir une vie de couple idyllique, etc.) et qui réconforte la lectrice en créant un lien de complicité avec elle et en lui permettant de se défouler... pour un moment. Le personnage de Bridget Jones remplit cette fonction de façon emblématique, et le succès récent du livre d’Anne-Sophie et Marie-Aldine Girard, « La femme parfaite est une connasse », repose sur le même mécanisme :
    http://www.jailu.com/albums_detail.cfm?Id=43376

    Toutes ces productions ont en commun de râler contre les normes imposées aux femmes, mais sans mettre en cause sérieusement leur bien-fondé. Dans « La femme parfaite est une connasse », on reste dans le même univers, les mêmes préoccupations : la bouffe, les fringues, les mecs. Il y a quelques jours, Garance Doré dressait la liste de toutes les opérations à ne pas oublier pour être « juste sortable », et avouait qu’elle en zappait régulièrement, mais sans chercher pour autant ce que la liste pourrait compter de superflu :
    http://www.garancedore.fr/2013/11/06/the-beauty-checklist

    Quant à Bridget Jones, difficile de contester que son effet a été de renforcer les normes auxquelles son personnage n’arrivait pas à se conformer. Il suffit de voir le destin qu’a connu sa fameuse hantise de devenir une vieille fille esseulée dont le cadavre finirait dévoré par ses chiens. Une image devenue célèbre, et qui, curieusement, ne fonctionne pas du tout aussi bien avec un cadavre mâle...

    #presse_féminine #beauté #féminité #culture