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  • Centre d’actualités de l’ONU - L’#OMS publie une liste de #bactéries contre lesquelles il est urgent d’avoir de nouveaux #antibiotiques
    http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=39034

    L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié lundi sa première liste « d’agents pathogènes prioritaires » résistants aux antibiotiques, énumérant les 12 familles de bactéries les plus menaçantes pour la santé humaine.

    Cette liste a été établie pour essayer d’orienter et de promouvoir la recherche-développement de nouveaux antibiotiques, dans le cadre des efforts de l’OMS pour lutter contre la résistance croissante aux antimicrobiens dans le monde.

    Elle met plus particulièrement en avant la menace des bactéries à Gram négatif résistantes à de nombreux antibiotiques. Elles ont des capacités intégrées de trouver de nouveaux moyens de résister aux traitements et peuvent transmettre le matériel génétique permettant à d’autres bactéries de devenir elles aussi résistantes.

    « Cette liste est un nouvel outil pour veiller à ce que la recherche-développement réponde aux besoins urgents de la santé publique », indique le Dr Marie-Paule Kieny, Sous-Directrice générale à l’OMS pour le Groupe Systèmes de santé et innovation. « La résistance aux antibiotiques augmente et nous épuisons rapidement nos options thérapeutiques. Si on laisse faire le marché, les nouveaux antibiotiques dont nous avons le besoin le plus urgent ne seront pas mis au point à temps ».

    La liste de l’OMS comporte trois catégories selon l’urgence du besoin de nouveaux antibiotiques : critique, élevée ou moyenne.

    Le groupe le plus critique comporte des bactéries multirésistantes qui représentent une menace particulière dans les hôpitaux, les maisons de retraite ou pour les patients dont les soins imposent d’utiliser des dispositifs comme des respirateurs ou des cathéters sanguins. Il comporte Acinetobacter, Pseudomonas et diverses entérobactéries (dont Klebsiella, E. coli, Serratia, et Proteus). Elles peuvent provoquer des infections sévères, souvent mortelles, telles que des infections sanguines et des pneumonies.

    Ces bactéries sont devenues résistantes à un grand nombre d’antibiotiques, y compris les carbapénèmes et les céphalosporines de troisième génération, les meilleurs produits disponibles pour traiter les bactéries multirésistantes.

    Le deuxième et le troisième groupe de la liste – les catégories de priorité élevée et moyenne – comportent d’autres bactéries de plus en plus résistantes provoquant des maladies plus courantes telles que la #gonorrhée ou les intoxications alimentaires par les #salmonelles.

    La liste a pour but de pousser les gouvernements à mettre en place des politiques incitant les agences financées par le public comme le secteur privé à investir dans la recherche fondamentale et la recherche développement avancée pour découvrir de nouveaux antibiotiques. Elle donnera des orientations pour les nouvelles initiatives telles que le partenariat mondial pour la recherche développement d’antibiotiques de l’OMS et de la DNDi (WHO/DNDi Global Antibiotic R&D Partnership) qui s’engage dans le développement à but non lucratif de nouveaux antibiotiques.

    La #tuberculose – dont la résistance au traitement traditionnel a augmenté ces dernières années – n’a pas été incluse dans la liste, car le problème est pris en charge par d’autres programmes dédiés. D’autres bactéries qui n’en font pas partie, comme les #streptocoques A et B et les #chlamydias, ont de faibles niveaux de résistance aux traitements existants et ne constituent pas actuellement une menace sérieuse pour la santé publique.

    Liste OMS des agents pathogènes prioritaires pour la recherche-développement de nouveaux antibiotiques :

    Priorité 1 : CRITIQUE

    1. Acinetobacter baumannii, résistance aux carbapénèmes

    2. Pseudomonas aeruginosa, résistance aux carbapénèmes

    3. Enterobacteriaceae, résistance aux carbapénèmes, production de BLSE

    Priorité 2 : ÉLEVÉE

    1. Enterococcus faecium, résistance à la vancomycine

    2. Staphylococcus aureus, résistance à la méthicylline, résistance intermédiaire ou complète à la vancomycine

    3. Helicobacter pylori, résistance à la clarithromycine

    4. Campylobacter spp., résistance aux fluoroquinolones

    5. Salmonellae, résistance aux fluoroquinolones

    6. Neisseria gonorrhoeae, résistance aux céphalosporines, résistance aux fluoroquinolones

    Priorité 3 : MOYENNE

    1. Streptococcus pneumoniae, insensible à la pénicilline

    2. Haemophilus influenzae, résistance à l’ampicilline

    3. Shigella spp., résistance aux fluoroquinolones

    #antibiorésistance

  • L’#OMS recommande 29 moyens de mettre fin aux infections en #chirurgie et d’éviter les #superbactéries
    http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=38425&Cr=OMS&Cr1=

    « Personne ne devrait tomber malade en allant consulter ou en recevant des soins », a déclaré le Dr Marie-Paule Kieny, Sous-Directrice générale à l’OMS pour les systèmes de #santé et l’innovation. « La prévention des infections en chirurgie n’a jamais été aussi importante, mais elle est complexe et nécessite toute une panoplie de mesures. Ces lignes directrices sont un outil très précieux pour protéger les patients ».

    Les infections du site opératoire sont dues à des bactéries qui s’introduisent au cours des incisions faites pendant l’intervention. Chaque année, elles menacent la vie de millions de patients et contribuent à la propagation des résistances aux #antibiotiques.

    Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, 11% des patients opérés sont infectés au cours de l’intervention. En Afrique, jusqu’à 20% des femmes ayant une #césarienne contractent une infection de la plaie, ce qui compromet leur santé et leur capacité de s’occuper de leurs enfants.

    Mais le problème des infections du site opératoire n’est pas réservé aux pays pauvres. Aux États-Unis, elles contribuent à plus de 400.000 journées supplémentaires d’hospitalisation, augmentant les dépenses totales de 900 millions de dollars par an.

    [...] De nombreuses études montrent que la mise en œuvre d’un certain nombre de mesures de prévention fait baisser sensiblement les effets nocifs des infections du site opératoire. Une étude pilote dans 4 pays africains a mis en évidence que l’application d’une sélection des nouvelles recommandations pouvait entraîner une baisse de 39% du nombre des infections du site opératoire.

  • La guerre contre les « superbactéries » est déclarée

    http://www.lemonde.fr/medecine/article/2016/06/06/la-guerre-contre-les-superbacteries-est-declaree_4939189_1650718.html

    La dernière fois qu’une telle mobilisation sanitaire a eu lieu, c’était face aux ravages de l’infection par le VIH. D’abord limité au monde de la santé, le sujet avait de telles répercussions globales, notamment en termes d’économie et de sécurité, qu’il a fini par être inscrit à l’agenda politique international et a fait l’objet d’une mobilisation qui a changé la donne et a renversé la tendance. C’est à présent le tour de la marée montante des infections résistantes aux antibiotiques d’être à l’ordre du jour de réunions des chefs d’Etat et de faire l’objet d’engagements concrets.

    Une réaction qui se développe alors qu’une nouvelle a tout récemment défrayé la chronique : l’identification en Pennsylvanie, chez une femme âgée de 49 ans, d’une bactérie Escherichia coli résistante à l’un des antibiotiques de dernier recours, la colistine. Différents médias nord-américains ont relayé, en la déformant parfois, cette information publiée le 26 mai dans la revue Antimicrobial Agents and Chemotherapy par une équipe de médecins militaires du Walter Reed Institute.

    Présentée à tort comme le premier cas de résistance à un antibiotique de dernier recours aux Etats-Unis – il en a existé depuis le début des années 1990 –, il s’agit en réalité de la première occurrence américaine d’un mécanisme découvert en Chine à la fin de l’année 2015. Jusqu’ici, les résistances connues étaient liées à un gène mutant porté par un chromosome bactérien qui n’est donc pas échangeable entre bactéries. Au contraire, dans le cas chinois initial et dans celui de Pennsylvanie, le gène baptisé MCR-1 se trouve sur un plasmide, une molécule d’ADN circulaire, qui peut être transféré à une autre bactérie, qui deviendra à son tour résistante.

    Modifier les comportements

    Face à l’émergence d’une bactérie résistant réellement à la panoplie d’antibiotiques existants, les raisons d’inquiétude sont donc bien avérées, même si cela ne signifie pas que les recours face aux infections soient déjà épuisés. D’autant plus que les chiffres sont sans appel et donnent le vertige. Comme le souligne le récent rapport dirigé par Lord Jim O’Neill, « S’attaquer mondialement aux infections résistantes aux traitements », si l’on n’agit pas maintenant, d’ici à 2050, le nombre de décès annuels dus à l’antibiorésistance s’élèvera à 10 millions, et le coût économique cumulé atteindra 100 000 milliards de dollars.

    Une perspective que seules peuvent conjurer la modification des comportements afin de passer à une utilisation raisonnée des antibiotiques et une relance des efforts de recherche et développement pour découvrir de nouvelles molécules. Ce qui implique une volonté politique, des moyens financiers et une mobilisation des acteurs, publics et privés, de la recherche.

    Le phénomène concerne notamment des bactéries dites « à Gram négatif » (selon leur réaction à une méthode de coloration), parmi lesquelles Escherichia coli, Acinetobacter baumannii, Pseudomonas aeruginosa, Klebsiella pneumoniae ou différentes espèces du genre Enterobacter, mais des bactéries à Gram positif sont également impliquées. Quatre classes d’antibiotiques sont considérées comme étant particulièrement génératrices de résistances : l’association amoxicilline-acide clavulanique (dont le chef de file est commercialisé sous le nom d’Augmentin), les céphalosporines, les fluoroquinolones et la témocilline, une pénicilline à spectre étendu, qui peut être une alternative à d’autres antibiotiques à plus large spectre.

    Pour un nombre croissant de pathologies, comme « la pneumonie, la tuberculose, la septicémie et la gonorrhée, le traitement est devenu difficile, voire impossible, suite à la perte d’efficacité des antibiotiques », souligne l’Organisation mondiale de la santé.

    La principale cause en est l’usage abusif ou inapproprié des molécules antibactériennes. En médecine humaine, la prescription est le plus souvent effectuée sans recourir au préalable à un test diagnostique pour confirmer qu’il s’agit bien d’une infection bactérienne, ce qui conduit à des prises probabilistes et injustifiées. L’usage d’antibiotiques hors de toute prescription médicale est également un grand pourvoyeur de résistances. L’usage excessif de ces médicaments chez l’animal est à présent largement dénoncé, en particulier en raison du recours aux antibiotiques, notamment aux Etats-Unis, à des fins non médicales, mais pour tirer parti du fait que les animaux qui en consomment deviennent plus gros.

    Cela a justifié en France une action dans le domaine agricole, qui a pris la forme du plan Ecoantibio 2012-2017. En termes quantitatifs, le plan national de réduction des risques d’antibiorésistance en médecine vétérinaire « vise une réduction en cinq ans de 25 % de l’usage des antibiotiques vétérinaires, en développant les alternatives qui permettent de préserver la santé animale sans avoir à recourir aux antibiotiques ».

    Au mois d’avril 2016, de nouvelles mesures réglementaires encadrant le recours aux antibiotiques critiques en médecine vétérinaire sont entrées en vigueur en France (où les vétérinaires sont à la fois prescripteurs et vendeurs des médicaments), à la suite de la parution, le 18 mars, d’un décret ministériel en application de la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt.

    Ces mesures prévoient « l’interdiction du recours préventif à une cinquantaine d’antibiotiques critiques, c’est-à-dire leur utilisation sur des animaux non affectés par une bactérie pathogène » et « la réalisation de tests permettant de s’assurer qu’un autre antibiotique ne pourrait pas être utilisé avant toute prescription d’un antibiotique critique en médecine vétérinaire », précise un communiqué commun de Marisol Touraine, ministre en charge de la santé, et de Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture.

    Face aux infections bactériennes à Gram négatif, qui peuvent se révéler très dangereuses, les médecins sont même allés rechercher un vieil antibiotique, la colistine, arrivé sur le marché vers la fin des années 1950, mais dont l’usage était progressivement tombé en désuétude au cours des années 1970 en raison de sa toxicité. Au début des années 2010, des travaux de réévaluation ont été entrepris par une équipe internationale sur financement par l’Institut national de l’allergie et des maladies infectieuses (l’un des NIH américains), afin de mieux définir la dose efficace et limiter le risque d’émergence de résistances, tout en diminuant les effets toxiques, notamment sur le rein. Les tests ont été effectués chez des patients hospitalisés en situation critique, avec une défaillance plus ou moins importante de la fonction rénale, en utilisant le méthanesulfonate de colistine, une forme inactive qui se convertit en colistine active une fois dans l’organisme.

    Outre la colistine, une demi-douzaine d’antibiotiques, dont les carbapénèmes (de la famille des bêta-lactamines, dont le premier représentant a été l’historique pénicilline découverte fortuitement en 1929), sont considérés comme ceux de dernier recours, qu’il s’agit donc de préserver le plus longtemps possible des résistances qui ont commencé à apparaître.

    Redynamiser la recherche

    Que ce soit à un niveau national ou international, les rapports, recommandations et plans se sont multipliés ces derniers temps : rapport dirigé par le professeur Jean Carlet et Plan antibiotiques (dont la troisième édition, 2011-2016, va arriver à échéance) en France, rapport « Antimicrobial Resistance in G7 Countries and Beyond » de l’OCDE, en septembre 2015, qui montre que les Etats membres du G7 consommant le plus d’antibiotiques (France et Espagne) sont aussi ceux où la fréquence des résistances est la plus élevée, rapport dirigé par Lord Jim O’Neill à la demande du premier ministre britannique David Cameron, en mai 2016…

    Tous vont dans le même sens pour dresser un constat inquiet de la situation, identifier les causes de l’expansion irrésistible de l’antibiorésistance, proposer un ensemble de mesures et déployer des moyens, afin de relancer la recherche et développement de nouveaux antibiotiques, un domaine que de nombreux laboratoires pharmaceutiques ont abandonné. Sous l’impulsion de l’Allemagne, la réunion des ministres de la santé du G7 en octobre 2015 a adopté une déclaration allant dans le sens d’une action coordonnée et résolue. Lord O’Neill, qui est devenu secrétaire d’Etat au commerce dans le gouvernement de David Cameron, compte bien redynamiser la recherche de nouveaux antibiotiques en s’appuyant sur le G20 prévu en septembre et en misant sur une réunion de haut niveau des Nations unies sur le sujet.

    De leur côté, une centaine de laboratoires pharmaceutiques ont lancé, en janvier 2016, un appel aux gouvernements les invitant à « aller à présent au-delà des déclarations d’intention actuelles et de passer concrètement à l’action, en collaboration avec les entreprises, pour soutenir l’investissement dans le développement d’antibiotiques, tests diagnostiques, vaccins et autres produits vitaux pour la prévention et le traitement des infections résistantes aux traitements ».

    Le rapport O’Neill avance le principe d’une « récompense à l’entrée sur le marché », d’un montant de 1 à 1,5 milliard de dollars, pour les entreprises qui mettraient au point avec succès de nouveaux antibiotiques et s’engageraient à respecter des conditions strictes de commercialisation. Ce bonus pourrait, entre autres options, être alimenté par un mécanisme pay or play, où les industriels qui ne développent pas de nouvelles molécules antibactériennes financeraient la récompense de ceux qui s’y sont engagés.

    Simultanément, une autre initiative a été prise, le 24 mai, lors de l’Assemblée mondiale de la santé à Genève : la Drugs for Neglected Diseases initiative (DNDi) – organisation de recherche indépendante à but non lucratif luttant contre les maladies tropicales – et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont conjointement lancé le partenariat « Global Antibiotic Research and Development » (GARD, Partenariat global pour le développement des antibiotiques). GARD doit s’attaquer à la résistance aux antibiotiques, « une menace majeure pour la santé publique ».

    Evoquant les conséquences d’une absence d’investissements dans ce domaine, le docteur Marie-Paule Kieny, sous-directeur général à l’OMS, a affirmé : « Sans cela, nous pourrions perdre la pierre angulaire de la médecine moderne, et les infections et blessures légères qui étaient traitables pourraient tuer à nouveau. Mais nous devons également changer la manière dont nous utilisons les nouveaux antibiotiques pour ralentir la constitution de résistances. » GARD s’assurera également de ce que « tout nouveau produit provenant de cette initiative soit abordable pour tous ».

    « Nous pourrons considérer que nos efforts auront été couronnés de succès si, dans 5 à 7 ans, notre portefeuille de trois ou quatre projets débouche sur un produit, estime pour sa part le docteur Bernard Pécoul, directeur exécutif de la DNDi. Nous allons travailler à partir d’antibiotiques abandonnés, en améliorant les formulations, mais aussi sur des combinaisons d’antibiotiques ou l’association d’un antibiotique et d’une molécule qui amplifie son action. »

    Lors du lancement de l’initiative GARD, la DNDi a annoncé avoir obtenu des engagements gouvernementaux de la part des ministères en charge de la santé en Allemagne et aux Pays-Bas, du Conseil de la recherche médicale d’Afrique du Sud et du Département britannique du développement international. Médecins sans frontières appuie également l’initiative. L’ensemble de ces soutiens se traduit par un total de 2 millions d’euros pour les deux années de phase d’incubation.

    Fidèle à son orientation de partir des besoins des patients, la DNDi va travailler avec l’OMS sur une liste des maladies infectieuses prioritaires, entre autres le sepsis néonatal (réponse inflammatoire généralisée à une infection grave, elle tue 6 millions de nouveau-nés par an dans le monde), la gonorrhée… « Nous n’allons pas aller sur les pistes où les Instituts nationaux de la santé américains (NIH) ou d’autres acteurs comme l’Union européenne sont déjà présents – les résistances aux antibiotiques dans les services de soins intensifs –, mais développer une complémentarité », plaide Bernard Pécoul.

    « Les industriels de la pharmacie ont créé des projets, puis ont demandé à l’Union européenne de lancer un appel d’offres sur l’objectif qu’ils ont prédéfini. Nous voulons procéder à l’inverse. Surtout, insiste Bernard Pécoul, il est nécessaire de réinventer la recherche publique et privée pour trouver une nouvelle famille d’antibiotiques et ne pas réitérer ce qui s’est passé avec les quinolones, une famille originale très efficace, dont l’utilisation trop abondante a rapidement engendré des résistances. »

    Des moyens conséquents

    Quelles que soient les modalités, la bataille contre les résistances aux antimicrobiens et aux antibiotiques en particulier ne pourra pas être gagnée sans le déploiement de moyens conséquents. A l’image des NIH des Etats-Unis, qui ont annoncé en janvier 2016 qu’ils accordaient 5 millions de dollars de financement à 24 projets de recherche destinés à développer des traitements non traditionnels pour les infections bactériennes. Une décision qui s’inscrit dans le Plan d’action national pour combattre les bactéries résistantes aux antibiotiques adopté par la Maison Blanche.

    Mais le changement des comportements tant des professionnels de santé que des patients n’est pas moins impératif. « En France, 158 000 personnes contractent chaque année une infection à bactérie multirésistante et 12 500 en décèdent », rappelait le professeur Jean Carlet, dans un bilan sur la consommation d’antibiotiques paru en novembre 2015. Tout le monde se souvient de la campagne lancée en 2002 par l’Assurance-maladie autour du slogan « Les antibiotiques, c’est pas automatique », avec pour objectif une diminution de 25 % de leur usage.

    Si la mémorisation a été excellente, il n’en demeure pas moins que la France reste l’un des des plus gros consommateurs d’antibiotiques en Europe : « Elle consomme 30 % de plus que la moyenne européenne, 3 fois plus que les pays les plus vertueux, qui nous sont à bien des égards comparables. Cette surconsommation entraîne une dépense injustifiée de 71 millions d’euros par rapport à la moyenne européenne, et de 441 millions par rapport aux pays les plus vertueux », poursuivait le professeur Carlet.

    Il rappelait que, si le niveau d’antibiorésistance n’est pas aussi élevé que ce qu’il devrait être en conséquence, cela n’est dû qu’à de « très bonnes mesures d’hygiène à l’hôpital et à la mise en place de mesures d’isolement drastiques lors de toute infection ou colonisation avec des bactéries multirésistantes (BMR) ». Un rempart indispensable, mais trop précaire pour suffire à éloigner la menace.

    Un phénomène naturel amplifié

    « La résistance aux antibiotiques constitue aujourd’hui l’une des plus graves menaces pesant sur la santé mondiale. Elle peut frapper n’importe qui, à n’importe quel âge, dans n’importe quel pays. L’antibiorésistance est un phénomène naturel, mais qui est accéléré par le mauvais usage des antibiotiques chez l’homme et l’animal. » C’est en ces termes que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) décrit les faits essentiels sur la résistance aux antibiotiques. Ce terme s’applique à des bactéries chez lesquelles une mutation d’un gène a engendré la capacité de ne pas être détruites par les antibiotiques. Au départ, il s’agit d’un mécanisme de sélection naturelle qui est amplifié par une antibiothérapie mal prescrite (inutile ou inappropriée) ou mal suivie (traitements arrêtés de manière intempestive). Plus large, le terme de « résistance aux antimicrobiens » englobe également des infections dues à des virus (VIH, par exemple), à des parasites (paludisme) ou à des champignons (candidoses).

  • « L’Ebola est une maladie de pauvres gens dans des pays pauvres » - Libération
    http://www.liberation.fr/terre/2014/08/16/l-ebola-est-une-maladie-de-pauvres-gens-dans-des-pays-pauvres_1081584

    INTERVIEWLa directrice générale adjointe de l’OMS Marie-Paule Kieny décrit l’état de la lutte contre l’épidémie de fièvre hémorragique, déclarée « largement sous-évaluée » par l’organisation.

    #Ebola #santé #Afrique #épidémie #OMS