person:marisol touraine

  • Emmanuel Macron remanie sa garde rapprochée à l’Elysée, Cédric Pietralunga
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/02/12/a-l-elysee-macron-remanie-sa-garde-rapprochee_5422437_823448.html

    Après le départ de Sylvain Fort, le stratège du président Ismaël Emelien va partir. Comme un remaniement qui ne dirait pas son nom.

    Des soutiens le réclamaient depuis des mois, Emmanuel Macron s’y est résolu. Alors que le « grand débat » est présenté comme le « coup d’envoi » de l’an II du quinquennat, le chef de l’Etat a décidé de se séparer de sa garde prétorienne, cette poignée de conseillers de l’ombre, presque tous trentenaires, qui l’accompagne depuis Bercy et qui a conquis l’Elysée avec lui mais que ses détracteurs accusent d’isoler le président.

    Alors que les rumeurs se faisaient de plus en plus insistantes, le conseiller spécial Ismaël Emelien a confirmé, lundi 11 février, son prochain départ de l’Elysée. « Je vais partir », a-t-il confié au Point. Considéré comme l’un des plus proches du chef de l’Etat, qui voit en lui « le meilleur stratège politique de Paris », le trentenaire s’en va officiellement parce qu’il va publier un livre « fin mars début avril », comme l’a révélé le JDD le 10 février. Une exposition incompatible avec sa fonction de conseiller de l’ombre, un statut qui convenait idéalement à sa nature de taiseux.

    « Mon départ correspond à une nouvelle étape de mon engagement. Après Bercy, la campagne présidentielle puis l’Elysée, je veux retrouver la confrontation en première ligne », explique M. Emelien, qui a écrit ce livre, sorte de plaidoyer pour la social-démocratie, avec David Amiel, un autre jeune conseiller de M. Macron, lui aussi sur le départ. « On est bien seuls aujourd’hui à défendre le progressisme, on a besoin de relais dans la société et au-delà de nos frontières, et je pense que c’est dans cette position que je serai le plus utile », ajoute l’ancien consultant de chez Havas, assurant qu’il « continuera à aider » le président.

    Quatrième départ en quelques semaines

    Cette annonce intervient alors que le nom d’Ismaël Emelien est régulièrement cité dans l’affaire Benalla, du nom de cet ancien collaborateur élyséen impliqué dans des violences policières lors de manifestations à Paris le 1er mai 2018. Réputés proches, les deux hommes ont gardé le contact après la révélation, en juillet par Le Monde, des agissements de l’ancien garde du corps. Les enquêteurs s’interrogent notamment sur le rôle joué par M. Emelien dans la diffusion sur les réseaux sociaux d’images provenant de caméras de surveillance, donc supposées confidentielles, et tendant à justifier les actes de M. Benalla. A ce jour, le stratège du président n’aurait été entendu ni par la justice, ni par les enquêteurs.

    Selon l’Elysée, il n’y a pourtant aucun rapport entre les deux événements. « Le départ d’Ismaël est convenu de longue date avec le président. Avec ce livre (…), qui se veut à la fois un précis de méthode et de doctrine sur le progressisme, il retrouve les racines de son engagement en politique : manier les idées, les rendre accessibles et les défendre », explique-t-on au Château. « Ce départ ne correspond pas à une volonté de nettoyage de l’entourage, abonde un conseiller. Il résulte d’une logique d’usure normale au bout de vingt mois d’exercice du pouvoir et après une crise aussi violente que celle des “gilets jaunes”. »

    N’empêche, ce départ est le quatrième intervenu en quelques semaines au sein du groupe des « Mormons », comme s’étaient eux-mêmes qualifiés ces très proches du chef de l’Etat. Outre Ismaël Emelien, le conseiller politique Stéphane Séjourné a quitté la présidence le 15 janvier, afin de diriger la campagne de La République en marche (LRM) pour les européennes. De même, le directeur de la communication Sylvain Fort est parti le 25 janvier, officiellement pour « raisons familiales », tandis que Barbara Frugier, la conseillère presse internationale, a été exfiltrée dès la fin 2018. Tous accompagnaient M. Macron depuis son passage au ministère de l’économie, entre 2014 et 2016, et avaient participé à sa campagne.

    Depuis des mois, plusieurs soutiens alertaient le chef de l’Etat sur les dégâts soi-disant provoqués par cet entourage de trentenaires. « Cela dysfonctionne », s’énervait en privé François Bayrou, l’un des rares à s’entretenir toutes les semaines avec M. Macron. « Il n’est pas possible de gouverner l’Etat à quatre ou cinq à l’Elysée, a fortiori quand on n’a pas d’expérience », abondait un ancien membre de l’équipe de campagne, qui continue d’échanger avec le président. « On donne tous les jours des leçons de management mais s’il y a bien un endroit qui n’est pas géré, c’est l’Elysée », ajoutait un habitué du pouvoir. Pour certains, M. Macron doit accepter de se débarrasser enfin des oripeaux de sa campagne s’il veut se couler dans le costume de chef d’Etat.

    L’Elysée sonde nombre de communicants

    « Il ne faut pas donner de signification politique à ces changements », assure Philippe Grangeon, qui a rejoint l’Elysée comme conseiller spécial le 4 février. Ancien conseiller de Dominique Strauss-Kahn et de Nicole Notat à la CFDT, le sexagénaire fait figure de nouvel homme fort au sein de l’organigramme, même s’il n’est présent que trois jours par semaine à l’Elysée. « Le président était entouré de la même équipe depuis quatre ou cinq ans (…). La respiration, c’est une très bonne chose. La diversité des profils est nécessaire. C’est un gage de bon fonctionnement », plaide-t-il aujourd’hui.

    Ces départs pourraient d’ailleurs être suivis par d’autres. Antoine Peillon, actuel conseiller énergie, environnement et transports, va rejoindre Stanislas Guérini à LRM comme directeur de cabinet. Sonya Djemni-Wagner, conseillère justice, serait aussi sur le départ. Surtout, Sibeth Ndiaye, l’emblématique conseillère presse et communication, régulièrement critiquée par les médias qui la rendent pour partie responsable de leurs mauvaises relations avec le chef de l’Etat, pourrait elle aussi évoluer.

    « Le président a proposé à Sibeth de prendre la tête du pôle parlementaire du cabinet, qui était dirigé par Stéphane Séjourné, mais elle a refusé, arguant qu’elle dirigeait aujourd’hui un pôle d’une centaine de personnes », assure un membre du premier cercle du chef de l’Etat. D’autres évoquent sa possible arrivée au service d’information du gouvernement (SIG), l’organisme chargé de gérer la communication de l’exécutif. « Mais elle peut tout aussi bien rester et s’occuper de la réorganisation de la communication de l’Elysée, un chantier qui n’est pas achevé, en se déchargeant des relations quotidiennes avec la presse », assure une proche.

    Seule certitude : l’Elysée a sondé nombre de communicants pour rejoindre l’Elysée. Les noms de Pierre-Henry Brandet, ex-porte-parole du ministère de l’intérieur, de Laurent Glépin, ex-conseiller de Jacques Chirac, ou de Marie-Emmanuelle Assidon, qui a travaillé avec Bernard Cazeneuve à Beauvau puis à Matignon, ont circulé. Franck Louvrier, l’ancien communicant de Nicolas Sarkozy, a même été reçu par M. Macron à l’Elysée.

    Selon nos informations, c’est une femme qui tiendrait aujourd’hui la corde pour reprendre le rôle d’« agent traitant » des journalistes : Mayada Boulos, qui fut la conseillère presse de Marisol Touraine au ministère de la santé lors du précédent quinquennat et qui travaille aujourd’hui au pôle « influences » de l’agence Havas. « C’est une excellente professionnelle », reconnaît-on à l’Elysée, où l’on se refuse néanmoins à confirmer son arrivée, assurant que le président n’a pas pris sa décision.

    Reste le cas d’Alexis Kohler. Ancien directeur de cabinet d’Emmanuel Macron à Bercy, le secrétaire général de l’Elysée est considéré comme le « frère jumeau » du chef de l’Etat. Mais l’énarque alsacien serait épuisé par les vingt premiers mois du quinquennat et chercherait une porte de sortie. Selon nos informations, il aurait un temps envisagé de rejoindre Renault avant de finalement y renoncer, par crainte du conflit d’intérêt mais aussi face aux réticences du constructeur automobile. Contacté par Le Monde, l’Elysée assure qu’il n’en a jamais été question mais reconnaît que M. Kohler ne restera sans doute pas cinq ans au secrétariat général. « La difficulté, c’est qu’il faut lui trouver une sortie par le haut et ce n’est pas évident », décrypte un membre influent de la Macronie.

    Alexis Kohler, le bras droit de Macron critiqué dans la majorité, Sarah Belouezzane, Cédric Pietralunga et Alexandre Lemarié, 19 décembre 2018
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/19/alexis-kohler-bras-droit-du-president-critique-dans-la-majorite_5399763_8234

    Le secrétaire général de l’Elysée est de ceux qui ont milité pour ne pas céder aux « #gilets_jaunes ».

    Il y a encore quelques mois, tout le monde louait son « intelligence », sa « force de travail », sa « maîtrise » des dossiers les plus techniques. Secrétaire général de l’Elysée et très proche d’Emmanuel Macron, Alexis Kohler est désormais dans le viseur d’une partie de la majorité, qui l’accuse d’isoler le chef de l’Etat et de trop incarner cette technocratie honnie par les « gilets jaunes ».

    Alors que de nombreux parlementaires alertaient ces dernières semaines sur l’état d’exaspération du pays, le haut fonctionnaire est de ceux qui ont milité pour ne pas céder à la rue. « Il était inflexible, disait qu’on devait rester cohérents, ne pas reculer », assure un parlementaire de La République en marche (LRM). « Si le président a mis des semaines à réagir, il n’y est pas pour rien », abonde un conseiller de l’exécutif.

    D’autres s’agacent de la supposée réticence de l’ ancien directeur adjoint du cabinet de Pierre Moscovici à Bercy à s’affranchir de la contrainte des 3 % de déficit public, qui aurait empêché l’exécutif de répondre plus vite aux revendications des « gilets jaunes ». « Kohler est comme Edouard Philippe ou Ribadeau-Dumas [le directeur de cabinet du premier ministre], c’est un orthodoxe budgétaire », assure un ministre venu de la gauche. « Il a les yeux rivés sur les chiffres et ne peut donc pas évaluer les effets d’une mesure dans la vie réelle et ses conséquences politiques. C’est un problème », observe un député LRM.

    « Il est d’une loyauté totale au président »

    S’il est diplômé de l’ENA, le numéro deux de l’Elysée ne fait pourtant pas partie des « grands corps ». A sa sortie de l’école strasbourgeoise, l’Alsacien a intégré le corps des administrateurs civils du ministère des finances, alors qu’Emmanuel Macron a rejoint l’inspection des finances et Edouard Philippe le Conseil d’Etat. Mais il a fait toute sa carrière à Bercy, au Trésor ou à l’Agence des participations de l’Etat. Il fut aussi le directeur de cabinet de M. Macron au ministère de l’économie.
    Alexis Kohler, 46 ans, ferraille d’ailleurs régulièrement avec le chef de l’Etat. « Il passe la moitié de son temps à faire décider le président, ou à l’empêcher de revenir sur une décision prise », assure un familier du château, pour qui le haut fonctionnaire « se crève à cet exercice » alors qu’Emmanuel Macron serait gagné par la procrastination. « Kohler et Macron ne sont pas jumeaux, le président peut lui imposer des choses », estime un poids lourd du gouvernement.

    D’autres réfutent l’idée même d’un président sous influence. « Macron n’aime pas l’idée de premier cercle, de se mettre dans la main de quelqu’un. Il aime diversifier ses interlocuteurs, prendre la température un peu partout », assure un ministre familier des deux hommes. De fait, si le secrétaire général est informé de tous les rendez-vous pris à l’Elysée par le président, il n’a pas la maîtrise de sa messagerie Telegram, que M. Macron utilise pour se forger une opinion, au même titre que les notes techniques de ses conseillers.

    Dans les cabinets, certains voient d’ailleurs en Alexis Kohler un fusible facile pour qui n’ose pas attaquer le chef de l’Etat lui-même : « Il est d’une loyauté totale au président. Ceux qui le critiquent sont ceux qui n’osent pas critiquer Macron », tranche, sévère, un conseiller. Après avoir quitté le gouvernement en 2016, Emmanuel Macron avait lui-même théorisé son rôle de secrétaire général adjoint de l’Elysée auprès de François Hollande : « J’assume tout en n’étant politiquement responsable de rien, puisque je n’étais que conseiller. »

  • Hôpital public : la cote d’alerte
    https://www.lemonde.fr/sante/article/2018/12/25/hopital-public-la-cote-d-alerte_5402017_1651302.html

    Analyse. Non-remplacement de départs à la retraite, redéploiement de personnels… La recette des hôpitaux publics pour juguler leurs déficits et récupérer des marges de manœuvre financières est connue de longue date. Mais après des années de mise en œuvre, la potion est devenue trop amère pour les soignants. « Nous sommes arrivés à un point insupportable, écrit la neurologue Sophie Crozier dans une tribune à Libération, le 19 décembre. Nous abîmons nos hôpitaux, nous abîmons les gens, et je ne peux me résigner à voir l’hôpital couler ainsi… »

    Et la situation pourrait se tendre davantage ces prochaines années. Pour répondre à des déficits qui devraient atteindre cette année entre 1,1 et 1,3 milliard d’euros, les plans de suppressions de postes se multiplient. Dans les hôpitaux de Marseille, Nancy et Tours, des centaines d’emplois sont sur la sellette. A Cherbourg, l’hôpital pourrait devoir économiser 190 équivalents temps plein d’ici à 2022, soit 10 % du total de ses effectifs.

    Après avoir réduit 405 postes équivalents temps plein cette année, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a annoncé, fin novembre, que 779 postes non médicaux (dont 240 dans les services de soins) allaient être supprimés en 2019 au sein de ses 39 établissements. « Une diminution des effectifs de nature à compromettre la bonne exécution des missions de service public hospitalier », a estimé le conseil de surveillance de l’AP-HP le 17 décembre. « On ne peut pas baisser les effectifs de soignants » car « ces équipes sont sous une énorme tension, et on ne peut pas leur imposer un rythme d’activité encore plus élevé », avait pourtant assuré la ministre de la santé Agnès Buzyn il y a un an.

    Las. Sous le couvert de l’anonymat, un directeur de groupe hospitalier explique que le non-remplacement de quasiment tous les départs en retraite de personnel soignant est sa « seule marge de manœuvre ». « Je redéploie mes effectifs avec deux exigences : la guérison du patient et le respect des contraintes de la Haute Autorité de santé, dit-il. Charge aux équipes de choisir ensuite elles-mêmes ce qu’elles vont faire différemment ou ne plus faire. » Et de confesser : « Depuis dix ans, je fais du cost killing. Partout où je passe, les emplois ont baissé. »

    Ces redéploiements se font généralement très vite ressentir. La disparition du poste d’infirmière-référente chargée de la formation, l’allégement ou la suppression du « pool » de remplacement, le non-remplacement de la secrétaire du service pendant ses vacances fragmentent et alourdissent le travail de ceux qui restent. « On a des tâches saccadées, on n’arrive pas à faire des trucs jusqu’au bout, c’est terrible, témoigne une infirmière de l’AP-HP. On se retrouve à faire plein de choses qui ne sont pas du soin. Ces tâches annexes nous parasitent, nous empêchent d’être au lit du patient. On travaille à flux tendu tout le temps. On est obligé de prioriser nos soins, par manque de temps… »

    #paywall

    • [...] Les syndicats ne cessent de dénoncer cette situation. En mai, ils l’ont fait en s’appuyant sur un document interne du ministère de la #santé où se trouvait détaillée la façon dont devait être menée une économie de 1,2 milliard d’euros sur la masse salariale des établissements publics de santé sur la période 2018-2022. « Ce sont 30 000 postes qui seraient supprimés sur cinq ans », en avait déduit FO-Santé. Dans les faits, ce sont aussi des #emplois qui ne sont pas créés.

      Emplois transversaux
      De plan de restructuration en plan de #restructuration, l’#hôpital serait aujourd’hui « à l’os ». « Il y a un moment où on ne peut plus améliorer la productivité. On est en train d’arriver à cette limite », souligne un bon connaisseur du monde hospitalier. Un constat formulé sans détour par Jérémie Sécher, le président du Syndicat des manageurs publics de santé (SMPS), une structure qui représente des directeurs d’hôpitaux : « A la suite des plans d’économies qui se succèdent depuis dix ans, il y a pas mal de services où on n’a plus de marges de manœuvre pour réguler la masse salariale sans mettre en question la qualité et la sécurité des soins. »

      Face à ces accusations, Mme #Buzyn, comme Marisol Touraine avant elle, oppose des chiffres de la fonction publique hospitalière en hausse régulière. « Contrairement à ce que l’on ressent dans les hôpitaux, le nombre de fonctionnaires de la fonction publique hospitalière augmente tous les ans de 1,5 % pour atteindre 1,2 million de fonctionnaires aujourd’hui car en réalité, il y a des établissements qui se créent », a fait valoir Mme Buzyn le 17 octobre au Quotidien du médecin. En réalité, cette hausse du nombre de fonctionnaires hospitaliers est plus modérée : elle a été de 0,7 % entre 2016 et 2017 (contre 0,4 % l’année précédente), selon des chiffres publiés par l’Insee le 13 décembre. Beaucoup des emplois créés sont transversaux (équipe mobile d’antibiothérapie, équipe d’hygiène, codage des actes, etc.) et ne le sont pas « #au_lit_du_malade », ce qui renforce la perception de ceux qui s’y trouvent de travailler de plus en plus à flux tendu.

      « L’augmentation de l’activité a été décorrélée de l’augmentation des effectifs » , souligne Anne Gervais, hépatologue à l’hôpital Bichat, à Paris, et membre du comité de défense de l’hôpital public. Selon la base Statistique annuelle des établissements de santé (SAE), le nombre de personnels non médicaux (infirmières, aides-soignantes) à l’hôpital a augmenté de 0,7 % entre 2013 et 2017, passant de 765 078 à 770 939 équivalents temps plein. Parallèlement, selon les calculs de Mme Gervais, le nombre de patients suivis pour cancer a augmenté de 10,6 %, le nombre de ceux suivis pour Alzheimer de 9,4 % et de ceux hospitalisés de plus de 80 ans de 17,4 %. Un décalage qui raconte à lui seul l’ampleur de la crise.
      François Béguin

      « L’hôpital public est à l’agonie » , Rémy Nizard , 4 avril 2018 (cité par le papier ci-dessus)

      Le professeur Rémy Nizard constate, dans une tribune au « Monde », que l’hôpital public est à bout de souffle. Il identifie six pistes à suivre afin de sortir de la situation actuelle, parmi lesquelles la remise en cause des 35 heures pour les médecins salariés moyennant des compensations.

      « La #tarification_à_l’activité, qui a permis un gain de productivité nécessaire à l’époque où elle a été initiée, mène à l’épuisement des soignants et au désengagement qui s’y associe » (Hôpital de la Pitié-Salpétrière).

      Tribune. L’hôpital public est une cocotte-minute prête à exploser. Après trente-quatre ans d’observation de tous les changements, parfois voulus mais le plus souvent subis, il convient de dresser un bilan très préoccupant.
      Je dois constater que le système est à l’agonie, il s’est épuisé, s’est échoué maintenant, sur la tarification à l’activité qui a constitué l’estocade. Ce mode de financement a eu la vertu de remettre un sens économiquement pertinent à l’activité hospitalière, il a permis un #gain_de_productivité nécessaire à l’époque où il a été initié. Mais aujourd’hui à force de pression et d’injonctions paradoxales, il mène à l’épuisement des soignants et au désengagement qui s’y associe.

      Les tragiques événements dans différents hôpitaux en France, même s’ils ne peuvent être analysés à la seule aune du #travail hospitalier intense, sont des signaux d’alarme à prendre en compte. Comme responsable élu d’une communauté médicale, je vois tous les jours les conséquences de cette course sans fin vers un idéal inaccessible : faire parfait pour tout avec des moyens qui, par la force de l’objectif national de dépenses d’assurance-maladie (Ondam), diminuent.

      Le royaume de l’#injonction_paradoxale
      La catastrophe de l’application des 35 heures a désorganisé un équilibre fragile en limitant les nécessaires temps d’échanges et de lien social. L’hôpital est devenu le royaume de l’injonction paradoxale. Ceci s’exprime à tous les niveaux dans tous les métiers. Les cadres, tout d’abord, pris entre le marteau d’une direction exigeante et l’enclume d’#infirmiers coincés par un travail lourd physiquement et émotionnellement qui leur font remonter leurs difficultés.

      Les infirmiers et infirmières, eux aussi pris entre des patients dont l’exigence est légitimement montée, des cadences accélérées liées aux progrès médicaux qui diminuent le temps passé par les patients à l’hôpital au profit d’une rotation plus rapide, des moyens humains rationnés au plus près. Ces difficultés sont payées au prix fort, l’#absentéisme augmente (au-delà de 8 %), aggravant encore davantage les problèmes financiers, la retombée de cela est une pression accrue sur la rentabilité de ceux en place, le mécanisme infernal est ici enclenché.

      Les directeurs, patrons de l’hôpital, comme l’a voulu la loi Hôpital, patients, santé, territoires (HPST) [de 2009], réalisent aujourd’hui leur impossibilité d’agir sur le réel sans la collaboration active des #médecins qui ont le pouvoir d’appuyer sur l’accélérateur ou le frein de l’activité. Certaines spécialités ont même le pouvoir de prendre en otage un hôpital entier de par leur activité transversale.
      Les directeurs sont pris entre une administration supérieure, l’Agence régionale de santé (ARS), bras armé du ministère, qui exige une rationalisation, et ces médecins maîtres de leur recrutement et/ou de leur temps de travail. La tentation du contrôle absolu en comptant les heures des médecins a été parfois appliquée, mais là encore c’est une spirale infernale : quand les médecins appliquent avec exactitude la réglementation horaire, cela conduit à diminuer encore davantage les capacités opérationnelles des hôpitaux, car spontanément, dans la majorité des cas, ils ne comptaient pas trop leurs heures.

      Certaines structures doivent fermer
      Les médecins, enfin, ne trouvent plus le sens de leur travail, tout a changé en quelques années : un statut social en berne, une productivité devenue mètre étalon, des patients devenus parfois #clients. Même les hospitalo-universitaires, « les mandarins », sont pressés de toutes parts pour trouver la solution à une équation impossible : la quadruple mission de soin, de recherche, d’enseignement et de conduite des équipes.

      Toutes ces activités sont, une à une, évaluées, décortiquées à coup de nombre de patients vus en consultation ou opérés, de nombre de publications transformées en points SIGAPS (système d’interrogation, de gestion et d’analyse des publications scientifiques), de rendus de notes données par les étudiants ou encore de mesures de bien-être de l’équipe que vous dirigez. Normal direz-vous, c’est le lot des postes « à responsabilité ».

      Mais là, trop c’est trop, le nombre de « blues du professeur » augmente de façon alarmante, conduisant certains à la démission, d’autres au désengagement ou, au pire, au #burn-out.
      Il existe des remèdes à cet état. Il faut les mener de front, accepter d’être politiquement courageux et intellectuellement audacieux. La médecine moderne, de pointe, ne peut se faire partout, elle nécessite compétence, moyens matériels et humains au-delà d’une norme bonne pour tous. Ceci signifie que certaines structures doivent fermer, le nombre d’hôpitaux, universitaires ou non, est trop important et leur rôle trop large.

      Des statuts inadaptés
      Les équipes qui composent ces hôpitaux universitaires, en particulier, sont souvent trop petites et ne permettent pas à ceux qui en ont la responsabilité de remplir les quatre missions de soins, de recherche, d’enseignement et d’animation. Il est certain qu’à l’image de la suppression de la taxe d’habitation les élus locaux se lèveront d’un bond, comme ils l’ont déjà fait, si leur hôpital est menacé de transformation ou de fermeture.

      Le premier employeur du territoire qu’il est souvent s’élèvera sans tenir compte de la qualité de ce qui est fait, de l’isolement de médecins prenant des gardes en nombre indécent, sans égard pour la dépense publique, en engageant des mercenaires à prix d’or. Comme à la SNCF les statuts ne sont plus adaptés à notre nouveau monde, il existe une absolue nécessité d’évoluer ; il va falloir du courage, de l’imagination, de l’audace.

      Des pistes existent.
      Ce sont : l’acceptation qu’un seul individu ne peut pas mener de front les quatre missions ; une nécessaire remise en cause des 35 heures pour les médecins salariés moyennant des compensations adaptées ; une modification de la gouvernance hospitalière dans le sens d’une simplification de la prise de décision et une diminution des tâches non liées à l’activité de soin ; une délégation de tâches pour des soignants ayant eu une formation complémentaire avec une rémunération adaptée ; une valorisation du travail collaboratif avec la médecine de ville en ouvrant largement les portes de l’hôpital pour une utilisation optimale des si coûteux plateaux de blocs opératoires ou d’imagerie ; le développement des outils numériques, qui seront, personne n’en doute, source de sécurité et de productivité.

      Sans tout cela, les risques sont que nos soignants soient moins engagés, que notre population soit moins bien soignée, et peut-être, le pire, que notre recherche biomédicale ne soit plus en mesure d’être présente dans la compétition mondiale.
      Rémy Nizard (Chef du service de chirurgie orthopédique et traumatologie, hôpital Lariboisière)

      Les urgences hospitalières confrontées à une surchauffe inhabituelle sur l’ensemble du territoire

      https://www.lemonde.fr/sante/article/2018/03/17/les-urgences-confrontees-a-une-surchauffe-inhabituelle-sur-l-ensemble-du-ter
      Un dispositif exceptionnel a été activé dans 97 hôpitaux sur 650 pour répondre à un afflux de patients depuis début mars. Faute de lits, beaucoup passent la nuit sur des brancards.

  • Revue de presse du jour comprenant l’actualité nationale et internationale de ce jeudi 14 juin 2018
    https://www.crashdebug.fr/revue-de-presse/14966-revue-de-presse-du-jour-comprenant-l-actualite-nationale-et-interna

    Bonjour chèr(e)s ami(e)s, avec un peut de retard, voici notre Revue de presse du jour, et comme toujours en complément la Defcon-Room (actualisée 24h/24 et 7j/7) vous tend les bras tout au long de la journée.

    Bonne lecture, bonne journée, et merci de votre confiance. ; )

    Amitiés,

    L’Amourfou / Contributeur anonyme / Chalouette

    Actualités françaises :

    14.06.2018

    General Electric ne tiendra pas ses engagements en matière d’emploi en France (Le Monde.fr)

    Marisol Touraine : « Contrairement au discours en vogue, les dépenses sociales sont efficaces » (Le Monde.fr)

    Direction de l’Inserm : le "potentiel conflit d’intérêts" de la ministre Agnès Buzyn avec son mari dénoncé jusqu’au Royaume-Uni (Marianne.net)

    « Vous coûtez un pognon de dingue ! Surtout les pauvres !! » L’édito de (...)

  • Alzheimer : vers le déremboursement des médicaments
    https://www.lemonde.fr/sante/article/2018/05/28/alzheimer-vers-le-deremboursement-des-medicaments_5305562_1651302.html

    La Haute autorité de santé (HAS) avait jugé en octobre 2016 que ces traitements, qui représentaient fin 2015 environ 90 millions d’euros de dépense annuelle pour l’Assurance-maladie, présentaient un « intérêt médical insuffisant pour justifier leur prise en charge ». Marisol Touraine, alors en poste avenue de Ségur, avait toutefois refusé d’engager leur déremboursement immédiat, assurant que « le faire plongerait les patients et leur famille dans le désarroi, alors que la qualité de la prise en charge est très variable d’un lieu à l’autre ».

    Une manière de reconnaître que la prise en charge médicamenteuse est souvent le prétexte à autre chose, notamment à la reconnaissance et à l’officialisation de la maladie. « Devant le flou diagnostique et thérapeutique, plusieurs institutions gériatriques [ont] pris l’habitude de considérer la prescription de l’un de ces médicaments comme la condition nécessaire à une demande de prise en charge à 100 % des patients », relevait le médecin Luc Perino dans une tribune au Monde, en novembre 2016.

    • Les médicaments en question semblent etre necessaires comme preuve de la maladie pour obtenir une prise en charge. Ces traitement on aussi un effet lors du début de la maladie.
      Si c’etait pas des equarisseur·euses illes auraient commencer par trouver un autre moyen de pourvoir à la prise en charge avant de déremboursé.
      #guerre_aux_pauvres #alzheimer

  • Le Comité d’Orientation rend son rapport sur le dépistage du cancer du sein
    http://www.atoute.org/n/article347.html

    Le dépistage du cancer du sein par #mammographie est au centre d’une controverse scientifique depuis de nombreuses années. Pour répondre aux critiques croissantes dont il est l’objet, la Ministre de la santé Marisol Touraine a lancé une « Concertation citoyenne et scientifique » destinée à éclairer le public et les médecins sur les enjeux de ce dépistage. Le rapport du Comité d’Orientation a été publié le 3 octobre 2016. Il suggère un arrêt ou au moins de profondes modifications du dépistage mammographique organisé.

    Article de 2016 mais très clair.
    #cancer_du_sein #dépistage #santé #médecine

  • Une députée LREM trouve « terrible » que son mari ne puisse pas acheter une Porsche Cayenne
    http://www.revolutionpermanente.fr/Une-deputee-LREM-trouve-terrible-que-son-mari-ne-puisse-pas-ach

    C’est la loi des séries. Après l’épisode des « pattes », une députée LREM trouve « terrible » que son mari ne puisse pas acheter une Porsche Cayenne. La députée, « attentive au regard » de ses électeurs de Haute Gironde compte bien se séparer de ses « belles bagnoles ».

    #àlalanterne

  • Culte de la maigreur : « Critiquer Photoshop, c’est dans l’air du temps »
    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2017/10/12/critiquer-photoshop-c-est-dans-l-air-du-temps_5199666_3232.html

    Le « décret Photoshop » a été adopté le 1er octobre. Souhaitée par l’ancienne ministre de la santé, Marisol Touraine, la mention « photographie retouchée » est désormais obligatoire sur toutes les photos de mannequins – dont la silhouette a été modifiée à usage commercial – diffusées par l’entremise d’affichage, de la presse ou d’Internet.

    Incapacité des publicitaires à anticiper

    Cette analyse visait les magazines Elle, Grazia, Marie Claire, Cosmopolitan, tous mis en kiosque après le 1er octobre. Les résultats obtenus démontrent qu’aucune mention « photographie retouchée » n’a été encore appliquée. En moyenne, 24,84 % des pages de ces magazines représentent un contenu publicitaire avec des corps de femmes susceptibles d’être retouchés.

    En clair, le geste de Mme Touraine est audacieux. Il est nécessaire d’agir pour contrer le body shaming, qui est un fléau sur le Web. Dans un monde où Kim Kardashian perd 100 000 adeptes sur Instagram parce qu’elle publie une photo d’elle non retouchée, il y a matière à questionnement. L’une des cyberviolences les plus répandues à l’endroit des femmes est d’ailleurs ce même body shaming.

    La manipulation du corps des femmes est encore aujourd’hui un enjeu politique et social important. En effet, les femmes se sont battues pour être considérées comme des sujets plutôt que des objets. Doit-on rappeler que l’un des leitmotivs les plus marquants de la troisième vague du féminisme est que notre corps nous appartient ? Le décret, malgré le flou persistant qui entoure son application, est, on l’espère, un petit pas de plus vers la libération du corps des femmes.

    #Image #Photoshop #publicité #Féminisme

  • Santé. L’obligation du tiers payant généralisé sera supprimée au 30 novembre
    https://www.ouest-france.fr/politique/institutions/assemblee-nationale/l-obligation-du-tiers-payant-generalise-sera-supprime-au-30-novembre-53

    L’Assemblée nationale a voté dans la nuit de vendredi à samedi la suppression de l’obligation de généraliser le tiers payant au 30 novembre, et la remise prochaine d’un rapport, malgré les critiques de la gauche qui craint une disparition pure et simple.

    Peu après, les députés ont achevé l’examen en première lecture du projet de budget de la Sécu, à l’issue de quatre journées de débats dont une dernière de plus de 15 heures au total. L’ensemble du projet de loi fera l’objet d’un vote solennel mardi.

    Au sujet de ce dernier amendement clé du gouvernement qui a été adopté, la ministre de la Santé a dit souhaiter « changer de méthode » : « il s’agit d’abord de mettre en place les outils » en vue d’un tiers payant « généralisable » mais pas « obligatoire », selon Agnès Buzyn.

    Les socialistes, qui avaient voté cette dispense d’avance de frais au 30 novembre dans le cadre de la loi Santé de Marisol Touraine, ont vivement protesté. C’était « vraiment un progrès social » et « il y a de temps en temps des mesures qui nécessitent du courage », a lancé Joël Aviragnet (Nouvelle Gauche).

    L’Insoumis Adrien Quatennens a déploré la disparition d’ « un des très rares acquis sociaux du quinquennat Hollande » et évoqué « un amendement clientéliste » à l’égard des médecins qui en nombre ne voulaient pas du tiers payant généralisé, synonyme selon eux de lourdeurs administratives.

    « À l’heure de la télémédecine, c’est d’une simplicité biblique » pourtant, a ironisé le communiste Pierre Dharréville, après le vote d’autres mesures dites « d’innovation » dans le cadre de ce projet de budget.

  • Election de Miss Chaudasse, réalisation d’un film porno... Un syndicat dénonce le bizutage à la fac de médecine de Caen
    http://www.francetvinfo.fr/societe/justice/election-de-miss-chaudasse-realisation-d-un-film-porno-un-syndicat-deno

    Que se passe-t-il à la fac de médecine de Caen ? La présidence de l’université a annulé le week-end d’intégration des étudiants après des soupçons de bizutage potentiellement graves, rapporte France Bleu Normandie, mardi 24 octobre. A la fin septembre, le syndicat SUD Education Calvados avait envoyé un dossier avec des témoignages, photographies et vidéos pour alerter les autorités. Franceinfo revient sur ces actions qui pourraient tomber sous le coup de la loi.
    Une affiche « incitant au viol »

    L’enquête du syndicat remonte à février dernier. A cette époque, deux jeunes étudiantes alertent le syndicat SUD-éducation, après la diffusion d’une affiche faisant la promotion du gala des étudiants en médecine. L’image est inspirée d’une toile du XIXe siècle représentant une scène de martyre chrétien, sur laquelle avait été ajoutée des scènes grivoises « représentant Marisol Touraine, un professeur de l’université et la responsable de la prévention », révèle Le Monde. Au centre, une femme nue entourée d’hommes la montrant du doigt était représentée. « Une quasi-incitation au viol », selon le syndicat.

    Le président de l’université ordonne alors le retrait de l’affiche et l’élaboration d’une charte sur l’organisation des événements festifs par les instances étudiantes. Mais le syndicat d’étudiants va constater des actions de bizutage encore plus graves, héritées des promotions précédentes et qui auraient dû probablement se renouveler cette année.
    Soixante-neuf commandements

    Sur un groupe Facebook privé, le syndicat découvre l’existence de « commandements » imaginés par « La Corpo », l’association des étudiants en médecine qui organise le week-end d’intégration. Il s’agit de soixante-neuf actions, en majorité à caractère sexuel et délictuel, que les étudiants de deuxième année étaient incités à réaliser et à filmer, en vue de gagner des points pour le week-end bizutage, en 2016, rapporte Le Monde.

    Parmi ces actions, les étudiants devaient mimer une masturbation, exploser un préservatif avec le nez, exhiber leur pénis en regardant une fille droit dans les yeux, courir nu en centre-ville, ou encore, "se faire bifler par Rosy [un salarié de « La Corpo »] avec son gode", selon un étudiant. « J’ai pris plaisir à réaliser les commandements », écrit un étudiant en sixième année, au Monde.

    Parmi les « activités » proposées aux étudiants de deuxième année par la promo précédente, on retrouve aussi l’élection de « Miss Chaudasse » et l’affichage de photocopies de la poitrine d’étudiantes. « Ça va jusqu’à la réalisation d’un film porno », s’alarme notamment Clément, membre du syndicat étudiant, à Sud Ouest.

    #bizutage #sexisme #misogynie #médecine #violences_médicales #culture_du_viol #domination_masculine #violences_sexuelles #université

    Exemple de la formation d’agresseurs sexuels par milliers en 2017.
    #éducation

    • En fac de médecine, de l’« intégration » à l’« humiliation »
      http://www.liberation.fr/france/2017/10/24/en-fac-de-medecine-de-l-integration-a-l-humiliation_1605453

      Ces week-ends, plus ou moins extrêmes, ont lieu dans la plupart des facs de médecine. Interrogée par Libération, une ancienne étudiante de Lille explique ainsi : « Quand on passe en deuxième année, on ne connaît pas beaucoup de monde car il y a très peu de gens de la première année qui réussissent. On se met dans des groupes d’intégration où chacun a son parrain ou sa marraine. C’est un moyen de se faire des amis. » Pendant une semaine, il y a donc les fameux défis et beaucoup de soirées qui débouchent sur le week-end d’intégration. « On commence à boire dès le début de la journée mais ce n’est pas forcé. » Rien d’ailleurs, selon elle, n’est imposé. Ni les flambys gobés sur les seins des étudiantes - elles peuvent demander que l’on réalise l’opération sur leur ventre - ni les séances de verres avalés cul sec sur un tourniquet. Selon l’étudiante lilloise, il y a bien des rumeurs - un étudiant aurait sodomisé un poulet l’année avant la sienne -, des actes de violence - un autre s’est vu « enfoncer une fourchette dans les fesses » l’année après la sienne -, mais généralement « c’est bon enfant ». « Il faut se mettre dans l’esprit », juge-t-elle.

      La plupart des étudiants interrogés ont le même discours : ce sont simplement « deux ou trois connards qui font n’importe quoi ». Normalement, rien n’est jamais forcé et il est de toute façon possible de ne pas aller aux soirées. « Le nouveau n’a pas vraiment le choix, il n’a pas envie de se mettre en marge », juge de son côté Marie-France Henry, présidente du Comité national contre le bizutage.

      Chaque année offre en tout cas son lot de faits divers sordides et certains récits décrivent ce qui s’apparente plutôt à un système. Se répètent, comme une tradition, les insultes et les défis humiliants et écœurants, le tout sur fond de sexisme. Il y a par exemple l’élection de « miss chaudasse ». « Il y a des femmes qui se font harceler, voire agresser sexuellement, et ce dans le plus grand secret. Enfin non, en fait, parce que ce n’est pas secret pour les autres étudiants qui parfois assistent à la scène sans broncher. Mais il règne dans ce milieu un tel déni de considération des femmes et un tel système de protection des personnalités "populaires" de la promo ou des supérieurs, que c’est souvent la victime elle-même qui est blâmée dans ces cas-là », décrit ainsi une étudiante.

      « Défouloir ».
      « En médecine, il y a un type de bizutage assez tourné sur la nudité, des bizutages sexistes et sexuels », confirme Marie-France Henry. En guise de défense, beaucoup d’étudiants convoquent « l’esprit carabin ». Les carabins, ce sont les aspirants médecins et l’esprit qui va avec, un concentré de blagues sexuelles et morbides. « Dès que l’internat a été créé, au début du XIXe siècle, des activités sont nées pour faire office de défouloir et se sont ritualisées, explique Emmanuelle Godeau, anthropologue et médecin qui a travaillé sur le sujet. Ce sont des études pendant lesquelles on travaille sur des gens morts, nus. On est confrontés à des tabous qui s’expriment ensuite dans le groupe par des pratiques coutumières. Les étudiants aujourd’hui vont chercher dans ces rites qui participent à la construction symbolique du personnage du médecin ».

      « On aime bien les trucs à connotation sexuelle, teintés de tradition carabine, confirme un ancien étudiant, aujourd’hui médecin. On a beaucoup de chansons paillardes par exemple. Il y a un folklore autour du sexe et de la mort censé être un exutoire. » Un « folklore » qui, parfois, franchit les limites.

      –----
      Etre "intégré" dans la corporation médical c’est donc apprendre à se défoulé sur les femmes via la violence sexuelle. Le rituel de bizutage permet d’éduquer à la domination. Les étudiant·e·s qui arrivent et ne sont pas encore admis dans la corporation sont humilié. Ca envoie le message que l’humiliation des personne qui ne sont pas diplomés de médecine est normal/possible et ca envoie aussi le message que selon la hierarchie, les individus du bas de la pyramide sont là pour que le haut de la pyramide se "défoule".
      C’est pas par hasard que la plus parts des étudiants interrogés parlent d’amusement bon enfant et que la plus part des étudiantes parlent de violences sexuelle, de honte et de dégoût.

    • “Bourrées, elles sont plus faciles à bourrer.”
      Ecole - Aube - Une phrase parmi d’autres, sur un post du groupe Facebook de l’école, accompagné d’une photo de l’auteur de la “blague”, tout fier, avec des bouteilles de bière à la main.

      “Je les fait boire pour les faire taire.”
      “L’alcool c’est comme les femmes, il faut les déboucher pour que ça mousse.”
      https://payetafac.tumblr.com/post/166812717826/bourr%C3%A9es-elles-sont-plus-faciles-%C3%A0-bourrer

  • Gouvernement Philippe — Le grand oral d’Agnès Buzyn
    http://www.lemonde.fr/gouvernement-philippe/article/2017/10/24/le-grand-oral-d-agnes-buzyn_5205042_5129180.html

    « Demandez-lui ce qu’elle écoute comme musique », a fini par souffler Chantal Bélorgey, la directrice de l’évaluation médicale de la Haute Autorité de santé (HAS), après avoir énuméré, comme tant d’autres, les qualités d’Agnès Buzyn, son ancienne patronne. La ministre des solidarités et de la santé a souri à notre question, quelques jours plus tard. « J’ai fait vingt ans de piano, joué Chopin, Mozart, mais j’écoute aussi du metal, j’adore Linkin Park [un groupe californien]. Du hard rock aussi. Rien ne m’effraie. »

    Le Monde en #thuriféraire

    thuriféraire – sarasvatiweb
    https://sarasvatiweb.wordpress.com/2016/10/23/thuriferaire

    Il ne faut pas confondre le thuriféraire avec le naviculaire qui lui est le servant d’autel dont le rôle est de porter la navette (la navette est un petit vase de cuivre ou d’ argent où l’on met l’ encens qu’ on brûle à l’ église). Le naviculaire suit le thuriféraire en permanence.

    Je ne suis pas sûr de souhaiter lire la suite des louanges malheureusement bloquées par le #paywall

    • Et de raconter l’été de ses 16 ans où elle fréquentait les salles de metal à New York avec ses cousins musiciens, et traversait bruyamment la ville à l’arrière de choppers, ces puissantes motos américaines.
      Voilà qui donne un peu de fantaisie à une femme à l’allure sage, toujours décrite comme brillante, bosseuse, empathique. Peu connue des Français, qui l’ont pour le moment surtout entendue parler vaccins obligatoires, ancienne et nouvelle formule du Levothyrox, Agnès Buzyn va devoir défendre, à partir du mardi 24 octobre, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) à l’Assemblée. Le texte, copieux, qui concrétise plusieurs promesses sociales d’Emmanuel Macron, est porté par une technicienne novice en politique, et dont on dit qu’elle déteste les conflits.
      Lire aussi : La ministre de la santé dévoile ses pistes pour réduire le déficit global de la « Sécu »
      Son poste au gouvernement coiffe la santé, la famille, les jeunes, les pauvres, les personnes âgées. Cette hématologue de 54 ans, qui a « toujours voté à gauche », mais vient d’adhérer à La république en marche, assure n’avoir jamais songé à entrer en politique. Elle rabroue d’ailleurs sa mère lorsque celle-ci émet l’idée, mi-mai, que sa fille aînée pourrait être la prochaine ministre de la santé. Elle a déjà la tête en Corse, dans ce petit village de Balagne où elle s’apprête à partir quelques jours. Edouard Philippe appelle le lendemain. C’est le patron de l’Assurance-maladie, Nicolas Revel, secrétaire général adjoint de l’Elysée sous François Hollande, qui a notamment glissé son nom.
      « Quand on a passé toute sa vie à s’intéresser à la qualité des soins, c’est une chance », dit-elle. « Aux responsabilités que j’ai occupées, j’ai été bloquée par des choix très peu courageux. J’ai milité pour une hausse du prix du tabac, j’ai obtenu péniblement dix centimes… » Bannir la cigarette est, chez elle, une obsession. « Voir des jeunes fumeuses me rend malade physiquement. » Dans sa vie d’avant, elle les abordait même dans la rue, sous le regard moqueur de ses fils. Le paquet à 10 euros (d’ici à 2020) est l’une de ses premières victoires.
      Il y a encore cinq mois, Emmanuel Macron était pour elle un quasi inconnu. Cet homme, elle ne l’avait croisé qu’une seule fois, trois ans plus tôt. C’était à l’Elysée. Ils étaient vingt autour d’une table pour les derniers arbitrages du plan cancer. Le soir du débat de l’entre-deux-tours de la présidentielle, elle le regarde, anxieuse, affronter Marine le Pen, espérant « un match par K.-O. ».
      Poids de l’héritage familial
      Agnès Buzyn, qui vit toujours dans le quartier de son enfance, le Paris intello du 5e, à deux pas du jardin du Luxembourg, n’a pas participé à la campagne, mais elle coche toutes les cases pour s’installer avenue de Ségur, où le président souhaite un médecin. Elle a non seulement mené une carrière exemplaire comme spécialiste de la greffe de moelle, mais, grâce à son passage à la tête de trois institutions sanitaires – l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) en plein accident de Fukushima, l’Institut national du cancer (INCa) où elle a porté le troisième plan cancer, puis la Haute Autorité de santé –, elle connaît aussi les arcanes du système de santé français.
      Lire aussi : La médecin Agnès Buzyn nommée ministre des solidarités et de la santé
      A 14 h 56, mercredi 17 mai, Agnès Buzyn, d’un SMS, invite ses parents à regarder l’annonce du gouvernement à la télévision. « Aie une pensée pour mon oncle Perel, ta grand-mère et Simone Veil », lui répond son père quelques minutes plus tard. Tout le poids de l’héritage familial est là, dans ces quelques mots. Son père, Elie Buzyn, chirurgien orthopédiste, déporté à Auschwitz, est le seul survivant de sa famille. C’est son oncle, médecin, qui l’a recueilli à Paris. La mère d’Agnès Buzyn, Etty, psychanalyste aux origines juives polonaises, fut une enfant cachée pendant la guerre.
      Quant à Simone Veil, elle aussi rescapée des camps et emblématique ministre de la santé, aujourd’hui promise au Panthéon, elle fut sa belle-mère pendant huit ans. En juin 1985, à 22 ans, Agnès Buzyn épouse son fils Pierre-François – rencontré dans la salle d’attente d’un dentiste –, avec qui elle aura deux garçons. Elle dit avoir vécu son entrée au ministère « comme un passage de relais ».

      La pertinence des soins
      Agnès Buzyn est l’aînée de trois. Son frère est designer automobile à Los Angeles ; sa sœur, photoreporter, suit aussi bien Thomas Pesquet à l’entraînement que les forces kurdes engagées dans la bataille de Rakka. Avec deux ans d’avance, au sortir du cocon de l’Ecole alsacienne, la jeune fille, abonnée à La Recherche depuis ses 13 ans, choisit médecine, comme son père. Les jeudis après-midi passés avec lui au bloc opératoire à défaut d’aller voir le film ou l’expo promise – « J’étais souvent rappelé pour une urgence », confesse-t-il – ont certainement joué. Avec le recul, elle se demande si le destin de sa camarade morte d’une leucémie au CP ne l’a pas aussi influencée. « Comme si j’avais internalisé la leucémie comme l’emblème de la maladie mortelle, l’emblème de l’horreur. »
      Le père a ses maximes – « Les soins doivent être accessibles à tous », « Le bon chirurgien est le chirurgien qui n’opère pas » –, qu’on entend en écho quand sa fille dit vouloir revenir à un mode de financement de l’hôpital dont le critère ne sera plus seulement le nombre d’actes réalisés, mais qui prendra davantage en compte « la pertinence des soins ». Sur l’hôpital, il ne faut pas la chercher. Un député communiste en a fait les frais, fin septembre, lors d’une séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Il l’invitait à venir découvrir « l’accablant quotidien des hospitaliers ». La réponse fuse. « M. le député Jumel, contrairement à vous, je n’ai pas besoin d’aller visiter les hôpitaux, j’y ai passé vingt-cinq ans de ma vie ! »
      Ces années-là, c’était douze heures par jour (8 heures-20 heures) à Necker, une ou deux gardes par semaine, un week-end sur trois. Elle ne rentre pas pour les devoirs des enfants, parfois trop tard pour dîner. Le pronostic des patients dont elle s’occupe, atteints de leucémie myéloïde chronique, est catastrophique. Aucun ne survit plus de cinq ans. « Nous nous sommes attaqués à une maladie dont beaucoup disaient que c’était un combat perdu, que les malades ne guériraient pas », précise Norbert Ifrah, l’actuel président de l’INCa.

      Un petit clan d’« hématos », dix ultra-spécialistes, part en guerre contre ce mal qui frappe au hasard. Agnès Buzyn en est longtemps la plus jeune. Il y a deux fronts. D’un côté, les patients. C’est lourd. Parfois insoutenable. On les soutient, on leur assure une disponibilité de chaque instant, puis on s’effondre lorsqu’ils quittent la pièce. Il arrive qu’on pleure avec eux. « La mère du petit Nathan…, se souvient la ministre. Je devais l’hospitaliser dans les douze heures. Avant de venir, elle m’a demandé de lui laisser endormir son fils une dernière fois. Elle est morte le lendemain. » « Et ces mères qui ont donné leur dernier biberon dans mon bureau… »

      « Nécessaire » lien avec l’industrie
      Les patients, et puis la recherche. Après la visite du matin, il y a ces heures passées au laboratoire à mettre des cellules en culture. La greffe de moelle a longtemps été la seule arme des hématologues, mais un patient sur deux mourait dans les trois mois. L’arrivée du médicament Gleevec, « la nouvelle munition dans la guerre contre le cancer », annonce la « une » du Time, le 28 mai 2001, est une révolution.

      C’est l’époque où elle travaille avec l’industrie. « C’était nécessaire », répond-elle à ceux qui lui reprochent aujourd’hui ses liens avec Bristol-Myers Squibb et Novartis. « C’était le premier médicament qui évitait la greffe de moelle. » Mais elle assure que l’argent touché pour ces essais cliniques est reversé « à l’association Robert-Debré à laquelle adhèrent 100 % des professeurs des hôpitaux de Paris. Certains sont allés au resto. Moi, je n’ai jamais utilisé un centime pour financer autre chose que l’achat de matériel, ou des congrès aux infirmières ». Après sa nomination à l’INCa, elle dit ne plus avoir accepté un seul café de l’industrie. « Et depuis dix ans, en congrès, je sors acheter mon jambon-beurre. »
      Sa vie organisée entre l’hôpital et la recherche lui convenait parfaitement, mais la succession de son chef de service à Necker tourne mal. « J’ai été victime de harcèlement moral. J’allais mourir, j’aurais pu me suicider », dit-elle. On change ses prescriptions, elle ne le supporte pas. « Les directeurs d’hôpitaux et ministres » alertés de la situation « ont tous brillé par leur courage ». La présidence du conseil d’administration de I’IRSN, en 2008, aura des airs de porte de sortie.

      Des idées bien arrêtées
      Est-ce la misogynie et le machisme des mandarins dont elle a souffert – elle a expliqué au Journal du dimanche avoir « eu affaire à des comportements très déplacés » au cours de sa carrière – son éducation, le fait d’être mère de trois garçons, l’influence de Simone Veil, ou un peu de tout cela à la fois, qui la poussent à être particulièrement vigilante à la place des femmes dans la société ? Elle ne brandit pas son féminisme en étendard, mais refuse d’intervenir dans un colloque si le programme annonce moins d’un tiers d’oratrices. Lorsqu’elle arrive à la Haute Autorité de santé, en 2016, elle s’attelle à féminiser un collège exclusivement masculin.

      Lire aussi : Agnès Buzyn dénonce le harcèlement sexuel qu’elle a subi lorsqu’elle était médecin

      Agnès Buzyn ne comprend en revanche pas que l’on évoque un possible conflit d’intérêts avec son mari, Yves Lévy, père de son dernier fils et actuel patron de l’Inserm, l’Institut de la recherche médicale. Jusqu’au 29 mai, l’organisme avait pour cotutelle le ministère de la santé et celui de la recherche. Depuis, c’est Matignon qui gère pour la santé. « Je ne décide ni du budget de l’Inserm ni du salaire de mon mari », s’agace-t-elle. La question de la démission de son époux s’est-elle toutefois posée au moment d’accepter d’entrer au gouvernement ? « [Si cela avait dû être le cas], je n’aurais pas pris le poste. »
      Agnès Buzyn a parfois des idées bien arrêtées – comme sur l’intérêt d’élargir le nombre de vaccins obligatoires –, mais elle revendique un changement de méthode par rapport à sa prédécesseure. « J’écoute les gens, je pense éviter le dogmatisme au maximum. » Le monde de la santé est sous le charme. « Elle a renoué le dialogue avec les médecins libéraux », note Jean-Paul Ortiz, le président du premier syndicat du secteur, la CSMF. « C’est le jour et la nuit par rapport à Marisol Touraine », confirme Catherine Mojaïsky, la présidente de l’un des deux syndicats de dentistes.
      Le jour de sa nomination, la ministre s’est tout de même demandé si, comme à l’INCa et à la HAS, elle ne garderait pas une consultation. « Je ne me voyais pas abandonner mes malades. Et puis, j’adorais mon métier. » Le président n’y était visiblement pas opposé, mais elle y a renoncé par peur de manquer à la règle qu’elle s’est toujours fixée : les malades sont prioritaires. Par crainte, aussi, qu’une erreur médicale nuise au gouvernement. Son ancienne vie s’est brutalement rappelée à elle, cet été, lors d’une visite à l’hôpital Trousseau, à Paris. Elle a entendu les bruits, senti les odeurs si caractéristiques d’un service de réanimation… « Ce que je fais est utile, mais cela me manque », confie-t-elle, très émue. La veille de la présentation du PLFSS, fin septembre, elle était encore plongée dans un article de The New England Journal of Medicine.

      Ben je l’ai demandé. Le seul argument potable c’est de refuser la mesure de performance au nombre d’actes. On verra peut-être comment la logique comptable se perfectionne en abandonnant ces critères inéficients pour ses propres objectfs...
      Sinon, y a pas de «conflit d’intérêt» (comme ils disent alors que l’entente est bien plus fondamentale que cela), elle mange des jambons beurre. Et elle aime les patients et la recherche. Moi, leur argument hard rock métal, y z’ont beau citer Dolto et Auschwitz ailleurs, ça renforce ma méfiance en tout cas.

      #PLFSS #gauchededroite #santé #industrie

  • Un pavé dans la mare d’octobre rose
    https://www.franceinter.fr/emissions/sante-polemique/sante-polemique-12-octobre-2017

    La réalité scientifique autour du dépistage du #cancer du #sein est beaucoup moins rose que la promotion dont il est l’objet : ce dépistage est loin d’être anodin. Si quelques #femmes sont réellement sauvées par une #mammographie systématique après 50 ans, d’autres, plus nombreuses, sont traitées lourdement pour des tumeurs qui n’auraient jamais évolué. Les femmes ignorent souvent que les petits cancers détectés à la mammographie et confirmés par les biopsies disparaissent souvent sans traitement ou n’évoluent jamais. Cette réalité, qui conduit à un surtraitement, est à l’origine d’une controverse croissante sur le rapport bénéfice/risque de la mammographie de #dépistage. Marisol Touraine avait lancé en 2016, comme pour les vaccins, une grande concertation citoyenne pilotée par l’Institut National du Cancer.

    Le rapport du Comité d’orientation de cette concertation concluait que l’information des femmes sur les bénéfices et les inconvénients de ce dépistage était très insuffisante, et que face aux incertitudes, il convenait de rediscuter le dépistage organisé systématique. Cette recommandation dérangeante n’a malheureusement pas eu de suite. Bien au contraire, les partisans du dépistage organisé avancent que si son bénéfice en terme de vies sauvées est modeste, si le surtraitement est une réalité, un diagnostic précoce permet des traitements plus légers, et notamment un recours moins fréquent à l’ablation du sein, la terrible #mastectomie.

    Or une étude publiée dans le prochain numéro de la revue Médecine et en accès libre depuis ce matin démontre avec beaucoup de rigueur que l’introduction du dépistage organisé en 2004 est à l’origine d’une augmentation et non d’une diminution des mastectomies ! Ce travail a été réalisé par le collectif Cancer Rose qui associe des médecins et des scientifiques qui prônent une meilleure information des femmes incitées au dépistage du cancer du sein. Ils ont utilisé les données de l’Assurance maladie qui comptabilisent les mastectomies réalisées tous les ans depuis 2000.

  • Comment renflouer les laboratoires ?

    La ministre de la Santé Agnès Buzyn envisage de « rendre onze vaccins obligatoires »
    http://www.europe1.fr/sante/la-ministre-de-la-sante-agnes-buzyn-envisage-de-rendre-onze-vaccins-obligato

    et avec des arguments émotion au nombre de morts … (10 en 10 ans, à vérifier) à ce compte là, si tu commençais par interdire la bagnole ?

    tuberculose, coqueluche, rubéole, rougeole, oreillons, varicelle, grippe, hépatite B, pneumocoque, méningocoque C, papillomavirus

    #obligation_vaccinale #vaccins #misère_politique #maladie_publique #big_pharma

    et encore, les légisgastriques ne sont pas encore passées, keskeçava être après …

    • Pas forcément pour « renflouer » mais certainement leur faciliter la vie et, en tout premier lieu, leur éviter de se conformer à la décision du Conseil d’état de février.

      Vaccins : que va changer la décision du Conseil d’État ?
      http://www.europe1.fr/sante/vaccins-que-va-changer-la-decision-du-conseil-detat-2972984

      Le Conseil d’Etat a posé un principe de base clair : les trois vaccins obligatoires en France doivent être disponibles sans association avec d’autres vaccins. La plus haute juridiction administrative « enjoint au ministre chargé de la Santé de prendre des mesures pour rendre disponibles » les vaccins DTP sous cette seule forme. « La loi, qui n’impose que trois obligations de vaccination, implique nécessairement qu’il soit possible de s’y conformer en usant de vaccins qui ne contiennent que ces trois vaccinations », a détaillé le Conseil d’Etat.

      Décision sinon lamentable du moins intenable pour les labos… (d’ailleurs, on est déjà au bout des 6 mois…)

      Contacté par Europe 1, Sanofi assure que le délai imposé par le Conseil d’Etat (six mois) est intenable : remettre massivement sur le marché un ancien produit demanderait minimum 18 mois. Et en concevoir un nouveau demanderait minimum 10 ans.

      Le gouvernement a désormais trois possibilités. La loi l’autorise à demander à « l’Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus) d’acquérir, de fabriquer ou d’importer les vaccins en cause ». En clair, il existe une dérogation à la loi du commerce permettant au gouvernement de forcer la main aux laboratoires. Mais comme on l’a vu plus haut, cela demanderait des mois, voire des années, et la ministre de la Santé Marisol Touraine s’est toujours refusée à le faire.

      Deuxième possibilité pour le gouvernement : faire voter une loi pour rendre obligatoire… le vaccin contre la coqueluche, l’haemophilius influenza et l’hépatite B. L’argument du Conseil d’Etat, en effet, est de dire que la situation actuelle ne permet pas de se conformer à la loi. Si la loi change, les vaccins actuellement commercialisés suffiront. Le hic ? Cela serait contraire à la volonté des 5.300 plaignants qui ont saisi le Conseil d’Etat, ainsi qu’à celle du million de signataires de la pétition qu’ils avaient fait circuler. À trois mois de l’élection présidentielle, une telle option a donc peu de chance de se réaliser dans les délais fixés par le Conseil d’Etat.

      Mais il existe encore une ultime possibilité : ne rien changer, ou presque. Le gouvernement peut en effet simplement demander aux autorités de santé d’inciter les médecins généralistes à davantage commander les kits spéciaux évoqués plus haut, ne comprenant que les vaccins obligatoires. En clair, les vaccins hexavalents (qui comportent les trois vaccins obligatoires + les trois autres) continueraient d’être proposés. Mais ceux qui le veulent pourraient avoir accès aux kits spéciaux, sans forcément présenter de contre-indication. Selon Sanofi Pasteur, 90% des patients sont satisfaits des « hexavalents ». Le laboratoire se dit donc prêt à fournir des kits aux 10% restants.

      Option 2 : rendre obligatoire À trois mois de l’élection présidentielle, une telle option a donc peu de chance de se réaliser, mais juste après des présidentielles/législatives qui donnent les mains libres, on va pas se gêner…

    • Début de texte rigoureusement iidentique au Monde, suivi de …

      La ministre de la santé envisage de rendre onze vaccins obligatoires
      http://www.lemonde.fr/sante/article/2017/06/16/la-ministre-de-la-sante-envisage-de-rendre-onze-vaccins-obligatoires_5145311

      Face à cette hostilité, la ministre répond qu’il « faut faire œuvre de pédagogie ». « Ce n’est pas seulement l’intérêt qu’on y trouve soi-même, c’est un enjeu de solidarité, une façon de protéger l’ensemble de la société. »

      Quant aux critiques estimant que cette décision ferait la part belle aux entreprises pharmaceutiques, Mme Buzyn les balaie : « Oui, les industriels gagnent de l’argent, mais on ne peut pas réduire la question de la vaccination à l’intérêt des laboratoires. »

      … et de la liste des 11 vaccins qui, hasard !, règle la question posée par le Conseil d’état.

    • Tu veux compter ? alors comptons !

      https://www.preventionroutiere.asso.fr/2016/04/22/statistiques-daccidents

      Selon le bilan provisoire de l’Onisr (Observatoire national interministériel de sécurité routière), 3 464 personnes ont perdu la vie en 2015 sur les routes de France métropolitaine, soit 80 de plus que l’année précédente (+2,4%).

      http://www.atlantico.fr/decryptage/voiture-tue-plus-pollution-que-accidents-route-remy-slama-isabella-annesi-

      La voiture tue plus par la pollution que par les accidents de la route

      La pollution atmosphérique est bien plus meurtrière que les accidents de la route. Rien qu’en France, 20 à 40 000 décès par an dus aux particules fines sont recensés dont 3 à 6 000 sont directement imputables au trafic routier.

      et si tu commençais par interdire le diesel ? voire, rêvons, la bagnole ?

  • « Les vieux habits de l’homme neuf » | Emmanuel Macron, la finance et le pouvoir

    par François Denord & Paul Lagneau-Ymonet

    Étroitement associé à la politique économique du président François Hollande, le candidat du mouvement En marche ! se présente pourtant comme un homme « hors système », loin des partis et des coteries. Cautionnée par la presse, la métamorphose de M. Emmanuel Macron en évangéliste politique masque mal la trajectoire banale d’un technocrate dont l’entregent lui a permis de brûler les étapes.

    Ce 17 mars 2015, l’agenda de M. Emmanuel Macron s’annonce chargé. À 7 h 45, la revue Politique internationale attend le ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique pour un petit déjeuner-débat. Au menu : exposé face à un aréopage de patrons, de diplomates et de responsables politiques. Une heure plus tard, direction Bercy. Le ministre participe à l’ouverture d’une conférence sur les dispositifs publics de soutien à l’exportation, où se mêlent hauts fonctionnaires et dirigeants du privé, avant de s’entretenir avec les sénateurs socialistes au sujet de la loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques.

    Vers 13 h 15, il retrouve les convives du Cercle Turgot pour un déjeuner-débat. Le président en exercice de ce think tank, M. François Pérol, patron du groupe Banque populaire - Caisse d’épargne (BPCE), l’accueille : « Bienvenue, Emmanuel. Tu arrives juste du Sénat. Y a-t-il trop d’articles à ton projet de loi ? Comme on disait en d’autres temps, trop de notes s’agissant de la musique de Mozart ? » Pareil hommage tient en partie de l’autocélébration, tant la carrière de M. Macron ressemble à celle de M. Pérol : fils de médecin, énarque, passé par l’inspection des finances, par la banque Rothschild et par les services de l’Élysée. Le ministre a vite fait d’emballer financiers, journalistes et autres cadres, qui l’intronisent membre d’honneur de leur cercle. Après les questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, M. Macron s’attarde pour un long entretien avec M. Pierre Gattaz, président du Mouvement des entreprises de France (Medef). Puis, Saint-Patrick oblige, il reçoit M. Richard Bruton, son homologue irlandais.

    Une succession d’apparitions brèves dans les sphères du pouvoir, avec la volonté de faire forte impression à défaut de laisser une empreinte profonde : ce 17 mars 2015 résume à bien des égards la trajectoire du candidat à l’élection présidentielle française.

    Il se rêvait normalien, il atterrit à Sciences Po. Là, l’historien François Dosse le présente en 1999 au philosophe Paul Ricœur, qui cherche une petite main pour achever le manuscrit de La Mémoire, l’Histoire, l’Oubli (1). Cette collaboration ouvre à l’étudiant les portes d’Esprit, revue intellectuelle française proche de la « deuxième gauche » qui soutint par exemple le plan de réforme de la Sécurité sociale du premier ministre Alain Juppé en 1995. Il y théorise sa conception de l’exercice du pouvoir : « Le discours comme l’action politique ne peuvent plus s’inscrire dans un programme qu’on proposerait au vote et qu’on appliquerait durant les cinq années du mandat (2). » Au politique, il faudrait, selon lui, un horizon plutôt qu’un catalogue de mesures. C’est auprès de piliers de la « deuxième gauche » qu’il trouve l’idéologie donnant sens à son engagement.

    Sous le fouet de la sainte concurrence

    Énarque stagiaire dans l’Oise à l’automne 2002, M. Macron se lie d’amitié avec Henry Hermand. Enrichi dans l’immobilier commercial, l’homme d’affaires (décédé en 2016) a été l’une des figures tutélaires et nourricières d’une gauche chrétienne et « anti » : anticommuniste, anticolonialiste et antijacobine (3). Puis, en 2007, le chef de l’inspection des finances, M. Jean-Pierre Jouyet, débauché par M. Nicolas Sarkozy pour le secrétariat d’État chargé des affaires européennes, présente ce jeune homme prometteur à M. Jacques Attali.

    L’ancien conseiller de François Mitterrand, qui préside la commission pour la libération de la croissance, le nomme rapporteur général adjoint. On discerne en sourdine dans le document final cette volonté de dépasser des clivages ordinaires que le candidat vocifère désormais sur toutes les estrades. « Ceci n’est ni un rapport, ni une étude, mais un mode d’emploi pour des réformes urgentes et fondatrices. Il n’est ni partisan ni bipartisan : il est non partisan. » Les « non-partisans » de la commission pourfendent « la rente (...) triomphante : dans les fortunes foncières, dans la collusion des privilégiés, dans le recrutement des élites » (4) et défendent un projet de société fondé sur la concurrence et la déréglementation.

    Ces esprits inspirés ne se contentent pas de recommander la réorientation massive de l’épargne des Français vers les marchés d’actions six mois avant l’effondrement financier de 2008. La mise en concurrence généralisée revient à opposer entre elles des fractions des classes populaires : fonctionnaires et salariés du privé, artisans taxis contre chauffeurs Uber. Une telle vision du monde sied bien à un fringant inspecteur des finances qui, outre le comité de rédaction d’Esprit, qu’il intègre, fréquente des cénacles sociaux-libéraux et partisans de la construction européenne telle qu’elle se fait, comme En temps réel ou les Gracques. Le premier se présente comme un « lieu de rencontre entre acteurs publics et privés soucieux de confronter leurs expériences et analyses, (…) dédié à la construction de puissantes bases intellectuelles d’un agenda réformiste ». Le second proclame que le marché « est le moyen de remettre en cause les situations acquises, les privilèges et les rentes ».

    La rente sociale de M. Macron, elle, reste à l’abri des grands vents de la « modernité ». En 2008, M. Xavier Fontanet, alors président d’Essilor, M. Serge Weinberg, ancien conseiller de M. Laurent Fabius, président du fonds Weinberg Capital Partners, M. Jean-Michel Darrois, avocat d’affaires, et M. Alain Minc — le seul à ne pas avoir été membre de la commission Attali — le recommandent auprès de la banque Rothschild. Son ascension y sera fulgurante, grâce à un marché conclu en 2012 pour le compte de Nestlé, dont le président, M. Peter Brabeck-Letmathe, avait participé à ladite commission.

    M. Attali a présenté M. Macron à M. François Hollande en 2010, lorsque celui-ci ne dirigeait plus le Parti socialiste (PS) et que M. Dominique Strauss-Kahn ou Mme Martine Aubry semblaient assurés de jouer les premiers rôles aux primaires de 2011. Le jeune trentenaire coordonne pour le futur président le travail d’économistes comme Philippe Aghion (encore un membre de la commission Attali). Après la victoire de 2012, M. Attali et M. Jouyet — revenu de son aventure sarkozyste et à nouveau intime de M. Hollande — appuient sa candidature au poste de secrétaire général adjoint de l’Élysée, chargé des questions économiques.

    En 2014, c’est encore M. Jouyet qui, en sa qualité de secrétaire général de l’Élysée, annonce la nomination de son protégé au ministère de l’économie. « C’est quand même exaltant, à cet âge-là, d’avoir en charge l’économie, les entreprises, l’industrie, tout ça, lui explique-t-il au téléphone juste après l’annonce du remaniement. Tu te rends compte, le numérique, tout ce que j’aurais aimé faire ! Je pensais, quand même, à l’inspection des finances, être le maître, maintenant, c’est toi qui vas être le maître (5). » Le nom du jeune prodige sera vite associé à une loi qui promeut le bus plutôt que le train, à l’ouverture dominicale des commerces et au travail de nuit. Il assouplit les règles des licenciements collectifs et hâte la privatisation de la gestion d’aéroports régionaux.

    À ce stade d’une trajectoire de météore, on distingue déjà l’épure d’un style : être introduit dans une institution de pouvoir par un influent pygmalion, n’y passer que le temps nécessaire à la constitution d’un dense réseau de relations, puis recommencer à un poste d’un prestige supérieur. M. Macron ne restera pas plus longtemps à Bercy qu’à l’inspection des finances, chez Rothschild ou au secrétariat de la présidence : moins de trois ans. Quand il lance à 38 ans, en avril 2016, son mouvement En marche !, il mobilise les contacts accumulés à chaque étape de sa carrière.

    À Sciences Po, où il enseigna à sa sortie de l’École nationale d’administration (ENA), M. Macron se lie d’amitié avec M. Laurent Bigorgne. C’est à l’adresse privée de ce dernier qu’il domiciliera En marche ! Fin 2010, M. Bigorgne devient directeur général de l’Institut Montaigne. Du très libéral institut, le candidat débauchera Mme Françoise Holder, codirectrice du groupe du même nom (boulangeries Paul et pâtisseries Ladurée), et recourra un temps aux services de l’agence de communication, Little Wing. Il ne boude pas pour autant les think tanks de l’autre bord politique : il est proche de M. Thierry Pech, ancien cadre de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) et directeur général de la fondation Terra Nova, proche du Parti socialiste.

    D’anciens membres de la commission Attali se mettent aussi « en marche ». L’essayiste Erik Orsenna était au premier rang pour le lancement du mouvement à la Mutualité (La Tribune, 31 août 2016). La rapporteuse de la commission, Mme Josseline de Clausade, passée du Conseil d’État à la direction du groupe Casino, M. Jean Kaspar, ancien secrétaire général de la CFDT désormais consultant en stratégies sociales, M. Darrois ainsi que M. Stéphane Boujnah, président d’Euronext, la société qui gère les Bourses d’Amsterdam, Bruxelles, Lisbonne et Paris, ont fait le déplacement pour le premier grand meeting de campagne, le 10 décembre 2016, à la porte de Versailles. C’est d’ailleurs M. Boujnah, ancien « DSK boy », vice-président d’En temps réel, qui aurait présenté à M. Macron l’homme qui désormais lève des fonds pour sa campagne présidentielle : M. Christian Dargnat. Cet ancien patron de la gestion d’actifs de BNP Paribas et du Crédit agricole a également présidé le comité « Monnaies et système monétaire international » du Medef de 2010 à 2013. Le patron du cabinet de conseil Accenture, M. Pierre Nanterme, autre ancien de la commission Attali et de la direction du Medef — sous la présidence de Mme Laurence Parisot —, a déclaré avoir versé 7 500 euros (le plafond autorisé) à En marche ! (Les Échos, 27 janvier 2017).

    Côté syndical, outre M. Kaspar, la connexion macronienne se nomme Pierre Ferracci. L’homme a transformé le cabinet d’expertise Secafi, proche de la Confédération générale du travail (CGT), en un groupe spécialisé dans le conseil aux syndicats, aux représentants du personnel et aux directions d’entreprise, le groupe Alpha. Son fils Marc et sa belle-fille Sophie occupent une place importante dans la garde rapprochée du candidat. Témoin de mariage du couple Macron, le premier est professeur d’économie, chercheur associé à la chaire « Sécurisation des parcours professionnels » que cofinancent à Sciences Po le groupe Alpha, la société de travail intérimaire Randstad, Pôle emploi et le ministère du travail. Avocate d’affaires, la seconde fut cheffe de cabinet du ministre à Bercy avant d’intégrer son équipe de campagne.

    D’autres anciens membres du cabinet ministériel ont rallié En marche ! Son directeur (6), M. Alexis Kohler, qui a rejoint la direction financière du deuxième armateur mondial, MSC, continue de conseiller M. Macron, quand son adjoint, M. Julien Denormandie, se consacre à temps plein à la campagne. Tous deux sont passés par le cabinet de M. Pierre Moscovici, aujourd’hui commissaire européen.

    Le conseiller chargé de la communication et des affaires stratégiques de M. Macron à Bercy, M. Ismaël Emelien, fait appel à des entreprises spécialisées dans la collecte et l’analyse de données de masse afin de caler l’« offre » politique sur les desiderata des électeurs (Le Monde, 19 décembre 2016). Le porte-parole d’En marche !, M. Benjamin Griveaux, ne faisait pas partie de son cabinet ministériel, mais il cumule les propriétés de ses jeunes membres : surdiplômé — École des hautes études commerciales (HEC) de Paris, Sciences Po —, formé au sein de la droite du PS (auprès de MM. Strauss-Kahn et Moscovici), passé par un cabinet ministériel (celui de Mme Marisol Touraine). En outre, il a exercé des mandats électoraux (à Chalon-sur-Saône et dans le département de Saône-et-Loire), tout comme le secrétaire général d’En marche !, le député et conseiller régional du Finistère Richard Ferrand, ancien directeur général des Mutuelles de Bretagne.

    Héritier de la noblesse d’État
    Ainsi l’homme qui se présente comme neuf, sans passé et sans attache incarne-t-il, tant personnellement que par son entourage, l’héritage cumulé de la noblesse d’État (Bercy), de l’expertise et de la haute finance : le noyau du « système », en somme, que sanctionne son appartenance au club Le Siècle.

    Trente ans après que M. Hollande, M. Jouyet et quelques autres caciques socialistes ont proclamé que « la gauche bouge (7) », la vieille garde et les Jeunes-Turcs de M. Macron rejouent l’éternelle histoire du modernisme : un homme situé au-dessus des partis qui agrège les bonnes volontés, les compétences techniques et les méthodes dernier cri pour piloter le pays. Dès lors, l’essentiel n’est pas d’avoir un programme. C’est de rassembler, de la droite de la gauche (par exemple M. Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon, connu pour sa sollicitude envers la hiérarchie catholique) à la gauche de la droite (comme la députée européenne Sylvie Goulard, auteure de l’inénarrable L’Europe pour les nuls).

    C’est surtout de pouvoir compter sur l’appui d’individus influents, tel M. Jean Pisani-Ferry, ancien commissaire général à la stratégie et à la prospective, et sur les nombreux experts qu’il draine dans son sillage. Cet ancien conseiller de M. Strauss-Kahn et de M. Jouyet sait pourtant l’inconvénient d’un tel positionnement. Peu après le « Brexit », il constatait : « Nous sommes les experts, ceux que 52 % des Britanniques détestent » (Le Figaro, 4 juillet 2016). Il faudra à M. Macron beaucoup de charisme pour maintenir l’illusion qu’il appartient à l’autre camp. Lui suffira-t-il de croiser le mythe pompidolien du banquier lettré sachant conduire les affaires avec le fantasme giscardien du jeune homme progressiste ?

    François Denord & Paul Lagneau-Ymonet

    Sociologues. Auteurs de l’ouvrage Le Concert des puissants, Raisons d’agir, Paris, 2016.

    Le Monde diplomatique Mars 2017

  • Femmes : engagements non tenus | Entre les lignes entre les mots
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2017/02/14/femmes-engagements-non-tenus

    Le 8 mars 2012, à l’occasion de la journée des droits des femmes, François Hollande, alors candidat, avait présenté pas moins de quarante engagements pour l’égalité femmes-hommes. Parmi ceux-ci, figuraient notamment la création d’un ministère des Droits des femmes, la lutte contre la précarité, contre les violences, ou encore la mise en place d’un service public de la petite enfance. En mai suivant, il respectait son premier engagement et créait un ministère des droits des femmes, avec Najat Vallaud Belkacem à sa tête. Le gouvernement nommé comptait même autant de femmes que d’hommes parmi les 34 ministres, une première en France. Et même si une seule femme héritait d’un ministère régalien (Christiane Taubira à la Justice), le signe était néanmoins positif. De fait, les associations féministes ont accueilli favorablement ce changement, tout en rappelant qu’un ministère doit avoir les moyens de son action et qu’elles restaient mobilisées pour peser et faire avancer l’égalité.

    Or, dès avril 2014, lors du premier gouvernement Valls, les droits des femmes perdent le statut de ministère de plein exercice et Najat Vallaud Belkacem se voit adjoindre les thèmes de la Ville et de la Jeunesse. Puis, en août 2014, les droits des femmes sont rattachés au portefeuille de Marisol Touraine avec les affaires sociales et la santé. Enfin, en février 2016, les droits des femmes sont relégués dans le ministère de la famille et de l’enfance : retour à la tradition, les femmes existent sous un statut de gestionnaire de la famille, épouse ou mère ! Il n’y a même plus de secrétaire d’État en charge de cette question. Cette dégradation progressive reflète l’absence de volonté politique sur cette question.

    #femmes #féminisme #droits_des_femmes

  • Vaccins : Marisol Touraine va-t-elle faire respecter la loi ou satisfaire les labos ?
    http://www.bastamag.net/Vaccins-Marisol-Touraine-va-t-elle-faire-respecter-la-loi-ou-satisfaire-le

    C’est une décision qui pourrait bien venir bouleverser les pratiques vaccinales. Et l’on ne sait pas encore dans quel sens : un vaccin DTP (diphtérie, tétanos, poliomyélite) sans aluminium sera-t-il prochainement accessible, comme le demandent plusieurs associations ? Ou l’obligation vaccinale sera-t-elle étendue, de trois à onze maladies, comme le suggère la controversée concertation citoyenne sur la vaccination (lire notre article) ? La décision qu’a rendue mercredi 8 février le Conseil d’État est (...)

    En bref

    / Santé , #Multinationales

    #Santé_

  • Des #médicaments innovants aux prix « trop élevés », selon le Conseil économique et social
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/01/25/le-cese-critique-le-prix-des-medicaments-innovants_5068589_3234.html

    Cette fois, c’est au Conseil économique, social et environnemental (#CESE) d’annoncer ses propositions pour réguler le prix des médicaments innovants. Trois ans après le lancement en France du Sovaldi par le laboratoire américain Gilead, médicament contre l’hépatite C vendu 41 000 euros pour trois mois de traitement, l’assemblée consultative devait remettre, mercredi 25 janvier, son avis sur le « prix et l’accès aux traitements médicamenteux innovants » à la ministre de la #santé, Marisol Touraine.

    L’avis du CESE, qui résulte d’une autosaisine, tombe en pleine montée du débat sur la santé et son coût. « L’augmentation des prix des médicaments innovants conduit à une hausse prévisible des dépenses de santé, remet en cause leur soutenabilité et soulève le risque de sélection des malades », pointe l’assemblée consultative. « Les prix demandés par les industriels sur certains produits sont trop élevés » et « le régulateur n’a pas les moyens juridiques de limiter les hausses de prix », déplorent les auteurs.

    http://www.lecese.fr/content/le-cese-rendra-son-avis-prix-et-acces-aux-traitements-medicamenteux-innovants

  • Macron, le Nord et la tête de noeuds Les chiffres

    Monsieur Emmanuel Macron, ancien ministre de l’économie, se promenait dans le Nord de la France. Il y fit, le vendredi 13 janvier cette déclaration dont la presse s’est faite l’écho : « l’alcoolisme et le tabagisme se sont peu à peu installé dans le bassin minier » . Bien sûr, comme c’est facile. Ces ex-ouvriers, devenus chômeurs et leurs enfants, tous des alcooliques, et d’ailleurs ils votent pour le Front National. Le mépris de classe que révèle cette déclaration est sidérant, mais nullement étonnant. Emmanuel Macron fut à bonne école pendant plus de 4 ans, aux côtés – comme conseiller et comme ministre – de celui qui parlait des « sans dents », notre Président François Hollande. La violence de cette déclaration passe cependant les bornes. Non seulement par le mépris qu’elle exprime, mais aussi par la méconnaissance de la situation qu’elle révèle.
     
    Le Nord et l’alcool
    Oui, il y a bien un problème d’alcoolisme dans le Nord de la France, mais ni plus (ni moins) grave que celui que l’on connaît en Normandie, en Bretagne, ou dans la région Champagne-Ardenne. Regardons les statistiques de santé que soit celles fournies par l’INPES ou celles de l’enquête ESCAPAD.

    La seule qui mette le Nord en tête est celle des décès liés à des cirrhoses et autres maladies, que l’on considère liées à l’alcool.

    Graphique 1


    Mais, les cirrhoses ne sont pas un bon indicateur car elles sont aussi associées à d’autres pathologies qu’une simple dépendance à l’alcool. D’autres indicateurs existent, fournis par l’Enquête Baromètre Santé de l’INPES. Le premier est celui du pourcentage des ivresses alcooliques dans l’année, sur la population de 15 à 75 ans. Et là, surprise, le Nord apparaît largement sous la moyenne nationale.

    Graphique 2


    La proportion remonte largement au-dessus de la moyenne, mais pas en première place, pour les interpellations pour ivresse sur la voie publique, chiffre qui mesure, en fait, la (relative) tolérance des forces de l’ordre à ce type de désordre, mais aussi la pratique sociale de l’ivresse, dans et hors du domicile. En fait, on compte 22,5 interpellations pour 10000 habitants, chiffre inférieur cependant à celui de la Réunion et de la région Champagne-Ardenne.

    Graphique 3

    Graphique 4


    Il en va de même si l’on observe l’usage mensuel de l’alcool pour la tranche d’âge de 17 ans, toujours dans l’enquête ESCAPAD de 2014. La fréquence moyenne est de 12% en France, et elle n’est que de 10% dans le Nord contre 22% dans les pays de la Loire et 17% en Bretagne et en Basse-Normandie.

    Graphique 5


    Le premier constat est donc que M. Emmanuel Macron, ancien Ministre, et ci-devant candidat à la Présidence de la République, a bien raconté n’importe quoi. Il a maintenu ses propos et même attaqué sur Facebook avec une certaine violence ceux qui étaient légitimement scandalisés par ses propos[1]. Ce faisant il ne fait qu’étaler ce qui est désormais évident pour tous ceux qui ont suivi cette triste affaire : il suinte de ce personnage un mépris envers les travailleurs et envers les victimes de notre société, un mépris de classe, qui n’est pas piqué des vers.
     
    Les causes de crise sanitaire dans le bassin minier
    Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas un véritable problème de santé publique dans le bassin minier du Nord. Dans l’arrondissement de Lens, la surmortalité est de 67% supérieure à ce qu’elle est dans le reste de la France. Mais, ce problème n’est nullement la traduction de comportements spécifiques de la population, comportements qui par ailleurs trouveraient dans l’abandon dans laquelle elle fut laissée d’amples justifications. Ce problème résulte pour une large part par la pollution de l’air et de l’eau induites par des activités qui ont été pendant laissées sans contrôle (que l’on se souvienne des patrons-voyous de MetalEurop qui ont disparu sans laisser de traces après avoir largement pollué le site de leur usine, par les maladies professionnelles sur lesquelles on est devant une véritable absence de données. Rappelons qu’en ce qui concerne le stress au travail , des pays comme la Suisse et la Suède avaient réalisé des enquêtes épidémiologiques générales, qui avaient montré que les maladies stress-induites avaient un coût pour la société dépassant les 3% du PIB. Rappelons qu’en France, et en dépit d’études pionnières réalisées à l’initiative de la CGT au début des années 1960, il n’y a jamais eu d’enquête équivalente. Que faisiez vous donc vous, oui vous, Monsieur Emmanuel Macron ainsi que votre collègue, Madame Marisol Touraine, quand vous étiez respectivement Ministre de l’Economie et Ministre de la Santé ?

    C’est qui devrait provoquer une immense colère contre vous et votre candidature à la Présidence de la République, citoyen Macron. De prétendre « stigmatiser » comme l’on dit aujourd’hui une population alors que vous n’avez rien fait pour permettre une juste mesure des causes de la crise sanitaire qu’elle vit. De prétendre résoudre ses problèmes par l’ubérisation du travail et de la société, alors que l’on sait pertinemment que ceci va encore renforcer le stress au travail , et engendrer par là de nouvelles pathologies.

    Monsieur Macron, votre prétendu « humanisme » dont vous faites étalage à l’étranger, en Allemagne en particulier, n’est qu’une immense et scandaleuse fraude.

    Vous vous moquez complètement de ce que vivent les gens, de ce qu’ils endurent. Mais nous, nous savons qu’à Noeux-les-Mines, là où vous avez fait votre déclaration, il y avait, en votre personne, une véritable tête de nœuds !

    _ Jacques Sapir _
    Source : http://russeurope.hypotheses.org/5593
    [1] Voir https://www.facebook.com/EnMarche/Posts/719648718213333

    #Cartes #France #Alcoolisme #Nord #Haur_de_France #Macron_l_alcoolique #PS #cirrhoses #Noeux-les-Mines #tête_de_nœuds #Marisol_Touraine #enquêtes_épidémiologiques #mépris #stress_au_travail #méconnaissance #guerre_aux_pauvres #fraude

  • Le fonctionnement même de l’#hôpital est remis en cause par les politiques de restrictions budgétaires
    http://groupe-crc.org/activite-des-senateurs/les-debats/article/le-fonctionnement-meme-de-l-hopital-est-remis-en-cause-par-les-politique

    Avec cet #ONDAM exsangue, des dépenses contraintes en hausse et un endettement bancaire (29,9 milliards) triplé depuis 2003, les hôpitaux publics ne peuvent que réduire l’offre de soins. Le plan d’#économie de plus de 3 milliards d’ici à 2017 annonce la suppression de 22 000 postes, ou si vous préférez, Madame la Ministre, le non remplacement de 22 000 départs en retraite ainsi que de très nombreuses suppressions de lits.

    Selon la DREES, 57 000 lits d’hospitalisation ont été supprimés en onze ans dans les établissements de santé de France métropolitaine, dans les départements et régions d’Outre-Mer, y compris le service de santé des armées (SSA).

    Cette diminution de lits a un impact grave sur le fonctionnement des services. Je l’avais déjà démontré en 2014 en présentant notre proposition de loi tendant à instaurer un moratoire sur les fermetures de services et d’établissements de santé ou leur regroupement. Je ne peux que déplorer le rejet de notre PPL par le Sénat, car ce moratoire serait bien utile aujourd’hui.

    Ainsi, je vous invite à examiner attentivement la situation des #urgences. Vous constaterez avec moi qu’il existe un lien entre diminution du nombre de lits et augmentation des passages aux urgences qui ont crû de 75 % en quinze ans, sans rapport avec l’augmentation de la population. C’est un cercle vicieux : moins de lits d’aval entraîne plus de passages aux urgences et les engorge en même temps.

    Les situations de #crise, telles que les épidémies, la canicule… sont révélatrices des conséquences des politiques d’#austérité sur l’hôpital !

    Quel constat d’échec de la part de la ministre Marisol Touraine quand face à l’épidémie de grippe, elle demande aux hôpitaux de déprogrammer des opérations non urgentes, de rappeler des soignants, d’ouvrir des lits, ou encore quand elle culpabilise les personnels et les patients en leur reprochant leur non-vaccination.

    Frédéric Valletoux, président de la Fédération Hospitalière de France, reconnaît que les établissements sont débordés. Il y voit 2 explications : d’une part, une défaillance de la #médecine de premier recours, et d’autre part, le fait que trop de lits aient été fermés.

    Le gouvernement n’est-il pas amené, à revoir ses choix politiques profondément remis en cause à l’épreuve de la pratique ?

    • http://groupe-crc.org/activite-des-senateurs/les-debats/article/le-fonctionnement-meme-de-l-hopital-est-remis-en-cause-par-les-politique

      Nous avons tenu avec mon groupe à inscrire ce débat à l’ordre du jour du Sénat, car l’hôpital joue un rôle essentiel dans notre système de santé, comme le conforte l’actualité.

      Aussi, je veux commencer mon propos en rendant hommage aux personnels hospitaliers qui, malgré l’avalanche de réformes qui s’est abattue sur l’hôpital depuis près de 20 ans maintenant, continuent d’assurer une haute qualité des soins, dans des conditions de plus en plus difficiles.

      En France, l’hôpital est synonyme d’accès aux soins pour toutes et tous. Malheureusement, ce principe d’égalité se heurte de plus en plus aux problèmes de rentabilité, car l’hôpital est géré comme n’importe quelle entreprise, la santé considérée comme une marchandise, le patient un consommateur et le médecin « un producteur de soins. »

      Je vous renvoie au livre, écrit en 2009 par le Professeur Grimaldi, « L’Hôpital malade de la rentabilité », plus que jamais d’actualité.

      Le fonctionnement même de l’hôpital est remis en cause par les politiques de restrictions budgétaires opérées par les gouvernements successifs, et singulièrement ces 5 dernières années, avec l’insuffisance notoire de l’Objectif national des dépenses de l’Assurance Maladie (ONDAM), qui organisent les déficits des établissements.

  • Conflits d’intérêts avec les laboratoires pharmaceutiques : les facs de médecine épinglées

    http://www.lemonde.fr/sante/article/2017/01/10/prevention-des-conflits-d-interets-les-facs-de-medecine-epinglees_5060033_16

    Une association publie un classement des universités en fonction de leurs rapports avec l’industrie pharmaceutique.

    Dès les premières années de leur cursus universitaire, les étudiants en médecine sont insuffisamment protégés contre l’influence des laboratoires pharmaceutiques. C’est ce que confirme le classement de Formindep, le premier du genre, publié lundi 9 janvier dans la revue scientifique en ligne PLOS ONE. L’association pour une information médicale indépendante a étudié les politiques des facultés de médecine vis-à-vis des conflits d’intérêts.

    S’inspirant d’une opération similaire menée aux Etats-Unis en 2007, l’association a adressé aux doyens de trente-sept facultés de médecine en France un questionnaire de treize critères permettant d’évaluer leur démarche en la matière. Sont aussi bien pris en compte le degré de limitation des cadeaux et des repas offerts par l’industrie pharmaceutique, le niveau d’encadrement des liens d’intérêts des enseignants, l’existence de formations des étudiants sur ce sujet, ou encore la tolérance aux financements des fabricants de médicaments.
    Seules neuf facultés obtiennent au moins un point, sur un score global de vingt-six. Deux d’entre elles, Angers et Lyon-Est (Lyon-I), enregistrent les moins mauvais scores avec respectivement 4 et 5 points. Les vingt-huit autres facultés ne marquent aucun point, par absence de politique ou de réponse au questionnaire. En effet, malgré cinq relances, seuls trois doyens d’université ont répondu à l’association. Pour établir son classement, elle s’est également s’appuyée sur les informations disponibles sur les sites Internet et sur ses relais locaux. Pour cette première édition, l’enquête ne porte par ailleurs que sur les facultés, laissant de côté l’hôpital, où se jouent pourtant davantage les interactions avec les labos.

    « L’interaction avec les industries est très faible »

    Pour l’heure, l’objectif est de provoquer une prise de conscience chez les universitaires, que le Formindep juge peu investis sur le sujet. « De tous les scandales sanitaires récents, comme celui du Mediator, les facultés n’ont pas retenu le rôle central qu’ont joué les conflits d’intérêts », déplore le docteur Jean-Sébastien Borde, coauteur de l’étude. « Ce n’est pas le palmarès qui nous importe, mais le fait que les facultés progressent », fait valoir Paul Scheffer, doctorant en sciences de l’éducation et coauteur de l’étude. Pour lui, « c’est un outil dont les étudiants doivent s’emparer au niveau local ».

    En médiatisant ce premier classement, même incomplet, le Formindep espère bien voir se reproduire ce qui s’est passé aux Etats-Unis. « En 2007, toutes les facultés avaient reçu un F, la plus mauvaise note, car aucune n’avait de politique publique de gestion des conflits d’intérêts. Depuis, elles ont toutes pris des initiatives et aujourd’hui, plus du tiers est en grade A et aucune n’est plus en F », raconte le docteur Borde.

    Du côté des universitaires, le renforcement des règles existantes dans les facultés ne semble pas aller de soi. « Nous avons tout intérêt à avoir des liens avec l’industrie, à condition de mettre en place des garde-fous et d’être transparents, ce qui est le cas aussi bien pour les contrats de recherche que pour les opérations de mécénat », estime Frédéric Dardel, le président de l’université Paris-Descartes.
    « Au niveau des facs, l’interaction avec les industries est très faible », assure, de son côté, Jean-Luc Dubois-Randé, président de la conférence des doyens en médecine, qui se dit toutefois favorable à plus de transparence. Concernant les financements reçus par les facultés de médecine de la part des industries pharmaceutiques, notamment au titre de la taxe d’apprentissage, déjà réduits, selon lui, aujourd’hui à « peau de chagrin », il concède qu’une « charte morale » pourrait être utile.

    Une législation « suffisante » pour le ministère

    Mais pour le doyen de médecine de l’université Paris-Est-Créteil, c’est à l’hôpital qu’il faut aller plus loin. Il prône, par exemple, l’interdiction totale des « réunions d’informations » ou autres « petits déjeuners » encore offerts par les laboratoires pharmaceutiques dans certains services. « Il faut exclure tout enseignement dispensé par des non-universitaires », défend M. Dubois-Randé.

    « Les conflits d’intérêts sont aujourd’hui très peu évoqués dans les universités », regrette par ailleurs Claire Corbillé, de l’Association nationale des étudiants en médecine de France, partenaire du classement, qui souhaite une « plus grande sensibilisation » des étudiants. A la conférence des doyens en médecine, on rappelle qu’un cours sur le sujet doit être mis en place au moment de l’entrée en troisième cycle à la prochaine rentrée universitaire.

    Reste la question sensible des liens d’intérêts des enseignants-chercheurs avec l’industrie pharmaceutique. La loi Bertrand du 29 décembre 2011 les oblige à les déclarer sur une plate-forme en ligne, la loi santé de Marisol Touraine promulguée il y a un an prévoit même qu’ils en fassent état devant leurs étudiants au début du cours. Une disposition pour l’instant quasi inappliquée, constate le Formindep, qui plaide pour des garde-fous supplémentaires. Au ministère de la santé, on juge « suffisante » la législation actuelle, qualifiée de « très encadrante », tout en reconnaissant la « difficulté de garantir sa pleine application » dans toutes les facultés.

  • La visite de Marisol Touraine aux flics de Tours fait un bide
    http://larotative.info/la-visite-de-marisol-touraine-aux-2023.html

    Les élections approchent, et les politiciens professionnels entrent donc en campagne pour se faire réélire. C’est pour cela que Marisol Touraine est venue à Tours ce vendredi 6 janvier, rencontrer des flics et des gendarmes. - Brèves / Vie politique locale, Travail - (...) — Brèves, Vie politique locale, Travail - Syndicalisme

  • Treize morts de la grippe en quinze jours dans une maison de retraite, l’IGAS saisie
    http://www.lemonde.fr/sante/article/2017/01/07/treize-morts-de-la-grippe-en-quinze-jours-dans-une-maison-de-retraite-l-igas

    Treize personnes sont mortes de la grippe dans une même maison de retraite à Lyon, entre le 23 décembre et le 7 janvier, a annoncé samedi la ministre de la santé Marisol Touraine. Elle a demandé à l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) « de diligenter une mission d’inspection pour identifier et analyser les causes à l’origine de cet événement exceptionnel », a ajouté le ministère dans un communiqué.

    Dans cette maison de retraite qui dispose de 110 places, « 72 personnes avaient contracté la grippe », « treize d’entre elles en sont décédées » et « six personnes sont encore hospitalisées », a ajouté le ministère, citant l’établissement. « La moyenne d’âge des personnes décédées est de 91,5 ans », précise le communiqué. Un premier rapport d’étape de l’IGAS devrait être remis sous dix jours.

    • http://www.sciencesetavenir.fr/sante/grippe-13-deces-en-quinze-jours-dans-une-maison-de-retraite-a-lyon_

      Le taux de #vaccination à l’établissement Korian Berthelot de Lyon n’était que de 38%, a appris l’AFP auprès du ministère, alors que le taux atteint 80% en moyenne « sur l’ensemble des établissements Korian ». Il atteignait également 80% « pour tous les Ehpad en 2015 », précise-t-on de même source. […] Depuis le 1er novembre, 381 cas graves ont été admis en réanimation et 22 y sont décédés, selon le dernier bilan de Santé publique France communiqué mercredi. 169 foyers d’infections ont été observés dans des collectivités de personnes âgées, un chiffre en augmentation depuis deux semaines et qui « confirme la vigilance particulière à maintenir » dans ce type de structures, notait mercredi Santé publique France.

      […] En mars 2005, une épidémie de grippe virulente avait fait treize mort en 15 jours à la maison de retraite de Faulx (Meurthe-et-Moselle) dont au moins 9 décédées de façon certaine des suites de la grippe.

      #santé #grippe #vieillesse #probabilités

      Taux d’attaque : ~65 %. | Mortalité : ~ 11-12 % | Létalité : 18 %

      C’est effectivement exceptionnel : le taux brut de décès par grippe est très bas, « même » pour les 95 ans et plus (~ 60 † / 100 000 P95et+ entre 2000 et 2014 | Source : http://www.cepidc.inserm.fr )

    • Lyon : Ce que l’on sait après les 13 décès dus à la grippe dans une maison de retraite
      http://www.20minutes.fr/sante/1991775-20170108-lyon-sait-apres-13-deces-dus-grippe-maison-retraite

      Lyon : Ce que l’on sait après les 13 décès dus à la grippe dans une maison de retraite
      GRIPPE Six des treize victimes avaient été vaccinées contre la grippe…
      […]
      « Au-delà des protocoles, du respect des mesures de prévention et de l’investissement des personnels des EHPAD, le problème vient de ce que le secteur de l’aide aux personnes âgées connaît une crise majeure, il fonctionne en flux tendus avec manque de personnel d’environ 50 %, déplore [Romain Gizolme] qui dirige l’Association des directeurs au service des personnes âgées. En 2015, plus de 18.000 personnes sont décédées des suites de la grippe, principalement des personnes âgées vivant à domicile. C’est plus que lors de lacanicule de 2003. Aujourd’hui, la question majeure est celle de l’accompagnement au quotidien des personnes âgées, de la nécessité de créer des emplois dans ce secteur ».

      Cette année, 169 foyers d’infections ont été observés dans des collectivités de personnes âgées, un chiffre en augmentation depuis deux semaines, selon Santé Publique France. Les plus de 80 ans représentant 63 % des hospitalisations pour grippe.

      #immunosénescence ?

  • Lettre ouverte des personnels du service de gynécologie du CHU de Tours à Marisol Touraine
    http://larotative.info/lettre-ouverte-des-personnels-du-2014.html

    Depuis le 12 décembre 2016, le personnel du service de gynécologie du CHU de Tours est en grève, notamment pour protester contre le manque de moyens alloués. - Infos locales / Une, Santé, Travail - Syndicalisme — Infos locales, Une, Santé, Travail - Syndicalisme

  • Avec ou sans ton sang ? La Brique - Lille - 1 décembre 2016

    « C’est Bill qui le premier me parla de la fameuse maladie, je dirais en 1981. […] Il se laissa tomber par terre de son canapé, tordu par une quinte de fou rire : "un cancer qui toucherait exclusivement les homosexuels, non, ce serait trop beau pour être vrai, c’est à mourir de rire !". Il se trouve qu’à cet instant Muzil était déjà contaminé par le rétrovirus ». C’est par ces mots, qu’Hervé Guibert1, écrivain, décrit sa découverte du Sida. Virus qui l’emporte dix ans plus tard à l’âge de 36 ans.
     
    À l’époque, personne ne sait encore ce qu’est réellement cette épidémie qui décime en particulier certaines populations. Ce qu’on appellera la « règle des 4 H » pour Homosexuels, Hémophiles, Héroïnomanes, Haïtiens. Basée sur cette observation empirique, une circulaire de la direction générale de la santé du 20 juin 1983 établit que « le syndrome d’immunodépression acquise représente un risque nouveau et grave pour la santé qui pourrait être dû à un agent infectieux dont la transmission par le sang et les produits dérivés du sang a pu être suspectée mais non établie ».
     
    Homosexuel.les dans le même sac


    l a fallu attendre 19 ans, en 2002 pour que certaines recommandations de la direction générale de la santé proposent de supprimer le caractère discriminatoire du refus du don du sang par l’EFS. Ainsi ce n’est plus la population homosexuelle qui est concernée, mais les « pratiques à risques » et particulièrement les « relations homosexuelles masculines » , ce qui permet l’ouverture du droit du sang aux lesbiennes, jusqu’ici injustement montrées du doigt, car celles-ci sont considérées comme sujettes à risque de part leur proximité avec leurs homologues homos ayant des relations homosexuelles masculines.
    Jusqu’en 2012, on note une période de flottement sur cette question de l’ouverture du don du sang de la part du ministère de la santé. Un certain Xavier Bertrand, ministre de la Santé (de juin 2005 à mars 2007, de novembre 2010 à mai 2012) déclare même pendant 5 ans vouloir mettre fin à ce qu’il appelle une « injustice », sans que cela soit suivi des faits.

    En 2012, un questionnaire de l’association SOS Homophobie est envoyé aux candidats de l’élection présidentielle. À la question du don du sang, le candidat Hollande déclare « [qu’il] est dévastateur à tous les niveaux d’accréditer une forme de présomption de séropositivité des hommes homosexuels » . Il faudra attendre la promulgation le 26 janvier 2016 de la loi Santé par Marisol Touraine déclarant, suite à un amendement, que « nul ne peut être exclu du don du sang en fonction de l’orientation sexuelle ».
    . . . . .

    La suite : http://labrique.net/index.php/thematiques/lutte-des-classes/840-avec-ou-sans-ton-sang
    #Lille #La_Brique #violence_sociale #Harry_Cover #Lutte_des_classes #sang #sida #ségrégation