person:marwan mohammed

  • Enquête sur les petites mains du deal de #cannabis
    http://abonnes.lemonde.fr/societe/article/2018/01/25/les-soutiers-du-deal_5246663_3224.html

    Selon le rapport publié fin 2016 par l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) et intitulé « Estimation des marchés des #drogues illicites en France », il réalise à lui seul un chiffre d’affaires annuel de 1,1 milliard d’euros et compte plus de 240 000 personnes. Presque autant que #La_Poste.

    • Entre stress du « métier », violence du milieu et salaires de misère, de jeunes recrues racontent le quotidien des vendeurs et des guetteurs. Le business du cannabis emploie plus de 200 000 personnes en France.

      LE MONDE | 25.01.2018, Par Louise Couvelaire

      C’est indiqué en gras et en lettres capitales sur l’affichette postée sur la Toile : « On recherche guetteur. » « Profil recherché : jeune, physionomiste, maîtrise du deux-roues appréciée, respectueux envers les clients et les clientes », décrit la petite annonce avec barres d’immeubles et feuilles de chanvre en arrière-plan. « Horaires de travail : de 10 heures à 22 heures (adaptés aux horaires de vente). Prix : 100 euros/jour ». Comme s’il s’agissait d’une banale offre d’emploi.

      Le trafic de cannabis est un business – presque – comme un autre, un modèle de néolibéralisme avec ses grandes entreprises et ses PME, ses stratégies marketing habiles et son management impitoyable, ses patrons grassement rétribués et ses petites mains sous-payées. Mais sans syndicat. En France, il représente la moitié du marché des stupéfiants.

      Selon le rapport publié fin 2016 par l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) et intitulé « Estimation des marchés des drogues illicites en France », il réalise à lui seul un chiffre d’affaires annuel de 1,1 milliard d’euros et compte plus de 240 000 personnes. Presque autant que La Poste.

      Un poids lourd de l’économie française, en somme, qui opère en toute illégalité mais recrute à tour de bras « des armées de larbins qui triment pour moins que le smic », dénonce un médiateur d’une cité des Yvelines. Le chercheur Nacer Lalam, coauteur du rapport de l’INHESJ, les appelle « le prolétariat du cannabis », dont les revenus ne font, le plus souvent, qu’assurer la survie. « Comme dans les entreprises normales, les patrons s’enrichissent, pas les employés », résume un officier de police judiciaire des Hauts-de-Seine.

      Un « boulot très ennuyeux et stressant »
      On l’appellera Marvin. Il a 22 ans et vend du shit dans un quartier de l’est de Paris depuis deux ans. Ce soir de janvier, frigorifié dans son petit blouson noir zippé jusqu’au menton, il attend le « clicos » (le client) sur un bout de macadam désert depuis cinq heures déjà. Il lui reste cinq heures de plus « à poireauter dehors », jusqu’à minuit. A intervalles réguliers, il étire son cou et balaye du regard les environs, histoire de s’assurer de l’absence de policiers. « C’est l’enfer, commente-t-il, la mine lasse. C’est un boulot à la fois très ennuyeux et très stressant. »
      Horaires à rallonge, pressions et craintes des représailles physiques sont le lot quotidien du jeune homme, dont le salaire hebdomadaire varie en fonction des ventes et de l’humeur de son patron : 450 euros maximum, 250 euros le plus souvent. Pas de quoi gagner son autonomie – il vit chez un cousin – ni mener grand train.

      « Vu tous les risques que je prends – les gardes à vue, la prison, les règlements de comptes –, c’est pas cher payé », se lamente-t-il.
      Loin des idées reçues et des fantasmes d’argent facile, le deal ne profite en réalité qu’à un petit nombre de personnes haut placées dans les réseaux qui, « par leur train de vie et leur visibilité quotidienne, assurent la publicité et la pérennité du contre-modèle qu’elles incarnent », écrit Marwan Mohammed, sociologue au CNRS, dans son rapport de recherche sur « L’implication des mineurs dans le trafic de stupéfiant » (décembre 2016).

      « Ça gagne que dalle »
      A 19 ans, Amine (le prénom a été modifié) mène une carrière à faire saliver d’envie ses petits camarades qui se voient déjà au volant d’une berline aux vitres teintées. A 12 ans, il jouait les guetteurs contre quelques billets ; depuis ses 18 ans, en tant que chef des vendeurs, il empoche jusqu’à 250 euros par jour, prétend-il. De quoi entretenir son image.

      « Moi, ça se voit que je deale, j’ai toujours des nouvelles baskets et de nouvelles fringues, se targue le jeune homme, qui vend de la “beuh” dans le Val-d’Oise et espère obtenir un poste plus important d’ici peu. Mais le grand patron, lui, c’est un invisible. Personne dans la cité ne sait qui c’est. »
      Chouf (guetteur, chargé de prévenir de l’arrivée de la police), rabatteur (dont la mission est d’aller chercher le client), portier (quand le trafic a lieu au sein d’un hall d’immeuble), coupeur (conditionnement des sachets de shit ou de beuh), bicraveur ou charbonneur (vendeur)… « Tous ces postes sont nuls, ça gagne que dalle », lance Amine. De fait, cette main-d’œuvre bon marché turbine au bas de l’échelle pour quelques euros de l’heure dans des conditions de travail « infernales », martèle Marvin. D’où le fort taux de #turnover.



      Dans l’économie parallèle, les conflits sociaux se règlent souvent par la violence physique, et la concurrence s’élimine à coups de pompes et, parfois, à la kalachnikov. Si certaines têtes de réseaux optent pour une méthode de management « douce », voire paternaliste, d’autres emploient la manière forte. Retardataires tabassés, guetteurs brûlés à la cigarette lorsqu’ils ont tardé à alerter les vendeurs de l’arrivée de la police… Et malheur aux rabatteurs des cités voisines : « Ceux-là, si on les chope, on les fracasse », dit Amine. Même lorsque les trafiquants tentent une approche « courtoise », la menace reste l’argument massue.
      Cette affichette à destination des habitants, placardée dans le hall d’un immeuble de Seine-et-Marne, en témoigne : « Nous vous prions de bien vouloir nous excuser pour la gène occasionnée due au commerce au sein de votre bâtiment. De ce fait, il est de votre devoir de garder le silence et de ne pas coopérer avec la police. (…) Pour votre plus grand bien, nous vous recommandons de bien vouloir vous taire, à défaut de représailles. Nous vous remercions de votre compréhension et restons à votre entière disposition. »

      « C’est une histoire de dette »
      Meilleur vendeur de son réseau, Marvin a été roué de coups par son patron et menacé avec un couteau lorsqu’il a voulu démissionner. Le jeune homme n’attend qu’une seule chose : que la police démantèle son réseau et mette ainsi fin à son « cauchemar ». Son cas est loin d’être isolé, selon l’officier de police judiciaire des Hauts-de-Seine.
      « Toutes les méthodes et tous les prétextes fallacieux sont utilisés pour les prendre au piège, raconte-t-il. Le plus souvent, c’est une histoire de dette. »
      Faire crédit à un jeune consommateur local pour lui réclamer ensuite le remboursement immédiat de son ardoise est l’un des ressorts classiques de l’entrée dans le trafic. Le même mécanisme s’appliquera pour le contraindre à y rester. « Les gérants du réseau accusent un vendeur d’avoir perdu de la marchandise ou financent les frais d’avocats lorsqu’il se fait arrêter et réclament ensuite d’être remboursés sur le champ, poursuit le policier. Il n’a alors pas d’autre choix que de reprendre son poste. »

      Marvin est pourtant titulaire d’un CAP de menuiserie et rêve d’une formation en ébénisterie. « Cela fait plus d’un an que je cherche et que je ne trouve pas. Je n’ai plus le courage, confie-t-il. J’ai proposé mes services au dealer il y a deux ans parce que je n’avais rien : j’étais à la rue et sans emploi. Ils m’ont embauché tout de suite. »
      Avoir un rôle dans l’entreprise « virile » du trafic
      Là où l’économie légale leur ferme les portes, l’économie de la pauvreté, ou de la débrouille, prend le relais. « Le secteur des stups n’est pas discriminant et accepte les non-diplômés, principalement des jeunes hommes issus de milieux défavorisés, observe l’économiste Christian Ben Lakhdar, maître de conférences à l’université de Lille-II. C’est un marché du travail auquel ils ont accès. »
      Dans les quartiers où les taux de chômage et de décrochage scolaire atteignent parfois 50 %, « l’école de la rue » se substitue à l’école républicaine. « Des jeunes se pointent tous les jours pour du boulot, à l’heure d’ouverture des points de vente », raconte Amine.

      Pour la Mission métropolitaine de prévention des conduites à risques (une coopération entre la Mairie de Paris et le département de la Seine-Saint-Denis), avoir un rôle dans l’entreprise « virile » du trafic procure au jeune le « sentiment intense d’exister » et la satisfaction d’obtenir un « statut » dans la cité, mais aussi d’accéder à une forme de normalité, en lui permettant d’avoir une place dans la société de consommation.
      « Demander à sa mère, c’est le cafard, estime le dealer du Val-d’Oise. Avec ses 1 200 euros par mois en tant que femme de ménage dans un hôtel, on ne va nulle part. Moi, je voulais de l’argent. »
      Ceux qui, comme lui, parviennent à gravir les échelons, « coffrent » leurs économies pour ouvrir un commerce légal le plus souvent. Les autres déchantent, sans un sou en poche mais avec un casier judiciaire bien rempli.

      #emploi_informel #caillasse

    • Les vendeurs de cannabis, des salariés comme les autres ? Le Monde, 25.01.2018, Louise Couvelaire

      Capacité à prendre des risques, compétences en marketing… des initiatives tentent de valoriser l’expérience des dealeurs pour les aider à s’en sortir.

      Ce n’est pas le genre d’expérience que l’on peut inscrire sur un CV ni faire valoir lors d’un entretien d’embauche. Pourtant, Sofiane (le prénom a été modifié), 17 ans, est un patron avant l’âge. Il n’est pas encore sorti de l’adolescence qu’il s’exprime déjà comme un homme d’affaires aguerri. Faussement nonchalant, les mains dans les poches de son survêtement siglé d’un blanc immaculé, il parle « recrutement », « stratégie marketing » et « fidélisation du consommateur ».

      En quelques années, il a gravi les échelons de son organisation du Val-de-Marne à une vitesse record, passant de livreur de sandwichs à « bras droit » du « big boss » chargé du management, de la comptabilité et des importations. Une succession de postes qu’il a occupés à temps plein depuis l’arrêt de ses études, en classe de 3e. Mais sa carrière s’est arrêtée net un matin d’avril 2017, lorsque les policiers ont enfoncé la porte du domicile de sa mère. Son interpellation s’est soldée par un séjour de quatre mois à la prison de Fleury-Mérogis (Essonne).

      Sofiane dirigeait un « four », un point « chaud » de deal de résine et d’herbe de cannabis, réalisant un chiffre d’affaires de 6 000 euros par jour en moyenne et employant une trentaine de personnes. « Faire tourner un trafic de stups, c’est comme gérer une société, lance-t-il. Donnez-moi les clés de n’importe quelle entreprise et je vous garantis des bénéfices. » Son aplomb masque mal une réalité dont il a conscience : son ascension fulgurante dans le deal ne lui ouvrira pas les portes du CAC 40.

      Savoir-faire comptable et commercial

      « Certains dealeurs sont pourtant très ingénieux et développent de vraies capacités, souligne Karima Esseki, éducatrice à la Protection judiciaire de la jeunesse. Mais ce n’est pas comme ça que la société les voit. » Face à une politique répressive que beaucoup jugent inefficace, certaines initiatives tentent une nouvelle approche : repêcher les acteurs de l’économie souterraine pour en faire de bons élèves de l’économie légale.

      Effacement du casier judiciaire, processus de valorisation de l’expérience acquise, transfert de compétences…

      « L’idée est de modifier la posture que l’on a face à eux, explique Emmanuel Meunier, de la Mission métropolitaine de prévention des conduites à risques (coopération entre la Mairie de Paris et le département de la Seine-Saint-Denis). La plupart sont en totale perte de confiance en eux, ils sont persuadés qu’ils ne savent rien faire et que la société ne veut pas d’eux. Or, les aptitudes qu’ils acquièrent sont souvent proches de celles recherchées dans l’économie classique. »

      Capacité à prendre des risques et à juger des rapports de force, savoir-faire comptable et commercial, habiletés en communication et en management, ponctualité, don d’observation, résistance au stress… Parmi la liste des « connaissances acquises » les plus citées figurent aussi les stratégies marketing, calquées sur celles des industriels.

      Une filière d’apprentissage parmi d’autres

      « La plupart de nos clients sont des petits-bourgeois parisiens, raconte Sofiane. Il faut s’adapter pour les fidéliser. » De plus en plus de dealeurs appâtent désormais le chaland grâce à des opérations de promotion – « jusqu’à minuit, 1 gramme acheté, 0,5 offert » –, du merchandising (briquet offert, feuilles de papier à rouler…), un packaging léché (couleurs pop, liserés dorés…) et une diversification du réseau de distribution par la mise en place de « drive » et de livraisons à domicile. « Les vendeurs-livreurs développent une vraie relation clientèle », juge un officier de police judiciaire des Hauts-de-Seine.

      Le deal, une filière d’apprentissage parmi d’autres, en quelque sorte, dont ils sont plusieurs milliers à sortir chaque année. Dans ce secteur, on fait rarement de vieux os. « Passer son temps à regarder derrière soi, c’est pas une vie », confie Sofiane. A part quelques têtes de réseau, la plupart quittent le métier avant 25 ans.

      « Au-delà, ceux qui n’en sortent pas sont perçus comme des cas sociaux, rappelle Luc-Henry Choquet, coordinateur du livre Protéger la jeunesse contre l’usage et le trafic de drogues (LEN, 2017), distribué à 1 500 éducateurs. La norme sociale reprend le dessus. »

      Pour le chercheur Nacer Lalam, de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice, « le recours quasi systématique à la violence pour gérer les conflits est une limite au principe de “compétences transférables” ». Un obstacle qui peut être levé, selon Omer Mas Capitolin, de la Maison communautaire pour un développement solidaire, à Paris. « Lorsque l’on sort du deal, on sort de la violence, dit-il. Comme on ne se retourne plus toutes les trente secondes dans la rue pour vérifier que personne ne veut vous régler votre compte, la pression baisse mécaniquement. » Et de tempérer : « C’est au cas par cas, en fonction de la sensibilité de chaque jeune. »

      Expériences fictives

      Encore faut-il faire oublier son passé pour avoir les meilleures chances de se reconvertir. Certaines associations acceptent ainsi de combler rétroactivement les trous figurant dans le CV, en attestant d’expériences fictives. D’autres organismes vont plus loin, comme le Collectif jeunesse prévention des conduites à risques de la ville de Sevran (Seine-Saint-Denis) : depuis septembre 2016, il facilite les démarches légales d’effacement du casier judiciaire, avec une permanence juridique hebdomadaire tenue par une avocate et un conseiller d’insertion.

      « L’aspect le plus délicat à traiter dans ce processus [de reconversion], c’est celui du cash immédiat, estime Omer Mas Capitolin. Ces jeunes avaient l’habitude de toucher des sommes en liquide régulièrement, et, d’un coup, plus rien. »
      Depuis quelques années, il participe à un programme baptisé « Paris par rues méconnues ». Le principe ? Faire de ces jeunes, dans un délai record, des guides touristiques de leur quartier, « qu’ils connaissent mieux que personne », afin de leur procurer au plus vite un salaire de remplacement, le temps qu’ils trouvent un emploi plus pérenne.

      #dealeurs #Business_School_of_the_streets #livreurs

  • Paris et ses « no go zones » du début du siècle : l carte des apaches parisiens !

    Le 30 septembre 1907, le quotidien « Le Matin » informait ses lecteurs de la présence de bandes d’Apaches dans plusieurs quartiers parisiens. Et déconseillait formellement de se rendre sur les fortif’

    Signalé par Enlarge your Paris sur FB et relayé par Eric Verdeil (entr autre)

    #paris #apaches #cartographie #cartoexperiment #visualisation #insécurité

  • « L’affaire #Théo a violenté la conscience de tous ceux qui s’identifient à lui »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/070317/l-affaire-theo-violente-la-conscience-de-tous-ceux-qui-s-identifient-lui

    Marwan Mohammed. © Jérôme Cunha Le sociologue Marwan Mohammed a longuement étudié la jeunesse des #quartiers_populaires. Il décrypte pour Mediapart les enjeux soulevés par l’affaire Théo, du nom de ce jeune homme d’Aulnay-sous-Bois grièvement blessé lors d’une tentative d’interpellation début février. Une histoire qui survient dans un contexte où les violences policières de tous ordres sont dénoncées avec de plus en plus de vigueur.

    #France #Adama_Traoré #Aulnay-sous-bois #Bouna_Traoré #Police #Zyed_Benna

  • Islamophobie : du déni à la reconnaissance | jef klak
    http://jefklak.org/?p=1001

    La plasticité de l’idéologie dominante
    Par Abdellali Hajjat & Marwan Mohammed

    À l’heure où agiter les épouvantails de groupuscules extrémistes permet d’oublier les causes des conflits mondiaux et de conforter le rôle protecteur de l’État, tout en ratissant des voix fondées sur la peur et le racisme, l’analyse de l’habitus islamophobe des gouvernants et des médias semble un réflexe salutaire. Dans ce texte écrit en juillet 2014, et dans le prolongement de leur ouvrage Islamophobie – Comment les élites fabriquent le « problème musulman » et de l’entretien qu’ils ont accordé à Jef Klak, Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed font le bilan de la reconnaissance d’un racisme institutionnel fondé sur les options religieuses et les origines convenues. Alors que les agressions contre des musulmans se sont multipliées ces derniers mois et que les pratiquants de l’islam sont enjoints de lever publiquement le soupçon structurel qui pèse sur eux, les deux sociologues se penchent ici sur les tribulations du concept d’islamophobie pour mieux en saisir les enjeux.

    #islamophobie

  • Au camp d’été décolonial, les « racisés » plaident pour l’autonomie |
    Mediapart
    Par Faiza Zerouala

    https://www.mediapart.fr/journal/france/270816/au-camp-dete-decolonial-les-racises-plaident-pour-lautonomie?onglet=full

    De notre envoyée spéciale à Reims.- Cela aurait pu être un simple séminaire sur le racisme. Auquel cas, il n’y aurait pas eu ces journalistes plantés devant un centre de vacances de Reims (Champagne-Ardenne) à l’affût de la moindre information, essayant d’alpaguer les participants à la volée pour leur arracher quelques mots. Il n’y aurait pas eu non plus cette micro-manifestation de dix militants du Front national qui ont chanté La Marseillaise devant le lieu. Il n’y aurait pas eu d’articles de presse assassins voire carrément racistes. Il n’y aurait pas eu de débats à la radio. Il n’y aurait pas eu de communiqués d’associations anti-racistes comme la Licra ou SOS Racisme, fustigeant le racisme et le repli communautaire de ce « camp d’été décolonial ». Le samedi, un journaliste a tenté de s’infiltrer, incognito, pour assister aux conférences.

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    Pourquoi tant d’attention focalisée sur un événement privé autofinancé et pourquoi tant de remous ? La controverse est née à cause des modalités d’accès au camp, inédit dans sa forme, édictées par les deux organisatrices, les militantes Fania Noël et Sihame Assbague. Cette série d’ateliers et de conférences, qui se tient durant quatre jours, n’est ouverte qu’aux « personnes subissant à titre personnel le racisme d’État en contexte français ». Un racisme que Fania Noël définit comme « produit et renforcé et légitimé par l’État via ses institutions comme la police ou la justice ». Ce qui crispe les détracteurs de l’initiative. En clair, cette formation ne peut accueillir que les racisé-e-s, selon la terminologie adoptée ici. De facto, les Blancs qui ne subissent pas ce racisme ne peuvent y assister. Fania Noël interprète la polémique comme une preuve que « l’autonomie est vue comme un danger par les personnes qui ont des choses à perdre dans l’émancipation. De toute façon, on a parlé que de la forme. Les rares qui ont parlé des thématiques ont décrété que c’était de toute façon dérangeant ».

    Malgré la demande d’annulation par le maire (LR) de Reims, Arnaud Robinet, le camp d’été décolonial, s’est ouvert le jeudi 25 août pour s’achever le dimanche 28 août. 170 personnes ont souhaité suivre cette formation inédite, centrée sur les questions de racismes. Dans l’assemblée, la prédominance féminine saute aux yeux.

    Les fondatrices du projet assument le choix de la non-mixité vue comme une nécessité pour favoriser l’auto-organisation des concerné-e-s. Le terme « racisé-e-s », issu des sciences sociales, désigne les personnes noires, arabes, roms, asiatiques, musulmanes, renvoyées, sur la base de leurs caractéristiques physiques, à un groupe ayant subi un processus à la fois social et mental d’altérisation. Le terme permet aussi d’éviter d’employer celui de « non-Blancs », car il s’agit d’une définition en négatif. 

    Enfin, placer la question de la race au centre de la réflexion la politise et indique une rupture avec l’« universalisme blanc », qui tient un discours colourblind (ignorant les couleurs) et irrigue, par exemple, l’antiracisme « moral » symbolisé par SOS Racisme. C’est cet universalisme qui veut protéger « son pote » et dénonce les propos racistes sans jamais remettre en cause « le racisme d’État » et le système de domination institué par la République qui se traduit par des discriminations.

    Pour les organisatrices, il s’agit, à l’instar des réunions féministes non mixtes, de permettre à des personnes, unies par les mêmes expériences de vie et animées par le même désir, de s’organiser, de se rencontrer et de réfléchir ensemble à des solutions.

    Lors de la première assemblée plénière introductive, les deux femmes ont rappelé la genèse de ce camp, « un coup de force politique né autour d’un café », et réaffirmé leur choix de la non-mixité. Sihame Assbague le résume ainsi : « C’est important politiquement, cela permet de libérer la parole, de ne pas avoir de personnes qui imposent leur ethnocentrisme et qui disent ne pas voir les couleurs. » Fania Noël rebondit et précise que ce camp n’a pas vocation à devenir un projet de vie ou à donner naissance à « une ZAD ». Elle rappelle que « ce ne sont que quatre jours destinés à réfléchir à notre propre mode d’action. » Tout au long de la formation, les blagues sur le communautarisme supposé du camp fusent. À l’occasion d’un atelier, un participant lance : « On ne va pas éliminer les Blancs ou les renvoyer dans le Caucase. On veut vivre avec d’autres qui ne sont pas comme nous. »

    Le sociologue Marwan Mohammed, venu pour une intervention sur la mobilisation politique dans les quartiers populaires, ne peut s’empêcher de lancer à la salle un trait d’humour : « Pour une réunion du Klu Klux Klan, c’est plus bigarré que dans certaines associations anti-racistes. » Une référence à la Licra qui a manifesté son opposition à la tenue de ce camp en raison de la non-mixité, le comparant à un regroupement du groupe ultra-raciste américain.

    Du reste, le principe de non-mixité n’a rien de neuf. Il a été utilisé dans les années 1960 dans les mouvements de lutte pour les droits civiques aux États-Unis et chez tous les groupes voulant engager une réflexion autonome comme chez les féministes dans les années 1970.

    Au printemps déjà, ce débat s’était greffé sur la commission féministe de Nuit debout. En avril, place de la République, elle avait créé plusieurs sessions de discussions fermées aux hommes. Les mêmes questionnements avaient émergé, plaçant le sujet des alliés au centre de la polémique. Les organisatrices avaient expliqué vouloir créer un moment durant lequel les femmes pouvaient partager leurs expériences, douloureuses parfois, sans devoir supporter le regard des hommes. Cela évite aussi de se perdre en conjectures, à devoir définir les termes employés, rappeler la réalité du racisme ou du sexisme, bref devoir rappeler des bases censées être acquises.

    • Je suis assez dégoûtée de voir des gauchistes canal historique hurler au racisme anti-blancs. Gros manque de culture quand même. Et conception colonialiste de l’universalisme et de la lutte contre le racisme.

      D’ailleurs, sur l’inculture raciste ou féministe, j’apprécie beaucoup la manière légère et sympathique de la série Master of none pour expliquer les mécanismes oppressifs des minorités. Il y a un épisode sur l’assignation aux stéréotypes des descendants d’immigrés visibles et un autre sur le fait qu’un homme même féministe ne perçoit pas la réalité quotidienne des femmes et a toujours du mal à les croire quand elles expriment cette réalité #mansplaining.

      Du coup, il y a cet anti-racisme de dame patronesse qui refuse l’autonomie aux mouvements des racisés, parce que les bonhommes refusent d’entendre qu’ils ont tendance à monopoliser la parole et le vécu de leur seul point de vue, confisquant tout mouvement émancipateur.

  • Retour en vidéos sur la journée d’étude « Droit et islamophobie »
    http://contre-attaques.org/l-oeil-de/article/retour-en

    Le 25 mai dernier avait lieu une journée d’étude internationale sur les mobilisations du droit dans la lutte contre l’islamophobie, organisée par le sociologue Marwan Mohammed. Les vidéos des trois tables-rondes qui sont venues émaillées cette rencontre sont en ligne ! La première table-ronde a porté sur les Régulations politique et juridique du pluralisme religieux et de la lutte contre le racisme et les discriminations Avec Abdellali Hajjat, Maître de conférences en science politique, Université (...)

    #L'œil_de_Contre-Attaques

    / #carousel, #L'islamophobie_à_la_Une, #Liens_utiles

  • Non, les actes antimusulmans ne sont pas en baisse de 80% en France @marwanormalzup @Zaman_France

    https://www.zamanfrance.fr/article/non-actes-antimusulmans-ne-sont-pas-en-baisse-80-21465.html

    Lundi 9 mai, le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve annonçait une baisse de 80 % des actes islamophobes au premier trimestre 2016, ajoutant que « la diminution des actes signifie que la vigilance mutuelle commence à porter ses fruits ». Le sociologue Marwan Mohammed, co-auteur d’un ouvrage de référence intitulé Islamophobie (La découverte), revient avec nous sur la fragilité de ces chiffres dont il critique la méthodologie d’obtention.

  • L’islamophobie, une invention du colonialisme français
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article810

    « #Islamophobie », le terme a envahi le discours politique. Sa datation a été l’occasion d’une belle polémique. Observatrice attentive des dynamiques religieuses actuelles, Caroline Fourest avait cru qu’il était apparu fin année 70 / début années 80. En fait, il avait été forgé au tout début du XXe siècle. Cette erreur de datation, les islamobaratineurs n’ont pas manqué d’en faire des gorges-chaudes. Fouillant les archives (plusieurs sont universitaires et donc payés pour ça), ils ont en effet fini par découvrir que c’est vers 1910 qu’un certain #Alain_Quellien avait forgé ce néologisme (1). Ensuite, le terme a été repris vers 1912 par d’autres auteurs, il aurait circulé quelque peu jusqu’au milieu des années 1920, avant semble-t-il, de disparaître totalement de la circulation.

    Dans les années 1980, quand C. Fourest l’observe, ce n’est donc pas «  d’apparition » qu’elle aurait du parler mais de « réapparition ». Donnons sur ce point toute la raison aux islamobaratineurs et rendons-leur grâce de nous avoir fait découvrir Quellien dont la lecture est bien intéressante : elle montre toute la perversité du concept d’islamophobie.

    La personnalité même du fondateur du concept d’islamophobie est finalement, bien embarrassante pour ceux qui l’on exhumé. Aussi, le présentent-ils tantôt comme membre d’une sorte d’amicale d’ «  administrateurs-ethnologues  » (2) – amusant concept qui sent le bricolage – tantôt comme un « orientaliste français spécialiste de l’islam ouest-africain » (3). « Ah, qu’en termes galants ces choses là sont dites » se serait écrié Molière !

    Quellien, et on comprend tout de suite ce qui gêne les enfumeurs, était en réalité un cadre supérieur du Ministère des colonies, en lien avec l’officier « qui dirige avec compétence et distinction, le service des informations islamiques au Ministère des colonies » (4). Foin donc « d’administrateur-ethnologue » ou de sympathique « orientaliste » , Quellien est un Attaché du ministère des colonies qui fait son travail : conseiller la meilleure stratégie de colonisation possible. C’est bien là tout l’objectif de son ouvrage « La Politique musulmane dans l’Afrique occidentale française » (5).

    C’est dans cet objectif, qu’après une réflexion bien nourrie et mûrie, il crée le concept « d’islamophobie » , une «  islamophobie » que Quellien pourfend avec force dans tout un long chapitre.

    Qu’un fonctionnaire totalement dévoué à la cause de la colonisation en arrive à créer le terme d’islamophobie dans le but de dénoncer les islamophobes avec beaucoup de vigueur, paraît, à première vue étonnant. En fait, c’est une conséquence logique de sa position raciste et de son soutien à la colonisation.

    A la base, Quellien fait un constat : le colonisateur ne « tire » pas tout le bénéfice qu’il pourrait de sa colonisation. Par exemple la partie du

    « Soudan, demeurant aux fétichistes (…) est une riche contrée vouée à l’immobilité, sans commerce, sans industrie, sans culture, sans aucun progrès dans l’avenir ».

    Chacun perçoit tout de suite la profondeur du drame : le pays est « une riche contrée » , mais le colonisateur n’en tire rien ; ses habitants n’ont pas envie de l’exploiter (et de se faire exploiter) au sens capitaliste du terme. Et ils n’ont pas plus envie d’être asservi par un Etat.

    Or, toujours au Soudan, une partie est islamisée. Quelle différence ! Et Quellien de citer un de ses contemporains :

    « Le Soudan, accaparé par l’Islam, c’est la discipline et l’organisation de masses d’hommes, jusqu’ici isolés et farouches ;(…) [qui va vers] la formation d’une société, d’un Etat (…) Avec le temps, on arrivera à faire de l’Islam (…) le plus précieux auxiliaire des intérêts français en Afrique » (6).

    Voici donc, en quelques lignes tout le raisonnement : l’autochtone non islamisé (Quellien et autres « orientalistes » et « administrateurs-ethnologues » ne se gênent pas pour écrire « le nègre » , le «  fétichiste » et laisser libre court à leur racisme…) n’obéit pas et est improductif (au goût du maître) ; par contre le «  nègre » islamisé devient obéissant et accepte de travailler davantage.

    La diffusion de l’Islam en Afrique noire sert donc les intérêts du colonisateur français. C’est un « précieux auxiliaire » . S’attaquer à la propagande islamique, être « islamophobe » comme le sont les colonialistes les plus stupides, c’est nuire aux intérêts coloniaux de la France (7).

    Reste à justifier le raisonnement, car tous ses contemporains sont loin d’être convaincus.

    La première étape est de persuader tout un chacun de « l’infériorité » des noirs. Et là, Quellien, plutôt cauteleux par ailleurs, n’y va pas avec le dos de la cuillère, soit qu’il cite d’autres auteurs, soit qu’il se « lâche » lui-même. Petit florilège :

    « Le noir comprend difficilement les idées abstraites »

    « Son intellectualité [est] très restreinte et son indolence naturelle le [pousse] vers le moindre effort… »

    « … comme l’esprit d’imitation existe à haute dose chez le nègre, celui-ci sera porté tout naturellement à répéter les gestes qu’il a vus et à prononcer les paroles qu’il a entendues, même s’il ne les comprend pas »

    « ... le système de famille chez les nègres n’est pas le patriarcat, comme chez les sémites [dont les arabes], c’est une forme plus animale, le matriarcat,… »

    « Un abîme profond, …, sépare les noirs des chrétiens, dans l’ordre intellectuel, moral, social et religieux », « Cela tient à ce que la race noire est une race inférieure à qui ne peuvent convenir les subtilités complexes de notre civilisation »

    Bref, d’après l’inventeur du terme «  islamophobie » , le « nègre » n’ayant qu’une intellectualité restreinte ne saisirait pas les idées abstraites, tout au plus pourrait-il imiter des gestes et répéter des paroles qu’il ne comprend pas. Son organisation familiale serait même animale.

    Et, pour ceux qui ne seraient pas, malgré ces « arguments » convaincus, de cette infériorité, voici l’argument massue : le « nègre » serait, nécessairement, cannibale :

    « … le fétichisme obéit toujours à des pratiques hideuses, il tue souvent et dévore son ennemi vaincu » (8).

    L’étalage de ces affirmations aussi fausses qu’humiliantes est à proprement parler écœurant. Oui, mais il est indispensable à la construction du concept d’islamophobie.

    Car c’est cette « infériorité » supposée du « nègre » qui justifie son islamisation, présentée comme un « progrès » . En effet, toujours d’après le pourfendeur de l’islamophobie, le noir malgré ses insuffisances intellectuelles serait tout de même conscient de la supériorité de l’Européen. Il voudrait bien l’imiter, mais il ne peut y parvenir. Par contre

    «  (…) il a, tout à côté de lui, le musulman dont l’exemple est facile à suivre… » car « La distance qui sépare (…) [le noir] du musulman n’est pas si considérable ». Le noir, avec un petit effort, peut devenir musulman et, alors il « (…) a presque immédiatement conscience de s’être élevé dans la hiérarchie humaine  ».

    Surtout, et ce n’est pas pour rien que Quellien rappelle qu’Islam veut dire soumission et que sa pratique exige des efforts, le noir islamisé devient un bon petit colonisé :

    « Au point de vue pratique, il [l’Islam] a l’avantage de constituer des tribus plus facilement gouvernables et administrables que les tribus restées fétichises, à cause … de leur obéissance à l’égard de leurs chefs. ». «  L’action du mahométisme s’est également exercée dans les manifestations économiques et commerciales. La vie commerciale et industrielle s’est développée et à vu naître des industries… ».

    Bref, comme le note un autre auteur  :

    « Avec une sécurité plus grande sur les parcours commerciaux, il a provoqué une consommation plus intense, la circulation d’une monnaie fiduciaire et le change. Enfin l’Islam n’a pas été un obstacle au recrutement de nos troupes et de nos marins… (…) Il faut ajouter encore que dans l’ordre économique, à côté de la propriété commune qu’il a laissé subsister, l’élévation sociale s’est manifestée aussi par la constitution d’une propriété individuelle et dans le respect de l’autorité » (9).

    L’Islam est là, et enfin, le colonisateur respire ! Les tribus deviennent gouvernables, une vie commerciale démarre, la monnaie fiduciaire circule, le change se développe, la propriété collective disparait progressivement au profit de la propriété individuelle, et tout cela sans affecter le recrutement de nos soldats et marins (dont des milliers, une fois convertis à l’Islam, viendront gentiment se faire exterminer dans les tranchées en 14/18). Et tout ça grâce à quoi ? Grâce à l’islamisation de l’Afrique noire. En un mot comme en cent, la colonisation et l’islamisation marchent la main dans la main, chacune tirant bénéfice des progrès de l’autre. C’est la conclusion à laquelle parvient, après sa longue étude, Quellien. C’est pourquoi, a contrario, il comprend qu’un des obstacles qui peuvent bloquer les « progrès » de la colonisation, c’est… la critique de l’Islam. C’est pour lutter contre cette possibilité d’entraver la colonisation que Quellien crée le terme « islamophobie » (10) et c’est pourquoi aussi il pourfend cette « islamophobie » dans tout un long chapitre.

    Cependant, s’il accorde une « valeur » à l’Islam (celle de constituer un palier bien utile entre « le nègre » et l’Européen et de faciliter ainsi grandement la colonisation), Quellien affiche un certain mépris pour cette religion dont le

    « … dogme est simple, [qui] manque d’originalité et de sacerdoce… [qui] traite de la vie matérielle et des occupations sensuelles chères aux noirs, dont il flatte les instincts. L’islam est en harmonie avec les idées du milieu, car il tolère l’esclavage et admet la polygamie et la croyance aux génies et aux amulettes… ».

    Bien plus, le créateur du concept d’islamophobie affirme qu’ « Il importe avant tout de réprimer, immédiatement et énergiquement, toutes les tentatives de soulèvement qui revêtent un caractère plus ou moins religieux » des islamistes. Des positions qui, aujourd’hui, le feraient taxer « d’islamophobe » !

    Le concept « d’islamophobie » est donc, depuis son invention, un concept pervers. Il a été inventé pour servir les intérêts du colonialisme français. Aujourd’hui il sert les intérêts du capitalisme international. Sûrement aurons-nous l’occasion de revenir sur ce dernier point…

    1.- Ainsi, Wikipédia écrit : « En fait, le terme « islamophobie » était apparu en 1910 dans l’ouvrage d’Alain Quellien La Politique musulmane dans l’Afrique occidentale française » . Les autres ouvrages cités sont plus tardifs d’une paire d’année.

    2.- Ainsi, dans l’article «  Islamophobie : une invention française  »
    (mai 2012) de Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed, le terme « administrateurs-ethnologues » est utilisé plusieurs fois. C’est seulement dans une note de bas de page que les véritables fonctions de Quellien sont indiquées. L’article, s’il souligne que c’est un français qui a inventé le terme se garde bien de dénoncer le racisme de ses écrits et sa volonté colonialiste affirmée.

    3.- http://www.humanite.fr/que-recouvre-le-terme-dislamophobie-568608

    4.- Termes des remerciements que Quellien lui adresse dans son ouvrage.

    5.- Facilement consultable en fac-similé sur le site de la bibliothèque Gallica. Toutes les citations de l’ouvrage sont extraites de cette édition.

    6.- Edouard Viard. Au Bas-Niger. Q. trouve cette opinion trop tranchée.

    7.- Plus prudent en cela que les politiciens actuels – car s’étant donné la peine de bien étudier le sujet – Quellien est plus réservé sur les conséquences, à terme, de cette islamisation.

    8.- E.-L. Bonnefon. L’Afrique politique en 1900.

    9.- Qu’il définit très clairement comme un : « préjugé contre l’Islam  » , définition actuelle.

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    CITATION
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    « D’une manière générale, l’islamisme politique propage une idéologie conservatrice et libérale, favorable aux intérêts capitalistes (...). Relayant historiquement les fascismes occidentaux (...) sa devise pourrait être ‘Religion, ordre, autorité, morale et communauté’. Comme les fascismes, il dénonce la ‘pourriture’ et la ‘décadence’ des mœurs. Il professe une idéologie, réfractaire au pluralisme, remettant en cause l’individualisme non des fortunes et de la propriété, mais des opinions et des mœurs. Il préconise une société organique de la communauté des fidèles, offrant une perspective intégrative à ceux qui se sentent exclus, et, parfois, au nom de la morale, dénonce les formes les plus criantes de l’injustice sociale. A part l’ajout d’Allah, c’est une copie conforme des fascismes historiques européens. (...) Lorsqu’il se converti à la violence armée, l’islamisme ‘théo-fasciste’ ne la dirige jamais contre les intérêts capitalistes ou les patrons. (...) Il est un allié objectif des régimes politiques en place et des intérêts capitalistes qu’il n’attaque pas. Les peuples, ainsi neutralisés, au lieu de songe à défendre ou conquérir de nouveaux acquis sociaux, sont embrigadés dans d’interminables croisades religieuses qui durent depuis 2001 et dont on ne voit pas la fin. Pendant ce temps, le capitalisme se porte de mieux en mieux. »

    Extraits de : «  Terrorisme néo-fasciste islamiste, généalogisme et mondialisation capitaliste  » , Ahmed Henni, Raison présente n° 197, 1er trimestre 2016

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°149 Avril-Mai 2016
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article810

  • Notre émission live à #Grenoble : six heures pour nos libertés
    https://www.mediapart.fr/journal/france/070216/notre-emission-live-grenoble-six-heures-pour-nos-libertes

    Dimanche 7 février, de 16 heures à 22 heures, Mediapart s’est mobilisé avec des représentants de la société civile pour faire face à l’état d’urgence et au projet d’extension de la déchéance de nationalité. Pendant six heures, les interventions de militants associatifs, d’avocats, de chercheurs et d’élus, scandées par des interventions artistiques, se sont enchaînées en direct et en public. Vidéo ci-dessus : le débat « état d’urgence, déchéance : une machine à discriminer » avec Françoise Dumont (LDH), Marwan Mohammed (sociologue), Geneviève Garrigos (Amnesty) et Florian Borg (SAF).

    #France #déchéance_de_nationalité #état_d'urgence #libertés_publiques #réforme_constitutionnelle

  • 24 novembre #Attentats #Paris #VosGuerresNosMorts :

    Le djihadisme est une révolte générationnelle et nihiliste
    Olivier Roy, Le Monde, le 24 novembre 2015
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/11/24/le-djihadisme-une-revolte-generationnelle-et-nihiliste_4815992_3232.html

    Dont le texte en entier est ici :
    http://justpaste.it/p7cv

    Et qui est bien complété par cette interview ici qui date pourtant d’il y a un an :
    http://www.franceinter.fr/emission-le-79-olivier-roy-les-jeunes-djihadistes-sont-fascines-par-la-v
    http://seenthis.net/messages/432241

    A qui sert leur guerre ?
    Ludivine Bantigny historienne, Emmanuel Barot philosophe, Jacques Bidet philosophe, Déborah Cohen historienne, François Cusset historien des idées, Laurence De Cock historienne, Christine Delphy sociologue, Cédric Durand économiste, Fanny Gallot historienne, Eric Hazan, Sabina Issehnane économiste, Razmig Keucheyan sociologue, Marius Loris historien, poète, Marwan Mohammed sociologue, Olivier Neveux historien de l’art, Willy Pelletier sociologue, Irène Pereira sociologue, Julien Théry-Astruc historien, Rémy Toulouse éditeur, Enzo Traverso historien, Libération, le 24 novembre 2015
    http://www.liberation.fr/planete/2015/11/24/a-qui-sert-leur-guerre_1415808

    Le 13 : http://seenthis.net/messages/428069
    Le 14 : http://seenthis.net/messages/428292
    Le 15 : http://seenthis.net/messages/428675
    Le 16 : http://seenthis.net/messages/428991
    Le 17 : http://seenthis.net/messages/429430
    divers : http://seenthis.net/messages/429826
    Le 18 : http://seenthis.net/messages/429828
    Le 19 : http://seenthis.net/messages/430393
    Le 20 : http://seenthis.net/messages/431269
    Les 22 et 23 : http://seenthis.net/messages/432070

    #recension

  • A qui sert leur guerre ? - 24 novembre 2015 à 17:36
    http://www.liberation.fr/planete/2015/11/24/a-qui-sert-leur-guerre_1415808

    (...) La France est en guerre continuellement. Elle sort d’une guerre en Afghanistan, lourde de civils assassinés. Les droits des femmes y sont toujours bafoués, tandis que les talibans regagnent chaque jour du terrain. Elle sort d’une guerre en Libye qui laisse le pays ruiné et ravagé, avec des morts par milliers et des armes free market qui approvisionnent tous les jihads. Elle sort d’une intervention au Mali. Les groupes jihadistes liés à Al-Qaeda ne cessent de progresser et de perpétrer des massacres. A Bamako, la France protège un régime corrompu jusqu’à l’os, comme au Niger et au Gabon. Les oléoducs du Moyen-Orient, l’uranium exploité dans des conditions monstrueuses par Areva, les intérêts de Total et de Bolloré ne seraient pour rien dans le choix de ces interventions très sélectives, qui laissent des pays dévastés ? En Libye, en Centrafrique, au Mali, la France n’a engagé aucun plan pour aider les populations à sortir du chaos. Or il ne suffit pas d’administrer des leçons de prétendue morale (occidentale). Quelle espérance d’avenir peuvent nourrir des populations condamnées à végéter dans des camps ou à survivre dans des ruines ?

    La France prétend détruire Daech ? En bombardant, elle multiplie les jihadistes. Les Rafale tuent des civils aussi innocents que ceux du Bataclan. Comme en Irak, certains de ces civils finiront par se solidariser avec les jihadistes : ces bombardements sont des bombes à retardement. (...)

    Signataires : Ludivine Bantigny historienne Emmanuel Barot philosophe Jacques Bidet philosophe Déborah Cohen historienne François Cusset historien des idées Laurence De Cock historienne Christine Delphy sociologue Cédric Durand économiste Fanny Gallot historienne Eric Hazan Sabina Issehnane économiste Razmig Keucheyan sociologue Marius Loris historien, poète Marwan Mohammed sociologue Olivier Neveux historien de l’art Willy Pelletier sociologue Irène Pereira sociologue Julien Théry-Astruc historien Rémy Toulouse éditeur Enzo Traverso historien.

  • L’islamophobie, un racisme respectable ?
    http://contre-attaques.org/l-oeil-de/article/l-islamophobie-158

    L’année 2015 a connu une augmentation sans précédent des actes islamophobes avec notamment 500% d’actes islamophobes en plus entre le premier trimestre 2014 et celui de 2015. Pour mieux comprendre ce phénomène, Contre-attaque(s) vous propose la vidéo d’une conférence de l’Université Populaire Et Citoyenne de Roubaix, « l’islamophobie, un racisme respectable ? » avec Marwan Mohammed, sociologue chercheur CNRS et Nacira Guénif, sociologue à l’EHESS. Dans une société en crise économique, à la question (...)

    #L'œil_de_Contre-Attaques

    / #Lutte_contre_l'Islamophobie, #video, #Ailleurs_sur_le_Web, #carousel

  • l’islamophobie en tant que théorie profondément complotiste gagne du terrain dans la société française.

    Une mutation de l’islamophobie ?

    L’islamophobie est selon la formule d’Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed dans Islamophobie, Comment les élites françaises fabriquent le "problème musulman" : « le processus social complexe de racialisation/altérisation appuyée sur le signe de l’appartenance (réelle ou supposée) à la religion musulmane . »

    http://www.crepegeorgette.com/2015/07/28/mutation-islamophobie

  • Que recouvre le terme d’islamophobie ? Racisme et actes xénophobes
    L’Humanité

    Débat avec Marwan Mohammed Sociologue chargé de recherches 
au CNRS ; Éric Coquerel Coordinateur politique du PG, conseiller régional d’Île-de-France et David 
Isaac Haziza Ancien élève 
de l’ENS ULM, doctorant 
à Columbia University

    http://www.humanite.fr/que-recouvre-le-terme-dislamophobie-
    568608

  • Statistiques de l’islamophobie : misère du journalisme mensonger - Par Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed

    http://blogs.mediapart.fr/blog/abdellali-hajjat/260215/statistiques-de-lislamophobie-misere-du-journalisme-mensonger

    Dans sa chronique du 15 décembre 2014 sur France Culture, la journaliste Caroline Fourest remet en cause notre intégrité professionnelle et le caractère scientifique de notre livre Islamophobie (La Découverte). Elle s’appuie sur le livre d’Isabelle Kersimon et Jean-Christophe Moreau, Islamophobie : la contre-enquête (Plein jour, 2014). Cette mise au point démonte les arguments de cette pseudo « contre-enquête » qui cherche à relativiser l’existence du phénomène islamophobe.

  • Qu’est ce que ça fait d’être un problème ?
    http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/210115/qu-est-ce-que-ca-fait-d-etre-un-probleme

    Pour remédier à « l’aveuglement général devant les sources de la violence qui a frappé » Paris les 7, 8 et 9 janvier, et qui voudrait qu’il s’est agi avant tout d’un problème « musulman », « il est indispensable de revenir aux faits et d’adopter une analyse profane de la violence politique », affirme un groupe d’universitaires parmi lesquels Nacira Guénif-Souilamas et Marwan Mohammed. Source : Les invités de Mediapart

  • Quand nos enfants tuent nos pères - Libération
    http://www.liberation.fr/chroniques/2015/01/16/quand-nos-enfants-tuent-nos-peres_1182251

    Au-delà des cibles visées, il y a la question des personnes que l’on fait rire. Dans les années 70, les jeunes révoltés de Hara-Kiri puis de #Charlie Hebdo s’en prenaient aux pouvoirs en place et à leurs conservatismes, faisant rire des dominés et des jeunes de différents horizons (marginaux, soixante-huitards reconvertis dans les luttes féministes, écologistes, etc.). Dans les années 2000, les mêmes se situent au pôle culturel des classes moyennes et supérieures (parisiennes), et leur humour offense une partie des classes populaires urbaines, en particulier, quand il tourne en dérision l’islam qui représente, pour certains, la seule appartenance positive à laquelle se raccrocher.

  • Comme un bruit qui court, mais qui refuse de s’emballer
    http://www.franceinter.fr/emission-comme-un-bruit-qui-court-comme-un-bruit-qui-court-mais-qui-refu

    Des reportages, et des interviews.. Avec : Alain Gresh, journaliste et Spécialiste du Proche et du Moyen-Orient Nicolas Hénin, journaliste Marwan Mohammed, sociologue Denis Sieffert, directeur de la rédaction de l’hebdomadaire français Politis Rokhaya Diallo, journaliste Source : France Inter

  • Islamophobie : du déni à la reconnaissance
    http://jefklak.org/?p=1001

    À l’heure où agiter les épouvantails de groupuscules extrémistes permet d’oublier les causes des conflits mondiaux et de conforter le rôle protecteur de l’État, tout en ratissant des voix fondées sur la peur et le racisme, l’analyse de l’habitus islamophobe des gouvernants et des médias semble un réflexe salutaire. Dans ce texte écrit en juillet 2013, et dans le prolongement de leur ouvrage Islamophobie - Comment les élites fabriquent le « problème musulman » et de l’entretien qu’ils ont accordé à Jef Klak, Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed font le bilan de la reconnaissance d’un racisme institutionnel fondé sur les options religieuses et les origines convenues. Source : Jef (...)

  • « La “nouvelle laïcité” est une technique disciplinaire »
    http://jefklak.org/?p=342

    Des premières « affaires » médiatisées de lycéennes portant le hijab en 1989 à la loi de 2004 interdisant le voile à l’école – alors pudiquement qualifié de signe religieux ostensible –, la peur de l’islam a gagné l’État et les médias. Au cours de ces vingt dernières années, la France a lentement mais sûrement imposé un régime d’exception à toute une partie de sa population. Entretien avec Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed, auteurs d’Islamophobie – Comment les élites françaises fabriquent le « problème musulman », aux éditions de La Découverte, 2013. Source : Jef Klak

  • La construction du « problème musulman »
    http://www.contretemps.eu/lectures/lire-chapitre-islamophobie-abdellali-hajjat-marwan-mohammed

    Les connaissances sur l’islam produites par différents acteurs appellent généralement une action politique pour « résoudre » le « problème musulman ». En ce sens, les conditions de production des connaissances sur l’islam peuvent être déterminées par la « solution » envisagée, et cette « solution » peut varier considérablement en fonction du diagnostic que l’on fait de la réalité sociale. Les mythes propagés par les experts sécuritaires et certains intellectuels médiatiques s’accompagnent souvent d’appels au durcissement de la politique migratoire, à l’expulsion massive, à la déchéance de la nationalité voire, pour certains d’entre eux, à la violence physique contre les musulmans. (...) Source : (...)

  • Islamophobie : les données disponibles | Marwan Mohammed

    http://sociologie.revues.org/2108

    Cet ensemble de connaissances sur le rejet des musulmans s’est développé dans le sillage d’enquêtes d’opinion internationales comme le Pew Global Attitudes Project, l’Eurobarometer, l’European ou la World Values Study, menées pour certaines depuis le début des années 1980. (...) En France, ce type d’enquêtes d’opinion est piloté depuis 1990 par la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) et exploité par plusieurs politologues spécialistes des questions identitaires et électorales. Si elles ne sont pas exemptes de critiques liées à leurs commanditaires, à leurs finalités ou à la méthodologie utilisée, ces enquêtes d’opinion jouent, depuis une décennie, un rôle important dans l’objectivation de l’un des volets de l’islamophobie et sa reconnaissance comme fait social. Plusieurs tendances se dégagent de ces enquêtes. D’une part, le fait que les opinions négatives à l’égard de l’islam et des musulmans sont stables et relativement autonomes, c’est‑à‑dire peu sensibles aux variations (notamment la décrue) d’autres formes d’intolérance. Parmi les marqueurs de la religiosité musulmane, le rejet du port du foulard est particulièrement vif. Symbole du « problème musulman » depuis 1989 (année de la première controverse sur le « voile islamique »), son rejet est massif et les opinions négatives atteignent des sommets en 2003, au moment des débats qui ont précédé le vote de la loi du 15 mars 2004. Le port du foulard est le signe d’islamité le plus rejeté, ce que corroborent d’autres instruments de mesure de l’islamophobie. Mais au-delà du « foulard islamique », c’est l’ensemble de la ritualité musulmane qui est l’objet d’une hostilité croissante. Les interdits alimentaires, qui cumulaient 13 % d’opinions défavorables en 2003, suscitent le rejet d’un tiers des répondants en 2011. L’observance du ramadan indispose 26 % des sondés contre 21 % en 2003. Enfin, le sacrifice du mouton lors de la fête de l’Aïd suscite 37 % d’opinions négatives en 2011 contre 25 % en 2003.
    Depuis le début des années 2000, d’autres données sont mobilisables pour se faire une idée des manifestations d’islamophobie en France. Deux organismes enregistrent les saisines des victimes : le ministère de l’Intérieur et le Collectif Contre l’Islamophobie en France (CCIF). En tendance, les courbes du ministère de l’Intérieur et du CCIF se ressemblent et convergent pour dessiner une tendance à l’accroissement continue depuis 2008. Leurs variations se révèlent sensibles à l’agenda médiatique et politique concernant le « problème musulman ». Un pic est identifiable en 2004 et peut être associé aux travaux fort médiatisés de la commission Stasi ayant donné lieu au vote de la loi interdisant les signes religieux ostensibles à l’école publique ; la poussée de 2009 est concomitante des controverses sur l’interdiction du voile intégral et du lancement du débat sur l’identité nationale.
    De nouveaux révélateurs statistiques permettent aujourd’hui de mieux objectiver l’expérience de l’islamophobie en interrogeant l’existence de discriminations en raison de l’appartenance religieuse. Plusieurs enquêtes de victimation européennes établissent aujourd’hui un tableau assez sombre de la condition de diverses minorités, notamment musulmanes12. En France, l’essor de la thématique des discriminations (Fassin, 2002) dont l’enquête TeO est l’un des aboutissements permet de questionner l’existence d’une « pénalité musulmane » (Simon & Stavo‑Debauge, 2004 ; Lesné & Simon, 2012)13. À l’échelle nationale, le motif religieux est très peu mobilisé pour expliquer la discrimination (moins de 1 %). Sa mobilisation est corrélée à l’importance que lui accordent les individus, notamment 5 % des musulmans et près d’un juif sur six, les deux populations qui déclarent l’attachement le plus intense à la religion et à la pratique du culte. Rapporté à leur poids dans la population enquêtée (7 %), il ressort qu’un peu plus d’un enquêté sur deux déclarant avoir été discriminé pour motif religieux est musulman, notamment les femmes. En effet, au sein de cette population, ils sont 38 % à affirmer porter un signe religieux repérable, alors que cette religiosité visible (tous signes confondus) n’est déclarée que par 21 % de l’ensemble des musulmans de l’enquête.
    Une autre approche consiste à postuler une « condition » collective liée à une expérience partagée (N’diaye, 2008). L’importance que les musulmans accordent à la religion dans l’enquête TeO plaide en faveur de cette approche dont les limites sont nombreuses. L’élaboration d’une « condition musulmane » est ici une opération statistique qui ne doit en rien occulter la pluralité des modes d’appartenance ou bien la dimension cumulative des désavantages sociaux pour des populations avant tout ancrées au sein des classes populaires. En fait, l’association de la question des discriminations avec l’idée de condition collective s’opère par la jonction d’une logique d’identification avec une logique de racialisation en fonction du signe religieux (Amiraux, 2008). Au final et par effet d’accumulation, le niveau des discriminations rapportées par les musulmans est « supérieure d’environ 50 % comparativement aux personnes se déclarant sans religion ». Signalons pour finir, l’enquête par testing menée en France par Claire Adida, David Laitin et Marie‑Anne Valfort qui ont comparé le potentiel d’accès à l’emploi de deux Françaises, l’une musulmane et l’autre chrétienne, toutes deux noires de peau et originaires du Sénégal, dont les CV se distinguaient par deux marqueurs religieux. Résultat, pour 100 réponses positives obtenues par Marie Diouf, Khadija Diouf en obtient seulement 38, autrement dit, la candidate musulmane a 2,5 fois moins de réponses positives que la candidate chrétienne.
    La multiplication, la diversification et surtout la convergence des outils de mesure de l’islamophobie au cours des années 2000 tranchent toutefois avec le désintérêt relatif du monde académique et du champ politique français à l’égard de ce phénomène, notamment au regard du dynamisme des sciences sociales anglophones.

    #stigmatisation
    #minorités
    #islamophobie
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  • Islamophobie : la construction d’un « problème musulman » | Marwan Mohammed

    http://sociologie.revues.org/2108

    Cette notion d’islamophobie (...), nous la définissions avec Abdellali Hajjat (Hajjat & Mohammed, 2013) comme un processus complexe d’altérisation qui s’appuie sur le signe de l’appartenance réelle ou présumée à la religion musulmane. Par altérisation, nous pointons le fait de réduire l’agir social des musulmans, réels ou présumés, à un agir religieux essentialisé, en effaçant ou en atrophiant la pluralité et la complexité identitaires et communautaires de cette population. (…) Nous considérons que l’islamophobie est l’une des conséquences de la construction d’un « problème musulman » dont l’enjeu fondamental est la légitimité présentielle des musulmans, notamment ceux issus de l’immigration post‑coloniale sur le territoire national ou certains de ses espaces. (…)
    En France, depuis le début des années 1980, cette croyance en l’existence d’un « problème musulman » se décline de manière moins brutale, au gré de controverses publiques connectant de multiples enjeux : un problème « d’intégration » au regard de la reproduction intergénérationnelle d’une certaine religiosité jugée incompatible avec les conceptions majoritaires de la citoyenneté ou de l’identité nationale ; un problème de modernité en raison de présumées incompatibilités des musulmans avec la démocratie, la laïcité ou l’égalité entre les sexes ; une peur du débordement démographique articulée au « mythe de l’islamisation » (Liogier, 2012) ; un problème de sécurité centré sur la construction d’une menace terroriste de référence islamiste (Bigo, Deltombe & Bonelli, 2008). Les débats publics reposent sur une dichotomisation et une essentialisation radicales de l’islam et des musulmans. Les discours et la mise en image participent de la construction d’un « islam imaginaire », tour à tour opposé à la « République », à « l’État », à la « laïcité » ou à la « Nation » (Deltombe, 2005). Les « musulmans », quant à eux, s’ils ne sont pas opposés aux « Français », sont fréquemment divisés en deux grandes catégories : les « intégristes » (« islamistes » ou « fondamentalistes ») d’un côté et les « modérés » de l’autre (Geisser, 2003). Un binarisme et des logiques d’essentialisation, en total décalage avec la nuance ou la complexité qu’apportent les études en sciences sociales, de plus en plus nombreuses, sur le fait musulman. (…)
    Un cadrage aux effets politiques et sociaux concrets, notamment sur la vie quotidienne de millions de musulmans réels ou présumés. En effet, les solutions politiques suggérées ou apportées au « problème musulman » en Europe, au moins depuis le 11 septembre 2001, penchent nettement vers une logique de contrôle, d’exclusion ou de disciplinarisation (Fournier, 2013 ; McGoldrick, 2006). Valérie Amiraux rappelle ici que l’accumulation des controverses publiques liées à l’islam en Europe a eu pour effet de systématiser l’interdiction légale ou la réprobation publique des vêtements islamiques féminins. La sauvegarde des valeurs nationales, qui seraient fragilisées par l’irruption publique de référentiels musulmans (vestimentaires, institutionnels, cultuels, etc.) passe désormais par leur disqualification symbolique et sociale et leur encadrement juridique. En France, cela prend la forme du bannissement des filles ou des mères voilées de l’école publique, des femmes en niqab de l’espace public, et plus largement, par le déploiement d’une volonté de rejet – fortement genré (Deeb, 2010 ; Mirza, 2013) – de toute expression de l’islam dans le monde du travail, dans l’univers du « care » ou à l’université. Avec Abdelalli Hajjat, nous avons parlé de processus de discrimination légale par capillarité dans la mesure où les arguments juridiques et politiques au fondement des premières interdictions sont réinvestis dans les nouveaux espaces sociaux dans lesquels se développent de nouvelles mobilisations de type prohibitionniste. (…)

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