person:michel bussi

    • Deux métiers. A l’image de la plupart des artistes plasticiens, les auteurs doivent souvent exercer une seconde profession pour compléter les recettes issues de leurs écrits. Afin de mener une existence plus décente, ils se résignent à assumer un autre travail, comme enseignant, journaliste, lecteur, illustrateur, voire violoniste, avocat ou agriculteur…

      Cela était déjà vrai du temps d’Edgar Allan Poe, qui enseigna aussi l’anglais, de James Joyce, qui occupa le poste d’employé de banque, de Julien Gracq, qui fut professeur agrégé d’histoire, ou de Franz Kafka, qui travailla dans le secteur des assurances… Mais le nombre, déjà réduit, de romanciers qui vivent uniquement de leur plume s’amenuise au fil des années.

      Selon la Ligue des auteurs professionnels, entre 41 % et 53 % d’entre eux perçoivent moins que le smic

      Même les auteurs à succès attendus à Livre Paris, qui ouvre ses portes vendredi 15 mars, conservent parfois un autre métier. Michel Bussi – le deuxième plus gros vendeur de livres en France, après Guillaume Musso – n’a mis fin à sa carrière de géographe et de directeur au CNRS qu’il y a deux ans.

      Selon la Ligue des auteurs professionnels, entre 41 % et 53 % d’entre eux perçoivent moins que le smic et seuls 1 600 gagnent plus de 4 500 euros par mois grâce à leur seule plume. Acteurs centraux de l’univers littéraire, ils restent les maillons les plus faibles de la filière sur le plan économique.

      S’il se destinait à l’écriture dès l’enfance, Mathieu Simonet s’est organisé pour être à l’abri du besoin. Il a choisi le métier d’avocat spécialisé en droits d’auteur et droit des affaires. « J’avais besoin de quinze heures par semaine pour écrire, ce que je négociais en entrant dans les cabinets où je travaillais », raconte-t-il. « En 2003, je gagnais suffisamment ma vie, et je me suis mis à mon compte, pour me libérer du temps, quitte à ne pas augmenter mes revenus. »
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      Après cinq romans non publiés, il a signé – sans le lire ! – son premier contrat au Seuil pour Les Carnets blancs (2010). « A l’époque, être publié, c’était une fierté, pas une histoire financière », souligne-t-il. Aujourd’hui, il perçoit 3 000 euros d’à-valoir pour chacun de ses romans, ce qui représente trois ans de travail (son sixième, Anne-Sarah K., a été publié en février, toujours au Seuil). « Cela génère à peine 100 euros par mois », calcule ce quadragénaire, qui grignote sur « son temps d’avocat », grâce à des invitations par des institutions et des résidences d’écrivain.

      Il perçoit aussi d’autres revenus de l’agence Gibraltar, qu’il a cofondée, et propose des sessions d’écriture dans les entreprises. « Cette organisation me permet de faire ce que je veux. Et de ne pas subir la pression de mon éditeur…Je reste un écrivain confidentiel qui vend ses romans entre 800 et 1 000 exemplaires », se félicite-t-il. Il estime malgré tout que « le système actuel n’aide pas suffisamment les écrivains, qui occupent pourtant une dimension politique et citoyenne dans la société ».
      « Personnages héroïques »

      Les enquêtes sur le sujet sont rarissimes. Le sociologue Bernard Lahire, professeur à l’Ecole normale supérieure de Lyon, a publié en 2006 La Condition littéraire. La double vie des écrivains, à La Découverte. Il a analysé 503 réponses d’auteurs exerçant une autre activité, essentiellement dans l’enseignement et le journalisme.

      « Dans cet univers littéraire très faiblement rémunérateur », il dresse le portrait de « personnages héroïques », qui, sans attendre de leur travail une importante rémunération, écrivent vaille que vaille. La difficulté de concilier deux métiers vient, selon lui, « d’un temps haché », de la nécessité d’écrire dans des interstices d’agenda. Il cite l’exemple d’André Buchet, un agriculteur bio qui profite de la mauvaise saison, l’hiver, pour se livrer à ses travaux d’écriture.
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      Les seconds métiers sont légion. Sous le pseudo de Miya, l’auteure de mangas (la trilogie Vis-à-vis, puis Alchimia chez Pika) scinde son temps entre les commandes de son éditeur et des travaux d’illustration. « Ces missions pour des agences de communication visuelle, des marques ou encore la création de motifs de tissu sont plus rapides à effectuer et plus rémunératrices », note-t-elle.

      A la naissance de sa fille, elle a préféré terminer un manga, quitte à refuser les autres commandes. Mais cette jeune femme lyonnaise a ensuite peiné pour relancer ses clients. « J’ai même posé mon CV dans un salon de thé », témoigne-t-elle. « Quand j’avais vingt-cinq ans, j’aurais accepté d’être éditée gratuitement », ­confie Miya, qui, dix ans plus tard, redoute que les éditeurs ne tirent encore vers le bas les à-valoir des plus jeunes auteurs.

      La question est récurrente. Avec sa casquette d’administratrice de la Société des gens de lettres (SGDL), la romancière Léonor de Récondo souhaiterait que les éditeurs homogénéisent les droits d’auteur pour proposer, comme en Allemagne, un minimum de 10 % sur le prix du livre. Une hausse qui, à ses yeux, permettrait d’endiguer quelque peu « la paupérisation des écrivains, qui s’explique aussi par une surproduction des titres [200 livres sortent chaque jour en France] ».

      Avant d’écrire, Léonor de Récondo a embrassé la carrière de violoniste. Elle travaille avec les plus prestigieux ensembles baroques et publie, en 2010, son premier roman, La Grâce du cyprès blanc (Le Temps qu’il fait). Ses cinq romans suivants, dont Amours, Point cardinal ou Manifesto sont édités par Sabine Wespieser. « Je ne suis plus intermittente du spectacle depuis 2015 », explique-t-elle. « Depuis cette date, je vis de mes droits d’auteur. Mes revenus issus de la musique viennent de surcroît. »

      Elle est bien placée pour savoir à quel point « les écrivains sont particulièrement peu aidés. Ils n’ont pas, comme les intermittents, accès au chômage après 507 heures de travail ». Ils « doivent même payer leur entrée à la BNF pour faire leurs recherches et n’ont pas la moindre réduction pour aller au théâtre ou dans les musées… », regrette-t-elle.
      Un système inadapté

      Dans Les artistes ont-ils vraiment besoin de manger ? de Coline Pierré et Martin Page (édition Monstrograph, 2018), nombre d’écrivains affirment tenter de réduire autant que possible leur travail alimentaire, quitte à revoir leur train de vie à la baisse et à habiter à la campagne, par exemple, à l’instar d’Eric Pessan (Dans la forêt de Hokkaido, Ecole des loisirs, 2017). Pour sa part, Julia Kerninon (Ma dévotion, Le Rouergue, 2018) améliore ses revenus grâce à des travaux proches de l’écriture, comme lectrice, traductrice ou en donnant des cours de littérature.

      Un autre romancier qui souhaite rester anonyme dit travailler six mois par an « dans un job qui ne lui prend pas la tête : des rapports financiers assez techniques ou de l’écriture sous pseudonyme dans la collection Harlequin ». Une activité qui doit être assez rémunératrice pour lui permettre d’écrire les six autres mois de l’année.
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      Fondateur et directeur de Teaminside, une société de 250 salariés destinée à faciliter la vie numérique des entreprises, Jean-Sébastien Hongre, qui a publié Un amour au long cours chez Anne Carrière, en 2017, écrit trois heures les samedis, dimanches matin et pendant ses vacances. « C’est un deal avec ma famille. Je suis 100 % avec eux le reste du temps. »

      Erik L’Homme, lui, affirme avoir eu « la chance de pouvoir vivre de [sa] plume dès [son] premier roman destiné à la jeunesse, en 2002 ». Depuis, il en a signé une trentaine chez Gallimard. « Longtemps, un roman par an m’assurait de quoi vivre », se remémore celui qui habite à côté de Dieulefit (Drôme), dans la ferme héritée de son grand-père. « Je n’ai pas de famille à charge, pas de loyer et j’ai besoin de très peu pour vivre. »

      Après l’âge d’or de la littérature jeunesse incarné par Harry Potter jusqu’en 2010, ses revenus ont chuté progressivement. Surtout quand il a choisi d’écrire des romans plus personnels, moins vendeurs. « Depuis trois ans, je dois écrire deux romans par an pour vivre et un quart de mes revenus provient des rencontres scolaires que j’anime », détaille M. L’Homme.

      D’après une étude professionnelle, 60 % des auteurs doivent réclamer leurs droits d’auteur à leurs maisons d’édition

      Il fustige l’incompréhension des pouvoirs publics vis-à-vis des auteurs, en citant l’obligation de cotiser à la retraite à hauteur de 8 % des revenus annuels bruts, qui a remplacé le forfait de 400 euros par an. « Mes impôts sont prélevés mi-janvier, alors que mes revenus peuvent varier du simple au double selon les années », déplore-t-il.

      Un système d’autant moins adapté que les auteurs touchent leurs droits une seule fois par an. Contrairement au cinéma, où l’on connaît chaque jour le nombre d’entrées, la vente des livres reste archaïque. En effet, les libraires ne fournissent aucune information sur les ventes d’ouvrages. Seules les plates-formes d’autoédition paient les auteurs une fois par mois et leur donnent quotidiennement leurs chiffres de vente.

      « L’éditeur n’achète ni le temps passé » à écrire un roman « ni un contenu exclusif à leurs justes prix », se lamente Samantha Bailly, vice-présidente de la Charte des auteurs et illustrateurs. Sans compter que 60 % des auteurs doivent, d’après la dernière étude professionnelle menée à ce sujet, réclamer leurs droits d’auteur à leurs maisons d’édition.

      Nicole Vulser

  • Vivendi rachète Editis à l’espagnol Grupo Planeta, Nicole Vulser, Le Monde

    L’entreprise de Vincent Bolloré acquiert le numéro deux français de l’édition pour 900 millions d’euros.
    C’est officiellement signé. A l’occasion de la publication de ses résultats trimestriels, Vivendi a annoncé, jeudi 15 novembre, avoir acquis Editis, le deuxième groupe français d’édition. Pour 900 millions d’euros – un prix élevé –, les cinquante maisons qu’il fédère, dont Nathan, Robert Laffont, Plon, Pocket, 10/18, Bordas ou encore Le Cherche midi, quittent donc le giron de l’espagnol Grupo Planeta, lequel cherchait un repreneur afin d’éponger une montagne de dettes évaluée à plus de 1,2 milliard d’euros.

    Après avoir ouvert des négociations exclusives avec Grupo Planeta au cœur de l’été, l’entreprise de Vincent Bolloré reprend 100 % du groupe français présent dans la littérature, les essais et les manuels scolaires. Le spectre est large, entre les auteurs de best-sellers tels que Marc Levy, Michel Bussi ou Raphaëlle Giordano, et les multiples chercheurs qui signent à La Découverte, comme l’historien Yuri Slezkine, auteur d’une brillante saga de la révolution russe, La Maison éternelle. Soit au total plus de 16 000 auteurs et 4 000 nouveautés par an.

    L’aval de l’Autorité de la concurrence devrait intervenir fin 2018 ou début 2019
    Editis a connu une année 2017 difficile, plombée par une baisse de son chiffre d’affaires de 7 %, à 759 millions d’euros, pour un bénéfice opérationnel de 60 millions d’euros. En un an, le nouveau directeur général, Pierre Conte, a mené de profondes transformations pour réorganiser les filiales du groupe par pôles. Il a en outre renforcé Editis dans le numérique, notamment l’imprimerie, et amorcé une diversification dans l’éducation.
    Pour ce changement capitalistique, l’avis favorable des instances représentatives des personnels de Vivendi et d’Editis a été obtenu.

    Un sentiment étrange anime les 2 400 collaborateurs, un bon millier d’entre eux ayant déjà connu Editis lorsqu’il était la propriété de Vivendi, du temps de Jean-Marie Messier. Entre 1998 et 2002, avant que le groupe soit successivement revendu à Lagardère (Hachette), Wendel Investissement puis Planeta, il avait en effet appartenu à Vivendi Universal Publishing. Retour donc à la case départ.

    Craintes d’une reprise en main musclée

    « L’acquisition d’Editis permettra à Vivendi d’ajouter une nouvelle brique à la construction d’un grand groupe industriel centré sur les médias, les contenus et la communication », s’est félicitée la direction de Vivendi, également maison mère de Canal +, Dailymotion, Gameloft, Universal Music Group et Havas. Cette nouvelle pièce au puzzle « enrichira les capacités créatives de Vivendi pour développer de nouveaux projets éditoriaux et de nouveaux types de contenus (le livre audio par exemple), et déployer des franchises à l’international », a-t-elle ajouté.

    La stratégie de convergence de Vivendi vise à détenir les droits des œuvres très en amont pour les décliner à la télévision, au cinéma, en jeu vidéo, sur Internet, dans des parcs à thèmes ou des produits dérivés. C’est précisément le fait que Vivendi se prenne pour Disney, Marvel, voire Netflix, qui inquiète au sein de l’entreprise, même si la plate-forme américaine vient de signer avec Harlan Coben pour adapter en séries et en films les quatorze prochains romans de cet auteur traduit chez Belfond.

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    Début septembre, déjà, Pierre Conte avait envoyé une lettre au personnel afin d’apaiser les craintes de ceux qui redoutent une reprise en main musclée de Vivendi ainsi qu’une dérive marketing accompagnée d’une injonction plus forte de rentabilité. « Les auteurs seront toujours le cœur de notre métier », leur avait-il écrit. « Notre diversité d’éditeur est notre marque de fabrique. Quels qu’aient été les propriétaires de notre groupe, nos valeurs n’ont jamais changé et personne ne pensera jamais à les altérer, car elles sont consubstantielles de notre métier. »

    Vivendi assure que « le fonctionnement des maisons d’édition se rapproche de celui des labels d’Universal Music Group ». Ce qui ne l’empêche pas de rechercher, depuis juillet, un partenaire minoritaire pour sa pépite, numéro un mondial de la musique. L’américain Liberty Media est sur les rangs.

    #édition

  • L’édition française de livres en quelques chiffres
    http://www.lemonde.fr/livres/article/2018/03/16/l-edition-francaise-de-livres-en-quelques-chiffres_5271815_3260.html

    Le Salon Livre Paris 2018 ouvre ses portes vendredi. En 2017, ce sont plus de 68 000 #livres qui ont été publiés en France.

    Un petit nombre d’auteurs, tels Guillaume Musso (967 300 exemplaires pour ses différents livres), Aurélie Valognes (641 800), Michel Bussi (486 100) et Marc Lévy (478 500), concentrent l’essentiel des ventes.

    Les 410 500 exemplaires vendus de La Fille du train, de Paula Hawkins (Sonatine, 2015), montrent aussi que le polar reste très populaire.

    #foliedouce #édition

  • Michel Bussi : 2050, un monde sans frontières | #2050 Le Podcast
    http://rebeccarmstrong.net/2050-podcast-michel-bussi-2050-monde-frontiere

    Les frontières, c’est un sujet qui irrigue le dernier roman de Michel Bussi « Elle était plutôt jolie » paru aux Editions Presse de la Cité. Mais quand on est géographe, le mot frontière, comment l’aborde-t-on ? « Aujourd’hui les frontières servent moins à séparer qu’à faire un tri » Et en 2050 alors ? Un monde sans frontière, ça pourrait être quoi ? Pour Michel, ce monde qui se barricade, c’est un phénomène nouveau, à l’échelle de l’Humanité. Et avec les soubresauts du monde, et aussi avec les enjeux liés au changement climatique, les frontières sont des coutures qui vont craquer. Durée : 51 min. Source : Relevé sur le (...)

  • A Cute Toy Just Brought a Hacker Into Your Home - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2017/12/21/technology/connected-toys-hacking.html?emc=edit_th_20171222&nl=todaysheadlines&nlid=25

    SAN FRANCISCO — My Friend Cayla, a doll with nearly waist-length golden hair that talks and responds to children’s questions, was designed to bring delight to households. But there’s something else that Cayla might bring into homes as well: hackers and identity thieves.

    Earlier this year, Germany’s Federal Network Agency, the country’s regulatory office, labeled Cayla “an illegal espionage apparatus” and recommended that parents destroy it. Retailers there were told they could sell the doll only if they disconnected its ability to connect to the internet, the feature that also allows in hackers. And the Norwegian Consumer Council called Cayla a “failed toy.”

    The doll is not alone. As the holiday shopping season enters its frantic last days, many manufacturers are promoting “connected” toys to keep children engaged. There’s also a smart watch for kids, a droid from the recent “Star Wars” movies and a furry little Furby. These gadgets can all connect with the internet to interact — a Cayla doll can whisper to children in several languages that she’s great at keeping secrets, while a plush Furby Connect doll can smile back and laugh when tickled.

    But once anything is online, it is potentially exposed to hackers, who look for weaknesses to gain access to digitally connected devices. Then once hackers are in, they can use the toys’ cameras and microphones to potentially see and hear whatever the toy sees and hears. As a result, according to cybersecurity experts, the toys can be turned to spy on little ones or to track their location.

    “Parents need to be aware of what they are buying and bringing home to their children,” said Javvad Malik, a researcher with cybersecurity company AlienVault. “Many of these internet-connected devices have trivial ways to bypass security, so people have to be aware of what they’re buying and how secure it is.”

    Un paragraphe spécial pour celles et ceux qui ont lu « Maman a tort » de Michel Bussi :

    Consider the Furby Connect doll made by Hasbro, a furry egg-shaped gadget that comes in teal, pink and purple. Researchers from Which?, a British charity, and the German consumer group Stiftung Warentest recently found that the Bluetooth feature of the Furby Connect could enable anyone within 100 feet of the doll to hijack the connection and use it to turn on the microphone and speak to children.

    Mais foutez-donc la paix aux enfants !!!!

    Toy manufacturers have long searched for ways to bring toys alive for children. While microphones and cameras introduced some level of responsiveness, those interactions were generally limited to a canned response preset by a manufacturer. Internet connections opened up a new wealth of possibilities; now the toys can be paired with a computer or cellphone to allow children to constantly update their toys with new features.

    “That’s so scary, I had no idea that was possible,” she said. “What’s the worst hackers can do? Wait, no, don’t tell me. I’d just rather get my kids an old-fashioned doll.”

    #Jouets_connectés #Cybersécurité #Enfants

  • Préparer l’agrégation interne d’histoire et de géographie : GÉOGRAPHIE DE LA FRANCE (suivre le hashtag #AgregInterneHG)

    DES ATLAS THÉMATIQUES POUR PRÉPARER LA QUESTION
    Après une présentation (succincte et subjective) d’atlas régionaux (voir : https://seenthis.net/messages/616104), voici une quelques propositions de lecture concernant des atlas thématiques.

    LA FRANCE ET SES HABITANTS
    Des atlas qui permettent de trouver des documents à s’approprier pour faire des productions graphiques sur la question de l’habiter, celle de l’identité, celle de la population, etc.
    – Collectif, 2014, Atlas de la France et des Français, Le Monde/La Vie, hors-série.

    – DUBOYS FRESNEY, Laurence, 2013, Atlas des Français. Pratiques, passions, idées, préjugés, Autrement, collection Atlas/Monde, Paris.
    https://www.autrement.com/ouvrage/atlas-des-francais-laurence-duboys-fresney-francois-de-singly

    – AMSELLEM-MAINGUY, Gaëlle et Joachim TIMOTÉO, 2012, Atlas des jeunes en France. Les 15-30 ans, une génération en marche, Autrement, collection Atlas/Monde, Paris.
    https://www.autrement.com/ouvrage/atlas-des-jeunes-en-france-yaelle-amsellem-mainguy-joachim-timoteo-cecile

    LA FRANCE DES MARGES
    Sur cette question, il est nécessaire de connaître les enjeux du débat. Non seulement savoir pourquoi on est passé de la dichotomie centre/périphéries à celle centralités/marges en géographie, mais aussi savoir situer les auteurs, et surtout... les controverses qui existent parfois autour d’eux et de leurs travaux - bien que les atlas ne soient souvent pas les travaux mis en cause dans les débats.

    Ici, cela vaut particulièrement pour Hervé Le Bras pour ses analyses sur la géographie électorale et Christophe Guilluy pour ses travaux postérieurs, mais aussi pour son emploi du terme de fractures.
    –> voir par exemple le texte de Martin Vanier : https://www.urbanisme.fr/une-nouvelle-geographie-de-l-exclusion/debats-391/98#article121 le débat dans le n°399 de la revue Urbanisme : https://www.urbanisme.fr/vraies-et-fausses-fractures/dossier-399
    –> pour un point plus général sur le débat autour de Christophe Guilluy, voir le texte d’Éric Charmes synthétisant les différents points de vue (défenseurs vs. contradicteurs) : http://www.laviedesidees.fr/Une-France-contre-l-autre.html ; ainsi que la lecture du texte/bande dessinée proposé par Enzo (au dessin) et Xavier Molénat sur Alternatives économiques : https://www.alternatives-economiques.fr/france-periurbaine-a-t-ete-abandonnee/00003009).

    – BLANCHARD, Pascal, Hadrien DUBUCS et Yvan GASTAUT, 2016, Atlas des immigrations en France, Autrement, collection Atlas/Monde, Paris.
    https://www.autrement.com/ouvrage/atlas-des-immigrations-en-france-pascal-blanchard-hadrien-dubucs-yvan-gas

    – LE BRAS, Hervé, 2014, Atlas des inégalités. Les Français face à la crise, Autrement, collection Atlas/Monde, Paris.
    https://www.autrement.com/ouvrage/atlas-des-inegalites-herve-le-bras

    – GUILLUY, Christophe et Christophe NOYÉ, 2006, Atlas des nouvelles fractures sociales. Les classes moyennes oubliées et précisées, Autrement, collection Atlas/Monde, Paris.

    GÉOGRAPHIE POLITIQUE ET GÉOGRAPHIE ÉLECTORALE EN FRANCE :
    La géographie électorale a « le vent en poupe » ces dernières années, et les publications se multiplient. Attention tout de même, les analyses se contredisent parfois, ou tout de moins sont en débat. Il convient donc de prendre du recul par rapport à ces ressources, c’est-à-dire de connaître les points des débats en cours sur ces questions, afin de ne pas apporter d’analyses trop tranchées, voire caricaturales. La lecture de comptes rendus de lecture et de recensions des ouvrages peut être utile afin de les situer dans le débat (voir par exemple une recension de ressources proposée par les Cafés géographiques : http://cafe-geo.net/geographie-electorale-geographie-du-vote-geographie-des-elections).

    – un atlas en ligne : Cartelec. Cartographie des grandes villes françaises à l’échelle des bureaux de vote, en ligne : http://www.cartelec.net
    => Ces cartes peuvent être consultées pour préparer des croquis intermédiaires sur les grandes villes françaises. Elles peuvent habilement apporter des éléments dans des croquis aux données plus « classiques », notamment pour des sujets portant sur l’habiter, les inégalités, les conflits, les marges, etc.

    => à compléter avec les travaux du politisée Joël Gombin (par exemple : http://www.monde-diplomatique.fr/2015/12/GOMBIN/54357), et des géographes Michel Bussi, ou encore Jean Rivière (voir des ressources dans le journal de curation consacré à la question de la géographie électorale : http://www.scoop.it/t/geographie-des-elections).

    – LÉVY, Jacques (dir.), 2017, Atlas politique de la France. Les révolutions silencieuses de la société française, Autrement, collection Atlas/Monde, Paris.
    https://www.autrement.com/ouvrage/atlas-politique-de-la-france-jacques-levy-jean-nicolas-fauchille-ogier-ma
    => Il vient de paraître, mais les comptes rendus/recensions commencent déjà à être publiées, et peuvent permettre de savoir rapidement les utilisations (ou non) de cet atlas, qui semble (d’après ce que j’en ai lu, pour l’heure), reposer sur la carte par anamorphose, peut-être plus difficile à adapter en productions graphiques rapidement dans une optique concours. À suivre.

    GÉOGRAPHIE DES RISQUES EN FRANCE :
    VEYRET, Yvette et Richard LAGANIER (dir.), 2013, Atlas des risques en France. Prévenir les catastrophes naturelles et technologiques, Autrement, collection Atlas/Monde, Paris.
    https://www.autrement.com/ouvrage/atlas-des-risques-en-france-yvette-veyret-richard-laganier-aurelie-boissi
    => La question des risques croise, évidemment, de nombreuses thématiques, telles que la géographie de la population, les espaces productifs, etc.

    LES ESPACES PRODUCTIFS EN FRANCE
    – Collectif, 2004, Atlas rural et agricole de l’Île-de-France, IAURIF, Paris, disponible au téléchargement : https://www.iau-idf.fr/savoir-faire/nos-travaux/edition/atlas-rural-et-agricole-de-lile-de-france.html

    POTIER, Françoise et Christophe TERRIER, 2006, Atlas des mobilités touristiques en France métropolitaine, Autrement, collection Atlas/Monde, Paris.
    => Cet atlas intéressera aussi les candidats aux concours externes pour la question « Les espaces de tourisme et de loisirs ».

    QUELQUES LECTURES COMPLÉMENTAIRES :
    La consultation des Atlas de France sous la direction de Roger BRUNET, Franck AURIAC et Thérèse SAINT-JULIEN. Si les données sont datées, la consultation de ces atlas permet de confronter des documents récents à des documents plus anciens et de personnaliser ses croquis/schémas en introduisant une approche en termes de permanences et mutations, très intéressante pour comprendre les évolutions des territoires. De plus, ils apportent un panorama complet de la société française, de la géographie de la santé à la géographie urbaine, en passant par les énergies, les transports, l’espace rural, le tourisme et les loisirs, les milieux et les ressources, les emplois et les entreprises, etc.
    http://www.mgm.fr/PUB/ATFpre.html

    #Atlas #Agrégation #Agrégation_Interne #Agreg #AgregInterne #Agreg_Interne #Histoire #Géographie #Histoire_Géographie #Histoire_et_Géographie #Géographie_de_la_France #Agrégation_Interne_d_Histoire_et_de_Géographie #AgregInterneHG #Agreg_Interne_HG #Agreg_Interne_Histoire_Géographie #Bibliographie #Croquis #Les_Espaces_du_Tourisme_et_des_Loisirs #Capes #Agrégation #Agreg #Agrégation_Géographie #Agreg_Géographie #CapesHG #Capes_HG #Capes_Histoire_Géographie

  • Je voudrais revenir sur ces histoires de cartes du vote du premier tour : en gros, l’essentiel de ce que j’ai vu circuler, ce sont des cartes de France avec une représentation du candidat qui est arrivé en tête. Les variations jouent sur la finesse des découpages (jusqu’aux stations de métro de Paris, assez chouette), ou jouent sur la prise en compte des densités de population.

    Mais j’ai d’autres questions…

    1. Pourquoi ne voit-on quasiment que ces « cartes géographiques », et pas d’autres représentations ? Avec le risque, comme pour les élections précédentes, de traiter une question politique (et, évidemment, avant tout le vote FN) par la géographie.

    Je veux dire qu’on comprend assez bien que ce n’est pas le climat et la courbe des températures qui déterminent le choix des électeurs, et donc l’utilisateur de ces cartes plaque forcément sa propre grille d’analyse sur ces représentations géographiques (le chômage, la ruralité…). C’est-à-dire qu’on multiplie les cartes géographiques, alors même qu’on ne représente généralement pas une question liées à la géographie.

    En gros : comme représentations graphiques du vote, je ne vois quasiment que ces cartes qui, grosso modo, ne m’apprennent rien. Et surtout : rien par elles-même.

    2. Je suis très gêné par cette façon de représenter systématiquement (uniquement) le premier arrivé dans chaque région. Je ne suis pas certain que ça dise grand chose.

    Par exemple, si je prends Marseille, j’ai Mélanchon en tête (25%). Si je prends Montpellier, j’ai encore Mélanchon en tête (31%). En gros c’est pareil. Sauf qu’à Marseille, Le Pen est seconde avec 24%, alors qu’à Montpellier elle se ramasse en 4e position avec 13%. Du coup, avec toutes ces cartes représentant le premier choix, j’ai deux situations qui me semblent très différentes avec le même code couleur.

    Or je n’ai pas vu réellement de représentations plus riches que simplement « le premier », ou plusieurs cartes « le score de machin à tel endroit ».

    3. Pour l’instant je n’ai vu qu’une seule représentation graphique qui ne soit pas une carte : une courbe liant le taux de chômage au score du FN, pour une sélection de grandes villes. Ça fonctionne (évidemment ?), mais ce n’est pas non plus totalement convainquant, parce qu’il y a dans le lot des contre-exemples assez spectaculaires (Saint-Denis notamment, où Le Pen fait juste 10% « malgré » un taux de chômage à 23%).

    4. Parfois des considérations sur le niveau d’étude, le niveau de revenu, l’âge des électeurs, et les résultats des candidats, mais je n’ai vu aucune représentation graphique de tout ça.

    5. Il me semble que le gros non-dit, c’est le rapport entre le vote Mélanchon et le vote Le Pen. Quels sont les rapports et les différences entre les électeurs des deux ? Est-ce qu’il y a des aspects « statistiques » qui feraient ressortir le fait que, malgré certaines caractéristiques qui sembleraient prédéterminer le vote, le choix passe à l’un ou à l’autre. Pourquoi, par exemple, avec une même classe d’âge ou une même condition de souffrance sociale, on vote FN ou Insoumis.

    6. Autre approche : plutôt que de chercher des déterminants au vote (telle catégorie de population vote pour Untel), est-ce qu’il y a des indicateurs qui permettraient de savoir, en creux, que telle catégorie ne vote pas pour Untel ? (Et donc : représentations graphiques qui vont bien.) C’est un peu la logique de Bourdieu sur le goût, il disait qu’il ne pouvait pas réellement prédire ce qu’aimerait telle personne à partir de son milieu socio-économique, mais qu’en revanche il pouvait assez bien prédire ce qu’elle n’aimerait pas.

    Bref, est-ce qu’il existe des représentations graphiques montrant « qui ne vote pas Untel », « dans quelle condition on n’aura pas de vote FN », « quelles catégories ne votent pas Mélanchon »… ?

    • 7. Est-ce qu’il y a des représentations des changements de vote ? Pour Trump-Clinton, le NY Times avait fait une immense carte montrant l’évolution du vote par rapport à la précédente présidentielle, ça donnait une sorte de « carte météo des vents », avec des vecteurs en fonction de l’intensité du changements.

      7b. Gros éceuil des représentations des « changements de vote » : le cas de Hamon. Tous les graphiques « comparatifs » affichent une carte de France bien remplie des votes pour Hollande en 2012, et une carte entièrement blanche pour Hamon aujourd’hui. Le gros souci dans une telle comparaison, c’est que, de l’aveu même de Ségolène (qui a tout de même la candidate du parti socialiste en 2007), « notre candidat » des socialistes n’est pas Hamon, mais Macron.

      8. Comme d’habitude, le plus gros parti de France est celui des gens qui ne votent pas. Est-ce que là encore, on a des représentations qui prennent en compte les absentions, et notamment leur évolution. Par exemple : est-ce que certains candidats mobilisent plus ou moins des gens qui ne votaient pas auparavant (soit par absention, soit parce que jeunes adultes) ?

    • 9. Pour revenir à cette représentation basée sur le « premier arrivé », est-ce qu’on ne se retrouve pas avec des représentations totalement caricaturales, parce qu’on joue sur des écarts tellement faibles entre les candidats qu’il suffit de quelques points pour avoir du « tout noir » ou « tout vide ». Par exemple :

      La carte donne vraiment l’impression d’un effondrement total de l’UMP/LR. Mais Fillon a fait, au premier tout, un score quasiment identique à Chirac en 2002 (et Chirac a été élu au deuxième tour).

      Est-ce que ce type de représentation n’accentue pas cet énorme défaut du système électoral, qui repose sur le principe « le gagnant emporte tout » (winner takes all). Et de fait, à s’habituer à ne voir que ce genre de cartes après une élection, est-ce qu’on ne rend pas légitime ce qui est pourtant l’aspect le plus problématique du système.

    • A signaler un intéressant article sur le cas de Nantes où les votes sont analysés à la fois en fonction de leur diversité géographique et sociale. Par de cartographie simpliste mais un souci de montrer au contraire les clivages qui traversent la ville : Nantes, un bastion socialiste partagé entre les votes Macron et Mélenchon par Christophe Batardy & Jean Rivière http://www.metropolitiques.eu/Nantes-un-bastion-socialiste.html


      Si je comprends bien une série d’autres monographies urbaines devraient arriver.
      Ceci s’inscrit dans un ensemble plus large d’études de géographie et de sociologie électorale de terrain dans la même revue : les territoires du vote http://www.metropolitiques.eu/Les-territoires-du-vote.html
      A surveiller aussi les travaux généralement à l’échelle nationale de l’équipe de Cécile Colange et Michel Bussi à Rouen, avec plusieurs études antérieures dans Cybergéo : https://search.openedition.org/index.php?q=colange&s=Cybergeo+%3A+revue+europ%C3%A9enne+de+g%C3

    • Même si le vote est éminemment multifactoriel, il n’en reste pas moins un fait social et peut donc être pensé comme tel.
      Aucune des variables explicatives habituelles n’est pertinente à elle seule. Tu trouves toujours des contre-exemples que ce soit avec l’âge, le sexe, l’éducation, la CSP, etc.
      Ce qui implique donc qu’il faut chercher ailleurs.

      Si tu réfléchis, par exemple, au fait que se déclarer anti système était plutôt attractif que répulsif, cela implique que les grilles de lecture doivent être changées, et cette idée commence à bien faire son chemin.

      Mon hypothèse de départ, c’est que la variable explicative est l’exposition à la concurrence et le risque de déclassement inhérent. Cela transcende à peu près tous les clivages et toutes les classifications. La différence, ensuite, se fait en fonction des causes estimées comme fabricantes des surnuméraires : si l’on pense que c’est la dynamique capitaliste, on ira chez Mélenchon et si on n’a pas la culture politique nécessaire, on ira à l’explication facile et on ira donc chez Le Pen.

      Ceux qui s’estiment à l’abri iront chez Fillon ou Macron, puisqu’ils garantissent clairement la perpétuation du système d’exclusion dans le bon sens.

      Et ceux qui estiment que c’est foutu pour eux ont autre chose à faire que de la politique ou vont aussi voter Le Pen plus pour que tout le monde en prenne plein la gueule que pour que ça pète.

      Du coup, c’est assez difficile à représenter avec une carte, même s’il existe des déterminismes sociologiques : les déclassés ou en voie de déclassement sont expulsés de plus en plus loin des centres de dynamisme économique, lesquels sont de plus en plus concentrés dans et autour des grandes métropoles régionales : suffit de suivre les axes des « pendulaires », utilisateurs de TGV et d’avions ainsi que les zones d’inflation immobilière pour trouver les électeurs de Fillon (les héritiers et rentiers, par définition bien à l’abri) ou de Macron (les jeunes cadres dynamiques dont les salaires continuent à bien exploser et pour lesquels, la mondialisation est une joyeuse cour de récréation).

      Les perdants sont dans les petites villes moyennes qui sont en train de couler, les pris en otage du rêve de la France de propriétaires qui ne peuvent suivre le travail qui s’en va à cause de la déflation immobilière de leur bled qui n’est plus attractif, dans les cambrousses où les inégalités sont criantes entre les rentiers de la PAC, les résidences secondaires des urbains intégrés et les autochtones paysans en train de crever (parce que les emplois de petit fonctionnariat qui permettaient aux familles de survivre sont en train d’être rapatriés vers les métropoles), les précaires qui sont maintenus dans leur merde pour qu’ils soient obligé de louer leur bras à la demande et à vil prix ; économie de colonie, avec le SMIC comme plafond de verre pour les trois secteurs qui tournent encore : le tourisme, l’agriculture, l’accueil des riches vieux, plus, en partie, l’accueil des surnuméraires des villes : pauvres, enfants de famille d’accueil (la famille d’accueil de gamins des villes à problèmes est devenu le revenu d’appoint n°1 de mon coin, loin devant les job administratifs des femmes d’agriculteurs).

      Voilà, voilà.

      Mais on peut ne pas voir les chose comme ça ; il y a juste que la plupart des analystes appartiennent encore à la catégorie des gagnants de métropoles, ce qui leur file une certaine myopie sociale.

    • Beaucoup d’analyses du vote dans l’entretien avec Emmanuel Todd (la première partie), les cartes ne viennent d’ailleurs qu’à la fin des considérations :
      https://www.youtube.com/?&v=TZkejys9Iz8

      Edit : @vanderling fait remarquer que la deuxième partie du débat est consacrée au choix de l’abstention ou du vote de barrage. Comme ça n’est pas le sujet du présent thread (consacré à l’analyse du premier tour), je renvois ceux qui sont intéressés par ce sujet-là au flux lancé par @sinehebdo :
      https://seenthis.net/messages/594094

    • Sur le site du Yeti, une tribune écrite par Éric Hazan, commandée puis refusée par le journal Le Monde.
      http://yetiblog.org/index.php?post/2459

      90% des Parisiens ont voté pour Emmanuel Macron
      L’année 2015 a été la plus chaude jamais enregistrée à #Paris ; en 2016, l’exposition Jeff Koons a attiré le plus grand nombre de visiteurs depuis la fondation du Centre Pompidou ; en 2017, les votes parisiens pour Emmanuel #Macron ont atteint le score de 90%. Ces deux derniers records ne sont pas sans points communs : leurs détenteurs sont par leur parcours des professionnels de la persuasion. Jeff Koons a été courtier en matières premières à Wall Street et cette expérience l’a sans doute armé pour convaincre de riches amateurs – dont Bernard Madoff, qui purge depuis une peine de 150 ans de prison pour escroquerie – que ses lapins gonflables et ses cochons en sucre représentaient la pointe même de l’avant-garde. Emmanuel Macron a affuté à la banque Rothschild des capacités de conviction qui lui ont permis, entre autres, de piloter avec succès le rachat par Nestlé des laits en poudre de Pfizer pour quelque neuf milliards d’euros. Autre point qui les rapproche : le kitsch, dont un échantillon a été offert au peuple lors de la soirée des résultats au Louvre – Jeff Koons n’aurait pas fait mieux.

      On pourrait penser que le score de Macron à Paris, très supérieur à la moyenne nationale (89, 68 contre 66, 06%) est lié à des modifications sociologiques, au poids d’une vaste couche de designers, conseillers en entreprise, programmateurs et autres créatifs qui se serait reconnue dans un jeune cadre supérieur non conformiste lançant sa présidence comme une start-up. Ce poids a sans doute été déterminant pour donner à la ville les deux municipalités socialistes – ce qui nous vaut entre autres bienfaits la canopée des Halles, le massacre de la Samaritaine et demain la tour Triangle. Mais l’explication ne tient pas pour expliquer le triomphe parisien de Macron : au premier tour, il n’est en tête que dans la moitié des arrondissements, l’autre moitié se partageant entre les circonscriptions les plus riches où c’est Fillon qui l’emporte (52% dans le 7e, 50% dans le 8e, 58% dans le 16e) et les plus populaires où la somme des voix de Mélenchon et Hamon l’emporte sur le vote Macron.

      S’il faut chercher une explication sociologique aux 90% de Macron, c’est plutôt de l’autre côté qu’il faut se tourner. Sa victoire est arithmétiquement liée à la faiblesse du camp adverse. Mme Le Pen a fait à Paris un aussi mauvais score que son père en 2002 : un bulletin sur dix (au lieu d’un sur trois à l’échelle nationale). C’est qu’en poussant les pauvres hors des vingt arrondissements, on a chassé du même coup ceux dont la colère dévoyée nourrit d’ordinaire le vote Front national. Mme Le Pen obtient ses moins mauvais résultats dans les quartiers les plus huppés, dans les 7e, 8e, 15e et 16e arrondissements, avec sans doute les voix de Sens commun et de la Manif pour tous. Mais tout près de là, dans les zones qu’on dit « périurbaines », le vote FN est deux ou trois fois supérieur à ce qu’il est à Paris.

      On peut chipoter sur les 90% de Macron, estimer qu’avec plus de 20% d’abstentions et plus de 10% de votes blancs et nuls – outre le nombre certainement élevé de ceux qui ont voté pour lui malgré leurs convictions – cette victoire n’est pas un plébiscite. Reste que ceux qui avaient choisi Mélenchon et Hamon au premier tour se sont laissés massivement convaincre d’aller voter Macron au second (plus de 90% de votes Macron dans le 19e et le 20e arrondissements où Mélenchon était en tête au premier tour). C’est le résultat d’une campagne médiatique sans précédent lancée tout au long de l’entre-deux tours – et même avant – sur deux axes : d’un côté le panégyrique d’un candidat « seul devant l’Histoire » et le récit partout répété de « son parcours époustouflant » ; de l’autre le danger que représente pour « nos valeurs » et pour « la République » une victoire de Mme Le Pen, victoire que n’importe quel bon élève de CM1 pouvait juger impossible au lendemain du premier tour – à peine plus de 20% des voix et pas d’alliance possible (l’élève ne pouvait pas prévoir le mariage avec Debout la France, quelques miettes dans la corbeille). À un tir de barrage médiatique aussi massif, de l’Obs à BFM TV, du Monde au Figaro, on peut voir plusieurs causes convergentes : les réelles capacités de séduction de Macron envers les journalistes ; la constatation que les ventes montaient en flèche quand Emmanuel et Brigitte étaient en couverture ; la convergence d’intérêts entre les propriétaires des médias et un homme de leur milieu, dont ils connaissent les idées et les projets (oui, les journalistes ont leur indépendance par rapport aux propriétaires, mais dans certains cas…).

      Ce qui ressort en tout cas de ce vote massif, c’est un sentiment d’absurdité. Absurde, un mécanisme qui amène au pouvoir suprême un homme dont on ne sait rien et qui a fondé son succès sur une capacité rare à ne rien dire (sur la quatrième de couverture de son livre, Révolution, pas une ligne de texte, juste sa photographie en pleine page). Absurde, un système qui donne une majorité écrasante à cet homme pour éviter un danger largement imaginaire. Absurde surtout, cette focalisation sur des élections dont nous sentons tous qu’elles n’ont rien à voir avec nos vies, qu’elles se déroulent sur une sorte de tapis volant au dessus de nos têtes. Les luttes à venir feront passer les 90% parisiens de Macron pour ce qu’ils sont : une diversion inespérée ou un objet transitionnel comme disent les psychanalystes en parlant des doudous des enfants. Plus dure sera la chute.

      #Éric_Hazan

  • La carte et la plume, entretien avec Michel Bussi, géographe et romancier

    http://echogeo.revues.org/13717

    Pour la rubrique « Sur l’Écrit » de ce dossier sur la Police, comment résister à l’envie de s’entretenir avec Michel Bussi, géographe ET auteur de romans policiers ?

    2Michel Bussi est professeur de géographie à l’Université de Rouen où il dirige le laboratoire IDEES (UMR CNRS 6266). Ses recherches portent sur la géographie du politique (géographie électorale, recompositions territoriales, nouvelles formes de gouvernances dans les territoires locaux). Il est aussi un écrivain apprécié du grand public, dont les romans à clés connaissent un grand succès. Si ses premiers romans ont pour cadre la Normandie (Code Lupin en 2006, Omaha crimes en 2007, Nymphéas noirs en 2010), les suivants élargissent le champ : Un avion sans elle (2012) se présente sous la forme d’un road movie, Ne lâche pas ma main (2013) se déroule sur l’île de la Réunion.

    3Quels rapports aux lieux, à l’espace, Michel Bussi met-il en récit ? Comment l’alchimie du regard du géographe et de l’auteur prend-elle forme dans le processus d’écriture ? L’entretien qui suit, réalisé en janvier 2014, nous livre quelques pistes, au fil de la plume.

    #géographie #police #sécurité #littérature #échogéo

  • La carte et la plume, entretien avec Michel Bussi, géographe et romancier
    http://echogeo.revues.org/13717

    - En tant que géographe et en tant qu’écrivain, quels sont vos liens avec le milieu policier ?

    Les romans policiers ont évolué. Le protagoniste y était souvent un commissaire de police, représentant de l’ordre en place, à la manière du Maigret de Simenon. Aujourd’hui, certains romans dits noirs relèvent d’une réaction à ces livres un peu manichéen avec le bien et le mal, un aspect cathartique, un respect de l’ordre et la morale qui triomphe à la fin. Les néo–polars mettent davantage en exergue la marginalité, la corruption, la critique sociale etc.

    - Le lieu fait-il l’intrigue ?

    Généralement, c’est la « routine de l’histoire » qui vient en premier. Une fois que j’ai un squelette détaillé d’intrigue et des personnages, hors sol, je choisis un ou des lieux et les choses se concrétisent alors. Cela leur donne un ancrage sociologique, ça fait naitre des déplacements, des distances, des paysages. Dans le cas des Nymphéas noirs, j’ai d’abord eu l’intrigue puis j’ai cherché un lieu pour poser les scènes. Il s’agissait d’abord d’un village du sud-ouest, puis, une fois que j’ai opté pour Giverny, je m’y suis rendu deux fois, j’ai pris des photos, j’ai cherché où situer mes scènes, saisi brièvement des impressions. Peu à peu, j’affine mon choix de lieux et donc de mise en espace. Le lieu nourrit l’intrigue, même si j’ai parfois dû changer de lieu lorsqu’ils la bloquaient. Mais c’est parfois l’inverse, une idée nait des lieux comme dans Ne lâche pas ma main. Je suis allé pour une soutenance de thèse à La Réunion. J’ai pris pour point de départ l’hôtel où je logeais. Quand les intrigues se déroulent dans des lieux qui me sont moins familiers, je demande à des collègues de me relire.

    - Vous avez parfois recours à l’insularité réelle ou imaginaire. Le huis clos, l’enfermement, la clôture sont-ils des adjuvants à la construction de l’intrigue ?

    L’espace fermé constitue parfois une commodité de scénario. L’île de Mornesey, « la petite île anglo-normande au large de Granville » de Sang famille, était d’ailleurs au départ plutôt inspirée de l’île de Ré puis elle a changé de localisation, le point central étant l’insularité. Mais cette insularité est surtout métaphorique, c’est une façon de dire l’enfermement social, familial, le lien parfois pesant à son environnement qui donne envie d’ailleurs, de quitter son village, son île ou sa condition. En ce sens, Giverny apparait comme un espace insulaire dans Nymphéas noirs. Il y doit il y avoir là quelque chose de l’ordre du paradigme géographique actuel local / mondial : entre ceux qui considèrent la mondialisation comme une chance, une opportunité, et ceux qui la perçoivent comme une menace, se raccrochant alors aux références identitaires locales. Mais l’avantage du roman est de pouvoir faire évoluer les personnages de façon complexe face à ces clivages ou ces idéaux-types.

    #géographie #insularité

  • Elections Politique Cartographie

    La carte électorale : miroir de la démocratie ?

    http://echogeo.revues.org/13042

    La carte électorale : miroir de la démocratie ?
    Michel Bussi

    La carte électorale est un peu comme la carte météorologique, un objet visuel bien connu du grand public auquel on ne prête pas forcement une grande valeur scientifique, et sur laquelle chacun peu disserter à partir de son expérience locale et de ses intuitions nationales.