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  • Le piano légendaire de Yarmouk | Agence Media Palestine
    Par Moe Ali Nayel on Tue, le 14/10/2014 - Traduction : Charlotte D.
    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2014/10/24/le-piano-legendaire-de-yarmouk

    https://www.youtube.com/watch?v=v3jkpwL2slA

    (...) Le pianiste de Yarmouk est réapparu il y a trois jours. Cette fois il est seul, son piano est peint en blanc, décoré des couleurs aux couleurs palestiniennes et marqué du personnage emblématique de dessin animé de Naji Al-Ali, Handala. Dans cette troisième vidéo, Aeham joue son dernier morceau « Ends ». Sur Facebook, il décrit la musique comme « une mélodie du Levant mélangée aux rues misérables de Yarmouk compressées en trois minutes. »

    Cette dernière vidéo me força à trouver et communiquer avec le pianiste de Yarmouk. Je ressentais le besoin de le rencontrer, virtuellement au moins, et savoir comment pouvait-il survivre. J’écrivis à Aeham et il répondit. Le réfugié palestinien de 27 ans de Yarmouk partagea un peu de son histoire :

    « Au début du siège dans le camp, j’ai décidé de m’isoler de la musique, j’ai décidé de rester neutre dans le conflit syrien. J’ai vendu des fallafels pendant 6 mois, et j’ai gardé la musique dans mon âme. Mais je ne pouvais m’en empêcher. Alors j’ai pris mon piano, je l’ai attaché au chariot à légumes de mon oncle et j’ai commencé à parcourir les quartiers déprimants du camp.

    Les rues du camp étaient désertes, tous ceux que l’on aime et qui auparavant remplissaient les rues de leur bruit et de leur joie étaient partis. J’ai commencé à jouer de mon piano, sillonner les rues de Yarmouk pour ramener l’espoir. C’est pourquoi je parcourais les rues, parce que je ne pouvais garder la musique silencieuse. Je nourrissais mon corps de fallafels, mais je devais nourrir mon esprit et ce malgré la faim et ce malgré le siège, j’ai continué à jouer de mon piano.
    J’ai commencé à jouer du piano à l’âge de cinq ans ; j’ai étudié la musique au conservatoire arabe depuis l’âge de 6 ans jusqu’à 16 ans. Je joue habituellement des morceaux académiques mais les circonstances actuelles m’ont poussé à composer une musique qui parle du siège et de la crise dans un camp assiégé durant deux ans et demi. »

    Lorsque nous avons fini de discuter, je suis resté à souhaiter que je puisse prendre cette course de 2h de taxi, si familière, entre Beyrouth et Damas, rencontrer Aeham en personne et l’inviter à prendre une tasse de thé dans les vieilles rues sinueuses de l’ancienne capitale de la Syrie.

    Un jour, les palestiniens et le syriens qui ont survécus à la guerre raconteront des histoires sur ce qui s’est produit à Yarmouk. Les gens se rappelleront comment ils ont dû manger de l’herbe pour rester en vie durant le siège. Dans la mémoire collective des survivants, Aeham et son piano vivront. Dans le futur, certains diront peut-être que le piano Aeham était une légende.(...)