person:nationale de ferguson

  • Ce qu’il se passe à Ferguson ne reste pas à Ferguson - Investig’Action
    http://www.michelcollon.info/Ce-qu-il-se-passe-a-Ferguson-ne.html

    La semaine dernière, le gouverneur du Missouri a déclaré l’état d’urgence et a déployé la Garde Nationale à Ferguson, dans la banlieue de Saint Louis, afin de mettre un terme aux agitations qui duraient depuis deux semaines à la suite du meurtre par la police de Michael Brown, un adolescent noir non armé.

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    Dans cet état d’exception permanent et mondialisé, la traditionnelle distinction entre le public et le privé devient ici de plus en plus floue. À Fallujah, les fournisseurs privés avaient été appelés afin de maintenir l’ordre public, tandis que l’armée américaine, au détriment de la dette publique, veillait à protéger les intérêts privés 24 heures sur 24.

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    Les États-Unis dépensent l’argent public en menant des guerres à l’étranger à des fins privés, et, dans le même temps, ils permettent que les intérêts privés financent directement les services de police locaux, qui disposent aujourd’hui des armes excédentaires provenant de ces mêmes guerres, afin de maintenir l’ordre public national. La sécurité devient la préoccupation première du gouvernement, bien que celui-ci cède presque toujours aux intérêts privés en faisant fi de la sécurité sociale.

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    Là où la richesse se concentre entre un nombre toujours plus restreint de personnes, où la population est reléguée dans certains quartiers ou vit dans la misère des bidonvilles, la « démocratie » tant vantée du marché mondial rejoint les ambitions totalitaires de l’État Nation. « L’état d’exception », explique G. Agamben, « apparaît comme le seuil d’indétermination entre la démocratie et l’absolutisme. »

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    Selon G. Agamben, l’état d’exception peut clairement être comparé à un camp, qui « délimite un espace où l’ordre est de facto interrompu et où le fait de commettre ou non des atrocités dépend non pas de la loi mais du caractère civilisé et éthique de la police qui agit provisoirement en tant que souverain. »

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    Pour les Afro-américains, donc, l’état d’urgence a toujours été un état permanent, il n’a pas commencé avec le meurtre de Michael Brown et il ne se terminera certainement pas avec le retrait de la Garde Nationale de Ferguson par le gouverneur Nixon. Cette fois, la différence réside dans le fait que les gens se sont révoltés contre le meurtre, à une nouvelle reprise, d’un autre jeune adolescent noir par la police, et ils ont choisi de répondre à la violence légitime de la répression policière qui s’en est suivie par un violence « extra » légitime dont ils se sont permis l’usage.

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    la prétendue « violence » des manifestations de Ferguson, qui fait pâle figure à côté de la violence du capital financier et de celle de l’État, peut se révéler hautement productive. Et tandis que l’idée d’une violence « pure » en dehors de la loi peut paraître menaçante pour certains, il ne faut pas oublier que l’émeute urbaine, malgré les destructions sans raisons apparentes et l’évanescence spectaculaire, a été dans le passé un grand moyen vers le progrès.

    Ce que nous appelons aujourd’hui la démocratie n’existerait pas sans ces émeutes.

    #Ferguson #États-Unis

    • Je re-cite le dernier paragraphe :-)

      Et tandis que l’idée d’une violence « pure » en dehors de la loi peut paraître menaçante pour certains, il ne faut pas oublier que l’émeute urbaine, malgré les destructions sans raisons apparentes et l’évanescence spectaculaire, a été dans le passé un grand moyen vers le progrès.

      Ce que nous appelons aujourd’hui la démocratie n’existerait pas sans ces émeutes.