person:norbert elias

  • Sortir ses griffes face à la fin du monde, Pierre-Henri Castel, entretien
    https://grozeille.co/sortir-ses-griffes-face-a-la-fin-du-monde

    À nouveau, il me semble qu’une partie considérable du travail sur les sensibilités collectives touchant les crises qui vont survenir et nous poser des difficultés gigantesques s’est opérée dans la science-fiction post-apocalyptique. C’est tout de même une chose étonnante que ce genre mineur commence à produire d’authentiques chefs-d’œuvre 3 ! De ce point de vue, je ne prétends pas faire davantage dans mon petit essai que donner un premier tour réflexif à ces anticipations terrifiantes, de façon analogue à ce qui, bien avant la naissance des conceptions philosophiques, rationnelles, de la liberté et de l’autonomie au XVIIIe siècle, s’était esquissé dans les utopies de la renaissance. Avant Rousseau et Kant, il y a eu More et Campanella. Cette science-fiction post-apocalyptique, pour moi, joue en effet un rôle analogue : c’est à la fois un pressentiment du pire et une préparation au pire, et la philosophie morale, avant qu’on ne puisse faire à proprement parler de la philosophie politique ou des sciences sociales, peut déjà se proposer d’en tirer quelque chose qui pourra peut-être un jour prendre une texture conceptuelle, voire, comme vous dîtes, se changer en un « programme ».

    Si vous voulez, la question de la mobilisation politique est une chose beaucoup trop sérieuse pour être réglée impatiemment. Il faut donc fournir de solides raisons de patienter, pour prendre conscience que nous ne savons même pas la forme des questions inédites qui vont bientôt se poser. L’angoisse est un aspirateur à lubies bien connu ; l’effroi, passé un premier moment de sidération, aide à toucher terre.

    C’est aussi pourquoi, négativement cette fois, l’attitude auto-limitée du moraliste permet de rester profondément sceptique à l’égard d’entreprises précipitées de faire de la science, en réalité de la pseudo-science, sur l’imminence de l’effondrement. C’est pourquoi mes yeux la #collapsologie est en réalité toujours un sous-genre de la science-fiction post-apocalyptique, mais au sens (à mes yeux péjoratif) d’être une fiction de science, et non, comme je la lis, un symptôme particulièrement intéressant des métamorphoses des sensibilités collectives face au Mal qui vient. C’est le « -logie » qui me dérange ; aussi je préfère parler d’« #effondrementalisme », dans le but de faire redescendre ce genre de spéculations au niveau de l’attrape-tout idéologique en quoi elles consistent.

    G – Vous affirmez que nos sociétés sont traversées idéal de l’autonomie. Que signifie cet idéal, quelle effectivité a-t-il ?

    PHC – C’est une question si vaste, qui mobilise tellement mes travaux précédents, qu’il est difficile de répondre en quelques mots. Le Mal qui vient a son origine dans une réflexion historique et systématique sur la formation des idéaux d’autonomie dans les sociétés individualistes occidentales qui s’inspire beaucoup de Norbert Elias. La particularité du projet que j’ai développé à cet égard était de s’appuyer sur la contrepartie de l’expérience individuelle de l’autonomie, qui sont les vécus d’autocontrainte. Pour être libre, c’est fou le nombre de choses qu’il faut être capables de s’empêcher de faire, et de faire aux autres : les exigences du contrôle pulsionnel, notamment en matière de sexualité et d’agression, n’ont cessé de croître en intensité, en raffinement, dans la multiplicité de leurs objets, dans la quantité d’individus contraints à s’y soumettre, et c’est cela le « processus de civilisation ». Toutefois, il y a un paradoxe, c’est qu’un excès d’auto-contrainte empêche l’action : elle l’embarrasse plutôt. Il faut donc inventer en même temps qu’on s’autocontrôle et qu’on s’autonomise des moyens, si j’ose dire, de se retenir de trop se retenir…

    J’ai fait l’histoire de ce paradoxe, en montrant qu’il coïncide avec une série de problèmes psychologiques et moraux bien connus : ceux des déchirements entre les mauvais désirs et la volonté bonne, des obsessions et des scrupules, des angoisses « sociales » et des inhibitions. On voit tout de suite qu’une telle construction de l’autocontrôle comme envers de l’autonomie ne va pas sans une idée du mal : « mal faire » ou « faire le mal », voilà qui tend à devenir indistinct, et à angoisser. J’ai poursuivi cette histoire des embarras modernes de l’agir en parallèle des transformations des idéaux d’autonomie, jusqu’à aujourd’hui (dans Âmes scrupuleuses, vies d’angoisse, tristes obsédés, et dans La Fin des coupables, Ithaque, 2011 et 2012). Après quoi, on m’a demandé à quoi ressemblerait le genre de mal qui s’annonce, dans les sociétés de l’autonomie généralisée, quand son idéal pénètre de plus en plus la vie de chacun comme des institutions, où elle n’est plus tant une aspiration qu’une condition. Mon livre sur Sade comme cet essai sur le mal sont des tentatives de réponse. Tout se passe comme si ce que j’ai imaginé être une histoire de l’autonomie en Occident, dans une veine à la Elias, s’était insidieusement transformé en une anthropologie historique du mal, qui a besoin de ressources philosophiques spécifiques.

    Il n’en reste pas moins que Le Mal qui vient est historiquement et socialement très « situé », comme on dit. Ce mal-là en effet ne pose problème que dans des types de sociétés capables de réfléchir collectivement aux enjeux collectifs et même universels, et qui ne se soucient pas moins de la destruction de la planète que de ce qui risque fort de la précéder de beaucoup, l’anéantissement de nos libertés, et tout particulièrement de nos libertés individuelles. C’est pourquoi, à mes yeux, il n’est pas moins important de réfléchir à la cause écologique qu’aux ressources et aux valeurs qui s’incarnent dans le projet d’autonomie et d’émancipation des sociétés modernes ; les deux sont indissociables, au moins en ceci que la vie que nous voulons préserver n’est pas n’importe quelle vie, mais une vie libre.

    Q. Le Mal qui vient, à certains égards, se présente comme une réponse à L’insurrection qui vient. Pour vous, ce qui s’annonce n’est pas un soulèvement contre la fin d’un monde, mais réellement la fin du monde, et avec cette fin, la libération de passions violentes et de perversions que certains feront subir aux autres. Mais votre idée qu’il faudrait « Bien armé de crocs et de griffes » contre le Mal qui vient ne relève-t-elle pas encore de cette idée d’insurrection ?

    PHC – C’est parfaitement exact. C’est pourquoi le livre est dédié à ce petit groupe d’Américains qui, à visage découvert, est allé fermer les vannes de l’oléoduc censé transporter un des pétroles les plus polluants du monde, extrait des sables bitumineux de l’Alberta, au Canada, vers les grandes raffineries américaines 4. Or ils ont agi à visage découvert, en donnant leur nom. Ils viennent d’être acquittés. Ce qui me fascine dans leur geste, c’est le refus d’agir de façon invisible, dans une sorte de clandestinité romantique contre-productive. Quand on a l’universel de son côté, on doit absolument s’en saisir, c’est en cela qu’il ne faut pas se laisser intimider. En agissant à visage découvert, ils se sont placés sous la protection de tous. De façon significative, je trouve, leur défense a été financée par une cagnotte en ligne ! Et ils ont réuni suffisamment d’argent pour venir à bout d’équipes d’avocats dont vous imaginez la compétence et la hargne. Je crois qu’on peut élargir cette perspective et ce raisonnement. Toutes sortes de mouvements de désobéissance civile sont en train de s’organiser, bien conscients que le problème n’est plus désormais celui d’un déficit de connaissance mais d’un déficit d’action.

    Les engagés de Climate Direct Action en Alberta
    Or ces mouvements se trouvent à la croisée des chemins. Quel type de violence utiliser ? La tentation est absolument extraordinaire, je l’ai vu de mes propres yeux, de recruter des saboteurs et d’attaquer des intérêts privés, voire des personnes. C’est un peu comme une phase anarchiste qu’on a connue à la fin du XIXe siècle avant l’organisation cohérente du mouvement ouvrier. Or il y a deux choses essentielles à se rappeler à ce sujet. La première, c’est qu’il faut disposer d’une analyse du système que l’on combat qui permette de formuler des objectifs de lutte impersonnels (c’est toute la différence qu’il y a entre lancer un sabot dans la machine d’un capitaliste particulier pour gêner l’industrialisation d’une filière, et se battre pour l’interdiction du travail des enfants et pour la journée de huit heures). La deuxième, c’est qu’il faut identifier les forces sociales capables de porter une telle lutte, et ce ne sont pas des individus isolés (c’est la différence entre politiser une catégorie sociale exploitée, et transformer le prolétariat en une classe ouvrière associée organiquement un parti, comme dans le projet marxiste, et fédérer vaguement, sur une base individualiste, des protestations et des sentiments d’injustice).

    Le romantisme de « l’insurrection qui vient » échoue totalement à satisfaire à ces deux impératifs. Mais spécifier la nature de la violence nécessaire pour combattre la violence destructrice de nos conditions de vie sur la planète est encore bien loin d’avoir répondu aux deux exigences que je vous formule ici, sans d’ailleurs savoir s’il n’y a que celles-là, ou si ce sont les plus importantes. Que demander d’impersonnel, et qui le demandera ? En tout cas, échouer à poser la question dans ses termes, c’est capituler sur ce qui me semble être un acquis fondamental : nos visées d’émancipation, d’autonomie et de réflexion collectives dans les sociétés démocratiques contemporaines.

  • Ce n’est pas la fin du monde !
    La phrase du président du Bundestag me fait aussi, très incorrectement, simplement par association d’idées, penser au tube de Zarah Leander « Davon geht die Welt nicht unter » dans le film à succès national-socialiste « Die große Liebe » (1942) : https://www.youtube.com/watch?v=p8D126NPTrU


    (Attendre la dernière minute de la chanson pour la savourer pleinement…)
    Zarah Leander (1907-1981), sublime chanteuse et actrice suédoise, a fait carrière dans l’Allemagne nazie. Contrairement à Marlene Dietrich, elle estimait qu’en tant qu’artiste elle n’avait pas à prendre position politiquement. Stigmatisée par sa compromission passive (cf. le terme allemand de MitläuferIN, celle ou celui qui court avec) avec le régime, elle deviendra cependant, dans les années 1980, une icône LGBT, en raison de de son alto très particulier et du contenu de ses chansons, qui vantaient... l’amour libre et assumé. Il est vrai que tous les systèmes autoritaires ou très régulés et codifiés ont leurs soupapes de sécurité (Norbert Elias) et les nazis ne semblent pas avoir dérogé à la règle.

    #Zarah_Leander

  • @raspa :

    Pour qui aspire aux positions sociales les plus élevées, apprendre à être à l’aise dans des contextes sociaux et culturels divers représente un atout majeur. Au XVIIe siècle déjà, le « grand tour » parachevait l’éducation des jeunes aristocrates. Ce voyage de plusieurs mois les amenait non seulement à rencontrer des savants et à se mêler à leurs pairs d’autres pays, mais aussi à s’encanailler en vivant dans des conditions matérielles moins confortables qu’à l’accoutumée.

    Le « grand tour » n’a pas disparu. Des écoles prestigieuses ont même intégré ce type de séjour à leur cursus : « Dans un monde aux frontières de plus en plus ouvertes, la formation se doit d’être internationale », peut-on ainsi lire sur le site Internet de Sciences Po. C’est que, comme l’explique le sociologue Norbert Elias, à mesure que la violence physique recule dans la vie sociale, la distinction se met à reposer sur des pratiques pacifiées : il ne s’agit plus de montrer sa force, mais ses qualités culturelles, son adresse, son prestige, sa capacité à alimenter les conversations mondaines (1). Autant d’aptitudes que les voyages aident à développer.

    sur les voyages qui forment ou pas la jeunesse, sur les pioupious vs les migrants du même âge, sur la circulation des élites hier et aujourd’hui : un excellent article du Monde Diplo : https://www.monde-diplomatique.fr/2012/07/REAU/47948

    Tout voyage à l’étranger ne constitue donc pas un capital. La valorisation de l’« international » comme ressource ne s’opère que sous certaines conditions, celles-là mêmes qui contribuent à la reproduction de l’ordre social national (9).

    Ça me fait réaliser que de ce que j’observe les jeunes de classes populaires et classes rurales qui partent sur des projets solidaires font ça relativement jeunes (15-18 ans, 20 ans max), et de façon encadrée (avec des animateurs jeunesse qui accompagnent avant et pendant, dans le cadre d’un jumelage des communes/collectivités le plus souvent), alors que les jeunes des classes aisées sur ces mêmes projets solidaires partent un peu plus tard (18-25 ans), et de façon « spontanée », sans accompagnateur ni incitation directe par une institution.
    Et je ne suis pas sûre que ça se valorise pareil dans un parcours pro après (sur les fameux soft skills et sur la capacité à monter des projets en autonomie. Autonomie à questionner d’ailleurs : dans un cas, les « coups de pouce » (financiers, réseaux...) sont très visibles parce qu’au premier plan en raison de leur caractère institutionnel. Dans l’autre, ils sont, je pense, pas tellement moins présents (don financier de la grand-mère, contact associatif « là-bas » du meilleur ami du père...), mais bien plus cachés, donnant l’illusion que les jeunes ont fait leur projet « tout seul ». C’est de la sociologie à la sauvage, mais je pense qu’il y a un truc à creuser).

    • Pour de la sociologie de basement, c’est très intéressant. Existe-t-il un barème pour évaluer la qualité missionariale des jeunes (et des moins jeunes) ?

      Sinon, gardez les yeux ouverts, avec une formulation logique de même, ça va entrer dans les algorithmes de sélection sous peu, et fissa, le jeune actif 3.0 est né.
      Il faut quand même spécifier que le fait que « la violence recule dans la vie social », est une formulation relativement douteuse. La violence ne recule devant rien. Parler de paix sociale pour définir notre époque est un orientalisme brutal. Ce ne serait pas plutôt la systématisation de l’appropriation culturelle comme vecteur de bonne conscience ?

      C’est le terme de « sauvage » qui me fait réagir, pardon.

  • Non, Neymar n’est pas une « pleureuse »

    Neymar et le Brésil sont éliminés de cette coupe monde par la redoutable équipe de Belgique. Mais si la star a fait principalement parler durant ce Mondial, ce n’est pas directement pour ses performances, mais pour son attitude jugée scandaleuse tant il semblait sur jouer l’épreuve de la douleur… Ce « comportement » associé aux larmes lâchées lors du match contre le Costa Rica a assigné à Neymar, l’image d’une « pleureuse ». Pourquoi lui attribuer une représentation sexuée ? Et à quelle dimension de l’histoire du sport ce fait médiatique renvoie-t-il ?
    L’éviction historique des femmes

    Pour rappel, la compétition sportive semble être un domaine où la séparation entre les sexes est la plus évidente et la plus effective. Si cette séparation repose sur l’a priori que les corps sont différents par nature et que par conséquent les performances aussi, il est dans ce cas utile de rappeler que le sport moderne s’est constituée majoritairement dans un univers composé d’hommes, et que les femmes en étaient exemptes. Les écrits de Pierre de Coubertin soutiennent d’ailleurs cette idée, puisque pour le Baron il était « impensable, impraticable, inesthétique, et incorrecte… une olympiade de femelles », les femmes ont pour rôle « de couronner les vainqueurs ». Donc, si aujourd’hui, les femmes sont deux fois moins présentes dans le sport de haut niveau, cela n’est pas dû à des critères « physiques », mais plutôt historiques et sociaux, tant l’entrée dans la sphère de l’élite sportive a été plus longue et perçue comme moins légitime. Une situation cristallisée par le fait les femmes sont encore moins nombreuses dans les sports professionnels collectifs, ceux qui justement bénéficient d’une meilleure visibilité médiatique. Cette arrivée tardive des femmes dans le sport de haut niveau ainsi que leur présence moins conséquente que celle des hommes sont le résultat de tout un processus de virilisation de la pratique sportive, qui n’a cessé de s’accentuer, notamment à travers le football.

    La virilisation des corps était déjà l’œuvre à l’apparition du sport, car comme nous le rappelle le sociologue anglais Eric Dunning, le sport moderne est à juste titre le « fief de la virilisation ». En effet, selon l’auteur de Sport et civilisation (avec Norbert Elias) l’activité sportive apparue au XIXe a été un moyen d’inculquer aux jeunes « mâles », des principes de virilité, propre à la condition des hommes de l’époque, et cela notamment afin de les préparer à des fonctions militaires et institutionnelles. De ce fait, le sport s’est, dès le début, attaché à transmettre à ses adeptes, une culture à la fois masculiniste, mais aussi dominante. Une transmission qui s’est accentuée jusqu’à aujourd’hui, par le biais de l’entraînement et des entraîneurs qui, comme le soumet la psychologue Claire Carrier, tendent à transformer les corps selon un ordre sexué bien déterminé. Et pour causse, le sport s’est donné pour tâche de façonner des identités et d’accentuer les différenciations biologiques. L’entraînement en travaillant sur le corps, sculpte celui-ci, afin qu’il présente des signes extérieurs de dureté, de puissance et de contrôle, et l’entraîneur par son discours inculque des dispositions mentales de résistance, de dépassement, et d’assurance. Soit autant de qualités correspondant à une masculinité supérieure occidentale, selon le sociologue américain Mickael Kimmel, puisqu’elles correspondent aux qualités socialement positives édifiées par classes dirigeantes.

    En un sens, le sport promeut par sa pratique une masculinité particulière se retrouvant au cœur de toutes les représentations, de telle sorte que le bon sportif est un sportif viril.

    Dans le cas de Neymar, son manque de résistance physique aux coups qu’il a pris, l’expression de sa douleur, ainsi que les larmes versées sous le poids de la pression sont autant de signes d’un manque de virilisme, et donc d’exemplarité sportive. Il se voit attribué, ainsi, des qualificatifs féminins, puisque son comportement est jugé non-sportif, et par là même amoral socialement (tricheur, capricieux, etc.). Aussi, cet exemple montre, une fois de plus comment l’opinion a intégré cette conception de la masculinité comme ordre naturel des choses dans le sport et comment, au fond, les vertus permettant la performance et l’exploit sont associées au masculin. En définitive, selon ses détracteurs, gardiens l’ordre moral sportif, Neymar, en pleurant, en ne faisant plus face à la dureté du sport, n’apparaît plus comme un sportif et encore moins comme un « homme ».

    Cette histoire nous rappelle comment le sport et la figure idéale typique du sportif se sont constitués à travers des valeurs virilistes, mettant l’accent sur une différenciation des corps afin de légitimer une domination. Le sport étant dans une certaine mesure le miroir de notre société, saisir ce qui se joue dans les représentations masculinistes du sport, c’est en somme essayer de déconstruire les rapports de pouvoir entre les sexes mais aussi entre les classes.

    Ca viens de libé et le mec arrive à ne pas utilisé le mot misogynie.
    #misogynie #sport #mâle_alphisme #compétition #domination_masculine

  • Norbert Elias, Catherine Deneuve et l’égalité des sexes
    http://www.laviedesidees.fr/Norbert-Elias-Catherine-Deneuve-et-l-egalite-des-sexes.html

    Avec l’affaire Weinstein, on a beaucoup débattu des pulsions sexuelles masculines. La sociologie de Norbert Elias s’avère une ressource précieuse pour comprendre ce moment déjà historique, par-delà l’opposition médiatique entre liberté d’importuner et devoir moral de balancer les porcs.

    #Essais

    / #femmes, #progrès, #harcèlement_sexuel

    • Autant qu’un progrès (vers plus d’égalité) et plutôt qu’une régression (vers un ordre moral répressif), le mouvement #MeToo et ses suites attesteraient la fragilité de codes normatifs qui ont encore besoin d’être réaffirmés.

      Désigné la lutte contre les viols, les violences sexuelles et le harcelement sexiste et sexuel comme un regression vers un ordre moral répressif c’est particulier. Pour moi c’est les viols et violences sexuelles qui sont des manfestation de morale répressive et d’un code normatif. Quelle drole d’idée de prendre un vieux mec qui parle de civilisation en 1930 pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui. Il n’y a pas de femmes qui ont réfléchit la dessus pour avoir besoin de mettre encore un homme en avant sur ces questions ?

      Par exemple Elias voit la galanterie et la courtoisie comme la manifestation d’une égalité femmes-hommes. Il sous-entend que les hommes de la haute socité seraient moins suceptibles de violer et brutaliser les femmes (weinshtein et DSK montrent pourtant bien le contraire), Elias fait comme si c’etait un problème de manque de courtoisie alors que le courtoisie n’existe qu’au masculin (la femme courtoise est une insulte putophobe en français). L’amour courtois est un des fondement de la culture du viol, car dans la courtoisie, une femme respectable doit se refusé et l’homme doit insister-la forcer et si elle résiste pas, elle n’est pas respectable et les hommes peuvent la forcer aussi.

      Prétendre aussi que la révolution française à favorisé une amélioration de la condition féminine (et de manière irrémédiable ajout-il) est très discutable aussi (le droit au divorce seul droit obtenu par les femmes à l’époque à été supprimé sous napoléon).

      Parler « d’inégalité harmonieuse » pour le fait de tuer les épouses en Indes et de les faire marché en arrière, c’est un choix de vocabulaire qui témoigne d’une vision très androcentrique... Je voie pas trop l’harmonie dans le féminicide, mais pour Elias ca le fait vu son choix de vocabulaire.

      #violences_sexuelles #dicrimination #domination_masculine #phallosophie

  • PASSAGES - Présentation poétique du monde : « La frise du #temps » [et la tyranie de l’instant présent] 23 avril 2018

    http://www.passages.cnrs.fr/spip.php?article558

    Pour poursuivre la réflexion engagée par Norbert Elias en son... temps !

    Le temps a toujours obsédé les poètes comme V. Hugo, P. Verlaine, C. Baudelaire, P. de Ronsart…, mais aussi les savants comme A. Einstein, I. Prigogine ou S. Hawking. Du temps de l’homme au temps cosmique, il est possible de dessiner une frise du temps et de l’espace. Cette mise en perspective rejoint la quête de sens de l’artiste et du chercheur avec une triple dimension : sensation, direction et signification. Partir de notre « Terre-patrie » pour remonter le temps des origines, puis redescendre la « flèche du temps » et souligner les « équilibres ponctués » marqués par de longues phases de latence séparées par des ponctuations (S.J. Gould) est au cœur de la curiosité humaine. Ce besoin de traverser les savoirs et d’élaborer une « pensée complexe » (E. Morin) est aujourd’hui une nécessité vitale pour s’extraire d’une société court-termiste contaminée par « l’effet de la Reine Rouge » (F. Roddier) consécutif de l’accélération sociale (H. Rosa). Pour I. Prigogine, il existe une flèche du temps caractérisée par une augmentation de l’entropie (désordre) en lien avec la dissipation de l’énergie à l’origine de l’esthétique de la Nature. Mais dans l’ancienne théorie de l’état stationnaire, l’Univers est éternel. Or depuis la découverte inopinée en 1965 par A. Penzias et R. Wilson du bruit de fond cosmologique, véritable « murmure » radio ou « premier cri » de l’Univers, le temps a commencé avec la singularité du « Bing Bang » il y a 13,6 milliards d’années (Ga) et pourrait se terminer dans un « trou noir » par le « Big Crunch » en s’effondrant sous sa propre gravité (S. Hawking). Ainsi en déroulant la frise et la fresque du temps scandée entres autres par la naissance de la vie sur Terre il y a 3,8 Ga, la forte oxygénation de l’atmosphère il y a 2,1 Ga (« GOE »), puis l’explosion des organismes complexes il y 600 millions d’années, enfin les premiers mammifères il y a 160 millions d’années, jusqu’à la lignée humaine (homininés) qui se sépare des chimpanzés il y a 7 millions d’années pour arriver à Homo Erectus, Homo Abilis, puis Homo sapiens ; on parvient enfin à la révolution néolithique, avec la sédentarisation, la naissance du travail, le développement des villages et des villes, l’apparition des royaumes, les guerres… jusqu’au « village planétaire » actuelle. De l’art à la science, il n’y a qu’un pas et un objectif commun : se projeter dans le passé et l’avenir et réenchanter le monde contre la tyrannie de l’instant.

  • Norbert Elias, Catherine Deneuve et l’égalité des sexes
    http://www.laviedesidees.fr/Norbert-Elias-Catherine-Deneuve-et-l-egalite-entre-les-sexes.html

    Avec l’affaire Weinstein, on a beaucoup débattu des pulsions sexuelles masculines. La sociologie de Norbert Elias s’avère une ressource précieuse pour comprendre ce moment déjà historique, par-delà l’opposition médiatique entre liberté d’importuner et devoir moral de balancer les porcs.

    #Essais

    / #femmes, #progrès, #harcèlement_sexuel

  • Le fétichisme de l’ordre
    http://www.laviedesidees.fr/Le-fetichisme-de-l-ordre.html

    Dans un recueil d’articles enfin traduit en français, Norbert Elias critique les errements de ses compatriotes, essentiellement les #élites allemandes, incapables de s’émanciper des modèles anciens et de la rigidité des structures sociales. Dans ces conditions, peut-on parler d’un habitus national ?

    Livres & études

    / élites, #Etat, #guerre_mondiale

    #Livres_&_études

  • Le fétichisme de l’ordre
    http://www.laviedesidees.fr/Retour-sur-la-catastrophe-allemande.html

    Dans un recueil d’articles enfin traduit en français, Norbert Elias critique les errements de ses compatriotes, essentiellement les #élites allemandes, incapables de s’émanciper des modèles anciens et de la rigidité des structures sociales. Dans ces conditions, peut-on parler d’un habitus national ?

    Livres & études

    / élites, #Etat, #guerre_mondiale

    #Livres_&_études

  • Marseille du Nord au Sud - La Vie des idées
    http://www.laviedesidees.fr/Marseille-du-Nord-au-Sud.html

    Minayo Nasiali démontre comment, dans cette construction par le bas d’une citoyenneté sociale, les « logiques de l’exclusion » – pour reprendre le titre d’un ouvrage de Norbert Elias – sont aussi nombreuses que discrètes. En premier lieu, les anciens résidents sont fréquemment hostiles aux nouveaux et réclament une priorité dans la mobilité résidentielle. C’est ainsi qu’Arnaud R., président de l’association des résidents de Saint Charles peut affirmer face aux habitants nouvellement installés : « Nous, les résidents, conscients de nos besoins et de nos droits, demandons l’éviction des nomades ».

    En deuxième lieu, les différences ethniques et raciales sont régulièrement réactivées, dans le contexte de la décolonisation comme dans les époques ultérieures, tant par les institutions que par les habitants eux-mêmes. Cela est vrai des politiques destinées à reloger les squatters : les familles métropolitaines sont envoyées vers des logements HBM ou HLM quand les familles « nord-africaines » sont davantage conduites vers les camps de Grand Bastide et de Grand Arenas. Cela est vrai également des politiques de suppression des bidonvilles. Quand les familles de Peysonnel sont étiquetées, classées et envoyées généralement dans des cités de transit, les résidents « nord-africains » sont qualifiés d’ « Algériens » ou vice versa : la nationalité devient un critère primordial de classement et de discrimination.

    En troisième lieu, l’affiliation politique joue plus précisément dans le cas marseillais : les résidents n’hésitent jamais à utiliser le patronage et bien des communistes se plaignent d’être déconsidérés dans leurs demandes, comme lors de l’effondrement de l’immeuble du quartier Saint-Lazare, le 26 juin 1960. Le système du « hochement de tête » et du « clin d’œil » – euphémismes par lesquels les Marseillais désignent le clientélisme – fonctionne à plein, bien que toujours nié par les hommes politiques.

  • Titulaire de statuts plus incertains et fragiles, l’individu contemporain est exposé comme jamais au besoin de faire comme les autres , au besoin de suivre les autres, pour ne pas s’en trouver encore plus éloigné. Norbert Elias voyait les individus en société comme des danseurs exécutant un gigantesque ballet, où chacun doit régler ses gestes sur ceux des autres. Nous continuons de devoir danser pour ne pas être éjectés du cercle, même si l’exercice devient de plus en plus ardu ou périlleux – la musique et les partenaires changeant désormais sans prévenir.

    Éric Maurin, La fabrique du conformisme, Seuil, « La république des idées », 2015.
    http://www.seuil.com/livre-9782021279771.htm

  • Comment la menace du Grexit pousse les gauches à se défaire de leurs vieux réflexes | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/104987/grexit-gauches-europeennes

    Longtemps, la gauche s’est essayée à infléchir le cours de l’intégration européenne. Les groupes qui ont « fait l’Europe » ont exercé un véritable pouvoir d’attraction sur certains groupes sociaux des nations composant l’Europe. Numériquement toutefois, cette adhésion a été assez limitée, elle n’a pas permis de créer un « peuple européen ». Pour nombre d’Européens, « l’unité de survie » est demeurée la nation, ainsi que le faisait remarquer Norbert Elias dans un texte de 1987. En témoigne la fréquentation des stands des militants « européens » chaque 9 mai, dont on ne saurait dire que la foule s’y presse chaque année. Dans un monde d’interdépendance croissante, l’Europe n’est pas parvenue à se constituer en espace pleinement civique. Au contraire, cédant à la tentation d’une construction élitaire et a-démocratique, elle n’a pu, face à la crise, que renforcer ses aspects autoritaires.

    #gauche #europe

  • Norbert Elias et l’Utopie - La Vie des idées

    http://www.laviedesidees.fr/Norbert-Elias-et-l-Utopie.html

    signalé par ISS que je remercie

    Connu pour ses travaux sur l’État et le processus de civilisation, Norbert Elias a également écrit sur les utopies littéraires et philosophiques, et notamment sur la célèbre œuvre de Thomas More. Une traduction de ces textes permet de s’interroger sur la place de l’utopie dans la pensée du sociologue.

    #norbert_elias #utopie #littérature

  • Norbert Elias et l’Utopie
    http://www.laviedesidees.fr/Norbert-Elias-et-l-Utopie.html

    Connu pour ses travaux sur l’État et le processus de civilisation, Norbert Elias a également écrit sur les utopies littéraires et philosophiques, et notamment sur la célèbre œuvre de Thomas More. Une traduction de ces textes permet de s’interroger sur la place de l’utopie dans la pensée du sociologue.

    Livres & études

    / #utopie, #sociologie, #Renaissance

    #Livres_&_études

  • La civilisation des mœurs selon Norbert Elias par Alain Bihr

    http://www.revue-interrogations.org/La-civilisation-des-moeurs-selon

    Au début de la seconde partie de La dynamique de l’Occident (Élias, 1975) dans laquelle il développe son « Esquisse d’une théorie de la civilisation », il rapporte ainsi la civilisation et les transformations de l’économie psychique qu’elle implique au processus général de développement des rapports capitalistes de production.

    [...]

    Mais le constat s’arrête là et Élias n’identifie pas la nature et l’origine de cette voix intérieure, de ce sentiment du devoir à accomplir inconditionnellement, comme un « impératif catégorique » selon Emmanuel Kant : c’est tout simplement l’expression de ce fétichisme de la subjectivité juridique et morale qui se trouve au cœur des rapports contractuels qui constituent la trame même des ’affaires’ bourgeoises.

    En deçà des « rapports contractuels » propres aux « affaires bourgeoises », il y a la forme de vie constituée par la nécessité objective - et pourtant socialement et historiquement située - de reproduire le capital (la valorisation tautologique de la valeur) et donc de s’activer sous la contrainte d’une norme de productivité que personne n’édicte mais que tout le monde participe à faire émerger. Le sujet kantien (ou moderne) n’est une forme à portée universelle que dans un contexte historique et social particulier...

  • À ne pas vouloir se sortir les doigts du cul, nous nous préparons à cautionner toutes les infâmies.

    Blog de Paul Jorion » Darius massacré, ou la désaffection des citoyens par l’Etat, par Jeanne Favret-Saada
    http://www.pauljorion.com/blog/?p=66245

    http://jeanzin.fr/2014/06/16/les-trous-noirs-de-la-gauche

    Deux textes révélateurs du délitement de la société : Un état et des institutions qui ne peuvent plus garantir la sécurité de ses citoyens, la justice et la protection des plus faibles face au capitalisme et ses avatars : nous sommes condamnés à l’auto-défense, à l’auto coaching, à l’auto-promotion, etc ...

  • Pour le moment

    « Les hommes se trouvent actuellement dans un processus massif d’intégration qui non seulement va de pair avec de nombreux mouvements partiels de désintégration mais qui en outre peut aussi faire place à n’importe quel moment à un processus dominant de désintégration. Toutefois, c’est pour le moment l’orientation vers une intégration plus vaste et plus rigoureuse de l’humanité qui l’emporte ».

    [ Norbert_Elias ]

    #ProcessusDeCivilisation

  • « Le ressentiment surgit quand un groupe marginal socialement inférieur, méprisé et stigmatisé, est sur le point d’exiger l’égalité non seulement légale, mais aussi sociale, quand ses membres commencent à occuper dans la société des positions qui leur étaient autrefois inaccessibles, c’est-à-dire quand ils commencent à entrer directement en concurrence avec les membres de la majorité en tant qu’individus socialement égaux, et peut-être même quand ils occupent des positions qui confèrent aux groupes méprisés un statut plus élevé et plus de possibilités de pouvoir qu’aux groupes établis dont le statut social est inférieur et qui ne se sentent pas en sécurité. »

    [ Norbert Elias , Logiques de l’exclusion ]