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  • Alimentation : la guerre de l’étiquetage

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2016/04/11/alimentation-la-guerre-de-l-etiquetage_4900046_1650684.html

    Un étiquetage plus lisible des aliments verra-t-il le jour ? Depuis des mois, la bataille est rude entre les autorités de santé, d’un côté, et les industriels de l’agroalimentaire et de la grande distribution, de l’autre. Au terme de vifs débats, l’article 5 de la loi de santé, promulguée le 26 janvier, prévoit la mise en place d’un dispositif, non obligatoire, pour améliorer l’information nutritionnelle figurant sur les produits. Afin de tenter de concilier les points de vue divergents, la ministre de tutelle a décidé de faire évaluer « en conditions réelles d’achat » différents systèmes – évaluation à laquelle elle n’était initialement pas favorable. Pour ce faire, la Direction générale de la santé a mis en œuvre un dispositif avec notamment un comité de ­pilotage et un comité scientifique.

    Mais, selon nos informations, trois membres de ce comité ont donné leur démission : les deux spécialistes en épidémiologie Philippe Ravaud (Hôtel-Dieu, Inserm) – qui n’a pas souhaité s’exprimer –, et Denis Hémon (Inserm, Centre de recherche épidémiologie et statistiques de Paris-Sorbonne), coauteur du rapport sur l’amiante, et Karine Gallopel-Morvan, professeure à l’Ecole des hautes études en santé publique (Rennes), spécialiste en marketing social.

    « Cette étude comparative n’est pas nécessaire et risque de se faire dans des conditions dégradées, indique au Monde Denis Hémon. Ses recommandations risqueraient en outre de ne pas être suivies. » « L’évaluation me paraît très compliquée à mettre en place, car il existe de nombreux biais,...

    (...) Rappel des faits. Le premier projet a été présenté par Serge Hercberg, il y a quasiment deux ans, à la demande de Marisol Touraine. Le logo, qui s’inspire du système de score à trois couleurs développé par la Food Standards Agency au Royaume-Uni, définit une échelle de cinq couleurs « 5C » (vert, jaune, orange, rose, rouge) établie en prenant en compte quatre paramètres : l’apport calorique pour 100 g, la teneur en sucre, en graisses saturées et en sel. Hostile à ce code à 5 couleurs, la Fédération du commerce et de la distribution, associée à des industriels, a conçu son propre système, fondé sur quatre types de fréquence de consommation des aliments, appelé « Sens », dont la couleur rouge est absente.

    De nombreuses études mettent en avant l’intérêt des logos nutritionnels sur le choix d’aliments plus sains, dont le système 5C, par ailleurs validé par l’Agence nationale de la sécurité sanitaire de l’alimentation et le Haut Conseil de la santé publique. Mais la plupart des industriels n’en veulent pas, craignant que certains aliments, étiquetés rouge, soient stigmatisés. C’est pourquoi le ministère a voulu mettre tous les acteurs autour de la table. « Il est nécessaire qu’un grand nombre de producteurs adhèrent à la recommandation, les industriels et distributeurs soulignent que, grâce à cette évaluation, la France pourra pleinement contribuer aux discussions européennes en 2017 et porter un système d’étiquetage nutritionnel simplifié ayant vocation à être déployé à l’échelle communautaire, souligne Benoît Vallet. Il y a une vraie volonté d’aboutir. » Certes, les inquiétudes « sur la réalisation sont liées à deux raisons, d’abord une telle étude n’a jamais été réalisée. Ce n’est pas comme le paquet neutre pour les cigarettes. Là, il s’agit d’une mesure qui n’est pas obligatoire. Et c’est compliqué, car cela associe des acteurs qui n’ont pas l’habitude de se rencontrer », ajoute M. Vallet.

    « Tous les systèmes à égalité de chances »

    Quatre systèmes vont maintenant être testés. Outre le 5C et Sens, le traffic lights anglais et le GDA (repères nutritionnels journaliers) devraient être évalués en septembre, octobre et novembre. « Tous les systèmes seront à égalité de chances », assure Daniel Nairaud. Le financement, de 1,6 million d’euros, se fera en grande partie par le FFAS. « La complexité de l’étude est totalement assumée. La connaissance par le FFAS des acteurs économiques permet de faciliter sa mise en œuvre en magasin », explique encore M. Vallet.
    « La demande des industriels d’exiger une étude en conditions réelles risque de retarder de nombreux mois, voire de plus d’une année, une mesure de santé publique pour laquelle on dispose déjà d’éléments scientifiques suffisants pour sa mise en place rapide », relève le professeur Hercberg. « Quand je regarde les techniques des lobbys de l’alcool et du tabac, le fait de jouer la montre est un grand classique », note Mme Gallopel-Morvan.

    Malgré ces divergences, l’UFC-Que choisir y croit. « Tout le monde a envie que ça marche, même si la grande inconnue reste la maîtrise du calendrier et le coût réel de l’étude », indique Olivier Andrault, un des chargés de mission. L’Association nationale de défense des consommateurs et usagers se veut pour l’instant pragmatique, mais « on sera vigilant sur l’équité de traitement entre les différents systèmes, et sur le traitement et l’interprétation des données », prévient sa chargée de mission Célia Potdevin. « Il est indéniable que l’industrie et la grande distribution usent de leur influence pour bloquer le processus », estime Ingrid Kragl, directrice de l’information de l’ONG Foodwatch.

    Pourtant, le consommateur veut y voir plus clair, comme en témoignent les mouvements citoyens. Une pétition favorable au codage 5 couleurs, lancée fin 2015 sur Change.org par Eric Delannoy, qui se définit comme un citoyen lambda, a recueilli plus de 50 000 signatures. Autre initiative, Open Foods Facts, né en mai 2012, a travaillé avec l’équipe du professeur Hercberg et a mis en place une application qui permet d’appliquer virtuellement le code couleurs 5C à 26 884 produits réels. Ou encore la dernière édition « Le bon choix au supermarché » de l’équipe de Lanutrition.fr.

  • L’eau potable est de bonne qualité mais les nappes phréatiques sont polluées
    http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/02/26/une-eau-potable-de-bonne-qualite-mais-des-nappes-phreatiques-toujours-pollue

    Quatre-vingt-dix-huit pour cent des Français bénéficient d’une eau potable de bonne qualité, soit 280 000 consommateurs supplémentaires par rapport à 2012, note l’UFC-Que choisir dans une étude publiée mercredi 26 février. A l’occasion de la présentation d’une carte interactive sur la qualité de l’eau potable dans les 36 000 communes de France, l’association « appelle les pouvoirs publics à l’action pour une ressource aquatique préservée et une politique de l’eau agricole rénovée ».

    Pour Olivier Andrault, la qualité de l’eau potable consommée n’a rien à voir avec celle de l’eau captée dans les sols : « L’eau qui coule du robinet est bonne non pas parce que les nappes phréatiques sont en meilleur état, mais parce qu’on investit beaucoup plus dans la dépollution », dit-il. Et de rappeler que le contribuable paye de plus en plus cher pour celle-ci. « Les dépenses additionnelles évaluées des ménages générées par ces pollutions liées aux excédents d’azote et de #pesticides d’origine agricole se situeraient au minimum dans une fourchette comprise entre 640 à 1 140 millions d’euros répercutés sur la facture d’eau, représentant entre 7 et 12 % de cette facture en moyenne nationale »

    Et la carte interactive
    http://www.quechoisir.org/app/carte-eau
    #eau #pollution #agrobusiness #agriculture