person:olivier nicklaus

  • Les Inrocks - Documentaire « Fashion ! » sur Arte : la mode la mode la mode
    http://www.lesinrocks.com/2012/10/20/medias/documentaire-fashion-sur-arte-la-mode-la-mode-la-mode-11315032

    http://www.arte.tv/i18n/6985168,templateId=scaled,property=imageData,height=177,v=1,width=312,CmPart=co

    Le premier volet, Golden Eighties, produit d’emblée un effet sidérant de voyage dans le temps, comme si le style pop et grandiloquent de l’époque oscillait, rétrospectivement, entre le cauchemar (les vestes épaulées XXL !) et la joie (la fantaisie théâtrale qui régnait alors sur les podiums). Exhumant les premiers pas de quatre créateurs – Jean Paul Gaultier, Claude Montana, Thierry Mugler, Azzedine Alaïa -, Olivier Nicklaus restitue les visages de la nouvelle direction que prend alors la mode, jusque-là dominée par les grands maîtres Yves Saint Laurent et Hubert de Givenchy. La mode s’émancipe enfin de ses codes engoncés et bourgeois. Paris s’impose comme la capitale d’un hédonisme joyeux : on assiste à la naissance de “looks”, quelle que soit la forme qu’ils prennent – l’exubérance de Gaultier, l’architecture froide de Montana, le “body conscious” de Mugler ou l’élégance haute couture d’Alaïa. Tous redessinent un territoire du style foisonnant.

    http://www.arte.tv/i18n/6985162,templateId=scaled,property=imageData,height=177,v=1,width=312,CmPart=co

    Avec la crise protéiforme de la fin des années 80 – guerres, sida, chômage… – s’annonce la fin de l’insouciance. Une nouvelle génération (de Japonais et de Belges surtout) donne à voir sa conception sombre, austère et cérébrale du présent. La vague Antifashion (très beau second volet) fait souffler un vent radical sur la création : l’heure est à la déconstruction, aux vêtements trop grands et mal finis, à la mode arte povera. Les paillettes disparaissent. De Yohji Yamamoto à Rei Kawakubo, d’Ann Demeulemeester à Martin Margiela, d’Helmut Lang à Jil Sander, de Raf Simons à Hussein Chalayan et jusqu’à Rick Owens, le dernier des Mohicans de l’antifashion, une insolente famille d’inventeurs indépendants s’affirme avec l’éclat de la noirceur grunge dans ces années 90. Si certains d’entre eux tentent encore aujourd’hui de résister aux effets de podium faciles, conférant à leur geste créatif le statut d’un manifeste esthétique, beaucoup eurent du mal à s’adapter aux contraintes des années 2000.

    La mode a cédé le pas au luxe : pour exister, un créateur doit désormais intégrer son travail au coeur d’une stratégie globale, où comptent surtout les images publicitaires et la rentabilité de produits dérivés (parfums, sacs, etc.). La logique des grands groupes (LVMH, PPR) a contaminé le système de la mode, où prospèrent souvent les plus malins et expérimentés, comme Marc Jacobs ou Karl Lagerfeld. Même les plus audacieux (Galliano, McQueen, Lacroix…) ou les plus cyniques (Tom Ford) ont mal résisté au business tout-puissant d’un luxe qui n’a aucune pitié pour le moindre faux pas. Si certains stylistes, comme Nicolas Ghesquière, adaptent leur créativité aux normes imposées, tout reste fragile. Un aveu que Claude Montana faisait déjà au milieu des années 80, au moment où tout le monde le célébrait, avant de le laisser sombrer.

    (Re)voir les deux premiers volets, diffusés hier soir :
    http://www.arte.tv/fr/6984522.html

    #mode

    • Je suis tombée sur le volet consacré à l’antifashion. Bien aimé l’approche même si je ne pouvais m’empêcher de me marrer en écoutant le commentaire. À chaque modiste qui sortait un peu du sérail (récup, lignes japonisantes, refus du froufrou) le commentaire disait que le monde de la mode avait été choqué. Je ne pouvais m’empêcher de penser que dans leur #microcosme, ils avaient quand même vite fait d’être choqués et qu’en fait de révolution, tout le monde continuait tout de même d’utiliser des gamines anorexiques en taille 0.

      La question est : pourquoi l’univers de la mode rejette-t-il si systématiquement la diversité des #femmes, leur chair, leur réalité ?