Soudan : lutte sans fin contre le despotisme néolibéral
14 octobre par Jean Nanga
Durant dix jours, de nombreuses villes du Soudan, dont sa capitale Khartoum, ont été secouées par des manifestations populaires notamment marquées par la destruction du siège du parti au pouvoir, le National Congress Party (NCP), à Omdurman, et l’appel à la démission du président Omar El Béchir, au gouvernement depuis 24 ans.
Si la mobilisation de la population soudanaise a des allures de « printemps arabe », elle en garde néanmoins sa spécificité. D’ordinaire, le pouvoir est confronté à l’opposition des partis politiques, de la gauche à l’extrême droite – du Sudanese Communist Party au Justice Peace Forum, en passant par le National Umma Party –, et à des groupes armés, actifs dans les parties méridionale (Kordofan), occidentale (Darfour) et orientale du pays (Nil Bleu), réunis dans le Sudanese Revolutionnary Front (SRF). Une grande partie de cette opposition a exprimé sa solidarité avec la mobilisation populaire qui semblait sonner le glas du régime d’Omar El Béchir, dont le caractère despotique a été confirmé par la répression massive des manifestations : 200 manifestant.e.s tués, environ 800 arrêté.e.s (dirigeant.e.s d’organisations, journalistes et surtout anonymes) sans parler des autres violations de droits humains qui ont pris pour cible les femmes. Cette brutalité, désapprouvée au sein du NCP, a causé le départ du Democratic Unionist Party de la majorité présidentielle.