person:ornette coleman

  • Poétique politique, une histoire des chansons de luttes francophones.

    Pendant une semaine, Rocé explique sa recherche de plusieurs années sur l’histoire des musiques de luttes francophones, par les damnés elleux-mêmes, les colonisés, les ouvriers. Avec pas mal de femmes aussi dedans. Une redécouverte de slam et spoken word en français, depuis longtemps avant que le rap n’arrive de ce côté de l’océan. C’est un énorme projet ! Qui sort en septembre.

    Rocé, aux origines de la recherche
    http://nova.fr/podcast/nova-stories/roce-aux-origines-de-la-recherche

    (Je ne sais pas comment trouver les mp3 de l’émission comme sur radio france depuis les RSS ping @intempestive)

    Le rappeur Rocé livre les coulisses de son projet Par les damnés de la terre, qui va faire l’objet d’une compilation à la rentrée de septembre. Une recherche de plusieurs années, de rencontres de hasard en flair attentif, il est parti à l’origine du spoken word à la française, via les « chansons de luttes » depuis la fin des années 1960. On part dans le XIXe arrondissement de Paris, au Cameroun, au Burkina, à Haïti, à New York... « C’est important de réunir avec cohérence cette énergie du passé si présent dans nos quotidiens, ces voix qui résonnent aujourd’hui dans le rap et ailleurs, les voix des vaincus, des subalternes, des damnés de la terre », nous dit Rocé.

    Des morceaux qui servaient pour les luttes sociales ou anticoloniales. Une quête subjective, qui l’a mené de rencontres en rencontres. Selon lui, on trouve là une des sources d’un spoken word francophone, qui a nourri plus ou moins directement le slam et le hip-hop français. Comme une branche de l’arbre pas encore totalement découverte.

    2ème : L’esthétique et la politique
    http://nova.fr/podcast/nova-stories/lesthetique-et-la-politique

    Parti du free jazz, conseillé par un ami disquaire, mais passé aussi par un underground sans œillère et l’écoute de francs-tireurs multiples, le projet de Rocé se nourrit de multiples racines. Ce qui lui parle : le mélange d’une teneur politique, mais esthétique forte : funk, blues... « Je cherche les Last poets à la française », dit Rocé. « Le proto-rap, le rap avant le rap ». La playlist du jour va de Francis Bebey aux chants de luttes sociales de la Régie Renault à la fin des années 1960.

    3ème : Un nom en entraîne un autre
    http://nova.fr/podcast/nova-stories/un-nom-en-entraine-un-autre

    En partant d’une pochette de disque, Rocé trouve des noms de labels, puis des figures comme François Tusques, pièce maîtresse du free jazz français, et enfin des noms qui restent clandestins et compliqués à trouver. À l’écoute, notamment : « Déménagement », par Salah Sadaoui, « Le Mal du pays », par Manno Charlemagne...

    4ème : Dane Belany, l’aventure américaine
    http://nova.fr/podcast/nova-stories/dane-belany-laventure-americaine

    Le projet a permis à Rocé de retrouver des artistes oubliés. Dane Belany en faire partie. Chanteuse noire d’origine turque et sénégalaise, qui chantait dans les cabarets de Pigalle, elle côtoyait du beau monde parisien, avant de partir à New York. Là-bas elle a rencontré Thelonious Monk, Miles Davis, croisé James Baldwin. Une maladie lui fait perdre sa voix. Elle s’est mise à clamer des textes en français, de David Diop, Aimé Césaire... Ce qui donne un disque dédicacé à Frantz Fanon. Rocé l’a retrouvée...

    5ème : Un chapitre africain
    http://nova.fr/podcast/nova-stories/un-chapitre-africain

    On termine cette Nova Story par un zoom sur la partie africaine des recherches de Rocé. Qui commence par un morceau d’Abdoulaye Cissé, figure de la musique burkinabè, mandaté par le président Thomas Sankara, créateur à sa demande de deux groupes : Les chanteurs au poing levé et Les Colombes de la Révolution. Rocé retrouve Abdoulaye Cissé, qui l’aide aujourd’hui dans ses travaux.

    #musique #Rocé #Histoire #luttes_sociales #damnés_de_la_terre #colonisation #chanson #spoken_word #slam #radio #audio #Radio_Nova #historicisation

    et cc @intempestive @sinehebdo @mad_meg @odilon @touti

    • les urls sont des redirections du proxy google, il faut donc cliquer sur celles que tu as données pour les retrouver ! (ce qui permet à google d’enregistrer qui va écouter quoi avant de te laisser l’accès)

    • L’album arrive ! Premier extrait ! (et on peut le commander)
      https://horscadres.bandcamp.com/album/par-les-damn-e-s-de-la-terre

      Je fais partie de cette génération qui a vu naître le rap français, et avec lui l’énorme engouement pour cette musique des enfants de la deuxième et troisième génération d’immigrés. J’ai voulu creuser au-delà du rap, fouiller les artistes de la langue française qui véhiculent la poésie de l’urgence, la poésie à fleur de peau, engagée malgré elle parce que le contexte ne lui donne pas le choix. La poésie des « damné.e.s de la terre ». Dans l’ombre des chanteurs à texte médiatisés existent des femmes et des hommes devenus artistes juste le temps d’un disque.
      Inutile de chercher dans ce recueil le morceau « exotique et funky », extrait du folklore destiné à la métropole. Rythmes et textes sont vêtus de leur propre « blues » dur et sincère. La langue française réunit des régions du monde qui portent des fardeaux communs. Géopolitique et sentiments se mêlent. Les paroles des anciens résonnent jusque dans les oreilles des enfants d’aujourd’hui, ceux des diasporas. Un bon nombre des artistes présent.e.s dans ce recueil n’a pas eu la chance de croiser son public à l’époque, je pense que le contexte actuel des migrations et des questionnements identitaires donnera une résonance toute particulière à ces textes et à ces musiques.

      Deux historiens, Naïma Yahi et Amzat Boukari-Yabara, écrivent le livret du disque, ils décrivent les contextes de l’époque et des pays dont proviennent les morceaux.

      Ce projet, musical et de patrimoine, répond à un besoin : (re)donner la voix aux nouvelles générations qui évoluent en France avec une absence d’identification, un oubli de l’histoire de leurs parents dans le paysage politique et culturel qu’elles traversent en grandissant. Il écrit une autre histoire de la musique en français. A la jonction des luttes de libération des pays d’origines, des luttes ouvrières, des exils, il cristallise une époque où les luttes bâtissaient des fraternités, des affirmations, de la dignité, des liens entre les peuples opprimés et des convergences que l’Histoire des livres scolaires ne dit pas. Il est important à mes yeux de transmettre ces moments de tous les possibles afin d’en imprégner la morosité dans laquelle grandissent les nouvelles générations.

      Les enfants des diasporas et ceux des travailleur.euse.s ouvrier.ère.s ont besoin d’avoir des espaces de transmission de l’histoire de leurs parents. Ces parents qui ont sacrifié des années dans des luttes ou dans l’exil et qui ont choisi pour leurs enfants une intégration dans la discrétion et pointée vers un futur sans le poids d’une lourde mémoire. Le passé ne se transmet pas facilement lorsqu’il est emprunt de tabous et qu’on pense ses enfants libres, sauvés, car nés en France. Mais les combats de nos aînés, à la vue des luttes actuelles, sont précieux et utiles. Le présent se débrouille mieux lorsqu’il a de la mémoire.

      Ce disque est donc un constat, un bout de mémoire qui montre que le champ des possibles était ouvert un court moment, avant d’être refermé, nous plongeant dans l’individualisme, le court terme, l’absence de projets de société. L’absence des ces histoires dans l’Histoire nous prive de l’espoir, des notions de fraternité, de résistance, de modes d’emplois d’autodéfense. L’époque actuelle nous impose ses fictions dystopiques, des histoires d’échecs et d’impasses.

      Le sillon fossilisé dans le disque m’a permis de découvrir des artistes et intellectuels qui ont transmis des solutions multiples. On connaît trop peu le personnage de Frantz Fanon, ce Martiniquais qui a épousé la cause algérienne, on connaît trop peu le grand Franklin Boukaka, artiste congolais qui rend hommage dans une chanson à Mehdi Ben Barka, homme politique marocain. Il a existé un soutien entre étudiants guadeloupéens pour l’indépendance de la Guadeloupe et un militant corse du FLNC qui a décidé d’héberger sur son label leur musique.
      Nous pouvons être tous d’accord, ça ne sert à rien s’il n’y a pas de projet commun. Je ne sais pas comment sera demain, ce que je sais c’est qu’avec la mémoire nous pouvons additionner la force et l’union des peuples d’hier aux diasporas et subalternes d’aujourd’hui. Nous placer au centre de l’histoire que l’on nous conte afin de rompre avec la logique impérialiste.


      « Voir ce qui n’avait pas lieu d’être vu, faire entendre comme discours ce qui n’était entendu que comme un bruit. » Jacques Rancière

      Rocé

    • Yes ! et vendredi 2 novembre, à l’occasion de la sortie du projet tant attendu, grand entretien avec Rocé sur www.jefklak.org ! Le livret, le projet et les sons/chansons sont plus qu’indispensables !

    • Pour celles et ceux qui ont aimé Par les damné·es de la terre collecté par monsieur @Roce, on pourra continuer le chemin avec

      MOBILISATION GENERALE/ Protest and Spirit Jazz from France 1970-1976

      Commande & écoute ici : http://www.bornbadrecords.net/releases/bb057-va-mobilisation-generale-protest-and-spirit-jazz-from-france-1

      1968. France société anonyme. L’incendie est déclaré et tout l’immeuble est entrain de s’effondrer. On ne sauvera rien. Des décombres du vieux monde les enfants de Marx et de Coca Cola surgissent pour arracher le bleu et le blanc au drapeau tricolore. Le fond de l’air est rouge et la musique n’adoucira plus les mœurs. Le chantier peut commencer.

      Si les Stones, les Who, les Kinks ou le MC5 composent la bande son de la revolution à coups de singles Molotov, ce sont des noirs américains qui ont fait sauter les digues durant les sixties. Contre le jazz à papa et la tradition occidentale Ornette Coleman, Cecil Taylor, Eric Dolphy, Albert Ayler ou Archie Shepp libèrent alors la note, explosent les formats, se lancent dans des improvisations furieuses qui redessinent un territoire sans frontières, aussi spirituel que politique. Avec le free jazz, le saxo devient lui aussi une machine à détruire l’ordre établi.

      L’Art Ensemble of Chicago qui atterrit à Paris en 1969 au Théâtre du Vieux Colombier allume une nouvelle mèche. Le quintette intègre au linup traditionnel une multiplicité de « petits instruments » dénichés un peu partout (de la sonnette de bicyclette aux wind chimes en passant par le steel drum, le djimbe ou le vibraphone : rien ne leur échappe) dont ils usent en fonction de leur inspiration. Sur scène le groupe détonne en arborant boubous et peintures de guerre afin de célébrer les pouvoirs d’une musique libre et hypnotique, en connexion directe avec ses racines africaines. La rencontre avec le label Saravah (fondé en 1965 par Pierre Barouh), alors aux avant postes d’une world music qui ne porte pas encore de nom, est évidente. L’album Comme à la radio de Brigitte Fontaine enregistré en 1970 à l’issue d’une série de concerts donnés au Théâtre du Vieux Colombier scelle l’union de cette héritière d’une chanson française, poétique et engagée (Magny, Ferré, Barbara) avec le jazz voodoo de l’Art Ensemble of Chicago et la tradition arabe perpétuée par son compagnon Areski Belkacem.

      Un ovni vient de se poser sur les platines des ados français qui découvrent la culture underground via Actuel, Libération, Charlie Hebdo, Rock’n Folk et une free press en pleine ébullition. Une jeunesse qui est de tous les combats : aux cotés des paysans sur le plateau du Larzac, des ouvriers de l’usine Lip, contre le nucléaire à Creys-Malville, la guerre du Vietnam, la peine de mort, les discriminations subies par les femmes, les homosexuels et les immigrés. Faire de la musique quand on a 20 ans au début des années 70, c’est faire de la politique. On ne prend pas un micro pour devenir une rock star mais pour faire avancer ses idées. Tandis que le prix du baril s’enflamme et que Pompidou bétonne à tout va en développant les grands ensembles et en « adaptant la ville à l’automobile », on prend la route pour se réfugier à la campagne. Des communautés qui se forment aux quatre coins de l’hexagone naissent des groupes (ou plutôt des collectifs) à géométrie variable qui mélangent allégrement musique, happening théâtral et agit prop sous une bonne dose d’acide. Le grand n’importe quoi est souvent de mise (le prog rock est la tarte à la crème de l’époque), mais ceux qui empruntent le sentier dessiné par le spiritual jazz planent vers d’autres cieux. La véhémence (voir la grandiloquence) des propos est alors portée et transcendée par la finesse et l’inspiration du jeu. La France de Claude François n’a jamais entendu ça. À la fois spatiaux, pastoraux et tribaux, les morceaux réunis ici font la jonction parfaite entre un certain héritage psychédélique, le space jazz de Sun Ra et l’Afro Beat qui se met alors en place à Lagos avec Fela, ils sont autant des incantations (l’usage du spoken word est récurrent), des cris de guerre, des poèmes que des tracts.

      1978. Giscard est à la barre. Le punk et la disco décapitent les derniers hippies. Si le sang bout toujours, il est déjà trop tard. La guerre est finie, elle a été perdue sans que personne ne s’en aperçoive, et l’on a beau se battre encore contre des moulins à vent, faire parfois parler la poudre et le plomb dans des luttes sans issues (du rêve au cauchemar il n’y a qu’un pas), on sait que la parenthèse enchantée vient de se refermer, que les lendemains qui chantent sont désormais derrière nous et qu’on ne laissera que quelques disques à nos enfants. Le spectre d’un single prophétique peut alors ressurgir des speakers. Brigitte Fontaine y interroge Areski : « Hey mais je pense à un truc, on ne va pas mourir dans une minute ? »

    • Très bonne interview : http://dialna.fr/interview-par-les-damne-e-s-de-la-terre-lhommage-aux-luttes-du-passe-de-roce

      Évocation de #archivage_militant (mais au final tout le projet en est question)

      Cet album est aussi possible car ces luttes ont été gravées sur vinyles, ou sur bandes. D’après toi, que garderons-nous de nos luttes actuelles ?
      Rocé : Je pense que c’est un peu le problème de notre époque. Tu peux le voir avec notre consommation de la musique, des photos, etc .. Aujourd’hui tu changes de téléphone, tu perds tes photos. Avant tu avais moins ce problème. On a beaucoup plus de choses aujourd’hui, mais on les transporte beaucoup moins longtemps avec nous. Je ne sais pas ce qu’il advient des albums photos de famille, plus personne n’en a. C’est tout con, mais on fait une confiance aveugle en la technologie mais l’obsolescence fait qu’on peut tout perdre du jour au lendemain. Il y a des morceaux qui cartonnent grâce à des plateformes de téléchargement, mais tout ne tient qu’à ces plateformes. J’ai réédité mon premier album qui date de 2001. Le graphiste de l’époque avait gardé un disque dur avec les morceaux, la pochette, etc. Le disque dur ne démarrait pas quand on l’a branché. On a dû reprendre la pochette vinyle et allait la faire une reproduction de la photo. Encore une fois, le vinyle a sauvé l’affaire, c’est du sillon gravé. Le numérique, c’est limité. Que va-t-il advenir de nos luttes d’aujourd’hui ? On va y arriver mais ça va être moins simple.

  • La troisième guerre mondiale est finie
    Le monde est en reconstruction
    Des concours ont lieu dans les entreprises

    Je nourris le projet d’une plateforme
    De libre accès universel au patrimoine mondial
    Je suis doublé par un projet de commerce de friandises

    Au marché, j’apprends, avec une tristesse
    Mélangée de soulagement
    Que la maraîchère prend sa retraite bientôt

    Je vais regretter ses légumes, ses fruits
    Mais aussi ses conseils
    À la fois de cuisson et de conservation

    Elle m’en donne un dernier
    Mettez vos carottes les gros bouts
    Dans le fond

    Avec Émile on donne au rosier
    Une dernière chance
    Une coupe biseautée à mi-troncs

    Je soulage et paille
    Les lauriers
    Je rafraîchis le lilas

    Dans un mois
    On ratiboise
    Les anémones du Japon

    En attendant
    Récolte ultime des tomates
    Confiture de tomates vertes

    Mon amie Laurence
    Est guérie !
    Une CRP normale <5mg/l

    Ce que parfois je gouglis
    Pour écrire un poème
    « CRP normale dans le sang »

    Darnes de truite et riz
    Salicorne frit
    Yaourt confiture de tomates vertes

    Je ne sais pas si cela est un songe
    Me levant de sieste
    Je suis poussé à certaines corrections

    Longue marche dans le bois
    Dont sont faits les rêves
    Avec Émile et Zoé

    Zoé m’explique comment
    Certains arbres sont déjà
    Pour elle, des souvenirs d’enfance

    Je lui réponds
    Que dans les Cévennes
    C’est un pareil pour moi

    «  ? Et c’est pour ça
    Que parfois
    Tu es triste dans les Cévennes ? ? Oui

     ? Mais pourtant tu nous dis toujours
    Que tu as eu une enfance heureuse ?
     ? C’est pour ça justement que je suis triste

     ? Et c’est maintenant que tu es triste ?
     ? Non maintenant je suis heureux
     ? Je ne suis pas sûre de comprendre. ? Moi non plus »

    De retour à la maison
    Négociation pour un coup de main
    Pour plier le linge

    http://desordre.net/musique/coleman_free_jazz.mp3

    «  ? Est-ce qu’on peut mettre de la musique ?
     ? Oui, est-ce que je mets un disque d’Ornette Coleman
     ? Non de la musique… ? Ah de la musique ?

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/sons/louise_attaque.mp3

     ? Oui de la musique ! ? Bon ben d’accord »
    Quand je vais mettre ces t-shirts cette semaine
    Est-ce que j’entendrais du reggae ? Pitié !

    «  ? Excuse-moi, je suis un peu préoccupé en ce moment
     ? Bah Papa, on s’en est rendu compte
     ? J’ai des soucis ? Au travail ? Oui

     ? C’est le blues du dimanche soir ?
     ? Non, à mon autre travail, ce que j’écris
     ? Rassure-moi Papa, tu ne viens pas de commencer un nouveau texte ?

     ? Si, et il est…
     ? Très compliqué ?
     ? Oui ? On va encore prendre cher

     ? En fait c’est une cinquantaine de récits
     ? Qui doivent raconter une seule histoire ?
     ? Oui ? Bah ça c’est ce que tu fais d’habitude ?

     ? Oui, mais je vieillis
     ? Tu te souviens plus de ce que tu as écrit
    D’une fois sur l’autre ? ? Oui ! »

    N’empêche
    Oui, je vieillis
    Je suis épuisé

    Roulés thon guacamole
    Lentilles et carottes
    Fruits à volonté

    Discours de vieux con
    À propos d’informatique
    Avec Sarah ! Carelessness

    Discours de vieux con
    À propos de tabagie
    Avec Émile ! Hopelessness

    Discours de vieux con
    A propos de paresse
    Avec Zoé ! Sense of humour failure

    C’est dimanche soir
    Et si je regardais un film ?
    Le Havre d’Ari Kaurismaki avec Zoé !

    #mon_oiseau_bleu

  • Geri Allen est partie rejoindre Ornette Coleman

    When I first moved back to NY in the 80’s it was a very different time. Nowadays everybody knows and loves Cecil, the AACM, Ornette. (And critics who hated on all that back then make like they never said that now). Back then if you were left of center at all you were avant-garde, a nasty and curiously non-descriptive adjective which signified to many that you played strident free and were incapable of anything else. Of course there were many musicians living that out, and many of them could be equally close-minded. Just bothering to write your own music made you avant-garde, playing a beat that wasn’t swing or an inauthentic latin beat made you avant-garde. Liking or playing something classical made you avant garde, and more importantly playing music with someone who was branded as avant made you avant-garde. You couldn’t mix tonal improvisation with free improvisation. Practices that are common now were just not done. One had to be esthetically monogamous. For many of us the answer was just to go ahead and do what we wanted, consequences be damned. Geri negotiated the landscape with real grace. All of us had different answers to the problem. Hers was to quietly do everything well.

    Don Byron

    Je vais tâcher de retrouver le Silence de Haden avec Geri Allen au piano, une absolue merveille, je tâche de mettre cela en ligne bientôt

  • https://morgenbladet.no/sites/default/files/styles/full_width/public/39.jpg?itok=Ic9YSYad

    http://desordre.net/musique/lloyd.mp3

    Journée qui commence
    Sans heurt
    Charles Lloyd

    Pas sûr que l’on puisse construire
    Une journée sur la base
    D’un blues aussi déconstruit

    « Les homosexuels,
    Ça n’existe pas chez nous,
    En Iran »

    Conseil pour jeunes parents d’un enfant autiste
    Méfiez-vous des professionnels qui promettent
    Et soyez confiants envers les modestes

    Il n’est pas huit heures du matin
    Et tu as déjà écrit des mails
    A trois psychiatres !

    D’un mouvement rageur
    J’éteins la radio
    Pour les cinq prochaines années

    D’un mouvement rageur
    J’éteins la radio, j’en ai soupé
    D’éloges du nouveau président

    On nous démontre
    Par a + b
    La nécessité de se faire tondre

    Un café
    Avec Catherine
    Et un verre d’eau

    Éloge de l’amour
    D’Alain Badiou
    Dans l’espoir de guérir

    Les Beaux jours d’Aranjuez
    De Peter Handke, le texte,
    Pas le navet de Wim Wenders

    Une vieille dame s’écrit : « Voilà le 118 ! »
    Toi, tu mets bien plus longtemps
    Avant de voir son numéro

    Une vieille dame s’écrit : « Voilà le 118 ! »
    Son sourire qui me dit :
    « Elle a de bons yeux la vieille ! »

    Dans l’autobus
    Une toute jeune fille
    Lit Prosper Mérimée

    Tu retrouves ta maison
    Vide
    Ne pense plus à elle !

    Tu retrouves ta maison
    Vide et silencieuse
    Pas de nouveaux messages

    Tu retrouves ta maison
    Vide et silencieuse
    Et seul

    Pour aller à cette fête chez des amis
    Fais-toi beau, sens bon
    Souris

    http://desordre.net/musique/coleman.mp3

    D’Ornette Coleman, tu découvres
    Un morceau intitulé
    Rue Monsieur le Prince

    Tu as habité
    Rue Monsieur le Prince
    Où est mort Malik Oussékine

    Malik Oussékine
    Est mort
    Chirac est toujours vivant !

    Chirac est toujours vivant
    Ornette Coleman
    N’est plus

    Ornette Coleman
    Don Cherry
    Billy Higgins

    http://desordre.net/musique/haden.mp3

    Solitude,
    À la contrebasse,
    De Charlie Haden

    Gendarme,
    Jusqu’à la dernière relecture,
    Ta propension à faire le malin

    Hitler est encore vivant !
    Me confie une source sûre.
    Il aurait 128 ans aujourd’hui.

    Pour ne plus penser à elle
    C’est simple
    Tu dois travailler, écrire

    Fête chez Julien et Sabine
    Jeunes gens brillants
    Je suis assurément le plus vieux

    Arrivée de Sarah,
    Jérôme
    Et Karine, avec un K

    Oui, ils ont beaucoup souffert
    Ils ont aussi beaucoup fait souffrir aussi
    L’ex-Yougoslavie par Karine

    Karine t’apprend un nouveau mot
    Cynophobie
    Dont tu as longtemps souffert

    Tu penses trop à elle
    Hitler est vivant
    Les longs cheveux de Karine

    #mon_oiseau_bleu

    • Citation ici au début de l’entretien :
      https://seenthis.net/messages/595515

      D’après toi, les gens votent FN par détresse ou par ignorance de ce qu’est vraiment ce parti ?

      Je ne crois pas trop à l’ignorance dans ce pays. Je ne crois pas que le vote FN soit un vote contestataire, c’est un vote raciste, un vote pro-répression policière, un vote pro-torture, un vote de gens qui croient qu’il suffit de taper fort pour que tout rentre dans l’ordre. Un vote d’enfant qui croit qu’il faut que papa soit autoritaire et qu’alors tout va bien se passer. Il me semble que les électeurs FN imaginent que ça ne va s’appliquer qu’aux délinquants ou aux Arabes, et comme on leur explique que le problème en France, c’est pas la pauvreté et la confiscation des richesses, mais les Arabes, ils se disent que ça ira mieux.

    • Je copie à la main une autre citation de la fin de l’entretien, qui contredit (il me semble) la précédente :

      C’est clair que je suis plus en colère.
      La crise de 2008, on commence seulement à comprendre qu’elle est sous-tendue par une théorie. Dans La Stratégie du choc, Naomi Klein écrit sur les théories de Chicago : si un groupe est choqué par une tempête, ou un attentat, et si tu provoques un deuxième choc, les gens feront ce que tu veux, un gouvernement pourra faire passer toutes les lois qu’il veut, ils ne réagiront pas. Je pense que c’est concerté ; les plus riches ont décidé de nous faire une guerre, ce que dit aussi la sociologue Monique Pinçon-Charlot. Je suis furieuse de ne pas l’avoir compris à ce point-là, et furieuse car ça provoque la montée des populismes en Hongrie, en Pologne, en France.

      Alors, le Vote FN, contestataire ou raciste ? Toute une discussion ici :
      https://seenthis.net/messages/595515

      #France #Elections_présidentielles_2017 #Vote_FN #FN #Racisme

    • Troisième citation, à la suite de la précédente, et qu’on trouve aussi ici :
      https://seenthis.net/messages/602894

      Les plus riches ont décidé de nous faire une guerre(...)Je fréquente des riches à Paris et leur indifférence est totale. Si tu leur dis qu’en Espagne, à 60 ans, on peut être obligé de travailler pour 2,60€ de l’heure, ils s’en foutent. Tu te rends compte qu’ils sont déjà prêts pour ce monde là. Dans leur tête c’est réglé : pour les pauvres, ça va être très dur, et ils s’en tamponnent.(...) On vivra entre riches dans des mini bulles bunkers. Tant pis pour les crevards. J’ai eu longtemps l’impression que les riches ne se rendaient pas compte, mais là je pense que c’est pire : c’est concerté, c’est ce qu’ils veulent, que les gens s’enfoncent dans une misère noire. Ils ne voient pas le travailleur comme un être humain mais comme un problème à gérer.

    • La playlist idéale de Virginie Despentes
      Les Inrocks, le 24 mai 2017
      http://www.lesinrocks.com/2017/05/24/musique/la-playlist-ideale-de-virginie-despentes-11948316

      Kate Tempest – Ketamine For Breakfast
      Kate Tempest – Europe Is Lost
      Beth Ditto – Fire
      Mary J. Blige – Glow Up
      Timber Timbre – Sewer Blues
      Paolo Nutini – Iron Sky
      Bruno Mars – 24K Magic
      Erykah Badu – Phone Down
      Missy Eliott – I’m Better
      The Rolling Stones – Just Your Fool
      Neil Young – Can’t Stop Working
      Lana Del Rey – Love
      Kendrick Lamar – Humble

    • Et pourquoi pas celle de phil man ?


      Vivre sans musique est une aberration mais les ouvrages de ce couple ne me sont pas indispensable et ne changeront pas le monde. Sans nier leur talents respectifs, ils n’arrivent pas à la cheville du célèbre #Lester_Bangs.

      A la fin des sixties, Lester publie ses premières chroniques de disques dans Rolling Stone, mais c’est dans les colonnes de Creem qu’il donnera, à partir de 1971, la pleine mesure de son rugissant talent. La revue de Detroit s’autoproclame ?America s only rock’n’roll magazine ?.

      La parution de Lester Bangs ? Mégatonnique Rock Critic s’accompagne de celle d’un coffret de trois CD, où est compilé le meilleur des musiciens préférés de Lester, ainsi que deux de ses propres compos, enregistrées à Austin avec les Delinquents. Dans Kill Him Again, Lester chante : ?Parfois j’ai envie d’être chanteur/ C’est pour moi la seule façon de toucher le ciel.?

      Pour batifoler entre astres noirs, comètes farceuses et étoiles immortelles, rien ne vaut l’écoute de ces insensés CD, où s’écharpent les Count Five, Richard Hell et les Stooges, Ornette Coleman, U-Roy et les Stooges encore, Nico, Elvis et les Stooges toujours. Soit, en quarante-cinq titres, une orgie punk, un festin jazz (très nu, le festin), une bamboula reggae, une fiesta metal et une surboum glam. Autant dire le track-listing le plus savamment maboul de l’histoire des compiles ? et ce d’autant que la version Stones de Jumpin’ Jack Flash y a mystérieusement été remplacée par celle des Vibrators. Ce qui revient un peu à faire repeindre le plafond de la chapelle Sixtine par un aquarelliste daltonien, mais aurait bien fait marrer le farouche contempteur de maisons de disques que fut Lester.

      http://www.lesinrocks.com/musique/critique-album/megatonic-rock-critic


      "Lester entreprit, non seulement de démythifier l’industrie du disque, mais de la démolir."

      « ...Parce que les plus célèbres rockeurs sont entourés d’une aura mythique, ce qui est une situation fondamentalement malsaine, et en fait c’est le virus même qui bousille le rock. »
      https://traces.revues.org/320
      https://www.researchgate.net/publication/30438972_Lester_Bangs_critique_rock
      #compilation #rock_critic

  • J’ai besoin de repères.
    Fordisme - Toyotisme - Lean - Kanban - Agile - Scrum - Pomodoro

    Je suis très critique de la méthodologie Lean (comme sûrement plein de lecteurs ici), pret à les rejeter en bloc. À côté de ça, je trouve une grande utilité aux méthodes Agile et je ne saurais travailler sans. Pourtant le lien entre ces 2 approches est ténu, surtout lorsque qu’arrivent des « innovations » dans ces méthodologies. Je me pose des questions.

    Le retour des approches transversales (artisan développeur, supply chain…) montre combien les salariés veulent retrouver le sens de leur métier, on dit parfois complétude. Est-ce un plâtre sur une jambe de bois ?

    J’ai besoin de trier parmi ces méthodes, d’en reprendre le contrôle, de les déconstruire.
    Pouvez-vous m’y aider ?

    Un ensemble de définitions :
    https://earliz.com/fr/projects/gestion-de-projet-lean-agile

    Les méthodes Agiles sont des pratiques de gestion pouvant s’appliquer à tous les types de projets. Elles sont particulièrement développées dans le domaine de la conception logiciel.

    Les méthodes Agiles ont été définies et formalisées en 2001 par l’Agile Manifesto. Elles prônent une démarche plus pragmatique et itérative que les méthodes traditionnelles. L’implication de tous les acteurs du projet, dont le client final, est au cœur de cette logique, afin de permettre une plus grande réactivité au changement de la demande.

    Le mouvement plus large du management Lean couple les valeurs Agiles aux techniques d’amélioration continue de la qualité. L’Agilité s’inscrit alors dans l’ensemble des projets de l’entreprise.

    #travail

    • @sandburg

      Je te copie colle un truc que j’avais écrit il y a six ou sept ans, je crois que c’était à propos de ma première confrontation Lean, ça m’amuse de le lire aujourd’hui.

      Voilà bien, je crois, ce qui me dégoûte le plus dans la langue de la domination, c’est la phagocie pure et simple qu’elle fait de la langue de ce quelle asservit.

      Prenez par exemple cette nouvelle méthode que l’on nous impose en ce moment à mon travail. Je vais passer, parce qu’elles sont évidentes et si peu difficiles à relever, sur les étonnantes possibilités de flicage du labeur que permet l’outil qui sera désormais le notre. Non, ce qui me heurte, d’autant plus que je sens bien que je suis le seul que cela dérange, c’est cette notion de travail divisé en trois types de tâches. Les tâches les plus faciles (et souvent les plus nombreuses à exécuter). Les tâches qui demandent un peu de compétence, et les tâches qui requièrent une vraie compétence et de l’expérience, de par leur complexité et souvent leur rareté d’apparition.

      Ce que je viens de vous décrire vous paraît assez simple et compréhensible ? Donc il y a la routine, l’inhabituel et le très inattendu, ou toute forme de gradation que vous souhaiterez utiliser pour envisager les différentes tâches qui sont les vôtres à votre travail. Et bien dans mon entreprise, on a décidé de donner des noms à ces trois types de tâches. Les plus simples sont du rythme, ce qui est un peu plus compliqué du blues et le complexe relève du jazz.

      Et dans l’esprit de ces personnes qui se succèdent devant le rétroprojecteur pour nous expliquer cette méthode géniale dont ils sont devenues les apôtres dans la très grande société, tout ce qu’on fait relève obligatoirement de l’une de ces trois catégories. Ils n’en démordent pas. J’ai beau tenter, au cours de cette réunion, de leur expliquer que sans doute c’est un peu moins ternaire que cela, que le monde n’est pas divisé comme cela en deux types de catégories de personnes, celles qui pensent que pour tous les sujets il existe deux types de personnes et celles qui ne pensent pas pouvoir résumer ainsi l’humanité, que dans tout ce que nous faisons, surtout le week end, il y a une immense catégories d’OVNIs, de tâches qui nous incombent qui nous surprennent encore un peu tant elles paraissent très peu répertoriées dans nos procédures, ce sont mes préférées évidemment, parce que ce sont dans de telles situations que l’on doit faire preuve d’imagination pour s’en sortir.

      Rien à faire soit c’est du rythme, soit c’est du blues, soit c’est du jazz.

      Longtemps par ailleurs que j’ai fini par intégrer aussi que ce n’est pas si grave que cela que dans mon entreprise de broyage de l’intelligence, il soit fréquent que les projets sur lesquels nous travaillons reçoivent des noms d’artistes ou de poètes, Rodin, Verlaine, d’autres encore.

      Donc toi, m’interroge l’examinateur, tu es Philippe De Jonckheere, le chef d’équipe du week end c’est bien ça ?
      -- Oui, c’est bien ça.
      -- Et ce que tu fais cela relève plutôt du blues ou du jazz ?
      -- Non, moi c’est uniquement pour le free jazz qu’on m’appelle.

      Tête du responsable de la formation.

      -- Qu’est-ce que tu entends par free jazz ?
      -- Non rien, je disais juste cela pour rire (des fois je suis lâche au travail, d’un autre côté je ne me voyais pas expliquer à ce cadre en bois le principe du double quartet d’Ornette Coleman et sa pochette avec la reproduction de Pollock dessus, il ne pourrait pas comprendre).

      Et ça m’énerve. Ces types-là se sentent tellement dans leur bon droit.

    • Puisqu’on en est aux analogies foireuses : Agile, c’est un truc pour reprendre le contrôle sur la « tactique » (vocabulaire plutôt militaire), et c’est très utile au quotidien. Mais quand on en fait une fin en soit, on oublie la dimension « stratégique » (c’est Napoléon qui cause à nouveau).
      Des éditeurs (de logiciels) qui finissent par décevoir leurs clients, alors qu’ils ont mis l’Agile au cœur de leur organisation pour justement mieux coller aux désirs du client, j’en ai croisé un certain nombre : absence de vision à plus de 3 semaines, absence de pensée stratégique... j’allais écrire « absence de roadmap », mais à quoi bon vouloir utiliser d’autres termes, quand il en existe de très pertinents par défaut...

    • @philippe_de_jonckheere @biggrizzly Merci pour ces retours.

      Dernièrement, les seules ascendances positives qui ont guidé mon envie de pratiquer un métier plutôt qu’un emploi me sont venues de gens comme vous. De gens conscientisés, de mes copains déjà directeurs-trucs ou chefs-machin ayant dû soit se cacher à l’approche des obus, soit passer par l’hosto de la confiance en soi (vocable militaire à nouveau).
      Moi, j’ai fui la guerre, je suis parti en Suisse, mais j’y retourne après 4 ans de réflexions anarchistes, conscient, déterminé, expérimenté et j’espère inécrasable.

      Je vois les méthodes agiles comme des tentacules du lean, mais dont il est possible d’user au service des individus et pas uniquement du « projet ». Je me trompe ?

      Quand j’applique du pomodoro seul sur un truc en développement, c’est pour me cadrer, pas pour optimiser mon temps.

      Je n’ai pas envie de faire subir des outils à personne. Je ne veux pas manipuler, mais je veux savoir où on est.
      @aude_v me conseille de lire La dynamique des groupes pour achever ma quête de compréhension sur les fonctionnements de la décision et de l’action (autoritaire vs horizontal et autres modèles libéraux)
      https://fr.wikipedia.org/wiki/La_dynamique_des_groupes

    • Tout ça est très intéressant, et à propos de la démocratie en groupe restreint et des hiérarchies cachées ou pas, il faut absolument que j’arrive à trouver le temps de vous soumettre quelques réflexions sur la communauté SPIP qui sont en train de se discuter. Ça fait un mois que je veux demander ton avis @aude_v et je trouve pas le temps de faire un message-débat sur seenthis. :p
      Il y a quelque infos passées ici (des captations de mini confs faites en mai) sur le tag spip_blog, sinon sur contrib.spip.net. Mais je voudrais formaliser ça dans un seen exprès avec mes réflexions et questionnements.

      Je vais y arriver !

  • http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/zorn_once_upon_a_time_in_the_west.mp3

    Combien de fois ai-je vu Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone, je serais bien incapable de le dire, une dizaine de fois sans doute, au point que je me demande qu’est-ce qui peut bien me pousser à aller le revoir une fois de plus au ciné-club du Méliès à Montreuil ? Mais au point aussi, que je pense que c’est la dernière fois que j’irai. Une sorte de sage décision, un mouvement qui serait presque celui de l’émancipation.

    Le plaisir que je peux concevoir à regarder et écouter la première scène, celle de l’interminable attente du train, ses grincements de rocking chair , le bruit de la mouche prisonnière du canon du révolver, les craquements de doigts, le bruit de la goutte d’eau qui suinte du réservoir, la lumière aveuglante du Grand Ouest en plein cagnard, le strabisme divergeant de Jack Elam, l’arrivée du train, non pas en gare de la Ciotat, mais en gare de Cattle point, le grand quai de gare en madrillets, oui, tout cela je pourrais le revoir, l’écouter encore et encore et cette seule scène me suffirait amplement, en fait dès l’arrivée de Charles Branson, de sa ritournelle à l’harmonica, le plaisir finit par s’estomper.

    Oh bien sûr il y a aussi d’autres scènes qu’il ne faudrait pas nécessairement couper, la démarche aristocratique de Henry Fonda en bottes de cow-boy, les quelques somptueux mouvements de caméra sur grue, notamment celui de la gare, quand dans le même mouvement, on passe de l’embrasure de la fenêtre qui donne sur le bureau du chef de gare, pour passer par-dessus le toit de la gare et finir par découvrir la ville en construction, et que dire aussi de tous les gros plans sur le visage extraordinairement beau de Claudia Cardinale, ses lèvres, mon dieu ses lèvres, et c’est sans doute là justement que je prends la mesure de la limite à ce plaisir aussi coupable de siroter les scènes de ce film qui retiennent en elles de véritables capsules d’un air qui n’aurait plus été respiré depuis 1968, date de sortie de ce film et à l’époque, cela fait sourire autant que cela méduse, le film était interdit au moins de dix-huit ans, mais pas son affiche vue dans tant et tant de chambres des uns et des autres et pas non plus sa musique d’Ennio Moricone, notamment l’air de l’harmonica et ses grands riffs rageur de guitare électrique — repris par John Zorn qui sait appuyer, partout dans ses interprétations, là où l’auteur n’a pas osé et au contraire retrancher là où il aurait dû s’abstenir et cela vaut à la fois pour Ennio Moricone comme pour Ornette Coleman ! — et du coup le désir de voir ce film avant l’heure, avant dix-huit ans, je pense que je l’avais déjà vu deux fois, notamment au studio Galande , de même Orange Mécanique de Stanley Kubrick, pour les mêmes raisons de voir ces deux films avant l’heure, avec tout ce que cela pouvait susciter de désir, aujourd’hui bien sûr cela fait sourire, ne serait-ce que la vue des épaules et du dos nus de Claudia Cardinale dans ce que justement ils n’émeuvent plus et peinent même à provoquer intact le souvenir du temps où ils émouvaient, pour comprendre, in fine, que c’est quand même pas possible ce personnage féminin, nécessairement une ancienne prostituée de la Nouvelle Orléans, puis marieuse, puis veuve sans attaches, même pas bonne à faire du café quand l’homme rentre du bush , femme violée deux fois dans le même film par deux des quatre personnages principaux du film, oui, les couleurs du film respirent la lumière équivoque des photographies de David Hamilton et comment cette lumière était la règle alors — étonnamment alors que les années 80 enterrent dans tant de domaines intellectuelles la brillance de celle des années septante, en photographie c’est le mouvement inverse, c’est avec les années 80 que l’on sort de ces lumières diaphanes, forcément diaphanes, pour des éclairages nettement plus tranchés, plus punk même — et cela rappelle aux enfants de ma génération sans doute bien des choses, l’arrivée des robes longues après la mode des mini-jupes, mais non, impossible désormais de se permettre le moindre trouble devant un personnage féminin qui certes tire les marrons du feu à la fin, mais n’y sera jamais parvenue à la seule force de son caractère et dont l’héritage moral, finalement, c’est qu’elle sait désormais faire du café et qu’elle sait qu’elle ne doit pas s’offusquer, faire comme si de rien n’était, si l’un des hommes qui grouillent autour de sa maison désormais venait à lui mettre la main au panier.

    Et abandonner une mauvaise fois pour toutes le souvenir de cette blague à répétition did you make coffee , parce que justement elle n’est pas drôle. Même si elle m’a fait rire, nous a fait rire, Mr Bart et moi, pendant longtemps. Je me souviens d’une discussion avec Natalie Bookchin sur un sujet similaire, elle disait qu’elle avait du s’apprendre à elle-même à prendre de la distance, une distance saine, une distance d’émancipation d’avec la beauté par exemple des photographies d’Edward Weston pour cette raison d’une représentation conquérante du corps de la femme qui certes produisait des formes agréables à l’œil, des recherches formelles dans lesquelles il n’était pas exclu de trouver son bon plaisir, mais pouvait-on s’affranchir de ce que de telles images véhiculaient aussi. Elle serait surprise, sans doute, Natalie, que je me souvienne de cette discussion, il y a vingt-cinq ans, à New York, et elle serait surprise et sans doute déçue que cela m’a pris tant de temps à la comprendre, et comme la fameuse blague du did you make coffee date plus ou moins de cette époque, de Chicago, cela m’a donc pris plus de vingt-cinq ans pour comprendre que l’on ne pouvait pas tout pardonner à un film coupable, même, et surtout, un film qui aura été une sorte de tube, de slow de l’été, d’hymne, d’étendard, celui d’une jeunesse inculte.

    Exercice #17 de Henry Carroll : De mémoire, recréez une photographie célèbre

    #qui_ca

  • Où je réalise, soudainement, en consultant mes courriels, que cela fait des années que je subis, sans m’en débattre, trop amusé par la chose, les pourriels à répétition du Figaro et dont je ne lis que les titres qui tissent une manière de poème de droite, dans lequel les résultats décevants de la politique économique de l’actuel gouvernement de pseudo-socialistes le disputent beaucoup avec les podiums, les médailles, les titres et les records de quelques sportifs français, le tout saupoudré avec talent de toutes sortes de faits divers anxiogènes, et c’est encore mieux quand ces derniers prennent leurs racines dans le terrorisme, et de telles annonces sont généralement suivies de mises en exergue des dernières déclarations de l’ancien président de la pauvre république, fustigeant l’inaction du gouvernement et détaillant comment avec lui, cela ne rigolerait pas du tout s’il était encore aux affaires. C’est presque à regret que je remplis le formulaire de désinscription, c’est toujours triste la mort d’un poète, fut-ce un robot, de droite.

    Florilège dudit poète de droite, tel que j’en retrouve quelques éclats dans mon filtre à pourriels

    Notre-Dame-des-Landes : le maire de Nantes porte plainte après les violences
    Affaire Sarkozy : le juge Azibert tente de se suicider
    Jeux Paralympiques : l’or et l’argent pour deux Fran-çaises en Super-G
    Les généreuses primes de cabinet du gouvernement Ayrault en 2013
    SNCF : la grève à nouveau reconduite
    Irak : un porte-avions américain dépêché dans le Golfe
    Un Tunisien qui recrutait des djihadistes à Grenoble a été expulsé en urgence absolue
    Manuel Valls : « le risque de voir Marine Le Pen au second tour de la présidentielle existe »
    Après la démission du gouvernement, retrouvez toutes les infos en direct sur Le Figaro.fr
    Air France : une semaine de grève des pilotes en septembre
    Le gouvernement "n’a pas l’intention" de revenir sur les 35 heures
    Une judoka française devient championne du monde
    Fillette tuée en Alsace : le frère aîné a avoué
    La BCE abaisse son taux directeur à 0,05%, un nou-veau record historique
    L’ex-trader Jérôme Kerviel libéré sous bracelet élec-tronique
    La cote de confiance de François Hollande au plus bas dans l’histoire du baromètre Fig Mag
    Michael Schumacher quitte l’hôpital et regagne son domicile
    Oscar Pistorius n’a pas prémédité le meurtre de sa petite amie, selon la juge
    Les petites retraites ne seront pas revalorisées au 1er octobre
    Grève chez Air France : 60% d’annulations de vol demain
    Drame de Brétigny-sur-Orge : Réseau Ferré de France mis en examen pour "homicides involontaires"
    Grève Air France : 60% des vols à nouveau annulés mercredi
    La France procède à ses premières frappes contre l’État islamique en Irak
    Grève Air France : pas d’amélioration du trafic sa-medi
    la crèche Baby-Loup va déposer le bilan
    La droite obtient la majorité au Sénat, le FN y fait son entrée (on sent qu’ils ont dû sérieusement se retenir de ne pas ponctuer cette phrases avec un point d’exclamation, neutralité journalistique oblige)
    Groupe Gad : près de 300 emplois seront supprimés
    Euro Disney plonge de près de 20% en Bourse
    Les scooters Peugeot passent sous pavillon indien
    Ségolène Royal annonce la suspension "sine die" de l’écotaxe
    Assurance chômage : l’Élysée rejette des négociations dans l’immédiat
    Le Français Jean Tirole remporte le Prix Nobel d’économie
    Mort d’une patiente à la maternité Orthez : l’anesthésiste reconnaît avoir bu le soir du drame
    Le patron d’Areva démissionne
    Le PDG de Total, Christophe de Margerie, meurt dans un accident d’avion
    Le couturier américain Oscar de la Renta est décédé
    Mort de Rémi Fraisse : « Je n’accepte pas qu’en France, on se déchire sur un drame humain » (Hollande)
    Les élections municipales d’Ajaccio annulées
    Mort de l’écrivain Daniel Boulanger, prix Goncourt 1974
    Le gouvernement résilie le contrat avec Ecomouv’
    Manifestation pour Rémi Fraisse : incidents en cours à Nantes (voilà typiquement le genre de descriptions qui fait ma joie de lecteur de ce long poème, le mot incidents pour décrire une émeute)
    En France, la croissance a atteint 0,3% au troisième trimestre
    Coupe Davis : voici la composition des équipes et le calendrier de la finale
    Affaire Jouyet : Fillon ne pourra pas récupérer l’enre-gistrement des journalistes du Monde
    Une filiale suisse de la banque HSBC mise en exa-men à Paris pour blanchiment et démarchage illicite
    Le secrétaire d’État aux Anciens combattants Kader Arif quitte le gouvernement
    Coupe Davis : la Suisse remporte le premier match
    Nucléaire : pas d’accord à Vienne entre les grandes puissances et l’Iran
    Immobilier : les ventes de logements neufs au plus bas depuis fin 2008
    Enfant né sous X et placé dans une famille : la justice refuse la restitution à son père biologique
    Les autoroutes veulent augmenter leur tarif au 1er février 2015
    Sapin assure que le déficit sera "largement en des-sous" des 3% du PIB en 2017
    Lepaon dans la tourmente : la CGT convoque un comité informel demain après-midi
    Boko Haram attaque une cimenterie Lafarge au Ni-geria (Boko Haram a sans doute fait bien pire ce jour-là, a sans doute massacré et violé je ne sais combien de personnes nigérianes, mais la cimenterie Lafarge, pavillon français, CAC40, voilà que la ligne jaune est franchie)
    Colère des taxis : le gouvernement annonce l’inter-diction d’UberPOP au 1er janvier
    Le footballeur Thierry Henry annonce sa retraite
    Syrie : 200 morts dans la prise de deux camps de l’armée par al-Qaida
    Fin de l’attaque au Pakistan, tous les assaillants sont morts
    La starlette de téléréalité Nabilla est sortie de prison
    Des piétons fauchés à Dijon par un automobiliste criant "Allah Akbar"
    La ministre de la Santé annonce une levée du préavis de grève des urgentistes
    Dijon : « Il ne s’agit pas d’un acte terroriste » selon la procureure
    La grève des urgentistes sera levée aujourd’hui
    Suivez l’intervention de François Hollande sur France Inter
    ND-des-Landes : « Quand les recours seront épuisés le projet sera lancé », explique François Hollande
    Charlie Hebdo : Manuel Valls annonce « plusieurs in-terpellations »
    Coups de feu à Malakoff, une commune au sud de Paris
    Coups de feu à Malakoff : 1 suspect interpellé
    L’auteur de la fusillade au sud de Paris est en fuite
    Charlie Hebdo : une personne retenue en otage à Dammartin-en-Goële
    François Hollande présidera un hommage national aux victimes des attentats la semaine prochaine
    Le déficit budgétaire de l’État moins élevé que prévu en 2014
    Attentats : une dizaine d’interpellations dans la nuit en région parisienne
    13 personnes arrêtées en Belgique, le groupe voulait tuer des policiers
    Chômage : les sombres prévisions de l’Unedic pour 2015
    Mobilisation des routiers : 600 km de bouchons en France
    La BCE fait un geste historique pour relancer la croissance en Europe
    Le roi Abdallah d’Arabie Saoudite est mort à l’âge de 91 ans
    Le Conseil constitutionnel valide la déchéance de nationalité d’un djihadiste
    Hollande à Davos : "Il n’y aura pas de prospérité sans sécurité"
    Guide Michelin : deux nouveaux restaurants trois étoiles en 2015
    Rugby : le nouveau maillot des Bleus sera ... rouge
    Le patron de Banque populaire Caisses d’Epargne renvoyé en correctionnelle
    Grèce : la décision choc de la BCE provoque un krach bancaire
    Suivez en direct la conférence de presse de François Hollande
    Prothèses mammaires et cancer : la ministre de la Santé ne recommande pas le retrait
    Ile-de-France : la circulation alternée ne sera pas re-conduite mardi
    Droit d’asile : le rapport choc de la Cour des comptes
    Gaz de schiste : le rapport enterré par Hollande
    Scandale de l’amiante : l’annulation de la mise en examen de Martine Aubry confirmée
    Double homicide dans la Nièvre, le suspect en fuite
    Publicité sur l’alcool : la loi Évin modifiée contre l’avis du gouvernement
    Le légendaire saxophoniste de jazz Ornette Coleman est mort (quand je pense que c’est le Figaro qui m’a annoncé cette disparition !)
    Crise grecque : nouvelle déclaration de Tsipras, les dernières infos dans notre live
    35 heures, Allemagne, Apple : l’actu éco du jour
    Renault-Nissan, Fnac-Darty, Etats-Unis : l’actu éco du jour
    COP21 : des dizaines d’arrestations après des heurts à Paris
    Sondage Régionales : Marion Maréchal-Le Pen creuse l’écart en Paca
    COP21, régionales et Toutankhamon : le récap’ du week-end
    SONDAGE EXCLUSIF - Primaire à droite : Alain Juppé fait la course en tête
    Procès Goodyear, service civique généralisé, crise du secteur pétrolier : l’actu éco du jour
    Calais : la préfecture veut faire évacuer « la moitié de la Jungle »
    Marseille : un mort et quatre blessés dans un accident sur le paquebot Harmony of the Seas

    C’est idiot, bien sûr, pervers, sans doute, mais cette lecture quasi quoti-dienne, va me manquer. Et le collage pareillement produit me fait regretter de ne pas avoir gardé tous ces télégrammes de la rive droite du fleuve.

    #qui_ca

  • Gentry Sultan
    http://www.nova-cinema.org/prog/2016/154-avril/les-freres-buharov/article/concert-gentry-sultan

    Un sax, une trompette, une basse et une batterie mais aussi des claviers et de l’électronique qui mélange les influences d’Ornette Coleman, de Sun Ra, d’A. E. Bizottság, des Residents et plein d’autres choses dans un bordel clairvoyant et maîtrisé. Ivan Buharov y joue de la basse sous son vrai nom (Nandor Hevesi) et c’est tout naturellement que ce quartet atypique se retrouve à composer la musique des films des deux frères invités. Déjà acceuillis au Nova pour un mémorable live soundtrack en costume (...) samedi 2 avril 2016 - 22h , #Concert

  • 637 GB de #jazz en free #download : on vous aide à vous y retrouver dans cette mine d’or
    http://www.goutemesdisques.com/news/article/637-gb-de-jazz-en-free-download-on-vous-aide-a-vous-y-retrouver-dan

    Via le très riche site archive.org, tous les enregistrements de #Niven sont désormais accessibles et #téléchargeables gratuitement. Chacune des 650 « #tapes » disponibles ici ont été #numérisées avec soin et constituent désormais une mine d’or pour les fans d’"early jazz". 1000 heures d’inédits, 637 GB que Niven laisse en héritage.

    Concrètement, chaque bande est soigneusement datée et disséquée titre après titre et la voix de Niven nous présente pour chacune d’elle le line-up complet.

    Au gré des découvertes, on peut entendre une émouvante version du Billie’s Blues de Billie Holiday (tape 6), une superbe interprétation de This is the Thing de Chet Baker de 1964 (tape 7), un enregistrement de 1971 de Thelonious Monk accompagné du génial batteur Art Blakey (tape 5) et un concert de Clifford Brown donné à Paris en 1953 où l’on retrouve Pierre Michelot, inoubliable bassiste d’Ascenceur pour l’échafaud (tape 3).

    Pas moins de 120 bandes consacrées à Duke Ellington nous apprennent également que Niven était certainement un grand admirateur du pianiste new-yorkais. Tout comme il vénérait (et on le comprend) Charlie Parker dont on retiendra cette tape 5 de 1950 à la qualité plus douteuse mais qui témoigne parfaitement de l’ambiance qui régnait à l’époque dans les boîtes de jazz.

    Toute l’histoire du jazz originel se déroule donc dans nos oreilles, du Dixie au Bop en passant par le Jazz New Orleans, le jazz vocal, le Swing et le jazz modal. Beaucoup de grands noms et de standards dans des versions inédites qui raviront les amateurs. On regrettera juste que Niven n’était sans doute pas très sensible à l’avant-garde car à l’époque sévissaient aussi non loin de chez lui Sonny Rollins, John Coltrane, Sun Ra ou Ornette Coleman... Mais c’est une autre histoire.

  • 7月12日のツイート
    http://twilog.org/ChikuwaQ/date-150712

    Top story: Personal Grexits: Should I stay or should I go now? | The Economist www.economist.com/blogs/freeexch…, see more tweetedtimes.com/ChikuwaQ?s=tnp posted at 02:29:16

    Mikiki | パット・メセニー、グラスパーら集結! 野外フェス〈Blue Note JAZZ FESTIVAL in JAPAN〉の出演アクトを観て聴いてチェック | SERIES | JAZZ mikiki.tokyo.jp/articles/-/6930 posted at 00:49:27

    Ornette Coleman and Pat Metheny - ’Song X’ (1986): On Second Thought somethingelsereviews.com/2015/06/12/on-… posted at 00:45:59

  • http://desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/coleman_beauty.mp3

    C’était, je crois, le plus beau concert de ma vie. Une première partie avec le Brass Fantasy de Lester Bowie avait galvanisé la salle du Grand Rex à Paris, énergie folle et festive, du cuivre, encore du cuivre toujours du cuivre et quels cuivres !, au milieu d’eux, Lester Bowie dans son habituelle tenue de laborantin, blouse blanche, petites lunettes, trompette, qui allait bien pouvoir jouer après pareil déluge d’énergie joyeuse et somme toute mélodique après que la douzaine de musiciens se retirent d’une scène archicomble de matériel, de percussions, de pupitres et de perches à microphones ? Oui, qui ?

    Un entracte de très courte durée si l’on juge de la nécessité de ranger tout le foutoir laissé derrière par le Brass Fantasy , et l’installation sur un petit tapis au centre de la scène, les grands rideaux de scène entièrement retirés, une batterie, mais une batterie de peu de choses, la grosse caisse, le charleston, la caisse claire, un petit fût médium, un gros tome et une cymbale crash et c’était bien tout, il y avait déjà un contraste saisissant d’avec la cohue qui avait précédé et dont le souvenir visuel finalement s’estompait dans ce retour à la simplicité.

    Ils sont arrivés, ils étaient quatre, des hommes déjà un peu âgés, pas le grand âge, mais déjà une certaine prestance dans des costumes aux coupes discutables, mais tout à fait le genre d’habits que l’on voit sur les hommes dans les quartiers noirs des grandes villes américains le dimanche matin sur le chemin de la messe. L’un des quatre avait une allure plus juvénile, et portait lui au contraires des vêtements amples et une écharpe, les bras croisés il tenait une manière de trompette de poche, comme d’aucuns tiennent leur cigarette. Le contrebassiste était une homme blanc au physique assez quelconque et était habillé comme n’importe quel informaticien qui sortait du boulot et qui le soir jouait du jazz pour se détendre, il ramassa sa contrebasse couchée sur le petit tapis qu’il partageait avec le batteur, donna deux ou trois tours de clefs plus précis pour l’accord de cette contrebasse, qui droite et debout désormais le rendait, lui, le contrebassiste, petit, presque. Le batteur donnait l’apparence d’un homme assez commun quoique plus souriant que les trois autres, il s’est assis derrière ses fûts comme d’autres se plantent devant leur ordinateur en arrivant au travail le matin, encore qu’à l’époque nous n’étions pas nécessairement très nombreux à nous planter devant un ordinateur en arrivant au bureau. Le patron, parce que qu’on voyait tout de suite que c’était le patron a murmuré deux ou trois instructions à ses coéquipiers, a planté ses deux pieds dans des marques presque, devant le microphone, il a ajusté la bretelle de son saxophone alto à l’apparence matte, pour être, de fait, un saxophone en plastique. Et tout d’un coup, sans crier gare, les quatre dans une simultanéité qui force un peu le respect tout de même, pas des rigolos, ils sont partis plein pot, et ont, deux heures durant, dans cette immobilité des corps, peut-être pas, des pieds en tout cas, joué le plus débridé des jazz.

    Un jazz déconstruit, dont on voyait bien qu’aucun des quatre ignorait les habituels sillons, mais bien au contraire tous les quatre étaient lancés dans un effort collectif de déconstruire tout ce qui aurait pu ressembler, même de très loin, à de l’habitude. Parce que le jazz, ce que l’on appelle le jazz à la papa, et qui représente la quasi entièreté de la production de cette musique, est une affaire terriblement ennuyeuse dans laquelle le plan justement consiste à exposer tutti le thème, puis les solistes se succèdent soutenus dans leurs plus ou moins grandes tentatives d’écart, par la section rythmique, la contrebasse, la poutre, la batterie, les solives annexes et quand il y en a un, le piano, la déco. Une fois sur quatre on laissera une huitaine de mesures au contrebassiste, parfois seulement quatre, pour, au choix, continuer ce qu’il faisait depuis le début, mais cette fois seul, solo, ou, plus audacieux, pas toujours heureux, tout un chacun n’est pas Charlie Haden, justement le type habillé en informaticien qui sort du boulot, étoffer ce qu’il faisait jusqu’à présent dans le but que les autres brillent. Et pour vous dire à quel point tout ceci est convenu, il est attendu que le public montre sa compréhension, de ce qui n’est pourtant pas très mystérieux, en applaudissant quand le témoin passe d’un musicien à l’autre, ce qui, invariablement recouvre entièrement ce qui pourrait être sauvé de cette routine, le passage du thème d’un musicien à l’autre. A vrai dire cette forme a été produite et déclinée, avec une maestria inégalée depuis, par le sextet de Miles Davis dans Kind of blue et dispense d’écouter tout ce qui procède du même mouvement et qui n’a pas, loin s’en faut, la même grâce que cet album admirable. D’ailleurs pour montrer à quel point ces quatre-là d’une part n’ignoraient pas ces us-là, mais avaient surtout décidé de les bousculer, après avoir exposé le thème de The face of the bass , ils se turent tous les trois pour laisser la place au solo de contrebasse habituellement relayé au xième rang d’un concert. On commencerait donc par la contrebasse.

    Et tout dans ce concert était de ce bois-là, une entreprise à la fois savante de déconstruction et à la fois une recensement appliqué des possibles une fois que cette base a été nivelée. Le contrebassiste, informaticien de jour, ne coupait pas ses notes, comme font généralement ses collègues pour donner cet élément qui porte le joli mot de swing, mais qu peut rapidement devenir une dictature, mais, au contraire, ne manquait jamais une occasion de laisser les notes de cordes à vide sonner dans une rondeur tout à fait voluptueuse, un certain Charlie Haden donc. Avec une économie gestuelle très curieuse à voir tant elle était peu synchrone de la musique effectivement jouée, le batteur créait une féerie de rythme, de contre-rythme et surtout une palette remarquable de couleurs, atteignant de ce fait une musicalité souvent étrangère aux batteurs de jazz, un type appelé Billy Higgins, un type qui avait surtout l’air d’être charmant, le trompettiste aux allures de joueur de basket à la ville, à la différence des trois autres arpentait nonchalamment la scène et ponctuait cette promenade de phrases à la fois rapides mais aux notes parfaitement détachées, un chat à la cool répondant au nom de Don Cherry, quant au saxophoniste à l’instrument en plastique et à la sonorité de ce fait sans grande longueur, il compensait remarquablement cette absence de couleurs, manifestement refusée par fuite de la facilité, et compensait donc par une gamme très riche, une manière de système à lui qui s’interdisait de jouer une note si les onze autres de la même gamme n’avaient pas toutes été jouées elles aussi une fois : Ornette Coleman, les deux pieds collés au sol, droit comme un i et d’une folie à la Burroughs, une vraie folie déguisée en absolue normalité.

    Ce sont des années et des années plus tard que retombant sur des galettes de Lester Bowie j’avais ce sentiment étrange de déjà entendu — I have this strange feeling of déjà entendu — pour finalement me souvenir que cela avait été le concert qui précédait le quartet mythique d’Ornette Coleman, lequel avait tout de même réussi à effacer de ma mémoire une aventure de Lester Bowie.

    Et aujourd’hui dans l’espace ouvert pas très ouvert, j’ai appris la mort d’Ornette Coleman, à mon travail, et j’ai dit, soudain fort triste, Oh Ornette Coleman est mort, et mes collègues informaticiens se sont retournés vers moi pour me répondre qui ça ?.

    J’ai répondu l’inventeur du free jazz pour faire court, binaire presque. J’ai attendu d’être seul dans mon garage ce soir pour sortir le vieux Beauty is a rare thing de son coffret, ce morceau qui, déjà du vivant d’Ornette Coleman, me tirait des larmes. Les artistes, les vrais, sont également très rares. Nous venons d’en perdre un.

  • Charlie Haden, Influential Jazz Bassist, Is Dead at 76 - NYTimes.com
    http://www.nytimes.com/2014/07/12/arts/music/charlie-haden-influential-jazz-bassist-is-dead-at-76.html?emc=edit_th_20140

    Un grand du jazz qui disparaît. Les nécros du NYT ne sont pas les plus fougueuses du monde, mais celle-ci rend bien l’importance de Charlie Haden : un point de repère, tant pour les free sax et trompettes des années 60 que pour la relation entre la musique et l’esprit des temps, notamment avec ses fabuleux « Liberation music orchestra ».

    His jazz career crossed seven decades, with barely a moment of obscurity. He was in his early 20s in 1959, when, as a member of the Ornette Coleman Quartet, he helped set off a seismic disruption in jazz. Mr. Coleman, an alto saxophonist, had been developing a brazen, polytonal approach to improvisation — it would come to be known as free jazz — and in his band, which had no chordal instrument, Mr. Haden served as anchor and pivot. Mr. Coleman’s clarion cry, often entangled with that of the trumpeter Don Cherry, grabbed much of the attention, but Mr. Haden’s playing was just as crucial, for its feeling of unerring rightness in the face of an apparent ruckus.

    The Liberation Music Orchestra, which released its debut album in 1969, was Mr. Haden’s large ensemble, and an expression of his left-leaning political ideals. The band, featuring compositions and arrangements by the pianist Carla Bley, mingled avant-garde wildness with the earnest immediacy of Latin American folk songs. Mr. Haden released each of the band’s four studio albums during Republican administrations; the most recent, in 2005, was “Not in Our Name,” a response to the war in Iraq.