person:pierre arnaud

  • Je débarque sans doute mais je viens de trouver les archives de la revue "Quasimodo" et c’est passionant :
    http://www.revue-quasimodo.org/Index.htm


    La revue Quasimodo pluridisciplinaire, paraît en France depuis 1996 à raison d’un numéro par an, et publie des volumes thématiques autour de l’analyse socio-politique du corps.
    Description
    La revue propose une analyse des politiques du corps à travers des contributions de chercheurs de différentes disciplines (philosophes, historiens, journalistes, psychologues ou sociologues). Il s’agit d’étudier comment s’effectue l’incorporation des normes, valeurs et idéologies dominantes ; les inégalités corporelles (face à la santé, à la mort, au sexe, etc.) ; l’étude des institutions et des rites de modelage du corps.

    "A propos de Quasimodo

    Sylvain marcelli, L’interdit

    Comment percevons-nous notre propre corps ? Le corps de l’autre est-il fondamentalement différent ? Ces questions, d’ordre esthétique, ont une dimension excessivement politique : le corps de l’autre renvoyé à une étrangeté fondamentale est souvent prétexte à la discrimination et au rejet. Or, la perception de cette différence n’est pas un phénomène aussi naturel qu’on voudrait le penser. Le bizarre, c’est toujours l’autre, le normal c’est toujours soi. Et pourtant nous sommes aussi différents de lui que lui de nous… Donc bizarre nous le sommes aussi pour l’autre.

    La bien nommée revue Quasimodo s’intéresse depuis octobre 1996 à ces questions. « L’Autre corporellement différent, écrivent ses promoteurs, porteur d’une différence anatomique réelle ou imaginaire, est un Quasimodo potentiel. Il fait affront au corps légitime et engendre des entreprises visant à le remettre d’aplomb, à le rendre conforme, ou encore à le contenir, l’écarter ou l’éradiquer. Et c’est ainsi que s’exerce sur les corps un pouvoir invisible ou, pour le dire autrement, que fonctionne le désir de conformité. » Dans ses premières livraisons (toujours denses et passionnantes, à raison d’un numéro par an), Quasimodo s’est plus particulièrement intéressé aux représentations et aux pratiques des corps dans le milieu sportif (distingué pour son « virilisme »), dans la prison (« corps incarcérés »), dans un art subversif (« art à contre corps »). Le dernier numéro, particulièrement consistant (près de 250 pages), est consacré aux « fictions de l’étranger ». Il s’ouvre sur une histoire de la représentation des corps hutus et tutsis au Rwanda, avant et pendant le génocide. Il se referme tout aussi judicieusement sur « quelques remarques à propos de la représentation du corps chez les personnes atteintes du VIH »."

    Textes à télécharger
    http://www.revue-quasimodo.org/Quasimodo%20-%20Textes-PDF.htm
    Textes sur le corps :

    Frédéric Baillette, « Figures de l’âme et anatomie politique du corps » (1,3Mo)
    « La reconnaissance de l’intimité de l’homme, des profondeurs de sa personnalité, de son épaisseur, de ses élucubrations internes, s’est très longtemps appuyée, et s’appuie encore, sur le décryptage de son apparence physique. Empiriquement, puis "scientifiquement", s’est ainsi constituée une grille de lecture des reliefs du corps, de ses équilibres, de ses dysharmonies, des défectuosités physiques, des marques et des traces (tatouages, blessures, couleurs de peau, etc.) capable de repérer, en surface, les signes de la normalité (conformité) de l’âme ou de sa monstruosité (déviance). […] »
    Ce texte a été publié dans la revue Galaxie Anthropologique, n° 1 (« Transversalités »), avril 1992, p. 48-56.

    Frédéric Baillette, « Chronique des années glabres » (1,2Mo)
    « Un mouvement de fond bannit les poils de la sphère sportive. La plupart des champions optent désormais pour la coupe militaire. Aujourd’hui, le corps du sportif se veut arme de guerre. Le montage musculaire doit être impeccablement aiguisé, profilé, affûté pour "la gagne". Lorsque les victoires se jouent au cheveu près, le poil n’est plus compétitif. […] »
    Publié dans la revue Sport et Vie (n° 87, novembre-décembre 2004, Bruxelles, p. 46-53), ce texte s’intéresse aux rapports qu’entretiennent les sportifs avec leurs pilosités.

    Textes sur le sport :

    Frédéric Baillette, « Malleus athleticorum. Transes, extases et possessions sportives » (800Ko)
    « "D’ailleurs un stade, c’est une église. Il y a des correspondances, des rites semblables", constate Monseigneur Gaillot, expert en liturgies ecclésiastiques, […] ; une église, avec ses milliards de fidèles, son catéchisme, ses lieux de prières, ses temples, ses chemins de croix, ses calvaires ; une religion avec ses miracles, ses superstitions et sa pensée magique, ses hérétiques (les anti-sportifs), avec ses Dieux, ou ses demi-dieux, ses mystiques, ses croisés (les "Athlètes du Christ"), ses pénitents (les "durs au mal" !), et aussi, semble-t-il, ses possédés. […] »
    Ce texte a été initialement publié dans la revue Galaxie Anthropologique, n° 4-5 (« Possessions. Fantasmes, mythes et ravissements »), août 1993, p. 98-105. Puis réédité dans Quel Corps ?, Critique de la modernité sportive, Montreuil, Les Éditions de la Passion, 1995, p. 205-219.

    Frédéric Baillette, « L’entraînement sportif et ses efficacités meurtrières » (260Ko)
    « Selon une étude réalisée en 1985-1986 et portant sur 1043 sportifs victimes d’un accident, traumatismes francs ou microtraumatismes, lors de leur pratique sportive (football, rugby, tennis, athlétisme, cyclisme), 51% des lésions se produisent à l’entraînement. Un pourcentage qui atteint 74% chez les sportifs de haut niveau. Ainsi, chez cette population à risques, « 2 fois sur 3 l’accident survient à l’entraînement » ! Ces blessures, hors des compétitions proprement dites, vont de la « banale » tendinite jusqu’à l’accident meurtrier. […] »
    Ce texte a été publié sous le titre « À la vie, à la mort », dans la revue Autrement, Série « Sciences en société », n° 4 ( Le corps surnaturé. Les sports entre science et conscience »), avril 1992, p. 123-135.

    Frédéric Baillette, « Mourir in extremis » (490Ko)
    « Qu’elle survienne au coeur ou en marge de l’exploit, la mort de "l’explorateur de l’extrême", du "sportif de l’impensable", ce "nouvel aventurier", défricheur de l’impossible, est toujours prématurée, injuste, choquante, voire hérétique. Elle jette un froid dans le feu de l’action, elle gâche le spectacle, dérange en rompant brutalement une trajectoire de vie pleine, intense, en brisant une asymptote de jeunesse. […] La course à l’extrême, au dépassement de la limite de la limite, est une injonction à la vie, une vie rapide, exubérante, exemplaire, écumante de santé. La mort sportive est donc toujours incongrue, paradoxale. […] »
    Ce texte a été initialement publié dans la revue Quel Corps ?, n° 38-39 (« Une Galaxie Anthropologique »), octobre 1989, p. 288-295. Puis réédité dans Quel Corps ?, Critique de la modernité sportive, Montreuil, Les Éditions de la Passion, 1995, p. 321-331.

    Frédéric Baillette, « Le sport de compétition devrait être banni des pays civilisés » (2,1Mo)
    « En 1983, The Journal of American Medical Association publiait plusieurs articles et études sur les violences et les traumatismes liés à la pratique de la boxe. L’un des auteurs, G.D. Lundberg intitulait sa contribution : "Boxing should be banned in civilized countries". Il estimait que la boxe devait être interdite dans les pays civilisés pour des raisons morales, éthiques et médicales. Si j’ai paraphrasé ce titre, provocateur mais juste, c’est que pour ces mêmes raisons - auxquelles s’ajoutent des motifs économiques et politiques - je dénonce le sport de compétition, ses méfaits et ses tares congénitales. […] »
    Ce texte a été publié dans Jean-Pierre De Modenard, Drogues et dopages, Paris, Éditions Chiron, 1987, p. 277-312.

    Frédéric Baillette, « Larmes de crocodile et épanchements d’hémoglobine » (1,4Mo)
    « Dimanche 9 mars 1986, la télévision s’est (une fois de plus) repue des spectaculaires "gamelles" de deux sauteurs à ski à Bad Mitterndorf (Autriche) : pantins désarticulés se fracassant au sol, corps disloqués, glissant évanouis, gisant inertes en bout de piste, puis évacués sans ménagement, à la manière des taureaux mortellement touchés. Catapultés à près de 110 km/h, avec pour aire de réception un sol glacé, le grand saut ne pardonne pas la "faute technique". Peu de journaux se sont fait l’écho de ces sportifs abattus en plein vol pour le seul plaisir de battre un record et de dépasser les limites humaines. […] »
    Ce texte a été publié dans la revue Quel Corps ?, n° 30-31 (« Sociologies du sport »), juin 1986, p. 84-105.

    Frédéric Baillette, « Révoltes sociales et orthopédie sportive (sport et normalisation de la déviance) » (800Ko)
    « Dans ses premières réglementations, l’exercice physique a été envisagé comme moyen d’enrayer, puis de contrôler, les débordements d’hostilité au pouvoir. […] La première tâche de l’institution sportive est d’assurer la protection de la jeunesse, tout en organisant son "épanouissement". Le sport doit répondre au besoin de liberté, de récréation, de mouvement et d’émancipation de l’adolescent au sein de structures contrôlées, policées : les clubs sportifs, permettant ainsi d’échapper aux "nocivités" de la rue. […] »
    Ce texte a été publié dans Quel Corps ?, n° 28-29 ("Sport et modernité"), décembre 1985, p. 83-95.

    Textes critiques sur l’Éducation Physique et Sportive :

    Frédéric Baillette, « Les dix commandements de la critique radicale ! » (820Ko)
    « La critique radicale est le fer de lance de la pensée subversive, elle est l’aiguillon qui ranime les intelligences anesthésiées, les esprits moribonds. Elle est le cocktail Molotov des empêcheurs de penser en rond, le "missile théorique" (Marx) de ceux qui s’attaquent à la pensée en circuit fermé, cette pensée qui se décompose dans la tiédeur des laboratoires "labellisés", estampillés "habilités" et des colloques pasteurisés. La critique radicale combat les hygiénistes de la pensée, tous les eugénistes de la bonne parole et autres "orthoépistes" de la pensée calibrée. […] »
    Ce texte a été publié dans Frédéric Baillette et Jean-Marie Brohm (sous la direction de), Traité critique d’Éducation Physique et Sportive, Montpellier, Éditions Quel Corps ?, 1994, p. 10-18.

    Frédéric Baillette, « Les agrégés au pays des merveilles. Imaginaires et croyances en Magic Didactic » (740Ko)
    « Il était une fois un pays fantastique, composé de territoires bien réels, de provinces imaginaires et d’étendues fantasmatiques. Ce pays constituait une bien étrange mosaïque avec des contrées grouillantes de zombies, des oasis enchanteresses, des parcs d’attractions et bon nombre de zones cauchemardesques. On y devinait des domaines totalement inexplorés, des dimensions négligées, des expériences complètement passées sous silence. Dans ce pays, il y avait des bâtisses délabrées et lugubres, et quelques opulentes cavernes. Il y avait aussi beaucoup de mirages, d’illusions et d’épouvante […] »
    Ce texte a été publié dans Frédéric Baillette et Jean-Marie Brohm (sous la direction de), Traité critique d’Éducation Physique et Sportive, Montpellier, Éditions Quel Corps ?, 1994, p. 129-137.

    Frédéric Baillette, « La vampirisation sportive de l’EPS : morsures pestilentielles et flétrissures indélébiles » (1,5Mo)
    « L’Éducation Physique et Sportive est aujourd’hui entrée dans une phase intensive de culturisme didactique. Le "traitement didactique" est devenu le doping, le stimulant de choix d’une profession qui cherche à se renforcer et à se cuirasser […] pour mieux imposer et défendre sa présence dans l’institution scolaire. […] »
    Ce texte a été publié dans Frédéric Baillette et Jean-Marie Brohm (sous la direction de), Traité critique d’Éducation Physique et Sportive, Montpellier, Éditions Quel Corps ?, 1994, p. 155-171.

    Philippe Liotard, « Comment on écrit l’histoire de l’EPS... Ou comment on la raconte aux profs de gym ! » 840Ko)
    « Lors d’un récent stage de préparation aux épreuves écrites de l’agrégation interne d’Éducation Physique et Sportive (EPS), nous avons été confronté à une curieuse uniformisation des références et des discours par les candidats dans leur devoir. Ce constat pourrait ne pas présenter de réelle surprise, compte tenu de la régularité avec laquelle nous avons déjà enregistré ce phénomène. Pourtant, pour la première fois, l’uniformisation provenait d’une référence quasi exclusive aux écrits de Claude Pineau, Inspecteur Général de l’Éducation Nationale, Doyen du groupe EPS . […] »
    Ce texte a été publié dans Frédéric Baillette et Jean-Marie Brohm (sous la direction de), Traité critique d’Éducation Physique et Sportive, Montpellier, Éditions Quel Corps ?, 1994, p. 93-101.

    Frédéric Baillette, « On ne civilisera jamais les yétis » (350Ko)
    Texte publié dans Dossiers EPS, n° 15 (« L’éducation physique au XXème siècle en France », sous la direction de Bernard Xavier René), Paris, Éditions revue EPS, 1992, p. 200-212.
    « Les commanditaires de cet ouvrage attendaient de nous une sorte de généalogie de la critique du sport, ils demandaient d’en repérer les prémisses, d’en identifier les ancêtres les précurseurs) et d’en saisir les filiations. Comme si ceux qui aujourd’hui dénoncent les méfaits et exactions de l’institution sportive étaient les mieux placés pour faire l’archéologie des différentes "critiques" qui ont jalonné l’histoire du sport. On ne pouvait interpréter cette demande d’exhumation de cadavres autrement que comme une manière déguisée de dire (ou pire de faire dire) que depuis fort longtemps (bien avant la théorie marxiste critique du sport), les méfaits impérialistes du sport avaient déclenché de très vives réactions et suscité de violentes dénonciations. Finalement "les Brohm" n’auraient rien inventé, ils ne serviraient que du réchauffé. […] »

    Textes publiés dans et par la revue Quasimodo :

    Quasimodo n° 1 – « Sport et nationalisme » - (épuisé)

    Esméralda « Quasimodo, mon amour... » (120Ko)
    Philippe Liotard « Questions pour des champions. Projet d’étude des symboliques sportives » (80Ko)
    Gunter Gebauer « Le nouveau nationalisme sportif » (110Ko)
    Frédéric Baillette « Les arrières-pensées réactionnaires du sport » (130Ko)
    Slavko Mihaljcek « Le football comme vecteur de violence, comme support de symbolique xénophobe » (20Ko)
    Ignacio Ramonet « Passions nationales » (80Ko)

    Quasimodo n° 2 – « Corps incarcérés » - Acheter ce numéro

    Philippe Liotard « L’envol du Hibou » (60Ko)
    Esméralda « Libérez Quasimodo ! » (250Ko)
    Daniel Welzer-Lang « Penser les sexualités en Prison » (80Ko)
    Daniel Welzer-Lang, Lilian Mathieu, Michaël Faure « Effets de l’incarcération sur le corps et l’estime de soi » (80Ko)
    Catherine Erhel « Alerte au suicide dans les prisons » (50Ko)
    Charles Benqué « La prison, la fiole » (30Ko)
    Raphaël de Gubernatis « La Danse s’ouvre aux prisons » (70Ko)
    Frédéric Baillette « Corps reclus, corps torturés » (260Ko)
    Serge Hefez « La lutte contre le SIDA n’entre pas en prison » (60Ko)
    Michel Foucault « Vous êtes dangereux » (60Ko)

    Quasimodo n° 3-4 – « Nationalismes sportifs » - Acheter ce numéro (15 €)

    Quasimodo « Cocoricoteries » (introduction au numéro) (180Ko)
    Philippe Liotard « Le sport aux secours des imaginaires nationaux » (290Ko)
    Yves Le Pogam « Passions sportives, identité et modernité » (280Ko)
    Daniel Denis « La revanche des dominés. Le sport allégorie des nations en mouvement » (350Ko)
    Marc Perelman « La fureur du spectacle sportif » (340Ko)
    Lionel et Pierre Arnaud « Les premiers boycottages de l’histoire du sport » (350Ko)
    Sorin Antohi « De l’État-nation à l’État-parti roumain. Le sport instrument de conscience nationale » (240Ko)
    Bernadette Deville-Danthu « Le sport support de l’idée de nation » (140Ko)
    Serge Govaert « L’hymne national belge fait-il encore frissonner ? » (140Ko)
    Youssef Fatès « Les marqueurs du nationalisme des clubs sportifs musulmans dans l’Algérie coloniale » (180Ko)
    Frédéric Baillette « Racisme et nationalismes sportifs. Le Front National et le sport » (200Ko)
    Patrick Tort « Une argumentation efficace contre le racisme » (90Ko)
    Philippe Liotard « Éducation physique et imaginaire de décadence » (80Ko)
    Fabrice Auger « Sport, culture physique et fascisme » (160Ko)
    Jean-Michel Barreau « Les "nationaux" et l’école dans l’entre-deux guerres. Le "Vichy d’avant Vichy" » (150Ko)

    Quasimodo n° 5 – « Art à contre-corps » - (épuisé)

    Frédéric Baillette « À contre-corps » (300Ko)
    Vincent Breye « Corps mutilés, société dévastée. Témoignages picturaux » (460Ko)
    Didier Herlem « Polarité des sexes, racialité des corps » (260Ko)
    Frédéric Baillette et Philippe Liotard « Résistances artistiques » (770Ko)
    Ian Geay « Montrez ce corps que je ne saurais voir » (280Ko)
    Otto Mühl (entretien de Daniele Roussel) « L’objet de l’action » (520Ko)
    Michel Onfray (entretien de Daniele Roussel) « La Révolution viennoise. L’actionnisme radical » (870Ko)
    François Py « Les pièges du corps » (380Ko)
    Quasimodo « Dénicher l’imposture » (740Ko)
    Emmanuel Grez « Mon oeil. regard masculin sur quelques liens entre art et féminisme » (780Ko)
    Sylvie Léonard « Le corps du délit » (250Ko)
    Esméralda « Orlan et l’élucidation de la chair » (800Ko)
    Orlan « Surtout pas sage comme une image... » (640Ko)
    Jérôme Maigret et Cécile Perchet « Oh Chris, my hero !... L’expérimentation du corps par Chris Burden » (520Ko)
    Made in Éric (entretien de Laurent Goumarre) « Le corps-objet, ou la victoire de la pensée » (30Ko)
    Stelarc (entretien de Jacques Donguy) « Le corps obsolète » (180Ko)
    Teresa Macri « Les rictus de l’homme-machine. Marcel.li Antùnez Roca » (200Ko)
    Philippe Liotard « Bob Flanagan : ça fait du bien où ça fait mal » (890Ko)
    Bob Flanagan « Why » (80Ko)
    Esméralda et Quasimodo « Croquer la mort, saisir le vif » (1,1Mo)
    Stéphane Napoli « Pouvoirs de La Morgue » (160Ko)
    Pierre Gringoire « Culture-fiction » (520Ko)

    Quasimodo n° 6 – « Fictions de l’étranger » - Acheter ce numéro (15 €)

    Frédéric Baillette « Figures du corps, ethnicité et génocide au Rwanda » (770Ko)
    Jean-Paul Gouteux « Les soutiens européens à l’ethnisme » (430Ko)
    David Le Breton « Notes sur les imaginaires racistes du corps » (390Ko)
    Philippe Liotard « Fictions de l’étranger : le corps soupçonné » (860Ko)
    Sander L. Gilman « Les Juifs sont-ils des Blancs ? De la chirurgie nasale » (670Ko)
    Fethi Benslama « Le naturel et l’étranger » (370Ko)
    Emmanuel Grez « L’intolérable alibi culturel. L’excision et ses bonnes excuses » (420Ko)
    Sarah D’Haeyer « États d’âme d’une blanche au Mexique » (350Ko)
    Esmeralda « United colors of "France qui gagne" » (980Ko)
    Guy Hocquenghem « Passion de l’étranger » (80Ko)
    Gilles Boëtsch « Le morphotype de l’altérité. La construction du corps de l’indigène dans l’illustration populaire » (650Ko)
    Pascal Blanchard et Éric Deroo « Du Sauvage au Bon Noir » (360Ko)
    Sylvie Léonard « Le désir cannibale » (390Ko)
    Lydie Pearl « Économie sans frontière et monnaie de sang » (Michel Journiac) (660Ko)
    Ian Geay « Dracula, l’exclusion sanglante » (490Ko)
    Didier Herlem « Homme et femme, étrangers l’un à l’autre ? » (530Ko)
    Christelle Taraud « La prostituée indigène à l’époque coloniale » (460Ko)
    Manuela Vicente « Du rejet à la fascination. Variation contemporaine sur le thème de l’ "étranger" gitan » (520Mo)
    Séverine Mathieu « Ce corps étranger. Représentation du corps chez les personnes atteintes du VIH » (300Ko)

    Quasimodo n° 7 – « Modifications corporelles » - (épuisé)

    Philippe Liotard « Corps en kit » (590Ko)
    Philippe Liotard « Le poinçon, la lame et le feu : la chair ciselée » (620Ko)
    Rachel Reckinger « Automutilation révoltée ou expression culturelle ? Le cas du body piercing à Rome » (950Ko)
    Frédéric Baillette « Inscriptions tégumentaires de la loi » (800Ko)
    David Le Breton « L’incision dans la chair : marques et douleurs pour exister » (970Ko)
    Prune Chanay « Becker le marqué » (450Ko)
    Ron Athey (entretien avec Philippe Liotard) « L’encre et le métal » (440Ko)
    Frédéric Baillette « Organisations pileuses et positions politiques » (750Ko)
    Ian Geay « Voyous de velours. Dégaine et masculinité chez les skinheads à la fin des années soixante » (240Ko)
    Loïc Wacquant « Chicago fade. Le corps du sociologue en scène » (320Ko)
    Loïc Wacquant « La fabrique de la cogne. Capital corporel et travail corporel chez les boxeurs professionnels » (930Ko)
    Stéphane Proïa « Destin du corps dans la cité : Narcisse aux deux visages » (540Ko)
    Maxence Grugier « L’utopie cyborg. Réinvention de l’humain dans un futur sur-technologique » (750Ko)
    Esméralda et Maxence Grugier « Modifications corporelles technologiques. Petit panorama de la recherche contemporaine » (600Ko)
    Stelarc « La troisième oreille » (150Ko)
    Bruno Rouers « Une vision chimérique du corps : la xénogreffe » (700Ko)
    Anne Marcellini « Réparation des corps "anormaux" et des handicaps. Nouvelles biotechnologies et vieux débats ? » (720Ko)
    Txiki « Size acceptance. Pour l’acceptation des "gros" » (300Mo)
    Marie Jean-Bernard Moles « La fluctuation des genres plutôt que la bifurcation des sexes » (770Ko)
    Philippe Liotard « Sexe à la carte. De l’embellissement à l’effacement » (800Ko)
    Roland Villeneuve « Autour du corps asservi » (490Ko)
    Véronique Poutrain « Modifications corporelles et sadomasochisme » (450Ko)
    La Esméralda « Emplette bibliographiques » (320Ko)

    Quasimodo n°8– « Corps en guerre. tome 1 » - Acheter ce numéro (15 €)

    Frédéric Baillette « Du traitement des objectifs mous dans l’art de la guerre » (1,2Mo)
    Philippe Mesnard « Les victimes en partage. Approche du sens de la violence contemporaine à partir de la représentation des victimes » (960Ko)
    Laurent Gervereau « La guerre n’est pas faite pour les images » (730Ko)
    Frédéric Baillette « Incursions chez les petits tueurs infatigables » (1,3Mo)
    Olivier Grojean « Les formes ultimes d’engagement du corps » (530Ko)
    Renan Larue « Guerrier traqué, guerrier sacrifié. Aperçu sur les représentations de la mise à mort des bêtes dans l’imaginaire guerrier des Anciens » (420Ko)
    Catherine Coquio « Violence sacrificielle et violence génocidaire » (930Ko)
    La Esméralda « Bestialisation et déshumanisation des ennemis » (600Ko)
    Jean-yves Le Naour « La "Honte noire". La haine raciale des Allemands à l’encontre des troupes coloniales de l’armée française (1914-1940) » (450Ko)
    Jean-Yves Le Naour « "Bouffer du Boche". Animalisation, scatologie et cannibalisme dans la carricature française de la Grande Guerre » (500Ko)

    Quasimodo n°9– « Corps en guerre. tome 2 » - Acheter ce numéro (15 €)

    Frédéric Baillette « Stratégies de la cruauté. Figures de la mort qui rôde » (1,5Mo)
    Luc Capdevillla et Danièle Voldman « Les dépouilles de l’ennemi entre hommage et outrage » (730Ko)
    Thierry Hardier et Jean-François Jagielski « Le corps des disparus durant la Grande Guerre : l’impossible deuil » (1Mo)
    Martine Lefeuvre-Déotte « La mort dissoute. Un cas : l’Argentine » (550Ko)
    Georges Yoram Federmann « L’horreur de la médecine nazie. Struthof, 1943 : qui se souviendra de Menachem Taffel ? » (500Ko)
    Didier Herlem « Ein gesunder Volkskörper. L’obsession d’un "corps social sain" comme condition préalable et permanente de la guerre totale sous le IIIème Reich (1933-1945) » (1,1Mo)
    Sidi Mohammed Barkat « Corps et État. Nouvelles notes sur le 17 octobre 1961 » (330Ko)
    Pierre Tévanian « Le "corps d’exception" et ses métamorphoses. Réflexions sur le construction et la destruction de "l’immigré" et du "jeune" issu de l’immigration coloniale et post-coloniale » (550Ko)
    Stéphanie Latte Abdallah « Notes sur quelques figures récurrentes du corps et du genre dans les guerres de Palestine (460Ko)
    Karima Guenivet « Femmes, les nouveaux champs de bataille » (590Ko)
    La Esméralda « Emplettes bibliographiques » (300Ko)

    Quasimodo hors-série - Sport et virilisme - Acheter cet ouvrage (10 €)

    Sommaire
    « Sport et virilisme » (introduction) (90Ko)
    1ère Partie : Le corps sportif ou le devenir mâle
    Frédéric Bailllette « Les femmes au service du sport » (200Ko)
    Frédéric Baillette « Éloge de la masculinité » (240Ko)
    Frédéric Baillette « La mâle donne » (190Ko)
    2ème Partie : Violences sexuelles et emprise sportive
    Philippe Liotard « Un procès fondateur » (120Ko)
    Philippe Liotard « Des violences sexuelles dans le sport » (250Ko)
    Richard Montaignac « Les vaches qui rient » (140Ko)
    Marie-Victoire Louis « Violences sexuelles et sexistes : tout reste à faire » (240Ko)
    Clémence « Un entraîneur très attentionné » (130Ko)
    Philippe Liotard « L’entraîneur, l’emprise » (200Ko)
    Julia Voznescenskaya « Le Décameron des femmes » (140Ko)
    Catherine Moyon de Baecque « Témoignage » (100Ko)
    Frédéric Baillette & Philippe Liotard « Construction sportive de la domination » (130Ko)

  • #Jeux_olympiques, histoire et politique : « Le sport divise plus souvent qu’il unit ! »
    http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2016/08/05/31003-20160805ARTFIG00286-jeux-olympiques-histoire-et-politique-le-sport-di

    Pour l’ouverture des Jeux olympiques de Rio, l’historien du sport Pierre Arnaud a accordé un entretien fleuve au FigaroVox. Loin de l’esprit de Coubertin, l’olympisme est selon lui gangrené par la corruption et les luttes politiques.

  • Libération des ondes, par les ondes

    Il y a 70 ans, ça canardait dans les rues de Paris, écrit @thbaumg qui reproduit sur un autre réseau un témoignage de 1944 jamais publié, d’un homme de #radio disparu en 2013, Pierre Arnaud, alias « PIerre-Arnaud de Chassy-Poulay » qui travaillait alors avec Pierre Schaeffer et les équipes du Studio d’Essai. Il raconte comment ils ont préparé la libération des ondes et accompagné par la radio les combats de la #Libération de Paris :

    Début 1944, je fus officiellement embrigadé avec les autres dans l’activité clandestine de notre équipe qui allait assurer la libération de la Radio (c’est ce qu’écrit le certificat que m’a envoyé Résistance-PTT notant la date de début mars 1944, trois mois avant le débarquement).

    Jean-Louis, un ingénieur du son responsable technique du Studio d’Essai, m’avait convoqué un jour pour me dire : « Tu sais que nous préparons la Libération et que tous nous travaillons depuis déjà assez longtemps pour la #Résistance. Si personne ne te l’a dit officiellement, je suis chargé aujourd’hui de te l’apprendre ! Bien sûr je ne te parlerais pas de tout cela s’il n’était pas indispensable que tu acceptes le petit risque que je vais te proposer de prendre. Nous devons installer ici un émetteur qui diffusera les premières émissions de la Radio au moment de la Libération. Il ne peut pas être question de l’installer dans l’hôtel particulier, ce serait trop dangereux. Alors on va te demander de louer une seconde chambre de bonne près de la tienne au fond du couloir. On s’est arrangé pour en obtenir l’usage. On y installera l’émetteur ce qui permettra de mettre l’antenne sur le toit, cachée par les cheminées. Comme il faut l’alimenter en courant, je me suis mis en rapport avec l’équipe clandestine de notre compagnie d’électricité. Le fil montera le long de l’immeuble jusqu’à tes deux chambres, paraissant alimenter la tienne. En effet, en te fournissant le courant, sous prétexte que tu es employé ici, cela servira d’alibi et personne n’imaginera que le câble va plus loin. En échange, tu vas bénéficier de la fourniture gratuite de courant qui te permettra de te chauffer et de faire ta cuisine et tu ne connaîtras par les coupures de courant car tu seras branché sur le réseau prioritaire des hôpitaux... et des services allemands ! D’accord ? »

    Vous comprenez maintenant le double sens pour moi du mot « résistance », qui s’applique aussi au seul accessoire que je me suis empressé d’acheter : un réchaud avec un seul rond — c’était suffisant pour faire cuire les nouilles, quand il y en avait !

    L’émetteur fut installé avec peine, en raison de son poids et des difficultés de l’escalier en colimaçon. Il sera déménagé dans les derniers jours avant la Libération pour rejoindre le 107 rue de Grenelle. Un de nos techniciens, André Papiau, ayant été capturé par les Allemands, on ne pouvait pas prendre le risque d’aveux extorqués par la force, qui auraient pu compromettre toute notre équipe et les projets accompagnant la Libération attendue.

    Je passe rapidement sur le déménagement par nos soins de l’émetteur clandestin, sur la charrette du bougnat auvergnat voisin, afin d’éviter qu’il soit repris par les Allemands, à qui un autre groupe d’action l’avait subtilisé. Après que nous l’eûmes descendu à grands efforts dans l’escalier, pas plus accueillant à la descente qu’à la montée, je l’ai à moitié dissimulé par mon imperméable, jeté dessus. C’était dans les jours précédant la Libération.

    L’émetteur, lourd comme un bœuf charolais, faisait plier les roues de la charrette. Lors de la traversée du Boulevard St Germain désert, le canon d’un char allemand tirait, on ne sait trop pourquoi, ni sur qui, depuis le Palais Bourbon dans l’enfilade du boulevard. Notre charroi était très lourd et nous ne pouvions pas accélérer. Après quelques minutes de palabres, nous nous sommes aperçu que le canon tirait régulièrement et qu’entre deux tirs, en quittant la rue de Villersexel, nous avions juste le temps de passer vers la rue de Grenelle. Le prochain tir nous fit partir comme au stade et le coup suivant ne fut tiré qu’après que nous ayons fait notre meilleur temps dans notre rythme, plus proche de l’escargot que celui de la gazelle. Nous avons démarré les émissions sur cet émetteur, cinq jours avant la Libération, ayant misé sur le fait que certains services annexes allemands commençaient à déménager et que les appareils de repérage goniométriques devaient avoir quitté Paris.

    La #révolte était commencée, sporadiquement, dans les rues, et m’étant installé au standard de notre studio, j’appelais au téléphone tous mes amis dans chaque quartier de Paris. Chaque fois que l’un d’eux me signalait une barricade, une contre-attaque de quelques militaires allemands ou quelque autre incident, j’appuyais sur un bouton qui branchait directement sur l’antenne le micro placé devant moi, et je transmettais le récit de mon correspondant.

    Nous avons diffusé l’appel aux armes et fait sonner les cloches dans la nuit qui a précédé l’arrivée du char de Leclerc devant l’Hôtel de Ville. Par téléphone, le journaliste Pierre Crénesse, qui avait rejoint notre équipe depuis quelques semaines et le comédien Pierre Asso ont raconté en direct sur l’antenne depuis le bistrot voisin les événements glorieux de ces jours.

    Le 25 août 1944, nous étions libres enfin, comme déjà une bonne partie de la France, mais pour ce qui nous concerne nous conservions de nombreuses occupations - au pluriel cette fois-ci !

    Dès le 26 ou 27 août, nous avons pris possession de l’appartement du Comte de La Palme, propriétaire de l’immeuble et de notre hôtel particulier, qui avait quitté les lieux sans doute pour se réfugier dans sa campagne, car nous étions en août. Nous nous sommes donc installés dans ses meubles et dans le salon salle à manger, je recevais à la porte ceux qui venaient de débarquer de Londres : dont les fameux « Français qui parlaient aux français » avec, entre autres, Jean Marin et Jean Oberlé.

    Je me souviens également du passage de Darryl Zanuck. Le producteur de cinéma Hollywoodien était en uniforme de colonel de l’armée américaine. Il venait nous dire que, président d’un chaîne de Radio dans son pays, il avait amené avec lui le premier émetteur qu’il destinait à lancer les activités de la radio privée en France libérée : « Vous m’avez battu, dit-il, en démarrant cinq jours avant notre arrivée », et il fit cadeau à la Radio de l’émetteur qui le suivait dans ses bagages. Il me donna personnellement une curieuse boîte ressemblant un peu aux futurs postes de radio portables mais en fait, à rien de ce qui existait à l’époque. Il y avait dessus une curieuse bobine de fil de fer. J’ai posé la mystérieuse boîte dans un coin et l’ai oubliée. Il faut dire que nous étions sur-occupés, car nous devions assurer les seules émissions existantes en français. En même temps, nous recevions des centaines de personnes et devions remettre sur pied la grande machine. Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris que la boîte était un magnétophone sur fil ! Et dire que quatre ans après, j’allais fonder la première société au monde d’édition sur bande magnétique...

    Les « mondanités » ou opérations d’exception qui se déroulaient dans l’appartement de notre propriétaire ne réduisaient pas pour autant, on s’en doute, les activités de l’hôtel particulier et des studios. C’est d’ailleurs en raison de l’afflux de nouvelles personnes et du nombre d’émissions qui se succédaient que Pierre Schaeffer n’avait pas pu rester dans son bureau, plein du matin au soir comme un métro aux heures de pointe, et qu’il recevait dans le salon du Comte de La Palme.

    Deux histoires un peu amusantes, je l’espère, vont récompenser ceux qui ne trouveront que peu d’intérêt à la description rapide d’une partie des coulisses de cette période cruciale. La première concerne les nouveaux #journalistes qu’il était nécessaire d’engager pour le journal parlé. Il était impossible en effet de conserver ceux qui avaient accepté de travailler sous l’occupant et n’avaient, pour la plupart, jamais hésité à suivre leurs instructions. Je me souviens avoir remis leurs contrats, dans le couloir du bureau, et demandé de le signer, à plusieurs nouveaux journalistes qui venaient d’être engagés. D’après un formulaire que m’avait donné l’administrateur, je les avais préparés, Renée Djabri les tapait, et dès que la personne en question se présentait, je lui faisait lire le papier qu’il signait sur un coin de table, avant d’aller immédiatement se mettre au travail. Sont ainsi passés « entre mes mains » un certain nombre de gens dont les noms sont bien connus de mes contemporains : Pierre Dumayet et Pierre Desgraupes, Pierre Sabbagh, Raymond Marcillac mais aussi Loïs van Lee et Georges de Caunes. J’en oublie et non des moindres !

    Le deuxième souvenir est plus personnel. Pendant les dix jours qui ont précédé le 25 août, nous vivions en quelque sorte en état de siège. Personne ne pouvait ni n’avait le temps aller déjeuner et dîner chez lui ou dans les quelques restaurants restés ouverts et qui n’avaient d’ailleurs pratiquement plus rien à proposer à leur clientèle disparue. Pierre m’a donc demandé de renouveler l’opération beaunoise et d’alimenter les quelques cinquante personnes présentes sans arrêt dans la maison.

    Je n’avais plus cette fois-ci à ma disposition ni les ressources des fermes environnantes ni l’aide précieuse des employés municipaux de Beaune. Je suis donc allé au coin de la rue de l’Université et de la rue du Bac, au premier établissement qui se présentait : le « Restaurant des Ministères ». Après avoir expliqué au patron la situation, je lui ai demandé qu’il pouvait faire pour m’aider. Il réfléchit, manifestement contrarié, mais il me promit finalement de me fournir chaque matin et chaque soir le nombre de rations nécessaires d’un plat unique, réalisé avec des moyens qu’il ne m’a pas dévoilé. Nous avons mangé alors plus de pâtes, de lentilles ou mêmes de pommes de terre (qui étaient pourtant rares) accompagnant parfois quelque ragoût, que d’asperges ou de légumes exotiques mais c’était parfait dans les circonstances !

    La seule condition que le patron m’ait imposée était que je vienne chaque fois avec, dans la poche, un revolver pour faire semblant de le menacer si quelque personnage inconnu semblait s’intéresser à notre curieux manège. En cas d’enquête sur ses livraisons clandestines en un temps de disette où tout était rationné, il devait en effet pouvoir prétendre avoir agi sous la menace ! Le revolver, que j’ai trouvé par l’intermédiaire d’un ami, était en bois ! Heureusement il est resté dans ma poche et deux fois par jour, avec un autre technicien de l’équipe, je venais chercher et rapporter la marmite. Les scripts avaient amené de la vaisselle qu’elles lavaient dans un lavabo et... fouette cocher !

    L’autre condition du restaurateur était d’être payé à chaque livraison, ce qui était évidemment normal. Personne ne pouvait m’avancer l’argent mais il se trouve que depuis le mois d’avril, j’étais devenu totalement clandestin, ayant échappé à plusieurs réquisitions m’enjoignant à aller travailler dans l’Organisation Todt (allemande). N’étant plus payé par la Radio, je recevais des mains de Jean-Louis chaque mois un mystérieux billet de mille francs « venu de Londres ». Je me suis souvent demandé si c’étaient des faux billets, ou des vrais. Personne ne pouvait me le dire et j’ai finalement pensé qu’il valait mieux ne pas trop questionner les gens à ce sujet. J’ai donc payé les repas de ma poche, en en prenant livraison, exactement pendant douze jours : au total 6 000 francs. Le restaurateur m’a remis, un peu plus tard, des factures tout à fait correctes que j’ai naïvement transmises à l’Administration. Il se passa un long temps avant que l’on me réponde qu’aucun règlement ne prévoyant de nourrir les gens qui passent dans les bureaux de la Radio, on était au regret de me refuser le remboursement ! J’ai alors pensé que c’était en quelque sorte une compensation de la fourniture du courant gratuit dans ma chambre. Et puis je n’avais pas charge d’âmes, et je n’avais absolument pas le temps de « sortir ». Il me restait, deux jours avant la Libération, un billet de mille francs que je décidai de dépenser immédiatement, pensant qu’il ne vaudrait peut-être plus rien après la Libération. J’ai profité d’un moment de calme avant la tempête que l’on attendait, pour aller jusqu’aux Galeries Lafayette et j’ai acheté un service à déjeuner en terre cuite pour six personnes — c’est pratiquement tout ce qu’il y avait à vendre. Je me disais que si on « s’en sortait » (comme on le disait alors), peut-être aurais-je la chance de l’utiliser un jour pour déjeuner sur le perron d’une belle villa, avec une future petite famille (très utopique à l’époque !). Aujourd’hui il ne doit rester qu’un petit pot à lait de ce service très laid.

    Les premiers jours de septembre 1944, nous avons rapidement quitté l’appartement du Comte de La Palme pour le 107 rue de Grenelle. Jean Guignebert avait été nommé Ministre de l’Information, le titulaire clandestin du titre Pierre-Henri Teitgen ayant été capturé par les Allemands, juste avant la Libération. Jean Guignebert, qui fut ensuite patron d’un grand groupe de presse Amaury, éditeur du Parisien Libéré, était dans le schéma précédent le futur Directeur Général de la Radio. Pour assurer son intérim, en attendant le retour espéré de Teitgen, il fit alors nommer Pierre Schaeffer comme son directeur adjoint, « chargé de fonctions à la Direction de la Radio ». Heureusement Teitgen fut libéré assez rapidement et reprit son poste, Guignebert le sien et cela donnera plus tard à Pierre Schaeffer l’occasion de moins se consacrer à l’administration qu’à ses projets artistiques.

    Puisque j’avais plus ou moins assuré une sorte de coordination à tous les niveaux dans les derniers jours du Studio d’Essai et que j’étais au courant d’à peu près tout et déjà en contact avec toutes sortes de gens et d’organismes depuis la Libération, Pierre Schaeffer me prit comme assistant lorsqu’il emménagea à la Direction Générale, rue de Grenelle. En fait le 107 était le Ministères des PTT et la direction de la Radio Nationale était dans un annexe situé Cité Martignac. Mon bureau donnait accès d’un côté à celui de Jean Guignebert, de l’autre côté, je commandais la porte de Pierre Schaeffer. Mon travail essentiel se résumait soit à empêcher la plupart des innombrables visiteurs à gaspiller tout le temps de mon patron, et à les dispatcher vers les divers services concernés qui commençaient à se reformer ou à être développés ; soit au contraire à faire venir ceux dont l’appui ou le talent étaient souhaitables pour prendre ou reprendre du service à la Radio et qui n’avaient pas l’idée de venir d’eux-mêmes !

    Il n’était pas question de chasser tous les anciens personnels en fonction sous le régime de Vichy, sauf pour des raisons de « collaboration avérée et crapuleuse ». Ceux-ci relevaient de la justice et malheureusement, pendant trop longtemps d’un horrible « Comité d’Epuration » ultra syndicalisé et politique, dont on m’avait d’ailleurs demandé de faire partie pour y représenter les syndicats chrétiens. Je dois dire qu’après une seule séance, j’ai décidé de ne point y retourner en raison des positions extrêmes qui y étaient prises et de l’absence totale d’autres personnes plus neutres, comme je l’étais naturellement ! Heureusement aussi, assez vite l’Etat reprit les rênes du pouvoir et parvint à juger en la matière de façon moins arbitraire.

    Indépendamment de ce genre de problèmes, il fallait à la fois accueillir les employés classiques, leur confirmer leur poste ou les placer ailleurs, enfin leur dire ce qu’ils avaient à faire. Il fallait aussi récupérer certains fonctionnaires mis à l’écart pour des raisons racistes ou revenant des camps de prisonniers, rétablir des services fonctionnels, redistribuer les places de direction des services et en profiter pour clarifier le système, résultant de la stratification des administrations successives des #PTT, ce qui est une des maladies du #service_public, pour laquelle on cherche (et cherchera jusqu’au Jugement Dernier des médications efficaces). Enfin, nous devions mettre en place des mesures d’urgences pour rétablir les installations techniques dont une partie avait été détruite. Etc, etc...

    Il n’est pas dans mes intentions de doubler les historiens de cette époque difficile. Je me souviens d’ailleurs avoir été interviewé longuement au Studio d’Essai, deux ou trois jours après la libération de Paris par l’un d’eux : Adrien Dansette, qui prenait méticuleusement en note ce que je lui disais, mettant des notations indiquant s’il s’agissait de faits dont j’étais sûr ou de récits venant d’ailleurs. Il me dit alors qu’il était extraordinaire pour un homme de bibliothèques, habitué à chercher les solutions dans des documents anciens, de se muer en reporter en direct de l’histoire. Je n’ai jamais eu le temps alors de rechercher ce qu’il a publié et j’espère toujours tomber sur un de ses livres, peut-être moins pour connaître les faits que pour voir comment il a assuré la présentation de ces témoignages.