person:régis meyran

  • Les leçons de Camus. Par John R. MacArthur* – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/04/04/les-lecons-de-camus-par-john-r-macarthur

    De temps en temps, on tombe sur un livre qui vous bouleverse l’esprit profondément, qui vous change carrément la vie. Dans ma jeunesse, ce texte fut La peste, de Camus. L’histoire métaphorique de « l’occupation » d’Oran par un fléau meurtrier m’a secoué comme un tremblement de terre lorsque j’étais en terminale à mon lycée de la banlieue de Chicago.

    Tellement secoué que je me souviens toujours d’une belle journée d’été en France, à Bretignolles-sur-Mer — où j’étais en vacances chez des amis avant d’entrer à l’université —, marchand de long en large à travers le petit jardin et consignant furieusement sur de grandes feuilles mon dévouement aux pensées et aux principes de l’inlassable Docteur Rieux et de son ami Tarrou, ainsi qu’à l’idéalisme du journaliste Rambert. Jamais je ne céderais au mal, au nazisme, à la cruauté de l’occupant. Jamais je ne perdrais de vue l’obligation de défendre l’humanité contre la brutalité.

    Il est facile d’être si confiant en soi à 18 ans. Évidemment, au fil de la vie, les choses se compliquent, tout comme, en temps de guerre, les motivations des nations et des politiciens. Toute une carrière dans le journalisme m’a révélé un autre « mal » puissant qui brouille les cartes et qui confond même les gens les plus honorables. Au lieu de lutter contre le « mal » camusien en noir et blanc, je me suis retrouvé souvent en combat contre la propagande « humanitaire », parfois promue par des gens bien, prônant des interventions militaires sous l’étendard du sauvetage d’innocents par centaines de milliers.

    C’est là que j’ai commencé à me spécialiser et que je me suis mis à contrecarrer les idées reçues sur diverses atrocités hurlées à travers les réseaux de télévision et à la une des grands journaux. Ayant acquis une expertise à Chicago sur les omissions cyniques du parquet et de la police au sujet des meurtres en série commis par John Wayne Gacy, j’ai révélé les origines du meurtre inventé des bébés au Koweït en 1990 par des soldats irakiens, contesté le faux projet de « génocide » serbe en Kosovo en 1999 et contredit le programme fabriqué de bombe atomique prétendument en cours à Bagdad en 2002-2003. Pas exactement ce que j’imaginais dans mon élan de noblesse à Bretignolles, mais le métier du journalisme honnête n’est pas pour les suivistes.

    Et voilà que je viens de découvrir une fois de plus un livre bouleversant — celui-ci farouchement critique des prétextes de la guerre « humanitaire » — dont le sujet est un genre de docteur Rieux moderne. Ancien président de Médecins sans frontières, Rony Brauman a produit dans Guerres humanitaires ? Mensonges et intox, en conversation avec Régis Meyran, le texte essentiel pour comprendre à quel point le principe de la « guerre juste » contre un mal absolu, soutenu par son collègue Bernard Kouchner et par Bernard-Henri Lévy, a été tordu et déformé :

    « Ce qui frappe quand on regarde de près les guerres de Somalie, du Kosovo, d’Afghanistan et de Libye, c’est la force de la propagande, dès lors qu’elle s’enracine dans une matrice intellectuelle favorable…. Les « faits alternatifs » sont devenus un sujet de moquerie générale à la suite des déclarations de la conseillère de presse de Trump, mais on oublie qu’ils ont régné en maîtres pendant la guerre de Libye. »

    Étant donné le bombardement imaginaire par les forces de Kadhafi contre la population civile en Tripoli — un « crime » amplifié notamment par Al-Jazeera et BHL — et les« attaques systématiques et généralisées » jamais vérifiées à l’époque, il y a de quoi croire la déclaration de Brauman selon laquelle « la Libye, c’est notre guerre d’Irak à nous [les Français] ». Aujourd’hui — avec Nicolas Sarkozy mis en examen pour le possible financement de sa campagne électorale par Kadhafi en 2007 —, nous avons à nouveau de bonnes raisons de remettre en question les pieux arguments de 2011 en faveur du renversement du dictateur libyen.

    Toutefois, il est moins utile de condamner tel et tel politicien sans scrupules — les deux Bush, Tony Blair, Sarkozy, le couple Clinton, Obama — que de creuser plus loin afin de comprendre que l’idéologie de l’ingérence humanitaire n’est pas vertueuse en soi, y compris en Syrie. Le fait que l’on aurait dû arrêter Hitler en 1933, en 1936 ou en 1938 — ou que l’ONU renforcée par une alliance franco-américaine aurait pu empêcher le génocide au Rwanda — n’est pas une excuse pour la corruption intellectuelle qui nous mène si rapidement à l’accusation de crimes contre l’humanité suivie d’une violence militaire. Selon Brauman, « cette reductio ad Hitlerum relève plus de la rhétorique d’intimidation morale que de l’argumentation rationnelle ».

    C’est comme si le docteur Rieux était apparu dans le jardin à Bretignolles et m’avait saisi par le col : « Allez doucement, jeune homme. La “responsabilité de protéger” s’applique aussi bien à la protection de la vérité qu’à la protection des innocents. »

    Source : Le Devoir-Canada

    * John R. (Rick) MacArthur est le président et l’éditeur du magazine new-yorkais Harper’s Magazine. Il est également un journaliste et auteur primé. Sous sa direction, Harper’s Magazine a reçu vingt National Magazine Awards, la plus haute reconnaissance de l’industrie. Il est l’auteur de « Deuxième combat : la censure et la propagande dans la guerre du Golfe (1992, 2004) » et, plus récemment, de « L’illusion Obama (2012) ».                                                                                              Publié par Saoudi Abdelaziz

    http://www.algerieinfos-saoudi.com/2018/04/les-lecons-de-camus.html

  • À lire un extrait de « Paniques identitaires », de Laurence de Cock et Régis Meyran
    http://www.contretemps.eu/paniques-identitaires

    Par « panique identitaire », nous désignons un cas particulier de panique morale. Ce concept a été inventé par le sociologue Stanley Cohen[3] à partir de l’analyse d’une bataille relativement anodine entre mods[4] et rockers sur la plage de Clacton (Angleterre, 1964) qui avait pris des proportions délirantes dans la presse – jusqu’à être présentée comme une « invasion » de hooligans menaçant le pays. Cohen définit la panique morale par la forte préoccupation de l’opinion publique (mesurable par des sondages) vis-à-vis d’un groupe dont le comportement est vu comme une menace pour les valeurs de la société ou pour l’existence même de cette société. Un tel groupe suscite l’hostilité : il est vu comme un ennemi, comme le Mal incarné, qu’il est nécessaire de combattre pour le bien de tous. Pour qu’il y ait panique morale, il faut un consensus assez large au sein de la société ou au sein de certains groupes sociaux quant à la réalité de cette menace. Mais la peur suscitée par la menace est complètement disproportionnée par rapport à sa réalité, et toutes les données sont exagérées : nombre de victimes ou d’agresseurs, coût des dégâts matériels, etc. Enfin, Cohen décrit ce phénomène comme volatile – pouvant apparaître et disparaître en un rien de temps. Il suppose en outre l’existence d’entrepreneurs de morale[5] qui contribuent à la diffusion de la panique morale (notamment dans le monde des médias ou chez les politiques).

    Nous définissons quant à nous un type particulier de ces paniques morales : la panique identitaire, qui met en jeu à la fois les représentations de soi d’un groupe social – sa supposée identité, pensée de façon essentialiste et culturaliste[6] – et la perception que ce groupe a d’un autre groupe social – pensé lui aussi de façon essentialiste et culturaliste, présenté comme une menace et dès lors diabolisé. L’affaire du burkini, que nous avons évoquée, peut en ce sens être considérée comme une panique identitaire : le groupe perçu comme inquiétant étant « les musulmans », le groupe d’appartenance idéalisé étant « la vraie France » (sous-entendue blanche, chrétienne, « de souche », etc.), les entrepreneurs de morale se nommant Nicolas Dupont-Aignan, Manuel Valls ou Florian Philippot – ainsi qu’un certain nombre d’éditorialistes qui leur ont emboîté le pas.

  • « En contexte de guerre, le fondement de l’école n’a jamais été d’apprendre à se protéger de l’extérieur » (Slate.fr)
    http://www.slate.fr/story/148959/exercice-terrorisme-ecoles

    Plusieurs cas d’exercices de préparation aux attentats dans les écoles montrent que les enfants ne comprennent pas ou prennent peur. Le contraire de ce qui était recherché.

    #éducation #établissements #terrorisme #éducation_à_la_peur

    • Il y a quelques semaines, deux mères d’élèves m’ont rapporté le déroulement ahurissant de l’exercice anti-intrusion, réalisé sur un temps périscolaire dans l’école primaire de leur petite commune de Savoie. Delphine et Suzanne (les prénoms ont été changés) ont longtemps hésité à autoriser la publication de leurs témoignages, de peur de voir pointer du doigt leur municipalité et ce, alors même que les intentions de chacun des protagonistes semblaient bonnes, la police municipale ayant été jusqu’à reconnaître qu’elle n’aurait jamais imaginé que des enfants puissent en ressortir marqués. Cet incident montre pourtant à quel point une dérive peut rapidement survenir lorsque les professionnels de l’enfance et de l’éducation ne sont pas consultés.

      Delphine raconte :

      « Cette année, dans l’école de ma fille, il y a eu deux exercices “anti-intrusion”. Le premier a eu lieu au premier trimestre et on a été prévenu. Les élèves ont du se mettre sous les tables. Ma fille a paniqué et a pleuré parce qu’elle a entendu des bruits à l’extérieur de la classe et qu’elle a cru qu’il y avait un voleur dans l’école. Il faut dire qu’au lieu de leur expliquer la raison de l’exercice, on leur a dit que c’était au cas où il y aurait un “voleur”, ce qui n’était pas très rassurant pour eux : les cambriolages, ça arrive régulièrement ! »

      Et un deuxième exercice a eu lieu pendant les temps d’activités périscolaires, les enfants et les animateurs n’étaient pas prévenus, en « sortant les grands moyens » :

      « Le policier municipal a demandé de l’aide à une deuxième personne qui possédait une moto. Cette personne est entrée dans l’enceinte de l’école par le portail, en chevauchant sa moto. Il a fait deux allers-retours dans la cour où était un groupe d’enfants. Les enfants n’étaient pas prévenus, certains ont cru que le motard les poursuivait, d’autres ont pensé qu’il allait défoncer la baie vitrée. Ils y avaient des enfants en larmes et d’autres hilares. Le soir même, on a juste reçu un e-mail pour nous dire : “il y a eu un exercice, vous n’étiez pas au courant, les animateurs non plus, c’était fait exprès. On voulait voir la réaction des enfants et des animateurs”. »

      La fille de Delphine n’était pas dans la cour ce jour-là, contrairement à celle de Suzanne :

      « “Il nous a foncé dessus”, m’a dit ma fille. J’ai demandé : “ah bon mais pourquoi ?” Elle ne savait pas m’expliquer, elle ne savait pas me dire que c’était un entraînement. Peu après, elle m’a juste dit : “C’était pour de faux, c’était un ami du policier”. Sur le coup, c’était plutôt banal pour elle : “il y a des enfants qui ont pleuré”. C’est quand elle a vu que ça me choquait, que j’essayais d’en savoir plus, qu’elle m’a dit un peu avec honte : “j’ai fait partie des enfants qui ont pleuré”. Au final, elle a pris ça comme une mauvaise blague. Pour elle, ça n’avait rien à voir avec la sécurité, ni avec le terrorisme, c’était comme si les adultes avaient dit “on vous a bien eu”, elle était tellement soulagée de savoir que c’était pas “pour de vrai”. Qu’est-ce que les enfants peuvent tirer d’une expérience pareille ? Qu’ils ne peuvent pas faire confiance à l’école ni à la police ? Que la violence est légitime selon les intentions qui la sous tendent ? ».

      Sur l’éducation des flics il y a beaucoup à dire ici ! Et aussi la honte de la peur et des larmes de cette petite fille qui n’osait pas dire ce qu’elle avait ressenti.

      Au mieux inefficaces, au pire traumatisants ? Ces exercices anti-intrusion ne seraient-ils qu’un artifice, un rituel destiner à tromper le sentiment d’impuissance des adultes tout en donnant bonne conscience aux institutions chargées de la protection civile ? Ou pourraient-ils au contraire être le fruit d’une réflexion rationnelle, basée sur la connaissance fine des stratégies de gestion de risques ?

      C’est le principe de l’etat d’urgence, faire croire que l’état peu protégé sa population par des mesures sécuritaires sans faire de travail sur les causes, voire en les alimentant.

      Jean-François Leblanc, chargé de mission risques majeurs au rectorat de l’académie de Grenoble :
      « Concernant la question des exercices d’entraînement avec les élèves, je suis partisan d’une démarche en escalier, où les objectifs sont raisonnables et progressifs. On peut très bien entraîner les enfants à se mettre sous les tables, d’abord 5 minutes, puis 10 minutes, 15 minutes. De même, on peut les entraîner à bloquer les portes, se placer derrière les armoires parce que même si ça semble un détail, cette précaution peut contribuer à ralentir les balles. À chaque exercice, on doit se demander ce qui a marché ou non, et ce qu’on peut mettre en place pour améliorer. Enfin, il est important que les enseignants se saisissent de la problématique et l’intègrent dans leurs séquences pédagogiques. Une maîtresse m’a par exemple rapporté que même en temps normal, elle apprenait à ses élèves à se déplacer « comme des fantômes », c’est exactement la bonne démarche : non seulement ça va dans le sens du respect d’autrui, mais c’est aussi un comportement utile en cas d’attaque terroriste. »

      Se déplacé « comme des fantômes » c’est être #en_marche vers le #rien

      Laurence de Cock, professeure d’histoire-géographie et docteure en sciences de l’éducation est l’autrice avec l’anthropologue Régis Meyran d’un ouvrage récemment paru et consacré aux « paniques identitaires ».
      « L’idée que l’école puisse intervenir en faveur de la construction d’une “culture commune de la sécurité”, c’est-à-dire qu’elle intègre à son curriculum la logique d’apprendre à se protéger d’un ennemi intérieur, est absolument inédite. Il s’agit d’une rupture majeure par rapport aux fondements de l’École de la République. Historiquement, même en contexte de guerre ou de post-guerre, le fondement de base de l’école – quelque soit son niveau d’hypocrisie – n’a jamais été d’apprendre à se protéger de l’extérieur mais, au contraire, d’apprendre à vivre avec l’autre. »
      « L’école se veut une préparation à la vie en société, de plus en plus également une préparation au marché du travail mais en aucun cas une préparation à la vie en guerre ! La culture du risque, n’est de son côté pas du tout nouvelle à l’école, elle fait même partie des programmes, notamment en histoire-géographie et en sciences et vie de la terre. Mais ici, on se situe bien au-delà de la question du risque ! »

      Et vient alors la question de la qualification d’un ennemi :

      « Dans le risque, il n’y a pas d’ennemi, dans la guerre, il y a des ennemis. Donc si l’école vise à préparer les enfants à la vie en guerre, cela signifie qu’à un moment donné, va se poser la question de la désignation des ennemis. Se dire qu’on peut faire l’économie de cela, même avec des enfants de 4, 5 ou 6 ans, c’est un vœu pieu : ce n’est pas parce que l’école va éviter de dire les mots “terrorisme” ou “djihadisme” que les enfants ne vont pas chercher à faire des liens avec ce qu’ils entendent autour d’eux. Ceci implique également que parmi ces enfants, il y en a qui savent très bien que ce qu’ils vont être ainsi poussés à désigner comme “l’ennemi”, ce sera eux-mêmes, ou leur famille. Je pense donc qu’on est sur une pente excessivement dangereuse parce que je ne vois pas comment on peut faire tenir ensemble un premier paradigme qui est la sensibilisation à l’altérité comme modalité pacifique de vivre ensemble avec un nouveau paradigme où l’altérité est vue comme une menace criminelle. »

      Il est excellent cet article, j’ai eu du mal à pas le cité en integralité. La partie sur les troubles post traumatiques est super aussi et la situation aux USA éclairante aussi. Merci @heautontimoroumenos

    • Désolé pour ta fille @heautontimoroumenos J’espère qu’elle s’est remise de cette mauvaise expérience.
      La Préfecture fabrique des générations d’anarchistes vers chez toi ! Comme c’est dit dans l’article

      Qu’est-ce que les enfants peuvent tirer d’une expérience pareille ? Qu’ils ne peuvent pas faire confiance à l’école ni à la police ? Que la violence est légitime selon les intentions qui la sous tendent ?

      J’espère qu’il y aura d’autres articles et parents et enseingant·e·s qui sortirons et aurons de l’effet sur tous ces préfets, ces flics et ces chargés de mission risques majeurs qui veulent éduquer à la guerre.

  • Les identitaires de gauche, généalogie d’une dérive, Germinal Pinalie
    http://blogs.mediapart.fr/blog/germinal-pinalie/150115/les-identitaires-de-gauche-genealogie-dune-derive

    Les identitaires de gauche ont en commun avec la droite et l’extrême-droite ce paradigme qui confère aux réalités que Marx avait désignées comme des constructions historiques le statut de caractéristiques intrinsèques, de véritables #essences des individus. Pour des raisons à chaque fois différentes qu’il faudra analyser, ils prennent pour argent comptant ce dont Marx a expliqué la valeur très relative. Afin d’ancrer cette analyse dans le réel le plus directement accessible, la première approche du paradigme portera sur les discours d’identitaires de gauche hexagonaux et contemporains, la « #Gauche_populaire » et les « Indigènes de la République », deux mouvements nés à Paris dans la deuxième moitié des années 2000 et réunissant des chercheurs et des militants issus de partis de gauche. Ces deux groupes sont à la fois très peu nombreux et particulièrement visibles médiatiquement. S’exprimant essentiellement à travers des livres et des tribunes dans la presse, ils ont développé deux discours en apparence très différents, mais qui, nous allons le montrer, fonctionnent en miroir dans le cadre du paradigme identitaire. #Christophe_Guilluy, géographe issu du chevènementisme et associé à la Gauche Populaire, a développé au cours des années 2000 un argumentaire à l’appui d’un appel au Parti Socialiste à se reconnecter avec les #classes_populaires « blanches » (c’est lui qui parle en termes de race) déclassées par la mondialisation en adoptant un discours et une pratique ferme vis-à-vis de l’#immigration, sous peine de les voir reporter leurs voix sur le Front National. Le #PS devrait donc selon lui s’adresser aux « autochtones » (c’est l’expression qu’il utilise) en tant que tels, et tenter de capter leur vote identitaire. Sadri Khiari, universitaire d’origine tunisienne et ancien militant trotskiste, a conçu autour de la création du mouvement (aujourd’hui « parti ») des Indigènes de la République un tout autre argumentaire qui s’adresse lui aux « non-blancs » en tant qu’ils sont placés en France dans un rapport colonial où ils ont le même statut « d’indigènes » que leurs parents dans les colonies. Le #PIR entend donc organiser ces « indigènes » dans un cadre débarrassé de la tutelle de la « gauche blanche ». Apparemment totalement opposées politiquement, ces deux tendances ont en fait tout un langage commun, des logiques d’assignation de statuts et de rôles exactement semblables qui déterminent leurs prises de position de façon symétrique. Les mots « #autochtones » et « #indigènes », par ailleurs parfaitement synonymes, sont les signes les plus visibles de l’existence du #paradigme_identitaire.

    #identitaires_de_gauche #métissage (refus du)

    • Les dangers des identités fermées de l’air du temps néoconservateur, Philippe Corcuff
      http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-corcuff/270314/les-dangers-des-identites-fermees-de-l-air-du-temps-neoconservateur

      Les pièges de l’#identité_culturelle (Berg International, février 2014, 128 p., 16 euros).
      L’anthropologue Régis Meyran et le sociologue Valéry Rasplus situent leurs analyses au croisement de l’épistémologie des sciences sociales et l’histoire des idées, en envisageant leur portée politique. La première partie du livre est consacrée à un panorama synthétique et international quant à l’histoire de la notion de culture dans les sciences sociales. La seconde partie décrypte certains effets politiques de cette notion en France. La logique principalement scientifique de la première partie vient éclairer la vigilance éthique et politique déployée dans la seconde. C’est là que les auteurs abordent frontalement ces zones troubles particulièrement travaillées aujourd’hui, selon des modalités à la fois différentes et convergentes, par la #lepénisation, la #zemmourisation, la #soralisation des esprits et même parfois…à gauche...

      #De_Benoist #Taguief #Laurent_Bouvet #Valls #Jean-Claude_Kaufmann

    • « Insécurité culturelle » et différentialisme de gauche
      Valéry Rasplus, Régis Meyran, juin 2012
      http://www.liberation.fr/societe/2012/06/04/insecurite-culturelle-et-differentialisme-de-gauche_823553

      Après la Droite populaire, c’est au tour aujourd’hui de la Gauche populaire d’utiliser des concepts socio-anthropologiques qui pourraient s’avérer glissants. La Gauche populaire est un jeune collectif d’intellectuels, initié par le politologue Laurent Bouvet, qui explique la montée du vote pour le Front national dans la récente élection présidentielle non seulement par « l’économique et le social » mais encore, et c’est là sa trouvaille, par des « variables culturelles » telles que « la peur de l’immigration, des transformations du "mode de vie", de l’effacement des frontières nationales ».

    • Je trouve très intéressante les analyses des Indigènes de la République. Pourtant je suis blanche.
      L’Union Française Juive pour la Paix (UFJP) dialogue manifestement aussi très bien avec les Indigènes de la République.

      Alors la « dérive » est peut-être chez Germinal Pinalie ...
      C’est évident qu’il y a des « minorités visibles » qui sont « racialisées » dans notre société. Et elles le sont particulièrement par le milieu politico-médiatique. Le dénoncer c’est faire avancer les choses.

      Bon j’ai lu que le résumé du billet. Pas le temps de lire l’intégrale du billet de Pinalie.

    • Le P.I.R en débat via @paris (luttes infos)
      http://luftmenschen.over-blog.com/article-les-effroyables-imposteurs-du-12-janvier-125634240.h


      Houria Bouteldja, quoi qu’elle en dise est une bonne réprésentante de cette gauche là. La porte-parole des #Indigènes de la République peut toujours prétendre se distinguer de la « gauche française » : mais au quotidien depuis dix ans, elle passe une bonne partie de sa vie politique dans les meetings de cette #gauche dont elle prétend être autonome . Il ne suffit pas d’y jouer le rôle de la « petite voix rebelle » pour faire oublier qu’elle y est à la tribune, applaudie par ses pairs universitaires. Il ne suffit pas de prétendre qu’on est une « bannie » et une « ostracisée » pour tromper celles et ceux qui le sont vraiment : des colloques à l’université de Berkeley aux plateaux de Ce Soir ou Jamais, Houria Bouteldja a la vie ordinaire d’une responsable de gauche radicale, avec ses tribunes médiatiques et politiques régulières ….tant qu’elle reste dans les clous que d’autres ont planté pour elle.

      Aujourd’hui, les Indigènes de la gauche radicale antisémite sont là pour dire tout le mal des Juifs que le militant franco-français ne veut pas exprimer en premier. Aussi bien depuis les attentats, on sent évidemment comme un flottement dans la partie de la gauche qui n’a jamais reconnu l’antisémitisme que du bout des lèvres, pour reprendre aussitôt ses diatribes contre le CRIF et l’ « instrumentalisation d’un antisémitisme résiduel ». Cette gauche qui a soutenu Dieudonné très, très tard, cette gauche qui voit des « sionistes » partout, le clame haut et fort, pour ensuite s’étonner qu’on la prenne au mot et qu’on attaque des synagogues ou des commerces Juifs.

    • J’aimerai bien avoir des exemples précis de l’antisémitisme du PIR. Ce texte défait le 2 poids 2 mesures ce qui me semble un peu léger, la concurrence mémorielle qui a de véritables causes et une littérature, plus une tartine sur le philométisme. Négation du poids de la race. Etc, etc...
      "Je pense aussi au Parti des Indigènes de la République, qui s’efforce de construire une stratégie politique ayant pour but l’accès à l’égalité des droits pour les descendant-e-s d’immigré-e-s, et qui a fait l’objet de ripostes assez violentes lors de sa création en 2005 sur le thème suivant (je résume grossièrement) : « mais pourquoi tou-te-s ces arabes se réunissent entre elleux, enfin, illes ne voient pas que cela dessert leur cause de se présenter de façon aussi sectaire ? »…

      Je pense que ces quelques problèmes qu’ont pu subir les tentatives d’auto-organisation des descendant-e-s d’immigré-e-s sont liés à la façon dont cet antiracisme « respectable » est conçu : vu qu’il ne s’agit que d’avoir la certitude individuelle que l’on est du bon côté, une lutte collective où des descendant-e-s d’immigré-e-s décideraient de se réunir pour lutter contre les oppressions dont illes sont victimes, ne peut être qu’un excès inutile que l’on pourrait légitimement taxer de « communautarisme »…"

      http://www.lecinemaestpolitique.fr/ma-colere-yannick-noah-2014-misere-de-lantiracisme

      Rapport colonial et mémoire de l’immigration
      Saïd Bouamama
      De la Visibilisation à la Suspicion : La fabrique républicaine d’une politisation
      http://www.lesfiguresdeladomination.org/index.php?id=313

    • @unagi, ce n’est pas "mon" texte, mais un extrait de texte que je propose ici dans un fil qui traite essentiellement de l’angle identitaire à gauche. Les questions que tu poses pourraient l’être au blog de luftmench. Et peut-être est il souhaitable à propos du P.I.R de lire le blog Pinalie dont un article ouvre ce fil.

      Je n’ai rien à faire de l’antiracisme de bonne conscience, l’antiracisme » qui m’intéresse est celui qui est de nature à mettre en cause l’ensemble de la société (quitte évidemment à mettre le pied dans la porte de la forteresse par un aspect partiel devenu soudain explicitement intolérable, problématique). C’est comme ça que j’ai plusieurs fois rappelé ici que le gouvernement socialiste à dès 1982/1983 dénoncé les grévistes arabes de l’automobile comme « musulmans » qui sabotaient la production nationale, a en 1988 instauré un RMI qui supposait deux ans de « séjour régulier » pour être obtenu par un étranger. Cette gauche est nationaliste, ex SFIO (Guerre d’Algérie), chauvine (le « produisons français du P« C »F), cette gauche gère le capitalisme français c’est à dire l’exploitation et la relégation des immigrés et des « issus de », quitte à intégrer la mondialisation néolibérale comme elle l’a fait depuis.

      Pour ce que je connais, l’autonomie des "issus de l’immigration" a été brisée durablement et sciemment par l’OPA politique SOS racisme pour le compte de l’état PS et de l’enseMble de la gauche « représentative ». La grille de lecture en terme de « communautarisme vient ensuite dénoncer nombre de reprises sur ces enjeux, ça il me semble que nus en sommes d’accord.

      Le choix de se dire « indigène » peut se lire de deux manières au moins. L’une m’agrée, c’est le « nous sommes d’ici » (quitte à ne pas pratiquer seulement la liberté d’installation, le refus des discriminations mais aussi d’exercer un « droit à la mobilité »), assertion féconde aux conséquences incalculables que je détaillerais pas. L’autre me parait plus problématique puisque de la nécessité de dire le caractère colonial de la société française, on tend à proposer une grille de lecture de celle ci où non seulement le passé n’est pas passé (ce qui est fondamentalement juste) mais où ce passé là serait l’explication centrale de la situation actuelle. Je préfère me souvenir que les interpellés et condamnés après les émeutes de 2005 n’étaient pas tous loin de là des « issus de l’immigration », tout comme ils n’étaient pas tous déjà du gibier à prison, déjà « connus des servies de police », comme le racontait la presse.

      Sinon pour ce qui est du rapport au « juif », je crois que le P.I.R est un bon symptôme d’une régression qui les tient plus qu’ils ne la déterminent. Je n’ai pas de « preuves » à fournir, juste un énorme malaise ressenti depuis longtemps, et aussi la fréquentation intermittente de quelques personnes qui les ont quitté suite à des désaccords idéologiques (essentialisme).
      Depuis les années 70’, c’est au plan mondial qu’un éloignement puis une rupture (dans bien des cas) intervient entre ces minorités (quantitatives et politiques) « ethniques » ou « raciales » (cf exemple des juifs et des noirs étasuniens). Les avatars de la révolution palestinienne, avec l’involution de nombre de forces impliquées vers l’islam (phénomène brillamment entretenu et suscité par la politique israélienne), c’est-à-dire pour partie vers le seul #internationalisme apparu comme praticable dans la conjoncture depuis le début des années 80, n’y sont pas pour rien non plus.

      Rien de bouclé... L’histoire continue. J’arrête là faute de temps et avec la crainte qu’une mienne propension à la maladresse d’expression et aux difficultés à déployer un tant soit peu un argumentaire (ce qui pousse tout lecteur à imaginer ce qui aurait pu être dit là où rien n’e l’est...) ait déjà compromis une suite éventuelle :)

    • Je lirai tout un peu plus tard et désolé pour « ton texte ».
      Les maladresse hors féminisme ^^ sont admises.
      Et je n’avais lu l’intitulé de l’article...
      Mon post car ca plusieurs fois que je lis PIR et anti sémitisme sans autre argument que le texte que tu présentes. La position du PIR vis à de l’homosexualité était autrement plus explicite ; il n’y a pas l’homosexualité dans les quartiers, l’homosexualité reste un trait culturel de la population blanche.

  • Face aux pièges de l’identité culturelle, avec Régis Meyran
    http://www.goliards.fr/2014/10/radio-goliards-face-aux-pieges-de-lidentite-culturelle-avec-regis-meyran

    Penser le monde en terme de culture ne va pas de soit. Pourtant, il suffit de regarder un journal télévisé ou un éditorial radiophonique pour entendre des raisonnements qui visent à expliquer les comportements des individus par leur culture, notamment nationale. D’où vient ce concept ? Est-il (...) Source : Radio Libertaire

  • Enzo Traverso (avec Régis Meyran), Où sont passés les intellectuels ?, Paris, Textuel, collection « Conversations pour demain », 2013, 112 pages, 17 €.

    17 juin 2013
    Par dissidences
    Un compte rendu de Jean-Guillaume Lanuque

    Sous la forme d’un dialogue avec Régis Meyran (chercheur en anthropologie et auteur en particulier de Le Mythe de l’identité nationale), Enzo Traverso livre ses réflexions et analyses sur les intellectuels, depuis l’affaire Dreyfus jusqu’à nos jours, dans ce petit opuscule volontiers vulgarisateur. Partant du lien, consubstantiel à ses yeux, de l’intellectuel contemporain avec l’engagement politique, il insiste sur son appartenance plus marquée à gauche (la droite récusant souvent le terme) et sur le nécessaire contrepoint critique qu’il offre face à l’opinion dominante.

    – See more at : http://dissidences.hypotheses.org/3493#sthash.EBeOUdu0.dpuf