Le patron de Riwal (...) mentionne « un accord de principe de nos amis italiens » pour un prêt de 10 millions d’euros gagé sur la « subvention annuelle ». Sans doute l’aide publique de 5 millions d’euros que touche le Front national chaque année depuis 2012 grâce à son résultat aux élections législatives.
Frédéric Chatillon évoque « quatre échéances de 2,5 millions d’euros directement subrogées sur la subvention annuelle » et un taux d’intérêt de 10%. « C’est assez élevé, mais c’est la seule solution que nous avons pour l’instant », note Frédéric Chatillon. Interrogé un an et demi plus tard par les juges d’instruction Aude Buresi et Renaud Van Ruymbeke dans l’enquête sur le financement des campagnes FN où il est mis en examen, le communicant assume. « Etes-vous en charge de la recherche d’un financement du Front national ? », s’étonnent les magistrats. « Comme de nombreuses personnes, répond-il. Toutes les bonnes volontés étaient les bienvenues. J’ai d’ailleurs tout intérêt à ce que le FN me paie. » Un prestataire aux petits soins, en somme.
Quelques mois plus tard, le trésorier du Front national Wallerand de Saint-Just reconnait aussi le rôle joué par l’ancien leader du GUD dans la recherche d’un prêt pour le parti. « Monsieur Chatillon a effectivement essayé de trouver des prêts pour financer les campagnes électorales, notamment en Italie. Cela n’a pas marché. J’ai réussi en Russie », relate-t-il. Une allusion au prêt de 9,4 millions d’euros que le Front national a finalement souscrit auprès d’une banque tchéco-russe en 2014.
Plus largement, depuis l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du Front national, Frédéric Chatillon a été, avec son agence Riwal, un prestataire incontournable pour les tracts et affiches des candidats FN, largement remboursés sur fonds publics. Début 2011, c’est même la présidente du Front national qui a convoqué dans un petit restaurant à Nanterre les imprimeurs qui avaient l’habitude de travailler avec le Front pour leur imposer Riwal comme intermédiaire entre eux et les candidats.
Cette situation de quasi-monopole a permis à l’agence de com’ de dégager de confortables marges, allant de 38% à 68% sur les dépenses de campagne des candidats aux élections législatives de 2012. Et jusqu’à 74% sur les affiches officielles et profession de foi de la campagne présidentielle de Marine Le Pen. Soit 1,8 millions d’euros de marge sur les 2,4 millions remboursés par l’Etat ! Une forme d’industrialisation des subventions publiques qui est dans le viseur de la justice et vaut à #Frédéric_Chatillon, au trésorier du Front national et au FN en tant que parti d’être renvoyés en procès.