person:roland berger

  • Quarante-cinq ans avant d’être dépassés par les machines
    http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2017/06/13/32001-20170613ARTFIG00073-selon-des-chercheurs-il-ne-reste-que-45-ans-aux-h

    L’étude : https://arxiv.org/pdf/1705.08807.pdf

    Le spectre du remplacement des humains par des machines fait souvent l’objet de déclarations fracassantes. Une récente étude, dirigée par Katja Grace du Future of Humanity Institute à Oxford, n’est pas de nature à rassurer. Près 350 experts de l’intelligence artificielle (IA) ont été interrogés sur le temps qu’il faudrait, selon eux, aux machines pour maîtriser des postes et des tâches actuellement attribués à des humains. Selon leurs estimations, les intelligences artificielles pourront surpasser les humains dans certains domaines dès la prochaine décennie.

    Les traducteurs de langues doivent ainsi se tenir prêts pour 2024, les conducteurs de camion pour 2027. Les journalistes et chercheurs peuvent aussi enclencher le compte à rebours : la pleine capacité artificielle à écrire un essai de qualité est prévue pour 2026. Les vendeurs tiendront pour leur part jusqu’à 2030. Tous domaines confondus, il faudra selon les chercheurs se préparer pour 2061, où les intelligences artificielles ont une chance sur deux de pouvoir surpasser les humains pour à peu près n’importe quelle tâche.

    La discussion autour de « l’automatisation intelligente » (l’utilisation conjointe de machines plus performantes et de l’intelligence artificielle pour remplacer le travail humain) passionne les grands cabinets d’audit comme les instituts de recherche reconnus. Aucun n’est totalement neutre dans ce débat : certains peuvent chercher à obtenir ou maintenir des subventions pour leurs départements de recherche, d’autres à sensibiliser de nouveaux clients à un enjeu présenté tantôt comme une menace, tantôt comme une opportunité. Cette récente étude d’Oxford sélectionne les experts en fonction de leur participation au NIPS et ICML - deux conférences très prisées des experts en « machine learning » qui se déroulent respectivement à Los Angeles et Sydney. Seuls 21% des 1634 scientifiques contactés ont répondu, mais les chercheurs montrent que le groupe de répondants est comparable, en termes de genres et d’origines des participants. L’étude ne précise pas si ces deux conférences, où l’on compte 84% d’hommes contre 10% de femmes, 34% de chercheurs asiatiques contre 6% du Moyen-Orient, sont représentatives de la communauté mondiale de chercheurs en intelligence artificielle.

    D’une étude à l’autre, on peut souvent passer d’un chiffre alarmiste à un phénomène marginal. Le cabinet de conseil en stratégie Roland Berger avait publié en octobre 2014 que d’ici à 2025, 20% des tâches pourraient être automatisées, menaçant 3 millions de salariés français dans les secteurs de l’agriculture, du bâtiment, des services aux entreprises et aux particuliers… Ce chiffre correspondait à l’hypothèse la plus haute du rapport. Sa méthodologie avait été vivement critiquée, car elle ne tenait pas compte des emplois créés par la robotisation et considérait qu’au sein d’une même profession, chaque emploi était identique. Cette méthodologie était elle-même tirée du travail de deux chercheurs d’Oxford en 2013, selon lesquels l’automatisation menaçait 47% des emplois aux États-Unis. La méthodologie a été par la suite déclinée dans d’autres pays, notamment par l’institut McKinsey. Résultats : 43% d’emplois en péril pour la France, 48% en Allemagne et 56% au Japon, un des pays les plus automatisables selon cette étude.

    En mai 2016, des experts de l’OCDE ont pour leur part tenté d’évaluer les tâches potentiellement automatisables. Cette adaptation a fait reculer les chiffres de la robotisation : seulement 9 % des travailleurs français présenteraient « un risque élevé de substitution », soit tout de même 2,4 millions d’emplois. Début 2017, les conclusions du rapport du Conseil d’orientation pour l’emploi allaient dans la même direction : « moins de 10% des emplois cumulent des vulnérabilités qui pourraient en menacer l’existence dans un contexte d’automatisation », soit une menace réelle pour 1,49 million de salariés.

    #singularité #selon_une_étude_récente #robots #IA #travail #automatisation

    • On pourrait discuter des avantages et des inconvénients d’une telle #prédiction, si elle s’accompagnait d’une recherche du bonheur pour tou.te.s et pas seulement pour les propriétaires de ces #machines.

      Mais c’est à un autre scénario que ça m’a fait penser. Puisque, par ailleurs, la #fin_du_monde est prévue pour #2030, par conséquence d’une guerre nucléaire généralisée dont les radiations auront eu raison de nos cellules ; et puisque les machines sont dépourvues de cellules... cela veut donc dire qu’après 2030, le monde sera vidé de ses humains, mais peuplé de machines qui se traduiront entre elles, et qui conduiront des camions d’un endroit à un autre, sans aucun but, mais sans aucune raison de s’arrêter puisqu’elles sont programmées pour le faire...

      C’est con, j’aurais aimé être là pour le voir...

    • « sans aucun but », je sens un argument moral là-dessous. est-ce grave ? ne peut-on en dire autant des actions des humains de chair et d’os ? la société robotisée existera pour exister et se développer — elle représente l’avenir et réalisera le rêve d’une expansion de la #vie dans l’espace !

    • @fil : oui, c’est tout à fait cela. La prochaine civilisation, qui ira conquérir l’espace, ce sera celle des machines ! Et juste c’est Darwin qui une fois de plus ne nous contredira pas (il est plus là).

      Dans la BD « Carmen McCallum », le développement des IA est supposé cesser du fait de l’incompréhension des résultats émis par les machines, et aussi du fait que la conquête spatiale est devenue prioritaire. La série commence par la fusion IA/cerveau humain d’ailleurs, pour se terminer par son suicide, en quelque sorte... Avec pleins de thématiques actuelles sur la gestion de l’eau, les transnationales, l’ONU, la déshérence des états, le nucléaire...
      En fait, le scénariste est juste très bon. Même si ce n’est qu’une BD, et qu’il n’est évidemment pas possible d’aller au fond de chaque sujet.

    • L’IA, c’est un peu comme Trump au final, tout ce qu’ille veut c’est qu’on parle d’ellui. En bien, ou en mal, jusqu’à ce que le pour et le contre ne fassent qu’un. Jusqu’à ce que l’opinion populaire n’ait plus d’autre choix que d’y croire, et de s’y conformer.

      Dans l’idée des dystopies qui nous rongent l’imaginaire :
      The Regrettable Decline of Space Utopias, CurrentAffairs, par Brianna Rennix, le 14 juin 2017
      https://www.currentaffairs.org/2017/06/the-regrettable-decline-of-space-utopias

    • j’aime bien ce passage :

      Aspirational fiction seems especially important at this moment in our national history, when a significant number of Americans cast a ballot for a candidate they disliked, or were even disturbed by, simply because they wanted something different. There’s always been a gambling madness in the human spirit, a kind of perverse, instinctive itchiness that suddenly makes us willing to court disaster, simply on the off-chance of altering the mundane or miserable parameters of our daily lives. If we could transform some of that madness into a madness of optimism and creativity, rather than boredom, rage, and despair, that could only be a good thing.

      Sauf qu’il traduit l’apolitisme de ce genre de commentatrices américaines : « madness of optimism and creativity » ? Ca s’appelle la transformation sociale, et il y a des milliers de militants et des dizaines de groupes et de partis qui réfléchissent à ça depuis des centaines d’années, au lieu de regarder Star Trek !

      Et, en revanche, je n’aime pas beaucoup ce passage, parce que je me sens visé :

      I say faux-cynicism because I don’t believe that most people who profess to be pessimists truly believe that humanity is doomed, at least not in their lifetimes, or in their particular geographic purviews: if they did, then watching a film that features the drawn-out annihilation of a familiar American landscape would probably make them crap their pants. But telling yourself that everything is awful, and nothing can be fixed, is a marvelously expedient way to absolve yourself of personal responsibility. There is, happily, nothing about an apocalyptic worldview that obligates you to give up any of the comforts and conveniences that have accrued to you as a consequence of global injustice; and you get to feel superior to all those tender fools who still believe that a kinder world is possible! It’s a very satisfying form of moral escapism. No wonder our corporate tastemakers have been churning this stuff out.

      C’est vrai que le pessimisme pourrait conduire à l’inaction, mais à ce que je vois autour de moi, les moins actifs ne sont pas les plus pessimistes et vice versa...

  • Robotisation générale

    http://www.lemonde.fr/robotique/article/2016/01/03/robotisation-generale_4841007_4620106.html

    Dans la série de science-fiction suédoise «  Real Humans  : 100 % humain  », en 2012, des robots humanoïdes dopés à l’intelligence artificielle, les hubots, effectuent tous les travaux pénibles et routiniers et exercent de nombreux métiers dans les services  : magasinier, aide-soignant, domestique, chauffeur, coursier, partenaire sexuel… La plupart des humains se sont défaussés sans regret de ces emplois. Seule une minorité s’oppose aux hubots, des employés mis au chômage qui ont décidé de les détruire comme faisaient les ouvriers luddistes du début du XIXe siècle, canuts lyonnais ou tisserands anglais, avec les métiers à tisser. Car le robot est toujours un voleur de travail.

    Nous aurions tort de croire qu’aujour­d’hui, nous sommes très éloignés de ce scénario de science-fiction. Des études convergentes montrent que de nombreux emplois réservés aux hubots dans la série sont déjà robotisés. Nous ne le percevons pas clairement du fait que ces robots ne sont pas humanoïdes. Mais ils sont omniprésents. Le «  hubot  » ouvrier est une machine-outil équipée de plusieurs bras et de puces de radiodétection qui lui permettent de choisir ses outils. Le hubot coursier est un drone de basse altitude  : chez Amazon, on en teste pour la livraison rapide, jusqu’ici assurée par des hommes. Le hubot aide-soignant s’appelle Tug  : c’est une table roulante équipée d’un œil électronique qui rappelle le personnage R2-D2 de La Guerre des étoiles. Présent dans 140 hôpitaux américains, Tug délivre à la demande des médicaments, de l’eau fraîche et des repas.

    (...)

    Un rapport d’octobre 2014 du cabinet d’études Roland Berger montre, quant à lui, que les gains de productivité liés à l’automatisation du secteur industriel ont représenté 64 % des réductions d’emploi en France entre 1980 et 2012 : soit 1,37 million, un chiffre très au-dessus des pertes dues aux délocalisations (279 000 emplois). Il annonce 42 % des métiers automatisés d’ici à 2030.

    Aux Etats-Unis, mêmes coupes claires. En septembre 2013, deux chercheurs d’Oxford, Carl B. Frey et Michael A. Osborne, publient une étude qui dérange : « L’avenir de l’emploi : à quel point les métiers sont-ils susceptibles d’être numérisés ? ». Ils listent 702 emplois menacés à court terme. Dans les usines en priorité, mais aussi dans les services. Téléconseillers remplacés par des boîtes vocales, secrétariats détrônés par la télétransmission, spécialistes des formalités aujourd’hui informatisées, graphistes sans formation Web, développeurs photo, gardes et surveillants... A moyen terme, transporteurs et coursiers sont, eux aussi, menacés.
    Avec l’arrivée de la Google Car (autorisée à rouler sur des routes californiennes), les grandes marques automobiles (Ford, Tesla ou General Motors) s’intéressent à la voiture sans chauffeur. Des cabinets d’analyse annoncent que 9 % des voitures seront autonomes en 2035 – peut-être 80 % en 2050. Adieu les taxis ?

    En septembre 2012, une enquête Sofres de la Commission européenne montrait que 73 % des Français se méfient des robots parce qu’ils craignent qu’ils détruisent leurs emplois. Ils n’ont donc pas tort. Car la robolution détruit non seulement les emplois ouvriers et ceux des services, mais aussi de nombreux travaux qualifiés, experts. Des emplois dits « cognitifs ». Beaucoup vont disparaître du fait de la sophistication des nouveaux robots équipés d’algorithmes.
    Des exemples ? A la société hongkongaise Deep Knowledge Ventures, spécialisée dans le capital- risque pour les secteurs de santé, l’algorithme d’analyse stratégique Vital siège au conseil d’administration. Il compulse et synthétise les données utiles : brevets disponibles, tests de médicaments, levées de fonds précédentes. Son avis importe à la direction. En Europe, le logiciel Quill (« plume ») remplace déjà les journalistes et les agents chargés de rédiger des brèves, des comptes rendus, des bilans financiers – au Monde, nous l’utilisons pendant les soirées électorales. Quill trie d’énormes quantités d’informations économiques, politiques, sportives, il les compare et donne les résultats au kilomètre, écrits en textes courts, clairs, sans fautes d’orthographe. De quoi justifier l’interrogation du magazine américain Business Week, en avril 2010 : « Les commentateurs sportifs sont-ils vraiment nécessaires ? »

    Autre performance : le logiciel Watson d’IBM parcourt 200 millions de pages en trois secondes, et répond aux questions en langue naturelle. En février 2011, aux Etats-Unis, Watson a gagné en direct au jeu télévisé « Jeopardy ! » face à des joueurs chevronnés. IBM, inventeur du supercalculateur Deep Blue (vainqueur face au champion du monde d’échecs russe Garry Kasparov en 1997), entend le rentabiliser dans le diagnostic médical : il cherchera la mutation génétique d’un patient dans les gigabases de données génomiques.

    Toutes ces machines intelligentes, à court et moyen terme, vont remplacer des employés ou des cadres spécialisés. C’est la « substitution logicielle », comme l’appelle avec tact le fondateur de Microsoft, Bill Gates. Nombre de comptables, de banquiers qui accordent des crédits, de pourvoyeurs de contrats d’assurance, de fonctionnaires chargés de codifier les documents juridiques, de généalogistes, de mathématiciens faisant du calcul économique, de traders, vont être remplacés par des robots, préviennent deux chercheurs du Center for Digital Business du Massachusetts Institute of Technology (MIT), Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee. Dans une étude d’octobre 2013, deux économistes de l’université de Chicago, Loukas Karabarbounis et Brent Neiman, montrent qu’entre 2000 et 2012 le taux de chômage de la main-d’œuvre qualifiée a doublé aux Etats-Unis.

    Avec la robolution du travail, c’est donc la question de la spécificité humaine, de son originalité radicale, qui est posée. Dans quelle tâche, quelle activité, l’homme n’est-il pas « remplaçable », pour reformuler l’interrogation de la philosophe Cynthia Fleury, qui s’inquiète dans son nouvel essai des mille façons dont nos sociétés détruisent, chez l’individu, le sentiment d’« irremplaçable » (Les Irremplaçables, Gallimard) ? Quelle est la « valeur ajoutée » de l’homme, demande le directeur du cabinet de conseil Roland Berger, Charles-Edouard Bouée, coauteur de l’essai Confucius et les automates (Grasset, 2014) ?
    Bruno Bonnell, lui, se fait l’avocat du diable. « Le propre de l’humain est d’être un Homo faber, il a toujours fabriqué des outils et des machines pour alléger et améliorer son travail. Le robot perpétue cette lignée, il libère l’homme des tâches pénibles, il le rend moins esclave. L’homme va enfin pouvoir s’acquitter de tâches dignes de lui. » Le terme « robot », rappelle-t-il, a été utilisé pour la première fois par l’écrivain tchèque Karel Capek (1890-1938) dans sa pièce de science-fiction R.U.R., en 1920. Il vient du tchèque robota, qui signifie « corvée ». Cette idée d’un robot libérant l’homme d’un emploi indigne était partagée par quelques figures du monde ouvrier révolutionnaire
    du XIXe siècle. Ainsi le socialiste libertaire Paul Lafargue (1842-1911) écrivait-il en 1880, dans Le Droit à la paresse : « Les grands philosophes du capitalisme (...) ne comprennent pas encore que la machine est le rédempteur de l’humanité, le dieu qui rachètera l’homme des “sordidae artes” [les arts sordides] et du travail salarié, le dieu qui lui donnera les loisirs et la liberté ».

    Alors, quelle activité en propre restera-t-il aux humains face à des robots habiles, véloces et calculateurs ? Le philosophe Dominique Lestel, dans son ouvrage A quoi sert l’homme ? (Fayard), questionne la fascination mortifère de notre époque pour les machines, le robot et le post-humain : cette passion a fini par nous faire négliger, et même haïr, la nature et le vivant, estime-t-il, mais aussi tout ce qu’il y a de convivial, d’attachement, d’empathique, d’historique, d’artistique dans l’homme – dans ce corps souffrant doué de culture et de sentiments. De son côté, le philosophe américain Peter Asaro, une figure de l’opposition aux « armes létales autonomes » ou robots tueurs, attire l’attention depuis des années sur les questions de morale et de droit – proprement humaines – soulevées par la cohabitation avec des machines autonomes.

    Il se demande qui sera responsable si la Google Car écrase un passant ? Ou encore qui va répondre des crimes d’un robot soldat qui commet un carnage ? Autre exemple : l’arrivée des drones commerciaux exige qu’on régularise l’ouverture de couloirs aériens de transit à haute vitesse, situés entre 6 et 120 mètres. Doit-on les autoriser en ville ? Le grand public aura-t-il le droit de les utiliser ? A qui s’adresser si le colis d’un drone tombe sur une tête ? Ces réflexions nous rappellent que les humains se poseront toujours des questions auxquelles les machines ne pensent pas. C’est bien là une des qualités intrinsèques des hommes : ils rêvent à une vie meilleure, ils se préoccupent de leurs enfants, de leur vie sociale, ils éprouvent de la compassion, ils sont moraux, ils s’interrogent sur l’usage des machines, ils réfléchissent – comme l’écrivain de science-fiction Isaac Asimov – aux « lois de la robotique ».

    D’ores et déjà, nombre de philosophes, de juristes, d’éthiciens, de spécialistes de l’intelligence artificielle réfléchissent au nouveau champ juridique ouvert par l’omniprésence des robots. C’est beaucoup de travail en perspective : un nouveau droit, des déontologies doivent être mis en œuvre. On peut ainsi imaginer que cette spécificité tout humaine et ses exigences vont générer de nouveaux métiers, du fait même de notre nouvelle cohabitation avec des robots.

    C’est aussi ce que pronostique une analyse publiée en août 2013, dans le New York Times, par les économistes David H. Autor et David Dorn : bien des métiers résisteront à la robotisation en mettant en avant leurs qualités humaines. Car les hommes ne supporteront pas de communiquer seulement avec des machines – voyez l’inhumanité des répondeurs automatiques et des bornes d’information. Face aux robots, avancent les deux économistes, les personnes combinant une qualification technique et des comportements relevant du savoir-faire « relationnel », de l’« esprit pédagogique », de la « capacité d’abstraction », de la « conception », de l’« adaptabilité psychologique », du sens de la « résolution des problèmes » – tout ce qui relève du « non-routinier » et de la « flexibilité », c’est-à- dire de l’« uniquement humain » –, maintiendront leur travail.

    Dans les services, ce sera le cas pour les infirmières praticiennes, les techniciens des métiers médicaux, les représentants auprès de la clientèle, mais aussi les plombiers, les électriciens, les chauffagistes, les charpentiers, les créateurs d’applications, les réparateurs de robots et de machines – tous ceux qui offrent un travail personnalisé et créatif, au-delà de leur seul emploi. Lawrence Katz, un économiste du travail à Harvard, parle d’un prochain envol des « nouveaux artisans », capables de créations originales, proprement humaines, tout en utilisant l’ingéniosité des machines. Dans les métiers cognitifs, tous les emplois relevant de l’enseignement, de l’éducatif, du coaching, de l’esprit de synthèse, mais aussi des métiers créatifs – concepteurs de cuisines, de design, en architecture, en ergonomie... – résisteront, proposant des services inédits.

    Ces économistes défendent les douleurs inévitables de la « destruction créatrice » apportée par l’innovation technologique, une des lois d’airain du capitalisme, d’après l’économiste autrichien Joseph Schumpeter (1883-1950) : des machines nouvelles mettent les hommes au chômage puis des cycles de création d’emplois suivent. Aux Etats-Unis, le président du think tank Information Technology & Innovation Foundation, Rob Atkinson, avançait en septembre 2013, dans la Technology Review du MIT, que les pertes de travail dues à la robolution permettent aux entrepreneurs de réinvestir : « Quand une machine remplace un travailleur, un effet de second ordre se produit : l’entreprise qui l’utilise économise de l’argent, qui est réinjecté dans notre économie. »

    Créateur d’une entreprise de robotique, Bruno Bonnell tient un raisonnement proche : « Nous avons perdu des milliers d’emplois dans le transport à cheval avec l’arrivée de la voiture. Mais l’industrie automobile en a créé par la suite des dizaines de milliers. Aujourd’hui, les entreprises qui font des gains de productivité avec les robots vont réinvestir dans des start-up innovantes, la création de logiciels, d’applications, les solutions écologiques, tous les métiers où l’invention humaine est indispensable. » Dans un monde de robots, l’« uniquement humain » reste irremplaçable.

  • Numérique, destruction d’emplois et avenir du #travail - Le Monde.fr
    http://lemonde.fr/emploi/article/2015/08/18/numerique-destruction-d-emplois-et-avenir-du-travail_4729225_1698637.html

    "D’ici 2025, 3 millions d’emplois touchant tout autant les classes moyennes, les emplois d’encadrement et les professions libérales que les métiers manuels pourraient avoir disparu en France, selon une étude de Roland Berger commandée par le Journal du Dimanche (JDD). Une transformation immense, qui annonce une nouvelle explosion d’insolvabilité généralisée, bien pire que celle de 2008, s’inquiète Bernard Stiegler dans son nouveau livre La société automatique - l’Avenir du travail."(Permalink)

    #économie #emploi

  • FRANCE : Les robots détruiraient trois millions d’emplois d’ici à 2025
    http://www.brujitafr.fr/2015/07/france-les-robots-detruiraient-trois-millions-d-emplois-d-ici-a-2025.html

    La robotisation va toucher « les classes moyennes, y compris les classes moyennes supérieures », explique Hakim El Karoui, associé au cabinet Roland Berger. (Crédits : Reuters) La plupart des secteurs perdraient des emplois, excepté l’éducation, la santé,...

  • Six #pétroliers demandent un prix « ambitieux » du #carbone
    http://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/021104229758-six-petroliers-demandent-un-prix-ambitieux-du-carbone-1124223.

    « Les pétroliers préfèrent un prix du CO2 qui répartisse la contrainte en la faisant d’abord peser sur les centrales au charbon plutôt qu’une approche qui durcirait les normes d’émissions sur ses principaux clients que sont les constructeurs automobiles », analyse Emmanuel Fages, consultant chez Roland Berger. « Aujourd’hui, tout le monde demande un prix du carbone. Les pétroliers ont tout intérêt à se montrer pro-actifs et ils ne prennent pas un grand risque, parce que toutes les tentatives récentes ont échoué ou se sont traduites par des conséquences peu contraignantes, les Etats redoutant l’impact sur l’emploi ou la compétitivité », estime aussi un expert.

    Sans fixer de prix – « parce que nous ne sommes pas seuls » –, Patrick Pouyanné a indiqué que ces « mécanismes de tarification doivent être stables, transparents et ambitieux », évaluant tout de même autour de 40 dollars la tonne de CO2 le point d’équilibre entre gaz et charbon pour produire de l’électricité.

    Quant à la technologie émergente de capture et stockage du carbone (CCS), elle nécessiterait un prix de 80 à 100 dollars la tonne pour être rentable, a jugé le patron de Total, qui produit déjà autant de gaz que de pétrole et devrait voir la part du premier s’accroître encore ces prochaines années.

    Plus précisément encore :

    In Stunning Reversal, ‘Big Oil’ Asks for Carbon Price
    http://www.climatecentral.org/news/oil-companies-carbon-price-19054

    The desire for a price on carbon might seem anathema to companies that make much of their billions from extracting oil and gas, two of the main drivers of carbon dioxide emissions that are warming the planet. And make no mistake, the six companies are not talking about getting out of the oil and gas business anytime soon. In fact, a separate letter to the media highlights natural gas as an important bridge fuel.

    And despite signing the letter, Shell is also headed back to the Arctic this summer to drill for oil.

    But in the big picture, the lack of a price on carbon creates an uncertain environment for companies that tend to plan decades into the future. The sooner a price is set, the quicker companies can adjust their plans for future profitability.

    In addition, there’s been growing pressure from shareholders that want more clarity on how oil companies plan to continue making money in a world where carbon emissions need to decline in order to avoid the worst impacts of climate change. The growing power of the divestment movement, which aims to get pension funds and endowments to remove fossil fuel companies from their portfolio, is also posing a growing issue for fossil fuel companies.

    “The investors have really woken up in the past 12 months,” Frances Way, co-chief operating officer of programs at CDP, said. “There’s a push to ask that as a responsible investor, should they be supporting oil and gas at this point.”

    CDP works with investors and companies interested in planning for the impacts of climate change and how to reduce emissions. For fossil fuel companies, reducing emissions means reimagining what kind of company they are.

    “It depends if you see it as a fossil fuel business or an energy business. Can they can diversify and change over time?” Way said. “I feel a number of individuals are trying to get a point of dialogue about the strategy and risk and being more transparent.”

    Figueres has said she wants to have fossil fuel companies at the table for climate talks. The letter signals a willingness that they’ll be pulling up a seat as good guests and not party crashers.

  • Les robots, ennemis des travailleurs
    http://affaires.lapresse.ca/economie/international/201411/24/01-4821811-les-robots-ennemis-des-travailleurs.php

    Un androïde donne la réplique à une actrice dans cette adaptation japonaise de Lamétamorphose (sic) de Kafka. Le domaine culturel est pour l’instant peu menacé par la robotisation, mais on ne peut pas en dire autant des emplois de bureau, ou des secteurs de la construction ou de l’agriculture.

    […]

    En France, c’est pas moins de 3 millions d’emplois que les robots détruiraient d’ici 2025, avance pour sa part la réputée firme de conseils stratégiques Roland Berger.

    […]

    La robotisation/numérisation menace surtout la classe moyenne, y compris « les classes moyennes supérieures », explique un expert de Roland Berger, cité sur un site web techno. On parle ici de professions intellectuelles, comme les comptables, les journalistes ou les juristes, dont certaines tâches peuvent être accomplies par des automates, ce qui explique en partie le chômage persistant dans certains secteurs.

    #Automatisation #Ben_Bernanke #Chômage #Emploi #France #Numérique #Robot #Robotisation #Travail #Économie

  • Numérique : les firmes françaises à la traîne des consommateurs - Meta-Media
    http://alireailleurs.tumblr.com/post/99477102366

    Barbara Chazelle de la direction stratégie et prospective de France Télévisions revient sur Meta-Media sur le rapport (.pdf) du cabinet Roland Berger sur la transformation numérique en France qui pointe le fait que si les consommateurs Français sont plus engagés sur l’internet que leurs voisins européens, les entreprises, elles y sont insuffisamment présentes. Et proposent assez peu de fonctionnalités parmi les plus récentes ou innovantes… Le rapport souligne pourtant que « les entreprises les plus matures dans leur transformation numérique ont une croissance 6 fois supérieure aux autres ». 

    #économie_numérique #économie

  • Light foot print strategy
    http://transportsdufutur.typepad.fr/blog/2013/07/light-foot-print-strategy.html

    L’article de Charles Edouard Bouée, membre du comité
    executif du cabinet Roland Berger dans les Echos, est intéressant. Il développe
    une analogie entre la stratégie militaire américaine et l’entreprise de demain.
    Reprenant l’idée que les militaires préfigurent les organisations du futur
    (voir et revoir sur ce point les nombreux éléments de Transit City). Tentons
    d’appliquer ces tendances aux domaines des mobilités et entreprises de
    transports.
    Les qualifications retenues pour cet avenir sont VIC…

    Assez abject, mais c’est effectivement probablement le chemin que ça prend…

    #transportsdufutur.typepad.fr