ROMAN NATIONAL, retour en arrière
Quand Pasqua prononçait son fameux « allez, on lâââche les chiiiiens », il pensait à ses chers voltigeurs, mais ceux-ci, suite à l’assassinat de Malik Oussekine, avaient dû renoncer à leurs motos et on les avait transférés dans des unités spéciales moins voyantes. La plupart de ces unités étaient chargées de « nettoyer les rues » (c’était l’expression employée) après certaines manifestations, loin des caméras de préférence, et en bonne intelligence avec les agents infiltrés parmi les casseurs. Comme tous les ministres de l’Intérieur, Pasqua rêvait de devenir président de la République afin de pouvoir réaliser entièrement l’empire du crime qui avait été sa grande vision pendant l’enfance. Mitterrand, Chirac, Sarkozy, tous avaient été ministres de l’Intérieur avant d’accéder au poste suprême. Aux yeux de Pasqua, on ne pouvait accéder à la présidence sans une maîtrise totale de la Police et sans avoir soi-même accompli tous les crimes d’Etat possibles et imaginables, toujours au nom de l’idéal républicain bien sûr. Le criminel d’Etat absolu, c’était le chef de la nation, cela ne faisait aucun doute pour Pasqua qui avait déjà, dans un de ses cahiers d’écolier que sa mère centenaire continuait à lui offrir, fait la liste de tous les crimes qu’il rêvait de commettre une fois élu à l’Elysée.