person:samih al-qasim

  • Palestinian poet Dareen Tatour imprisoned again [Samidoun : Palestinian Prisoner Solidarity Network, 25 juillet]

    http://samidoun.net/2016/07/palestinian-poet-dareen-tatour-imprisoned-again

    Dareen Tatour, a Palestinian citizen of Israel, was imprisoned for three months followed by over six months of house arrest over “incitement” allegations based on her poetry, posted online in a YouTube video and shared on Facebook. She was forced into house arrest near Tel Aviv far from her village of Reineh; her brother and sister in law needed to drop work and school in order to serve as “guards” 24/7, and she is forbidden from access to the internet. Tatour must wear an electronic ankle bracelet at all times. Her case has received increasing attention and solidarity, and the support of hundreds of prominent international literary figures such as Alice Walker, Eve Ensler, Marilyn Hacker, Viet Thanh Nguyen, Dave Eggers, Susan Abulhawa, and many others. Her case, one of hundreds of Palestinians facing arrest and imprisonment for writing on Facebook, has sparked outrage and highlighted the long history of Israeli colonial erasure of Palestinian cultural production, from the assassination of Ghassan Kanafani to the imprisonment of Mahmoud Darwish, Tawfiq Ziyyad, and Samih al-Qasim.

    #Palestine #Israël #Palestiniens48 #Dareen_Tatour #poésie #femmes #prisonniers

    • Le poème pour lequel elle a été mise en prison:

      Resist, My People, Resist Them
      Dareen Tatour, 2015
      https://arablit.org/2016/04/27/the-poem-for-which-dareen-tatours-under-house-arrest-resist-my-people-resis
      https://www.youtube.com/watch?v=R1qnlN1WUAA

      Resist, my people, resist them.
      In Jerusalem, I dressed my wounds and breathed my sorrows
      And carried the soul in my palm
      For an Arab Palestine.
      I will not succumb to the “peaceful solution,”
      Never lower my flags
      Until I evict them from my land.
      I cast them aside for a coming time.
      Resist, my people, resist them.
      Resist the settler’s robbery
      And follow the caravan of martyrs.
      Shred the disgraceful constitution
      Which imposed degradation and humiliation
      And deterred us from restoring justice.
      They burned blameless children;
      As for Hadil, they sniped her in public,
      Killed her in broad daylight.
      Resist, my people, resist them.
      Resist the colonialist’s onslaught.
      Pay no mind to his agents among us
      Who chain us with the peaceful illusion.
      Do not fear doubtful tongues;
      The truth in your heart is stronger,
      As long as you resist in a land
      That has lived through raids and victory.
      So Ali called from his grave:
      Resist, my rebellious people.
      Write me as prose on the agarwood;
      My remains have you as a response.
      Resist, my people, resist them.
      Resist, my people, resist them.

    • Résiste, Mon Peuple, Résiste leur
      Dareen Tatour, 2015
      http://entrelesoreilles.blogspot.ca/2016/09/elo246-dareen-tatour.html

      Résiste, mon peuple, résiste leur.
      A Jérusalem, je me suis habillée de mes blessures et j’ai respiré mes douleurs
      Et j’ai porté l’âme dans ma paume
      Pour une Palestine arabe.

      Je ne succomberai pas à la « solution pacifique »
      Je ne baisserai pas mes drapeaux
      Jusqu’à ce que je les expulse de ma terre.
      Je les ai mis de côté pour un moment qui va venir.

      Résiste, mon peuple, résiste leur.
      Résiste au vol du colon
      Et suis la caravane des martyrs.

      Déchire cette constitution honteuse
      Qui a imposé dégradation et humiliation
      Et nous a dissuadé de rétablir la justice.

      Ils ont brûlé des enfants innocents ;
      Quant à Hadil, ils l’ont abattue en public,
      Tuée en plein jour.

      Résiste, mon peuple, résiste leur.
      Résiste à l’assaut du colonialiste.
      Ne fais pas attention à ses agents qui sont parmi nous
      Qui nous enchaînent avec l’illusion pacifique.

      Ne crains pas les langues qui doutent ;
      La vérité dans ton cœur est plus forte,
      Tant que tu résiste sur une terre
      Qui a vécu les raids et la victoire.

      Alors Ali a appelé depuis sa tombe :
      Résiste, mon peuple rebelle.
      Écris-moi comme de la prose sur le bois d’agar ;
      Mes restes vous ont comme une réponse.

      Résiste, mon peuple, résiste leur.
      Résiste, mon peuple, résiste leur.

  • Poètes d’une parole essentielle
    par par K. Selim
    http://www.lequotidien-oran.com/?news=5201935

    Les Palestiniens survivants qui continuent de sortir les corps des décombres de Gaza pour les enterrer dans la dignité, en serrant les dents, suivent avec attention et émotion les nouvelles de la bataille que livre leur immense poète Samih Al-Qassim à la mort. Atteint d’un cancer du foie depuis trois ans, l’état de santé de Samih Al-Qasim s’est dégradé ces derniers jours. Et tout le monde s’est souvenu que c’est au mois d’août 2008 que son complice et « jumeau » de la poésie de résistance, Mahmoud Darwich, a tiré sa révérence.

    Pourquoi les Palestiniens, qui meurent si facilement dans le silence ou dans si peu de bruit, sont-ils à ce point attachés à leurs poètes au point de ne pas se résigner à les voir partir ? Probablement parce que leur voix dit l’essentiel de leur humanité de manière si forte, si puissante et si humaine qu’elle transcende tous les clivages et dépasse tous les discours politiques. Les Palestiniens ont été bouleversés par le départ de Mahmoud Darwich, mais ils ont découvert, durant ces années d’absence, combien sa présence est forte. Ils ont pu voir combien ses mots continuaient à creuser des sillons profonds dans les consciences. Combien ils gardaient intacte la vérité d’un combat qui, comme c’est le cas de tous les mouvements de libération, connaît des hauts et des bas.

    Samih Al-Qassim dont les poèmes - comme ceux de Mahmoud Darwich - ont été amplifiés avec grand art par Marcel Khalifa, est de la même stature que son « jumeau ». Il ne prétend pas au statut de « porte-parole », un vilain mot que les poètes ne peuvent que réprouver ou tourner en dérision comme Samih sait si bien le faire. Lui et Mahmoud ne sont pas des porte-paroles. Ils sont cependant la parole palestinienne par excellence. Samih Al-Qassim est un résistant. Dans tous les sens du terme, un homme qui ne plie pas, qui ne cède pas, qui contrarie, qui combat. Sans être un surhomme. Juste en étant un homme, qui aime la terre, le pain, les choses de la vie… Un homme qui considère que le cancer qu’il a dans son corps est moins grave et moins sournois que le « cancer de l’occupation ».

    Pourquoi les Palestiniens ne se résignent pas à perdre leurs poètes ? Parce que leur voix est une thérapie contre l’oppression. Des voix qui reconstruisent continuellement, dans la colère, dans l’amour, dans l’odeur du pain et du café au matin, dans le geste pudique et tendre de la mère, un pays volé et interdit. Ils deviennent ainsi les créateurs d’une mémoire vivante, des constructeurs et des accumulateurs de sens pour un peuple mené d’un absurde à l’autre, d’une injustice à l’autre.

    « Je sais que mon corps est ton lit…
    Et mon âme ton drap /
    Je sais que tes rives se rétrécissent sur moi… Je ne t’aime pas ô mort. Mais je n’ai pas peur de toi », a écrit Samih Al-Qassim dans une déclamation de défiance au mal qui le ronge. Et il n’en a pas peur vraiment. Certes, il aimerait encore un peu de temps, il a des choses à faire sur cette terre, marier un fils, terminer un livre, engager une autre œuvre. Mais si elle vient, dit-il avec son humour indestructible, « Toz, fiha ». C’est qu’il est déjà vainqueur. Comme Mahmoud. Ses poèmes-chansons, appris en Palestine et au-delà, continueront à résonner dans les cœurs et à perpétuer le combat par-delà la mort.

    Les Palestiniens aiment leurs poètes parce que nul ne les exprime aussi bien. Sur la page Facebook des amis du poète, les messages sont nombreux et poignants. Il est leur voix ce poète qui a dit : « Moi, sur mon dos il y a des rochers mais il n’a point plié ».

    Samih al-Qassim est décédé aujourd’hui

    Je résisterai
    http://www.pourlapalestine.be/index.php?option=com_content&view=article&id=72:je-resisterai&catid=

    Je résisterai

    Même si tu prenais mon dernier pouce de terre
    Même si tu m’enfermais entre mille murailles
    Même si tu brûlais mes poèmes et mes livres
    Même si tu donnais ma chair en pâture aux chiens
    Même si ton cauchemar hantait nos demeures
    Même si tu surprenais ma tristesse cachée

    jusqu’à la dernière pulsation de mes veines,
    je résisterai
    je résisterai.

    Samih al-Qassim

    Source : Mémoires palestiniennes. La terre dans la tête. Anwar Abu Eishe. Clancier-Guénaud.