person:samir frangié

  • De la fausse opposition entre culture de l’espace et culture du territoire à propos du Hezollah libanais
    A propos de
    III – Le Hezbollah entre culture de l’espace et intégration au système libanais - Michel TOUMA et Michel HAJJI GEORGIOU - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1155791/iii-le-hezbollah-entre-culture-de-lespace-et-integration-au-systeme-l

    En tant que tête de pont des pasdaran aux frontières avec Israël et sur le littoral de la Méditerranée, le Hezbollah inscrit ainsi son action dans le sillage d’un vaste projet supranational chiite à caractère régional : celui de l’expansionnisme du nouvel empire perse emmené par les pasdaran.

    Cette dimension qui caractérise le projet Hezbollah ne fait pas toutefois l’unanimité au sein de la communauté chiite. Elle est notamment en porte-à-faux avec l’orientation essentiellement libaniste défendue par l’imam Mohammad Mehdi Chamseddine qui succéda à l’imam Moussa Sadr à la tête du Conseil supérieur chiite. Dans son ouvrage Wassaya (son testament politique), qu’il élaborera peu avant son décès en 2001, cheikh Chamseddine exhortera les chiites à ne pas s’engager sur la voie d’un projet chiite transnational, les appelant à lutter dans le cadre de leur société respective afin de défendre leurs droits légitimes. En clair, il les invitait à ne pas s’ancrer au projet de la wilayat el-faqih, rejoignant sur ce point l’actuel chef de la communauté chiite en Irak, l’ayatollah Sistani, ainsi que nombre de dignitaires chiites en Iran même.

    Dans un article publié dans Le Monde en juillet 2005, Samir Frangié analysait cette remise en cause de l’existence même d’un projet chiite autonome par Mohammad Mehdi Chalseddine, soulignant que l’apport de l’imam sur ce plan a été de lier la légitimité de l’État à sa capacité à préserver le « vouloir-vivre-ensemble » et donc à prendre en compte les sensibilités et les appréhensions des composantes communautaires qui forment le tissu social libanais. Cela implique une nécessaire « libanisation » du discours et de la posture politique de la communauté chiite, et donc du Hezbollah.

    Culture de l’espace et culture du territoire

    Le Hezbollah ne tiendra pas compte, ou très peu, du testament politique de Chamseddine. Sa doctrine, définie et rendue publique en 1985, le place dans une autre dimension, celle du projet transnational, d’une « culture de l’espace », par opposition à la posture libaniste, ou la « culture du territoire », prônée par Chamseddine, pour reprendre la notion définie par Bertrand Badie dans son ouvrage La fin des territoires.

    Si la logique transnationale est ce qui définit la culture de l’espace, pourquoi n’appliquer cette notion qu’au Hezbollah, et pas au réseau capitalisto-sunnite reliant les Hariri à Riyad, en passant par Paris et Washington ? La diaspora maronite, où il y a plus de fidèles en Amérique (latine et du nord) qu’au Liban, ne fonctionne t elle pas elle aussi selon une culture de l’espace ?
    Et à l’échelle locale, où existe t il une culture du territoire ? La plupart des Libanais vivent sur un double ancrage, entre leur lieu actuel de résidence et leur village d’origine. Ce territoire, largement virtuel, n’est il pas en fait aussi une culture de l’espace ?
    Au fond, ces deux notions renvoient à deux formes concomitantes de toute spatialité humaine.
    En fin de compte, cette opposition factice ne sert qu’à délégitimer un groupe politique et ses partisans - et je ne dis pas cela pour dédouaner le Hezbollah de son allégeance iranienne mais simplement pour signifier qu’il faut s’intéresser à toutes les formes d’allégeance transnationale dans ce cas.

  • La modestie de l’historien - Sur le dernier livre d’Ahmad Beydoun par Samir Frangié
    http://www.lorientlejour.com/category/%C3%80+La+Une/article/774876/La_modestie_de_l%27historien_.html

    La perspective que Beydoun développe dans cette première partie est une perspective historique, qui oppose l’historicité du système libanais et de ses différentes composantes à leurs immobilismes et essentialismes apparents. C’est un parti pris pour l’histoire, le temps et le changement, que Beydoun développe depuis son étude magistrale de l’historiographie libanaise, publiée en 1984. Et ce parti pris repose sur l’hypothèse que « le système libanais et ses crises ont une “histoire” », ce qui impliquerait qu’elles ne sont pas une répétition à l’infini d’une même crise, mais représentent une transformation dans le système qui requiert une analyse historique et la recherche de solutions adaptées.

    #Ahmad Beydoun

  • Gilles Paris dit tout le bien qu’il pense du bouquin de Samir Frangié. Du coup, il ne nous épargne pas le gag de la journée :
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/05/23/cendres-et-impasses-libanaises_1705982_3232.html

    De ces trois décennies de cendres et d’impasses surnagent deux camps, selon Samir Frangié. Celui qui s’est donné comme idéal la quête du vivre-ensemble, et celui - c’est la vision du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah - qui privilégie le groupe sur l’individu et fait du Liban un pays de ligne de front, oscillant en permanence entre paix chaude et paix froide.

    Comme l’ont prouvé les événements des 72 dernières heures au Liban…

    • livre très décevant : conclusion de ma recension « Le livre comporte une part d’autocritique sur son adhésion à la violence lors des premières années de la guerre civile. L’auteur en tire la conviction de la nécessité des liens individuels entre les Libanais et critique sévèrement le régime confessionnel. Il revendique pour les Chrétiens une participation décidée et non timide aux révolutions en cours.
      Mais l’ouvrage déçoit vraiment lorsqu’il parle du camp d’en face, dont il méconnait tout, et caricature les revendications et les projets. Qu’est-ce qu’un Chiite pour Frangié ?... »
      http://www.librarything.com/work/11956722/book/80126614

  • Interviews croisées et points de vue divergents : Samir Frangié et Ali Fayad | Politique #Liban | L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com//news/article.php?id=757627
    Interviews parallèles de Samir Frangié et de Ali Fayad (#Hezbollah, ci dessous).

    La stabilité politique est donc face à l’alternative suivante : soit la création d’un État démocratique basé sur le concept de citoyenneté, avec l’abolition du confessionnalisme politique et la protection des droits des communautés par la création d’un Sénat, soit l’approfondissement du concept de démocratie consensuelle. Dans le premier cas, il faut un État centralisé et un président élu au suffrage universel, ce qui lui permettrait de surmonter le pouvoir des confessions. Cette formule semble difficile car les chrétiens refusent l’abolition du confessionnalisme. La seconde option semble plus réalisable, mais il faut fixer les principes du consensus qui, à mon avis, se résument à quatre : l’adoption du système électoral proportionnel, l’octroi d’un droit de veto aux communautés, l’adoption d’une décentralisation administrative poussée, et la formation de grandes coalitions, dans le but de relever le niveau de participation politique pour toutes les communautés. Cette option me paraît possible. En tout cas, il faut y réfléchir.

    Il poursuit par cette intéressante (mais contestable) interprétation géographique de la nature du Liban

    Le Liban a, par essence, une dualité entre ses montagnes et la côte, entre, donc, le concept de résistance et celui d’ouverture et d’émigration. C’est d’ailleurs pourquoi l’émigration est un phénomène qui s’est répété à travers l’histoire du Liban. Alors que la défense a toujours été le propre des montagnes et de leurs habitants. Il s’agit donc d’une résistance contre une force plus puissante. Dans cette optique, il faut préciser que la réalité libanaise a toujours tourné autour d’une dynamique double, celle de l’ouverture et celle de la résistance. De plus, c’est l’un des rares pays au monde dont l’identité est en constante évolution. À tort ou à raison, le Libanais se voit lui-même et voit son pays comme étant exceptionnels. Il pense que son pays et lui sont particuliers. La Constitution stipule que le Liban est une patrie définitive, mais l’identité libanaise, elle, est en perpétuelle évolution. Elle a commencé par être une sorte de mélange entre l’arabité et la libanité, entre la liberté, la diversité et la coexistence, et maintenant, il faut ajouter la résistance, qui a permis à la géopolitique libanaise de se réconcilier avec elle-même, et l’ouverture... Ceux qui s’opposent ainsi à la résistance vont dans le sens contraire de l’histoire et de l’évolution sociopolitique du Liban.

    Intéressant parce qu’il faut un glissement du refuge (des minoritaires contre la majorité religieuse : orthodoxe ou sunnite) à la résistance (contre Israël). Contestable, parce que cette opposition entre résistance et émigration est assez factice, et comme si l’émigration ne concernait pas aussi, et peut être avant tout, les montagnards...

  • Samir Frangié et les chemins de traverse | À La Une | L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/category/%C3%80+La+Une/article/749035/Samir_Frangie_et_les_chemins_de_traverse.html

    Je ne peux pas dire que j’ai apprécié le livre de S. Frangié, qui cherche si peu à comprendre ses compatriotes qui n’ont pas fait d’études au Quartier latin... Mais la trajectoire de cet intellectuel force néanmoins le respect. (voir http://www.librarything.com/work/11956722/book/80126614)

    Et pourtant, vous auriez ainsi pu être riche à volonté, député ad vitam, ministre pour toujours, zaïm jusqu’à la fin des temps, et peut-être même président à vie... (...) Mais vous ne faites pas partie de ces gens-là, et c’est pourquoi vous êtes pratiquement banni de ce cercle. Si vous avez réussi à effectuer une brèche qualitative dans ce mur sociopolitique, c’est parce que la culture de l’espoir et la culture politique n’ont pas disparu et ne disparaîtront jamais chez les citoyens

    #Liban
    #Samir_Frangié