person:selma james

  • Reproduction de la force de travail dans l’économie globale : la révolution féministe inachevée

    http://www.contretemps.eu/lectures/reproduction-force-travail-dans-%C3%A9conomie-globale%E2%80%89-r%C3%A9vo

    « Point zéro : propagation de la révolution » par Silvia Federici

    Salaire ménager, reproduction sociale, combat féministe
    éditions iXe, 2016

    « Ce qui suit est à la fois une lecture politique de la restructuration de la (re)production de la force de travail dans l’économie mondiale, et une critique féministe de Marx, développée sous différentes formes depuis les années 1970. Cette critique a été élaborée par des activistes de la campagne Wages For Housework, en particulier par Mariarosa Dalla Costa, Selma James, Leopoldina Fortunati, puis, plus tard, par Ariel Salleh, en Australie, et par les féministes de l’école de Bielefeld, dont Maria Mies, Claudia Von Werlhof et Veronica Bennholdt-Thomsen. L’argument qui lui a donné corps dit en substance que l’analyse du capitalisme telle que l’a développée Marx pâtit de son incapacité à imaginer, à côté de la production de marchandises, d’autres formes de travail productrices de valeur, et subséquemment de son impuissance à voir que le travail reproductif non rémunéré des femmes occupe une place importante dans le processus d’accumulation capitaliste. Cette tache aveugle l’empêche de saisir pleinement l’ampleur de l’exploitation capitaliste de la main-d’œuvre et la fonction du salaire dans la création de divisions au sein de la classe ouvrière, à commencer par les relations entre hommes et femmes. Si Marx avait vu que le capitalisme doit pouvoir compter sur une somme faramineuse de travail domestique accompli « à titre gracieux » pour la reproduction de la main-d’œuvre, et, parallèlement, sur la dévalorisation de ces activités reproductives pour diminuer le coût de la force de travail, il aurait peut-être été moins tenté de penser que le développement capitaliste est inévitable et progressif. Quant à nous, cent cinquante ans après la publication du Capital nous avons au moins trois bonnes raisons de remettre en cause ce postulat du caractère inexorable et progressif du capitalisme ».

    • « Le travail des femmes et leur force de travail sont enfouis au plus profond des structures sociales et économiques du capitalisme ». (David Staples, No place like home)

      « Le capitalisme a sans aucun doute entraîné la surexploitation des femmes. Ce serait tout simplement affligeant s’il s’était ainsi contenté d’accroître la misère et l’oppression mais, par chance, il a aussi nourri des résistances. Et le capitalisme a compris que s’il s’obstinait à les ignorer ou cherchait à les briser, ces résistances risquaient de se radicaliser toujours plus, jusqu’à finir par former un mouvement pour l’indépendance, voire le noyau d’un nouvel ordre social ». (Robert Biel, The new imperialism)

      « Un nouveau facteur de libération apparaît dans le tiers monde : la force productive non rémunérée des femmes qui ne sont pas encore déconnectées de la vie économique par leur travail. Elles sont au service de la vie, pas de la production de marchandises. Elles sont le socle invisibilisé de l’économie mondiale : on estime à 16 000 milliards de dollars l’équivalent en salaire de ce travail au service de la vie ». (John McMurtry, The cancer state of capitalism)

      « D’avoir trop pilonné, le pilon s’est cassé net. Demain je rentre à la maison. Jusqu’à demain, jusqu’à demain… J’ai pilonné tant et tant que demain je rentre à la maison ». (Chanson de femmes haoussa (Nigeria))

  • Le « #travail ménager », son « #partage inégal » et comment le combattre - Les mots sont importants (lmsi.net)
    http://lmsi.net/Le-travail-menager-son-partage

    Le travail “ ménager ” ou “ #domestique ” a été beaucoup étudié depuis trente ans. Il n’y a pas eu en revanche d’avancée dans la découverte de solutions au “ problème ” qui a ainsi été posé, tant dans un cadre militant que dans un cadre universitaire, si l’on excepte la campagne “ #Salaire pour (ou parfois “ contre ”) le travail ménager ” animée par Selma James dans les années 70. Cette suggestion – le versement d’un salaire par l’Etat – n’a pas eu de retentissement favorable en France, bien au contraire. Si cette solution a été rejetée par les #féministes, la classe politique en revanche la ressort périodiquement ; les mesures sociales “ en faveur des #femmes ” constituent dans plusieurs pays européens l’équivalent ou au moins l’embryon d’un tel salaire ou dédommagement. Mais le mouvement féministe en général ne les a pas appréhendées ni étudiées en tant que telles, et s’est contenté de s’élever contre les mesures nouvelles telles l’APE (Allocation parentale d’éducation) qui enlèvent du marché du travail des femmes qui y sont déjà ; les mesures plus anciennes qui ont le même résultat ne sont pas examinées ; pas plus que les raisons pour lesquelles un nombre de femmes de plus en plus réduit, mais qui reste important, n’arrive jamais sur le marché du travail.

    #RdV

    Dès que deux personnes de sexe différent se mettent en couple, la quantité de travail ménager fait par l’homme diminue tandis que la quantité de travail ménager fait par la femme augmente. Quand un homme se met à vivre en couple hétérosexuel, la quantité de travail ménager qu’il faisait est divisée en moyenne par deux. Quand une femme se met en couple, elle fait en moyenne une heure de travail ménager de plus que lorsqu’elle était célibataire. La femme perd à peu près exactement ce que l’homme gagne, dès la mise en ménage et avant l’arrivée d’enfant

    s.

  • Le salaire contre le travail ménager (Silvia Federici) - Paris-luttes.info
    http://paris-luttes.info/salaire-contre-le-travail-menager

    Le texte de Federici revient sur les causes et les stratégies du mouvement féministe international autour de la perspective du #salaire contre le travail ménager dans les années 70.

    Le texte de Silvia Federici (auteure de « Caliban et la sorcière », à paraître en juin 2014 chez Entremonde et Senonevero) « Wages against Housework » paraît en 1975 et en 1977 dans sa traduction française dans un ouvrage collectif « Le foyer de l’insurrection, Textes pour le salaire sur le travail ménager » édité par le collectif féministe l’Insoumise de Genève. Ce livre collectif rassemble uniquement des textes autour de la perspective du salaire contre le travail ménager à propos des luttes importantes sur cette perspective en Italie, en France, en Angleterre, aux USA, et au Canada.

    Il n’y a que peu de traces et encore moins de discussions présentement sur l’histoire de ce mouvement, qui s’appuyait notamment sur le livre de Mariarosa Dalla Costa et Selma James « Pouvoir des femmes et subversion sociale » (livre épuisé dans sa traduction française dont on peut lire un extrait dans les archives de la revue Camarades sur archives autonomie) [1].

    (…) Comme Federici le montrera ensuite avec son livre « Caliban et la sorcière », le capitalisme n’exploite pas seulement la force de travail quand elle est à l’usine ou sur tout lieu de « travail » mais aussi tout une part de travail non payé, non reconnu, principalement assuré par les femmes dans les tâches ménagères et la reproduction.

    Les mots de la conclusion du « foyer de l’insurrection » sont suffisamment clairs :

    Contrairement à une partie du mouvement féministe, nous n’avons pas peur de ces propositions gouvernementales, catholiques, sociales-démocrates et réformistes. nous n’avons pas peur d’être « renvoyées à nos casseroles » : les avions-nous jamais quittées ? et qui faisait le ménage avant la crise ? Ce ne sont pas les quelques miettes que l’État nous allouerait qui vont nous empêcher de lutter. Au contraire, quand on goûte à ce gateau-là, on y prend goût et on en veut toujours plus !
    S’opposer à tout le système sur la ligne du « droit au travail », c’est sans avenir
    . Cette ligne découle du mépris de soi-même, mépris qui nous a été soigneusement inculqué dès l’enfance. L’image de la ménagère aliénée, obsessionnelle, dont l’horizon est « limité à ses casseroles », incapable de lutter, c’est la seule image que la gauche ait jamais propagée, l’opposant à l’image-modèle de la femme travailleuse.
    Les comportements de la masse des femmes, souvent interprétés par la gauche bien-pensante comme « l’aliénation », sont des comportements de révolte et de refus. Ce sont aussi des comportements heureux et positifs d’appropriation, tels que vols individuels ou collectifs dans les magasins. Parfois, ces comportements sont destructeurs, faute de pouvoir être autre chose, comme la grève du travail ménager qui, pratiquée dans l’isolement, conduit des milliers de #femmes à l’asile psychiatrique, en prison, au suicide et à l’infanticide. Nier ce #refus massif de la part des femmes, c’est les renvoyer à leur isolement, à leur désespoir. Continuer de propager l’image de la « femme travailleuse » opposée à celle de la « ménagère », c’est continuer de propager une des plus graves erreurs du mouvement ouvrier : celle de ne pas avoir impliqué toute la famille dans la lutte.
    Renoncer à prendre un rôle dirigeant dans le mouvement révolutionnaire, en tant que femmes, c’est accepter la défaite, la mort et la soumission comme destin collectif des femmes.
    Nous osons réclamer autre chose que du travail et revendiquer que toutes ces heures de travail gratis que nous faisons au ménager soient rétribuées, et avec effet rétroactif. C’est par le travail des femmes que le monde tient debout. Nous n’avons pas à « prendre conscience de notre oppression », mais de notre #pouvoir. Osons l’utiliser pour attaquer le #capital.
    Laissons les planificateurs planifier. Laissons le capital régler ses problèmes de capital, ses problèmes entre les différentes caisses, la publique et les privées. Mais l’argent qui se trouve dans les caisses de l’État, des patrons et des banques, il est à nous. Donnons-nous les moyens de les vider ! Déjà des milliers de femmes se prennent des choses individuellement - dans les grands magasins par exemple - ou collectivement - c’est toutes les petites luttes que nous faisons dans une crèche, contre une hausse de loyer, pour un centre femmes, etc...
    La revendication du salaire pour le travail ménager pourrait être un moyen pour concentrer notre révolte, un moyen pour s’organiser, pour sortir de notre isolement, pour donner une dimension collective, sociale, internationale à notre lutte.

    Genève, 1977.