person:tim o’reilly

  • Aux Etats-Unis, les cols blancs menacés par la fin du travail

    http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/10/27/aux-etats-unis-les-cols-blancs-menaces-par-la-fin-du-travail_5021513_829254.

    La raréfaction de l’emploi due aux avancées technologiques ne touche plus seulement les ouvriers. Et l’idée d’un revenu universel fait son retour, notamment pour compenser la perte d’activité.

    Au début des années Obama, Andrew Stern, le président de l’Union internationale des employés de service (SEIU), était le syndicaliste le plus puissant des Etats-Unis. Sous sa direction, le SEIU était devenu le syndicat qui monte, le seul à gagner des adhérents dans un environnement en déclin. Avec ses 2 millions de membres, il avait déployé une force de mobilisation qui n’avait pas été pour rien dans la réélection de Barack Obama.

    En 2010, après s’être consacré pendant trente-huit ans à la défense des employés de fast-food, des vigiles et des salariés du nettoyage, Andrew Stern a créé la surprise en quittant le syndicalisme. A quoi sert de défendre l’emploi quand c’est la nature du travail elle-même qui est en jeu ? « Les bons emplois disparaissaient, explique-t-il, interrogé à San Francisco. Et je n’avais pas de réponse. »

    Pendant trois ans, il a mené l’enquête sur ce qu’il appelle les « Etats-Unis de l’anxiété ». Il en est revenu avec un livre (Raising the Floor : How a Universal Basic Income Can Renew Our Economy and Rebuild the American Dream, Public Affairs, non traduit) et une mise en garde. Tout comme les armées ou les entreprises pré­parent des plans d’urgence pour parer aux éventuelles crises, les Etats-Unis doivent s’atteler à des scénarios catastrophes : « Faire des plans pour le jour où il n’y aura plus de travail. »

    L’ancien syndicaliste se défend d’être un techno-sceptique. Mais c’est un « tsunami » qu’il voit arriver sur le marché du travail. « Non pas une autre récession ou un mauvais moment à passer : un changement radical de la manière dont le travail et l’économie vont opérer. » Exemple : les chauffeurs de camion. La profession – premier pourvoyeur d’emplois dans 29 Etats – est menacée par les véhicules sans conducteur (ceux-ci ont commencé à faire leur apparition sur les routes du Nevada en mai 2015) : 3,9 millions d’emplois sont menacés, affirme-t-il. Et plusieurs millions d’emplois induits – dans les assurances, la réparation mécanique, la restauration – vont être affectés.

    Accompagner la transition

    Selon Andrew Stern, les Américains subissent actuellement les effets de la mondialisation et de l’aggravation des inégalités. Mais la « prochaine grande vague de souffrance » va venir de la révolution technologique. Si rien n’est fait pour accompagner la transition vers la nouvelle économie, il prévoit une époque troublée, dont la colère actuelle, qui s’est traduite par la montée de Donald Trump ou de Bernie Sanders, ne donne qu’un aperçu. Pourquoi ? Parce que, cette fois, les cols blancs sont affectés, pas seulement les ouvriers.

    Il fait l’analogie avec les guerres du Vietnam et d’Irak. « A l’époque du Vietnam, la contestation a gagné la société parce que les jeunes Blancs de l’élite ne pouvaient pas échapper à la conscription. Pour l’Irak, c’était une armée de métier. La classe moyenne s’est sentie moins concernée : leurs enfants n’étaient pas en danger. » Il en va de même pour les destructions d’emplois. « Quand la technologie a d’abord frappé les cols bleus, dans l’acier, dans l’automobile, les gens ont dit : c’est un problème de formation. Maintenant, ce sont les comptables qui perdent leur emploi, les avocats, les analystes financiers, toutes les professions où les calculs sont remplacés par les algorithmes. Là où il y avait un problème de cols bleus, comme l’Irak, ça devient un problème de cols blancs, comme le Vietnam. C’est une évolution qui pourrait, de la même façon, entraîner une révolution politique. »

    Selon lui, la classe politique s’enlise, incapable de penser au-delà du mantra traditionnel : « Le marché va résoudre le ­problème. » Ou au-delà de sa confian­ce aveugle dans les vertus de la croissance. « Comme si c’était la solution à tous nos problèmes. Mais on voit bien que la croissance ne résout rien ! En dépit de la croissance, non seulement les salaires n’augmentent pas, mais le nombre d’emplois stables non plus, déplore-t-il. C’est pour cela que les Américains sont aussi en colère. »
    Dans son livre, Andrew Stern prend fait et cause pour l’« UBI » (universal basic income, revenu de base universel), un moyen de compenser la fragmentation du travail entraînée par l’ubérisation de l’économie ou, comme on le dit plus volontiers aux Etats-Unis, « l’économie à la demande » (gig economy). Le syndicaliste n’est pas le seul à s’être converti. Dans un pays traditionnellement rétif à l’intervention des pouvoirs publics dans l’économie, l’idée de revenu de base universel s’est propagée à une allure étonnante. Libertariens, « techies » de la Silicon Valley, figures progressistes, sont en train de s’y rallier : « D’étranges compagnons de route », reconnaît Andrew Stern.

    The « next big thing »

    Depuis quelques mois, colloques et prises de position se succèdent sur l’UBI. « Les camionneurs sont-ils une espèce en voie de disparition ? », lance le Lincoln Network, le think tank techno-conservateur de la Silicon Valley. Le site Reddit consacre un forum à ce qu’il qualifie de « next big thing » (« le prochain grand sujet »). « Qu’une coalition aussi large soit en train de se former autour de la même idée est un ­signe du futur », estime Tim O’Reilly, autorité dans le monde de la « tech », qui avait organisé un panel sur ce thème lors de la conférence annuelle de sa maison d’édition, O’Reilly Media, mi-octobre à San Francisco.
    Dans la Silicon Valley, le jeune prodige du capital-risque, Sam Altman, est passé des paroles aux actes. Après avoir puissamment contribué par ses investissements à l’ubérisation de l’économie, il a décidé de financer une expérience de revenu minimum qui va porter sur 1 000 personnes pendant cinq ans, à Oakland (Californie).

    C’est le premier projet de recherche sur ce sujet aux Etats-Unis. « Sam Altman est aux premières loges pour ce qui est des changements technologiques. Il est conscient des emplois qui sont perdus à cause des logiciels. Comme lui, la Silicon Valley a commencé à se rendre compte qu’il faudra peut-être à l’avenir distribuer les ressources de manière différente », justifie Elizabeth Rhodes, une chercheuse qui a abandonné Harvard pour se consacrer à l’expérience d’Oakland. Le projet n’est encore que dans sa phase pilote et ne porte que sur 100 personnes. Il faut régler des questions bureaucratiques, d’impôts, d’assurance-santé… Le revenu distribué devrait être de 2 000 dollars par mois.

    S’habituer à travailler moins

    A Washington, c’est l’intellectuel libertarien Charles Murray qui porte le fer pour le revenu universel. Très opposé à l’Etat-providence, chroniqueur parfois controversé du déclin de la classe moyenne blanche, il vient lui aussi de publier une nouvelle édition de son livre In Our Hands. A Plan to Replace the Welfare State (Rowman & Littlefield, non traduit), dans laquelle il plaide pour l’octroi d’un chèque de 10 000 dollars déposé chaque mois sur le compte en banque des Américains.

    Un montant apparemment généreux – Andrew Stern ne plaide que pour 1 000 dollars mensuels dans un premier temps – mais qui est censé compenser la disparition totale de l’aide sociale et des transferts de revenus, de la retraite aux subventions à l’agriculture. « Faisons un grand compromis avec la gauche », proposait-il début octobre à Andrew Stern, lors d’un forum du Cato Institute, le think tank libertarien de Washington.

    Quelles que soient leurs divergences idéologiques, l’intellectuel de droite et l’ancien syndicaliste font le même constat : un nombre « très important » d’emplois va disparaître. Les programmes de formation ne seront d’aucun secours. Il faudra que les Américains, tout stakhanovistes qu’ils soient, s’habituent à mener des vies « satisfaisantes » en travaillant moins.

    Le prochain chapitre de l’économie américaine, met en garde Andrew Stern, pourrait ressembler au film Hunger Games, qui met en scène une compétition féroce : « Le changement est iné­vitable. Ce qui ne l’est pas, c’est le progrès. »

  • Lettre ouverte à l’économie numérique - Technology Review
    http://alireailleurs.tumblr.com/post/120763521391

    Un groupe d’économistes et de spécialistes des technologies (dont Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee, les auteurs de Race Against the Machine, Tim O’Reilly, ou l’investisseur Vinod Khosla,…) viennent de publier une lettre ouverte manifeste sur l’économie numérique dans la Technology Review. Face à la révolution numérique à venir et à la nouvelle prospérité qu’annoncent les technologies, ses acteurs doivent demeurer attentifs au fait que celle-ci ne soit pas également partagée, comme l’illustre les nombreuses inquiétudes autour d’un avenir où les machines dévorent les emplois. Pour eux, cette inquiétude suppose que nous soyons impuissants à modifier ou façonner les effets des changements technologiques sur le travail. Pour répondre à ce défit, ils en appellent à un sursaut éducatif, mais aussi politique pour (...)

    #économie

  • L’État plate-forme, vraie source de services publics innovants ou cache-misère ? - Lagazette.fr par @sabineblanc
    http://www.lagazettedescommunes.com/323547/letat-plate-forme-vraie-source-de-services-publics-innovants-o

    Cette stratégie s’inscrit bien sûr dans une contexte budgétaire restreint. À l’heure où l’Etat s’interroge sur ses missions régaliennes, l’État plate-forme sera-t-il une façon douce de réduire la voilure sur les services publics, en en déléguant d’emblée une partie de la création de la version #numérique à des acteurs extérieurs, et en n’assurant que le strict minimum au niveau de l’État ?

    Le texte originel de Tim O’Reilly s’inscrit en effet dans une vision de l’#État très libérale. L’auteur déplore que “l’action collective signifie maintenant plainte collective.” Il invite les citoyens à se prendre en main (“Everyone has something to offer), en donnant en exemple des Hawaïens qui ont réparé eux-mêmes une route car la puissance publique tardait à dégager les fonds pour le faire, menaçant leur moyen de subsistance.

    Tim O’Reilly souscrit à la philosophie de l’open gov (et sa sous branche open data) qui, sous ses aspects consensuels – qui est contre la transparence et la participation citoyenne ? – a pu se traduire par un agenda néo-libéral d’où le public ne ressort par plus efficace pour moins de dépenses, mais simplement diminué par report sur le #privé.

    Parier en partie sur un écosystème privé pour développer des services non pas publics mais au public, c’est prendre le risque de fracture, entre ceux qui susciteront l’attention de “la multitude” et les autres. Sauf à ce que l’Etat ne conserve que ceux des services publics qui n’intéressent pas cette multitude, laissant les autres (les plus rentables, ou rentabilisables) aux acteurs privés.

    La puissance publique française retiendra-t-elle uniquement les aspects positifs de cette vision ? Colin et Verdier sont confiants : « Ces forces de l’#économie de la contribution sont plus faciles à mobiliser lorsqu’on travaille au service de l’intérêt général”, sans étayer l’assertion. Ils soulignent aussi que la fourniture “des services publics s’appuie déjà sur de nombreux intermédiaires privés”, mais sans évoquer les cas où c’est un échec : rail, autoroutes, prisons…

    Si la Disic indique rester maître de tous les services d’ordre régalien, encore faut-il que la notion de service régalien reste immuable.

  • L’Etat plate-forme, vraie source de services publics innovants ou cache-misère ? - La Gazette des communes
    http://alireailleurs.tumblr.com/post/111266406932

    Sabine Blanc pour la Gazette des communes livre une belle analyse des enjeux de la modernisation de l’action publique en France. Elle revient sur l’influence du livre de Nicolas Collin et Henri Verdier (et de leurs auteurs), comme du discours de Tim O’Reilly sur le gouvernement comme plateforme (cf. "Du gouvernement comme plate-forme… ou l’inverse") sur les acteurs de la modernisation de l’action publique en France, réfléchissant à développer des infrastructures pour mettre en place ces propositions. L’enjeu pour les organismes de l’Etat en charge du développement des dispositifs techniques semble donc “d’habiller d’API (d’interfaces de programmation) les SI (systèmes informatiques) de l’Etat”. Derrière ces considérations techniques, Sabine Blanc a raison de rappeler que se cache une stratégie (...)

    #politiques_publiques #e-gov

  • La Direction interministérielle des systèmes d’information et de communication (DISIC) déploie une stratégie d’État plate-forme. Empruntée à l’éditeur américain Tim O’Reilly, très libéral et techno-enthousiaste, remoulinée par Colin et Verdier, cette notion recouvre un dispositif technique qui traduit une reconfiguration de la façon dont l’Etat délivre des services publics.
    Avec une option néolibérale, dans un contexte où l’Etat n’a plus trop de sous.

    http://www.lagazettedescommunes.com/323547/letat-plate-forme-vraie-source-de-services-publics-innovants-o

    #service_public #open_gov #innovation #shameless_autopromo

  • Ce qu’il faut retenir du Code rouge - Radar.oreilly.com
    http://alireailleurs.tumblr.com/post/82678161028

    Tim O’Reilly lui-même revient sur l’article du Time à propos de Code rouge, l’équipe de développeurs qui est venu réparer HealthCare.gov, le site de la réforme de l’assurance santé américaine qui a multiplié les dysfonctionnements depuis son lancement (malgré ses 300 millions de dollars de budget). Dans son article, le Time dresse le storytelling de ces dévelopeurs de la Valley qui ont abandonné ce qu’ils faisaient pour porter secours à la réforme d’Obama. Certes, souligne Tim O’Reilly, rapporter de la Valley quelques-uns des plus brillants développeurs pour réparer le site a été une réelle solution, mais il ne faudrait pas que cela nous fasse oublier que le plus importants reste à faire : faire assimiler au gouvernement fédéral la “métaphysique” de la Silicon Valley afin que de telles erreurs ne se (...)

    #egov #administration #politiques_publiques