person:vinciane despret

  • N° 7 Very Symbiotic ! Pour des savoirs situés - dimanche 18 mars 2018, 15h-17h
    https://archive.org/details/n7verysymbioticpourdessavoirssituesdimanche18mars201815h17h330622485

    Conception : Chloé Desmoineaux (artiste), intervenant.es : Xavier Bailly (ingénieur de recherches), Ewen Chardronnet (artiste), Vinciane Despret (philosophe, entretien pré-enregistré, présente au débat via skype), Emilie Hache (philosophe), Jean-Paul Fereira (maire d’Awala-Yalimapo)

    Dans la matinée, la projection du film « Donna Haraway : Story Telling for Earthly Survival » de Fabrizio Terranova, constitue une très utile introduction à la table ronde qui commence par la projection du court de Nathalie Magnan « Donna Haraway Reads the National Geographic of Primates », réalisé trente ans plus tôt. Après une minute de respiration collective proposée par Chloé Desmoineaux, les deux premiers intervenants orientent les débats sur la désacralisation de la symbiose, la nécessité du vivre ensemble pour adopter l’holobiont et privilégier la coexistence de la verticalité et de l’horizontalité. Puis à travers l’entretien enregistré de Vinciane Despret, débutent des échanges sur la relation/proximité entre nature et culture, entre humains et animaux, entre morts et vivants et sur le besoin d’opposer à l’anthropocène (centraliste) une vision nouvelle, le chtulucène (multi-spéciste). Émilie Hache développe ensuite les concepts d’écoféminisme et d’écosexualité discutés lors de la soirée Écosex. L’évocation critique de la Guyane, son histoire coloniale et politique, sa géographie, ses interactions entre populations, son fleuve, ancienne voie d’échanges, et aujourd’hui frontière contestée, clôture la table-ronde.

    #transborder #conférence #nathalie_magnan

    L’intervention de Vinciane Despret sur la mort était particulièrement bienvenue, et toujours recommandée.

  • Rencontre-discussion avec Houria Bouteldja et Isabelle Stengers

    https://www.youtube.com/watch?v=RN3dDXOcnXE

    Ajoutée le 19 août 2016

    Nous sommes très heureuses de vous convier le jeudi 9 juin à 19h à une rencontre-discussion avec #Houria_Bouteldja et #Isabelle_Stengers autour du livre « #Les_blancs_les_juifs_et_nous. Vers une politique de l’amour révolutionnaire. ».

    Que ce soit sur le terrain du pragmatisme politique et philosophique, d’une manière de traiter de la #non-innocence, de l’appel à la création d’une paix qui passe par la #décolonisation_de_la_pensée, d’une critique radicale de la modernité occidentale, les liens entre la pensée de la philosophe et la proposition politique de la militante nous semblent multiples et féconds.

    Durée : 1h24

    #critique_décoloniale #PIR

    • Cette article déjà maintes fois partagé ici est une sorte de réponse directe à Oceanerosemarie https://blogs.mediapart.fr/melusine-2/blog/200616/bouteldja-ses-soeurs-et-nous

      C’est en lisant la tribune de soutien qu’a publiée l’auteure et comédienne Océanerosemarie dans Libération le 30 mai dernier que je me suis décidée à écrire ce texte. Parce qu’il n’est question ni de taire la charge antiféministe à laquelle se livre Bouteldja dans Les Blancs, les Juifs et nous, ni de laisser cette critique aux réactionnaires de droite ou de gauche, qui ne se découvrent des velléités antisexistes que lorsque l’accusation porte sur des racisés.

    • @sombre Stengers est dans les trucs paranormaux depuis pas mal de temps, notamment les OVNI. Elle a donné des interviews à des revues ufologiques, les soutenant face à la « science officielle », est intervenue dans des colloques ufologiques, a préfacé leurs livres, etc. Idem pour les sorciers où elle mêle une critique de la répression anti-sorcières au Moyen-Âge (qui était clairement sexiste) avec des affirmations comme quoi ils/elles auraient eu un savoir valant bien celui de la science.

    • je ne connais pas Stengers et encore moins ce qu’elle dit sur les OVNIS et la chasse aux sorcières. Juste à propos de cette phrase @stephane :

      Idem pour les sorciers où elle mêle une critique de la répression anti-sorcières au Moyen-Âge (qui était clairement sexiste) avec des affirmations comme quoi ils/elles auraient eu un savoir valant bien celui de la science.

      Si c’est une comparaison entre ces domaines à l’époque du Moyen-age et de la Renaissance, ce que tu rapporte de ce qu’elle dit me semble possible. La connaissance médicale des sorcières à la Renaissance était plus avancé que celles des scientifiques. Les sorcières avaient une connaissance avancé en herboristerie, en contraception, en avortements, en accouchements et en hygiène.
      Du coté de la science pendant ce temps c’était le règne de la théorie des humeurs, lecture des urines, saignées à répétition. Pendant longtemps la science n’était pas plus rationnelle que la sorcellerie.
      Dans d’autres domaines comme l’astronomie, c’est pas impossible qu’il y ait des sorcières de l’époque qui en savaient aussi long que les scientifiques accrédités.

      Par contre si Stengers ne précise pas ce contexte historique et parle des connaissances scientifiques aujourd’hui, je suis d’accord avec toi pour dire que ses propos sont délirants.

    • Comme il était prévisible, la ligne de rupture entre, d’une part,

      les tenants d’un PIR-pire-que-tout face à qui tous les coups sont non seulement permis mais nécessaires et vertueux, à commencer par l’exhitition d’inintelligence, et, autant que possible, le discrédit à l’emporte-pièce,

      et celleux, tout de même moins bruyants, qui considèrent qu’il y a bien là quelque chose à lire ou à entendre, et que les difficultés à lire ou à entendre une pensée décoloniale ne tiennent pas aux éventuelles critiques que pourraient mériter leurs locuteurs ou autrices une fois leur propos un minimum entendu , mais d’abord au fait qu’il s’agit d’un discours qui cherche une rupture radicale avec ce monde blanc dont nous sommes, qui se moque bien de ce que cela nous plaise ou non, et d’une critique qui entend en finir avec lui. Ce qui a toutes les chances de nous déplaire de prime abord, en effet, car si nous, blancs, prétendions vouloir « en finir avec le vieux monde », ça n’a jamais été que depuis notre seule position provinciale mais hégémonique de petits mâles occidentaux, et en toute innocence de ce cet occident, son racisme et son patriarcat faisaient de nous-mêmes ;

      cette ligne se donne clairement à voir dans les commentaires.

      Comme l’évoque un des intervenants de la vidéo, on aurait pu s’attendre à ce que, par exemple, le travail fait depuis des années par le féminisme radical ait fourni à certains des outils intellectuels ne serait-ce que pour comprendre que des objets comme l’antiracisme politique et la critique décoloniale ne s’abordent pas sans accepter de se confronter aux difficultés liées au fait que de telles critiques assument pleinement de rompre avec le discours dominant et d’y bousculer les catégories, y compris celles qui y ont été imposées par d’autres luttes : tout comme le fait justement le féminisme radical - et que prétendre se satisfaire de les juger platement l’un comme l’autre à l’aune de semblables catégories (racistes ! homophobes ! et tutti quanti) revient tout de même à venir jouer les matamores, tout en donnant à voir comment l’on s’est soigneusement tenu à l’abri du risque de jamais devoir approcher sa cible .

      Il semble que ce ne soit hélas pas le cas.

      Mais on peut aussi bien espérer que le fait qu’ il n’y a guère qu’en France , et parmi celleux, de l’Agrif aux libertaires en passant par tout le reste, qui n’ont de cesse de jeter assez de discrédit sur cet antiracisme politique en prétendant bruyamment n’y lire qu’extravagances, ignorance, haines diverses, variées et multiples, outrances nègres, arabes, musulmanes ou réactionnaires, que le travail de problématisation du racisme porté, entre autres, par le PIR, soit fallacieusement présenté comme quelque chose de complètement « nouveau » et « inédit » : il se trouve qu’il a été et est formulé ailleurs, dans d’autres contextes, depuis des décennies, tandis que l’antiracisme moral et bien français se félicite toujours, et plus que jamais, de ne jamais rien vouloir savoir d’autre en la matière que son propre universalisme blanc et abstrait...
      que ce fait donc, désormais de plus en plus visible, finisse par rendre à quelques uns le vacarme de leur propre provincialisme et de son autistique arrogance également insupportables.

      J’ai l’air de m’être énervé, et c’est le cas, un petit peu. Marre de lire partout des réactions du niveau de celles de Guénolé ou de Marianne.

      C’est d’un convenu.

      Quant à mépriser et dénigrer, s’il vous plaît, soyez donc un peu originaux, inventifs. Donnez vous au moins la peine de produire un dernier petit quelque chose, avant de disparaître. Parce qu’une chose me semble certaine désormais : l’ancien antiracisme que j’ai connu et défendu moi aussi : blanc, élaboré sans les racisé-e-s, son confort et son inefficacité, ne reviendront plus sur le devant de la scène : ni demain, ni dans vingt ans, ni plus tard. Désormais, on n’a d’autre choix que d’accepter d’y voir plus clair - ce qui, j’en conviens, peut faire mal aux yeux au début.
      Et je m’en réjouis.

    • Isabelle Stengers
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Isabelle_Stengers

      Licenciée en chimie de l’université libre de Bruxelles (ULB), lectrice de Whitehead, de Simondon et de Starhawk, collaboratrice régulière de la revue Multitudes1, Isabelle Stengers enseigne la philosophie des sciences à l’ULB2. Elle est aussi membre du comité d’orientation de la revue d’écologie politique Cosmopolitiques3.

      Isabelle Stengers se fait connaître dès son premier ouvrage, La Nouvelle Alliance (1979), coécrit avec le prix Nobel de chimie Ilya Prigogine, consacré notamment à la question du temps et de l’irréversibilité.

      Elle s’intéresse ensuite, en faisant appel entre autres aux théories de Michel Foucault et de Gilles Deleuze, à la critique de la prétention autoritaire de la science moderne3. Stengers souligne ainsi l’omniprésence de l’argument d’autorité dans la science, ainsi lorsqu’on fait appel aux « experts » pour trancher le débat, comme s’il n’y avait pas de réel différend politique à la source du débat lui-même. Il est important de noter qu’elle ne fait aucunement partie de la mouvance déconstructionniste, pour qui la science ne serait qu’un ensemble de conventions verbales.

      Puis elle travaille sur la critique de la psychanalyse et, notamment, de la répression, par cette dernière, de l’hypnose, rencontrant par ce biais Léon Chertok. Elle est aussi amenée à contribuer au corpus Le Livre noir de la psychanalyse, où elle rencontre un autre auteur de cet ouvrage, l’ethnopsychiatre Tobie Nathan, avec qui elle rédige ensuite un exposé de ses idées sur la psychothérapie.

      Elle se consacre depuis une quinzaine d’années à une réflexion autour de l’idée d’une écologie des pratiques, d’inspiration constructiviste. En témoignent les sept volumes des Cosmopolitiques, publiés aux Empêcheurs de penser en rond/La Découverte, mais aussi ses livres consacrés à la psychanalyse (La Volonté de faire science, 1992), à l’hypnose (L’Hypnose entre science et magie, 2002), à l’économie et à la politique (La Sorcellerie capitaliste, avec Philippe Pignarre, 2005), ou encore à la philosophie (Penser avec Whitehead, 2006).

      En 1990, elle est à l’origine, avec Philippe Pignarre, de la création de la maison d’édition Les Empêcheurs de penser en rond3.

    • @stephane les ovnis, tu es sur ? Tu as des références, ça ne me dit rien du tout. C’est une philosophe des sciences essentiellement et une engagée politique sur les questions des « sans ». Quand à la vidéo, pas le temps encore de la voir, un peu comme tout ce que je pointe sur seenthis en ce moment ça va dans la catégorie #toread

    • @supergeante de ce que j’ai vu elle dit que la question des ovnis révèle un comportement typique de la science universitaire (issue du clergé et d’un étatisme forcené) : mépriser et essayer d’étouffer tout discours, y compris ceux se revendiquant de la pratique et de l’expérience (et non d’une déduction logique hasardeuse), ne provenant pas de son propre réseau de confiance et de légitimation.

      Pour les OVNI, on peut retenir que certains cas ont par la suite été expliqué par la révélation (tardive) des programmes secrets de développement des avions furtifs américains (F117, U-2 etc.) sur la fameuse zone 51. Les habitants voyaient des avions bizarre, reflétant la lumière à très haute altitude ou avec des lumières inhabituelle dans la nuit, mais les autorité (locales et de surcroît fédérales) leur assuraient que rien n’étaient apparu sur les radars (bah oui ils étaient furtifs...).

      Ce qui est « marrant » c’est que les travaux universitaires (qui se sont approprié le terme « science » au cours des XIXe et XXe siècles) ont été caractérisés pendant très longtemps par leur dogmatisme et leur enfermement doctrinal au mépris du pragmatisme et de l’expérimentation.

      Un des meilleurs exemples est précisément la médecine universitaire (longtemps interdite aux femmes, comme les autres activités universitaires) qui pendant plusieurs siècles a défendue la pratique de la saignée et essayé de réduire à néant les pratiques populaires de médecine (bien plus efficaces et pragmatique) en demandant aux rois un monopole professionnel et en désignant les guérisseuses comme des sorcières devant être brûlées (avec l’appuie du clergé qui souhaitait se débarrasser de ce qu’il nommait le paganisme). Aujourd’hui les sciences économiques illustrent bien cet égarement théorique qui caractérise ce milieu qui se gargarise de son indépendance d’esprit bien qu’il doive énormément aux pouvoirs en place dont il est issu.

      Hasard de Seenthis, une discussion à propos du livre Caliban et la Sorcière de Silvia Federici a repris de l’activité : https://seenthis.net/messages/422612

      Je recommande aussi la lecture de cet essai qui fit date :

      Sorcières, sages-femmes et infirmières. Une histoirE des femmes soignantes ; de Barbara Ehrenreich et Deirdre English
      https://www.cambourakis.com/spip.php?article550

    • @martin5 : merci. Je me sens moins seul. Ce que tu exprimes dans ton post résume les intuitions que je pouvais avoir par rapport au Parti des Indigènes de la République et à ses détracteurs. Mais comme je ne suis pas un grand « penseur », sûrement à cause de mon manque de culture universitaire, de mes difficultés à énoncer clairement et de façon concise mon analyse des faits, et sûrement aussi par manque de temps ou pure paresse, tout ce que tu as écrit et qui restait au stade intuitif et informulé chez moi, j’y adhère. Voilà.

    • @aude_v

      Ce
      n’est peut-être pas d’aujourd’hui que les racisé-e-s élaborent leurs
      stratégies anti-racistes... Il y a dans ton propos, @martin5, un côté
      « progrès linéaire », étonnamment. Tu aurais fourni cette analyse sur des
      mouvements que je connais mieux et dans lesquels je suis impliquée que
      j’aurais trouvé ça un peu condescendant et ignorant de décennies de
      luttes.

      Est ce ce passage

      Parce qu’une chose me semble certaine désormais : l’ancien antiracisme que j’ai connu et défendu moi aussi : blanc, élaboré sans les racisé-e-s, son confort et son inefficacité, ne reviendront plus sur le devant de la scène : ni demain, ni dans vingt ans, ni plus tard. Désormais, on n’a d’autre choix que d’accepter d’y voir plus clair - ce qui, j’en conviens, peut faire mal aux yeux au début.

      qui te donne cette impression de conception en termes de « progrès linéaire » ? Je voulais justement dire qu’au contraire, c’est une rupture radicale (autonomie, notion de #champ_politique_blanc...) qui avait lieu depuis un peu plus d’une décennie et il me semble que ça n’est pas ignorer, minorer ou faire injure aux luttes antiracistes de la fin du xxeme siècle que de le dire.

      Je m’excuse pour le ton très condescendant. C’est un travers très profondément installé chez moi, qui se trouve encore accentué sitôt que la discussion devient conflictuelle (ce qui était le cas de ce commentaire).

      Je postais juste un lien vers cette vidéo parce que j’ai trouvé cette discussion profondément stimulante et qu’elle n’était pas encore référencée ici. La manière dont Isabelle Stengers, dont je découvre justement avec intérêt le travail de critique depuis quelques mois, y rapproche les méfaits de l’impérialisme sur les européens et sur le reste du monde m’a particulièrement interpellé, (sur ce sujet comme tant d’autres, je découvre tardivement l’eau tiède) comme le fait que cela puisse fournir une base de discussion avec quelqu’un comme Houria Bouteldja.

    • La Chronique
      La Fabrique, le 13 septembre 2016
      https://seenthis.net/messages/524238

      Des vieux staliniens du Monde diplomatique aux totos de Montreuil, des bien pensants du Nouvel Observateur aux ex-gauchistes de Libération, tous sont tombés d’accord : le livre d’Houria Bouteldja, Les Blancs, les Juifs et nous, est raciste, identitaire, homophobe, ignorant de l’histoire, balayé par des torrents essentialistes et religieux et – l’adjectif qui tue – antisémite. Il est inutile de faire remarquer que toutes ces critiques sont étayées par des phrases tronquées et sorties de leur contexte, que par bêtise ou mauvaise foi l’ironie du livre est prise au premier degré, que le mot « race » est absurdement pris au sens biologique, bref que toutes ces lectures sont truquées. Inutile parce que la religion de ces gens-là est faite : Houria Bouteldja est intolérable – comme femme, comme militante d’un mouvement qui fait entendre des vérités désagréables, et comme arabe, ce qui est vraiment un comble. On s’étonne que nous ayons publié ce livre, et même on nous en fait reproche, violemment parfois. Nous considérons au contraire qu’il a bien sa place chez nous, dans un catalogue consacré aux voies diverses menant à l’émancipation des opprimés.

      #Houria_Bouteldja

    • Le hic ? Mech le dévoile en 1999 : à l’image de Schenkel, qui observait les loups du zoo de Bâle, « la plupart des études sur la dynamique sociale des meutes de loups ont été conduites sur des regroupements artificiels d’animaux en captivité ». Mech lui-même a observé des loups en liberté, mais, comme cela arrive souvent, il a vu ce qu’il avait lu chez Schenkel plutôt que ce qu’il avait sous les yeux. A l’état sauvage, explique-t-il, le « couple alpha » est en réalité un couple parental, dont le reste du groupe est la progéniture : « la meute de loups typique est une famille ». Exit le modèle classique de la dominance animale. Qui, à vrai dire, avait déjà été ébranlé trente ans plus tôt.

      Re-flash-back. On est au début des années 60. La primatologue britannique Thelma Rowell publie une série d’études basées sur ses observations chez les babouins de la forêt d’Ishasha, en Ouganda. Signes particuliers : ces singes, membres d’une espèce réputée belliqueuse et hiérarchique, « ne connaissaient pas la hiérarchie ». Mieux : « une atmosphère paisible règne dans la troupe, les agressions sont rares et les mâles semblent beaucoup plus attentifs à coopérer qu’à entretenir la compétition », rapporte la philosophe des sciences belge Vinciane Despret, qui reprend et développe les études de Thelma Rowell, dans son livre Que diraient les animaux si on leur posait les bonnes questions ? (2012). Encore plus étonnant, « il ne semble pas y avoir de hiérarchie entre mâles et femelles ».
      Babouins et management

      Perturbés par ce constat, les confrères de la primatologue suggèrent que les « extravagances babouines d’Ishasha » doivent être dues à des « circonstances écologiques exceptionnelles » : cette forêt, disent-ils, est un « véritable paradis terrestre avec ses arbres offrant abris contre les prédateurs, sites de sommeil et, surtout, abondance de nourriture »… Mais Thelma Rowell a une autre explication. Analysant les études menées jusque-là sur les babouins, elle découvre que les résultats se classent en trois types : d’un côté, « des animaux qui visiblement ne sont pas très intéressés par la hiérarchie » ; pour ceux-ci, les primatologues ont forgé le concept étonnant d’une « dominance latente », c’est-à-dire invisible.

      Viennent ensuite les études en captivité : c’est en observant les babouins du zoo de Londres que le zoologiste Solly Zuckermann a élaboré la théorie de la dominance, à la fin des années 1920. L’histoire de cette colonie est un cauchemar simiesque : 110 babouins, essentiellement mâles, sont rassemblés dans un enclos ; une trentaine sont tués par leurs congénères en l’espace de six mois ; les effectifs sont alors renfloués en ajoutant une trentaine de femelles ; et les bagarres redoublent en intensité. Moralité ? Zuckermann croit voir là un comportement naturel, alors qu’il observe la pagaille que le zoo lui-même a créée… Le dernier type d’études identifié par Thelma Rowell est basé sur des observations faites en nature, mais « les chercheurs ont nourri les animaux pour les attirer » : ces bouchées balancées aux singes suscitent une compétition et font émerger une hiérarchie qui jusque-là n’existait pas. Il s’agit là de ce que les scientifiques appellent un « artéfact » : un phénomène qu’on observe parce qu’on l’a créé.

      #andromorphisme #anthropomorphisme #zoologie #éthologie #loups #primates #mâlealphisme

  • Phaunoscopie #6 : Penser avec les animaux
    https://soundcloud.com/phaune-radio/phaunoscopie-6-penser-avec-les-animaux

    Et si on pensait avec les animaux ? Oser une autre question - Oser se déplacer, apprendre à sentir différemment. Cette fois-ci, c’est Vinciane Despret qui vient remuer les cartes des idées. Proposer un nouveau point de départ, qui n’est précisément jamais là où on l’attend. Pour tracer des chemins ensemble, entre humains et non-humains. Entre éthologie et philosophie des sciences, c’est surtout un art de rester en éveil, à l’écoute de tout ce qui vibre et évolue, dont il s’agit ici et maintenant. Et si c’était danser qu’il nous fallait apprendre ? Durée : 30 min. Source : Phaune Radio

  • CLES - Itinéraire : Retour de flamme féministe - Par Patrice van Eersel
    http://www.cles.com/itineraires/article/retour-de-flamme-feministe

    Une sorte de post-#féminisme pourrait-il subrepticement chambouler notre vision du monde ? « Les faiseuses d’histoires » se propose de le faire en trois actes. Dans l’Acte I, les philosophes Isabelle Stengers et Vinciane Despret, chercheuses et enseignantes à l’Université Libre de Bruxelles, s’appuient sur un texte fameux de Virginia Woolf (« Les trois guinées »), pour mener à deux une conversation sur le thème : « Et si nous refusions le jeu ? » Quel jeu ? Celui de continuer à croire que l’université donne sa chance aux femmes. Stengers et Despret n’y croient plus. Le leadership reste définitivement masculin. En fait, leur remise en cause vise le monde du travail tout entier – les femmes représentant les premières intruses à s’être immiscées, avant les prolétaires et les immigrés, dans un univers à 100% conçu pour l’élite des mâles blancs.