person:xiaodong wang

  • Les « visas dorés » pour riches étrangers indignent les Portugais
    http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/03/26/les-visas-dores-pour-riches-etrangers-indignent-les-portugais_4390099_3214.h

    La crise qui ronge son économie inciterait-elle le Portugal à jouer au paradis fiscal ? Les Lisboètes s’’interrogent depuis qu’’un citoyen chinois recherché par Interpol, a pu obtenir un passeport portugais en échange d’’une coquette somme de plus d’’un demi-million d’’euros.

    Xiaodong Wang, c’est de lui qu’il s’’agit, arrêté par la police judiciaire le jeudi 20 mars, était entendu mardi par la justice pour tenter de bloquer son extradition vers la Chine où il risque dix ans de prison pour fraude fiscale. “« Il a bien raison [de vouloir rester], dans notre pays, tout est prescrit »”, raille un internaute à la lecture de l’’information sur le site du Diario de noticias. “« Des criminels, des fraudeurs... à combien de bandits a-t-on délivré des visas ?” », s’’interroge un autre. “« Ce gouvernement vend notre pays au rabais »”, s’’agace un troisième.

    L’’émoi de ces Portugais a un nom, celui de “« vistos dourados »”, ou “visa dorés”. Un programme mis en place par le gouvernement de Pedro Passos Coelho (centre-droit) afin de vendre à des étrangers des permis de résidence donnant accès à tout l’’espace Schengen en échange d’’un investissement de plus d’’un million d’’euro, d’’un achat immobilier de plus de 500 000 euros, ou contre la création de dix emplois, au moins. Une mesure salutaire pour un pays aux abois.

    Le dispositif a été adoubé par la troïka (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international et Commission européenne), les bailleurs de fonds du pays depuis sa quasi banqueroute en 2011. Le Portugal n’’est d’ailleurs pas le seul à se prêter à ce jeu. Chypre, les Pays-Bas, l’’Espagne... ont, entre autres, et sous des formes diverses, recours à ce marchandage.

    LAVER L’ARGENT SALE ?

    Mis en place depuis octobre 2012, le programme des « vistos dourados » se serait traduit, selon le quotidien Publico, citant les données officielles, par l’’entrée de 462 millions d’’euros et l’’octroi de 772 permis de résidence. Parmi eux, 612 ont été délivrés à des Chinois, dont cet enconbrant Xiadong Wang, heureux propriétaire depuis juillet 2013 d’’une résidence à Cascais, le petit Deauville portugais...

    Selon les autorités, l’’homme avait obtenu son sésame en janvier dernier. Soit un mois avant qu’’il ne soit répertorié dans le fichier Interpol. “L’’Etat a bien fait son travail”, assure Acacio Pereira, inspecteur de la police des frontières, la SEF (Serviço de estrangeiros e fronteiras) chargée de délivrer ces visas. L’’inspecteur reconnaît qu’’avec les restrictions budgétaires, le travail « est chaque jour plus difficile », mais « quand on a appris que cet homme était recherché, c’’était une surprise ! Pourquoi la Chine ne nous a rien dit ? »

    Pourquoi, en effet ? Les services portugais ont-ils bien fouillé ? N’’y a-t-il pas eu négligence ? Paulo Portas, vice-premier ministre, s’’en défend. L’’arrestation de l’’escroc chinois serait, dit-il, la preuve que les filets de sécurité fonctionnent.

    Un dégagement tactique qui ne parvient pas, toutefois, à faire disparaître le malaise lié à ces “« vistos dourados »”. Considérés par les plus virulents comme une “prostitution de la nationalité portugaise”, ces permis sont distribués largement (seuls onze ont été refusés depuis octobre 2012), et l’’incident lié au filou chinois laisse penser que le Portugal serait peu regardant sur l’’origine des fonds.

    Pour Joao Semedo, chef du Bloc de gauche (parti d’’extrême gauche anti-capitaliste) c’’est une évidence : ces “« vistos gold »” servent à laver l’’argent sale et aucune “personne de bon sens ne peut l’’accepter”. A l’’antenne lisboète de Transparency international, c’’est aussi la consternation. Pour Joao Paulo Batalha, le directeur de Transparency au Portugal, cette péripétie illustre “le genre d’’investissement qu’’attire le Portugal avec ces visas”. Un argent douteux, mais aussi improductif et inutile, pour sortir les millions de Portugais de la pauvreté et du chômage. Sur les 772 permis accordés, seuls deux auraient été octroyés en s’’appuyant sur le critère de la création d’’emplois.

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