person:yosef hayim yerushalmi

  • #Edward_Said, un humaniste à New York
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/06/10/edward-said-un-humaniste-a-new-york_3426691_3232.html

    Il y a dix ans disparaissait le critique littéraire, pianiste et militant palestinien Edward Said. Professeur de la célèbre université Columbia, à New York, il était, comme son collègue l’historien du judaïsme Yosef Hayim Yerushalmi (Critique n° 763, 2011), une figure typique d’"outsider intégré", de « marginal dans le jeu », comme sait merveilleusement en produire le monde académique anglo-américain. Palestinien protestant, né en 1935 à Jérusalem, arrivé aux Etats-Unis en 1950, il incarnait la cause de la Palestine en intellectuel public.

    Inspirée par la philosophie du Michel Foucault de Surveiller et punir et - on le dit moins en France - par le philosophe allemand Adorno, théoricien pessimiste de la crise de la raison, l’oeuvre d’Edward Said comporte bien des facettes, que les auteurs de ce numéro savent nous dévoiler. Ainsi, nous dit Marielle Macé, Edward Said, spécialiste d’un autre exilé, le romancier britannique d’origine polonaise Joseph Conrad, s’intéressa au « style tardif » des musiciens et des poètes : les derniers quatuors de Beethoven à la limite de la dissonance, le « retour » au XVIIIe siècle d’un Stravinsky ou du Richard Strauss de Cappriccio (1942), le Baudelaire apocalyptique des Fusées (1851) ou le cinéaste communiste Pasolini des Ecrits corsaires (1976), néoréactionnaire avant la lettre. Le musicologue Esteban Buch passe enfin au crible la production d’Edward Said – critique musical de l’hebdomadaire de gauche The Nation. Il débusque avec malice, chez ce révolté de l’esprit et de la politique, malgré tout, un certain classicisme.

    Critique n° 793-794 : Edward W. Said
    http://www.leseditionsdeminuit.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=2913

    Qui était Edward Said ? La question peut sembler incongrue en cette année de commémorations liées au dixième anniversaire de sa disparition. Palestinien, chrétien, il a grandi entre Jérusalem et Le Caire. L’exil de sa famille le fixe aux États-Unis. Universitaire, spécialiste de Joseph Conrad, son domaine est la littérature comparée. C’est avec la publication d’Orientalism, en 1978, que son travail bascule et que change sa stature. Le discret professeur de Columbia est désormais commenté dans le monde entier, tenu pour l’initiateur des « études postcoloniales » et considéré comme la voix intellectuelle de la Palestine.
    Orientalism a été rapidement traduit en français sans que la France s’ouvre beaucoup à ce penseur cosmopolite. Le reste de l’oeuvre reste largement à découvrir. Des éditeurs s’y emploient et c’est d’abord de ces traductions longtemps attendues que nous rendons compte. Les surprises n’y manquent pas. Car l’écriture politique n’a représenté qu’un moment de la trajectoire de Said. On découvrira ici d’autres facettes d’une oeuvre souvent réduite à un seul livre : de l’analyse des médias à la critique musicale en passant par une réflexion sur le « style tardif ».
    C’est un nouveau portrait d’Edward Said, libéré des surinterprétations louangeuses ou réprobatrices, qu’esquisse ce numéro – pour mieux revenir aux questions qu’il a su poser.

    #livre #littérature #musique #orientalisme

  • MAISON D’ETUDE - Idées - France Culture
    http://www.franceculture.fr/emission-maison-d-etudes-maison-d-etude-2012-10-07

    MAISON D’ETUDE

    Victor Malka recevait ce matin Sylviane Goldberg, directrice d’études à l’école des hautes études en sciences sociales.

    Elle présentait son livre Transmettre l’histoire juive (Albin Michel) qui est un recueil des entretiens avec Yosef Hayim Yerushalmi , historien du judaïsme ( à Harvard et Columbia) disparu en 2009 à New York.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Yosef_Hayim_Yerushalmi

    Extrait ( 18:30 ) :

    Victor Malka : L’observation qu’il fait sur les juifs américains, je dois dire qu’elle m’a posée beaucoup de problèmes, il écrit ceci : « L’identité des juifs américains est aujourd’hui fondée, pour autant que je puisse en juger sur deux éléments seulement dont aucun ne tient à une créativité indigène, la Shoah et Israël avec un poids particulier accordé à la Shoah. »
    (19:00) Moi, je me suis dit , mais finalement cette définition est celle de tout le monde aujourd’hui, c’est pas seulement des juifs américains.

    Sylviane Goldberg : Elle est valable ici aussi, c’est vrai, c’est vrai mais c’est quelque chose que Yerushalmi déplorait beaucoup. Il pensait que l’identité juive c’était bien autre chose qu’un simple rappel de la Shoah et d’un simple soutien inconditionnel à l’état d’Israël.

    Victor Malka : Tout ce qu’il dit de la Shoah est marqué au coin du bon sens, il ne manquerait plus que ça que.. que... qu’il ne le soit pas, mais je veux dire, il avait le sentiment ou la conscience que la Shoah était en train de devenir une religion ?

    Sylviane Goldberg : Tout à fait, tout à fait, justement c’est ce contre quoi il s’élève en tenant ces propos, lui il pensait que l’identité juive c’était bien autre chose et que … à la limite, à la limite, il trouvait que c’était très malsain.

    Victor Malka : Je pense qu’il a raison, est-ce que vous le pensez aussi ?

    Sylviane Goldberg : ah moi tout à fait, tout à fait. D’ailleurs moi j’ai toujours, comme lui d’ailleurs, c’est marrant parce que là c’est lui qui le dit , lui dit : « J’ai toujours refusé d’enseigner la Shoah »
    Moi je vais vous raconter une anecdote personnelle. À l’époque je n’avais pas de poste à l’université, mon directeur François Furet m’a dit : « Écoutez, lancez-vous …

    Victor Malka :... un homme admirable et il connaissait beaucoup de choses du point de vue du judaïsme, moi j’ai eu la grâce de l’avoir comme professeur, je sais de quoi je parle

    Sylviane Goldberg : oui , c’est lui qui avait invité Yerushalmi à faire des conférences à l’école. À l’époque, il m’a dit : « Écoutez, lancez-vous dans l’histoire de la Shoah et vous avez un poste assuré dès demain. » Et moi je lui ai dit : « Non merci Monsieur, je voudrais beaucoup avoir un poste mais jamais je ne voudrais enseigner cette histoire-là, parce que d’une part ce n’est pas mon domaine et d’autre part il y a tellement d’autres choses à enseigner. » (20:55)