Je ne vois pas le moindre intérêt
Au rêve de ce matin
Aussi, consciemment, je l’oublie
Après le rêve du lézard
Mon inconscient est prié
De hausser le niveau
Au petit déjeuner
Zoé n’a pas le temps d’avaler ses tartines
Que je lui soumets la lecture de la première page
La lecture à voix haute de Zoé
Me révèle que les efforts de Mathilde
Ont payé, mais me montre aussi l’entendue de la dyslexie
Du coup Zoé a gagné
De se faire emmener
En voiture au collège
Comme dans Raffut, tu vois ?
Explose-t-on de rire
Maintenant que Zoé a lu le début
À l’autoradio
Je découvre la voix
De Valérie Igournet, à propos du FN
Je suis toujours admiratif
De celles et ceux qui étudient
L’ennemi jusqu’à l’intimité
Arrivé en open space
Je lance en hâte une impression
Du pdf de Raffut. Impressionné
Ce qui m’est confirmé
Par un mail de l’orthophoniste
D’Émile et Zoé, c’est lisible !
Je réponds sporadiquement
À des mails plus professionnels
Mais dans ma tête quel feu d’artifice de joie !
J’emmène assez fièrement
Mes épreuves au BDP et je relis
Pensant à L’Homme qui aimait les femmes
Et de fait je trouve encore
Ici ou là, ici une couleur
Là une longueur (en pieds)
Réunion en début d’après-midi
Où j’apprends qu’on apprécie mon travail
J’en suis toujours incrédule
Je reçois un mail de Mathilde
Qui a trouvé une belle astuce de mise en page
Pour la déclaration au commissariat
Le texte a tellement bien évolué
Avec le travail de Mathieu et celui de Mathilde
Que j’ai le sentiment de lire le roman d’un tiers !
Immodestement
Je lui trouve
Des qualités !
Je rentre à la maison
Et fais quelques courses
Avec Émile, calme et même gentil
Pendant qu’Émile part se promener
Je m’octroie une pause
De la lecture et de la musique, un lundi soir !
Pendant qu’Emile cuisine des pâtes
Je pars chercher Zoé au métropolitain
« Comme dans Zazie dans le métro, tu vois ? »
Des fois ça tombe bien tout seul
L’accumulation de z
Sur deux lignes, c’est joli, je me dis
Phil
Virgule
N’écoutant que son courage
N’écoutant que mon courage
Je vais au concert de Stéphane Rives
Avec Seijiro Murayama aux 26 chaises
Aux 26 chaises rue Polonceau
Bien rare sans doute que les musiciens
Jouent seuls, sans camion de poubelle
Stéphane Rives, saxophone
Seijiro Murayama, voix percussive
Et un camion de poubelle
Les immenses pouvoirs
De Seijiro Murayama
Faire tout avec rien
Avec
Presque
Rien
Et la beauté d’un Stéphane Rives
Accroché à son anche
Tel un naufragé
Et l’un et l’autre
Dans cette écoute fondamentale
De l’Autre
Etre à moins de deux mètres
De tant de magie
De tant de puissance, pacifique
Chaque fois que je croise
Seijiro Murayama et sa musique
Je ne suis plus tout à fait le même, après
Le deuxième duo
N’a aucune chance de capter
Mon attention, après
Après, un peu aidé
Par Stéphane et Lotus
Je m’enhardis à échanger avec Seijiro
Je lui reparle de nos croisements précédents
La chambre d’hôtel à Nantes
La terrasse du BDP, les concerts avec Jean-Luc
Il m’écoute avec grand intérêt
Je lui redis mon souhait
Qu’il écrive dans Frôlé par un V1
Fût-ce en japonais non traduit
Cette fois-ci il a compris
Les yeux ouverts, il est d’accord
Et il veut lire
Une Fuite en Égypte
Il a appris le français pour lire, dit-il
On se donne rendez-vous
A la fin d’un concert jeudi soir
En concurrence avec performance de Pauline Simon
Il éclate de rire
Il connait Pauline Simon
Il est le personnage principal du V1
Je ressors
Des 26 chaises
Tourneboulé
Sur le quai de la gare
Je remarque une femme
Dont j’ai le sentiment de l’avoir déjà vue
Je cherche, je cherche
Je trouve
Il y a dix minutes aux 26 chaises
Nous échangeons
A propos du concert
En montant dans la rame
Elle écoutait
Seijiro Murayama
Pour la première fois
Je la préviens
Qu’elle n’est sans doute pas la même depuis
Elle sourit et acquiesce, elle descend, changée
Grands moments
D’hésitation et de solitude, rentré
Ce sont les Monarques de Phil qui me délivrent
#mon_oiseau_bleu