• Bangladesh : « Ce qui frappe dans les camps de réfugiés de Rohingya, c’est l’abandon d’un peuple et la déstructuration sociale »

    L’annonce faite par Emmanuel Macron lors de son voyage au Bangladesh, le 11 septembre, d’augmenter d’un million d’euros la contribution française aux activités du Programme alimentaire mondial dans les camps de Rohingya de ce pays est-elle à la hauteur de la situation ?

    Rappelons-nous. Il y a six ans, des centaines de milliers de Rohingya quittaient l’Etat de Rakhine [Arakan] au #Myanmar, l’ex-Birmanie. Ils fuyaient les massacres, les viols, les incendies de leurs maisons commis pendant l’offensive militaire lancée en août 2017. A la fin de cette même année, plus de 700 000 nouveaux réfugiés étaient arrivés dans le district de #Cox’s_Bazar, dans le sud-est du #Bangladesh. Ils rejoignaient les 200 000 réfugiés rohingya issus de déplacements antérieurs.

    Pour accueillir ces populations, un camp entre jungle et rizières est sorti de terre. #Kutupalong-Balukhali est aujourd’hui le plus grand camp de réfugiés au monde. Il se compose de plusieurs sites contigus dont les artères centrales en brique et en ciment débouchent sur des ruelles étroites. Là, les familles vivent dans de petites habitations faites de bambou et de bâches.

    Toute une série de restrictions

    Certaines sont posées à flanc de colline et donc exposées aux glissements de terrain, conséquence des pluies diluviennes qui peuvent s’abattre pendant la mousson. Les points d’#eau_potable, certes nombreux, ne sont ouverts que quelques heures par jour, et il est fréquent de voir des disputes s’y dérouler. Quelle ironie dans cette région parmi les plus humides au monde. Parfois, on surprend le long des frontières du camp les barbelés qui nous rappellent qu’il s’agit d’un bidonville semi-fermé.

    Si le Bangladesh a ouvert ses portes aux réfugiés, il les soumet à toute une série de restrictions. Les boutiques rohingya qui fleurissent le font selon le bon vouloir de la police qui peut les fermer au motif qu’elles n’ont pas été autorisées. Les déplacements à l’intérieur de Kutupalong, même d’un camp à l’autre, sont extrêmement limités. Il est en outre interdit aux Rohingya de travailler, bien qu’un grand nombre d’entre eux le fassent.
    Ils sont alors à la merci de la #police, des #bakchichs et des #arrestations. L’éducation est par ailleurs très encadrée. De multiples obstacles sont posés à l’enregistrement des naissances. L’approche du gouvernement à l’égard des camps est un mélange ambigu de tolérance et de prohibition : cette élasticité laisse les Rohingya dans un état d’incertitude perpétuelle.

    Le #contrôle_social auquel sont soumis les réfugiés est aussi le fait des groupes politico-criminels rohingya qui pullulent dans le camp et dont la présence, ces dernières années, s’est faite plus intense. Ces groupes sont en conflit ouvert pour le contrôle du trafic de yaba. Ce mélange de méthamphétamine et de caféine est principalement produit au Myanmar, et le Bangladesh est l’un des principaux marchés où circule cette drogue.

    Viols et violences

    Le déploiement humanitaire est impressionnant, mais l’engagement des donateurs s’amenuise. Le mois dernier, le « Plan de réponse conjoint » 2023 élaboré par les Nations unies et le gouvernement n’était financé qu’à hauteur de 30 %. Entre mars et juin, les allocations alimentaires mensuelles – des paiements en espèces reçus sur une carte SIM – sont passées de 12 à 8 dollars par personne.

    Cette réduction a pour conséquence d’entraver la capacité des réfugiés d’acheter des produits frais sur le marché et des vêtements. Il faut trouver de quoi manger, coûte que coûte, ce qui amène les réfugiés à se livrer à des activités illicites – cambriolages et trafics en tout genre.

    Les conséquences du sous-investissement par les bailleurs de fonds sont aussi médicales et viennent s’ajouter à celles de l’augmentation de la population dans un espace qui, lui, ne s’accroît pas. Chaque année, y naissent entre 30 000 et 35 000 #bébés. Du fait de la densité des lieux et de la faiblesse des services sanitaires, il est estimé que 40 % de la population du camp souffre de la #gale. La fermeture de certains services de #santé a pour effet d’engorger les structures qui se maintiennent.

    Les #femmes seules, comme les personnes âgées et handicapées, sont parfois contraintes de payer des services pour des tâches qu’elles n’ont pas la possibilité d’accomplir seules : réparer leur maison, porter la bouteille de gaz du point de distribution jusque chez elles en dépit de l’existence d’une assistance prévue pour combler une partie de ces besoins spécifiques. Les femmes sont vulnérables aux #viols et aux violences – les cas sont nombreux et loin d’être mis au jour.

    Un « facteur d’attraction »

    Il est difficile d’imaginer que l’engagement présidentiel français modifiera la donne. Cela nécessite un tout autre investissement. La survie d’un peuple, condamné à vivre dans ces conditions de nombreuses années encore, relève du génie. Ce qui frappe dans les camps de réfugiés rohingya de Cox’s Bazar, ce sont moins les limites du système de l’aide que l’abandon d’un peuple et sa conséquence : la déstructuration sociale.

    La plupart des réfugiés espèrent retourner au Myanmar, une étape qui ne pourra être franchie que lorsque leurs terres et leur nationalité, dont ils ont été privés en 1982, leur seront restituées. Certains se résolvent malgré tout à rentrer clandestinement au Myanmar où ils s’exposent aux violences commises par les autorités birmanes.
    Quelques-uns ont bénéficié de rares opportunités de réinstallation dans d’autres pays, comme le Canada ou les Etats-Unis, mais le gouvernement bangladais a suspendu le programme de réinstallation en 2010, arguant qu’il agirait comme un « facteur d’attraction ». Les initiatives récentes visant à relancer le processus ont été timides.
    Une possibilité est la traversée risquée vers la #Malaisie, un pays qu’un nombre croissant de Rohingya à Kutupalong considère comme une voie de salut. Pour la très grande majorité des réfugiés, il ne semble n’y avoir aucun avenir à moyen terme autre que celui de demeurer entre deux mondes, dans ce coin de forêt pétri de #dengue et de #trafics en tout genre.

    Michaël Neuman est directeur d’études au Centre de réflexion sur l’action et les savoirs humanitaires (Crash) de la Fondation Médecins sans frontières.
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/31/bangladesh-ce-qui-frappe-dans-les-camps-de-refugies-de-rohingya-c-est-l-aban

    Massacre des Rohingya : « Facebook a joué un rôle central dans la montée du climat de haine » en Birmanie
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/09/29/massacre-des-rohingya-facebook-a-joue-un-role-central-dans-la-montee-du-clim
    https://archive.ph/DMWO8

    Au Bangladesh, l’exil sans fin des Rohingya
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/12/16/au-bangladesh-l-exil-sans-fin-des-rohingya_6154745_3210.html
    https://archive.ph/xKPyh

    #camp_de_réfugiés #Birmanie #Rohingya #réfugiés #musulmans #barbelés #drogues #déchéance_de_nationalité #aide_humanitaire #Programme_alimentaire_mondial

  • Face à la folie du monde
    https://reporterre.net/Face-a-la-folie-du-monde

    Cela m’avait échappé, j’ai appris à l’occasion de cette audience que la représentante du ministère de l’Intérieur avait indiqué que les 155 000 signataires se revendiquant des Soulèvements de la Terre entraient de facto dans le scope des renseignements territoriaux . Les implications d’une éventuelle dissolution sont vertigineuses, tant du point de vue de la jurisprudence, que des effets en termes de surveillance et du champ encore élargi de la répression. Où se situent les limites, que deviennent les libertés publiques, si le fait de signer un appel autorise le gouvernement à vous mettre sur écoute ?

  • Bonjour à toutes et tous,

    sans doute un message un peu atypique sur seenThis mais je me dis que je peux toucher pas mal de monde, et de réseaux. Pouvez vous transmettre au maximum cette information.

    Suite aux violences de ce week end sur l’A69, notamment vis à vis de l’assemblé des scientifiques de l’Atécopol Toulouse, nous sommes quelques un.e.s à vouloir monter une grosse action de mobilisation du personnel de la recherche et des labos contre le balayage systématique de l’avis de scientifiques par le gouvernement et par nombreux élus locaux, et contre la répression, souvent violente, des collectifs scientifiques qui s’attachent à étudier l’état et les différentes évolutions possibles de notre société à bout de souffle.

    Si vous êtes motivé.e.s pour nous rejoindre sur ce projet, ou si vous avez des idées de groupes/personnes à contacter pour nous aider sur la stratégie, les supports, la diffusion, etc nous sommes preneurs.ses ! Contactez-nous !

    Pour qu’il ait encore de la science à faire dans 30 ans, nous pensons qu’il ne faut pas porter ce combat comme scientifiques isolés, mais à l’échelle des labos.

    Bonne journée,

    Raphael Leblois & Céline Scornavacca (chercheur.se en écologie-évolution-biodiversité, CBGP & ISEM, Montpellier),
    raphael.leblois@inrae.fr
    celine.scornavacca@umontpellier.fr

    https://atecopol.hypotheses.org/9021

    https://lareleveetlapeste.fr/a69-les-forces-de-lordre-ont-gaze-femmes-et-enfants-lors-dune-conf

    • Ils sont devenus fou même la gendarmerie s’inquiète de cette nouvelle autorisation de tirer au LBD à bout portant. Ce lanceur de balles de défense crache des balles de caoutchouc à 250 km/h. Le ministère de l’Intérieur donne l’autorisation de tuer à ses supplétifs. C’était déjà le cas mais cette décision doit venir des multiples recours des précédentes victimes survivantes aux violences policières. La gueule ravagée de Hedi à Marseille ne leur a pas suffit. Ils auraient sans doute préféré qu’il soit mort. Voici la réponse de ce gouvernement de fou furieux à la condamnation des violences policières. Il change la loi. Si ça continu, la france va finir comme les states avec plus de flingues que d’habitants.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/271023/le-ministere-de-l-interieur-reduit-la-distance-de-tir-des-lbd-malgre-leur-

    • [Liberté de la police] Le ministère de l’intérieur réduit la distance de tir des LBD malgré leur dangerosité
      https://www.mediapart.fr/journal/france/271023/le-ministere-de-l-interieur-reduit-la-distance-de-tir-des-lbd-malgre-leur-

      Ces cinq dernières années, plus de 35 personnes ont été blessées et une tuée par des tirs de lanceur de balles de défense. Pourtant, dans ses instructions, le ministère de l’intérieur a abaissé la distance réglementaire. Une décision que la gendarmerie conseille de ne pas suivre.

      La liste des blessés ne cesse de s’allonger. Hedi à Marseille, Virgil à Nanterre, Nathaniel à Montreuil, Mehdi à Saint-Denis, Abdel à Angers : tous ont été grièvement touchés par un tir de lanceur de balles de défense après les révoltes suscitées par la mort de Nahel en juin dernier. Mediapart a cherché à savoir quelle était la distance minimum de sécurité que les policiers doivent respecter lorsqu’ils tirent au LBD.

      Le ministère de l’intérieur et la Direction générale de la police nationale ont mis un mois à nous répondre. Et pour cause, cette distance réglementaire a tout simplement été supprimée des récentes instructions, remplacée par une distance dite « opérationnelle » correspondant à celle du fabricant de munitions. Auparavant, pour tirer, un policier devait respecter une distance minimum de 10 mètres. Selon les informations collectées par Mediapart, elle est désormais passée à 3 mètres.

      Une décision dangereuse que la gendarmerie nationale déconseille de suivre.

      Gravement touché au cerveau par un tir de LBD dans la nuit du 1er au 2 juillet, à Marseille, Hedi, 22 ans, subit depuis de multiples interventions chirurgicales. C’est le cas encore en octobre, alors que la prochaine est prévue en novembre. À ce jour, déjà confronté à une potentielle paralysie, Hedi ne sait toujours pas s’il pourra conserver l’usage de son œil gauche.
      Il fait partie des nombreuses victimes du LBD, une arme utilisée par la police et les gendarmes depuis le début des années 2000 (en remplacement du #flashball, apparu à la fin des années 1990). Muni d’un canon de 40 millimètres, ce fusil tire des balles de caoutchouc à plus de 250 km/heure (plus de 73 m/seconde). Le ministère de l’intérieur qualifie le LBD_« d’arme de force intermédiaire », alors même qu’elle est classée « catégorie A2 », c’est-à-dire #matériel_de_guerre, aux côtés notamment des lance-roquettes. Une classification qui laisse peu de doute sur sa létalité.

      Des instructions ministérielles d’août 2017 précisent que « le tireur vise de façon privilégiée le torse ainsi que les membres inférieurs », cibler la tête étant interdit. Lorsqu’une personne est touchée, le policier doit s’assurer de son état de santé et la garder sous surveillance permanente.
      Comme le rappelle une note du ministère de l’intérieur adressée à l’ensemble des forces de l’ordre, en février 2019, les fonctionnaires habilités doivent faire usage du LBD, selon le cadre prévu par le Code pénal et celui de la sécurité intérieure,
      « dans le strict respect des principes de nécessité et de proportionnalité »_.

      Hormis en cas de légitime défense, c’est-à-dire lorsque l’agent, un de ses collègues ou une tierce personne est physiquement menacée, des sommations doivent précéder le tir, qui doit se faire à une distance réglementaire, en deçà de laquelle les risques de lésions sont irréversibles. Mais quelle est cette distance ?

      Une nouvelle munition pas moins dangereuse

      Notre enquête nous a conduits à compulser les instructions ministérielles que nous avons pu nous procurer. Il faut remonter à 2013 pour voir figurer que le LBD « ne doit pas être utilisé envers une personne se trouvant à moins de 10 mètres ».
      Depuis, dans les notes de 2017, 2018 ou 2019, nulle trace de recommandations concernant la distance minimum de sécurité. Seul le règlement de l’armement de dotation de la gendarmerie nationale, mis à jour le 1er septembre 2023, rappelle que « le tir en deçà de 10 mètres, uniquement possible en cas de légitime défense, peut générer des risques lésionnels importants ».
      Interrogée, la Direction générale de la police nationale (#DGPN) n’a pas su nous répondre sur la distance réglementaire, arguant que la doctrine d’emploi du LBD 40 faisait « actuellement l’objet d’une réécriture ». Seule précision, les unités de police utilisent une nouvelle munition, appelée la munition de défense unique (MDU), « moins impactante » que l’ancienne, nommée la Combined tactical systems (CTS).
      Certes, depuis 2019, la MDU, moins rigide et légèrement moins puissante, est majoritairement utilisée par les policiers. Pour autant, elle n’en reste pas moins dangereuse, comme l’attestent les graves blessures qu’elle a pu occasionner, notamment sur Hedi ou sur plusieurs jeunes qui ont perdu un œil lors des révoltes à la suite du décès de Nahel.

      Ce qui est dangereux, c’est que le ministère et la DGPN ont banalisé l’usage du LBD.
      Un commissaire de police

      C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie (CNEFG) conseille de conserver, avec cette nouvelle munition, une distance minimum de 10 mètres. En effet, dans une note interne, datée du 12 septembre 2022, adressée à la Direction générale de la gendarmerie nationale (#DGGN), et que Mediapart a pu consulter, il est stipulé que « par principe de sécurité et de déontologie », il doit être rendu obligatoire pour les gendarmes de ne pas tirer au LBD à moins de 10 mètres.
      Selon un officier, « au sein de la gendarmerie, nous privilégions l’usage du LBD pour une distance de 30 mètres pour faire cesser une infraction s’il n’y a pas d’autres moyens de le faire. Lorsque le danger est plus près de nous, à quelques mètres, nous tentons de neutraliser l’individu autrement qu’en ayant recours au LBD ».
      Quand bien même la nouvelle munition représente une certaine avancée, étant « moins dure et donc susceptible de faire moins de blessures », « elle reste néanmoins puissante et dangereuse. Évidemment, d’autant plus si elle est tirée de près ».

      Un haut gradé de la gendarmerie spécialisé dans le #maintien_de_l’ordre insiste : « Cette nouvelle munition ne doit pas conduire à modifier la doctrine d’emploi du LBD, ni à un débridage dans les comportements. » Il rappelle que le LBD est « l’ultime recours avant l’usage du 9 mm. Son usage ne doit pas être la règle. Ce n’est pas une arme de dispersion dans les manifestations ».

      Information inexacte

      Nous avons donc recontacté la police nationale pour qu’elle nous transmette les dernières directives mentionnant la distance minimum qu’un policier doit respecter. Le cabinet du ministre a, lui, répondu qu’une « distance minimum de sécurité serait communiquée. Il n’y a pas de raison que ce soit différent des gendarmes ». Et pourtant...
      Après moult relances, la Direction générale de la police a déclaré qu’il fallait prendre en compte « la distance opérationnelle des munitions » et « qu’en deçà de 3 mètres, le risque lésionnel est important », assurant que « les doctrines en ce domaine sont communes pour les forces de sécurité intérieures, police nationale et gendarmerie nationale ».
      Une information inexacte puisque la gendarmerie interdit de tirer au-dessous de 10 mètres.

      « Ce qui est dangereux, explique auprès de Mediapart un commissaire de police, c’est que le ministère et la DGPN ont banalisé l’usage du LBD, qui devait initialement être utilisé en cas d’extrême danger, comme ultime recours avant l’usage de l’arme. »

      Un pas a été franchi pour légitimer des tirs de très près.
      Un commandant, spécialisé dans le maintien de l’ordre

      Depuis, après avoir été « expérimenté dans les banlieues, il a été utilisé, depuis 2016 [en fait, depuis le début des années 2000, ndc], dans les manifestations et les mobilisations contre la loi Travail [où la pratique s’est généralisée, ndc]. En enlevant toute notion de distance minimum de sécurité, le ministère gomme la dangerosité de cette arme et des blessures qu’elle cause ».
      Pour ce commissaire, « c’est un nouveau verrou qui saute. On peut toujours contester cette distance, qui était déjà peu respectée, mais elle introduisait néanmoins un garde-fou, aussi ténu soit-il ».
      Avec l’apparition des nouvelles munitions « présentées comme moins impactantes, un pas a été franchi pour légitimer des tirs de très près », nous explique un commandant spécialisé dans le maintien de l’ordre. Ainsi, dans les nouvelles instructions du ministère, « la distance minimum n’existe plus ». « Pire, poursuit ce commandant, on a vu apparaître les termes employés par le fabricant de la munition qui parle de “distance opérationnelle”. »
      En effet, dans une instruction relative à l’usage des armes de force intermédiaire, datée du 2 août 2017 et adressée à l’ensemble des fonctionnaires, sont précisées les « distances opérationnelles », allant de 10 à 50 mètres pour l’ancienne munition, et de 3 à 35 mètres pour la nouvelle. C’est sur cette instruction que s’appuie aujourd’hui la DGPN.
      Selon ce gradé, « même d’un point de vue purement opérationnel, c’est absurde. Car le point touché par le tireur est égal au point qu’il a visé à environ 25 mètres et pas en deçà. Donc il faudrait donner cette distance et non une fourchette ».
      « Avec une distance aussi courte que 3 mètres, c’est presque tirer à bout portant. Et c’est inviter, davantage qu’ils ne le faisaient déjà, les policiers à tirer de près avec des risques gravissimes de blessures. Non seulement les agents manquent de formation, mais avec ces directives, ils vont avoir tendance à sortir leur LBD comme une simple matraque et dans le plus grand flou », conclut-il, rappelant « le tir absolument injustifié de la BAC sur le jeune qui a eu le cerveau fracassé à Marseille [en référence à Hedi – ndlr] ».

      Les déclarations faites à la juge d’instruction du policier Christophe I., auteur du tir de LBD, qui a grièvement blessé Hedi à la tête, en juillet, révèlent l’ampleur des conséquences de la banalisation d’une telle arme.
      Le policier explique que le soir des faits, « il n’y avait pas de consignes particulières sur l’utilisation des armes ». Que Hedi ait pu être atteint à la tête ne le surprend pas. Une erreur aux conséquences dramatiques qui ne semble pas lui poser problème : « J’ai tiré sur un individu en mouvement, dit-il. Le fait de viser le tronc, le temps que la munition arrive, c’est ce qui a pu expliquer qu’il soit touché à la tête. » En revanche, il nie que les blessures d’Hedi aient pu être occasionnées par le LBD, allant même jusqu’à avancer qu’elles peuvent « être liées à sa chute » au sol [moment ou des bouts du projectile se sont incrustés dans sa tête avant d’être découvert par le personnel soignant, obvisously, ndc]

      Dans d’autres enquêtes mettant en cause des tirs de LBD, les déclarations des policiers auteurs des tirs affichent à la fois la dangerosité de cette arme et la banalisation de son usage. L’augmentation du nombre de #manifestants blessés, en particulier lors des mobilisations des gilets jaunes, avait d’ailleurs conduit le Défenseur des droits, Jacques Toubon, à demander, en janvier 2019, la « suspension » du recours au LBD dans les manifestations.
      La France, un des rares pays européens à autoriser le LBD
      Depuis, plusieurs organisations non gouvernementales, parmi lesquelles le Syndicat des avocats de France, la Confédération générale du travail ou le Syndicat de la magistrature, ont saisi la justice pour en demander l’interdiction. En vain. Après avoir essuyé un refus du Conseil d’État de suspendre cette arme, les organisations syndicales ont vu leur requête jugée irrecevable par la Cour européenne des droits de l’homme en avril 2020, estimant que les « faits dénoncés ne relèvent aucune apparence de violation des droits et libertés garanties par la Convention et […] que les critères de recevabilité n’ont pas été satisfaits ».

      À l’annonce du refus du Conseil d’État d’interdire le LBD, le syndicat de police majoritaire, Alliance, avait salué « une sage décision ». Son secrétaire général adjoint, qui était alors Frédéric Lagache, avait précisé auprès de l’AFP que « si le Conseil d’État avait prononcé l’interdiction, il aurait fallu à nouveau changer de doctrine et revenir à un maintien de l’ordre avec une mise à distance ».
      Un discours bien différent de celui de ses homologues allemands, qui ont refusé d’avoir recours au LBD (utilisé dans deux Länder sur seize). En effet, comme le rappelle le politiste Sebastian Roché dans son livre La police contre la Rue, en 2012, le premier syndicat de police d’Allemagne, par la voix d’un de ses représentants, Frank Richter, s’était opposé à ce que les forces de l’ordre puissent avoir recours à cette arme : « Celui qui veut tirer des balles de caoutchouc [comme celles du LBD – ndlr] accepte consciemment que cela conduise à des morts et des blessés graves. Cela n’est pas tolérable dans une démocratie. »
      En Europe, la France est, avec la Grèce et la Pologne, l’un des rares pays à y avoir recours.

      #LBD #LBD_de_proximité #armes_de_la_police #Darmanin #à_bout_portant #terroriser #mutiler #police #impunité_policière #militarisation #permis de_mutiler #permis_de_tuer

    • Ni oubli, ni pardon
      https://piaille.fr/@LDH_Fr/111308175763689939

      Le 27 octobre 2005, Zyed & Bouna 17&15 ans meurent à l’issue d’une course poursuite avec des policiers qui seront relaxés. Ils font partie d’une liste trop longue des victimes d’une violence ordinaire dont les auteurs ne sont jamais poursuivis. Cette impunité doit cesser.

    • en 2012, le premier syndicat de police d’Allemagne, par la voix d’un de ses représentants, Frank Richter, s’était opposé à ce que les forces de l’ordre puissent avoir recours à cette arme : « Celui qui veut tirer des balles de caoutchouc [comme celles du LBD – ndlr] accepte consciemment que cela conduise à des morts et des blessés graves. Cela n’est pas tolérable dans une démocratie. »

      En Europe, la France est, avec la Grèce et la Pologne, l’un des rares pays à y avoir recours.

      La fin de l’article de Mediapart, dont est extrait le passage ci dessus, a part, dans son seen à elle : https://seenthis.net/messages/1023468

    • Quelques nuances de LBD
      https://lundi.am/Quelques-nuances-de-LBD

      Dans une enquête parue ce vendredi, Médiapart révèle que les policiers devaient jusqu’à présent respecter une distance de 10 à 15 mètres pour tirer sur un individu. Cette distance minimale aurait été supprimée des récentes instructions du ministère de l’Intérieur. Elle est désormais passée à seulement trois mètres. Laurent Thines, neurochirugien et poète engagé contre les armes (sub)létales, nous a transmis ces impressions.

    • @sombre je dirais bien #oupas moi aussi : la pratique récente du LBD en fRance semble indiquer que les policiers, préfets et le ministre ont bien lu la notice en détail et estimé que la couleur rouge était un indicateur de zones à viser en priorité, pour faire respecter l’ordre.

    • @PaulRocher10
      https://twitter.com/PaulRocher10/status/1721262476933706174

      Près de 12 000 tirs policiers sur la population civile en 2022, soit 33 tirs par jour. Voilà ce que montrent les derniers chiffres sur le recours aux armes « non létales ». Hormis les années des #giletsjaunes (2018/19), c’est un nouveau record.

      Au-delà du nombre élevé de tirs sur 1 année, la tendance est frappante. En 2022, les policiers ont tiré 80 fois plus qu’en 2009. Pourtant, ni les manifestants ni la population générale ne sont devenus plus violents. La hausse des violences est celle des #violencespolicières

      Ces données du min. de l’intérieur n’affichent pas les tirs de grenades (assourdissantes, lacrymogène) et ignorent les coups de matraque. Même pour les armes comptabilisées, on assiste à une sous-déclaration. Le niveau réel des #violencespolicières est donc encore plus élevé

      Souvent on entend que les armes non létales seraient une alternative douce aux armes à feu. Pourtant, les derniers chiffres confirment la tendance à la hausse des tirs à l’arme à feu. Pas d’effet de substitution, mais un effet d’amplification de la violence

      Ces derniers temps, on entend beaucoup parler de « décivilisation ». Si elle existe, ces chiffres montrent encore une fois qu’elle ne vient pas de la population . Les données disponibles (⬇️) attestent qu’elle se tient sage, contrairement à la police
      https://www.acatfrance.fr/rapport/lordre-a-quel-prix

    • Nous avons découvert deux jours plus tard que la personne qui nous a pris·e·s en photo, malmené·e·s et a fait appel à la #police pour empêcher notre simple présence, le tout en laissant entendre représenter Attac, n’est autre que Marina Ferreruela, suppléante et collaboratrice du député Andy Kerbrat (2ème circo Loire Atlantique) et ex-candidate #LFI aux régionales 2021.

      ... Nous considérons qu’un débat « Santé publique – Bien commun » se doit nécessairement d’intégrer la lutte contre le Covid, l’épidémie et ses lourdes conséquences sur les capacités à travailler qui contribuent, en plus de tout le reste, à l’accélération de la destruction de la Sécurité Sociale et de tout le système de santé. Des personnes bien intégrées socialement nous reprochent de desservir « la cause » alors que cela fait bientôt 4 ans que les conséquences du Covid touchent le monde entier, cloîtrent de plus en plus de « fragiles » à domicile, font chuter l’espérance de vie partout et ravagent les populations les plus marginalisées sur tous les axes de domination.

      ... Scientifiquement nous tenons à rappeler que :
      Le Covid se transmet quasi exclusivement par aérosol, soit des micro-goutelettes émises par la respiration et s’accumulant dans l’air, et pas uniquement lorsque l’on tousse.
      Les aérosols mesurent entre 0.1µ et 0.3µ et sont capturés efficacement par des filtres capturant les PM2.5.
      La plupart des normes recommandent un débit d’aération et purification d’air supérieur à 4 fois le volume de la pièce.
      Les masques les plus couvrant sont les plus efficaces car ne laissant pas fuir ces aérosols ; associé à une mesure du CO2 comme quantification du risque et du besoin de port de masques plus performants.
      59% des contaminations se produisent par des personnes asymptomatiques.
      Le gel hydroalcoolique ou la surface du mobilier n’a aucun impact sur les transmissions aéroportées.
      Les purificateurs d’air reposant sur la filtration mécanique sont sans danger et efficaces contre les aérosols vecteurs du Covid.
      Ces connaissances scientifiques ne sont pas des opinions, et nous avons été surpris·e·s du décalage entre ces données et les pratiques et propos entendus et lus de personnes issues des diverses organisations liées à cet événement et se revendiquant de la science, dont médicale.
      En refusant la mise en place d’un protocole sanitaire et de lutte contre les épidémies, les « responsables » professionnels / syndicalistes / politiques, justifiant « suivre les recommandations gouvernementales », se réfugient dans une attitude gestionnaire en opposition radicale aux valeurs de santé-prévention pourtant défendues. Cette attitude s’incarne dans le mutisme, le « tone policing » (police du ton, soit une disqualification de la parole sous couvert de critique de la forme du message) et dans une réponse répressive dès que l’on pointe les manquements et incohérences politiques, régulièrement retrouvés dès que l’on traite des effets sanitaires, neurodégénératifs et cumulatifs du Covid affectant toute la population et pas uniquement des « fragiles » que certaines personnes jugent sacrifiables.

      #arra #gauche #soignants #covid #aérosolisation #rdr

  • « l’ordre, l’ordre, l’ordre », E.M, 24 juillet 2023

    Nord : le gouvernement annonce le déploiement d’une #force_d'action_républicaine à Maubeuge
    https://www.bfmtv.com/grand-lille/nord-le-gouvernement-annonce-le-deploiement-d-une-force-d-action-republicaine

    Policiers, officiers de police judiciaire, fonctionnaires des finances, personnels éducatifs ou encore travailleurs sociaux aideront à la sécurisation des quartiers à Maubeuge.
    Le gouvernement a dévoilé ce jeudi 26 octobre son plan d’action en réponse aux émeutes qui ont eu lieu dans toute la France après la mort de Nahel, en juin et juillet dernier.

    Élisabeth Borne a annoncé devant un parterre d’élus des villes les plus touchées le déploiement de plusieurs forces d’action républicaines sur le territoire. Un groupe arrivera notamment bientôt à Maubeuge.

    Ce qu’il faut retenir des mesures annoncées par Elisabeth Borne à la suite des émeutes urbaines de cet été, selon Le Monde
    https://www.lemonde.fr/societe/live/2023/10/26/en-direct-elisabeth-borne-devoile-le-plan-du-gouvernement-pour-repondre-aux-

    Comme « réponse pénale exemplaire et refus total de l’impunité » attendue par les élus locaux, Elisabeth Borne annonce soumettre au vote des parlementaires, sans donner la date, la possibilité de placer « des jeunes délinquants, de manière obligatoire, dans des unités éducatives de la protection judiciaire de la jeunesse » jusqu’à « envisager un encadrement de jeunes délinquants par des #militaires ».

    La responsabilité parentale a aussi été évoquée par la cheffe du gouvernement. Toujours dans un projet de loi, l’exécutif souhaite sanctionner de « stages de responsabilité parentale ou [de] peines de travaux d’intérêt général (…) des parents qui se soustraient à leurs devoirs éducatifs ». Aussi, le gouvernement a annoncé créer une contribution financière citoyenne et familiale que les mineurs et leurs parents devront payer à des associations de victimes et qu’en cas de dégradation Elisabeth Borne veut « s’assurer » que les parents paient les dommages causés.

    Le gouvernement veut donner la possibilité aux polices municipales d’accomplir certains actes de police judiciaire. _[ à tout seigneur tout honneur, commençons par Mantes-la-Ville, Hayange, Hénin-Beaumont, Perpignan, Fréjus, Bruay-la-Buissière, Orange, Cogolin, ...]

    Quant aux réseaux sociaux, dont la première ministre a estimé qu’ils ont joué un « rôlé-clé (…) pour encourager les violences et créer l’escalade », une suspension d’un compte de six mois sera mise en place.

    #jeunes #parents #villes #sécurité #police #police_municipale #PJJ #enfermement #discipline #bannissement_numérique #stages_de_responsabilité_parentale #TIG_parentaux

  • Proposition de loi visant à interdire l’usage de l’#écriture_inclusive
    Rapport n° 67 (2023-2024), déposé le 25 octobre 2023

    AVANT-PROPOS

    I. ÉCRITURE « INCLUSIVE » OU NOVLANGUE EXCLUANTE ?
    A. DES PRATIQUES QUI SE DÉVELOPPENT RAPIDEMENT
    1. Qu’est-ce que l’écriture dite « inclusive » ?
    2. Un phénomène loin d’être marginal
    B. UNE DÉMARCHE QUI SOULÈVE DE NOMBREUSES DIFFICULTÉS
    1. Une écriture non neutre
    2. Une contrainte importante sur une langue déjà menacée
    3. Une menace pour l’intelligibilité et l’accessibilité des textes
    II. UNE PROPOSITION DE LOI NÉCESSAIRE POUR DISSIPER DES INCERTITUDES JURIDIQUES
    A. DES INCERTITUDES JURIDIQUES
    1. Quelques grands principes et deux circulaires
    2. Une jurisprudence hésitante
    B. UNE PROPOSITION DE LOI POUR CLARIFIER LE DROIT
    C. LA POSITION DE LA COMMISSION

    EXAMEN DES ARTICLES

    Article 1er

    Interdiction de l’usage de l’écriture dite inclusive dès lors que le droit exige l’utilisation du français
    Article 2

    Conditions d’application et d’entrée en vigueur de la loi
    Intitulé de la proposition de loi

    EXAMEN EN COMMISSION
    LISTE DES PERSONNES ENTENDUES
    RÈGLES RELATIVES À L’APPLICATION DE L’ARTICLE 45
    DE LA CONSTITUTION ET DE L’ARTICLE 44 BIS
    DU RÈGLEMENT DU SÉNAT (« CAVALIERS »)
    LA LOI EN CONSTRUCTION
    https://www.senat.fr/rap

    /l23-067/l23-067.html
    #France #interdiction #loi #novlangue #langue #menace #intelligibilité #accessibilité #incertitudes_juridiques #jurisprudence #circulaires #proposition_de_loi

    • 中性语言 - 维基百科,自由的百科全书
      https://zh.m.wikipedia.org/wiki/%E4%B8%AD%E6%80%A7%E8%AF%AD%E8%A8%80

      Trop compliqué:e pour moi. Désormais je contournerai le problème en ne m"exprimant plus qu’en chinois, qui ne connait pas le problème de no lamgues.

      Le chinois est une langue super simple qui ne connais ni genre, ni temps ni conjugaison ou déclinaison. Il n’y a mėme pas de singulier ou pluriel. Tu dis simplemen « il y en a plusieurs » avec un seul « mot » (们) qui établit son contexte par sa position. Si tu veux dire expressément qu’il n’y a qu’un seul spécimen de quelque chose ( 一个 x ) tu le dis simplement. S’il est important de savoir s’il s’agit de quelque chose de féminin (女)ou masculin (男), tu fais pareil. Tu ne mentionne expressément que les qualités exceptionnelles, tout le reste est contexte.

      Les juristes ont raison sur un point : il est très difficile voire impossible de formuler des textes de droit en chinois qui ne comportent pas ambiguité. On est confronté en chinois à un nombre d’éléments de grammaire très réduit au profit de la syntaxe. Chaque idéogramme correspond à un nombre élevé de significations différents et parfois contradictoires. Cette particularité fait que le chinois ancient dépasse en complexité le grec antique.

      On peut sans doute affirmer que nos grammaires ont une grande influence sur notre logique, notre manière de penser. Nos batailles liguistiques n’existeraient pas, si nous avions appris à parler et penser d’une manière plus libre, peut-être plus chinoise ;-)

      Voici ce que dit wikipedia en chinois à propos de l’écriture inclusive.

      Un langage neutre signifie éviter l’utilisation d’un langage qui est préjugé contre un sexe ou un genre particulier. En anglais, certaines personnes préconisent d’utiliser des noms non sexistes pour désigner des personnes ou des professions [1] et d’arrêter d’utiliser des mots à connotation masculine. Par exemple, le mot hôtesse de l’air est un titre de poste spécifique au sexe, et le mot neutre correspondant devrait être agent de bord. En chinois , certains caractères chinois à connotation positive et négative auront le mot « 女 » comme radical .Un langage neutre signifie éviter l’utilisation d’un langage qui est préjugé contre un sexe ou un genre particulier. En anglais, certaines personnes préconisent d’utiliser des noms non sexistes pour désigner des personnes ou des professions et d’arrêter d’utiliser des mots à connotation masculine. Par exemple, le mot hôtesse de l’air est un titre de poste spécifique au sexe, et le mot neutre correspondant devrait être agent de bord . En chinois , certains caractères chinois à connotation positive et négative auront le mot « 女 » comme radical .

      Attention, traduction Google

    • Suggérer l’utilisation du kotava comme langue de communication dans l’administration :

      Les substantifs et les pronoms sont invariables ; il n’existe aucun système de déclinaison. Il n’y a pas non plus de genre. Si l’on souhaite insister sur le sexe d’une personne ou d’un animal il est possible d’utiliser les suffixes dérivationnels -ye (pour les êtres vivants de sexe masculin) et -ya (pour les êtres vivant de sexe féminin).

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Kotava

    • Guerre d’usure contre l’écriture inclusive… et l’#égaconditionnalité

      Les #conservateurs, en mal de notoriété, épuisent les féministes avec un énième texte contre l’écriture inclusive. Ce texte veut interdire cette écriture à celles et ceux qui reçoivent des fonds publics. #Anti-égaconditionnalité !

      Quelques jours après l’échec du Rassemblement National (RN), Les Républicains (LR) réussissent à imposer un #débat_parlementaire pour interdire l’écriture inclusive ! Le 12 octobre dernier, le RN avait inscrit un texte dans sa « niche » parlementaire à l’#Assemblée_nationale. Mais il avait fini par le retirer avant de se voir opposer un rejet. Des députés LR qui s’étaient alliés à lui, puis rétractés, réservaient sans doute leurs forces pour soutenir leurs collègues du Sénat.
      Car mercredi 25 octobre, les sénateur.trice.s de la Commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat ont adopté une proposition de loi voulant « protéger la langue française  » de ses « #dérives  ». Une proposition qui sera examinée le 30 octobre.

      Le bruit des conservateurs, la fatigue des féministes

      Une #grosse_fatigue a alors gagné le mouvement féministe sur les réseaux sociaux. Impossible de compter le nombre de proposition de lois, de circulaires, de textes outragés, de déclarations solennelles s’attaquant à l’#égalité dans le #langage. Vouloir restaurer la #domination_masculine dans la #langue_française permet aux conservateurs de se faire mousser à bon compte auprès de leur électorat. Et pendant qu’ils occupent le devant de la scène sous les ors de la République, les féministes s’épuisent à démontrer la #justesse de leur combat avec beaucoup moins de moyens pour se faire entendre.

      Le #rouleau_compresseur est en marche. La proposition de la commission sénatoriale, qui avait été déposée par « Le sénateur » -c’est ainsi qu’elle se présente- LR #Pascale_Gruny en janvier 2022, a peu de chance d’aboutir dans sa totalité à une loi tant elle est excessive. Mais elle permet une nouvelle fois de sédimenter le discours conservateur dans l’opinion. Un discours attaché à ce que « le masculin l’emporte ».

      Pascale Gruny a eu les honneurs de l’émission « Les grandes gueules » sur RMC . Elle a pu nier le poids du #symbole : « Que le masculin l’emporte sur le féminin, c’est simplement une règle de grammaire, cela ne veut pas dire que les hommes sont supérieurs aux femmes, c’est ridicule » a-t-elle asséné. « Le but c’est de l’interdire dans les contrats, les publications de la vie privée pour que cela ne s’utilise plus. Et je veux aussi que cela disparaisse de l’#université comme à Sciences-po où c’est obligatoire je crois. »

      Le texte proposé veut très largement bannir l’écriture inclusive « dans tous les cas où le législateur exige un document en français », comme les modes d’emploi, les contrats de travail ou autres règlements intérieurs d’entreprises, mais aussi les actes juridiques. « Tous ces documents seraient alors considérés comme irrecevables ou nuls » s’ils utilisent l’écriture inclusive, dite aussi #écriture_épicène.
      Ces conservateurs ne se sont toujours pas remis de l’approbation, par le Tribunal de Paris en mars dernier, d’inscrire l’écriture inclusive dans le marbre de plaques commémoratives (lire ici).

      Pas de #subvention si le masculin ne l’emporte pas

      Le texte de Pascale Gruny fait même de l’anti-égaconditionnalité en interdisant l’écriture inclusive aux « publications, revues et communications diffusées en France et qui émanent d’une personne morale de droit public, d’une personne privée exerçant une mission de service public ou d’une personne privée bénéficiant d’une subvention publique ». Les journaux qui reçoivent des subventions publiques devraient être concernés ?…

      Rappelons que l’égaconditionnalité des finances publiques revendiquée par les féministes consiste à s’assurer que les #fonds_publics distribués ne servent pas à financer des activités qui creusent les inégalités entre femmes et hommes… Ici on parlerait de patriarcatconditionnalité…

      C’est aussi un combat qui épuise les féministes.

      https://www.lesnouvellesnews.fr/guerre-dusure-contre-lecriture-inclusive-et-legaconditionnalite

      #épuisement #féminisme

    • Pour une fois je me permets d’avoir une opinion alors que d’habitude j’essaie de me tenir aux choses que je sais et de me taire ou de poser de questions par rapports aux autres sujets.

      Ne perdons pas trop de temps avec des discussions inutiles. Si le langage et l’écriture appelés inclusifs deviennent assez populaires parce qu’ils correspondent à une pratique partagée par assez de monde, si cette relative nouveauté est plus qu’un dada des intellectuels, si le peuple adopte ces formes d’expression, aucun décret n’arrêtera leur avancée.

      Je suis content d’avoir été en mesure d’apprendre un français approximatif, assez bon pour me faire comprendre et je ne verrai plus le jour du triomphe ou de la défaite de telle ou telle forme de français. Ces processus durent longtemps.

      Alors je préfère investir un peu de mon temps pour améliorer mes compétences en chinois. Cette langue me promet la même chose qui m’a fait prendre la décision d’apprendre le français. Avec l’apprentissage d’une nouvelle langue on découvre le monde sous d’autres angles, on adopte de nouvelles façons de raisonner et d’agir, on développe une personnalité supplémentaire, on n’est plus jamais seul. Parfois je me demande, ce que ferait mon caractère chinois à ma place quand ma personnalité allemande, française ou états-unienne me fait prendre une décision.

      Ma pratique des langues que je maîtrise changera au rythme auquel je les utiliserai. Je continuerai alors de le mentionner quand le sexe d’une personne a une importance et une signification, si c’est nécessaire pour dire ce que j’ai à dire. Pour le reste je me tiens aux règles qu’on m’a enseignées et aux habitudes que j’ai prises.

      Je comprends la peur de l’invisibilité et le besoin de la combattre parce que je passe une grande partie de ma vie à donner une voix aux personnes qui sont comme moi rendus invisibles par le pouvoir en place, par les mécanismes inscrits dans nos sociétés et par la méchanceté et le dédain des imbéciles. Chaque langue connaît des manières de s’attaquer à ce défi.

      Je suis curieux comment l’écriture et le langage inclusif cohabiteront ou pas avec cette multitude de formes d’expression chères à celles et ceux qui en sont maîtresses et maîtres et les considèrent comme les leurs.

      #écriture_inclusive #français #chinois #dialectes #patois #allemand

    • #mecsplications sur l’inclusivité et détournement de ce qui est préoccupant dans ce post.

      Les langues sont vivantes et tout gouvernement/état qui cherche à imposer aux populations de contrôler leurs expressions du langage tend au totalitarisme. #police_du_langage

      A contrario, l’écriture inclusive est un signe qui déplait aux conservateurs et aux fascistes parce qu’elle est manifestation politique du vivre ensemble, du soin à marquer que les inégalités de genre ne sont plus acceptables et de la résistance vivante à une langue moribonde, celle du patriarcat. Une petite révolution à la barbe des tenants du pouvoir et tout cela uniquement par le langage cela appelle des lois et de la répression.

      Quelle mauvais blague.

      Les rétrogrades de Toulouse ne s’y sont pas trompés, ils ont carrément interdit l’usage de l’écriture inclusive. 23/06/2021
      https://www.ladepeche.fr/2021/06/22/toulouse-pas-decriture-inclusive-au-capitole-9624088.php

      #féminisme #écriture_inclusive

    • #militantisme #langues_vivantes #langue_écrite #langue_parlée

      Et justement : les passions tristes des forces réactionnaires :

      «  Il existe d’autres moyens d’inclure le féminin dans la langue française  », expose la conseillère municipale d’opposition qui juge «  intéressant de réfléchir à ces questions sans passion.  »

      Qu’iels aillent bien tou·tes se faire cuire le cul, ces administrateurs·rices du cheptel humain :-))

    • Mais la française est vraiment horrible, il faut absolument la interdire avant qu’elle ne se diffuse partout, elle va nous falloir rapidement accepter l’écriture inclusive ou toute la morale patriarcale de notre chère Jeanne Jack Rousselle va se retrouver à la ruisselle. Pensez donc à cette genre de traduction

      « Toute l’éducation des hommes doit être relative à les femmes. Leur plaire, leur être utiles, se faire aimer et honorer d’elles, les élever jeunes, les soigner grandes, les conseiller, les consoler, leur rendre la vie agréable et douce : voilà les devoirs des hommes dans toutes les temps, et ce qu’on doit leur apprendre dès l’enfance. »

    • La Monde ne sait pas ce qu’est la pointe médiane, et utilise des pointes de ponctuation (et en les doublant) pour dénoncer la usage qu’elle méconnait. C’est quand même savoureuse.

      sénateur.rice.s

      c’est pourtant simple la pointe médiane c’est à la milieu, comme ça

      sénatrice·s

      la texte législative de ces andouilles qui n’ont rien à asticoter dans leur cervelle a donc été adoptée par la sénate cette nuit

      https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/10/31/ecriture-inclusive-le-senat-adopte-un-texte-interdisant-la-pratique-dans-tou

      #les_crétins_du_palais_du_luxembourg

    • C’est difficile de suivre cette débat avec la novlangue employée par les député·es ; par exemple j’ai cherché la terme de wokisme dans la dictionnaire et je n’ai rien trouvée. Et sinon pour pointer une contradiction, elle me semble qu’il y a déjà une loi AllGood qui vise à défendre l’immutabilité éternelle de la française — mais que la startup nachioune n’en a pas grand chose à faire.

    • la enjeu est de montrer que la culture française est sage et docile ( Au-delà de Versailles et de St Cloud c’est la jungle ) et que grâce à macron et toutes celleux accrocs à ses jolies mollettes de roitelet la langue française constitue une socle immuable. (ici j’adore l’aspect sable mouvant de la langue, tu crois que tu la maitrises qu’elle t’appartient enfermé dans les dogmes coloniaux des institutions et hop, nique ta novlangue)

      Iels ont donc si peur que la langue française soit vivante et évolue, je trouve ça juste extraordinaire d’en arriver à légiférer pour un point médian. Enchainez ce point médian tout de suite et jetez le au cachot ! Oui maitre·sse.

    • Le « François » dans tous ses états ...
      #château-Macron (du gros qui fait tache)
      https://seenthis.net/messages/1023508#message1023947

      #tataouinage (?) #québecois
      https://fr.wiktionary.org/wiki/tataouiner
      (Et donc rien à voir avec Tataouine, ville de Tunisie passée dans le langage populaire pour évoquer un endroit perdu au bout du monde)
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Tataouine
      En arabe,
      تطاوين
      se prononce un peu comme Tatooine qui est une planète-désert de l’univers de fiction Star Wars.
      Il n’y a pas de hasard, enfin, si, peut-être, un peu quand même ...

  • Procès d’« activistes d’ultragauche » : le parquet requiert entre deux et six années de prison – Libération
    https://www.liberation.fr/societe/police-justice/proces-dactivistes-dultragauche-le-parquet-requiert-entre-deux-et-six-ann

    Celui-ci s’inquiète aussi d’avoir retrouvé des fascicules prônant la violence politique lors de perquisitions chez les prévenus, ou que ces derniers utilisent des applications et des logiciels tels Signal ou Tor .

    Opposez-vous à Chat Control ! – Framablog
    https://framablog.org/2023/10/25/opposez-vous-a-chat-control

    Avec Chat Control, les autorités publiques seront autorisées à scanner, analyser et lire automatiquement les contenus des communications privées en ligne de tous les utilisateur·ices. Cela se fera via une contrainte sur les fournisseurs de chat tels que Signal, Threema, Telegram, Skype, etc, soit par ce qu’on appelle une analyse côté client (Client Side Scanning). Les messages et les images seraient alors lus directement sur les terminaux ou les dispositifs de stockage des utilisateur·ices. Et cela avant même qu’ils soient envoyés sous format chiffré ou après leur réception, une fois déchiffrés.

  • Gardes à vue antiterroristes. Comment les biais psychologiques induisent de « faux aveux »
    https://paris-luttes.info/gardes-a-vue-antiterroristes-17485

    Un petit groupe de personnes avec des compétences diverses, professionnelles ou pas, autour du traumatisme psychologique et des effets psychologiques de la violence, a été sollicité pour prendre connaissance des témoignages d’interpellations et de gardes à vue de plusieurs des mis·es en cause de l’affaire dite du 8 décembre 2020 (7 personnes accusées d’association de malfaiteurs terroristes d’ultragauche). Au-delà des expériences individuelles, ces témoignages laissent apparaître des méthodologies qui nous questionnent fortement sur le crédit qui peut être apporté à des informations obtenues lors de garde à vues longues et éprouvantes dans les locaux de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI) et de la Sous Direction Anti-Terroriste (SDAT). Voici les analyses qui sous-tendent ces questionnements.

    #gardes_à_vue #SDAT #anti_terrorisme #traumatisme #police #manipulation #DGSI #aveu

  • #ACAB, et c’est eux qui le disent

    Photographe et journaliste, Ricardo Parreira travaille sur les symboles d’extrême droite dans la police. Il revient ici sur l’inquiétante arrivée en France de l’iconographie #Thin_Blue_Line, qui fantasme les bleus en super-héros au-dessus des lois.

    Nous sommes fin 2014, aux États-Unis. Depuis la mort d’Eric Garner et de Michael Brown, deux Noirs américains tués par des policiers pendant l’été, le mouvement Black Lives Matter [La vie des Noir·es compte] s’insurge dans tout le pays contre les violences racistes de la police. Le 20 décembre, deux agents de la police de New York sont tués à Brooklyn, en représailles. En réaction, trois de leurs collègues créent le mouvement Blue Lives Matter [La vie des bleus compte] afin de soutenir les forces de l’ordre face aux accusations de violences et de racisme. Leur symbole ? Une mince ligne bleue (thin blue line). Pour ses partisans, cette ligne représente la police comme dernier rempart contre le chaos, protégeant le bien contre le mal et la population contre les criminels. Un symbole qu’ils prétendent apolitique, censé exprimer une forme d’hommage à la police comme institution.

    La communauté Thin blue line, #TBL pour les intimes, prend rapidement de l’ampleur sur les réseaux numériques. Une panoplie de produits dérivés débarque sur le marché : bracelets, écussons, habits, cagoules, kits et accessoires de survie. Leurs visuels vont piocher dans d’autres univers fictionnels violents : on y retrouve ainsi le très populaire crâne du Punisher (voir encadré), le casque spartiate et autres « héros » contournant l’État de droit pour faire justice eux-mêmes. L’emblème de TBL, un drapeau états-unien noir et blanc estampillé d’une ligne bleue, se propage dans les manifestations d’extrême droite, chez les soutiens de Trump ou encore chez les Proud Boys, organisation néofasciste qui s’est illustrée lors de l’assaut du Capitole en janvier 2021. Face à cette récupération politique, certains membres des forces de l’ordre finissent par renoncer à employer le sigle TBL : en 2017, le chef de la police de la bourgade de Catlettsburg, dans le Kentucky, retire les énormes autocollants Punisher aux couleurs de TBL collés sur le capot de ses huit voitures de service ; en février 2023, c’est le chef de la police de Los Angeles qui interdit l’usage du drapeau TBL dans les commissariats de sa ville. Mais malgré les polémiques, ces symboles se répandent aux quatre coins du pays et arrivent en Europe.
    « All cops are... »

    En France, c’est surtout via les réseaux sociaux que TBL se diffuse à partir de 2018, copiant à la lettre la rhétorique et la symbolique du mouvement états-unien. Aujourd’hui, la société TBL France, dirigée par la femme d’un gendarme, gère un site commercial vendant des produits dérivés. Outre les classiques drapeaux et écussons, on y trouve quelques produits locaux comme un « patch humoristique » représentant un policier donnant un coup de pied dans l’entrejambe d’un civil, sous le slogan « Le génital c’est génial ». S’y ajoutent les figures de #Deadpool, #John_Wick (voir encadré) ou encore #Batman, tous personnages de fictions violents agissant en dehors des lois.

    Plus surprenant, on croise aussi l’historique slogan anti-flic « #ACAB » (All cops are bastards, « Tous les flics sont des salauds »), repris à la sauce policière et transformé en All cops are brothers (« Tous les flics sont frères »). Sur les réseaux, on trouve ainsi des photos montrant un produit TBL devant un tag « ACAB », pour en détourner le sens. À côté de son site marchand et de ses réseaux sociaux suivis par des dizaines de milliers de « brothers », TBL France propose également des ateliers, des formations de tir et des rencontres.

    À en croire la prolifération de ses goodies sur les uniformes de la police et de la gendarmerie française, le succès semble au rendez-vous1. « Je tente par le site et les réseaux de rassembler les forces de l’ordre mais surtout de promouvoir un rapprochement de la police avec la population », explique la directrice de TBL France, affirmant qu’il ne faut en aucun cas voir dans l’adoption de ces symboles une quelconque politisation2. L’Inspection générale de la Gendarmerie nationale n’est pas du même avis quand elle déclare, en mars 2023, que le fait d’afficher le logo TBL contrevenait au devoir de réserve et de neutralité de la police dans la mesure où ils traduisaient l’appartenance à un mouvement politique3. Quant au fait que ces symboles et d’autres – dont le Valknut4 – se retrouvent tatoués à même la peau des forces de l’ordre, l’entreprise défend sur son site qu’il s’agit avant tout d’expressions « artistiques et esthétiques, et qu’ils ne devraient pas être utilisés pour embêter nos forces de l’ordre ».
    La force au-dessus des lois

    Aucun doute, une partie de la police se radicalise, dans un contexte de violences policières de plus en plus médiatisées. Le site TBL France, qui relaie en permanence des campagnes de dons pour les familles de policiers, n’a ainsi pas hésité à afficher son « soutien indéfectible » à la cagnotte en faveur de la famille du policier qui a tué Nahel à Nanterre en juin dernier. Au cours des émeutes qui ont suivi, un membre du Raid est photographié menaçant de son fusil à pompe un mineur au sol, ventre à terre. Le 25 juillet, TBL France présente sur Instagram son nouveau patch, nommé « Résilience », qui reprend cette image avec le slogan : « La force doit rester à la loi ». En l’occurrence, la loi leur interdit d’utiliser une photo sans en demander les droits et l’objet a donc dû être retiré du catalogue. Reste que la petite entreprise ne connaîtra pas la crise : quand il s’agit de rouler des mécaniques, les bleus ont de l’imagination.

    https://cqfd-journal.org/ACAB-et-c-est-eux-qui-le-disent

    ajouté à ce fil de discussion sur les #symboles et la #sémiologie d’#extrême_droite au sein des #forces_de_l'ordre :
    https://seenthis.net/messages/971225
    #violence

  • Des policiers falsifient des documents pour expulser des ados sans-papiers, Audrey Parmentier
    https://www.streetpress.com/sujet/1698051854-policiers-falsifient-documents-expulser-adolescents-sans-pap

    Le ministère de l’Intérieur affirme qu’Ibrahim a 22 ans. Il en a pourtant six de moins. Pour pouvoir expulser des étrangers, des policiers font grandir des mineurs non accompagnés d’un simple coup de crayon. Une pratique illégale.

    Installé dans le cabinet de son avocat, Ibrahim (1) ne comprend toujours pas : « Pourquoi les policiers veulent que je quitte la France ? Moi, j’aime ce pays ». Il admire la vue derrière une large baie vitrée. « Il y a quoi de plus beau que Paris ? » Ibrahim est né loin des gratte-ciel, dans le sud de la Guinée. En 2021, il fuit son pays « pour des histoires de religion ». Arrivé en Italie, des camarades le persuadent d’aller en France. « Ils me disaient que c’était mieux. » Mais Ibrahim n’est pas reconnu mineur et se retrouve à la rue. Ce mercredi 6 septembre 2023, les galères continuent : le jeune de 17 ans a reçu une obligation de quitter le territoire français (#OQTF) qui lui donne six ans de plus. «  Je ne suis pas né en 2000, ce n’est pas vrai ! », s’étrangle-t-il en lisant la décision de la préfecture de police de Paris. À côté de lui, Thierno (1), 16 ans, est dans la même situation.

    Au total, StreetPress a identifié au moins six procédures – à Paris, Dijon (21) ou dans les Alpes-Maritimes – où la #police est accusée d’avoir volontairement falsifié l’âge de mineurs. Des pratiques qui tendraient à se multiplier avec l’organisation de la Coupe du monde de Rugby ou des Jeux olympiques 2024, selon des personnes interrogées. Ibrahim, Thierno, mais aussi Mohammed, Ousmane et Fatou clament tous être mineurs. Ils se débattent pourtant depuis des mois avec des procédures d’éloignement.

    les avocats cités n’évoquent pas le #faux_en_écriture_publique

    #expulsions #JO #étrangers #mineurs_isolés_étrangers #MIE

  • « A l’approche des JO, il est impératif que la France se tourne vers des pratiques de gestion des foules plus à jour »
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/10/20/a-l-approche-des-jo-il-est-imperatif-que-la-france-se-tourne-vers-des-pratiq

    Les chercheurs Mehdi Moussaïd et Pascal Viot déplorent, dans une tribune au « Monde », le retard pris par le pays dans l’intégration des avancées scientifiques sur le comportement des foules et leurs incidences sur l’organisation des grands événements.
    [...]
    la France semble avoir pris du retard en raison d’un certain isolement culturel et d’une sous-estimation de l’importance d’adaptation des méthodes au regard des savoirs aujourd’hui disponibles.

    Cette incurie est à rapprocher du management belliqueux des manifestations, où la police se montre également incapable de développer un modèle de gestion apaisée et ne cesse au contraire d’ajouter de l’huile sur le feu.
    Question : comment comprendre cet "isolement culturel" ? Une formation inadaptée ? Une culture belligène alimentée par un complexe de supériorité, et aussi peut être l’ignorance de l’anglais, langue scientifique de ces avancées ?

  • [après la terrible leçon de Sainte Soline] Manifestation contre le projet d’autoroute A69 : le cortège principal défile dans le calme, plusieurs sites privés envahis par des manifestants
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/10/21/manifestation-contre-l-a69-dans-le-tarn-les-opposants-au-projet-d-autoroute-

    La manifestation a mobilisé plus de 10 000 personnes, selon les organisateurs. La préfecture du Tarn a fait état de 2 400 personnes dans le cortège principal, et de 2 500 « individus radicaux et violents en dehors ».

    .... La manifestation s’est scindée en plusieurs cortèges au fil de l’après-midi.

    Les organisateurs (...) avaient pris soin de brouiller les pistes. Six cortèges sont partis du camp de base, non loin de Saïx, dont cinq sur des parcours qui n’avaient pas été déposés.

    L’objectif du cortège le plus « déterminé » était une #cimenterie de la société Carayon, un site qui n’était pas protégé par les forces de l’ordre. C’est le cortège « rouge », au nom de code « économie locale », composé de quelque 2 000 personnes – chaque cortège était différencié par des drapeaux de couleur et répondait à des appellations diverses comme « utilité publique », « décarbonation » ou encore « désenclavement » –, qui était chargé de pénétrer sur le site du cimentier. Après une marche sportive sur chemins et routes, les manifestants ont forcé le portail de la cimenterie pour y taguer des slogans hostiles à l’#A69, et déployer une grande banderole « No Macadam » sur une centrale à #béton, une grande cuve en métal.

    Trois camions toupies ont été incendiés. Selon les organisateurs, cela n’était pas prévu. La préfecture, dans son communiqué de fin de journée, explique que « des individus hostiles ont dégradé une cimenterie, y déclenchant un incendie ». « Après avoir été entravés par les manifestants, qui ont été repoussés par les forces de l’ordre, les sapeurs-pompiers sont intervenus sur le lieu de l’incendie », avancent ensuite les autorités. Selon le journaliste du Monde présent sur place, aucun contact n’a cependant eu lieu avec les forces de l’ordre ou avec les pompiers, les #manifestants ayant quitté les lieux bien avant que les véhicules de secours ou de gendarmes ne s’approchent du site.

    Bardou, une autre entreprise tarnaise du #BTP, à Cambounet-sur-le-Sor, qui intervient sur le #chantier de l’A69, a aussi été prise pour cible par des opposants, selon une porte-parole d’Atosca. Des individus se sont « introduits par effraction sur le site », a confirmé la préfecture, ajoutant qu’ils avaient « pris son vigile à partie, degradé le bâtiment et arraché ses clotûres, avant d’être repoussés par les forces de l’ordre ». Selon la préfecture, les gendarmes ont tiré soixante-quatorze grenades pour « repousser la menace, sans donner lieu à une confrontation directe ». Deux policiers ont par ailleurs été légèrement blessés, selon la préfecture, qui fait aussi état d’un manifestant pris en charge par les secours pour une entorse au genou.

    Dans le cortège principal, des milliers de personnes – 2 400 selon la préfecture du Tarn – ont défilé sur le parcours autorisé, une boucle d’environ 5 kilomètres, dans une atmosphère joyeuse et paisible, et devant des commerces au rideau baissé. Fanfares, batucada, perruques et déguisements multicolores, tracteurs qui klaxonnent et pancartes plus ou moins inventives (« Stop A69 », « Plus de moisson, moins de béton », « Aux arbres citoyens », « Le 69 oui, l’A69 non ») ont constitué le décor d’une marche à laquelle ont participé beaucoup d’enfants, comme la fille d’Elvia, 10 ans, ou celles de Sandrine, 7 et 10 ans.

    Les fillettes « voient qu’on abat des arbres tous les trois jours, et elles ont compris qu’une usine à bitume allait être implantée à 1 kilomètre de leur école, expliquent ces deux quadragénaires venues du village de Saint-Germain-des-Prés, que la future A69 doit couper en deux. Alors ce sont presque nos enfants qui veulent venir manifester et nous qui les suivons ». L’éventualité de débordements – finalement presque inexistants – ne les a jamais dissuadées de venir : « On sait qu’il y a des gens très en colère, et on est en colère nous aussi, mais on voulait que nos enfants voient ça, et on savait qu’il y aurait un cortège fait pour nous. » A 16 h 30, le cortège avait regagné le camp de base d’où il était parti en début d’après-midi, et où la mobilisation doit se poursuivre jusqu’à dimanche soir.

    Mille six cents policiers et gendarmes déployés

    « On est plus déterminés que jamais, on ne veut pas du futur auquel ils nous condamnent, notre mot d’ordre, c’est “Amour et rage, no macadam !” », déclarait plus tôt lors d’un point presse Amalia, d’Extinction Rébellion Toulouse, l’un des collectifs qui appelaient à la mobilisation contre l’A69 ce week-end. S’appuyant sur un sondage IFOP réalisé il y a quelques jours auprès de la population du Tarn et de la Haute-Garonne, Gilles Garric, du collectif La Voie est libre, soulignait que 61 % des sondés étaient favorables à l’abandon du projet d’autoroute et qu’ils étaient 82 % à se prononcer pour un référendum local.

    edit

    La préfecture fait état de 2 400 manifestants dans le cortège principal de la #manifestation et estime à 2 500 le « nombre d’individus radicaux et violents en dehors du cortège » principal. Le collectif La Voie est libre, qui organise la manifestation, affirme que « 9 500 personnes » ont participé à ce rassemblement.
    https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/crise-climatique/manifestation-contre-l-a69-entre-toulouse-et-castres-un-groupe-de-400-p

    #luttes #A69 #Atosca #Pierre_Fabre #écologie #articialisation_des_sols #autoroute #bitume #bagneule #police #gendarmerie

  • Mayotte, vers une dérive génocidaire ? - OCL
    http://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article3966

    Tout s’est joué en deux mois. Juste après la déclaration d’#indépendance des #Comores, il y a eu une chasse à l’homme à Mayotte contre les Comoriens des autres îles et les #Mahorais_indépendantistes. Des exactions ont été commises par des milices soroda (mot dérivé de soldat), sous le regard des autorités françaises, qui s’opposaient aux « serrez la main », sous-entendu aux autres îles. C’est alors la proclamation unilatérale de la fondation d’un conseil général de Mayotte qui va durer jusqu’en 1977 (où des élections ont lieu). Aucun document n’est resté dans les archives coloniales sur cette période, marquée par le harcèlement, etc. des opposants. Parallèlement, il y a un coup d’état à Moroni avec le célèbre Bob Denard. S’ensuivent 25 années de mercenariat, 2 présidents assassinés...

    .... en 95 (...) c’est l’instauration du visa Balladur. Pour la 1ère fois, les ressortissants #comoriens ont besoin d’un visa d’entrée à Mayotte. La circulation ne s’arrête pas, sauf que maintenant il faut prendre des risques. Il y a eu environ 25 000 morts depuis. Les bateaux partent du sud d’Anjouan, 70 km de trajet. Ce n’est pas parce que les gens fuient des conditions intolérables. C’est que les conditions imposées par la France les obligent à prendre des risques. La notion d’immigration illégale à Mayotte est en effet une absurdité.


    Depuis les années 80, les Comoriens servent de boucs émissaires à toute l’incurie de la gestion coloniale de #Mayotte. Le problème en eau, c’est les Comoriens, les problèmes scolaires c’est les Comoriens, la saturation des infrastructures sanitaires, c’est les Comoriens, les maris qui ne veulent plus de leurs épouses mahoraises et qui trouvent mieux ailleurs, c’est les Comoriennes, etc. En 2003, un hameau de pêcheurs sans papiers en bord de mer et incendié sur ordre du maire du village, 28 cases incendiées, ce monsieur n’a jamais été inquiété en quoi que ce soit. Il y a eu des opérations de #décasage sauvages avec croix rouges tracées sur les portes des baraques et autres habitats de fortune pour faciliter le travail de la #police pour venir chercher les #sans_papiers. La police se promène depuis l’époque avec des camions bleus grillagés et charge femmes, enfants, Comoriens sans papiers, parfois sous les acclamations de la population. Et il ne s’agit pas de s’interposer en disant ça va pas ou quoi, vous êtes des gros fachos là, on se fait démonter la tête vite fait. Il y a une vraie hostilité cultivée à Mayotte vis à vis des trois autres îles.

    Les #femmes sont à l’avant-garde depuis la fin des années 50 début des années 60 du mouvement en faveur de Mayotte française. Ça s’explique pour des raisons anthropologiques. Mayotte comme tout l’archipel des Comores est une #société_matrilinéaire, c’est la lignée mères filles qui structure la généalogie familiale, cette matrilinéarité s’articule à une #matrilocalité, c’est-à-dire que traditionnellement c’est la mère qui est propriétaire de sa maison, et c’est le mari qui vient habiter dans la maison de son épouse, et s’il est polygame il tourne entre les différentes maisons de ses épouses. S’il y a un problème, une séparation, la femme dispose de sa maison, c’est lui qui retournera chez sa mère.

    Et c’est la raison pour laquelle le mouvement populaire mahorais s’est structuré à travers tous ces réseaux de #sociabilité_féminine, matrimoniale, villageoise, etc, qui ont été les fers de lance de Mayotte française. Avant l’indépendance, c’est ce qu’on appelait les chatouilleuses, dès qu’elles voyaient un notable des trois autres îles débarquer à Mayotte, à l’aéroport, elles l’agressaient, elles commençaient à le chatouiller, à lui enlever sa chemise, jusqu’à le laisser exsangue dans la poussière, sans le tuer, mais c’était une opération de harcèlement. Les femmes qui sont aujourd’hui à la pointe du mouvement pro wuambushu à Mayotte se revendiquent comme les descendantes des chatouilleuses.

    #opération_wuambushu

  • [on veut un chiffrement de bourre en bourre] Casser le chiffrement des messageries, un serpent de mer politique inapplicable
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2023/10/20/casser-le-chiffrement-des-messageries-un-serpent-de-mer-politique-inapplicab

    Interrogé sur BFM-TV, jeudi 19 octobre, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a désigné une cible bien commode pour expliquer que le terroriste ayant assassiné le professeur de français Dominique Bernard à Arras, vendredi 13 octobre, ait pu agir alors même qu’il était sous surveillance rapprochée des services de renseignement : les applications de #messagerie.
    « Hier encore, les écoutes téléphoniques classiques nous renseignaient sur la grande criminalité et le terrorisme. Aujourd’hui, les gens passent par Telegram, par WhatsApp, par Signal, par Facebook (…) Ce sont des messageries cryptées (…) On doit pouvoir négocier avec ces entreprises ce que vous appelez une “porte dérobée”. On doit pouvoir dire : “Monsieur Whatsapp, Monsieur Telegram, je soupçonne que M. X va peut-être passer à l’acte, donnez-moi ses conversations.” »
    L’argument semble frappé au coin du bon sens et M. Darmanin s’est dit favorable à un changement de la loi pour imposer aux plates-formes de fournir le contenu des messages chiffrés lorsque les autorités le requièrent. Le problème, pourtant, c’est que ces demandes sont contraires à des lois bien plus difficiles à faire évoluer que celles de la République : celles des mathématiques.

    .... la seule méthode efficace dont disposent les enquêteurs pour lire le contenu de conversations WhatsApp ou Signal est tout simplement d’avoir accès aux téléphones ou ordinateurs utilisés par un ou plusieurs interlocuteurs d’une conversation. C’est d’ailleurs ce qu’ont tenté de faire les agents qui surveillaient l’auteur de l’attentat d’Arras, a rappelé M. Darmanin, en le contrôlant la veille de l’attaque dans l’espoir de mettre la main sur son téléphone portable, sans succès.

    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2023/10/20/casser-le-chiffrement-des-messageries-un-serpent-de-mer-politique-inapplicab
    https://justpaste.it/c9a2b

    #police #surveillance #signal #chiffrement_de_bout_en_bout

    • Attentat d’Arras : comment la DGSI a échoué à accéder aux messages cryptés de Mogouchkov
      https://www.lexpress.fr/societe/attentat-darras-comment-la-dgsi-a-echoue-a-acceder-aux-messages-cryptes-de-

      .... le travail de la Direction générale de la sécurité intérieure (#DGSI) a bel et bien été compliqué par une immense faiblesse technique : l’incapacité du service secret français à accéder aux conversations du terroriste, Mohammed Mogouchkov, sur les messageries cryptées, WhatsApp, Signal, Telegram et Snapchat. L’enquête judiciaire en cours montre d’ailleurs que l’assaillant entretenait une correspondance troublante sur Snapchat avec un détenu fiché S pour radicalisation islamiste, Maxime C., par l’intermédiaire d’un des membres de la famille de ce dernier. Dans une de ces missives, le prisonnier radicalisé et prosélyte évoque « la mort douce avec l’épée à la main », selon Le Parisien.

      Le #contrôle_d’identité diligenté à l’encontre de Mogouchkov par les policiers, jeudi 12 octobre, la veille de l’attentat, avait notamment pour but de placer un #logiciel_espion dans son téléphone portable. Gérald Darmanin l’a reconnu au détour d’une réponse passée inaperçue lors de sa conférence de presse du 14 octobre : "La veille de l’attentat, nous avons procédé à l’interpellation de cette personne pour vérifier qu’il n’avait pas des armes sur lui mais aussi pour procéder à d’autres techniques de #renseignement plus intrusives, c’est-à-dire notamment d’avoir accès à son téléphone et aux messageries

      #Paywall

  • Incarcéré en marge des révoltes, Bilal a passé 5 semaines en détention pour rien - Bondy Blog
    https://www.bondyblog.fr/societe/incarcere-en-marge-des-revoltes-bilal-a-passe-5-semaines-en-detention-pour

    Comme d’autres, Bilal a été innocenté après avoir passé cinq semaines en détention provisoire. Le 29 juin 2023, Bilal se trouve dans son quartier, « une cité calme », desservie par le RER E. Le jeune homme, 20 ans, sort de chez lui par curiosité. « Il y avait quelques feux de poubelles, mais pas grand-chose de plus », se rappelle-t-il. La police essuie tout de même quelques feux d’artifice. Au milieu de la nuit, Bilal se fait interpeller, accusé d’avoir incendié des poubelles. Les policiers qui procèdent à son interpellation sont de vieilles connaissances. « Ils m’ont arrêté pour faire du chiffre. C’est un truc d’État pour répondre aux ordres du Ministère de la Justice », analyse-t-il.
    Les comparutions immédiates : machine à incarcération

    Du 27 juin au 7 juillet 2023, le nombre d’interpellations et de renvoi vers la Justice donne le tournis. D’après une analyse de l’Inspection générale de la Justice publiée début août, 3 847 personnes sont passées devant un tribunal ou un magistrat sur cette période. Le garde des Sceaux avait appelé à une réponse « rapide, ferme et systématique ».

    En conséquence, « les tribunaux judiciaires se sont résolument appuyés sur des procédures accélérées, privilégiant la présentation des mis en cause devant le procureur de la République et le jugement par comparution immédiate, dans des proportions inhabituelles », note le rapport.

    Les comparutions immédiates, régulièrement critiquées pour leur caractère expéditif et peu respectueux du principe d’individualisation des peines, ont tourné à plein régime. La procédure a été privilégiée sur cette période six fois plus que sur l’ensemble de l’année 2021.

  • Un flic au poste
    Confessions d’un (ex) gendarme | #AuPoste
    https://www.auposte.fr/confessions-dun-ex-gendarme

    Il était #gendarme, il a démissionné. Avec ces mots, publiés sur un blog de Mediapart : « Nous, policiers et gendarmes, participons à la criminalisation des classes populaires. Les collègues ne cachent pas leur xénophobie. Je pense toujours qu’il ne faut pas laisser ces métiers à des gens de droite. Mais j’ai envie de rejoindre la lutte face à ce système profondément injuste. Passer de l’autre côté de la barricade, comme diraient certains. »

    https://seenthis.net/messages/996187
    #police #repenti

    • « Après l’assassinat de Dominique Bernard, une grande fatigue morale s’abat sur de nombreux professeurs », Christophe Naudin
      https://www.nouvelobs.com/societe/20231015.OBS79545/apres-l-assassinat-de-dominique-bernard-une-grande-fatigue-morale-s-abat-

      TRIBUNE. L’historien Christophe Naudin, rescapé du Bataclan, enseigne l’histoire-géographie dans un collège du Val-de-Marne. Il s’inquiète ici des récupérations politiques de l’attentat d’Arras, et dit sa colère contre les « injonctions paradoxales » lancées aux #enseignants.

      Ce samedi 14 octobre, je suis dans un café, rue des Ecoles, face à la Sorbonne. Je déjeune en attendant de me rendre à la cérémonie de la remise du prix Samuel Paty, dont je suis membre du jury. Un serveur et un client discutent bruyamment. Ils finissent par ironiser sur la venue de la Première ministre, Elisabeth Borne, pour assister à la remise du prix, et, l’un d’eux se demandant qui peut bien être ce Samuel Paty, l’autre l’informe qu’il y a eu un « prof de latin égorgé » la veille. « Il a dû le prendre pour un mouton ! » (rires gras). Je prends le temps de finir mon repas, puis je ne peux m’empêcher d’intervenir, certes assez sèchement. S’ensuit un échange houleux, sous le regard gêné du patron du bistrot, et je finis par partir avant que ça dégénère. Je retiens ce qu’a dit le serveur : « On peut plus rigoler ? »

      Ça ne pourrait être qu’une anecdote, mais je suis persuadé qu’elle en dit beaucoup. Déjà, quelques jours après l’assassinat de Samuel Paty, je répondais à France Info : « C’est un moment très grave, donc il y a une forme d’union nationale. Mais ça arrive dans ces cas-là et c’est souvent de courte durée. Je ne crois pas trop à des lendemains positifs pour notre profession. » Malheureusement, il en sera vraisemblablement de même avec l’assassinat de Dominique Bernard. Ça semble même avoir été plus rapide encore...

      En effet, quelques heures seulement après l’attentat, les chaînes d’infos étaient envahies par des « experts », des avocats, des syndicalistes de la #police et des politiques charognards qui sautaient sur l’occasion pour, notamment, vouloir durcir les lois sur l’#immigration https://seenthis.net/messages/1021148, voire faire le lien avec le conflit israélo-palestinien sur la base d’aucun élément concret...

      A mon collège, nous avons appris la nouvelle au moment du déjeuner. Il y a eu des réactions entre sidération et humour noir, mais aussi une grande fatigue morale s’abattant sur les épaules de beaucoup de collègues. Ça recommençait. La peur, et au moins autant la lassitude de subir à nouveau les discours politiques, les récupérations, les faux mots de soutien (y compris de l’Institution), puis l’injonction à « dialoguer » et « expliquer » aux élèves.

      Nous avons toujours en mémoire l’hommage à Samuel Paty saboté par Jean-Michel Blanquer à la rentrée des vacances de la Toussaint en 2020. Nous avions dû batailler (y compris en faisant grève en ce qui concerne mon collège) pour obtenir un temps de recueillement et d’échange entre collègues (enseignants, agents, administration et direction). Cette année encore, ce temps indispensable a été obtenu de haute lutte, annoncé par Gabriel Attal au milieu d’un discours lénifiant, qui montre – s’il en était besoin – que nos dirigeants sont complètement hors-sol. Un temps réduit à deux heures, puis il nous faudra reprendre nos classes à 10 heures, et faire une minute de silence à 14 heures...

      Les collègues autour de moi, pour la plupart, sont las, et souvent en colère, de la façon dont nous sommes traités. Personnellement, je ne crois pas en la sincérité de nos dirigeants et de l’institution. On ne peut pas mépriser les enseignants à longueur d’année (y compris en annonçant des contre-vérités sur notre « revalorisation »), et affirmer qu’on veut les « protéger ». Des injonctions paradoxales qui usent les nerfs et qui, cumulées à la dégradation des conditions de travail depuis des années, finissent par décourager des collègues et, de plus en plus souvent, les pousser à démissionner.

      Politiques, médias, parents même, exigent de nous d’expliquer le conflit russo-ukrainien et le conflit israélo-palestinien, de défendre la laïcité et « les valeurs de la République ». Mais « en même temps », nous sommes toujours, et de plus en plus, considérés comme des pleurnichards qui ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont d’avoir « 18 heures de cours par semaine » et « 16 semaines de vacances par an », et... « la sécurité de l’emploi » ! Je ne parle même pas de ceux (et pas seulement à l’extrême droite) qui nous accusent d’être les Frankenstein de nos propres bourreaux...

      Alors, lundi matin, nous allons nous réunir, penser à Samuel Paty, à Dominique Bernard (et aux blessés, dont un agent technique et un agent d’entretien, « oubliés » dans les discours d’hier), et tenter de trouver les mots face aux élèves. Certains y arriveront, d’autres non. Puis, tout recommencera comme avant.

      Bio express. Christophe Naudin, 48 ans, est historien et professeur d’histoire-géographie dans un collège populaire du Val-de-Marne. Spécialiste de l’Islam médiéval, il a notamment cosigné, avec William Blanc, « Charles Martel et la bataille de Poitiers, de l’histoire au mythe identitaire » (Libertalia, 2015), et publié cinq ans après les attentats du 13-Novembre son remarquable « Journal d’un rescapé du Bataclan » (Libertalia, 2020).

      #école #mépris

  • Polizei Berlin verbietet pro-palästinensische Demo heute am Pariser Platz
    https://www.berliner-zeitung.de/news/polizei-verbietet-pro-palaestinensische-demo-am-pariser-platz-li.21

    Les procureurs d’état berlinois et leur bras armé la police viennent de définir comme acte criminel (délit de « Volksverhetzung » introduit contre la propagande nazie) la revendication de la libération de la Palestine.

    Merci aux amis de #Hamas de #Tsahal, vous venez de nous libérer davantage de notre marge d’expression personnelle et politique.

    Alors soyez rassurés, si jamais vous m’entendez revendiquer la liberté pour la région « from the river to the sea » , il s’agira de Berlin d’Est en Ouest « from the river Spree to the sea WannSee » ou dans l’autre sens « from the river Havel to the sea MüggelSee ». ;-)

    Il n’y a pas de liberté pour les habitants des pays en guerre et les perspectives pour les Européens sous domination de l’OTAN sont plutôt sombres. Pourtant un de ces jours les guerres dans lequelles vous êtes actuellement en train de nous embarquer seront terminées et avec un peu de soutien extérieur nous aurons reconquis notre liberté.

    Dans le passé notre tentative d’extermination des peuples slaves nous a déjà valu notre propre libération. ... ex oriente pax , ça vous rappelle quelque chose ?

    13.19.2023 von Sophie Barkey - Vor dem Brandenburger Tor sollte heute um 16 Uhr eine Demonstration in Solidarität mit Palästina stattfinden. Wie in den letzten Tagen kommt nun ein kurzfristiges Verbot der Polizei.

    Die Berliner Polizei hat am Freitag eine angekündigte Demonstration mit dem Titel „Frieden in Nahost – Stopp der Krieg in Nahost“ verboten. Die Kundgebung sollte von 16 Uhr bis 18 Uhr auf dem Pariser Platz stattfinden. 60 angekündigte Teilnehmer wollten dabei ihre Solidarität mit Palästina und Gaza demonstrieren. Auch jede Ersatzveranstaltung ist laut Mitteilung der Polizei bis zum 19. Oktober untersagt.

    Zur Erklärung heißt es weiter, „dass die unmittelbare Gefahr besteht, dass es bei der Versammlung zu volksverhetzenden, antisemitischen Ausrufen, Gewaltverherrlichungen, dem Vermitteln von Gewaltbereitschaft und dadurch zu Einschüchterungen sowie Gewalttätigkeiten kommen kann.“

    Die für heute auf dem #PariserPlatz angemeldete Versammlung „Frieden in Nahost - Stopp den Krieg in Nahost!“ sowie alle Ersatzveranstaltungen wurden nach Abwägung sämtlicher Interessen von der Versammlungsbehörde bis zum 19.10.23 verboten.
    Die Gründe finden Sie in unserer PM:…
    — Polizei Berlin (@polizeiberlin) October 13, 2023

    Angesichts des Terrorangriffs auf Israel wollen Berliner Staatsanwaltschaft und Polizei rigider gegen israelfeindliche Parolen bei Demonstrationen von Palästinensergruppen vorgehen. Die Verwendung der oft verwendeten Parole „From the River to the Sea, Palestine will be free“ werde jetzt von der Staatsanwaltschaft als strafbar eingeordnet, sagte eine Polizeisprecherin am Freitag der Deutschen Presse-Agentur. Mit dem Satz ist gemeint, es solle ein freies Palästina geben auf einem Gebiet vom Fluss Jordan bis zum Mittelmeer - dort wo sich jetzt Israel befindet. Entsprechende Landkarten zeigen bei Demonstrationen das Gebiet ganz in grün, der Farbe des Islam.

    Die Staatsanwaltschaft sehe bei der Parole einen Anfangsverdacht auf Volksverhetzung, weil das Existenzrecht Israels dadurch betroffen sei, sagte die Sprecherin. Bei dem entsprechenden Paragrafen 130 heißt es, bestraft werde, wer gegen „nationale, rassische, religiöse oder durch ihre ethnische Herkunft bestimmte Gruppen“ zum Hass aufstachele oder zu Gewalt- oder Willkürmaßnahmen auffordere. Verboten sind laut Gesetz schon lange Parolen wie „Tod den Juden“. Andere Parolen, die Israel angreifen, sind dagegen als Meinungsäußerung zulässig.

    Wegen Gewaltaufrufen der islamistischen Palästinenser-Organisation Hamas hat sich die Berliner Polizei bereits besonders auf diesen Freitag und das anstehende Wochenende vorbereitet. Israelische und jüdische Einrichtungen werden noch mehr als sonst geschützt. Demonstrationen oder Ansammlungen palästinensischer Gruppen sollen wegen möglicher antisemitischer Inhalte entweder sehr genau beobachtet oder verboten werden.

    Nach dem Terrorangriff auf Israel und den darauffolgenden Bombardierungen der israelischen Armee im Gazastreifen rief die Hamas Muslime auf der ganzen Welt zu Protesten auf. Das israelische Außenministerium und der Nationale Sicherheitsrat warnten: „Es ist davon auszugehen, dass es in verschiedenen Ländern zu Protestveranstaltungen kommen wird, die in Gewalt umschlagen können.“ Israelis wurde empfohlen, sich von Demonstrationen fernzuhalten.

    Am Donnerstag hatten sich trotz Verboten immer wieder Gruppen von Menschen mit Palästinenser-Fahnen oder -Symbolen zusammengefunden. Am Potsdamer Platz versammelten sich am Nachmittag einige Dutzend Menschen. Am späten Abend standen in der Pankstraße in Wedding Menschen mit Palästinenserfahnen. Die Polizei nahm von einigen Teilnehmern die Personalien auf. Nach kurzer Zeit habe sich die Gruppe wieder zerstreut, hieß es. Mehrfach hatte die Polizei geplante palästinensische Demonstrationen wegen möglicher antisemitischer Ausrufe oder Gewaltverherrlichung verboten. Auch für das Wochenende sind Demonstrationen angekündigt.

    #Allemagne #Berlin #police #justice #politique #censure #Palestine #Israël

  • Mutmaßliches Schleuserfahrzeug überschlägt sich : Mindestens sieben Tote bei Verkehrsunfall in Bayern
    https://www.tagesspiegel.de/gesellschaft/panorama/mutmassliches-schleuserfahrzeug-uberschlagt-sich-mindestens-sieben-tote


    Il n"y a pas que la méditerranée et les cours d’eau frontaliers où meurent des gens fuyant la guerre et la misère.
    En Bavière au moins sept réfugiés meurent dans un accident de la route après avoir été chassés par la police. On comprend que le conducteur du véhicule n’était pas forme pour gérer une telle situation et a paniqué sachant qu’il allait écoper plusieurs annés de prison.

    Dans la même édition le journal Tagesspiegel nous apprend que les morts et survivants de la course tragique sont en réalité des armes de Poutine qu’il envoie chez nous afin de déstabiliser notre société. Voici le lien vers cet article abject.
    Iran und Russland wollen den Westen zermürben : Dieser Flächenbrand hat System
    https://www.tagesspiegel.de/meinung/iran-und-russland-wollen-den-westen-zermurben-der-flachenbrand-hat-syst

    13.10.2023 - Bei einem schweren Verkehrsunfall sind auf der Autobahn 94 in Bayern mindestens sieben Menschen getötet und mehrere verletzt worden. Der Unfall ereignete sich am Freitagmorgen auf Höhe der Anschlussstelle Waldkraiburg/Ampfing, wie die Polizei mitteilte.

    Der mit mehr als 20 Personen völlig überfülle Transporter war beim Versuch, einer Polizeikontrolle davonzufahren, von der Straße abgekommen, wie die Polizei am Freitag mitteilte. Das Auto habe sich überschlagen. Bei dem Transporter handelte es sich demnach um ein mutmaßliches Fahrzeug von Schleusern.

    Stand 6.50 Uhr sprach die Polizei von sieben Toten, die Lage war allerdings unübersichtlich. Alle Insassen wurden demnach mindestens leicht verletzt, teilweise erlitten sie schwerste Verletzungen. Sie wurden in umliegende Krankenhäuser gebracht.

    Im Auto befanden sich auch Kinder, die ebenfalls verletzt wurden, wie ein Polizeisprecher sagte. Dem Portal „innsalzach24“ zufolge sollen unter den Todesopfern mehrere Kinder sein.

    Die Herkunft der Betroffenen war zunächst unklar.

    Viele waren nicht angeschnallt

    Zur hohen Zahl der Verletzten und Toten habe laut Polizei auch beigetragen, dass viele Personen in dem überfüllten Fahrzeug nicht angeschnallt gewesen seien. Der Fahrer des Autos sei wahrscheinlich nicht unter den Toten, hieß es.

    Versuchte Fahrerflucht

    Nach Angaben der Polizei ereignete sich der Unfall gegen 3.15 Uhr in dem Autobahnabschnitt Richtung München. Das Fahrzeug sei in Höhe der Anschlussstelle Ampfing/Waldkraiburg von der Fahrbahn abgekommen, dann habe sich der schwere Unfall ereignet, hieß es von der Polizei.

    Das Auto war zuvor der Bundespolizei auf der A94 aufgefallen. Der Fahrer habe daraufhin stark beschleunigt und sich einer Kontrolle entzogen.

    Zahlreiche Rettungsdienste und die Feuerwehr waren am Morgen vor Ort. Auf X teilte die Polizei zudem mit, dass die A94 zwischen den Anschlussstellen Mühldorf-West und Wimpasing in Fahrtrichtung München gesperrt sei. Die Fahrbahn Richtung Passau hingegen sei frei.

    Die Ausfahrt Ampfing/Waldkraiburg ist rund 50 Kilometer von der Grenze zu Österreich entfernt. Seit Monaten steigt nach Informationen von Bundespolizei und bayerischer Grenzpolizei die Zahl der registrierten irregulären Einreisen.

    Erst vor wenigen Tagen war ein mutmaßlicher Schleuser bei Burghausen mit vier Menschen im Auto vor der Bundespolizei geflohen und hatte dabei einen Unfall verursacht. Es gab zwei Schwerverletzte.

    #réfugiés #accident_routier #passeurs #police #Allamagne #Bavière

  • Emeutes : des banlieues aux villes moyennes, une étude souligne le facteur déterminant de la pauvreté


    A Montargis (Loiret), le 1er juillet 2023, après l’incendie d’un immeuble qui abritait une pharmacie. MATHIEU RABECHAULT / AFP

    Selon ce travail, mené Marco Oberti, professeur à Sciences Po, les trois quarts des communes concernées ont un quartier classé prioritaire par la politique de la ville, signe de grandes difficultés sociales.

    Matignon l’avait affirmé dans un message envoyé aux élus et aux associations de banlieue : « Seulement un tiers des villes touchées par les violences urbaines [qui ont eu lieu au début de l’été] étaient des quartiers prioritaires de la politique de la ville [QPV, quelque 1 500 zones urbaines les plus #pauvres] ». C’était le mardi 3 octobre, la Rue de Varenne justifiait ainsi sa décision de reporter la tenue du comité interministériel des villes (CIV) – un rendez-vous initialement prévu le 9 octobre au cours duquel doivent se décider les politiques en faveur des #quartiers_populaires – afin que se tienne au préalable un Conseil national de la refondation (CNR) post-émeutes. « Le sujet post-émeutes est un sujet qui dépasse celui des quartiers prioritaires de la politique de la ville », disait aussi le message.
    La statistique fait bondir Marco Oberti, professeur de sociologie à Sciences Po Paris et chercheur au Centre de recherche sur les inégalités sociales : « 74 % des villes concernées par les émeutes ont un quartier prioritaire de la ville !, rectifie-t-il. De plus, avoir un quartier prioritaire de la politique de la ville multiplie par sept les chances de connaître des émeutes plutôt que de ne pas en connaître. » M. Oberti est coauteur, avec Maela Guillaume Le Gall, étudiante en master à Sciences Po et à l’Ecole polytechnique, d’une étude intitulée « Analyse comparée et socioterritoriale des émeutes de 2023 en France », publiée ce jeudi 12 octobre sur le site de l’institut.

    Ce travail est en cohérence avec des propos tenus, dès le 4 juillet, par le ministre de la cohésion des territoires, Christophe Béchu, à propos des violences urbaines qui ont sidéré la France à la suite de la mort de Nahel M., jeune homme de 17 ans tué par un policier lors d’un contrôle, le 27 juin, à Nanterre : c’est « une géographie nouvelle, dont on n’a pas l’habitude », avait-il affirmé, avant d’annoncer que sur les « 553 communes touchées en huit jours d’émeutes sur tout le territoire français, 170 n’avaient pas de quartiers prioritaires de la ville ». L’inverse, en somme, de la statistique exploitée par Matignon : deux tiers des communes touchées par les émeutes abriteraient donc bien un QPV.

    Un moment « insurrectionnel »

    En compilant les cartographies dressées par Le Monde et Ouest-France et publiées le 7 juillet 2023, complétées par une analyse de la presse locale, les auteurs recensent 555 communes émeutières, un nombre qui s’approche de celui fréquemment cité par le ministère de l’intérieur (553).
    Ils distinguent tout d’abord deux temps. Un temps 1 – les trois premières nuits – qu’ils définissent comme « émotionnel ». Directement lié à la mort de Nahel M., il suscite colère et rage dirigées principalement contre la #police, l’#Etat, ses institutions et ses relais locaux. Ce temps 1 concerne principalement des quartiers de la banlieue parisienne puis lyonnaise. « Ce type d’émeutes est proche de celui de 2005 du point de vue des registres d’action », soulignent les auteurs. Ainsi 97 communes d’Ile-de-France ont connu des émeutes uniquement en juin-juillet 2023, 48 aux deux dates, et 8 uniquement en 2005. Pour une majorité de communes, donc, ces émeutes étaient les premières.
    Les auteurs distinguent ensuite le temps 2, quasi inexistant en 2005, un moment qu’ils qualifient d’« #insurrectionnel ». Ils parlent d’une « fenêtre d’opportunité » marquée par le profil des participants – de très jeunes hommes –, par davantage de saccages et de pillages de commerces et par une large diffusion territoriale, « dans un contexte de désordre, de grande précarité et d’inflation galopante ».
    Les violences se répandent alors bien au-delà de la région parisienne, et gagnent un nombre significatif de petites et moyennes villes qui n’avaient pas connu d’émeutes en 2005. Du 27 juin au 3 juillet, leur poids parmi l’ensemble des villes émeutières (36 %) est supérieur à celui des communes de la banlieue parisienne (24 %).

    Un lien avec les « gilets jaunes »

    Au sein des petites et moyennes villes, celles ayant connu des émeutes se distinguent nettement des autres par leur profil social plus défavorisé et le fait d’accueillir très majoritairement un QPV. « En quelques jours, on passe des #émeutes des #banlieues, qui ont principalement lieu dans les grands ensembles en périphérie des grandes métropoles, aux émeutes des #quartiers_pauvres_, explique Maela Guillaume Le Gall. _Les villes touchées ne sont pas forcément pauvres, mais elles abritent toutes un quartier très pauvre qui compte plus de familles monoparentales, plus de chômage, plus de non-diplômés, plus d’immigrés. »

    Cette double caractéristique territoriale et sociale a incité les auteurs à établir un lien avec le mouvement des « gilets jaunes ». En effet, ils constatent que 63 % des petites villes et 76 % des villes moyennes touchées par les émeutes de l’été 2023 ont été également des lieux de rassemblement lors des mobilisations des « gilets jaunes » du 17 novembre 2018 . « Les protagonistes ne sont pas les mêmes mais les territoires se ressemblent, conclut Marco Oberti. Le temps 2 met principalement en scène des quartiers paupérisés des petites villes et des villes moyennes, caractérisés par la ségrégation résidentielle, économique et scolaire. »

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/12/emeutes-des-banlieues-aux-villes-moyennes-une-etude-souligne-le-facteur-dete

  • Impunité policière : Pour le Conseil d’Etat, les forces de l’ordre doivent être mieux identifiées
    Communiqué LDH et ACAT-France

    Une victoire décisive. Le Conseil d’Etat a finalement donné raison à l’ACAT-France et à la LDH (Ligue des droits de l’Homme). Ce 11 octobre, il a reconnu des failles dans l’identification des forces de l’ordre, préjudiciables en cas de poursuites contre un agent suspecté d’abus, et ordonné au ministère de l’Intérieur de revoir le numéro RIO, ce fameux matricule qui a été jugé insuffisant.

    C’est une décision attendue depuis un an : après une fin de non-recevoir de la part du ministère de l’Intérieur, l’ACAT-France, la LDH et Jérôme Graefe, de l’observatoire parisien des libertés publiques, s’étaient tournés vers la justice en septembre 2022 pour que les forces de l’ordre soient mieux identifiées.

    En cause : le numéro RIO, pour référentiel des identités et de l’organisation, ce matricule à sept chiffres rendu obligatoire en 2013 pour permettre une meilleure identification des agents sur le terrain. Un moyen nécessaire en cas de poursuites contre un agent, en vertu du principe constitutionnel selon lequel l’administration doit pouvoir rendre compte à ses administrés.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/10/12/impunite-policiere-pour-le-conseil-detat-les-f

    #police

  • [pub] Les extraits du « Côté obscur de la force » : « Pendant la crise des “gilets jaunes”, jamais une surveillance aussi massive n’avait été déployée »

    Dans un livre qui paraît chez Flammarion mercredi 11 octobre, le journaliste Vincent Nouzille propose une enquête très fouillée sur ce qu’il appelle les « dérives du ministère de l’intérieur et de sa #police ». « Le Monde » publie en avant-première des extraits concernant le mouvement social qu’a connu la France en 2018.
    Par Vincent Nouzille

    Bonnes feuilles. C’est un secret d’Etat jusque-là bien préservé que nous dévoilons ici : en pleine crise des « #gilets_jaunes », les services de renseignement français ont mis sur #écoute et géolocalisé des milliers de #manifestants. Jamais une #surveillance aussi massive n’avait été déployée. Jamais autant d’individus en même temps n’avaient été concernés. Jamais de tels moyens techniques n’avaient été combinés pour savoir où des citoyens allaient se rendre, et tenter d’interpeller en amont ceux qui étaient suspectés, à tort ou à raison, de s’apprêter à commettre des violences.

    Selon les témoignages de plusieurs responsables de la police et du #renseignement, si le cadre légal a été formellement respecté, certaines de ces surveillances ont été décidées et avalisées sur la base de critères flous et dans la précipitation. « C’était la panique au sommet du pouvoir et dans les services, explique une source au ministère de l’intérieur. Le mouvement des “gilets jaunes” se transformait chaque samedi en insurrection. Il fallait sauver la République. Nous avons donc ratissé large1. »
    Au lendemain de la journée du 1er décembre 2018, où la violence est montée d’un cran, notamment à Paris avec le saccage de l’Arc de triomphe et au Puy-en-Velay avec l’incendie de la préfecture, le ministre de l’intérieur, #Christophe_Castaner, et son secrétaire d’Etat, #Laurent_Nuñez, décident de changer de stratégie. Ils exigent que le dispositif de sécurité soit plus mobile et demandent davantage d’interpellations en amont. Ils souhaitent surtout une surveillance ciblée de toute personne présumée violente. (…)

    Les services de renseignement ont déjà dans leurs radars des individus classés à l’ultragauche et à l’ultradroite, beaucoup étant « #fichés_S » (pour « sûreté d’Etat »). En revanche, la plupart des « gilets jaunes » sont inconnus. Dans les premiers temps, les services peinent à repérer des « leaders » d’un mouvement aussi éruptif que peu organisé. (…) Le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, s’inquiète des activistes provinciaux que ses équipes ne connaissent pas et qui risquent de « monter » à Paris pour y semer des troubles chaque samedi.
    Face aux risques de désordre qui se propagent, les « gilets jaunes » étant insaisissables et se déplaçant sans arrêt, la donne change. « Nous allons maintenant travailler sur cette nouvelle population », glisse, de manière elliptique, Laurent Nuñez à propos des « gilets jaunes », lors d’une audition au Sénat le 4 décembre. Durant la seule journée du 8 décembre 2018, 724 personnes sont placées en garde à vue dans toute la France, souvent avant même qu’elles ne commencent à manifester. Les samedi 15 et 22 décembre, le même dispositif se reproduit. Les différents services ont commencé leur surveillance de certains manifestants considérés comme potentiellement dangereux. Et cela avec l’aval des plus hautes instances, qui ont donné leur feu vert à l’emploi massif des « techniques de renseignement », les « TR » dans le jargon des initiés. (…)

    L’emploi des #techniques_de_renseignement ne peut être justifié que pour la défense nationale, la protection des intérêts majeurs du pays, la lutte contre l’espionnage économique et scientifique, la prévention du terrorisme, du crime organisé et de la prolifération d’armes de destruction massive. Mais elles sont aussi autorisées pour la prévention des « atteintes à la forme républicaine des institutions », de la « reconstitution de groupements dissous » ou des « violences collectives de nature à porter gravement atteinte à la paix publique ». C’est principalement ce dernier motif – appelé « 5-C » par les spécialistes, et déjà employé lors de l’évacuation de la #ZAD_de_Notre-Dame-des-Landes au printemps 2018 – qui va être utilisé à grande échelle lors de la crise des « gilets jaunes ».

    En décembre 2018, les requêtes de « TR » affluent brutalement (…). Même si les données publiées dans les rapports annuels de la CNCTR [Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement] sont imparfaites, elles donnent un aperçu de cette montée. Les demandes motivées par la « prévention des violences collectives » passent de 6 % de l’ensemble des requêtes en 2017 à 14 % en 2019, ce qui représente une augmentation de 133 % et un cumul de plus de 20 000 demandes en trois ans2 ! Dans le détail, le compteur des « géoloc », déjà en forte croissance les années précédentes, s’affole, passant de 3 751 demandes en 2017 à 5 191 en 2018, puis à 7 601 en 2019, soit un doublement en deux ans et la plus forte progression des techniques de renseignement. Quant aux écoutes, elles se multiplient aussi sur la même période, passant de 8 758 en 2017 à 12 574 en 2019, soit une croissance de 43 % en deux ans. Globalement, cette surveillance a concerné au moins 2 000 personnes entre fin 2018 et fin 2019. (…)

    La pression est telle que le centre d’écoute, basé aux Invalides, doit faire appel à des renforts d’effectifs pour les week-ends. De plus, le nombre de lignes téléphoniques écoutées simultanément a rapidement atteint le maximum autorisé3, ce qui a conduit Matignon à rehausser ce contingent en juin 2019 pour atteindre 3 800 lignes, dont 3 050 réservées au ministère de l’intérieur. Les « grandes oreilles » sont employées à grande échelle.
    Au siège de la CNCTR, un bâtiment sécurisé caché au fond d’un jardin de la rue de Babylone, dans le 7e arrondissement, la tension est maximale chaque fin de semaine à partir de décembre 2018. (…) « C’était l’enfer. Tous les services voulaient un feu vert dans la soirée de vendredi. La Commission n’avait pas forcément le temps de vérifier les motivations indiquées dans les centaines de demandes », précise un de ses membres, qui n’a pas eu son mot à dire sur ces décisions.

    (…) Beaucoup de manifestants ciblés sont ainsi repérés en direct, dans leurs déplacements en voiture, en train, jusqu’à Paris, ou vers d’autres grandes métropoles où se déroulaient des rassemblements importants. Ignorant qu’ils sont géolocalisés grâce à leur téléphone, certains sont interpellés sur les routes, aux péages, dans les gares ou près des lieux de leur résidence. Seize personnes, présentées par la police comme des « black blocs » ou des « ultrajaunes », seront arrêtées à 12 h 30 le samedi 7 décembre 2019, dans une maison louée avenue du Général-Leclerc, au Bouscat, près de Bordeaux, et les locaux perquisitionnés.
    Leur localisation a été rendue possible, affirmeront les enquêteurs, grâce à la découverte faite dans la nuit de tags anti-police peints dans le quartier et sur la foi d’« investigations d’environnement » effectuées le matin même. Mais les détails de ces « investigations d’environnement » ne seront pas versés en procédure, car, selon l’officier de police judiciaire chargé de l’enquête, elles « provenaient d’informations classifiées ». Ce qui correspond à des renseignements de surveillance émanant des services.

    La #géolocalisation permet également de suivre le parcours des « cibles » durant les manifestations. Les trajets sont visualisés en direct sur des écrans. (…) Chaque cible est alors colorée selon son appartenance présumée : rouge pour des cibles de l’ultragauche, bleu pour l’ultradroite. (…)

    D’autres « gilets jaunes » font l’objet d’un traçage en direct hors des manifestations habituelles du samedi. Le dimanche 14 juillet 2019, juste avant le défilé traditionnel des armées sur les Champs-Elysées, les services reçoivent des alertes sur la présence de « gilets jaunes » dans les parages, alors que le périmètre a été interdit à toute manifestation sur ordre du préfet de police. Plus grave : ils soupçonnent une attaque contre le président de la République, Emmanuel Macron. Au vu du risque de « trouble grave à l’ordre public », des surveillances téléphoniques sont aussitôt autorisées, pour quelques jours, sur plusieurs cibles, avant d’être levées faute de menaces avérées. Coïncidence ? Ce jour-là, parmi les près de 200 personnes interpellées dans Paris en marge du défilé, trois leaders connus des « gilets jaunes », Eric Drouet, Maxime Nicolle et Jérôme Rodrigues, sont arrêtés dès le matin aux alentours des Champs-Elysées et placés en garde à vue, avant d’être relâchés dans l’après-midi, une fois les procédures lancées ou classées sans suite. Les techniques de surveillance sont également utilisées de manière intensive pour repérer les manifestants contre le sommet du G7 qui se tient à Biarritz du 24 au 26 août 2019. (…)

    La fin du mouvement des « gilets jaunes » en 2020, suivie de la longue crise sanitaire, n’a pas stoppé cette surveillance ciblée. Au contraire. Selon les données de la CNCTR, chargée de filtrer les requêtes des services, les demandes d’écoutes et de poses de balises pour tous types de motifs sont restées stables à un niveau élevé depuis 2020. Celles portant sur des intrusions dans des lieux privés ont fortement augmenté, tout comme celles sur la captation de données informatiques. Quant aux demandes de géolocalisation en temps réel , très prisées lors des manifestations, elles ont continué leur irrésistible ascension, de 7 601 en 2019, jusqu’à 10 901 en 2022 , un nouveau record.

    Notes de bas de page :
    1- Entretiens avec l’auteur. La plupart des sources de ce prologue ont requis l’anonymat, vu le caractère sensible des informations livrées ici. Les dates des entretiens ne sont pas précisées.
    2 - Nombre des requêtes de TR motivées par les motifs de prévention des violences collectives : 4 226 en 2017 (soit 6 % du total des 70 432 demandes) ; 6 596 en 2018 (soit 9 % des 73 298 demandes) ; 10 296 en 2019 (soit 14 % du total des 73 543 demandes). Source : rapports annuels de la #CNCTR.
    3 - Le contingent d’écoutes était de 3 040 depuis 2017, déjà passé à 3 600 en juin 2018.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/09/les-extraits-du-cote-obscur-de-la-force-pendant-la-crise-des-gilets-jaunes-j
    les (...) du texte sont du journal

    edit #police_politique #solutionnisme_technologique #écologie_radicale #SLT #extinction_rebellion ...

    #manifestations #livre

    • « Le Côté obscur de la force », enquête sur la part d’ombre des pratiques policières
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/09/le-cote-obscur-de-la-force-enquete-sur-la-part-d-ombre-des-pratiques-policie

      L’enquête de Vincent Nouzille qui paraît le 11 octobre chez Flammarion fait la lumière sur deux tendances de fond aux lourdes conséquences sur les libertés publiques : la multiplication des entraves au droit de manifester et le développement de la surveillance de masse.

      Livre. Depuis P… comme police, d’Alain Hamon et Jean-Charles Marchand (Alain Moreau, 1983), les livres d’enquête sur une institution aussi décriée que propice aux fantasmes n’ont pas fait défaut. Il manquait toutefois, dans ce catalogue, un ouvrage consacré aux plus récentes années, un livre qui serait à la fois une mise en perspective de maux endémiques (comme la difficulté à admettre l’existence de violences policières, fussent-elles répétées et objectivées) et un exercice d’analyse prospective sur des pratiques policières renouvelées, bien souvent inquiétantes. Vincent Nouzille, journaliste rompu aux investigations documentées, comble cette lacune en explorant Le Côté obscur de la force (Flammarion, 512 pages, 23 euros).
      Si elle n’oublie pas les figures imposées et traite notamment de la persistance de réseaux d’influence souterrains au sein du ministère de l’intérieur, son enquête aide avant tout à mettre en lumière deux tendances de fond aux lourdes conséquences sur les #libertés_publiques. La première tient à la multiplication des entraves au #droit_de_manifester grâce à la mobilisation de toutes les ressources judiciaires possibles, parfois au moyen de procédés à la limite du dilatoire. La seconde tendance concerne la mise en œuvre de techniques de surveillance de masse.
      Noyés dans les rapports officiels et les interventions des autorités policières, les chiffres exhumés par l’auteur montrent que des milliers d’individus ont fait l’objet d’une surveillance étroite, une vaste entreprise de « renseignement » décidée au plus haut sommet de l’Etat lors de la crise des « gilets jaunes » et prolongée depuis. La pérennisation de ces techniques fait craindre une extension du domaine panoptique, rendue probable par le test grandeur nature des Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024. « Il est assez vraisemblable, prévient Vincent Nouzille, que les enseignements qui en seront tirés inciteront ses promoteurs, notamment toute la filière de la sécurité qui piaffe d’impatience, à vouloir en tirer parti pour passer à la vitesse supérieure. » Et accélérer un mouvement, manifestement déjà bien engagé, de surveillance généralisée.

      "Ils ne peuvent plus s’en passer" : un livre révèle une "flambée" des écoutes depuis les "gilets jaunes"
      https://www.radiofrance.fr/franceinter/ils-ne-peuvent-plus-s-en-passer-un-livre-revele-une-flambee-des-ecoutes-

      (...) il y a eu au moins 2.000 personnes écoutées ou géolocalisées pendant la crise des « gilets jaunes ». Jamais on n’avait écouté autant de monde en même temps lors d’une crise sociale. Cela a permis aux services de renseignement et services de police, d’une part d’écouter, mais surtout de suivre les #mouvements de ces manifestants et d’en interpeller certains en amont des manifestations. Cela a été, selon eux, extrêmement efficace. Les [représentants] officiels me disent que tout a été fait dans les règles. Mais vu le nombre de demandes et vu, surtout, l’afflux soudain des demandes, nous pouvons nous poser des questions sur les contrôles qui ont pu être exercés en la matière."

      Vous montrez également que cette surveillance n’a pas pris fin après cet épisode des « gilets jaunes »...

      "On aurait pu croire qu’avec la fin de la crise des « gilets jaunes », début 2020, cette surveillance diminue. Or, ce n’est pas du tout ce qui s’est passé, au contraire. En fait, les responsables du service de renseignement m’ont confié qu’ils y avaient pris goût et ne pouvaient plus se passer des écoutes, et surtout des géolocalisations en temps réel, qui permettent de savoir où sont les personnes que l’on veut surveiller. Le nombre des personnes qui ont été surveillées "au titre des violences collectives", comme on dit dans le jargon, a atteint 3.500 en 2021, c’est à dire trois fois plus qu’en 2017. Nous avons donc bien eu une extension de la surveillance à un nombre beaucoup plus grand de personnes.

      Il y a ensuite eu un léger repli en 2022, mais, début 2023, je révèle qu’il y a eu un nouvel accord de la Commission nationale des techniques de renseignement pour élargir les critères de la surveillance et des possibilités d’écoutes à des personnes qui font partie des mouvements de l’écologie radicale. C’est le cas de certains membres des Soulèvements de la Terre, d’Extinction rébellion et d’autres, notamment toutes les personnes qui ont lutté contre les méga-bassines. Cette commission a décidé fin 2022, début 2023, de changer les critères et d’accepter un certain nombre de demandes des renseignements qu’elle avait jusqu’alors refusées. Par exemple, lorsqu’a eu lieu la première manifestation à Sainte-Soline, en octobre 2022, les services de renseignement avaient fait des demandes d’écoute d’un certain nombre de leaders des mouvements, et cela n’avait pas été accepté par cette commission. Mais vu la violence et les incidents qui ont eu lieu fin octobre, l’intrusion ensuite dans la cimenterie Lafarge, près de Marseille, qui a eu lieu en décembre, et d’autres incidents de ce type, cette Commission de contrôle des techniques de renseignement a décidé d’élargir les critères d’écoute en acceptant désormais des cas de demandes de personnes qui sont susceptibles de commettre des violences non pas physiques, mais des #violences_matérielles, de destruction, de #sabotage."

      #justice #enquêtes_judiciaires #JO #gendarmerie #Service_central_de_renseignement_territorial #RT