• Écopâturage : la guerre des moutons | Mediapart | 20.08.23

    https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/200823/ecopaturage-la-guerre-des-moutons

    De TotalEnergies à Amazon, en passant par des collectivités locales de toute taille, les centrales nucléaires ou encore les parcs de panneaux photovoltaïques, tout le monde veut ses moutons pour remplacer les bruyantes et polluantes tondeuses à gazon.

    Spécialiste du pastoralisme à l’université de Toulouse, la géographe Corinne Eychenne a fini par se pencher sur la question : « Un véritable marché a émergé depuis une dizaine d’années, confirme-t-elle. Cet engouement s’inscrit dans un contexte réglementaire avec l’interdiction des produits phytosanitaires pour l’entretien des espaces verts et plus généralement d’une volonté de “retour à la nature”. »

    Sur le papier, il n’y a que des avantages : la « tonte écologique est moins bruyante, moins chère et plus durable, vante l’un des leaders du marché, Ecomouton. Les moutons sont discrets : ils mangent et ils dorment ». Aucune « gêne ». Le meilleur plan du « greenwashing » bien que l’intérêt écologique de la pratique soit encore peu documenté.

    Ecomouton, créée en 2012 par le gérant d’un entrepôt logistique, a vite grossi. Une levée de fonds fructueuse, un chiffre d’affaires en croissance à deux chiffres qui a dépassé la barre du million en 2017 et a encore doublé depuis. Ecomouton est désormais à la tête d’un cheptel de près de six mille moutons répartis sur environ cinq cents sites aux quatre coins de la France. Facturé aux clients entre trois mille et six mille euros l’hectare tondu par an, le business plan est rentable mais les coulisses ne sont pas toujours reluisantes selon des salarié·es et ex-salarié·es qui ont témoigné auprès de Mediapart.

    • « De nouveaux sites sont installés quasiment chaque semaine et des centaines de moutons se retrouvent lâchés dans des prés sans surveillance et sans plus de soin qu’une tondeuse à gazon », dénonce B., salarié qui a souhaité garder l’anonymat (voir boîte noire).

      Dans les faits, chaque site d’Ecomouton est géré par un « berger » chargé de passer deux fois par mois pour compter les moutons, contrôler les clôtures, la disponibilité de l’eau et de la nourriture dans le pré. Certains signent de micro-temps partiels en CDI pour un revenu complémentaire de 100 à 150 euros par mois. D’autres cumulent plusieurs sites et travaillent à temps plein. Aucune formation n’est requise par la loi ni l’entreprise qui milite, assure-t-elle, pour la création d’un diplôme d’« écopâtureur ». « “Berger”, c’est juste pour la pub, ironise S., une salariée en poste depuis peu. Sur nos contrats, on est “ouvrier paysagiste”. »

      « La plupart de nos bergers sont des éleveurs professionnels qui font ça à côté de leur activité agricole, on cherche des gens avec de l’expérience », précise le dirigeant d’Ecomouton, Sylvain Gérard. Mais certains, interrogés par Mediapart, sont des profanes. « Je n’avais jamais fait ça avant donc au départ, je ne savais pas comment m’y prendre simplement pour regrouper et compter les moutons. Il faut savoir un milliard de trucs pour comprendre ce qui passe dans la tête d’un troupeau, j’étais dépassée », poursuit S., la nouvelle bergère.
      [...]
      « À la base, les animaux de ferme sont animaux de rentes ou des produits. Avec l’écopâturage, il y a une troisième catégorie : le mouton de service qui est là pour tondre et divertir », explique la bergère Julie Lou Dubreuilh. Installée en Seine-Saint-Denis, elle milite pour tenir tous les bouts : le pâturage pour ses intérêts paysagers, écologiques, sociaux, pédagogiques mais aussi la production de viande, l’utilisation de la laine des moutons, de la graisse, du lait de brebis…
      [...]
      Pour le berger urbain lyonnais, Bastien Boyer, « si les moutons, qui émettent naturellement du méthane en digérant, sont juste des tondeuses déplacées de site en site en fonction des besoins, ils polluent pour pas grand-chose. L’écopâturage sans raison nourricière, ce n’est pas écolo, c’est du greenwashing. »

    • Dans les corbières on a un ancien flic reconvertit en berger qui a raflé le maximum de terres quand il a été un temps conseiller municipal. Il a réussi à les avoir en baux emphytéotiques de 99 ans au grand dam de celleux qui voulaient des chemins et des terres communales réellement communes et pas cédé à ce crétin gourmand. Ensuite il a obtenu les aides diverses, par hectares et par têtes de mouton qui l’ont rendu riche. Sa story telling de ferme inexistante et de berger devant sa télé pendant que les clôtures maintiennent les bêtes dans les espaces circonscrits lui permet également de vendre des chiots de borders.
      #profiteurs #berger

  • Quelques nouvelles de nos milliardaires nationaux.

    Après une année 2021 exceptionnelle qui intégrait la plus-value de scission de 19,9 milliards d’Universal Music (UMG), le groupe Bolloré ne pouvait espérer reproduire l’an dernier un résultat net de plus de 20 milliards. Mais il qualifie de « bons résultats » ceux enregistrés en 2022, marqués par un résultat net de 2,7 milliards d’euros et une progression de 20 % du chiffre d’affaires à périmètre et change constants, à 20,7 milliards d’euros.

    Son résultat opérationnel ajusté (Ebitda) en témoigne : il ressort à 1,5 milliard, en hausse de 47 %, « porté par les très bonnes performances des secteurs transports et logistique et communication », les deux grands pôles d’activité.

    Dans sa branche logistique, le groupe a fait coup double. Il a bénéficié à plein l’an dernier de deux phénomènes très conjoncturels : la flambée record des taux de fret, qui a boosté comme jamais son activité dans la commission de transport. Et celle des produits pétroliers, logés dans Bolloré Energy, liée au contexte international bouleversé depuis le début de la guerre en Ukraine.

    https://justpaste.it/cn022

    Et ça ne manquera pas d’attiser les convoitises :

    La proposition, XXL, est arrivée mardi matin chez Bolloré. CMA CGM offre de racheter la branche logistique du groupe breton pour une valeur d’entreprise de 5 milliards d’euros, en excluant les liquidités présentes dans l’entité. Une « offre spontanée », selon Bolloré.

    https://justpaste.it/apjyw

    #Bolloré #CMA-CGM #logistique #fret #profiteurs_de_crise

  • Le directeur général de la santé pendant le Covid promu numéro 2 de l’OMS : pourquoi Jérôme Salomon a-t-il été nommé ? - midilibre.fr
    https://www.midilibre.fr/2023/04/17/le-directeur-general-de-la-sante-pendant-le-covid-promu-numero-2-de-loms-p

    Jérôme Salomon est épidémiologue de formation. Lors de la crise sanitaire, il a pris la parole plusieurs fois pour détailler l’évolution de la situation sanitaire ou mettre en lumière la campagne de vaccination. C’est aussi à lui que revenait le funeste décompte des décès et des hospitalisations.

    Le bilan de son passage à la DGS est néanmoins mitigé. En 2020, une commission de sénateurs l’accuse d’être en partie responsable du manque de masques au printemps et à l’été 2020 et d’avoir cherché à dissimuler le rôle essentiel qu’ils tenaient dans la diminution des risques de transmission

  • European investors bet on defence as war creates opportunities for growth | Financial Times
    https://www.ft.com/content/d70982dc-ffec-4055-847b-49ab0b2dd843?list=intlhomepage

    Russia’s invasion of Ukraine has prompted a surge of interest from private investors in European companies in defence and related technologies as they bet that the coming boost in military spending in response to the conflict will offer growth opportunities.

    Private equity executives in France, including Sanofi chair Serge Weinberg and former Airbus manager Marwan Lahoud, are among those spearheading a move to consolidate the country’s fragmented aerospace and defence supply chain, which includes many small companies still suffering the effects of the Covid-19 pandemic.

    “The bigger defence companies are concerned about having a solid supply chain. This is becoming even more important given the perspectives of additional military spending that is set to come through with the next multiyear military budget,” Weinberg told the Financial Times.

    “There is a need for additional production capacity, ability to build up stocks, and therefore there is a need to strengthen the financial structures [of these groups],” he added.

    His private equity firm Weinberg Capital Partners has raised more than €100mn for a new fund that will invest in French defence companies, and hopes to double that amount as fundraising continues.

  • Rapport Oxfam : tout roule pour les milliardaires | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/rapport-oxfam-roule-milliardaires/00105791

    A l’occasion du forum de Davos, l’ONG Oxfam publie son rapport annuel pour alerter sur l’évolution des inégalités et les concentrations extrêmes de richesses. En deux ans, les 1 % les plus riches de la population mondiale se sont deux fois plus enrichis que les 99 % restants.

    https://justpaste.it/4mft9

    #enrichissement #profiteurs_de_crise

  • LNG tankers idle off Europe’s coast as traders wait for gas price rise | Financial Times
    https://www.ft.com/content/19ad9f9f-e1cb-40f9-bae3-082e533423ab

    More than 30 ships seek to maximise the return on their combined $2bn cargo

    More than 30 tankers holding liquefied natural gas are floating just off Europe’s shoreline as energy traders bet the autumn price reprieve prompted by robust supplies and warm weather will prove to be fleeting.

    The ships, which are hauling $2bn combined worth of LNG, are idling or sailing slowly around north-west Europe and the Iberian peninsula, according to shipping analytics company Vortexa. The number of LNG vessels on European waters has doubled in the past two months.

    The traders who control the tankers are holding out for higher prices in the coming months, when temperatures cool over the winter and the glut of natural gas in Europe’s storage now begins to be drawn down. Another 30 vessels are on their way, currently crossing the Atlantic and expected to join the queue ahead of the winter, Vortexa data show.

    The queue has come as European countries have filled their storage tanks to near their limits ahead of the winter. This has been achieved through voracious purchases of LNG to substitute for Russian gas that has been cut off in retaliation for western sanctions.

    Higher than usual temperatures for this time of year have also reduced heating demand, helping keep storage sites full and prices falling. As of end of October, European storage sites were at 94 per cent capacity, with Belgium reaching 100 per cent, France 99 per cent, and Germany 98 per cent, according to Gas Infrastructure Europe.
    […]
    With gas storage capacities full, “LNG vessels have been queued up outside European LNG receiving terminals, chasing what they expected to be the premium market for this LNG,” said Felix Booth, head of LNG at Vortexa, adding that it will probably take another month for the cargoes to find a terminal to offload.

    “For now these vessels have incentive to hold positions” in anticipation of higher prices as the weather gets colder, he said.
    […]
    But the market is now in a situation known in the industry as #contango, in which prices for delivery in the future are trading higher than for immediate delivery. TTF contracts for delivery in December are roughly 30 per cent higher than the level the November contract closed at, and January some 35 per cent higher, incentivising traders holding cargoes to deliver as late as possible.

    The hold up of cargoes has led to a scarcity in available vessels, leading to higher freight prices that has made LNG further out of reach for Asian buyers, which have been competing with Europe for cargoes throughout the year.

  • Quel est le poids de l’immigration sur les #prestations_sociales ?

    Il n’est pas rare de présenter les immigrés comme des "#profiteurs" qui choisiraient leur pays d’accueil en fonction des #bénéfices_sociaux escomptés. De ce point de vue, la "générosité" de la France, serait particulièrement attractive. Ainsi en 2018 les dépenses de #protection_sociale représentaient en France 31% du PIB, devant le Danemark (30,8%) et la Finlande (30,1%), le trio de tête européen. En Allemagne, en Italie ou en Suède cette part représente entre 27 et 30% du PIB, au Royaume Uni ou en Espagne la part de la protection sociale se situe entre 23 et 27%. Alors qu’en 2017 la moyenne européenne est de 27%, elle est de 19% du PIB aux USA et de 18% au Canada. Comment expliquer alors que les migrants se dirigent, plus massivement, vers des pays comme les USA, l’Allemagne, la Grande-Bretagne ou le Canada dont les systèmes de protection sociale sont bien moins… "séduisants" ? (Eurostat, Sespros ; OCDE)

    La part de l’immigration dans les #dépenses_publiques

    Concernant la contribution des immigrés aux #finances_publiques, en 2009 l’économiste Lionel Ragot, montrait que la population immigrée a une contribution totale légèrement positive aux finances publiques. Ces résultats viennent d’être confirmée par le rapport de l’OCDE sur les « Perspectives des migrations internationales 2021 ». « Dans les 25 pays de l’OCDE, en moyenne au cours de la période 2006-18, la contribution des immigrés sous la forme d’#impôts et de #cotisations a été supérieure aux dépenses publiques consacrées à leur protection sociale, leur santé et leur éducation. (…) La #contribution_budgétaire nette totale des immigrés était continuellement faible sur la période 2006-18, étant comprise entre -1 % et +1 % du PIB dans la plupart des pays. La situation varie selon les pays en fonction de l’âge de la population immigrée : en effet, les immigrés âgés ne contribuent pas dans la même mesure à l’économie que les immigrés d’âge actif ». En France, par exemple, la contribution budgétaire nette des personnes nées à l’étranger est de 1,02 % du PIB, donc légèrement excédentaire, contre une moyenne de 1,56 % sur l’ensemble des pays.
    Pour Jean-Christophe Dumont, la question du #coût de l’immigration « ne devrait pas nous obséder, car quand on fait le compte, on observe que la contribution est positive jusqu’à la prise en compte des dépenses militaires et de la dette publique ». En effet, lorsque le budget de la défense et le remboursement de la dette publique, qui ne concernent pas que les immigrés mais toute la population, sont pris en compte, la contribution devient négative pour la France (-0,85 %) comme pour la moyenne des 25 pays étudiés (-0,16).
    Aujourd’hui, selon l’OCDE, les dépenses publiques consacrées aux immigrés sont plus faibles que pour le reste de la population dans les domaines telles que les pensions de vieillesse et de réversion, la maladie, l’invalidité, l’éducation, la santé. Elles sont à l’inverse plus fortes concernant la famille, le chômage, l’exclusion sociale et le logement.
    Dans l’ensemble, les personnes nées à l’étranger contribuent 11 % de moins que les « natifs » au budget de l’Etat. Une participation « plombée » par une mauvaise intégration sur le marché du travail, avec 56 % des immigrés en emploi en France, or, selon une simulation réalisée par l’OCDE, avec un taux d’emploi similaire au reste de la population, les immigrés pourraient générer 0,2 % du PIB supplémentaires pour les comptes publics. Comme le rappelle Lionel Ragot, « individuellement, ils [les immigrés] sont plus au chômage, perçoivent plus d’allocations, c’est vrai. C’est le raccourci qui est souvent mis en avant pour dire qu’ils coûtent très cher à la France. Sauf que ce résultat individuel est compensé par une structure d’âge, avec des immigrés qui sont souvent dans la population active et qui donc cotisent beaucoup » (Libération, 28 octobre 2021).
    Les plus jeunes et les plus âgés coûtent le plus aux finances publiques (en dépenses de santé et vieillesse). Or, les prestations familiales visent à favoriser les naissances en France, et les enfants des familles immigrées (françaises ou étrangères !) sont les citoyennes et les citoyens de demain, appelés à contribuer au développement économique et démographique du pays. Le coût de ces allocations devrait être reporté sur le cycle de vie des enfants, comme tous les enfants de France… et non sur leurs parents.

    Surreprésentation & sous évaluations

    L’argument selon lequel les immigrés pèsent sur les comptes sociaux repose sur la surreprésentation des immigrés extra-européens au titre des prestations sociales (RMI, allocations chômage, aides au logement). Pour autant, ces immigrés cotisent, et cette surreprésentation est à corréler à leur exclusion du marché du travail mais aussi à leur situation professionnelle et aux discriminations dont ils sont victimes : faible qualification, promotion freinée, bas salaires, premiers licenciés, emplois non déclarés ou encore allégements des charges patronales sur les bas salaires.
    Par ailleurs, nombre d’immigrés ne font pas valoir leurs droits. Ainsi en est-il des immigrés qui retournent dans leur pays sans bénéficier de leurs prestations sociales : ainsi, les mouvements de retour ou « remigrations » des immigrés seraient de 20 % à 50 % au cours des cinq années suivant leur arrivée (Dumont et Spielvogel, 2008), et, selon un audit parlementaire de mai 2011, "5 ans après leur entrée, seuls 60% des titulaires d’un titre de séjour sont encore sur le territoire français". De même, à la retraite, des immigrés repartent chez eux allégeant ainsi les dépenses de santé en France. De leurs côtés, les salariés sans-papiers qui travaillent et s’acquittent de leurs cotisations sociales ne peuvent bénéficier de certaines prestations sociales auxquelles ils pourraient prétendre. Enfin, si l’immigration ne constitue qu’un élément de la réponse au vieillissement des pays européens, l’arrivée d’une main d’œuvre étrangère, qui n’aura rien coûté en frais d’éducation, contribuera aussi à améliorer le rapport entre actifs et inactifs et donc à alléger… les comptes sociaux.
    L’allongement de l’espérance de vie, le chômage de masse ou les inégalités en matière de cotisations sociales, restent les véritables causes de la fragilité de la protection sociale en France. Pas l’étranger.

    https://www.histoire-immigration.fr/economie-et-immigration/quel-est-le-poids-de-l-immigration-sur-les-prestations-sociales

    #migrations #asile #attractivité #économie #welfare_state #Etat_providence

    –—

    ajouté à la métaliste sur le lien entre #économie (et surtout l’#Etat_providence) et la #migration... des arguments pour détruire l’#idée_reçue : « Les migrants profitent (voire : viennent POUR profiter) du système social des pays européens »... :

    https://seenthis.net/messages/971875

  • #Suisse : Le référendum contre le paquet d’aide aux médias est sur le point d’aboutir ATS

    https://www.letemps.ch/culture/referendum-contre-paquet-daide-aux-medias-point-daboutir

    Le comité « Non aux médias contrôlés » a déposé ce mercredi à Berne plus de 110 000 signatures en faveur de son référendum contre le projet du parlement d’allouer quelque 3 milliards sur sept ans en soutien aux médias

    Le peuple devrait voter sur le paquet d’aide aux médias. Le comité référendaire a déposé mercredi à Berne 113 085 signatures. La Chancellerie fédérale doit encore les valider.


    Le comité a réuni plus du double de paraphes nécessaires au référendum. Cela montre que de nombreux Suisses refusent un financement étatique des médias privés, indique le président du comité « Non aux médias contrôlés » Peter Weigelt. Le subventionnement direct des médias est un « pêché politique et anticonstitutionnel ».

    L’enveloppe prévue par le parlement devrait s’élever à près de 3 milliards sur sept ans. Le comité s’oppose à ce « gaspillage inutile et dangereux de l’argent des impôts. Selon lui, les groupes de médias riches et les éditeurs bien situés sont les profiteurs principaux. « Des médias financés par l’Etat empêchent le débat public et détruisent la liberté d’expression. C’est un poison pour la démocratie », estime Peter Weigelt.

    La votation devrait avoir lieu le 13 février.

    Aide indirecte
    Le train de mesures en faveur des médias propose entre autres d’étendre l’aide indirecte à la presse en soutenant à l’avenir également la distribution matinale des journaux. Une enveloppe de 120 millions est prévue pour ce volet.

    Le paquet crée également une aide aux médias en ligne, dotée de 30 millions de francs par an, et visant à favoriser la transition numérique. Les contributions versées pourront atteindre au maximum 60% du chiffre d’affaires généré par l’entreprise. Une aide est aussi prévue pour les agences de presse, les écoles de journalisme ou encore le Conseil suisse de la presse.

    #gaspillage #propagande #médias (en réalité #merdias) #profiteurs #journalisme #presse #_journaliste #journullistes #mass_merdias #argent

  • Habitat indigne à Marseille : prison ferme et fortes amendes pour deux propriétaies
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/07/07/habitat-indigne-a-marseille-prison-ferme-et-fortes-amendes_6087396_3224.html

    Une habitante de la région parisienne marchant difficilement avec une canne, un professionnel de santé ayant pignon sur rue à Marseille : deux profils différents, mais qui, aux yeux des juges, partagent un même « appât du gain au mépris de leurs locataires ». Le tribunal correctionnel de Marseille a ainsi condamné ces deux personnes mercredi 7 juillet (pour mise en danger d’autrui, notamment) à des peines de prison ferme ainsi qu’à de fortes amendes. Des jugements perçus comme un message de sévérité lancé aux marchands de sommeil, deux ans et demi après l’effondrement de deux immeubles rue d’Aubagne (survenu le 5 novembre 2018), qui avait fait huit morts.

    #paywall

    #marseille #habitat #habitat_indigne #profiteurs

  • Action : gouache sur la Samaritaine et banderole géante sur siège de LVMH

    https://vimeo.com/570677738

    A Paris, ce samedi 3 juillet 2021, une trentaine d’activistes d’Attac ont déployé une banderole géante sur le siège de LVMH où l’on peut lire « Le Gang des Profiteurs - Faisons payer les #ProfiteursDeLaCrise ». L’objectif : dénoncer l’enrichissement indécent des milliardaires pendant la crise sanitaire, avec la complicité du gouvernement, particulièrement celui de Bernard Arnault, troisième fortune mondiale. D’autres activistes ont projeté de la gouache noire sur les vitrines de la Samaritaine et ont déployé des banderoles à l’effigie du milliardaire

     #lvmh #france #riches #capitalisme #multinationales #inégalités #bernard_arnault #économie #luxe #corruption #richesse #ATTAC

    • La droite (PS LREM LR) est scandalisée par un peu de peinture noire lavable à l’eau sur une vitrine. Par contre, le fait que Bernard Arnault vole à la France des milliards d’euros par l’intermédiaire de plus 200 filiales offshore ne les dérange pas.

    • « Attaque » à la gouache de la Samaritaine : des journalistes contre Attac. par Maxime Friot, Pauline Perrenot, mardi 6 juillet 2021
      https://www.acrimed.org/Attaque-a-la-gouache-de-la-Samaritaine-des

      Ce samedi 3 juillet, Attac menait une action pour « dénoncer l’enrichissement indécent des milliardaires pendant la crise ». Parmi eux, Bernard Arnault, ayant « vu ses avoirs personnels augmenter de 62 milliards d’euros », et son groupe LVMH, s’apprêtant à « verser 3 milliards d’euros de dividendes à ses actionnaires en 2021, soit une hausse de 25 % par rapport à l’année précédente ». En signe de contestation, Attac a ainsi déployé une banderole sur l’immeuble-siège de LVMH pointant « le gang des profiteurs », et aspergé de gouache noire la Samaritaine, magasin du même groupe de luxe. Que n’ont-ils pas fait ! Les politiques ont « condamné », de la maire de Paris à la présidente de la région Île-de-France. Mais les cris d’orfraie et les appels à la dissolution de l’association sont aussi venus… de journalistes.

      #acrimed

  • Pour faire des économies, Carrefour remplace une partie de ses CDD par des jeunes en contrat pro | StreetPress
    https://www.streetpress.com/sujet/1618828051-economies-carrefour-remplace-cdd-jeunes-contrat-pro-supermar

    Pour aider les jeunes largement impactés par un marché de l’emploi en crise, l’État subventionne les contrats de professionnalisation. Carrefour profite de l’occasion pour remplacer ses CDD et ainsi faire des économies.

    Ève (1) n’en revient toujours pas. Depuis sept mois, elle travaillait à la caisse d’un Carrefour du Nord de la France. Son CDD s’achève dans les jours qui viennent et on lui a promis qu’il serait renouvelé. Mais son manager lui propose un drôle de deal : une prolongation au même poste… en alternance. C’est ça ou rien. « Je n’ai pas plus d’explication à te donner, ça vient de la RH », lui assure son supérieur. La jeune femme refuse finalement le contrat pro moins bien payé qui lui est proposé et se retrouve au chômage.

    #profiteurs_de_crise #salopards

  • L’échec du CICE confirmé - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/180920/l-echec-du-cice-confirme

    Outre son manque de pluralité, le dernier rapport d’évaluation du CICE confirme l’aspect médiocre en termes de résultats de cette mesure. Cet échec plaide pour un changement total de politiques de l’emploi.

    Depuis son lancement en 2013, l’efficacité du Crédit d’impôts compétitivité emploi (CICE) fait débat. Lancé sous le quinquennat Hollande, dont il marque le tournant « pro-entreprise », il a été pérennisé en 2019 par Emmanuel Macron lors de sa transformation en exonération de cotisations. Pourtant, aucun débat politique d’envergure n’a jamais été mené autour de l’évaluation de cette mesure. Or, ses effets sont très limités compte tenu des moyens engagés par l’État. Entre 2013 et 2017, 88,90 milliards d’euros ont été versés au titre du CICE aux entreprises. On devrait attendre un vrai débat démocratique face à un engagement aussi massif.

    Or, globalement, les évaluations restent non seulement incertaines et soumises au plus fort doute, mais surtout, elles ne parviennent pas à dégager un effet positif clair sur l’emploi, l’investissement et la compétitivité. Le 17 septembre, un nouveau rapport d’évaluation https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-2020-rapport-cice2020-16septembre-final18h.pdf a été publié par France Stratégie et a confirmé ces conclusions. France Stratégie, groupe de réflexion héritier de l’ancien commissariat général au plan, directement rattaché au premier ministre, peine d’ailleurs à défendre et le CICE et la solidité des analyses qu’il publie.

    L’évaluation repose sur deux piliers. Le premier est microéconomique et cherche à identifier comment les entreprises réagissent directement au CICE. L’étude utilisée par France Stratégie a été réalisée par l’équipe dite de « Théorie et évaluation des politiques publiques (TEPP) » du CNRS. Elle confirme son analyse précédente : environ 100 000 emplois créés entre 2013 et 2016 pour 66,75 milliards d’euros d’argent public distribué. Le gain est minime et le coût astronomique : 166 875 euros par emploi et par an.

    Étrangement, la méthode défendue par un autre laboratoire, le LIEPP de Sciences-Po, n’apparaît plus dans l’évaluation. Il est vrai que ses analyses étaient beaucoup moins favorables au CICE puisqu’en 2018, il indiquait ne pas être en mesure d’identifier un effet positif de cette mesure. Lors du précédent rapport, France Stratégie avait déjà tenté de réduire la valeur de cette analyse par rapport à celle du TEPP (Mediapart avait résumé le débat dans cet article https://www.mediapart.fr/journal/france/091018/cice-une-evaluation-biaisee?onglet=full ). Le groupe d’évaluation invitait néanmoins à poursuivre les recherches. Mais cette poursuite est donc apparemment passée par l’arrêt du travail du LIEPP, ce qui confirme le caractère profondément biaisé de cette évaluation. On ne peut que s’étonner de la disparition, dans une évaluation publique, du pluralisme. Elle tend à faire croire que les résultats présentés sont « la vérité », ce qui est loin d’être le cas. Contacté, France Stratégie n’avait pas répondu à nos sollicitations sur le sujet jeudi 17 septembre. Notons néanmoins que même en choisissant soigneusement les études les plus favorables, on reste sur un résultat très mitigé.

    La deuxième méthode est macroéconomique. Elle a été réalisée par l’OFCE grâce à un modèle mathématique permettant de mesurer l’impact global sur l’économie. Les différents choix des entreprises bénéficiaires sur les salaires, l’emploi, les prix ou l’investissement ont en effet des impacts sur d’autres entreprises. Par ailleurs, le financement de cette mesure par l’État a aussi un impact macroéconomique. L’idée est de tout reprendre en utilisant une méthode contrefactuelle, autrement dit en comparant une réalité reconstituée sans CICE à une réalité avec CICE.

    Évidemment, une telle méthode doit être prise avec beaucoup de prudence, même si le modèle de l’OFCE se veut précis et moins biaisé que les modèles habituels de macroéconomie. Celui-ci repose néanmoins sur l’idée d’une possible reconstitution contrefactuelle d’une période à partir de données passées, ce qui est assez hasardeux. Par ailleurs, il repose aussi sur des choix d’hypothèses forcément contestables. France Stratégie reconnaît, au reste, ses « limites ». Ces dernières ne discréditent pas les résultats de l’évaluation, mais on aurait aimé, comme dans le domaine microéconomique, d’autres évaluations concurrentes fondées sur des hypothèses différentes.

    Le résultat présenté par l’OFCE est très optimiste. L’institut évoque 400 000 emplois créés par le CICE au niveau macroéconomique entre 2013 et 2017, sans prendre en compte les effets de son financement. Cela peut sembler beaucoup, mais il faut rappeler que sur ces cinq années ont été engagés 88,90 milliards d’euros. Cela revient donc à afficher une moyenne de création d’emplois de 80 000 emplois par an, soit un coût par emploi et par an de 44 500 euros environ. Cela représenterait un coût de 3 700 euros par mois, ce sont donc des emplois encore assez coûteux.

    Certes, il faudrait intégrer à ce coût l’effet de la croissance issue du CICE sur les recettes fiscales, ce qui en réduirait le coût réel. Mais en tout état de cause, on est dans des emplois sauvegardés et créés à des coûts proches de ce qu’aurait pu faire directement l’État. On verra que cela n’est pas neutre. Soulignons, par ailleurs, que même France Stratégie appelle à la prudence face à ses résultats qui dépassent les espérances de la Direction générale du Trésor. « Ces simulations, indicatives, souffrent de nombreuses limites », précise le rapport.

    L’OFCE a cependant proposé une autre analyse, prenant en compte les effets du financement du CICE. Ce dernier s’est fait d’abord par des hausses d’impôts, puis par une baisse des dépenses. Rappelons qu’entre 2014 et 2017, la Sécurité sociale, notamment, a été mise à rude épreuve avec un régime particulièrement sec : réduction de l’Objectif national des dépenses d’assurance-maladie, gel des salaires dans la fonction publique, réduction de l’investissement public. L’OFCE conclut qu’en net, le CICE aurait alors créé ou sauvegardé près de 160 000 emplois sur cinq ans.

    Les conclusions de l’OFCE confirment que le CICE est une méthode assez médiocre pour créer des emplois. 160 000 emplois face à une masse de 3 à 6 millions de demandeurs d’emplois, on est loin d’une solution concrète au chômage. On l’est d’autant plus que seules un quart des entreprises bénéficiaires ont créé des emplois (on ne sait pas ce qu’il est advenu de l’argent versé aux trois quarts restants) et que le seul effet identifiable concerne le secteur des services, autrement dit celui qui est le moins soumis à la concurrence internationale.

    Le deuxième « C » du CICE, celui de « compétitivité », semble avoir été un échec patent. Comme lors des précédents rapports, les évaluations sont incapables d’identifier et de quantifier un effet sur les exportations et l’investissement. Ce n’est pas un détail dans la mesure où, sans investissement, les effets du CICE restent des effets de court terme. On s’expose donc, comme dans le cas Bridgestone ou d’autres, à ce que les entreprises qui ont bénéficié de ce CICE détruisent les emplois qu’elles ont créés et même en détruisent davantage, en cas de crise.

    Et c’est bien là la vraie question que soulèvent le CICE et ses évaluations. Un effet « financé » ne veut pas dire un effet neutre. Les près de 89 milliards d’euros versés aux entreprises ont été payés par d’autres, principalement les ménages et les services publics. C’est donc là un transfert gigantesque de moyens depuis le secteur public vers le secteur privé. Or, compte tenu de l’incapacité de ce dernier à investir pour obtenir des gains de productivité permettant à l’État de « rentrer dans ses frais », la croissance économique induite par le CICE est trop faible pour aider à financer les services publics, voire à les financer davantage. C’était pourtant cela le pari du CICE, qui est aussi celui du néolibéralisme et qui est aussi une forme de « ruissellement » : l’argent transféré aux entreprises par les fenêtres devait rentrer par les caves. Cela n’a pas été le cas. Dès lors, c’est une perte sèche pour le bien commun. Comme toujours, qu’elle passe par les entreprises ou les individus, la « théorie du ruisssellement » ne se vérifie pas.

    C’est bien pour cette raison que cette mesure globalement inefficace doit amener à se poser une question simple. Les priorités de l’époque et l’évolution du capitalisme doivent-elles s’appuyer sur ce type de transfert qui ne profite que très partiellement au bien commun ? N’est-il pas temps de changer entièrement la façon d’aborder l’emploi en abandonnant l’idée que seules les entreprises créent de « bons emplois » et que, de ce fait, le chantage à l’emploi soit une des plus puissantes lois non écrites de la République ?

    L’échec du CICE ne peut qu’être un argument en faveur des projets de « garantie de l’emploi » mis en avant dans le cadre du Green New Deal aux États-Unis, où l’État (et non des entreprises) crée directement des emplois correspondant aux besoins avec des salaires décents. Plutôt que de laisser le secteur public décider des emplois qu’il crée avec l’argent public ôté aux services publics, il serait plus utile sans doute de développer ces mêmes services publics. La transition écologique et les besoins en termes de santé semblent aujourd’hui imposer un changement de stratégie. Les fermetures de sites malgré le CICE et les différentes baisses d’impôts renforcent encore cette analyse. Et c’est bien pourquoi il faut davantage qu’une évaluation souvent biaisée. Il faut un débat sur ces évaluations.

    #CICE #exonérations #fiscalité #medef #profiteurs

  • Chômage partiel. Casino verse 655.000€ de primes à son PDG après avoir économisé des milliers d’euros
    https://www.revolutionpermanente.fr/Chomage-partiel-Casino-verse-655-000EUR-de-primes-a-son-PDG-apr

    Alors que Casino a bénéficié « d’un montant estimé à 450K€ » au titre du chômage-partiel selon la CFE-CGC, et que l’ensemble des salariés qui ont continué à travailler pendant le confinement n’ont pas pu bénéficier d’une prime, le groupe a décidé d’octroyer une prime de 655K€ à son PDG Jean-Charles Naouri.

    #profiteurs_de_guerre (puisque nous y sommes ... en guerre)

  • 95 centimes le masque chirurgical : « En février dernier, c’était 7 centimes ! », dénoncent des médecins | LCI
    https://www.lci.fr/sante/95-centimes-le-masque-chirurgical-en-fevrier-dernier-c-etait-7-centimes-denoncen

    Pour preuve, le Dr. Perez nous montre un catalogue reçu au mois de février dernier, quelques semaines avant la crise sanitaire du coronavirus. Les 50 masques sont affichés au prix de 5,70 euros, avec une promotion à partir de trois boites ce qui revient à 4,75 euros.

    Or, d’après les tarifs pratiqués par le même fournisseur aujourd’hui, les 50 masques coûtent 29,90 euros. Des prix comparables qui peuvent même être plus élevés chez la concurrence. Après négociation au téléphone, un autre dentiste nous affirme que le lot de 50 masques était proposé à 35 euros. Des tarifs qui ne comprennent pas les frais de port. Et il ne faut pas oublier que le gouvernement a décidé mi-avril de baisser la TVA de de 20 % à 5,5 %. Cette taxe pèse donc moins sur le prix des masques.

    Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie, a décidé d’encadrer les prix des masques chirurgicaux avant que les supermarchés ne soient autorisés à les vendre. « 95 centimes me paraît vraiment très élevé quand on se souvient du prix d’avant la crise », s’insurge le Dr. Marty.

    Alors comment a été déterminé le tarif de 95 centimes pour les masques chirurgicaux ? Contacté par LCI, Bercy explique que ce prix « tient compte des offres pratiqués sur les marchés d’importation » dans l’objectif de « contenir les marges des revendeurs. » 95 centimes ne seraient donc pas un prix finalement trop élevé. Il existe désormais un marché international du masque, où tous les acteurs jouent des coudes pour en acquérir.

    L’indépendance de la France !
    #masques #profiteurs_de_guerre #marché mondial vs. #planification

    • Après que les « grandes surfaces » ont obtenu l’autorisation de vendre des masque chirurgicaux, les pharmacies pensaient contrattaquer en obtenant l’autorisation de vendre des dérivés du cannabis. Mais les « grandes surfaces » risquent de contrattaquer en obtenant l’autorisation de vendre des opiacés ...
      (Ok ... [ ] --->)

    • Parfois, il craint « une forme de guerre civile autour du matos » [un manutentionnaire à Coronaland, en Alsace.].

      https://seenthis.net/messages/848071

      En public, rester chacun son tour impassible devant l’extraordinaire.


      Les professionnels de santé s’étonnent des quantités de masques vendus par la grande distribution (mais pas 3.95€ la boite de 50 masques chirurgicaux comme c’était le cas l’été dernier)
      https://www.lemonde.fr/sante/article/2020/05/01/les-professionnels-de-sante-entre-consternation-et-degout-sur-la-gestion-des

      Médecins, infirmiers, sages-femmes, pharmaciens, kinésithérapeutes, podologues, toutes ces professions s’indignent en constatant que la grande et moyenne distribution a pu se procurer plusieurs centaines de millions de masques chirurgicaux, qui seront mis sur le marché à partir du lundi 4 mai, alors qu’eux-mêmes en ont si cruellement manqué et subissent toujours rationnement et pénurie.

      Jeudi 30 avril au soir, les ordres nationaux de ces professions ont publié un communiqué commun d’une rare véhémence, sous le titre « Les masques tombent » . « Aujourd’hui, la consternation s’allie au dégoût. Toute guerre a ses profiteurs » , écrivent ces professionnels de santé, en demandant où étaient ces masques quand tous, « en prise directe avec la maladie, tremblaient et tombaient chaque matin » . Les annonces de la grande distribution qui se sont succédé mercredi et jeudi (Carrefour, Leclerc, Intermarché, Système U, Lidl…) pour indiquer le nombre de millions de masques bientôt mis en vente, sont qualifiées de « surenchère de l’indécence ».
      Carrefour en annonce 225 millions, en plus des 70 millions réservés pour les salariés du groupe, mais la direction de l’entreprise précise qu’ « il n’y a pas de stockage, les masques arrivent au fur et à mesure. Dès le 4 mai, on pourra en vendre 10 millions, à prix coûtant, pas en rayon, mais en caisse » . De tels chiffres ne supposent-ils pas un certain stockage, puisque ces masques sont reconditionnés par lots de 5 ou de 10, chaque client n’ayant droit qu’à deux lots ? Chez Leclerc, ce sont 170 millions de masques qui ont été « sécurisés » dans un premier temps, mais bien davantage à terme. Là aussi, un rempaquetage a eu lieu pour les vendre dès lundi par paquets de dix. Il est à noter que ce sont les PDG des groupes qui se sont déplacés dans les médias pour annoncer les quantités à vendre, les prix, le conditionnement, faisant clairement de ces masques si désirés un #produit_d’appel grand public pour leurs super ou hypermarchés.

      Demande de réquisition par l’Etat de ces stocks

      Les professionnels de santé prennent soin de préciser, même si cela tombe sous le sens, qu’ils ne visent pas la vente de masques lavables en tissu ou de masques « grand public » , offrant une protection moindre et destinés à « compléter utilement l’arsenal de défense contre le virus » , mais bien celle de masques chirurgicaux, dits FFP1, voire FFP2, les plus protecteurs, jusqu’ici réquisitionnés par l’Etat. Le groupe Agromousquetaires (celui d’Intermarché, Netto, Bricorama et d’autres enseignes) a annoncé pour sa part qu’il produirait lui-même 130 millions de masques FFP1 et FFP2 d’ici à décembre dans une usine à Ploërmel (Morbihan), après avoir acheté les deux machines ad hoc.

      « Que ces stocks de masques aient été constitués depuis plusieurs semaines ou quelques jours, ils sont la manifestation qu’on ne cherche pas, ou plus, à équiper prioritairement les professionnels de santé , s’insurge l’ordre des infirmiers, par la voix de son président, Patrick Chamboredon. C’est intolérable et révoltant, alors que les équipements de protection nous font encore défaut. » Le même sentiment domine chez les médecins. « Nous sommes très en colère d’apprendre que des dizaines de millions de masques vont être vendus alors qu’on a dû gérer une pénurie profonde » , réagit Jean-Marcel Mourgues, vice-président du Conseil national de l’ordre. La distribution de masques reste très parcimonieuse – 12 chirurgicaux et 6 FFP2 par semaine pour les médecins. « La réquisition par l’Etat de ces stocks me semble la suite logique » , ajoute-t-il.

      C’est cette réquisition qu’a demandée « instamment » , jeudi soir, le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Besset, au ministre de la santé, Olivier Véran, dans une lettre ouverte. Après réquisition, ces masques doivent « être remis prioritairement aux populations en ayant le plus besoin », insiste le pharmacien : non seulement aux personnels de santé, mais aux Français les plus fragiles, comme les personnes âgées ou les dix millions de malades en affection longue durée (ALD). « Les grandes enseignes déstockent des masques à prix coûtant en envoyant des cartes de fidélité à leurs clients, comme on aurait une promo sur l’essence ou le Nutella. Mais comment les autorités peuvent-elles tenir un discours aussi contradictoire ? » , s’insurge Gilles Bonnefond, président de l’Union de syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).

      Pour la Fédération du commerce et de la distribution, qui a réagi dans un communiqué, « il n’y a pas de stocks cachés » . « Les chiffres annoncés par les enseignes concernent les commandes effectuées, qui ne vont être livrées que très progressivement » , assure-t-elle. Pour éviter tout dérapage tarifaire, le gouvernement a annoncé, vendredi 1er mai, que le prix des masques à usage unique de type chirurgical serait réglementé à 95 centimes d’euros l’unité.

      « J’ai perdu confiance »

      Les pharmaciens, qui se sont pliés aux injonctions du ministère de la santé en distribuant les masques au compte-gouttes, par lots strictement contingentés selon les professions, se sentent néanmoins floués. Durant des mois, ils ont géré les masques d’Etat, gratuits et réquisitionnés, fait face aux supplications de leur patientèle pour obtenir un seul de ces précieux masques pour aller passer une IRM, sans pouvoir y répondre favorablement, et constatent aujourd’hui le tsunami commercial qui s’apprête à déferler. « Des millions de masques dorment dans des entrepôts et nous, nous n’en avons pas ?, s’étrangle une pharmacienne de la banlieue parisienne. J’ai perdu confiance et je suis à deux doigts de vendre l’officine. »

      Carine Wolf-Thal, la présidente de l’ordre des pharmaciens, qui s’était réjouie le 26 avril de la possibilité de vendre enfin des masques au grand public, dit éprouver « colère, frustration, indignation et sentiment de trahison » . Comment avoir expliqué, des semaines durant, qu’il fallait être solidaire des personnels de santé, et se retrouver si démuni ? Lucien Bennatan, président du groupe Pharmacie référence (PHR), a sa propre explication. Lorsque le gouvernement a annoncé, par le décret du 23 mars, la réquisition des masques FFP2 et des masques de protection respiratoire présents sur le territoire national, sous la responsabilité du ministère de la santé, rien n’empêchait les officines de se procurer des masques à l’étranger, soutient-il.

      Mais les pharmaciens, regrette M. Bennatan, se sont pliés au discours politique dominant, tandis que les grandes surfaces constituaient, elles, des stocks et annonçaient, jeudi 30 avril, un accord pour leur commercialisation avec le #ministère_de_l’économie, sous la responsabilité de la secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher. « Il n’était pas tenable longtemps d’expliquer aux gens que les masques ne protégeaient pas d’un virus propagé par voie aérienne. Les pharmaciens auraient dû réagir en professionnels de santé en cherchant à en acquérir dès que possible » , dit-il.

      Au cabinet de la secrétaire d’Etat, on souligne que depuis le décret du 23 mars, les collectivités locales et acteurs privés – dont la grande distribution – ont la possibilité d’importer des masques, notamment de type FFP2. Mais ils sont tenus de déclarer toute importation supérieure à 5 millions de masques sur un trimestre, l’Etat se gardant le droit de réquisitionner tout ou partie de la marchandise en cas de nécessité pour le système de santé (il doit alors le faire dans un délai de soixante-douze heures après la demande).

      « Il y a une grande confusion entre les commandes de masques et ce qui est stocké en France. Chaque semaine, des masques arrivent effectivement nombreux, mais les millions de masques qu’annonce la grande distribution, ce sont des commandes organisées qui vont arriver progressivement », a précisé Agnès Pannier-Runacher, vendredi 1er mai sur RTL.

      « Il n’y avait pas de stocks de masques cachés en France », a assuré Jérôme Salomon, le directeur général de la santé, vendredi 1er mai, lors de son point presse quotidien. Selon lui, les commandes passées par la grande distribution l’ont été avec l’aval des autorités. « Plus nous favorisons l’accès aux masques, mieux c’est », a-t-il estimé, en rappelant que « les professionnels de santé auront accès aux masques en premier » . « Il y a peut-être eu un vide juridique : parce que les pharmaciens ne savaient pas s’ils seraient autorisés à vendre des masques, ils n’ont pas pris les devants pour en commander. C’est la limite d’une profession hyperréglementée » , glisse une source proche du dossier.

      #profiteurs_de_guerre #masques #Grande_distribution

  • Faute de protection, des soignants souffrent, contaminent et succombent | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/260420/faute-de-protection-des-soignants-souffrent-contaminent-et-succombent?ongl

    Des milliers de professionnels de santé et de pompiers sont aujourd’hui contaminés. Certains souffrent et meurent. D’autres continuent à travailler, et propagent ainsi le virus. L’AP-HP envisage pourtant de systématiser ce fonctionnement, selon une note interne obtenue par Mediapart.

    l’équation impossible :

    « Les soignants étant exposés, il est indispensable de les considérer comme prioritaires pour les tests », indique le patron de l’AP-HP dans le document. Avant d’expliquer qu’une partie du personnel, même s’il est testé positif, devra en réalité continuer à travailler : « Induire une politique large d’éviction (des PCR + [testés positifs] pas ou peu symptomatiques ou des non immunisés) rendrait impossible la continuité du système des soins », justifie-t-il.

    Le dernier soignant décédé, le médecin urgentiste de Lons-le-Saunier Éric Loupiac, 60 ans, mort du Covid-19 jeudi 23 avril, avait été contaminé le 6 mars, « au contact d’un des premiers patients atteints du Covid-19 qui s’est présenté dans [leur] service d’urgences », explique un de ses collègues, infirmier. « Il a été contaminé au début de l’épidémie, quand on nous disait que les masques n’étaient pas si importants », s’agace le médecin urgentiste Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf), qui décrit Éric Loupiac comme « un homme de 60 ans en bonne santé, sportif, qui ne présentait pas de facteur de risques ».

    Pour Yasminal Kettal, infirmière aux urgences de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis et membre du Collectif Inter-urgences, « l’absence de statistiques montre bien que les soignants contaminés, ce n’est pas important. C’est pourtant leur responsabilité d’employeur de suivre les contaminations, service par service, et de revoir les règles d’hygiène là où c’est nécessaire ». « Ils sont partis du postulat qu’on allait tous être contaminés », dénonce-t-elle. Dans son service, « 25 membres du personnel ont été contaminés, sur 90. Certains étaient dans un état grave, c’était flippant ».

    Elle-même a été arrêtée une semaine, en raison d’une forte fièvre, d’une fatigue intense, de courbatures, quelque chose de « costaud ». Elle a été testée au début de ses symptômes, mais le test est revenu négatif. Chez les personnes contaminées, 30 % des tests sont des « faux négatifs » : ils ne détectent pas le virus, alors qu’il est présent, mais pas encore dans la gorge ou le nez, là où sont pratiqués les prélèvements.

    Si le répérage de cluster est difficile à l’hôpital, qu’en sera-t-il dans la population avec les app de contact-tracing ?

    « Il n’y a pas de protocole national de dépistage, cela se fait selon les services de médecine du travail, appuie Béatrice, interne en médecine du travail dans un hôpital d’Île-de-France. Dans mon hôpital, chaque soignant qui présente des symptômes est testé. On teste assez large. Quand deux ou trois soignants sont positifs dans un même service, on teste tout le monde pour identifier les clusters. Cela a mis du temps au début, malheureusement ; on a navigué à vue. »

    L’infectiologue Éric Caumes est clairement en désaccord avec ces pratiques : « J’ai eu deux clusters dans mon service. Je l’ai fait dépister en totalité, même les personnes non symptomatiques. Nous avons trouvé une dizaine de cas, sur deux étages différents. Tous sont rentrés chez eux, parce qu’il faut casser les chaînes de contamination. Il faut être exemplaires vis-à-vis de nos personnels. »

    Le blocage des chaînes de contamination bute aussi sur un problème structurel : le manque de matériel de protection. « Rien n’est réglé ! Quand le gouvernement dit qu’il a répondu aux problèmes, c’est faux. À 15 jours du déconfinement du 11 mai, le problème du matériel de protection n’est toujours pas solutionné, c’est inimaginable », s’agace Astrid Petit, sage-femme et membre de la direction fédérale de la CGT.

    La crainte de transmettre le virus aux autres, c’est aussi ce qui habite Mélanie*, infirmière en unité Covid au CHU de Strasbourg. « Dans mon service, je dirais que ce sont trois quarts des infirmières qui ont attrapé le Covid. Je n’ai pas eu de symptômes, mais je ne sais pas par quel miracle je ne l’aurais pas eu, explique-t-elle. C’est très dur psychologiquement. On ressent de la culpabilité de contaminer ses proches. »

    Mélanie et son mari font chambre à part. « Mes enfants ont développé des symptômes liés au stress. Ma fille me dit souvent : “Reviens maman, je ne veux pas que tu meures, je veux retourner dans ton ventre pour être protégée.” Le sacrifice est lourd quand même », dit-elle, prise par l’émotion.

    « On a soigné des membres de la famille de collègues, reprend Yasmina Kettal, à Saint-Denis. Comment ont-ils été contaminés ? On est aussi terrifiés pour nos proches. »

    Comme ce 27 février, jour où le DGS Jérôme Salomon déclare publiquement qu’« il n’y a pas de sujet de pénurie ». Au même moment, le colonel Jean Moine, directeur du Sdis de la Charente, prend la plume sur le blog des directeurs. « En février, on a commencé à réfléchir à reconstituer nos stocks. J’ai demandé à notre pharmacien-chef et quand il consulte ses fournisseurs habituels, il me fait état d’un niveau de prix démesuré. Les masques qu’on achetait 22 centimes étaient vendus désormais 1,5 € HT pièce. J’ai fait remonter l’information au ministère. On s’est aperçus que nous n’étions pas les seuls. Les préfectures des zones de défense nous ont ensuite alimentés en masques », explique-t-il à Mediapart.

    D’autres directeurs sont beaucoup plus inquiets. « Notre fournisseur de masques FFP2 et 3, […] nous a récemment indiqué ne pouvoir être en mesure de nous réapprovisionner avant juillet 2020 ; même chose pour les masques chirurgicaux. A priori, les autres fournisseurs sont dans la même situation. Nous risquons de manquer de masques au plus fort de l’épidémie… », interpelle le directeur du Sdis du Tarn. L’adjoint du Sdis des Yvelines interroge : « Au regard de l’état de nos stocks sur l’un ou/et l’autre de ces types de masques, quelle est la doctrine préconisée par le DGSCGC, pour permettre aux Sdis de garantir dans le temps et selon les capacités de réapprovisionnement un niveau de sécurité adapté […] ? »

    Sollicités par Mediapart, plusieurs directeurs nous ont confirmé n’avoir jamais eu de retour de la part de leur autorité de tutelle. La DGSCGC et le ministère de l’intérieur n’ont pas souhaité commenter.

    À un moment, critique, il n’est resté que près de 6 000 masques, alors que la brigade réalise 1 200 interventions de secours à victime par jour. Soit, considérant qu’il y a trois équipiers par camion, des réserves pour deux jours d’intervention, trois si un sapeur-pompier était laissé à l’intérieur du camion au lieu de participer à l’intervention de secours.

    « Rien n’a été anticipé. Zéro, se désole Lionel*, un sapeur-pompier de Moselle. On s’est retrouvés avec une caisse vide de FFP2 et des notes de service contradictoires qui en ont progressivement réduit l’accès. » Un autre pompier du même département complète : « Les règles se sont assouplies au fil des jours. Au début, c’était FFP2 pour tout le monde. Mais plus on voyait le virus se propager, plus il faisait preuve de sa virulence, et plus on nous disait que le FFP2 n’était pas nécessaire… Au pire de la crise, on transportait des patients Covid à l’Hôpital de Mercy [à Metz] avec un masque chirurgical et en tenue classique, avec laquelle on va aller manger. Le personnel hospitalier prenait le relai avec des blouses, des charlottes, des FFP2. C’est pourtant le même virus. »

    Le cas Nicolas*, un autre pompier de l’Est avec 20 ans de carrière, illustre bien toutes les limites de la stratégie française qui, pour gérer une pénurie, a restreint jusqu’à l’extrême l’accès aux tests et protections. « À la mi-mars, je suis intervenu dans un Ehpad où une dame souffrait de nausées et de diarrhée, raconte le professionnel. Nous n’avons mis nos masques qu’une fois que nous étions dans l’ambulance, à cause de la promiscuité, et encore, en théorie nous n’aurions pas dû le faire. La règle, c’est : pas de suspicion Covid, pas de masque. J’ai transgressé les règles et cinq jours plus tard, l’Agence régionale de santé m’a appelé : la dame était en fait atteinte du Covid. »

    Nicolas devient alors à son tour un porteur suspect et un vecteur potentiel du virus. « L’ARS m’a dit qu’il ne fallait plus que j’aille faire mes courses, que je ne devais plus faire mon gazole mais, par contre, je pouvais continuer à aller travailler… » Ne présentant aucun symptôme, le pompier n’a pas été testé et a continué à se rendre en caserne. « On m’a demandé de porter un masque chirurgical toute la journée. »

    Le pompier est même retourné dans un Ehpad. « Je portais mon masque chirurgical, j’en avais les larmes aux yeux. C’était pour une mamie. Je me disais : c’est horrible, je suis une bombe à retardement, je suis peut-être en train de la tuer. J’ai fait ce métier pour protéger les gens. Je me suis dit : je ne protège plus, je risque de tuer. »

    #Covid-19 #Impréparation #Pompiers #Soignants

    • « Les soignants étant exposés, il est indispensable de les considérer comme prioritaires pour les tests », indique le patron de l’AP-HP dans le document. Avant d’expliquer qu’une partie du personnel, même s’il est testé positif, devra en réalité continuer à travailler :
      Avant d’expliquer qu’une partie du personnel, même s’il est testé positif, devra en réalité continuer à travailler : « Induire une politique large d’éviction (des PCR + [testés positifs] pas ou peu symptomatiques ou des non immunisés) rendrait impossible la continuité du système des soins », justifie-t-il.

      Ite, missa est
      « Circulez, y a rien à voir » (en langue « vulgaire ») ...

    • Les masques qu’on achetait 22 centimes étaient vendus désormais 1,5 € HT pièce.

      Les pharmaciens, cette engeance : comme pour les médocs qui, une fois qu’ils ont été « déremboursés », ont vu leurs prix s’envoler. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes (merveilleux de l’indépassable Marché).

      #business_as_usual (tant qu’on aura pas envisagé sérieusement un « reboot in safe mode »).

  • Covid-19 : le traçage numérique en question
    https://www.franceculture.fr/numerique/covid19-le-tracage-numerique-en-question

    Quel rôle peuvent jouer les dispositifs numériques dans la lutte contre la pandémie et la stratégie de déconfinement ? Faut-il s’en inquiéter ? Le traçage numérique des cas de Covid-19 peut-il jouer un rôle dans la lutte contre la pandémie ? Voilà qui fait débat depuis quelques semaines, alors que le gouvernement souhaite inscrire dans sa stratégie des dispositifs numériques. Ces derniers pourraient jouer un rôle, peut-être au moment de la sortie de confinement, et sûrement au-delà, si l’on croit les (...)

    #santé #COVID-19 #consentement #technologisme #géolocalisation #biopolitique #anonymat #GPS #StopCovid #smartphone #Bluetooth (...)

    ##santé ##algorithme

  • Halte là, les charognards sont là !

    Comment @Marc : il y a dix jours (premier envoi) le premier prix était à 0,64 !

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    Je suis à votre disposition pour toute demande de devis ou renseignement au 06.11.01.37.47

    Dans l’attente de votre retour, je reste à votre disposition pour tout renseignement.

    Bien cordialement

    Alexandre BANCE
    Gérant Société ECO’DEKO
    06.11.01.37.47
    02.31.50.30.90

    • #profiteurs_de_guerre #trafic

      Les policiers demandent au médecin de rappeler son interlocuteur et de le faire descendre de l’immeuble où il est rentré. A l’intérieur du véhicule, ils découvriront 23 060 masques, de type FFP2 et chirurgicaux, censés être réquisitionnés depuis un décret pris en urgence le 3 mars par le premier ministre, Edouard Philippe.

      Interrogé, le parquet de Paris confirme l’ouverture d’une enquête sur les faits. Le 25 mars, l’individu en possession des masques, qui s’est prévalu de mener des « projets commerciaux », a ensuite été présenté à un juge d’instruction et mis en examen pour « pratique commerciale trompeuse », « refus de répondre à une réquisition administrative » et « escroquerie », soit des chefs d’accusation pouvant entraîner des peines comprises entre six mois et cinq ans d’emprisonnement. Dans l’appartement, une « importante somme d’argent » a également été trouvée.

      On sait comment devenir riche, dans le 16e !

  • Claude Got : « Nous n’avons pas encore intégré les méthodes qui ont réduit la mortalité en Chine »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/28/claude-got-nous-n-avons-pas-encore-integre-les-methodes-qui-ont-reduit-la-mo

    Quand le bilan de l’épidémie du Covid-19 sera terminé, l’insuffisance de dispositifs de protection personnelle apparaîtra comme l’erreur de gestion la plus grave. Minimiser l’intérêt des masques pour l’ensemble des personnes exposées a été une manœuvre pour réduire la faute des pouvoirs publics qui n’ont pas maintenu le stock de masques commandé par [l’ancienne ministre de la santé] Roselyne Bachelot, en 2009

    • Je repense depuis quelques jours à mon projet de voile laïque. En tout cas je vais pouvoir ressortir avec une voilette en plus de mon foulard de braqueuse comme ca je me touche pas le visage. Je verrai bien toute la population en abaya. Ca me ferai bien marrer de voire tous ces coqs gaulois élécteurs du FN contraint de porter le voile.
      #voile_laïque

    • La seconde erreur a été de dénigrer les méthodes de protection dites « artisanales » permettant d’attendre le retour à une production professionnelle suffisante. Il fallait définir les méthodes et les produits utilisables, validés par des spécialistes avant la fin du mois de février. La Chine a fait le bon choix d’associer le confinement dans les habitations et l’obligation d’être protégé par un masque. Elle a su mettre en œuvre plusieurs choix dans un délai très court que ce soit dans la fabrication d’hôpitaux ou le passage de 10 millions à 100 millions de masques par jour. Nous n’avons pas eu cette réactivité.

      https://www.craftpassion.com/face-mask-sewing-pattern

    • oui mais en france « On est les plus forts » ce gvt viriliste préfère dire « allez donc à la guerre à poil, les habits faits à la maison ne servent à rien, d’ailleurs les habits ne servent que quand vous êtes morts. Et puis on a #Geodis, mieux que les avions de l’armée car ils souspayent leurs ouvriers et d’ici 3 mois vous les aurez vos masques (#oupas) »

      tu as vu https://seenthis.net/messages/835160
      A propos de Geodis
      https://lemediapresse.fr/social/derriere-les-profits-records-de-geodis-la-souffrance-de-ses-ouvriers

      #engraissement_en_vue
      #profiteurs_de_guerre

    • Le vrai danger, c’est que le képi qui fait les contrôles, il voit le type, il va illico être persuadé qu’il le prend pour un con. (Et comme tu sais, le képi, il aime pas qu’on le prenne pour une con.)

    • Cent fois oui. Mais depuis le CHU de Grenoble (pour pallier la #pénurie) et de multiples initiatives venus d’en bas (masques fabriqués un peu partout, y compris à domicile, pour soi, les proches, voire au delà, fabrication avec imprimante 3D de visières de protection pour des soignants, de pièces de rechange pour des respirateurs), des initiatives émergent, circulent, se diffusent, par exemple :

      Distribution de repas à la Cantine des Pyrénées [ et de masques par les mêmes ] , publié le 23 mars.
      https://paris-luttes.info/distribution-de-repas-a-la-cantine-13688

      Utilisons ce temps libre pour imaginer la société de demain.
      La #Cantine_des_Pyrénées avait sous la main des masques FFP2, en grande quantité, et nous en avons distribué 30 000 à des structures de soin et du personnel soignant. Mais il en faudra bien plus.

      Ces apports immanents à la société sont d’ailleurs souvent cités par les personnels soignants ("les seuls masques qu’on a c’est des dons", « on demande et ou on nous apporte des repas », tandis que d’autres effectuent des gardes sans autre nourriture que celle qu’ils apportent individuellement, etc.).

      Si le retard de la star up nation persiste (et se reproduit, cf la pénurie de médicaments indispensables qui s’annonce), les institutions les plus officielles doivent désormais s’en mêler, suivre le mouvement, sans que cela fasse l’objet d’une politique effective (on est loin loin loin du raout Raoult).

      Téléchargez AFNOR Spec – Masques barrières version 1.0
      https://telechargement-afnor.org/masques-barrieres?_ga=2.21063035.130567097.1585335913-61532588

      AFNOR met à disposition de tous un référentiel de fabrication de masques, dit « #masques_barrières ». Pensé pour les néofabricants de masques et les particuliers, il permet de concevoir un masque destiné à équiper toute la population saine et complète la panoplie des indispensables gestes barrières face à l’épidémie de Coronavirus.

    • Testing the efficacy of homemade masks: would they protect in an influenza pandemic? - PubMed - NCBI (2013)
      https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24229526

      CONCLUSION:

      Our findings suggest that a homemade mask should only be considered as a last resort to prevent droplet transmission from infected individuals, but it would be better than no protection.

    • ah c’est bizarre moi je n’ai pas de blocage sur cet article (et je ne suis pas abonnée).

      PostEverything
      Perspective

      Simple DIY masks could help flatten the curve. We should all wear them in public.

      by Jeremy Howard

      Jeremy Howard is a distinguished research scientist at the University of San Francisco, founding researcher at fast.ai and a member of the World Economic Forum’s Global AI Council.

      March 28, 2020 at 8:18 p.m. GMT+1

      When historians tally up the many missteps policymakers have made in response to the coronavirus pandemic, the senseless and unscientific push for the general public to avoid wearing masks should be near the top.

      The evidence not only fails to support the push, it also contradicts it. It can take a while for official recommendations to catch up with scientific thinking. In this case, such delays might be deadly and economically disastrous. It’s time to make masks a key part of our fight to contain, then defeat, this pandemic. Masks effective at “flattening the curve” can be made at home with nothing more than a T-shirt and a pair of scissors. We should all wear masks — store-bought or homemade — whenever we’re out in public.

      At the height of the HIV crisis, authorities did not tell people to put away condoms. As fatalities from car crashes mounted, no one recommended avoiding seat belts. Yet in a global respiratory pandemic, people who should know better are discouraging Americans from using respiratory protection.

      Facing shortages of the N95 masks needed by health-care workers, the U.S. surgeon general announced on Feb. 29 that masks “are NOT effective in preventing general public from catching #Coronavirus,” despite significant scientific evidence to the contrary. This is not just a problem in the United States: Even the World Health Organization says, “you only need to wear a mask if you are taking care of a person with suspected 2019-nCoV infection.”

      There are good reasons to believe DIY masks would help a lot. Look at Hong Kong, Mongolia, South Korea and Taiwan, all of which have covid-19 largely under control. They are all near the original epicenter of the pandemic in mainland China, and they have economic ties to China. Yet none has resorted to a lockdown, such as in China’s Wuhan province. In all of these countries, all of which were hit hard by the SARS respiratory virus outbreak in 2002 and 2003, everyone is wearing masks in public. George Gao, director general of the Chinese Center for Disease Control and Prevention, stated, “Many people have asymptomatic or presymptomatic infections. If they are wearing face masks, it can prevent droplets that carry the virus from escaping and infecting others.”

      My data-focused research institute, fast.ai, has found 34 scientific papers indicating basic masks can be effective in reducing virus transmission in public — and not a single paper that shows clear evidence that they cannot.

      Hospitals battling coronavirus are short on vital supplies. This aid group is rushing to help.

      Direct Relief provides aid to global hotspots during disasters. Now they are responding to the coronavirus outbreak at home, as U.S. hospitals appeal for help. (Ray Whitehouse, Julia Weissman, Nicholas Weissman/The Washington Post)
      Studies have documented definitively that in controlled environments like airplanes, people with masks rarely infect others and rarely become infected themselves, while those without masks more easily infect others or become infected themselves.

      Masks don’t have to be complex to be effective. A 2013 paper tested a variety of household materials and found that something as simple as two layers of a cotton T-shirt is highly effective at blocking virus particles of a wide range of sizes. Oxford University found evidence this month for the effectiveness of simple fabric mouth and nose covers to be so compelling they now are officially acceptable for use in a hospital in many situations. Hospitals running short of N95-rated masks are turning to homemade cloth masks themselves; if it’s good enough to use in a hospital, it’s good enough for a walk to the store.

      I’m an ER doctor. The coronavirus is already overwhelming us.

      The reasons the WHO cites for its anti-mask advice are based not on science but on three spurious policy arguments. First, there are not enough masks for hospital workers. Second, masks may themselves become contaminated and pass on an infection to the people wearing them. Third, masks could encourage people to engage in more risky behavior.

      None of these is a good reason to avoid wearing a mask in public.

      Yes, there is a shortage of manufactured masks, and these should go to hospital workers. But anyone can make a mask at home by cutting up a cotton T-shirt, tying it back together and then washing it at the end of the day. Another approach, recommended by the Hong Kong Consumer Council, involves rigging a simple mask with a paper towel and rubber bands that can be thrown in the trash at the end of each day.

      Masks used to ward off coronavirus show up on Hong Kong beaches
      Many Hong Kong residents have been wearing masks during the global coronavirus outbreak, but now discarded masks are washing up on area beaches. (Reuters)
      It’s true that masks can become contaminated. But better a mask gets contaminated than the person who is wearing it. It is not hard to wash or dispose of a mask at the end of the day and then wash hands thoroughly to prevent a contaminated mask from spreading infection.

      The virus makes us weigh the value of a life. We can’t know if we’ve gotten it right.

      Finally, the idea that masks encourage risky behavior is nonsensical. We give cars anti-lock brakes and seat belts despite the possibility that people might drive more riskily knowing the safety equipment is there. Construction workers wear hard hats even though the hats presumably could encourage less attention to safety. If any risky behavior does occur, societies have the power to make laws against it.

      Many authorities still advise only people with symptoms to wear masks. But this doesn’t help with a disease like covid-19, since a person who does not yet show symptoms can still be contagious. A study in Iceland, where there has been unprecedented levels of testing, found that “about half of those who tested positive [for covid-19] are nonsymptomatic,” according to Iceland’s chief epidemiologist, Thorolfur Gudnason. In fact, in early February, National Institute of Allergy and Infectious Diseases Director Anthony S. Fauci warned there was strong evidence that covid-19 spreads even among people without symptoms. If we all wear masks, people unknowingly infected with the coronavirus would be less likely to spread it.

      I also have heard suggestions that widespread usage of masks in the West will be culturally impossible. The story of the Czech Republic debunks this notion. Social media influencers campaigning to encourage DIY mask creation catalyzed an extraordinary mobilization by nearly the whole population. Within three days, there were enough masks for everyone in the country, and most people were wearing them. This was an entirely grass-roots community effort.

      When social distancing requirements forced a small bar in Prague to close, its owner, Štefan Olejár, converted Bar Behind the Curtain into a mask manufacturing facility. He procured sewing machines from the community and makes about 400 cotton masks per day. The bar employs 10 people, including a driver who distributes the masks directly to people who are not able to leave their homes.

      There are “mask trees” on street corners around the country, where people hang up masks they have made so others can take them.

      The most important message shared in the Czech Republic has been this: “My mask protects you; your mask protects me.” Wearing a mask there is now considered a prosocial behavior. Going outside without one is frowned on as an antisocial action that puts your community at risk. In fact, the community reaction has been so strong that the government has responded by making it illegal to go out in public without a mask.

      When I first started wearing a mask in public, I felt a bit odd. But I reminded myself I’m helping my community, and I’m sure in the coming weeks people who don’t wear masks will be the ones who feel out of place. Now I’m trying to encourage everyone to join me — and to get their friends to wear masks, too — with a social media campaign around #masks4all.

      Community use of masks alone is not enough to stop the spread. Restrictions on movement and commerce need to stay in place until hospital systems clearly are able to handle the patient load. Then, we need a rigorous system of contact tracing, testing and quarantine of those potentially infected.

      Given the weight of evidence, it seems likely that universal mask wearing should be a part of the solution. Every single one of us can make it happen — starting today.

    • Not wearing masks to protect against coronavirus is a ‘big mistake,’ top Chinese scientist says | Science | AAAS
      https://www.sciencemag.org/news/2020/03/not-wearing-masks-protect-against-coronavirus-big-mistake-top-chinese-sc

      (après ça je vais arrêter de spammer seenthis à propos de l’utilité des #masques ; je pense qu’on en est tous et toutes convaincues)

  • 600 millions de masques : l’objectif du « pont aérien » en préparation entre la Chine et la France, Piotr Smolar et Nathalie Guibert
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/03/27/600-millions-de-masques-l-objectif-du-pont-aerien-en-preparation-entre-la-ch
    Déchargement par des soldats de l’armée tchèque de matériel médical en provenance de Chine, sur l’aéroport de Pardubice, le 22 mars. JOSEF VOSTAREK / AFP

    La rotation des avions pourrait durer plusieurs mois, en fonction des aléas de la production, afin de combler la pénurie de matériels dont souffrent les hôpitaux français.

    Six cents millions de #masques chinois, dont 74 millions de FFP2, les protections respiratoires les plus performantes. Tel est l’objectif spectaculaire du marché, en plusieurs volets, qu’est en train de passer la France avec des fabricants de la région de Shenzhen, en urgence. Confronté à la nécessité de reconstituer des stocks quasi vides, pouvant mettre en danger la vie des Français, selon ses détracteurs , le gouvernement compte initier un « pont aérien » avec la Chine.

    Des #appareils_respiratoires sont aussi prévus, mais la question des tests du coronavirus demeure irrésolue. La rotation des avions pourrait durer près de 14 semaines, selon les informations du Monde, en fonction de la rapidité de la production sur place. Un avion-cargo doit décoller le 29 mars, pour ramener dix millions de masques. Un autre le 31 mars, avec une quantité similaire attendue.

    « Nous avons prévu des avions-cargos qui iront en Chine chercher les masques. Ils sont prévus, ils sont affrétés, on peut évoquer l’image du pont aérien. De fait, c’est ce qui va se passer », a expliqué le premier ministre, Edouard Philippe, au Sénat, le 25 mars. Il a fallu raccourcir au maximum les délais, trouver les premiers trajets, sans disposer de toutes les garanties sur la qualité des livraisons à venir. Un marché interministériel d’affrètement en urgence a été passé le week-end des 21 et 22 mars, mentionnant déjà quatre vols – à 1,5 million d’euros l’aller-retour – de 10 millions de masques chacun. L’ordonnateur est la Direction des achats de l’Etat (DAE), qui relève du ministre des finances et des comptes publics. La DAE procède à ces achats sous l’autorité du premier ministre.

    Un défi logistique

    Reste à faire voler des avions, ce qui est une gageure dans la période, des professionnels du secteur logistique évoquant une situation « non plus de crise mais de chaos ». Avico, le courtier privé de la défense qui a effectué, sur divers appareils, une trentaine de vols de rapatriement de Français depuis l’étranger, a ainsi tenté de trouver un avion immédiatement après l’appel gouvernemental. Un A340 portugais qui partait de Shanghaï dans le week-end avec une cargaison de masques disposait de place pour un fret supplémentaire. Mais ce créneau n’a pu être pris.

    Les cinq prestataires du ministère des armées pour les affrètements urgents de fret n’ont toutefois pas été sollicités pour ces vols de matériel médical. Et dans les circonstances actuelles, extrêmement précaires sur le plan de la circulation aérienne, il a été décidé de scinder le marché. En ce qui concerne la partie acheminement, c’est la société Geodis qui en a la charge. A elle de trouver les appareils capables de maintenir ce pont aérien. L’agence nationale Santé publique France est responsable de l’approvisionnement en masques. L’ambassade de France à Pékin essaiera, dans la mesure du possible, de vérifier la qualité de la production chinoise.

    Une fois en France, les équipements seront dans un premier temps acheminés dans les huit entrepôts de Santé publique France, répartis sur tout le territoire. Puis la livraison envisagée par le gouvernement serait confiée à différents prestataires. Selon nos informations, Girodmedical, un distributeur en ligne qui livre de grands comptes tels que les hôpitaux, est concerné. L’entreprise située dans la région de Nantes, a toutefois répondu au Monde : « Nous ne pouvons commenter aucune information ».

    La Chine « veut montrer sa force »

    D’autres pays européens ont procédé différemment, et plus vite. La République tchèque et la Slovaquie ont utilisé leur cotisation au contrat de transport stratégique Salis géré par l’OTAN avec un Antonov 124, le plus gros porteur du monde, pour acheminer des matériels médicaux depuis Shenzen, soit 70 tonnes le 21 mars, opération qui devait être renouvelée les 23 et 31 mars.
    A l’Elysée, on tient à souligner la réciprocité qui a existé entre Européens et Chinois, pour rejeter toute idée de sauvetage du Vieux Continent par Pékin. On rappelle qu’à la fin janvier, le gouvernement chinois avait sollicité l’aide de la Commission européenne, qui avait envoyé 56 tonnes de matériel sanitaire, notamment des combinaisons de protection, du désinfectant et des masques chirurgicaux. Aucune publicité n’avait alors été faite sur ce sujet, pour ne pas embarrasser la Chine. La réciproque n’est guère vraie.

    Aujourd’hui, la donne a changé. « On voit bien le récit géopolitique qui s’installe côté chinois, et dans une moindre mesure côté russe, dit une source à l’Elysée. Pékin veut montrer sa force, prétend avoir surmonté la crise et battu le virus au point de venir en aide au monde entier, en ciblant à court terme l’Europe. Il faut assumer le fait qu’on a besoin de ces masques à court terme, dans la guerre sanitaire dont parle le président. Ensuite, on aura une question plus générale à traiter, sur la dépendance économique, qu’on fait mine de découvrir sur les médicaments par exemple. Comment peut-on produire et distribuer nous-mêmes ? »

    Des contacts nourris entre Paris et Pékin

    Pékin n’a pas seulement davantage de moyens de production que les Européens. Le régime chinois accompagne ses cargaisons d’une puissante propagande, destinée à faire oublier son déni et ses mensonges pendant les deux premiers mois de la crise sanitaire, à Wuhan. Au cours des derniers jours, la Chine a envoyé des équipements respiratoires, des cargaisons de gants et de masques, à de nombreux pays européens, dont l’Italie, l’Espagne, la Grèce, la Serbie, et bien entendu la France. Des fournitures qui comportent de sérieux risques : le quotidien espagnol El Pais soulignait jeudi que les 640 000 tests envoyés au pays étaient défectueux, pas assez sensibles.
    Le milliardaire chinois Jack Ma a aussi organisé son propre réseau d’aide, par exemple vers la Belgique. Mais l’ampleur du marché passé par le gouvernement français dépasse largement les aides ponctuelles, de type humanitaire. Les contacts politiques entre les deux pays ont été nombreux ces derniers jours. En début de semaine, Emmanuel Macron s’est entretenu avec le président chinois Xi Jinping. De son côté, le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a dialogué par téléphone avec son homologue Wang Yi, jeudi 26 mars.

    Pékin est reconnaissant à la France de s’être opposée, parmi d’autres, lors de la visioconférence du G7 tenue la veille, aux propos incriminants tenus par le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo. Celui-ci souhaitait que les participants emploient dans un communiqué final l’expression « virus de Wuhan ». Le responsable américain a mis en cause directement le Parti communiste chinois pour l’ampleur de la crise. Ne pas reconnaître cette responsabilité équivaudrait, selon lui, à une forme de complicité passive, a rapporté une source française au Monde. D’où l’atmosphère extrêmement houleuse de la discussion, par écrans interposés.

    Le 14 mars : Covid-19 : la discrète bataille des masques entre la France, l’Allemagne et l’Italie

    La Commission européenne presse Paris et Berlin de partager leurs stocks avec d’autres pays.

    Montrer l’exemple. Empêcher que d’autres Etats soient tentés, eux aussi, de garder pour eux leurs masques, gants et autres combinaisons médicales. Neuf jours après que la France et l’Allemagne, selon des modalités différentes, ont décidé de conserver les matériels médicaux de protection dont elles disposaient sur leur territoire, alors que la situation italienne commençait à devenir préoccupante, la Commission européenne a fini par réussir, vendredi 13 mars, à les faire revenir à des considérations plus altruistes.

    Face à la progression dramatique de l’épidémie de coronavirus en Italie, Bruxelles ne pouvait pas rester inactive. D’abord, parce que le décret de réquisition de Paris et l’ordonnance d’interdiction d’exportation de Berlin, tous deux publiés le 4 mars, contrevenaient à l’un des principes fondamentaux régissant le marché intérieur de l’Union européenne (UE) : le droit à la libre circulation des marchandises. Ensuite, parce que les deux pays possèdent une quantité importante de matériels médicaux de protection : tandis que la France a constitué des stocks stratégiques, l’Allemagne en fabrique en grande quantité et a sur son territoire le centre de distribution d’un producteur américain.

    Indifférence
    « Les deux cas de figure étaient différents. La France voulait lutter contre la spéculation et garder les masques pour son personnel médical, les chercheurs en laboratoire et les malades. L’Allemagne, elle, gardait ses masques chez elle mais n’empêchait pas quiconque le souhaitait de s’approvisionner pour constituer des stocks », explique une source européenne. Deux situations distinctes, donc, mais pas de différence essentielle du point de vue de Bruxelles : pour la Commission, le décret de réquisition français comme l’interdiction d’exportation allemande étaient tout aussi inacceptables.
    Accusée d’indifférence à l’égard du drame que vivait l’Italie, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a compris qu’elle avait personnellement intérêt à se saisir du dossier. De son côté, le commissaire au marché intérieur, Thierry Breton, a pris contact avec les industriels pour faire un état des lieux des stocks et des capacités de production. Le sujet a été évoqué, le 6 mars, lors de la réunion extraordinaire des ministres européens de la santé, à Bruxelles. Mais c’est la tribune libre de l’ambassadeur italien auprès de l’UE, Maurizio Massari, publiée sur le site Politico, mardi 10 mars, qui a accéléré les choses. Le diplomate y racontait que son pays avait demandé des masques à ses partenaires, mais sans succès. « Seule la Chine a répondu. Ce n’est pas bon signe en ce qui concerne la solidarité européenne », écrivait-il.

    La Chine – d’où la pandémie est partie – a tout fait, de son côté, pour que son geste ait le plus de retentissement possible. Ainsi, dans la soirée de jeudi, un Airbus A350 en provenance de Shanghaï a atterri sur l’aéroport romain de Fiumicino. A son bord, neuf palettes contenant du matériel respiratoire, des électrocardiogrammes et plusieurs dizaines de milliers de masques, et d’autres matériels mis à disposition par la Croix rouge chinoise, mais aussi neuf médecins spécialistes chinois, ayant tous œuvré dans la lutte contre la propagation du virus dans l’empire du Milieu. A l’arrivée de l’avion, le chef de la diplomatie italienne, Luigi Di Maio, a chaleureusement salué les autorités chinoises : « C’est ce que nous appelons de la solidarité et je suis certain que d’autres arrivées se produiront », a-t-il remercié, ajoutant : « Nous ne sommes pas seuls, il y a des personnes dans le monde qui veulent aider l’Italie. » Comment mieux souligner que les partenaires le plus proches de l’Italie, eux, ont manqué à l’appel ?

    Bruxelles a donc demandé à la France et à l’Allemagne de revoir leur copie et d’y stipuler clairement que les matériels de protection présents sur leur sol pouvaient être mobilisés pour les appels d’offres conjoints de l’UE et les besoins de tel ou tel pays. « Il est possible de prévoir des restrictions d’exportations, mais il faut que ceux qui sont en contact avec les malades ou le virus, partout en Europe, soient prioritaires », explique un fonctionnaire.

    Réaction en chaîne

    Compte tenu de l’explosion des besoins en France et en Allemagne, les décisions de leurs gouvernements n’auraient sans doute pas bouleversé la donne. Outre-Rhin, par exemple, une entreprise comme Gehe Pharma Handel, qui fournit quotidiennement plus de 6 500 pharmacies dans le pays, a vu ses demandes en masques de protection respiratoire multipliées par dix depuis février. « Aujourd’hui, nous ne sommes que très partiellement en capacité de livrer les masques qui nous ont été commandés », explique la direction de l’entreprise. Et ce, alors que l’Allemagne – avec plus de 3 600 cas détectés dont 8 mortels – a été pour l’instant beaucoup plus épargnée que la France ou l’Italie.

    Berlin s’y sera repris à deux fois avant de fournir un texte qui convienne aux autorités européennes. Jeudi, le gouvernement allemand a proposé une mouture qui n’a pas été jugée à la hauteur, même si elle prévoyait la possibilité d’exporter du matériel de protection sous certaines conditions. Vendredi soir, Berlin était encore en train de travailler à la modification de son ordonnance. Selon le journal La Repubblica, samedi, l’Allemagne aurait autorisé l’envoi d’un million de masques et autre matériel de protection dans la péninsule.
    Trois autres pays ont cependant notifié à la Commission leur intention d’interdire l’exportation de matériel de protection médicale : la République tchèque, la Bulgarie et… l’Italie. D’autres, comme la Pologne, l’envisagent également. Face à ce début de réaction en chaîne en contradiction avec les promesses de solidarité formulées par Emmanuel Macron et Angela Merkel, la Commission a donc décidé de réagir. Vendredi, Mme von der Leyen a ainsi regretté que des « Etats membres empêchent les équipements de protection médicale d’arriver jusqu’aux patients et médecins qui en ont besoin, en ces temps où la solidarité est nécessaire ».

    Le 7 mars : Pékin a augmenté ses capacités de production et mène une diplomatie du masque à travers le monde pour redorer son blason.

    Foyer principal de l’épidémie due au coronavirus, la Chine démultiplie ses capacités de production de masques. Malgré les pénuries, elle met désormais un point d’honneur à en redistribuer à travers le monde – au côté souvent de matériel médical et de kits de test du virus. L’Iran, qui avait puisé dans ses stocks pour envoyer un million de masques en Chine début février au point d’en manquer très vite, en a reçu 250 000 de Pékin fin février. La Corée du Sud et le Japon, qui en ont fourni plusieurs millions, en ont reçu en retour des centaines de milliers récemment.

    Outre les donations gouvernementales chinoises, les patrons du privé sont appelés à la rescousse : Jack Ma, le fondateur d’Alibaba, a annoncé, lundi 2 mars, une donation d’un million de masques au Japon et à l’Iran. La presse chinoise a rapporté début mars la distribution, fin février, de masques gratuits dans la rue à Nagoya, au Japon, par des étudiants chinois présents dans le pays dans le cadre d’un échange universitaire.

    Eviter la stigmatisation du pays
    Voici le temps de la « diplomatie du masque », devenu un signe de good will (« bonne volonté »), d’abord en Asie puis dans le reste du monde, après les fortes tensions géopolitiques générées par la propagation du coronavirus.
    Séoul était en plein réchauffement avec Pékin quand le Covid-19 a frappé – ce qui explique que la Corée du Sud n’ait pas imposé de quarantaine aux voyageurs venant de Chine – tout comme le Japon, qui devait accueillir Xi Jinping fin avril pour la première visite d’Etat d’un président chinois depuis 2008, après des années d’animosité. Le voyage a été repoussé.

    Dans les premières semaines de l’épidémie, la Chine s’était indignée de voir certains pays, notamment les Etats-Unis, fermer leurs frontières ou stigmatiser ses ressortissants – jusque des pays « amis » comme la Russie – tout en couvrant de louanges les alliés les plus fidèles, comme le Cambodge.
    « Quand une idéologie, une personne détenant des secrets comme Snowden, un nuage radioactif ou des migrants traversent une frontière entre deux pays, et ce faisant, provoquent des conséquences sur les rapports de pouvoir de part et d’autre, on est face à un facteur géopolitique. C’est le cas du virus, et il entraîne une géopolitique du masque », souligne, depuis Taipei, le sinologue Stéphane Corcuff, de Sciences Po Lyon.

    Les masques sont d’autant plus symboliques pour Pékin que Peter Navarro, le conseiller pour le commerce de Donald Trump, connu pour son hostilité à la Chine, en a fait fin février un enjeu stratégique de la bataille pour la « relocalisation » des industries parties dans l’ex-empire du Milieu : Pékin a « placé des restrictions à l’exportation des masques N95 [la meilleure qualité] » fabriqués en Chine par la société américaine 3M « pour que nous n’en recevions pas, elle a nationalisé nos usines », avait-il déclaré le 26 février sur la chaîne conservatrice Fox News, annonçant le projet de construire de nouvelles lignes de production de masques aux Etats-Unis. Dans un communiqué publié le 5 mars, le ministère chinois du commerce a déclaré « n’avoir jamais placé aucune restriction » à l’exportation de masques fabriqués en Chine.

    « L’usine du monde »
    Depuis quelques jours, les médias officiels chinois consacrent une grande place au boom de la production de masques dans le pays : celui-ci produit désormais 1,66 million de masques N95 par jour – soit cinq fois plus que début février. Il produit chaque jour 110 millions de masques toutes qualités confondues – soit douze fois plus que début février. Un long article sur le site de l’agence de lutte contre la corruption, publié le 3 mars, décrit cette montée en puissance industrielle comme un « code secret chinois », entendre, une « arme secrète ».

    « Le masque est devenu l’objet symbolique de la lutte contre l’épidémie. A travers les donations à l’extérieur, la Chine veut aujourd’hui démontrer que l’usine du monde a toujours d’énormes capacités de production », explique le chercheur en sciences politiques indépendant Chen Daoyin. « Avec l’épidémie, il y a eu beaucoup d’interrogations, en Chine comme à l’étranger, sur le “destin commun de l’humanité” [une antienne de la propagande] promis par la Chine, et aussi sur les risques pour les autres pays de mettre tous leurs œufs dans le même panier en faisant tout produire en Chine. Maintenant que l’épidémie s’est stabilisée en Chine et qu’une deuxième phase est en cours dans le reste du monde, Pékin redouble d’efforts pour reconstituer une image de leadership », poursuit-il.

    Le point d’orgue de ce retour en force d’une Chine volontariste et fière devait être un livre publié par le département de la propagande du Parti communiste, et intitulé Da guo zhan yi, soit « La grande puissance combat l’épidémie ». Les médias officiels ont annoncé sa publication officielle le 26 février – mais sa distribution n’a pas encore eu lieu. « L’annonce de la sortie du livre a généré plein de quolibets sur Internet, ils se sont sans doute dit que c’était prématuré et qu’il y aurait un retour de bâton. Donc ils attendent », explique un observateur des réseaux sociaux chinois, qui préfère garder l’anonymat.

    #Chine #usine_du_monde

    • Depuis quelques jours, les médias officiels chinois consacrent une grande place au boom de la production de masques dans le pays : celui-ci produit désormais 1,66 million de masques N95 par jour – soit cinq fois plus que début février. Il produit chaque jour 110 millions de masques toutes qualités confondues – soit douze fois plus que début février.

      C’est dément ces chiffres. Par jour !

    • Coronavirus : 16 millions de masques destinés à la France bloqués en Chine
      https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/les-infos-de-05h-coronavirus-16-millions-de-masques-destines-a-la-france-bloques

      Deux avions cargos n’ont pas pu décoller de Paris à cause de l’évolution récente des contrôles sanitaires effectués par les autorités chinoises à l’arrivée.
      L’annulation fait suite à l’évolution récente des contrôles sanitaires effectués par les autorités chinoises. Par peur d’une nouvelle vague de contamination, elles testent obligatoirement les pilotes à l’arrivée. Par ailleurs, le 31 mars, un pilote d’Air France a été testé positif et a été placé en quarantaine comme l’expliquait Le Monde.

      Les autorités chinoises sont très tatillonnes et des discussions sont en cours pour tenter de trouver une solution rapide. « On est sur de grosses négociations » explique une source gouvernementale. La solution serait peut être de passer par un autre pays et que Shanghai ne soit finalement qu’une escale.

      Cela éviterait aux pilotes de dormir en Chine et donc d’éviter un test à l’arrivée puisqu’ils resteraient tout simplement dans l’avion avant de repartir en France. Lundi 6 avril, ce sont 16 millions de masques qui devaient donc arrivés en France.

      Il n’y a aucun problème sur la marchandise, elle est actuellement sous haute protection à Shanghai mais il manque l’essentiel : l’avion pour les ramener en France. Chaque semaine, Air France a pourtant prévu 6 rotations entre les deux pays. Les négociations se poursuivent en ce moment pour faire redécoller les avions au plus vite et chargés de millions de masques.

    • l’article du monde en paywall
      https://www.lemonde.fr/international/article/2020/04/04/coronavirus-foire-d-empoigne-mondiale-pour-l-achat-de-masques-chinois_603556
      J’écoutais un texte sur yt qui demandait la levée des paywall des journaux nationaux (grassement subventionnés) en ce moment où l’information est nécessaire à tout le monde.
      Du coup, je dois comprendre par hypothèse que la france envoie des pilotes non testés en chine dont certains sont donc porteur du virus. #pas_de_tests = #pas_de_masques

    • Coronavirus : toute la planète cherche à acheter des masques de protection en Chine, 4 avril 2020

      https://www.lemonde.fr/international/article/2020/04/04/coronavirus-foire-d-empoigne-mondiale-pour-l-achat-de-masques-chinois_603556

      Cette foire d’empoigne se fait dans l’urgence, car chaque pays est confronté à la pénurie et à des opinions publiques abasourdies par le manque d’anticipation.

      L’avion d’une équipe de football américain déchargé de sa cargaison de masques en provenance de Chine, à Boston (Massachusetts), le 2 avril. JIM DAVIS / REUTERS

      C’est la grande cohue aux portes des ­usines chinoises, auprès desquelles toute la planète cherche à se procurer des masques de protection pour freiner la propagation du coronavirus. Dans cette foire d’empoigne se font concurrence les Etats entre eux, mais aussi les collectivités locales et les entreprises. Le tout dans l’urgence, car chacun est confronté à la pénurie et à des opinions publiques abasourdies par le manque d’anticipation de leurs dirigeants, et ce alors que l’essentiel du trafic aérien à destination de la Chine a été supprimé. « Il y a une course aux masques en Chine, il faut être prêt à dégainer tout de suite pour ­réussir à passer une commande », résume Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine.

      Le gouvernement français a lancé ce qu’il compare à un « pont aérien » avec la Chine – des vols cargos payés au prix fort pour importer 600 millions de masques. Ils doivent notamment approvisionner les hôpitaux. Mais les régions conservent la responsabilité de trouver des masques pour les établissements d’hébergement des personnes âgées dépendantes et les soignants à domicile. La Nouvelle-Aquitaine devait réceptionner une commande de 2,6 millions de masques ce week-end, à l’issue d’un parcours du combattant : la cargaison devait d’abord décoller de Shenzhen (sud), grand centre industriel qui jouxte Hongkong. Mais face à l’engorgement du terminal cargo de l’aéroport, elle a été envoyée par camion jusqu’à Shanghaï (est). Là, l’attente s’annonçait si longue que le tout a finalement été convoyé pour un décollage depuis Zhengzhou, 950 km à l’ouest.

      « Course contre la montre »

      L’Ile-de-France a connu pire déconvenue. Lorsque, le 20 mars, le gouvernement lève sa réquisition des masques sur le territoire, Valérie Pécresse, présidente de la région, se précipite car les besoins sont grands. Elle procède à une commande de plusieurs millions de masques auprès d’un fournisseur chinois. Mais très vite, sans nouvelles de la cargaison, la région se rend compte que le stock a été tout simplement vendu à une autre partie, plus offrante. « Nous ne savons même pas qui l’a acheté finalement, on parle d’Américains, mais en réalité, c’est difficile à dire », précise-t-on dans l’entourage de la présidente.

      Cette situation ubuesque est la conséquence d’une demande en flux hypertendu et d’une concurrence impitoyable. Il faut désormais payer rubis sur l’ongle dès l’ordre passé, parce que les producteurs peuvent se permettre de l’exiger, mais aussi en raison du coût de leurs matières premières. « Auparavant, il fallait un premier versement, d’environ 30 %, puis le reste après livraison. La nouveauté, c’est que les usines veulent 100 % comptant à la commande, sinon les autres passent avant », explique Melvin Gerard, consultant dans l’import-export avec la Chine.

      L’Ile-de-France a fait appel aux réseaux de ses entreprises, mais également à la communauté d’origine chinoise afin de trouver un producteur fiable. « Nous nous sommes battus car la recherche de masques est une course contre la montre pour identifier les producteurs et, surtout, faire décoller les cargaisons. Nous avons pu sécuriser une filière d’approvisionnement grâce à la communauté franco-chinoise en Ile-de-France », explique Valérie Pécresse.

      Dans un dépôt stockant des masques, à Marolles (Marne), le 30 mars. Photo fournie par l’armée. THOMAS PAUDELEUX / ECPAD VIA AP

      Les différents chefs d’Etat, Emmanuel Macron en tête, ont beau promettre de réfléchir à terme à cette dépendance à la Chine, dont ils prennent conscience avec la crise sanitaire, la République populaire se révèle plus incontournable que jamais. Dès janvier, alors que le virus faisait ses premiers ravages, sa propre demande et celle de ses voisins asiatiques l’ont poussée à augmenter ses capacités de production : 3 000 nouveaux fabricants se sont lancés sur un marché qui en comptait déjà 4 000. La Chine – qui, l’année dernière, livrait la moitié des masques sur la planète – aurait dopé sa capacité de production à 110 millions d’unités par jour fin février, selon les chiffres officiels, cinq fois plus qu’un mois plus tôt.

      Le constructeur automobile BYD se targue d’avoir lancé en deux semaines la plus grosse ligne de production mondiale, et assure au Monde qu’elle sort désormais 10 millions d’unités par jour. Le géant de l’assemblage des smartphones Foxconn s’est jeté dans la mêlée au même moment. Un producteur de serviettes de protection contre l’incontinence de la province rurale de l’Anhui, U-Play, explique s’être converti aux masques en trente-cinq jours car le gouvernement local peinait à en trouver, confronté à la demande des autres provinces.

      Dans cette bataille, la qualité laisse souvent à désirer. Les Pays-Bas ont rappelé 600 000 masques FFP2 défectueux, réceptionnés le 21 mars d’un fabricant chinois. Mais Pékin est soucieux de son image, et se pose désormais d’autant plus en position de sauveur qu’il a été accusé d’avoir étouffé la révélation, par des médecins de la ville de Wuhan, de l’existence d’un nouveau virus, fin décembre 2019. Depuis mardi 31 mars, les usines du pays ne peuvent plus exporter de matériel médical ou de protection si elles n’ont pas reçu la licence les autorisant à vendre sur le ­marché chinois. Selon une source au ministère français de la santé, aucun problème de qualité n’a été décelé sur les premiers arrivages en France, par deux avions affrétés lundi 30 mars et mercredi 1er avril par la société Geodis, qui ont ramené près de 20 millions de masques.

      L’amertume des pilotes

      L’autre défi est logistique. Outre Geodis, qui doit affréter une quinzaine de vols Antonov pendant ce mois d’avril dans le cadre du « pont aérien » avec la Chine, Air France prévoit six rotations par semaine. Les deux premiers vols de la compagnie française ont eu lieu dimanche 29 mars et mercredi 1er avril, acheminant chacun 80 tonnes de matériels – essentiellement des masques, près de 8 millions au total – à destination de la France. Une grande partie, le 29 mars, a été importée à l’initiative du groupe LVMH. Le prochain vol est prévu le 5 avril. En privé, le président Emmanuel Macron a critiqué la lenteur du ministère de la santé, qui s’est fait prendre de vitesse, pour des raisons administratives, dans la prise en charge des masques sur le terrain, en Chine.

      Les équipages qui participent à ces vols à vide dans le sens de la Chine sont soumis à un protocole sanitaire très strict. C’est dans ce cadre qu’un pilote d’Air France a été retenu sur place, selon nos informations, confirmées par Air France. A la suite d’un test positif au Covid-19, il a été « placé en observation dans un centre médicalisé » chinois le 31 mars, précise la compagnie, qui s’efforce d’obtenir son retour « le plus rapidement possible ».

      Du côté des syndicats de pilotes, une certaine amertume s’exprime en raison de l’écho donné aux vols affrétés par Geodis. « On aimerait que le travail d’Air France soit davantage mis en valeur par le ministère des affaires étrangères, dit une source syndicale. On s’offusque du fait que les vols d’Antonov soient tant évoqués, alors qu’ils sont à un tarif délirant de 1,5 million d’euros pièce. »

      La ruée mondiale sur le matériel de protection chinois est source de vives crispations diplomatiques. Le ministre de l’intérieur du Land de Berlin, Andreas Geisel, a ainsi accusé les Etats-Unis de « piraterie moderne » dans un article de vendredi du Tagesspiegel révélant qu’une cargaison de masques de type FFP2 de la marque américaine 3M, produits en Chine à destination des soignants de la capitale allemande, a été « confisquée » lors d’un transbordement à l’aéroport de Bangkok. L’entreprise du Minnesota résiste à une injonction de l’administration de Donald Trump d’expédier l’intégralité de sa production asiatique vers les Etats-Unis et de cesser de fournir le Canada et l’Amérique latine. Cet ordre, qui aurait des « implications humanitaires importantes », selon l’industriel, suscite l’ire du premier ministre canadien, Justin Trudeau.

      Les Etats américains eux-mêmes se plaignent de voir l’administration fédérale se montrer plus offrante à chaque fois qu’ils tentent de passer une commande aux Etats-Unis. Au point que le gouverneur du Massachusetts, Charlie Baker, a utilisé un avion de l’équipe de football des New England Patriots pour aller chercher une livraison en Chine pour sa région. Cette concurrence américaine nourrit la guerre au plus offrant. Un membre de l’état-major américain, l’amiral John Polowczyk, chargé de l’approvisionnement, a assumé avoir une équipe qui « parcourt le monde » pour prendre tous les équipements nécessaires que les Etats-Unis peuvent récupérer. Il a précisé que six avions-cargos avaient déjà ramené du matériel médical et que 28 autres avions étaient prévus dans les jours à venir. Il parle lui aussi de « pont aérien ».

    • Le 28 mars, je taggais ici même #engraissement_en_vue, ben voila, #Geodis (Mediapart ne relève même pas l’incongruité monstrueuse de ces spéculateurs opportunistes dans son article masques-les-preuves-d-un-mensonge-d-etat) bref, voila donc la preuve que Geodis se gave honteusement.
      J’ai du mal à comprendre qu’avec le fric de dingue qu’avale l’armée, pour une fois qu’elle pouvait servir à quelque chose avec ses avions, ben non, faut passer par des boites privées qui vont dealer avec l’industrie de l’armement russe …

      merci @colporteur pour l’article

      C’est dans ce cadre qu’un pilote d’Air France a été retenu sur place, selon nos informations, confirmées par Air France. A la suite d’un test positif au Covid-19, il a été « placé en observation dans un centre médicalisé » chinois le 31 mars, précise la compagnie, qui s’efforce d’obtenir son retour « le plus rapidement possible ».

      Du côté des syndicats de pilotes, une certaine amertume s’exprime en raison de l’écho donné aux vols affrétés par Geodis. « On aimerait que le travail d’Air France soit davantage mis en valeur par le ministère des affaires étrangères, dit une source syndicale. On s’offusque du fait que les vols d’Antonov soient tant évoqués, alors qu’ils sont à un tarif délirant de 1,5 million d’euros pièce. »

      Donc, des avions russes
      https://geodis.com/fr/newsroom/press-release/geodis-realise-un-pont-aerien-entre-la-chine-et-la-france-pour-acheminer


      Tu peux même lire l’url du site sur l’avion de Geodis …
      http://www.volga-dnepr.com/en
      le President de “Volga-Dnepr Group” est Anatoly Isaikin[1] que tu retrouves donc chez Rosoboronexport
      https://en.wikipedia.org/wiki/Rosoboronexport

      The Rosoboronexport Federal State Unitary Enterprise (FSUE) was set up in 2000 by a Decree of the President of Russia and is charged with implementation of the policy of the State in the area of military-technical cooperation between Russia and foreign countries.

      bisou poutine, bouark

    • L’Antonov 225 est tout simplement (et de loin) le plus gros porteur existant actuellement, il détient un monopole total sur le transport de très gros volume.

      Bon, là, c’est du gros volume, mais parfaitement fractionnable. Si on recourt à lui, c’est que c’est le seul moyen trouvé pour aller vite.

      Je ne suis pas sûr que le tarif soit délirant. L’Antonov transporte 250 tonnes, là où un Airbus A-310 en emmène 36 et un A-330, 70…