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  • Avortement : au tour de la Louisiane de restreindre l’IVG | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/177858/loi-anti-avortement-louisiane-etats-unis-democrates

    Ces derniers mois, les lois visant à restreindre l’avortement se sont multipliées dans le Sud des États-Unis. C’est désormais en Louisiane que la Chambre des représentants vient d’adopter une loi interdisant l’avortement dès lors que les premiers battements du cœur de l’embryon peuvent être repérés. Cela revient à interdire l’IVG au-delà de la sixième semaine de grossesse, moment où les battements de cœur commencent généralement à être décelables.
    Une loi portée par des démocrates

    Adopté à 79 pour et 23 contre dans une Chambre contrôlée par les républicains, le projet de loi a cependant été écrit par un sénateur démocrate et a reçu le soutien du gouverneur John Bel Edwards, autre démocrate candidat à la réélection en cette saison législative. Cette configuration est assez nouvelle, les opposants aux lois restrictives sur l’avortement trouvant habituellement leurs soutiens politiques chez les démocrates, depuis que leur parti avait adopté dans les années 1990 un slogan pour un avortement « sûr, légal et rare ».

    Le gouverneur Edwards a cependant un engagement de longue date contre l’avortement, qui avait déjà été un thème mis en avant dans sa précédente campagne de 2015.

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    C. Denise Marcelle, démocrate membre de la Chambre des représentants a déclaré qu’« il devrait être inadmissible que nous restions assis ici à dicter quoi faire avec le corps d’une femme ».

    Le vote a pourtant eu lieu ce mercredi 29 mai, alors qu’une série d’amendements visant à établir des exceptions en cas de viol ou d’inceste ont été rejetés. Seules les femmes présentant un « risque grave » de santé seraient susceptibles d’être autorisées à avorter au-delà de la détection d’un rythme cardiaque fœtal. Les médecins qui pratiqueraient tout de même des avortements risqueraient deux ans de prison.

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    Vers une contestation du Roe v. Wade ?

    Les détracteurs du droit à l’avortement espèrent que la vague législative de restriction de l’IVG qui a gagné l’Alabama, la Géorgie, le Kentucky, le Mississippi, le Missouri et l’Ohio, permettra de revenir sur le droit constitutionnel à l’avortement entériné par le Roe v. Wade en 1973, en portant l’affaire devant la Cour suprême.

    La loi doit entrer en vigueur en novembre prochain, mais sera contestée par les mouvements de défense des droits civiques.

    Au Mississipi, un juge de la Cour fédérale de district a récemment bloqué une loi similaire qui devait entrer en vigueur au premier juillet, estimant qu’elle « empêchait le libre choix d’une femme, qui est essentiel à la dignité et à l’autonomie d’une personne ». Dans l’Arkansas, le Kentucky, l’Iowa et le Dakota du Nord, l’application ce type de loi a également été empêchée, en dépit de l’avis favorable des gouverneurs.

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    La nomination à la Cour suprême du juge Brett M. Kavanaugh par le président Donald Trump en octobre 2018 a cependant donné une majorité conservatrice à la Cour suprême, ce sur quoi misent les dits « pro-life » pour revenir sur la jurisprudence concernant le droit à l’avortement.

    • Les hommes hétéros des USA doivent se faire vasectomiser pour ne pas participer à cette torture de masse des femmes. Il serait temps de leur faire comprendre que ces lois font de chacun d’eux un bourreau. Si ils persévèrent dans la sexualité fécondante ils sont coupables de barbarie. Les hommes hétéros qui prennent le risque de féconder des femmes dans les pays interdisant l’IVG sont criminels.
      Leurs penis sont des furoncles.
      Ce qui leur sort de la verge c’est du pus.
      Il va falloir que je fasse un dessin là dessus.

    • Je ne voie pas le rapport entre la contraception masculine et l’extermination de masse. Je ne voie pas non plus de virilisme dans ma volonté de pointé le fait que les femmes ne se fécondent pas seules. Mais merci @igor_babou de me comparé à Solanas, c’est toujours agréable de sentir la peur chez l’oppresseur et de constater que j’ai visé juste.

      #mansplanning #fraternité #déni

      A part ca j’ai écrit un début de nouveau sort, j’en ai demandé la traduction à une amie anglophone pour le faire tournée aux USA afin qu’ @igor_babou ne soit pas le seul nécessiteux à bénéficier de mes bienfaits.

      Aux hommes hétéros des USA et des pays qui interdisent l’IVG qui prennent le risque de féconder.

      Il serait temps de comprendre,
      Que ces lois font de vous des bourreaux.
      Elles font de vos bourses des poires d’angoisses,
      De vos verges, des furoncles,
      Et de votre sperme, du pus
      qui pourrit la vie des femmes par le ventre.

      Faites vous vasectomiser, faites vous contracepter
      Prenez vos responsabilités, arrêtez de féconder
      Et allez militer pour l’IVG.

      Car une grossesse non désirée,
      C’est un viol ininterrompu de 9 mois.
      Vous qui prenez le risque d’ensemencer,
      Dans les pays interdisant l’IVG,
      Vous êtes la lie de l’humanité,
      Votre sperme vous pouvez garder.

      Faites vous vasectomiser, faites vous contracepter
      Prenez vos responsabilités, arrêtez de féconder
      Et allez militer pour l’IVG.

      Vous qui acceptez la baise en pays sans IVG,
      Vos enfants en priorité on doit faire passé.
      Car l’interdiction de l’avortement
      C’est le moyen que vous avez trouvé
      Pour nous imposer votre descendance
      Des violeurs et des tortionnaires.

      Faites vous vasectomiser, faites vous contracepter
      Prenez vos responsabilités, arrêtez de féconder
      Et allez militer pour l’IVG.

      Vous êtes plus ignobles que les législateurs,
      Car c’est de vos pénis que vous détruisez
      Celles que vous prétendez aimer.
      A vous de vous mobiliser
      Et de ne plus êtres les déchets putrides
      Que ces lois font automatiquement de vous.

      Faites vous vasectomiser, faites vous contracepter
      Prenez vos responsabilités, arrêtez de féconder
      Et allez militer pour l’IVG.

      Si vous ne voulez pas être confondus
      Avec un canon chargé à l’agent orange
      C’est à vous de lutter contre Trump
      Et de vous en démarquer.
      Les femmes ne se fécondent pas toutes seules,
      Les fauteurs d’IVG c’est vous.

      Faites vous vasectomiser, faites vous contracepter
      Prenez vos responsabilités, arrêtez de féconder
      Et allez militer pour l’IVG.

      #mégèrisme

    • @igor_babou

      Pour ce que j’en comprends, il n’y aucune connotation génocidaire et/ou viriliste dans les propos de @mad_meg. Ils sont plutôt destinés à instiller, chez ceux qui brandissent à tort et à travers leurs attributs fécondants (et par là même oppressifs), le même dégout révolté que ces comportements inspirent à celles qui en pâtissent.

      Les phallus sont des instruments de domination symbolique autant que des armes de guerre bien concrète. C’est peut-être difficile à intégrer lorsqu’on en est porteur, mais l’enjeu mérite largement de refuser une axiologie faussement neutre.

    • Il ne me semble pas avoir lésiné sur les arguments. Toi tu ne fait que me traiter d’idiote et de nazie. Tu peu quitter seenthis si tu es aussi couillon que tu en as l’air et qu’une personne suffit à te privé de toutes les autres. En attendant je vais te bloquer ca fera des vacances à tout le monde et je te laisse avec ton auto-certificat de mec jamais macho parce qu’il a fait un discours pour soutenir une femme excellente à l’institut prout-prout.

    • Oui c’est ce raccourcie qui lui permet de me traiter de genocidaire.

      en tout cas je remercie cet igor de m’avoir confirmé que je suis sur la bonne voie. Tant que l’IVG est un truc de femmes tout va bien et il n’y a aucun homme dans la discussion, mais dès que le moindre effort de responsabilisation est demandé à un homme les masques tombent. Je relève aussi le manque d’humour total du gonze et comme d’habitude il n’as été voire aucun des liens qui lui ont été fournis car le pouvoir divin de ses couilles sacrée lui donnent la science infuse.

    • en écoutant Liogier dans un débat il explique que les hommes utilisent une « stratégie de méconnaissance » qui n’est pas l’ignorance, mais un choix délibéré de ne pas se former ou étudié un sujet.
      C’est à mon avis la stratégie adopté par ces hommes, méconnaitre intentionnellement la contraception.
      https://seenthis.net/messages/784526

      #domination_masculine #stratégie_de_méconnaissance

      Autre technique de domination mise en évidence dans la meme discusion ; la confusion - le hors sujet.
      exemple - sur #me_too parlé de « on ne peu plus séduir » alors que Metoo dénonce les agressions sexuelles et non la séduction. La séduction n’as aucun rapport avec le sujet.
      exemple - sur un appel à la résponsabilisation des personnes en capacité d’en fécondé d’autres dans des pays interdisant IVG, un dominant répond ; massacre de masse, y a des femmes qui veulent pas d’IVG, et #tone_policy
      #stratégie_de_domination

  • Docteur américain échange opioïdes contre argent ou rapport sexuel | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/175977/etats-unis-sante-medecins-opioides-prescriptions-illegales-echange-argent-sexe

    Alors que les États-Unis luttent contre une épidémie sans précédent de prescriptions de médicaments contre la douleur, qui a fait près de 218.000 victimes entre 1999 et 2017, des dizaines de professionnel·les de la santé ont été interpellé·es le 17 avril 2019 pour prescription illégale de plus de trente-deux millions d’analgésiques. Plusieurs médecins sont soupçonnés d’avoir délivré des ordonnances en échange de rapports sexuels ou d’argent.

    Parmi les soixante personnes inculpées figurent notamment trente-et-un médecins, sept pharmaciens et huit infirmières praticiennes. Les accusé·es encourent une peine d’emprisonnement maximale de vingt ans.

    En tout, plus de 350.000 ordonnances illégales ont été rédigées en Alabama, au Kentucky, en Louisiane, en Ohio, en Pennsylvanie, au Tennessee et en Virginie occidentale.

    « C’est l’équivalent d’une dose d’opioïdes pour chaque homme, femme et enfant de la région, a déclaré Brian Benczkowski, procureur général adjoint chargé de la division criminelle du département de la Justice. Si ces professionnels de la santé se comportent comme des trafiquants de drogue, soyez assurés que le département de la Justice va les traiter comme des trafiquants de drogue. »

    À LIRE AUSSI Épidémie d’overdose aux antidouleurs aux États-Unis
    Une dent contre des médicaments

    C’est grâce aux informations de sources confidentielles et d’agent·es infiltré·es dans les centres médicaux de toute la région que l’équipe chargée de l’enquête a pu documenter comment les professionnel·les de la santé abusaient de leur licence pour prescrire ces opioïdes très addictifs en échange d’argent et de sexe.

    Les forces de l’ordre ont découvert que pour passer sous les radars de la justice, des spécialistes n’avaient pas hésité à aller très loin. C’est par exemple le cas d’un médecin du Tennessee, qui avait installé une pharmacie attenante à son cabine en toute illégalité. Après un examen superficiel, sa patientèle n’avait qu’à passer dans la pièce d’à côté pour récupérer directement une ordonnance d’antidouleurs.

    Autre cas rélevé par le bureau du procureur : un dentiste n’acceptait de délivrer des ordonnances d’opioïdes que si ses patient·es le payaient en espèces et acceptaient de se faire arracher une ou plusieurs dents, en guise de couverture.

    Dans l’Alabama, un docteur a même appâté des jeunes femmes et des prostituées en leur proposant de s’approvisionner et de consommer ces antidouleurs à son domicile, en échange de faveurs sexuelles.

    Toujours en Alabama, un médecin exigeait des frais annuels de 600 dollars [environ 530 euros] pour pouvoir figurer sur son listing et bénéficier de prescription d’opioïdes très fortement dosés.

    Aux États-Unis, où les opioïdes tuent désormais plus que les armes à feu, quelque 175 personnes décèdent chaque jour d’une overdose de ces médicaments.

  • Une trottinette partagée a une durée de vie de 28 jours
    https://www.liberation.fr/planete/2019/03/07/une-trottinette-partagee-a-une-duree-de-vie-de-28-jours_1713419

    Aux Etats-Unis, l’usage des véhicules partagés est bien en-dessous du seuil de rentabilité pour leurs opérateurs.

    Selon la newsletter Oversharing qui a analysé les données publiques à Louisville dans le Kentucky, la durée de vie d’une trottinette électrique partagée est de 28 jours. Par ailleurs, sa vitesse moyenne est inférieure à 9 km/h pour des distances parcourues de moins de 3 kilomètres par trajet. En moyenne, une trottinette roule 227 kilomètres avant d’être mise hors (...)

    #trottinette #écologie #marketing

  • Anti-BDS bill passed Senate, but trouble awaits in House
    Some Democrats are convinced the decision to tie the controversial bill together with motions on aid to Israel and Jordan and sanctions on Syria was designed to spark intra-Democratic fighting
    Amir Tibon Washington
    Feb 10, 2019 11:52 PM
    https://www.haaretz.com/us-news/.premium-anti-bds-bill-passed-senate-but-trouble-awaits-in-house-1.6920012

    WASHINGTON – The Senate passed a bill last week that encourages state governments across the U.S. not to sign contracts with supporters of boycotts against Israel and its settlements in the occupied West Bank. The bill has since been introduced in the House of Representatives, but Congressional sources from both parties told Haaretz in recent days they doubt it will pass the House any time soon.

    The bill in question is called the Combating BDS Act. It passed the Senate as part of a “package” of Middle East-related bills after being introduced by Republican Senator Marco Rubio. The other bills in the package deal with non-controversial, consensus issues such as military aid to Israel and Jordan, and sanctions on the Assad regime in Syria.

    Rubio and Senate Republicans added the anti-BDS bill into the package, setting the stage for an intense fight about it on Capitol Hill. The reason is that civil rights organizations such as the American Civil Liberties Union are concerned that the Combating BDS Act is unconstitutional and harms American citizens’ freedom of speech.

    The bill encourages the implementation of local legislation passed in recent years by half of the states in the U.S., putting limits on state governments’ abilities to sign contracts with supporters of boycotts against Israel or the settlements. Two such laws have been frozen by federal courts in Arizona and Kansas, following lawsuits by state contractors who said the laws harmed their freedom of speech. Similar lawsuits have recently been filed in Texas and Arkansas.

    When the package bill came up for a vote last week, 23 senators voted against it, including one Republican, Rand Paul of Kentucky. Many of those who voted against it clarified that if every aspect of the bill had been voted on separately, they probably would have supported the bills on assistance to Israel and Jordan and on sanctioning Assad, and would have only objected to the BDS bill, mainly because of concerns surrounding freedom of speech.

    Such a vote could take place in the Senate, where Republicans hold the majority, but not in the House, according to the Congressional sources who spoke with Haaretz. Democrats are convinced that the entire purpose of the Republican decision to add the anti-BDS bill into the broader Middle East package was to orchestrate an intra-Democratic fight over the issue, and force many Democrats to choose between their position on the free speech criticism of the bill, and their general opposition to BDS.

    The Democratic leadership in the House, which has a majority ever since the midterm elections, will most likely break up the package into a number of separate bills. That will allow the House to approve the non-controversial bills on security aid to Israel and sanctions on Syria, without immediately setting the stage for a new round of internal party tensions on the “constitutional right to boycott” question.

    While the other bills are probably going to see quick and easy approval, the anti-BDS bill could be up for a lengthy period of debate in the relevant House committees. There could also be an amendment process. In the Senate, for example, one Democratic senator, Gary Peters of Michigan, offered an amendment that would make it absolutely clear that the bill only refers to large companies, not to small businesses or sole proprietors. Another amendment offered to distinguish in the bill’s language between Israel proper and the settlements in the occupied West Bank.

    Lara Friedman of the Foundation for Middle East Peace, one of the most vocal opponents of the legislation, told Haaretz last week that Democrats in the House “can see what happened in the Senate and take a good guess that it will be even more controversial” in their chamber. “The only ones who benefit from seeing Democrats fight amongst themselves on this issue are the GOP and folks in the U.S. and Israel who want to see Israel turned into a weapon for partisan gain,” she added.

    AIPAC, the powerful lobby that supports the Israeli government, is urging Congress to pass the legislation. The organization wrote in its monthly publication, the Near East Report, that “Congress should take up and pass the Combating BDS Act as quickly as possible. This important bipartisan bill seeks both to protect states against claims they are preempting federal authority, and to demonstrate Congress’ strong support for state measures consistent with Congress’ historic commitment to oppose boycotts of Israel.”

    #BDS

    • En complément : attaquer Omar, Tlaib et Ocasio-Cortez, par imputation d’antisémitisme, pour explicitement diviser les Démocrates : McCarthy pressures Democrats to rebuke two Muslim lawmakers over alleged anti-Semitism
      https://www.washingtonpost.com/powerpost/mccarthy-gop-challenge-house-democrats-to-denounce-alleged-anti-semitism/2019/02/08/aef28514-2bae-11e9-b2fc-721718903bfc_story.html

      Republicans are focusing their ire at the two Muslim women in Congress, accusing them of anti-Semitism and pressuring Democratic leaders to rebuke the lawmakers as attitudes in the party toward Israel shift from unquestioned support.

      The pressure on Reps. Ilhan Omar (D-Minn.) and Rashida Tlaib (D-Mich.) is part of a larger GOP effort to drive a partisan wedge into the traditionally nonpartisan relationship between the United States and Israel. Republicans are casting themselves as the more resolute defender of Israel, heightening the party’s appeal to traditionally Democratic Jewish voters.

      […]

      Ralph Reed, the head of the Faith and Freedom Coalition and an ally of the Trump White House, said Republicans are working to “change the center of gravity in the American electorate on the issue of Israel.”

      “The leftward drift of the grass roots of the Democrat Party, away from wholehearted and robust support of Israel, means you have people in that party who see Israel through the prism of apartheid and occupation,” he said. “That’s an opportunity for Republicans to say, ‘That’s not how we see Israel.’ ”

      Some Republicans have pointed to a recent phone call between Rep. Alexandria Ocasio-Cortez (D-N.Y.), the high-profile young leader of her party’s hard-left wing, to British lawmaker Jeremy Corbyn, the head of the Labour Party who has come under intense criticism for tolerating anti-Semitism in his ranks.

      (Accessoirement donc : internationalisation de la manipulation anti-Corbyn…)

  • La #grève des #enseignants de #Los_Angeles pourrait faire boule de neige | JOCELYNE ZABLIT | États-Unis
    https://www.lapresse.ca/international/etats-unis/201901/14/01-5211014-la-greve-des-enseignants-de-los-angeles-pourrait-faire-boule-de-

    « Nous voici en ce jour pluvieux, dans l’un des pays les plus #riches du monde, dans l’un des États les plus riches du pays, un État aussi bleu (couleur du parti démocrate) que possible - et dans une ville qui regorge de millionnaires  ! - avec des enseignants obligés de faire la grève pour obtenir le minimum pour nos élèves », s’est exclamé Alex Caputo-Pearl, président du syndicat des enseignants de Los Angeles (UTLA), lors d’une conférence de presse.

    « Nous défendons l’essence même de l’#éducation_publique. La question est la suivante : est-ce que nous affamons nos écoles publiques de proximité pour aboutir à leur #privatisation  ? Ou bien est-ce que nous investissons dans ces écoles, pour nos élèves et pour une ville en plein développement  ? », a-t-il ajouté.

    #éloquence #etats-unis

    • The Rapid Victory of the West Virginia Teacher Strike Shows What Happens When Progressives Join the Fight Against School Privatization | naked capitalism
      https://www.nakedcapitalism.com/2019/03/rapid-victory-west-virginia-teacher-strike-shows-happens-progressiv

      He concedes, however, there are still unresolved issues in how progressives will coalesce on charters elsewhere. His progressive colleagues in states with lots of charters still feel an urge to not totally reject charters because parents whose children attend the schools are often from marginalized communities. And teachers who work in charters are potential targets for labor unions who want to organize the workers.

      But he finds in places such as West Virginia, and neighboring Virginia and Kentucky, where there are very few or no charters, opposition to the schools is about saving public education. Opponents are quick to point to high-profile charter school scandals in Ohioand Pennsylvaniaas examples of what would befall their states. “It’s been 20 years of experimenting,” he says, “and experiments often fail.”

      Frankenberry’s hope is that the solidarity shown by progressive opposition to school privatization in West Virginia can rub off on his colleagues in states where charters are more abundant. “We’re showing that we’re not going to accept these schools,” he says. “Maybe the progressive organizers in places where they already have them can get inspiration from us to rein charters in.”

      Zuckett foresees opposition to charter schools and voucher programs continuing to be more of a point of contention that progressives will push in their policy positions, and not just in West Virginia. “The fight is on,” he says. “Shame on us if it isn’t.”

  • January 10 strike date set for 33,000 Los Angeles teachers - World Socialist Web Site
    https://www.wsws.org/en/articles/2018/12/24/laus-d24.html

    Le gouvernement des États Unis est en train de remplacer l’école publique par des charter schools privées. Les enseignants et parents d’élèves mènent un mouvement de résistance contre le démantèlement de l’institution publique.

    Last week, the United Teachers of Los Angeles (UTLA) announced that it had set a strike date of January 10 for 33,000 teachers after failing to reach an agreement with the district after more than 18 months of negotiations.

    The announcement came a few days after as many as 50,000 educators and their supporters marched in the nation’s second largest school district to demand increased wages, a reduction in class sizes and the hiring of nurses and other critical staff. Teachers in Oakland, Fremont and other California cities are also pressing for strike action as part of the resumption of teachers’ strikes, which saw statewide walkouts earlier this year in West Virginia, Oklahoma, Arizona and other states.

    Virginia teachers plan statewide protest to demand school funding - World Socialist Web Site
    https://www.wsws.org/en/articles/2018/12/24/virg-d24.html

    The teachers’ movement that began last February in West Virginia—spreading to Kentucky, Oklahoma, Arizona, Colorado, North and South Carolina and Washington state—is clearly expanding in the face of the continued assault on public education. Charter school teachers have joined the growing number of walkouts as well, with a recent strike against Acero in Chicago.

    Meeting on Oakland school closure expresses hostility to attacks on public education - World Socialist Web Site
    https://www.wsws.org/en/articles/2018/12/24/oakl-d24.html

    Last Tuesday, over 150 parents, students, educators and community members attended a public meeting to protest the planned closure of Roots International Academy, a middle school that serves low-income youth in East Oakland, California. After listening to district representatives attempt to justify the closure, numerous attendees spoke out forcefully against it and in favor of expanding public education funding and resources.

    Roots is one of 24 public schools in Oakland Unified School District (OUSD) that are slated to be closed or merged with other public schools over the next five years as part of the district’s and state’s savage assault on public education, which includes district budget cuts of $60 million over the next two years. All 24 schools slated for closure or merger are located in the “flatlands” regions of East and West Oakland, where poverty and crime are far more prevalent than in the rest of the city.

    In response to this unprecedented attack on education in Oakland, the city’s working class residents are beginning to mobilize. Among Oakland teachers, who have been working without a contract since July 2017, there is growing sentiment for a statewide teachers strike to unite with Los Angeles teachers, who last week announced that they will begin striking on January 10.

    Two weeks ago, roughly 100 Oakland teachers engaged in a wildcat “sickout” strike, largely out of frustration over the stalled negotiations and lack of initiative from the Oakland Education Association (OEA) teachers union.

    #USA #éducation #privatisation

  • Samuel Little pourrait être le tueur en série le plus meurtrier des #Etats-Unis
    https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2018/11/28/en-avouant-90-meurtres-samuel-little-pourrait-etre-le-tueur-en-serie-le-plus

    Trois perpétuités pour raconter ses crimes à des enquêteurs qui affluent de tout le pays pour l’interroger et qui ont déjà établi son implication dans 27 autres meurtres. Il en a lui-même avoué 40 de plus, portant le nombre de ses victimes à 90. Toutes sont des #femmes. L’homme a « semé » leurs cadavres dans plus de quatorze Etats américains, au fil d’une vie qui a pris la trajectoire d’une longue et mortelle randonnée ; car Little a passé près d’un demi-siècle à tuer.

    D’après le New York Times, qui lui a consacré un portrait, lundi 26 novembre, il pourrait être le tueur en série le plus meurtrier de l’histoire des Etats-Unis, un pays pourtant prolifique en la matière. Mais l’homme aurait pu finir ses jours dans l’anonymat d’un misérable refuge pour sans-abri du Kentucky si deux enquêteurs n’avaient retrouvé sa trace en 2012, grâce à son ADN identifié sur les corps de deux femmes tuées dans la région de Los Angeles dans les années 1990. [...]

    Des femmes dont la mort n’émeut pas les foules

    Comment un #meurtrier_de_masse comme Little a pu échapper si longtemps à la justice de son pays ? Sans doute en grande partie parce que ses victimes étaient des #invisibles, souligne le New York Times. Des femmes de quartiers déshérités, perdues, droguées, dont la disparition ou la mort n’émeut pas les foules et ne mobilise pas toujours la police. Des femmes pour lesquelles personne, aucun proche, ne réclame justice. A ceux qui l’interrogent, il décrit son terrain d’action : une Amérique parallèle, où survivent celles dont l’existence est insignifiante aux yeux des autres et où le tueur peut agir à sa guise.

    Son récit dresse une cartographie souterraine de zones miséreuses ravagées par la pauvreté et la drogue, où les meurtres demeurent souvent irrésolus. C’est le monde où il est né, lui qui a vu le jour dans une #prison, alors que sa mère prostituée était incarcérée. Samuel Little n’a pas de regret. Il révulse par ses crimes et sa conscience tranquille, tout en tendant à son pays un miroir cruel.

    https://www.youtube.com/watch?v=oqbnAFi_cwE

  • Égypte. Obama, ce « laquais » des Frères musulmans – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/11/20/egypte-obama-ce-laquais-des-freres-musulmans
    https://orientxxi.info/local/cache-responsive/cache-360/cd917f1e91dd186847fb03aff7f9932f.jpg?1538648598

    L’administration de Barack Obama s’est divisée face aux bouleversements qui, de manière inattendue, ont menacé l’ordre régional ancien à partir de l’hiver 2011-2012. La secrétaire d’État Hillary Clinton souhaitait soutenir jusqu’au bout le président Hosni Moubarak, alors qu’Obama, très isolé au sein de son gouvernement, pensait le contraire. Mais, au-delà de ces différences, la défense des intérêts américains était le point qui les rassemblait, et la démocratie n’était pas une préoccupation prioritaire. Comme l’explique à l’auteur un haut fonctionnaire du département d’État, « on a penché en faveur d’une transition dirigée par Moubarak. Quand ça n’a pas marché, on s’est prononcé pour Omar Suleiman1, et quand cette idée a été abandonnée, on s’est dit, “d’accord, travaillons avec le Conseil supérieur des forces armées2 ”. » L’objectif étant de garder le contact avec les autorités et surtout avec l’armée égyptienne, garante de la paix avec Israël.

    Que pensait le gouvernement américain des Frères musulmans ? Au printemps 2011, le département d’État ne connaissait personne dans ce qui allait devenir le bloc politique égyptien le plus influent ! Comme le raconte un membre du Conseil de sécurité nationale à l’auteur : « Nous ne savions rien ! Les conseillers de Mme Clinton au département d’État et le personnel du bureau égyptien au Conseil de sécurité nationale ont rédigé un câble demandant officiellement à l’ambassade du Caire d’entrer en contact avec les Frères musulmans. »Mais il fallut encore un mois pour que les diplomates obtempèrent.

    UN DOUBLE PARI DE WASHINGTON
    Ces premiers contacts ne furent pas très fructueux, et nombre de responsables politiques, militaires ou du renseignement américains craignaient l’élection de Mohamed Morsi. Le deuxième tour de l’élection en juin 2012 donna lieu à de virulentes discussions internes, d’autant que le très influent réseau saoudien et émirati à Washington était favorable à son adversaire Ahmed Chafik. « De nombreux membres de l’armée et des services de renseignement américains craignaient la perspective d’un président islamiste en Égypte, relate Kirkpatrick. Mais étant donné la piètre performance des généraux [depuis février 2011], une victoire truquée de Chafik ne semblait garantir qu’un chaos continu. » Il cite Ben Rhodes, un proche conseiller d’Obama qui assistait à une réunion du Conseil de sécurité nationale : « On pouvait voir que beaucoup de gens dans la salle penchaient pour Chafik. Mais même ces gens ne pouvaient pas accepter que nous agissions contre l’autre gars (Morsi) qui avait gagné une élection libre. »

    Le double pari de Washington — en tout cas celui de la Maison Blanche — était que les Frères musulmans, le plus puissant parti et le mieux organisé d’Égypte, pourraient engager les réformes économiques nécessaires et rétablir la stabilité ; le second était que le soutien de facto de Morsi aux accords de paix israélo-égyptiens renforcerait l’influence américaine. Si le second pari a été gagné, le premier a échoué.                                                                

    Un test grandeur nature vint après l’offensive d’Israël contre Gaza et le Hamas en novembre 2012. Obama entra directement en contact avec Morsi et ce dernier lui promit d’amener le Hamas à la table des négociations. Ben Rhodes se souvient : « Les pourparlers de cessez-le-feu étaient dans l’impasse avant que Morsi n’intervienne […] Et il a tenu ses engagements […] Il a respecté sa part du marché […] Il a surpris même les sceptiques. »

    « C’était un test décisif pour Morsi, et il l’a passé avec brio, se souvient Steven Simon du Conseil de sécurité nationale. […] Il était indispensable. » La récompense ne tarda pas, Hillary Clinton en personne se rendit au Caire le 21 novembre pour annoncer le cessez-le-feu et remercier Morsi « pour avoir assumé le leadership qui a longtemps fait de ce pays une pierre angulaire de la stabilité et de la paix dans la région ». Et quand le conseiller de politique étrangère de Morsi, Essam Al-Haddad se rendit à Washington quelques semaines plus tard, il fut surpris d’obtenir une audience impromptue avec le président Obama lui-même. Ces événements eurent une double conséquence : alimenter en Égypte une campagne sur le soi-disant soutien d’Obama aux Frères musulmans ; convaincre Morsi qu’il disposait du soutien de l’administration américaine qui empêcherait toute intervention de l’armée contre lui : la suite allait lui montrer son erreur.

    Car le pouvoir de Morsi, au-delà de sa propre incompétence, de ses erreurs et de son sectarisme, faisait face à une campagne régionale bien organisée, relayée par des cercles influents au sein de l’administration américaine. « En avril 2013, note Kirkpatrick, le réseau satellitaire basé aux Émirats — Sky News Arabia, Al Arabiya en Arabie saoudite et d’autres médias égyptiens liés aux Émirats dénonçaient un prétendu complot américain pour amener les Frères au pouvoir, avec l’ambassadrice Patterson comme chef de file […] [Ils] étaient pleins d’accusations selon lesquelles elle était un “laquais” des Frères, une “vieille sorcière” ou un “ogre”[…] Ils affirmaient que l’ambassadrice avait fait pression sur le gouvernement égyptien pour truquer l’élection présidentielle. » Le tout étant le résultat d’un « grand complot », au profit… d’Israël ! Comme le rappelle Rhodes à l’auteur, « les alliés des États-Unis ont financé une campagne de dénigrement contre l’ambassadrice des États-Unis dans un pays qui est l’un des plus grands bénéficiaires de l’aide des États-Unis pour renverser le gouvernement démocratiquement élu de ce pays ».

    PAS DE DIFFÉRENCE ENTRE AL-QAIDA ET LES FRÈRES MUSULMANS
    Mais cette campagne n’aurait pas eu un tel impact si elle n’avait pas disposé de relais influents à Washington, si elle n’avait pas été alimentée par les activités des ambassades saoudienne et émiratie. Au Pentagone, nombre de responsables ne cachaient pas leur haine de tout ce qui est musulman. Le général James Mattis, chef du Central Command, responsable de toutes les opérations au Proche-Orient, en Asie centrale et du Sud-Est (il deviendra secrétaire d’État à la défense du président Donald Trump) pensait que les Frères musulmans et Al-Qaida représentaient plus ou moins le même courant. Et Michael Flynn, directeur de l’agence du renseignement de la défense (DIA), qualifiait l’islam de « cancer » et avait développé des relations étroites avec celui qui n’était encore que le ministre de la défense, le général Abdel Fattah Al-Sissi. Flynn fut limogé par Obama en août 2014 et sera, brièvement, conseiller national à la sécurité de Trump.

    Comme le note l’auteur, « les divisions au sein du gouvernement américain devenaient évidentes pour les diplomates et les militaires de la région. Obama et une partie de la Maison-Blanche espéraient que Morsi réussirait ; beaucoup au Pentagone, comme Mattis et Flynn, étaient d’accord avec leurs homologues égyptiens et émiratis que Morsi était un danger. La schizophrénie américaine était si visible que les généraux égyptiens s’en sont plaints auprès de leurs contacts au Pentagone ». Et ils ont compris qu’ils pourraient agir contre le pouvoir élu sans représailles américaines.

    En janvier 2013, Obama nomme Chuck Hagel, un sénateur républicain, au secrétariat d’État à la défense. Celui-ci se rend en Égypte avec comme instructions de prévenir Sissi que tout coup d’État provoquerait l’arrêt de l’aide militaire américaine. Mais, à la fois du fait de ses convictions, et des pressions saoudiennes, émiraties et israéliennes, Hagel n’en fit rien, si l’on en croit Kirkpatrick.

    Dès le printemps 2013, l’ensemble des organisations de renseignement américaines informèrent Washington qu’un coup d’État était en préparation, « mais personne au Pentagone, au département d’État, à la Maison Blanche ne dit à Sissi de s’arrêter ni n’expliqua à Morsi que Sissi s’était retourné contre lui »(étonnamment, presque jusqu’au bout Morsi fit confiance à son ministre de la défense).

    ISRAËL AVEC LES PUTSCHISTES
    Le 3 juillet 2013, l’armée égyptienne franchissait le Rubicon et Morsi était mis sous les verrous. Le lendemain, Obama convoquait une réunion du Conseil national de sécurité. À la surprise de ses conseillers, le président refusa de qualifier les événements de « coup d’État », ce qui aurait entraîné ipso facto la suspension de l’aide militaire américaine. John Kerry, secrétaire d’État depuis décembre 2012, abonda dans son sens. Il expliquera plus tard à l’auteur que « Sissi s’était incliné devant la volonté populaire et agissait pour sauver l’Égypte. Les généraux affirmaient qu’ils avaient destitué Morsi pour éviter une implosion et établir la primauté du droit, et non dans le but de gouverner. Ils prétendaient qu’ils allaient adopter une feuille de route permettant le recours aux élections ».

    Israël joua un rôle non négligeable dans ces choix, comme l’explique Hagel à Kirkpatrick : « (Les Israéliens) me disaient, c’est notre sécurité et [Sissi] garantit la meilleure relation que nous ayons jamais eue avec les Égyptiens. Et ils intervenaient auprès du Congrès ». Le sénateur Rand Paul, républicain du Kentucky, avait présenté un projet de loi visant à mettre fin à l’aide militaire à l’Égypte en raison du coup d’État. L’American Israel Public Affairs Committee — plus connu sous l’acronyme AIPAC — écrivit à tous les sénateurs en faisant valoir que toute réduction de l’aide « pourrait accroître l’instabilité en Égypte, miner d’importants intérêts américains et avoir un impact négatif sur notre allié israélien ». Le Sénat vota par 86 voix contre 13 la poursuite de l’aide.

    Cet appui d’Israël et du lobby pro-israélien au régime égyptien confirmait la fragilité et la dépendance du président Siss, malgré ses rodomontades ultra nationalistes, et diminuait le poids que pouvait avoir l’Égypte pour trouver une solution au conflit israélo-palestinien. Comme le rapporte l’auteur, « le 21 février 2016, le secrétaire d’État Kerry a convoqué un sommet secret à Aqaba, en Jordanie, avec Sissi, le roi Abdallah de Jordanie et le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou. Une partie de l’ordre du jour était un accord régional pour que l’Égypte garantisse la sécurité d’Israël dans le cadre de la création d’un État palestinien. Nétanyahou tourna la proposition en ridicule. Qu’est-ce que Sissi pouvait offrir à Israël ? s’interrogea-t-il, selon deux Américains impliqués dans les pourparlers. Sissi dépendait d’Israël pour contrôler son propre territoire, pour sa propre survie. Sissi avait besoin de Nétanyahou ; Nétanyahou n’avait pas besoin de Sissi. » Nétanyahou savait que, loin d’apporter une solution au « terrorisme », le coup d’État du 3 juillet 2013 avait marqué le début d’une insurrection dans le Sinaï, sous la direction d’un groupe qui rallia en 2015 l’organisation de l’État islamique (OEI) ; l’armée égyptienne était incapable de la juguler et Israël dut intervenir plusieurs fois militairement pour aider les militaires égyptiens. On était loin des rodomontades ultranationalistes du Caire.

    Il fallut le massacre de près d’un millier de civils à Rabaa au mois d’août 2013 pour que les États-Unis réagissent. D’abord en reportant les manœuvres militaires conjointes américano-égyptiennes, ensuite, au mois d’octobre, en suspendant l’aide militaire de 1,3 milliard de dollars (1,58 milliards d’euros). Mais il était trop tard, d’autant que de puissantes forces se faisaient entendre à Washington contre ces orientations : le Pentagone ne désignait plus les conseillers du président que comme « les djihadistes de la Maison Blanche » ou « le caucus des Frères musulmans ». Rapidement, Obama rétablit l’aide militaire. Washington tirait un trait sur la démocratie en Égypte.

    Du livre se dégage le portrait finalement peu flatteur d’un président Obama velléitaire, incapable d’imposer ses choix à sa propre administration, et pour qui la démocratie n’est sûrement pas une composante majeure de la politique étrangère des États-Unis. Avec des conséquences graves. Comme l’explique Mohamad Soltan, un Égypto-Américain membre des Frères emprisonné par la junte avant d’être expulsé vers les États-Unis : « La seule chose qu’ont en commun tous ceux qui sont en prison — les gars de l’État islamique, les Frères musulmans, les libéraux, les gardes, les officiers — c’est qu’ils haïssent tous l’Amérique. » On se demande pourquoi…         

    ALAIN GRESH

  • Une « soupe verte » pour fabriquer les antipaludiques

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/03/25/une-soupe-verte-pour-fabriquer-les-antipaludiques_5276195_1650684.html

    Des chercheurs allemands ont découvert une nouvelle manière de fabriquer le principal principe actif contre le paludisme, l’artémisinine, sans produits chimiques mais en utilisant la chlorophylle.

    Dans la lutte contre le ­paludisme (plus de 400 000 morts et 210 millions de cas par an), un progrès vient d’être publié dans la ­revue Angewandte Chemie du 21 février. Les chercheurs allemands des Instituts Max Planck à Postdam et Magdebourg et de l’Université libre de Berlin n’ont pas découvert une nouvelle molécule, mais une nouvelle manière de fabriquer le principal principe actif contre cette maladie, l’artémisinine. Cette molécule extraite des feuilles d’armoise (Artemisia annua) a été découverte en 1972 par l’équipe de la Chinoise Youyou Tu, récompensée par un prix ­Nobel en 2015.

    Les moins de 200 tonnes pro­duites annuellement proviennent principalement toujours d’extraction des feuilles, qui contiennent environ 1 % d’artémisinine, même si des méthodes industrielles de synthèse existent. Ces dernières consistent le plus souvent à utiliser des bactéries génétiquement modifiées pour, qu’après fermentation, un précurseur de l’artémisinine, l’acide artémisinique (AA), soit obtenu. Ce dernier subit ­ensuite une transformation photocatalytique, c’est-à-dire utilisant de la lumière et un catalyseur, pour arriver au produit désiré.

    Coût important

    « Même l’extraction coûte cher. En outre, la demande augmente et il existe beaucoup de contrefaçons. Il est donc intéressant de continuer à améliorer les procédés de ­synthèse », explique Peter Seeberger, l’un des auteurs de l’étude d’Angewandte Chemie. Ce dernier, avec son collègue et cosignataire Andreas Seidel-Morgenstern, a reçu en 2015 le prix international Humanité dans les sciences pour leurs travaux dans ce domaine. En 2012, ils avaient en effet déjà montré comment accélérer et abaisser les prix de la transformation de l’intermédiaire AA en artémisinine. Leur système utilisait un circuit continu au lieu d’un ­fermenteur de gros volume, ce qui accélère le processus, permet à la lumière d’être plus efficace et évite les coûts de nettoyage des cuves.

    Cette fois, ces chimistes se passent du AA et utilisent directement comme matière première l’armoise. Mieux, comme l’indique le titre de leur article, le procédé est « littéralement vert », puisque le photocatalyseur, d’habitude artificiel, est ici tout simplement la chlorophylle, évidemment déjà présente dans les feuilles. « Les chimistes pensent en général qu’il vaut mieux utiliser des produits purs. Or là, nous partons d’une “soupe verte” et à notre grande surprise, ça a marché », constate Peter Seeberger. En une dizaine de minutes, à basse température, sous des diodes électroluminescentes, les réactions chimiques sont terminées et les rendements sont aussi bons que par les autres méthodes.

    « Approche intéressante »

    « C’est vraiment une approche ­intéressante qui se passe de produits chimiques. C’est dingue que personne n’ait pensé avant à utiliser la chlorophylle », indique Oliver Kappe, professeur à l’université de Graz, en Autriche. « L’idée vient de l’étudiante en thèse Susann ­Triemer, explique Kerry Gilmore, autre cosignataire. Elle voulait améliorer le procédé précédent et a réalisé que le photocatalyseur avait une structure chimique proche de la chlorophylle. »« Nous avons été surpris de réaliser que personne n’avait pensé à cela depuis les années 1950 », précise Peter Seeberger, qui envisage de tester ce pigment dans d’autres processus.

    L’équipe, qui avait déjà créé l’entreprise Artemiflow pour valoriser ses précédentes idées, vient de signer un accord de collaboration entre cette société et le centre de recherche et développement de Kentucky Tobacco, qui remplacera certains plants de tabac par de l’armoise. Cela permettra de vérifier que les coûts sont vraiment réduits. Pour l’instant, les techniques pour extraire l’artémisinine de cette « soupe verte » n’ont pas été publiées.

    « Il est important de ne pas abandonner les procédés d’extraction à partir des végétaux car ils font vivre des populations. Mais la chimie doit quand même être développée afin de pallier les aléas climatiques et aussi de permettre de développer des molécules proches de l’artémisinine, pour notamment éviter l’apparition d’une résistance au traitement », rappelle Janine Cossy, professeure de chimie à l’ESPCI Paris.

    Preuve du regain d’intérêt pour ces synthèses, dans les prochains jours, la Fondation Bill et Melinda Gates devrait annoncer quelles équipes sont lauréates de son ­appel à idées sur cette thématique lancée en 2017 et doté de 4,5 millions de dollars.

  • https://www.franceculture.fr/emissions/le-choix-de-la-redaction/le-choix-de-la-redaction-du-jeudi-22-fevrier-2018

    Le droit à l’avortement est menacé dans le #Kentucky, aux Etats-Unis. Devant la dernière clinique de l’Etat à pratiquer les #IVG, les manifestants pro-vie arrêtent les jeunes femmes et tentent de les dissuader et les intimident. Reportage de Grégory Phillips.

    http://kentucky.gov/Pages/Activity-stream.aspx?n=KentuckyGovernor&prId=264

    “We have a chance to lead this nation from a moral and spiritual perspective that is desperately needed,” said Gov. Bevin. “We must continue to fight this scourge that is the taking of innocent life. It’s worth it, America is worth it, and Kentucky is going to lead the way.”

    http://kentucky.gov/Pages/home.aspx
    #anti-IVG #contraception

  • In 1907, Indiana became the first state to pass a law permitting the sterilization of “confirmed criminals, idiots, imbeciles and rapists.” The Ishmaels were invoked in the drafting of the legislation, under which over 2,300 people were sterilized.

    Meet the Ishmaels, America’s ‘worst’ family
    Eugenicists studied this band of ‘paupers, beggars and thieves, criminals, prostitutes, wanderers.’

    https://timeline.com/ishmaels-americas-worst-family-1bacd94969b5

    The 1933 Chicago World’s Fair was christened “A Century of Progress.” A lot had changed since the first world’s fair in 1893: zeppelins soared, Ford’s assembly line had brought automobiles to the masses, and pre-fabricated homes were the wave of the future.

    And eugenics was now considered by many to be a legitimate science. As such, it received its own exhibit at the fair. One panel in the eugenics exhibit showed the genealogy of the best family in America: the Roosevelts. Juxtaposed to that was another panel, showing the genealogy of the worst family in America: the Ishmaels.

    “Among certain charity workers and eugenicists at the time,” says Nathaniel Deutsch, a history professor at UC Santa Cruz and author of Inventing America’s “Worst” Family, “any poor white Upland Southerner living in or around Indianapolis could just be called an Ishmaelite or a member of the Tribe of Ishmael as a way of stigmatizing them.”

    By the 1930s, the term “Tribe of Ishmael” had come to designate thousands of people who were not all part of the biological same family — though eugenicists sought to prove hereditary connections between them. They were “a group of degenerates found in Indiana, Kentucky, Ohio, Illinois, Missouri and Iowa,” claimed a leaflet from roughly 1921, which tallied 10,000 so-called Ishmaelites. They were “paupers, beggars and thieves, criminals, prostitutes, wanderers.” The leaflet conceded that “some have become good citizens,” but “the great majority are still mating like to like and producing unsocial offspring.”

  • Sur la route mortelle des opioïdes - Libération
    http://www.liberation.fr/planete/2017/06/25/sur-la-route-mortelle-des-opioides_1579449

    L’addiction de Mary Kathryn a débuté en 1997. Un violent accident de voiture. De lancinantes douleurs au dos. Et un médecin qui lui prescrit de l’Oxycontin, puissant analgésique dérivé de l’opium. Un an plus tôt, ce médicament a été introduit aux Etats-Unis par le laboratoire Purdue Pharma, qui en assure une promotion marketing agressive auprès des docteurs et pharmaciens. Les arguments sont rodés : l’Oxycontin serait un opiacé sûr, capable de soulager des douleurs sévères sans générer d’addiction. La réalité se révèle bien différente. Le cercle infernal est enclenché : on estime qu’au moins 2 millions d’Américains sont accrocs aux opiacés, qui ont tué plus de 300 000 personnes en quinze ans.

    « En quelques mois, Mary Kathryn est devenue dépendante », résume Kay Mullins

    Pour se procurer les pilules dont elle avait besoin, Mary Kathryn a écumé les cabinets médicaux et pharmacies sans scrupules de la région, roulant parfois près de deux heures pour se procurer ici une ordonnance, là une boîte de médicaments. « Le dernier docteur qui l’a reçue était néphrologue ! Il lui a prescrit du Xanax et de l’oxycodone, deux médicaments que vous n’êtes pas censé associer car cela peut vous tuer. Elle l’a vu le lundi. Le mercredi, elle était partie », se désole Kay.

    C’était le 29 septembre 2008. Pour ne jamais oublier cette date, Chelsea l’a fait tatouer récemment sur l’intérieur de son poignet gauche. Précédé de ces quelques mots : « I once was lost » (« Jadis, j’étais perdue »). Depuis ce jour, elle n’a jamais retouché à la drogue. « Cela fait neuf ans que je suis sobre et cela se passe bien. Je ne dis pas que je n’ai pas pensé par moments à replonger. Vous savez, les drogués recherchent la satisfaction immédiate. Se désintoxiquer n’apporte pas de satisfaction immédiate. C’est beaucoup de travail », confie-t-elle. Un travail qui est devenu le sien : après des études de psychologie et de travail social, Chelsea est aujourd’hui thérapeute dans un centre de traitement des addictions à Logan.

    Une étudiante de 21 ans au volant de sa voiture accidentée. Un père de 47 ans et son fils de 26 ans sur le sol de leur salle de bain. Trois amies de 23, 27 et 32 ans dans un jardin. Un homme de 59 ans dans un buisson. Un couple de quadragénaires dans les toilettes d’une station-essence. Le 15 août 2016, ces neuf personnes - et près d’une vingtaine d’autres - ont fait une overdose à Huntington, deuxième ville de Virginie-Occidentale. Vingt-six overdoses en à peine quatre heures. Un traumatisme pour la ville et ses services de secours. « C’est comme si l’enfer s’était déchaîné », dira plus tard Steve Williams, le maire de Huntington, 50 000 habitants. Comme un miracle au milieu de cet enfer, toutes les victimes ont pu être sauvées, la plupart grâce au Narcan, médicament antidote à base de naloxone, administré par intraveineuse ou par voie nasale et qui annule les effets des opiacés.

    Ce jour-là, toutes les victimes avaient consommé la même héroïne frelatée. Face aux contrôles accrus imposés aux médecins et aux pharmaciens, se procurer des opiacés sur ordonnance s’avère de plus en plus complexe. Les toxicomanes se tournent alors vers des médicaments contrefaits ou, de plus en plus fréquemment, vers l’héroïne, bien moins chère mais aussi beaucoup plus dangereuse. Entre 2014 et 2015, les overdoses mortelles d’héroïne ont ainsi bondi de plus de 20 % aux Etats-Unis. Car la drogue, principalement importée par les cartels mexicains, est souvent mélangée avec d’autres molécules, dont le fentanyl. Trois grains de sable de cet opiacé synthétique, cent fois plus puissant que la morphine, constituent une dose mortelle.

    Selon les statistiques du Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC), plus de 33 000 Américains ont succombé à une overdose d’opiacés en 2015, quatre fois plus qu’en 1999. Avec un taux d’overdoses mortelles de 41,5 pour 100 000 habitants, la Virginie-Occidentale était de loin l’Etat le plus touché, devant le New Hampshire et le Kentucky. Une enquête récente du journal local, le Charleston Gazette-Mail, récompensé au printemps d’un prix Pulitzer, a montré que 780 millions de pilules d’opiacés (oxycodone et hydrocodone) ont été écoulées en Virginie-Occidentale entre 2007 et 2012. Et les chiffres de 2016 indiquent qu’en dépit de la prise de conscience, l’épidémie n’a pas encore atteint son pic. L’an dernier, 818 personnes sont mortes d’une overdose en Virginie-Occidentale - 13 % de plus qu’en 2015.

    Au milieu de cette marée de statistiques, un chiffre stupéfie plus que tout autre : un bébé sur cinq né l’an dernier dans le principal hôpital d’Huntington a été exposé à la drogue au cours de la grossesse. La moitié d’entre eux, soit environ 9 % des nouveaux-nés, ont hérité de l’addiction de leur mère aux opiacés. On les appelle familièrement les « heroin babies », victimes les plus jeunes - et les plus vulnérables - de cette épidémie ravageuse. « Ils souffrent de tremblements très rapides et incontrôlés, d’un sommeil très agité, de crampes, de diarrhées. Ils pleurent de manière effrénée, ont du mal à s’alimenter et à réguler leur température », décrit le néonatalogiste Sean Loudin.

    #Opioides #USA

    • Take a Valium, Lose Your Kid, Go to Jail.
      https://www.propublica.org/article/when-the-womb-is-a-crime-scene

      For this story, ProPublica and AL.com filed multiple public information requests to identify the more than 1,800 women arrested under the chemical endangerment law, then sifted through court records to find the cases related to pregnancy. The data showed that at least 479 new and expecting mothers have been prosecuted across Alabama since 2006, or more than three times the number previously identified. Many others have been investigated in the chemical-endangerment version of stop-and-frisk, their lives turned upside down by an intrusive — and women’s advocates say, unconstitutional — dragnet of drug testing without their knowledge or, sometimes, their explicit consent. The goal of the law is to protect children by removing them from unsafe settings and mothers too impaired and unstable to provide proper care. Prosecutors contend the law has been the impetus for hundreds of women to get treatment and restart their lives, with prison as the price for those who choose not to or who fail.

      Yet there’s nothing in the statute to distinguish between an addict who puts her baby at grave risk and a stressed-out single mom who takes a harmless dose of a friend’s anti-anxiety medication. There are no standards for law enforcement officials or judges to follow: Is the presence of drugs in the mother’s body cause for charges if the baby tests clean? What test results are appropriate for medical providers to report and when? Should a mother face charges even when she was using a prescription drug under a doctor’s supervision? Local prosecutors and courts have wide discretion.

      How Some Alabama Hospitals Quietly Drug Test New Mothers — Without Their Consent
      https://www.propublica.org/article/how-some-alabama-hospitals-drug-test-new-mothers-without-their-consent

      In Alabama, a positive drug test can have dire repercussions for pregnant women and new mothers. Their newborns can be taken from them. They can lose custody of their other children. They can face lengthy sentences in the most notorious women’s prison in the United States and thousands of dollars in fees and fines.

      Yet the hospitals that administer those drug tests — and turn the results over to authorities — are exceedingly reluctant to disclose their policies to the public. In many cases, they test mothers and babies without explicit consent and without warning about the potential consequences, ProPublica and AL.com have found.

  • Sur la route mortelle des opioïdes - Libération
    http://www.liberation.fr/planete/2017/06/25/sur-la-route-mortelle-des-opioides_1579449

    Aux Etats-Unis, l’addiction aux psychotropes de synthèse fait des ravages, avec la complicité de labos et médecins sans scrupules. Reportage en Virginie-Occidentale.

    La première chose qui frappe, ce sont ses yeux. Vert foncé, surmontés de fard à paupière rose. Pétillants et espiègles sans doute à l’adolescence, mais aujourd’hui empreints d’une profonde lassitude. Comme recouverts d’un voile cotonneux. A lui seul, le regard de Tiffany Vincent trahit une vie d’excès. Son épais maquillage ne gomme pas la dureté des traits de cette femme de 33 ans passée par toutes les drogues ou presque. Et brisée à la fois par l’addiction et le deuil. A l’étage de la modeste maison où elle nous reçoit, dans la petite ville morose de Madison, en Virginie-Occidentale, Tiffany a retrouvé le corps sans vie de sa mère, Mary Kathryn, décédée d’une overdose à l’âge de 50 ans. C’était le 23 décembre 2015, deux jours avant un Noël qui devait être le premier en famille depuis trois ans. « Elle avait acheté des cadeaux pour tout le monde. Elle était si excitée, si heureuse, comme une enfant », se souvient Tiffany, les larmes aux yeux.

    L’addiction de Mary Kathryn a débuté en 1997. Un violent accident de voiture. De lancinantes douleurs au dos. Et un médecin qui lui prescrit de l’Oxycontin, puissant analgésique dérivé de l’opium. Un an plus tôt, ce médicament a été introduit aux Etats-Unis par le laboratoire Purdue Pharma, qui en assure une promotion marketing agressive auprès des docteurs et pharmaciens. Les arguments sont rodés : l’Oxycontin serait un opiacé sûr, capable de soulager des douleurs sévères sans générer d’addiction. La réalité se révèle bien différente. Le cercle infernal est enclenché : on estime qu’au moins 2 millions d’Américains sont accrocs aux opiacés, qui ont tué plus de 300 000 personnes en quinze ans.

    « En quelques mois, Mary Kathryn est devenue dépendante », résume Kay Mullins, la mère de la défunte, et grand-mère de Tiffany. Pendant près de deux décennies, cette mère courage qui, à 70 ans, travaille encore chez un fleuriste de Madison pour faire vivre la famille - Tiffany et ses deux fillettes habitent chez elle - a tenté d’aider sa fille à s’en sortir. A plusieurs reprises, elle l’a envoyée dans de rares et coûteuses cliniques de désintoxication. Sans succès. Pour se procurer les pilules dont elle avait besoin, Mary Kathryn a écumé les cabinets médicaux et pharmacies sans scrupules de la région, roulant parfois près de deux heures pour se procurer ici une ordonnance, là une boîte de médicaments. « Le dernier docteur qui l’a reçue était néphrologue ! Il lui a prescrit du Xanax et de l’oxycodone, deux médicaments que vous n’êtes pas censé associer car cela peut vous tuer. Elle l’a vu le lundi. Le mercredi, elle était partie », se désole Kay.

    Ordonnances

    Après les funérailles de sa fille, la septuagénaire à la voix douce et au regard affable a décroché son téléphone pour appeler le cabinet du néphrologue. A la secrétaire, elle se souvient simplement d’avoir dit que Mary Kathryn ne reviendrait pas pour son prochain rendez-vous, prévu quelques jours plus tard. Si le médecin en question n’a pas été inquiété, d’autres ont en revanche été contraints de fermer boutique. Certains ont été poursuivis en justice. A l’image de Michael Kostenko, qui délivrait des ordonnances à la chaîne dans une clinique au milieu de la forêt, où il animait officiellement des groupes de parole fondés sur la spiritualité. Tiffany, qui y a accompagné sa mère, se souvient : « Les gens passaient la nuit devant le bâtiment pour pouvoir entrer. Il y avait 40 personnes dans une salle. Le docteur te disait que Dieu était le seul à pouvoir soulager ta douleur. Puis il te donnait ta prescription. »

    L’an dernier, le docteur Kostenko a été arrêté et inculpé pour avoir fourni de l’oxycodone sans raisons médicales à de nombreux patients, dont au moins deux ont succombé à une overdose. Le dossier constitué par le procureur donne le tournis. En une seule journée, en décembre 2013, ce médecin aurait par exemple signé 375 ordonnances pour 271 patients, sans en avoir vu un seul. Soit plus de 22 000 pilules d’oxycodone prescrites en échange de plus de 20 000 dollars (18 000 euros) en espèces.

    Le 25 avril, Michael Kostenko a plaidé coupable devant un tribunal fédéral. Il encourt jusqu’à vingt ans de prison et un million de dollars d’amende. Sa peine sera prononcée le 23 août. Certains de ses patients ont déjà écopé, bien malgré eux, de la peine capitale. Mi-juin, pas moins de 47 personnes ont été arrêtées dans l’Etat pour avoir écoulé illicitement de l’oxycodone.

    A une cinquantaine de kilomètres au sud de Madison, Logan symbolise le déclin économique de la Virginie-Occidentale, berceau sinistré de l’industrie du charbon. Dans cette région reculée, à l’ombre des Appalaches, des milliers d’emplois ont disparu dans les mines. Laissant derrière eux une génération de chômeurs en proie à des douleurs physiques et des traumatismes mentaux. Un terreau parfait pour l’épidémie d’opiacés qui, contrairement à celle de crack dans les années 80, touche davantage l’Amérique blanche et rurale.

    Si les experts notent une corrélation entre chômage et consommation de drogue, le fléau n’épargne aucun milieu social. Chelsea Carter peut en témoigner. « J’ai grandi dans une belle maison. Mon père était le maire. Nous allions à l’église deux fois par semaine, le mercredi et le vendredi », raconte cette femme de 30 ans, blonde aux yeux bleus et à la taille de guêpe. Quand on l’entend raconter son passé de « gymnaste et pom-pom girl au collège », on ne peut s’empêcher de penser à l’adolescente qui fait tourner la tête de Kevin Spacey dans American Beauty. A 12 ans pourtant, l’ado modèle déraille au contact de l’une de ses amies qui lui raconte comment, le week-end, elle « se défonce » avec son père dealer. Chelsea essaie l’alcool puis l’herbe. Suivront pilules antidouleur, cocaïne, méthamphétamine et ecstasy. Le tout avant l’âge de 15 ans.

    « Les opiacés étaient vraiment ma drogue préférée », se souvient-elle. La mort rapprochée de sa grand-mère et d’un ami (d’une overdose) la font basculer. Sa rencontre, à 19 ans, avec un dealer de deux fois son âge l’entraîne vers le fond. Ils entament une relation « drug fueled » (« alimentée par la drogue ») : « A l’époque, je consommais jusqu’à 10 pilules d’oxycodone par jour. Chacune coûtait 100 dollars au marché noir. Je faisais à mon dealer tout ce qu’il voulait et en échange, j’obtenais la drogue dont j’avais besoin. » Chelsea finit par rompre cette relation toxique. Mais pour financer sa consommation, elle monte une bande de cambrioleurs. L’arrestation du gang fait la une du journal local. Condamnée, elle échappe à la prison en échange d’une cure de désintoxication et de contrôles réguliers. Elle replonge presque aussitôt. « J’ai échoué à un test antidrogue. Ils m’ont mis les menottes, une combinaison orange et m’ont conduite en prison. Il n’y a pas d’endroit plus humiliant sur Terre », dit-elle d’un accent traînant.

    « Un fléau familial »

    C’était le 29 septembre 2008. Pour ne jamais oublier cette date, Chelsea l’a fait tatouer récemment sur l’intérieur de son poignet gauche. Précédé de ces quelques mots : « I once was lost » (« Jadis, j’étais perdue »). Depuis ce jour, elle n’a jamais retouché à la drogue. « Cela fait neuf ans que je suis sobre et cela se passe bien. Je ne dis pas que je n’ai pas pensé par moments à replonger. Vous savez, les drogués recherchent la satisfaction immédiate. Se désintoxiquer n’apporte pas de satisfaction immédiate. C’est beaucoup de travail », confie-t-elle. Un travail qui est devenu le sien : après des études de psychologie et de travail social, Chelsea est aujourd’hui thérapeute dans un centre de traitement des addictions à Logan.

    Dans son bureau épuré, la trentenaire à la longue chevelure soignée a accroché quelques cadres « feel good » : « Dreams come true », « Love is all you need », « Follow your heart ». Il y a aussi, dans un coin, une copie de son mugshot - la photo méconnaissable prise par la police le jour de son arrestation - et quelques coupures de presse sur son parcours. Rare exemple de désintoxication et de reconversion réussie, Chelsea tâche de transmettre un message d’espoir aux centaines de toxicomanes qu’elle suit. Tout en constatant à la fois l’ampleur de la crise et le manque de moyens : « Tous les jours, je reçois des gens dont la mère, le fils, le père sont aussi suivis ici. C’est un fléau familial. Nous avons besoin de plus de centres de traitement. Nous avons besoin d’aide. Notre Etat traverse une crise profonde, et nous voyons mourir devant nos yeux des générations entières. »

    « Heroin babies »

    Une étudiante de 21 ans au volant de sa voiture accidentée. Un père de 47 ans et son fils de 26 ans sur le sol de leur salle de bain. Trois amies de 23, 27 et 32 ans dans un jardin. Un homme de 59 ans dans un buisson. Un couple de quadragénaires dans les toilettes d’une station-essence. Le 15 août 2016, ces neuf personnes - et près d’une vingtaine d’autres - ont fait une overdose à Huntington, deuxième ville de Virginie-Occidentale. Vingt-six overdoses en à peine quatre heures. Un traumatisme pour la ville et ses services de secours. « C’est comme si l’enfer s’était déchaîné », dira plus tard Steve Williams, le maire de Huntington, 50 000 habitants. Comme un miracle au milieu de cet enfer, toutes les victimes ont pu être sauvées, la plupart grâce au Narcan, médicament antidote à base de naloxone, administré par intraveineuse ou par voie nasale et qui annule les effets des opiacés.

    Ce jour-là, toutes les victimes avaient consommé la même héroïne frelatée. Face aux contrôles accrus imposés aux médecins et aux pharmaciens, se procurer des opiacés sur ordonnance s’avère de plus en plus complexe. Les toxicomanes se tournent alors vers des médicaments contrefaits ou, de plus en plus fréquemment, vers l’héroïne, bien moins chère mais aussi beaucoup plus dangereuse. Entre 2014 et 2015, les overdoses mortelles d’héroïne ont ainsi bondi de plus de 20 % aux Etats-Unis. Car la drogue, principalement importée par les cartels mexicains, est souvent mélangée avec d’autres molécules, dont le fentanyl. Trois grains de sable de cet opiacé synthétique, cent fois plus puissant que la morphine, constituent une dose mortelle.

    Selon les statistiques du Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC), plus de 33 000 Américains ont succombé à une overdose d’opiacés en 2015, quatre fois plus qu’en 1999. Avec un taux d’overdoses mortelles de 41,5 pour 100 000 habitants, la Virginie-Occidentale était de loin l’Etat le plus touché, devant le New Hampshire et le Kentucky. Une enquête récente du journal local, le Charleston Gazette-Mail, récompensé au printemps d’un prix Pulitzer, a montré que 780 millions de pilules d’opiacés (oxycodone et hydrocodone) ont été écoulées en Virginie-Occidentale entre 2007 et 2012. Et les chiffres de 2016 indiquent qu’en dépit de la prise de conscience, l’épidémie n’a pas encore atteint son pic. L’an dernier, 818 personnes sont mortes d’une overdose en Virginie-Occidentale - 13 % de plus qu’en 2015.

    Au milieu de cette marée de statistiques, un chiffre stupéfie plus que tout autre : un bébé sur cinq né l’an dernier dans le principal hôpital d’Huntington a été exposé à la drogue au cours de la grossesse. La moitié d’entre eux, soit environ 9 % des nouveaux-nés, ont hérité de l’addiction de leur mère aux opiacés. On les appelle familièrement les « heroin babies », victimes les plus jeunes - et les plus vulnérables - de cette épidémie ravageuse. « Ils souffrent de tremblements très rapides et incontrôlés, d’un sommeil très agité, de crampes, de diarrhées. Ils pleurent de manière effrénée, ont du mal à s’alimenter et à réguler leur température », décrit le néonatalogiste Sean Loudin.

    Outre une unité spécialisée au sein de la maternité, une structure externe baptisée Lily’s Place a ouvert fin 2014 pour accueillir ces nourrissons qui souffrent du syndrome d’abstinence néonatale (SAN). La clinique compte douze chambres et chaque bébé bénéficie d’un traitement médical personnalisé. Du type de drogue et de la quantité consommée par la mère dépend la durée du sevrage. Quelques semaines le plus souvent, plusieurs mois parfois. Les parents, privés de la garde de leur enfant dès que de la drogue est détectée dans son organisme, sont autorisés à venir s’en occuper la journée, sous la supervision des infirmières. « Certains sont présents tous les jours, du matin au soir. D’autres ne viennent quasiment jamais et disparaissent parfois pendant plusieurs semaines », raconte Rhonda Edmunds, l’une des deux fondatrices de Lily’s Place.

    Infirmière depuis trente ans, elle a assisté à l’explosion du nombre de bébés atteints de SAN. « En 2011, nous sommes allés visiter le seul endroit aux Etats-Unis qui s’occupait de ces bébés, dans l’Etat de Washington [nord-ouest du pays, ndlr]. En vingt ans d’existence, ils avaient acquis beaucoup d’expérience. On a compris qu’on ne faisait pas les choses de la bonne manière. » A leur retour, Rhonda et sa collègue infirmière adaptent donc leurs méthodes. A l’hôpital d’abord, puis au sein de Lily’s Place. Finies les lumières vives, place à un éclairage tamisé. Les bercements de haut en bas sont remplacés par des mouvements latéraux, mieux tolérés par les nourrissons.

    Bataille

    Malgré l’ampleur du phénomène - plus de 27 000 bébés américains nés avec le SAN en 2013, dix fois plus qu’en 2000 -, cette expérience acquise par l’équipe de Lily’s Place reste peu connue. Et peu partagée. La recherche sur le sujet demeure embryonnaire et les structures quasi inexistantes. Pour le néonatalogiste Sean Loudin, directeur médical de Lily’s Place, le fait que des milliers de bébés à travers le pays ne reçoivent aucun traitement approprié pour leur addiction s’apparente à de la torture. « Un bébé en manque qui n’est pas traité traverse d’énormes souffrances. Tout le monde serait choqué si, dans un hôpital, on laissait partir sans traitement un adulte dépendant aux opiacés en sevrage. Cet adulte serait en train de hurler, de vomir, il aurait la diarrhée. Si quelqu’un voyait cet être humain, il dirait que c’est une injustice. Et pour les bébés alors ? » s’emporte-t-il.

    Retour à Madison. Devant la maison familiale, Tiffany Vincent s’amuse avec ses deux filles de 7 et 11 ans. Après deux heures d’interview douloureuse, entrecoupée de longs silences et de sanglots, c’est la première fois qu’on la voit sourire. Adossée au porche écaillé, sa grand-mère, Kay, observe la scène. Dans son regard avenant, on perçoit tantôt la joie, celle de voir ses arrières petites-filles heureuses. Tantôt l’angoisse morbide de celle qui en a trop vu et se demande si Tiffany sera encore vivante dans trois, cinq ou dix ans. Car Tiffany, comme sa mère décédée, combat depuis longtemps les démons de l’addiction. Opiacés, speed, héroïne, méthamphétamines : elle a beaucoup testé. Et beaucoup consommé.

    Lors de notre rencontre, elle assurait être sobre depuis six mois environ. Mais sa grand-mère ne semblait guère convaincue. En pleurs, Tiffany s’est confessée sur ses peurs. Et mis des mots déchirants sur sa bataille : « Je peux être sobre pendant plusieurs mois. Mais quelque chose va m’arriver, le sol va se dérober sous mes pieds et je vais aller me défoncer. Et je ne pourrai rien y faire. J’aime mes filles plus que tout. Mais quand je suis défoncée, mon addiction prend le dessus et je commence à aimer la drogue plus que j’aime mes enfants. Ce truc, c’est comme le diable. C’est le diable. Je peux courir pour lui échapper. Je peux ne pas le vouloir. Je peux me cacher. Mais il trouvera toujours son chemin jusqu’à moi. »
    Frédéric Autran Envoyé spécial en Virginie-Occidentale

    #drogue #opiacés #héroïne #Virginie #addiction #overdose #big_pharma
    Très bon article.
    Drogues légales, drogues illégales, dealer en blouse blanche ou dealer de la rue, au final le même résultat, la dépendance dans toute sa cruauté. On notera que comme tout phénomène social, les rapports de classe jouent leur rôle puisque celle qui s’en sort dans l’article est celle qui vient d’un milieu friqué, fille du maire.

  • Dans le Kentucky, les retraités-campeurs d’Amazon
    https://www.crashdebug.fr/international/14328-dans-le-kentucky-les-retraites-campeurs-d-amazon

    Des travailleurs nomades convergent à l’automne vers les sites du géant du e-commerce pour préparer les colis de Noël. Longues journées garanties, pour 11 dollars de l’heure.

    Kelly Murray et son mari Bill Murray devant leur mobil-home, à Campbellsville (Kentucky), le 19 décembre. NATHAN

    MORGAN / MVI MMS POUR LE MONDE

    On était parti pour décrire l’univers de Charles Dickens adapté au XXIe siècle. L’exploitation de retraités américains, n’ayant pour maison que leur caravane, par le géant du commerce en ligne Amazon. On a surtout découvert des campeurs vagabonds, dignes des road-movies américains, rappelant l’errance en Alaska du héros de Into the Wild (2007) ou la cavale tragique de Thelma et Louise (1991).

    Pourtant, tout était réuni pour pleurer misère, en cette terre perdue du Kentucky, le pays de la (...)

  • Wooden dams and river jams: U.S. strains to ship record grains
    https://www.reuters.com/article/us-usa-grains-infrastructure-insight/wooden-dams-and-river-jams-u-s-strains-to-ship-record-grains-idUSKBN1DZ0HH

    America’s worst traffic jam this fall occurred on the Ohio River, where a line of about 50 miles of boats hauling grains and other products turned into a waterborne parking lot, as ship captains waited for the river to reopen.

    Such delays are worsening on the nation’s waterways, which are critical to commerce for the United States, the largest grain exporter in the world. Of the country’s $40 billion in annual grain and soybean exports, about 60 percent is moved by barges on rivers, including the Ohio.

    The shutdown, caused by worn or missing sections of a dam, snarled traffic from early September into early November through Locks & Dam No. 52 near Paducah, Kentucky. It was the second shutdown in two months at No. 52, which is among the country’s busiest locks with about $22 billion a year of commodities flowing through it.

    The lock, which has been earmarked for replacement by the Army Corps of Engineers for three decades, is one of many choke points along 25,000 miles of waterways used to transport everything from grains to consumer goods to coal.

  • Aux Etats-Unis, les créationnistes repassent à l’offensive

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/11/19/aux-etats-unis-les-creationnistes-repassent-a-l-offensive_5217118_3232.html

    Bien qu’en perte de vitesse, le mouvement fondamentaliste qui tente d’empêcher que la théorie de l’évolution soit enseignée à l’école est toujours puissant. Un combat centenaire pour la science se poursuit.

    Assise sur un banc, devant l’arche de Noé « grandeur nature » posée depuis un an dans ce coin de campagne du Kentucky, Rebecca, 39 ans, se remet de ses émotions. Cette mère au foyer venue de l’Indiana sort de la construction imposante édifiée par les fondamentalistes chrétiens de l’organisation Answers in Genesis (AIG), qui défendent une lecture littérale de la Bible. Entre « musée » et parc d’attractions, l’Ark ­Encounter a séduit cette « passionnée d’histoire », profondément croyante.

    « Les dinosaures étaient dans l’arche »

    Dans des cages en bois, au premier étage de l’embarcation longue de 150 mètres, des dizaines de couples d’animaux empaillés, existants ou disparus, font la joie des enfants. Les parents, eux, lisent les panneaux expliquant comment le Déluge a formé le Grand Canyon. Pour Rebecca, « les réponses apportées par le musée sont convaincantes ». Elle y a même découvert que « les dinosaures aussi étaient dans l’arche, avant d’être noyés lorsque les eaux du Déluge se sont retirées ».

    Rebecca fait partie du million de visiteurs qui ont arpenté les trois étages de l’arche depuis son ouverture. Le plus souvent, les voyages sont organisés par les Eglises protestantes du pays. Les responsables du lieu et de son précurseur, le Musée de la Création, ouvert il y a dix ans à 50 kilomètres de là, ne s’en cachent pas : les croyants sont leur cœur de cible. « Nous devons leur donner des outils pour qu’ils défendent leurs convictions. Toutes les Eglises protestantes devraient être sur la même ligne, sans compromis avec la théorie de l’évolution », explique, dans son bureau saturé de livres, Nathaniel Jeanson, « chercheur en biologie et conseiller scientifique » des deux institutions.

    Une manière de conforter le mouvement créationniste qui, bien qu’en perte de vitesse, reste puissant dans le pays. Selon un sondage Gallup publié en mai, 38 % des Américains pensent que Dieu a créé la Terre et l’homme dans sa forme actuelle il y a moins de 10 000 ans. Ce chiffre a beau être historiquement bas, il place toujours les Etats-Unis dans le peloton de tête des pays les plus enclins à douter de l’évolution.

    Le « procès du singe »

    « On peut mettre cette spécificité en partie sur le compte du protestantisme, majoritaire dans le pays, et du principe “scriptura sola”, selon lequel les Ecritures seules font autorité », explique Glenn Branch, vice-président du National Center for Science Education, organisation qui défend l’enseignement scientifique contre les interférences idéologiques. « Ajoutons à cela un éloignement géographique des controverses sur l’évolution au XIXe siècle et une forte décentralisation dans l’enseignement, qui a longtemps permis aux écoles, selon les Etats et les comtés, d’adopter un programme plus ou moins conforme aux convictions religieuses locales. » Depuis près d’un siècle, des militants créationnistes tentent donc d’imposer leurs vues dans l’enseignement. Et l’histoire américaine est jalonnée de décisions de justice mettant aux prises opposants de l’évolution et scientifiques.

    Pionnier en la matière, le professeur John Thomas Scopes est passé à la postérité en 1925 lors du procès dit « du singe ». Cet enseignant de lycée contestait une loi alors en vigueur dans son Etat du Tennessee, le Butler Act, qui interdisait d’enseigner la théorie de l’évolution dans les écoles publiques. Ce texte devait son nom à un élu, John Washington Butler, fermier de profession, pour qui « les évolutionnistes, qui nient l’histoire de la ­Création telle qu’elle est rapportée dans la Bible, ne peuvent pas être chrétiens ».

    Scopes fut condamné à une peine légère, 100 dollars d’amende, mais la victoire médiatique et intellectuelle revint aux évolutionnistes, tant les défenseurs du Butler Act avaient, durant le procès, donné de leurs convictions une image obscurantiste. Néanmoins, le Butler Act prospérera jusqu’en 1967, date à laquelle un autre enseignant décida de le contester. Il emporta cette fois la bataille judiciaire, faisant valoir la « liberté d’expression » inscrite dans le premier amendement de la Constitution américaine.

    Premier amendement

    Cet épisode fondateur est le premier d’une longue série de contentieux, au cours desquels les créationnistes ont subi défaite sur défaite. Ainsi, l’Arkansas tenta à deux reprises de chasser la théorie de l’évolution de ses écoles publiques. Mais, en 1968, la Cour suprême estima cette pratique inconstitutionnelle, affirmant que le premier amendement n’autorisait pas un Etat à imposer ou interdire un enseignement en fonction d’une croyance religieuse. En 1982, la tentative de ce même Etat d’instaurer un enseignement « équilibré » entre évolution et créationnisme fut également rejetée. Depuis les années 1980, les offensives créationnistes de plusieurs Etats ont eu le même sort.

    Après ces revers, les militants anti-évolution ont ajusté leur stratégie. « On peut classer les tentatives politiques pour attaquer l’enseignement de l’évolution aux Etats-Unis en trois vagues », estime Nicholas J. Matzke, auteur d’une étude parue en 2015 dans Science, pour laquelle il a analysé 67 projets de loi ­anti-évolution proposés depuis 2004. Les interdictions pures et simples étant devenues impossibles après 1968, les créationnistes ont tenté d’introduire la notion de « science de la Création », puis de « dessein intelligent » (DI). Ces tentatives ont aussi échoué.

    En 2005, un juge fédéral interdit à un comté de Pennsylvanie d’introduire le « dessein intelligent » dans les programmes scolaires. Le projet affirmait que le DI constituait une explication alternative au darwinisme sur les origines de la vie. Le juge dénia au DI le statut de « science » et, confirmant son lien avec une croyance religieuse, l’exclut des salles de classe.

    Incompréhension

    De même, les tentatives des créationnistes de jouer sur les mots se sont heurtées à la justice. En 2002, un comté de Géorgie fit apposer sur chaque manuel de sciences l’autocollant suivant : « L’évolution est une théorie, pas un fait. » Deux ans plus tard, des parents d’élèves portèrent l’affaire en justice et firent retirer cet avertissement. « Cette tentative illustre l’incompréhension dans le public de ce qu’est une théorie en matière scientifique, note Philip Crowley, enseignant en biologie à l’université du Kentucky. Les créationnistes veulent faire croire que la théorie de l’évolution est sujette à discussion, à évaluation, à controverses car elle ne serait qu’une hypothèse. » En 1996, le pape Jean Paul II, se démarquant des courants chrétiens créationnistes, avait affirmé que « l’évolution est plus qu’une hypothèse ».

    Ces déboires n’ont pas découragé les tenants du créationnisme. Ils s’efforcent désormais de diluer l’évolution dans une série de sujets jugés « polémiques », moins directement liés à la croyance religieuse. Ils appellent à développer « l’esprit critique » des élèves ou à défendre la « liberté académique » des enseignants. Depuis deux ans, les offensives se sont multipliées. Le Missouri a tenté de faire passer un texte qui aurait accordé aux enseignants plus de latitude pour aborder les sujets scientifiques « controversés ». Le Montana a défendu une résolution plaidant pour le développement de la « pensée critique » dans les cours sur les origines de la vie, la sélection naturelle, l’ADN… D’autres Etats, comme le Dakota du Sud, incluent dans ces sujets « polémiques » le réchauffement climatique ou le clonage humain.

    La dernière tentative a eu lieu au printemps, au Texas. Elle entendait donner aux enseignants la liberté d’enseigner « les forces et faiblesses de théories scientifiques existantes ». Là encore étaient cités « le changement climatique, l’évolution biologique, les origines chimiques de la vie et le clonage humain ». Tous ces textes ont été rejetés.

    « Penser différemment »

    M. Crowley reste convaincu que, « devant la justice, les arguments scientifiques finissent toujours par l’emporter ». Mais il reconnaît un regain de procédures dans les Etats du sud et du centre des Etats-Unis. « Ce sont des cycles. Quand il y a une poussée de la droite conservatrice, comme en ce moment, les fondamentalistes reprennent de la voix. » De telles législations sont en vigueur dans plusieurs Etats – le Mississippi, le Tennessee et la Louisiane – et des milliers d’enfants sont exposés à la promotion du créationnisme.

    Mettant en avant sa formation scientifique en microbiologie, M. Jeanson, pilier d’Answers in Genesis, fait partie des militants avides de débat. Dans son nouveau livre, Replacing Darwin (« remplacer Darwin », Master Books), il affirme utiliser la géographie et la biologie plus que les Ecritures pour démontrer « les failles de la théorie de l’évolution ». « Je ne fais pas de l’antiscience. Mais les enfants, qui entendent une chose à l’école, pourront lire mon ouvrage à la maison pour penser différemment. » Car, à ses yeux, le « consensus scientifique » qui rendrait l’évolution inattaquable ne tient pas. « La science est toujours questionnable », assure ce jeune père de famille qui n’hésite pas à convoquer Darwin pour étayer ses dires. « En publiant L’Origine des espèces en 1859, lui-même a fait exploser le consensus du moment. »

    Face à de telles convictions, M. Branch conserve un certain optimisme. « Les enseignants plus jeunes sont mieux formés et, depuis le début des années 2000, on assiste à une centralisation des normes d’enseignement et des programmes au niveau fédéral. » Cela n’a pas empêché les Américains d’élire en 2016 un vice-président fondamentaliste chrétien, Mike Pence, qui, lors d’une audition devant le Congrès en 2002, affirmait : « Darwin n’a jamais pensé l’évolution autrement que comme une théorie. Donc, je voudrais simplement et humblement demander : ne peut-on pas l’enseigner comme telle et envisager aussi d’enseigner d’autres théories sur l’origine des espèces ? » « Ces positions relèvent de la liberté d’expression, conclut, philosophe, M. Crowley. A nous, éducateurs, de lutter contre l’ignorance. » Un combat centenaire.

  • Kentucky abortion clinic’s future at stake in federal trial | WSBT
    http://wsbt.com/news/health/kentucky-abortion-clinics-future-at-stake-in-federal-trial

    Attorneys for Kentucky’s last abortion clinic said as a federal trial opened Wednesday that state regulators are using “onerous” rules to try to shut it down, predicting some women would “take the matter into their own hands” to end unwanted pregnancies if the state succeeds.
    There will be no abortions in Kentucky if they win,” clinic attorney Donald L. Cox said as proceedings began in a court case that could determine whether Kentucky becomes the nation’s first state without an abortion clinic.
    The state’s attorney, Steve Pitt, said the regulation reflects the state’s vested interest in protecting women’s health. Pitt said that Kentucky women live no more than 200 miles (320 kilometers) from abortion clinics in neighboring states and many live much closer. Some women travel across Kentucky to receive abortions at EMW Women’s Surgical Center in Louisville.

  • What the ’Crack Baby’Panic Tells us About the Opioid Epidemic - The Atlantic
    https://www.theatlantic.com/politics/archive/2017/07/what-the-crack-baby-panic-reveals-about-the-opioid-epidemic/533763

    [...] a recent article in the New York Times by Catherine Saint Louis that chronicles approaches for caring for newborns born to mothers who are addicted to opioids [...] is remarkable in its command and explanation of the medical and policy issues at play in the ongoing epidemic, but its success derives from something more than that. Saint Louis expertly captures the human stories at the intersection of the wonder of childbirth and the grip of drug dependency in a Kentucky hospital, all while keeping the epidemic in view.

    [...]

    The article is an exemplar in a field of public-health-oriented writing about the opioid crisis—the most deadly and pervasive drug epidemic in American history—that has shaped popular and policy attitudes about the crisis. But the wisdom of that field has not been applied equally in recent history. The story of Jamie Clay and Jay’la Cy’anne stood out to me because it is so incongruous with the stories of “crack babies” and their mothers that I’d grown up reading and watching.

    The term itself still stings. “Crack baby” brings to mind hopeless, damaged children with birth defects and intellectual disabilities who would inevitably grow into criminals. It connotes inner-city blackness, and also brings to mind careless, unthinking black mothers who’d knowingly exposed their children to the ravages of cocaine. Although the science that gave the world the term was based on a weak proto-study of only 23 children and has been thoroughly debunked since, the panic about “crack babies” stuck. The term made brutes out of people of color who were living through wave after waves of what were then the deadliest drug epidemics in history.

    #deux_poids_deux_mesures #Etats_Unis #racisme #opiacés

  • A Tide of Opioid-Dependent Newborns Forces Doctors to Rethink Treatment - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2017/07/13/health/opioid-addiction-babies.html

    From 2003 to 2012, the last year for which statistics are available, the number of babies born dependent on drugs grew nearly fivefold in the United States. Opioids are the main culprit, and states like Kentucky are particularly hard-hit: 15 of every 1,000 infants here are born dependent on opioids.

    #Opiod_crisis #santé_publique #USA

  • Vers un renforcement de la réglementation en matière de protection des données personnelles aux Etats-Unis ? | Cabinet Sfez Avocats - Paris
    https://www.avocats-sfez.fr/single-post/2015/05/15/Vers-un-renforcement-de-la-r%C3%A9glementation-en-mati%C3%A8re-de-prote

    La protection de la vie privée des élèves

    Les lois sur la vie privée des élèves, de l’école maternelle au lycée, se multiplient. On compte aujourd’hui huit états ayant adopté des lois sur la protection de la vie privée des élèves, et plus d’une centaine de projets de lois sont envisagés par 42 états. A ce titre, sept états (Californie, Caroline du Nord, Colorado, Idaho, Kentucky, Louisiane, et l’état de New-York) ont adopté en 2014 de nouveaux textes (lois ou amendements à des lois existantes) relatifs à la vie privée des écoliers.

    Ainsi, les états de l’Idaho et de New-York ont promulgué des lois interdisant aux entreprises d’utiliser les données personnelles des élèves à des fins marketing, publicitaire et commerciale. Le Kentucky a voté une loi proscrivant aux fournisseurs de services de Cloud computing le traitement des données personnelles des élèves à des fins commerciales. (3)

    La Californie a adopté le « Student Online Personal Information Protection Act » (SOPIPA). Cette loi, qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2016, interdit aux opérateurs sur internet de vendre et d’utiliser les données des élèves pour réaliser de la publicité ciblée via des sites internet et des applications mobiles. La Californie prévoit également de modifier les dispositions concernant la vie privée dans son « Business and Professions Code ». Cet amendement interdira de manière générale l’utilisation des données des étudiants à des fins autres que la finalité initiale, à savoir, les buts inhérents à l’éducation, de l’école maternelle au lycée ("K-12 school purposes").

    Enfin, en Géorgie, le « Student Data Privacy, Accessibility and Transparency Act », adopté le 6 mai 2015, crée un droit d’accès, pour les parents d’élèves qui en font la demande, aux dossiers scolaires de leurs enfants et aux données personnelles qu’ils contiennent. En pratique, les parents d’élèves ont désormais la possibilité de consulter ces dossiers et de modifier et/ou de supprimer les informations personnelles concernant leurs enfants.

    #éducation #vie_privée #données_personnelles #Etats-Unis

  • États-Unis - Morts par désespoir Le Courrier - Lundi 10 avril 2017
    – Benito Perez

    https://www.lecourrier.ch/148484/morts_par_desespoir

    C’est l’épidémie invisible. Depuis une vingtaine d’années, le nombre de « morts par désespoir » a explosé aux Etats-Unis. Ces suicides, overdoses ou maladies de l’alcoolisme touchent particulièrement là où on ne les attend pas : les quadras et quinquas des classes populaires blanches.

    Le constat dressé en mars dernier par deux fameux professeurs de Princeton, Anne Case et Angus Deaton1, est sans équivoque. En 1999, le taux de mortalité d’un Etasunien blanc, quinquagénaire et peu instruit était 30% moindre que celui d’un Afro-Américain. Il est désormais 30% plus élevé. La probabilité qu’il ou elle meure d’un suicide ou d’une toxicomanie a triplé en moins de deux décennies.

    Issus des sciences économiques, les deux chercheurs voient dans cette spectaculaire évolution une causalité socio-économique. Le phénomène décrit va pourtant au-delà du creusement – réel – des inégalités face à la mort entre classes sociales. Pour mieux l’appréhender, les chercheurs l’ont cartographié, désignant un écosystème clé : la petite ville. Un environnement extrêmement fragile face à une délocalisation ou une faillite. Et ne possédant pas la culture du service public et de l’aide sociale qui pourrait amortir une telle crise. Tout en haut du classement morbide de Case et Deaton trônent d’ailleurs les Etats semi-ruraux et industriels du Kentucky et de la Virginie occidentale.

    « C’est un reflet de l’effondrement de la classe ouvrière blanche », a commenté Angus Deaton au Chicago Tribune. « Le marché du travail s’est retourné contre cette population », formée à l’époque révolue où un certificat d’études suffisait à gagner correctement sa vie. Où les « junks jobs », ces emplois précaires et mal payés, étaient vus comme un tremplin vers l’emploi stable, et non comme la seule perspective pour ces seniors en devenir.

    Une exclusion durable du marché du travail aggravée par le fait qu’elle se juxtapose à l’affaiblissement des solidarités sociales et familiales. Et face à laquelle les populations latino et noire semblent davantage préparées, de par leur histoire personnelle ou collective.

    Comme pour accentuer le phénomène, l’étude souligne n’avoir pas trouvé trace d’un tel phénomène ailleurs qu’aux Etats-Unis. Pas encore, serait-on tenté d’ajouter, tant ce pays préfigure régulièrement les évolutions européennes.

    Des signes inquiétants sont d’ailleurs déjà visibles en Europe, comme le creusement des inégalités en matière de longévité. En 2011, Berlin avait même dû admettre que l’espérance de vie des Allemands les plus démunis avait reculé de deux à trois ans après le démantèlement des protections sociales sous Gerhard Schröder. En Belgique, c’est l’espérance de vie en bonne santé des femmes qui a assez nettement reculé, selon une étude de 20102.

    A l’heure où le relèvement de l’âge de la retraite et la précarisation de l’emploi sont présentés comme indispensables, il serait temps de rappeler qu’il n’y a d’autre intérêt public que de lutter pour une plus grande égalité devant la vie et devant la mort.

    1. M. Deaton a reçu en 2015 le prix de la Banque de Suède, dit « Prix Nobel d’économie ». On trouve cette étude parue le 17 mars à l’adresse www.brookings.edu/wp-content/uploads/2017/03/6_casedeaton.pdf
    2. www.belspo.be

    #Epidémie #USA #néo_libéralisme #Exclusion #Suicide