• De la complicité de la France

    Cet épisode pilote revient sur le soutien apporté par l’État français au gouvernement génocidaire rwandais. Les documents secret défense analysés et rassemblés permettent de comprendre les mécanismes qui ont permis l’une des plus atroces compromissions de la Ve République autour de 4 questions : Pourquoi la France s’est-elle impliquée au Rwanda ? A quand remonte l’implication de la France au Rwanda ? Jusqu’à quand la France a-t-elle poursuivi son soutien au régime génocidaire ? Que penser des conclusions du « rapport Duclert » quant aux "responsabilités lourdes et accablantes de la France dans le génocide des Tutsis ?

    https://www.youtube.com/watch?v=zElcjCs4GE8&list=PLnTYnV3R1tVAO35eRrLP1a1QJxXD_Ts5z

    #génocide #complicité #France #Rwanda #vidéo #colonisation #politique_coloniale #Front_patriotique_rwandais (#FPR) #opération_Noroît #armée #armée_française #François_Mittérand #responsabilité #néo-colonialisme #rapport_Duclert #commission_Duclert #excuses #Macron #Emmanuel_Macron #soutien_actif #forces_spéciales #plainte #justice

  • Des juives orthodoxes américaines prônent une grève du sexe pour protester contre un refus de guet Jackie Hajdenberg Time of israel

    Ce mouvement de protestation utilise les rites juifs de pureté conjugale comme un moyen de pression en soutien à Malky Berkowitz à qui le mari refuse le divorce depuis 4 ans

    Les partisanes de Malky Berkowitz disent qu’elles lancent une "grève du mikvé" - une forme de protestation qui s’appuie sur les rituels juifs de pureté sexuelle comme moyen de pression pour que le mari de Malky lui accorde le divorce.

    JTA – Pour aider l’une d’entre des leurs à obtenir un divorce religieux de son mari après quatre ans d’efforts, des militantes orthodoxes juives se sont engagées à ne plus avoir de relations sexuelles avec leurs maris et ont intensifié leur campagne publique.


    Les partisanes de Malky Berkowitz, 29 ans, ont entamé ce qu’elles appellent une « grève du mikvé « , une forme de protestation qui utilise les rituels juifs de pureté conjugale comme moyen de pression. La grève commence vendredi soir et pourrait se prolonger.

    Selon la loi juive traditionnelle, les femmes mariées doivent s’immerger dans un mikvé , ou bain rituel, après leurs menstruations, avant de pouvoir avoir des relations sexuelles avec leur mari – ce que beaucoup font le soir même. Certaines autorités affirment que la loi juive, ou halakha , attache une importance particulière au rapport conjugal qui suit l’immersion.

    Pour Adina Sash, qui défend les intérêts des femmes juives dont les maris séparés refusent de divorcer selon la loi rituelle, cela fait des rapports sexuels après le mikvé un moyen de protestation tout à fait indiqué.

    Depuis sept semaines, Sash – une militante féministe orthodoxe de Brooklyn connue sous le nom de Flatbush Girl sur Instagram – dirige une équipe d’activistes, d’avocats et de leaders communautaires qui travaillent tous pour aider Berkowitz à obtenir un « guet »  , ou acte de divorce juif. Le mari de Berkowitz, Volvy, refuse de lui donner le guet nécessaire pour finaliser leur divorce, ce qui en fait ce que l’on appelle une «  agouna »  , ou « femme enchaînée », et selon la loi juive, une femme qui ne peut pas se remarier.

    Sash estime que les femmes orthodoxes devraient normaliser les dispositions légales juives relatives au divorce avant de se marier, afin d’éviter de se voir un jour refuser le divorce, ce qui est généralement considéré comme une forme de maltraitance.

    « Je vous invite à nous rejoindre dans cette grève du mikvé et à ne pas avoir de relations sexuelles les nuits de mikvé ou de mitzvah , les vendredis soirs, jusqu’à ce que Malky soit libre, afin de témoigner de votre compassion pour Malky », a-t-elle déclaré en s’adressant à ses consœurs orthodoxes (la tradition juive encourage les couples mariés à avoir des relations sexuelles le shabbat, connu pour cette raison sous le nom de « nuit de mitzvah  » dans le monde orthodoxe).

    Elle a expliqué que l’objectif était d’encourager les hommes de la communauté à défendre la cause de Berkowitz.

    « Lorsque votre mari vous demandera ‘Pourquoi ?’, répondez ‘Jusqu’à ce que Malky soit libéré, la prochaine aguna  pourrait être moi’. Appelez votre rabbin et trouvez un moyen de contribuer à la libération de Malky », a-t-elle ajouté.

    Cet événement fait écho à la grève du sexe de « Lysistrata », la comédie grecque d’Aristophane dans laquelle les femmes d’Athènes s’abstiennent de coucher avec leurs maris afin de mettre fin à la guerre du Péloponnèse.

    Dans les communautés contemporaines, les grèves du sexe ont également été utilisées avec succès pour provoquer des changements, comme la fin de la guerre civile au Libéria en 2003 grâce à la participation des femmes du pays. Leymah Gdowbee, organisatrice de la grève du sexe au Liberia, a reçu le prix Nobel de la paix pour ses efforts.

    Des femmes orthodoxes auraient organisé des manifestations similaires à petite échelle dans le passé, comme au Canada il y a plusieurs décennies. Mais plus récemment, les protestations au nom des agunot ont pris la forme de manifestations publiques, de pressions sur les rabbins et, de plus en plus, de campagnes sur les réseaux sociaux telles que celles menées par Sash.

    À la question de savoir si Malky Berkowitz avait une opinion sur la grève, Sash a répondu : « Malky n’a rien dit ».

    L’ORA, l’Organisation pour la Résolution des agunot , basée à New York, a été créée en 2002 dans le but précis de faciliter les divorces juifs, et l’organisation propose également des accords prénuptiaux halakhiques qui imposent une pénalité en cas de refus tout en respectant la loi juive. Un représentant de l’ORA n’a pas répondu aux demandes de commentaires de la JTA sur la grève du sexe.

    De nombreux followers de Sash ont exprimé leur approbation de son appel à la grève, qu’elle a officiellement annoncé sur les réseaux sociaux jeudi après-midi.

    « Malky en vaut la peine », a commenté l’une d’entre elles. « Chaque aguna  avant elle en vaut la peine. Chaque femme que nous pouvons aider à éviter de devenir une aguna  en vaut la peine. »

    En réponse à un message contraire, une autre femme a indiqué : « Ce n’est pas une question de punir les femmes ». Et d’ajouter : « Une grève du sexe bien menée ferait réfléchir certains hommes de pouvoir ».

    Mais les détracteurs de la grève – y compris ceux qui conviennent que le problème du refus du guet doit être abordé – disent qu’elle pourrait interférer avec le shalom bayit , ou la paix au foyer, une valeur juive souvent citée, et pourrait perturber des relations par ailleurs saines.

    Le rabbin David Bashevkin, créateur du podcast orthodoxe populaire 18Forty, a déclaré lundi sur X : « On ne guérit pas une relation bancale en créant d’autres relations bancales. L’utilisation de l’intimité comme levier de protestation sociale est peu judicieuse et même carrément dangereuse. Ce qu’il faut, c’est d’avantage de familles saines. D’avantage de relations saines. »

    « Il s’agit d’une question communautaire qui nécessite une coordination et une implication communautaires », a-t-il ajouté.

    Certaines féministes orthodoxes qui ont fait pression au nom des agunot se disent pourtant gênées par l’idée de cette grève. Daphne Lazar Price, directrice exécutive de l’Alliance féministe juive orthodoxe, a déclaré à la JTA qu’elle s’élevait souvent contre la « militarisation de la halakha » et qu’elle considérait la grève du mikvé comme un autre exemple de cette militarisation.

    « Le contrôle coercitif fondé sur la religion est moralement répréhensible et ne devrait jamais être toléré », a-t-elle écrit dans un courriel adressé à la JTA. « Les femmes ne devraient pas avoir besoin de menacer leur mari de ne pas avoir de relations sexuelles pour attirer l’attention des hommes – ni pour convaincre les hommes de se conduire comme des alliés des femmes et du système halakhique qu’ils prétendent tant chérir. L’utilisation du sexe comme forme de coercition est également très problématique ».

    Elle suggère par ailleurs que la grève pourrait créer une opportunité pour les autorités juridiques juives de se souvenir des autres tactiques dont elles disposent pour faire pression sur les hommes qui refusent de divorcer de leur femme – et notamment celle « d’interdire aux maris récalcitrants l’accès à toutes les institutions et entreprises religieuses et communautaires juives, ainsi qu’aux domiciles privés, jusqu’à ce qu’il donne un guet« .

    Sash a attribué les réactions négatives à la grève à un double standard « misogyne » entre le refus d’une demande de divorce et le refus d’une relation sexuelle.

    « S’ils refusent de donner le guet, alors nous refuserons d’avoir des relations sexuelles », a déclaré Sash.

    « Ils nous disent : ‘Comment pouvez-vous refuser le sexe ? Vous transformez votre corps en instrument de guerre ! Comment pouvez-vous refuser le sexe ? Vous transformez l’intimité en instrument de guerre’. Mais la véritable question est ‘comment pouvez-vous refuser le divorce ?’ Vous transformez la procédure de divorce en instrument de guerre. Vous maintenez une femme dans l’incertitude ».

    Malky et Volvy Berkowitz se sont mariés en 2016. Lors de leur mariage, Malky portait un dek tichel , ou voile de mariée opaque, qu’elle a décrit dans un texte partagé avec la JTA comme un « bandeau ».

    « A part les moments où Volvy m’a donné une bague kdishen [sic] et m’a mise enceinte deux fois, nous n’avons jamais eu aucune connexion », a-t-elle écrit. « Au revoir Volvy, je ne t’ai jamais connu et je ne te connaîtrai jamais. »

    #israel #divorce #femmes #religions #rituels #maltraitance #Lysistrata #mikvé #pureté_sexuelle #menstruations #rapport_conjugal #femmes_enchaînées #eau #contrôle_coercitif

    Source : https://fr.timesofisrael.com/des-orthodoxes-americaines-pronent-une-greve-du-sexe-pour-proteste

  • Discussion avec Alessandro Pignocchi sur la colère du monde agricole - La Grappe
    https://lagrappe.info/?Discussion-avec-Alessandro-Pignocchi-sur-la-colere-du-monde-agricole-631

    Elle en est la base, car le capitalisme, pour fonctionner, a besoin d’un prolétariat abondant et docile, et donc d’une population massivement dépossédée de ses moyens de subsistance. Notre dépendance générale au marché pour subvenir à l’ensemble de nos besoins, en premier lieu alimentaires, est sans doute la principale raison de notre impuissance politique. Un article de Gaspard d’Allen paru dans Reporterre montre la corrélation, au cours du 20e siècle, entre la perte progressive des liens entre la classe ouvrière et les campagnes vivrières et la diminution du temps des grèves. L’agriculture industrielle est aussi la matrice de notre monde dans la mesure où elle contribue, directement ou par le système institutionnel qui s’organise autour d’elle, à façonner nos subjectivités et nos façons d’être. Nous tenons pour acquis, pour « naturel », notre dépendance vitale au marché. Nous nous habituons à traverser des paysages ou les forces naturelles et les dynamiques du vivant sont contraintes, amoindries, contrôlées et mises au travail. Bref, pour un gouvernement libéral autoritaire, le complexe agro-industriel, grâce auquel la production alimentaire est prise en charge par un nombre minimal de personne, est un pilier vital.

    #Alessandro_Pignocchi #capitalisme #subsistance #agriculture #prolétariat #rapport_de_force

  • Au Royaume-Uni, un rapport parlementaire étrille le projet de loi qui permet l’expulsion de migrants vers le Rwanda

    Une commission parlementaire britannique a estimé dans un rapport publié lundi que ce texte est « fondamentalement incompatible » avec les obligations du Royaume-Uni en matière de droits humains.

    Considéré par le gouvernement britannique comme le socle de sa politique migratoire, le projet de loi visant à expulser les migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni vers le Rwanda a été sévèrement critiqué par une commission parlementaire, lundi 12 février.

    Celle-ci, composée de douze membres travaillistes et conservateurs de la Chambre des communes et de la Chambre des lords, a jugé dans un rapport que ce texte est « fondamentalement incompatible » avec les obligations du Royaume-Uni en matière de droits humains.

    Le projet de loi a été rédigé en réponse à la Cour suprême britannique qui a jugé illégal en novembre 2023 d’envoyer des migrants au Rwanda où leurs demandes d’asile seraient évaluées. Pour les hauts magistrats, le pays ne pouvait être considéré comme sûr pour les clandestins. Pour répondre à ce camouflet juridique, le gouvernement britannique avait signé un nouveau traité avec Kigali en décembre 2023 afin de garantir « entre autres que le Rwanda n’expulsera pas vers un autre pays les personnes transférées dans le cadre du partenariat », avait alors assuré le ministère de l’intérieur britannique. Le gouvernement avait également annoncé la présentation d’une « législation d’urgence » pour désigner le Rwanda comme un pays sûr.

    Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage en haut à droite de celui-ci.
    La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite.
    Pour plus d’informations, consultez nos conditions générales de vente.
    Pour toute demande d’autorisation, contactez syndication@lemonde.fr.
    En tant qu’abonné, vous pouvez offrir jusqu’à cinq articles par mois à l’un de vos proches grâce à la fonctionnalité « Offrir un article ».

    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/02/12/au-royaume-uni-un-rapport-parlementaire-etrille-le-projet-de-loi-qui-permet-

    Le texte adopté par la Chambre des communes

    C’est ce projet de loi qui a été étrillé lundi par la commission parlementaire. Dans son rapport, cette dernière s’inquiète ainsi de « l’obligation pour les tribunaux de considérer le Rwanda comme un pays “sûr” et de la limitation de l’accès aux tribunaux pour faire appel des décisions ». De plus, il n’est « pas clair », selon elle, que les migrants expulsés vers le Rwanda puissent avoir « la garantie » de ne pas être envoyés dans un pays où ils pourraient être persécutés.

    « Les droits humains sont universels », souligne la commission parlementaire. Mais le projet de loi « porte atteinte à ce principe essentiel en refusant à un groupe particulier [les migrants expulsés] les protections garanties par la loi sur les droits humains ». Avec ce projet, des organismes publics seraient « autorisés à agir en violation de la Convention européenne des droits de l’homme », alerte la commission.

    Qualifiant ce projet de « priorité nationale urgente », le premier ministre britannique, Rishi Sunak, souhaite par ce biais dissuader les migrants de traverser la Manche sur des embarcations de fortune – près de 30 000 personnes sont arrivées par ce moyen sur les côtes britanniques en 2023.

    Malgré de nombreuses critiques au Royaume-Uni – le projet divise même au sein du parti conservateur de M. Sunak –, le gouvernement est parvenu à faire adopter son texte en janvier par la Chambre des communes en récoltant 320 votes pour et 276 contre. Alors qu’il est débattu actuellement à la Chambre des lords, le Labour, mené par Keir Starmer, a d’ores et déjà promis de l’abroger s’il arrive au pouvoir après les législatives, prévues en l’état à l’automne.

    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/02/12/au-royaume-uni-un-rapport-parlementaire-etrille-le-projet-de-loi-qui-permet-
    #UK #Angleterre #asile #migrations #réfugiés #externalisation #offshore_asylum_processing
    #rapport_parlementaire

    –-

    ajouté à la métaliste sur la mise en place de l’#externalisation des #procédures_d'asile au #Rwanda par l’#Angleterre (2022) :
    https://seenthis.net/messages/966443

    elle-même ajouté à la métaliste sur les tentatives de différentes pays européens d’#externalisation non seulement des contrôles frontaliers (https://seenthis.net/messages/731749), mais aussi de la #procédure_d'asile dans des #pays_tiers :
    https://seenthis.net/messages/900122

  • #Stanislas : face aux #mensonges de la direction, de nouveaux témoignages

    Homophobie, sexisme, absence d’éducation à la sexualité ou cours religieux obligatoires... Depuis la publication du rapport d’inspection, le directeur de cet établissement privé conteste toute dérive. D’anciens élèves rencontrés par Mediapart répondent.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/270124/stanislas-face-aux-mensonges-de-la-direction-de-nouveaux-temoignages
    #lycée #sexisme #homophobie #témoignages #Amélie_Oudéa-Castéra #non-mixité #Frédéric_Gauthier #autoritarisme #catéchisme #rapport #rapport_d'inspection #Philippe_Ariño #homosexualité #manif_pour_tous #thérapie_de_conversion #avortement #anti-avortement #catholicisme #préjugés_sexistes #éducation_à_la_sexualité #contraception #catéchèse #prosélytisme

  • La ligne Nord-Sud, permanence d’un #clivage ancien et durable

    Très utilisée en classe pendant plus de deux décennies par commodité pédagogique, la limite Nord-Sud a été aussi beaucoup critiquée. Simpliste, réductrice, caricaturale ? En fait, retracer l’histoire de la notion permet de lui redonner une épaisseur et un intérêt épistémologique. Encore puissante aujourd’hui dans les mécanismes de négociation internationale, elle s’incarne toujours dans la notion de "Sud global".

    La limite Nord-Sud a été omniprésente sur les cartes des manuels scolaires de géographie jusqu’à encore récemment. Simple, elle répondait à certaines attentes didactiques du secondaire : un repère visible, traçable, mémorisable ; et résumait bien les inégalités dans le Monde.

    Son tracé reprenait la ligne qui avait été esquissée sur une carte publiée en 1980 en couverture des éditions étatsunienne et française du rapport rédigé sous la direction de l’ancien chancelier allemand Willy Brandt, Nord-Sud : un programme de survie. La carte avait été conçue selon une projection inhabituelle, justifiée dès le verso de la page de titre :
    « 

    « Elle montre exactement la proportion de la surface des terres immergées [1]. […] Cette projection marque un progrès important par rapport à la conception qui attribuait un rôle mondial prépondérant à l’Europe sur le plan géographique comme sur le plan culturel. »

    Willy Brandt (dir.), 1980, Nord-Sud : un programme de survie : Rapport de la Commission indépendante sur les problèmes de développement international, Paris, Gallimard, p. 6.
     »

    La carte présentée par Arno Peters en 1973 était une critique de la projection de Mercator, très utile en son temps pour les navigateurs européens, mais obsolète, voire inacceptable, au XXe siècle car non équivalente, trop « inégale » notamment à l’encontre des pays de la zone intertropicale. La projection de Peters, qui avait été décrite auparavant par James Gall en 1855, était plus juste dans la représentation de la surface des différentes régions du monde. Elle était donc en accord avec la perspective tiers-mondiste adoptée dans le rapport Brandt.

    Quant à la ligne elle-même, les auteurs du rapport soulignaient la simplification peut-être excessive qu’elle opérait :
    « 

    « Il y a des objections évidentes à une image simplifiée montrant le monde divisé en deux camps. Le “Nord” comprend deux pays riches et industrialisés, au sud de l’équateur, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Dans le “Sud”, la gamme va d’une nation à demi industrialisée, en pleine expansion, comme le Brésil, à des pays pauvres enserrés par les terres, comme le Tchad, ou insulaires, comme les Maldives. Quelques pays du Sud, généralement exportateurs de pétrole, disposent d’un revenu plus élevé par habitant que certains pays du Nord. Mais d’une manière générale et bien qu’il n’y ait pas de classification uniforme ou permanente, “Nord” et “Sud” sont synonymes grosso modo de “riche” et de “pauvre”, de pays “développés” et de pays “en voie de développement”. »

    Willy Brandt (dir.), 1980, Nord-Sud : un programme de survie : Rapport de la Commission indépendante sur les problèmes de développement international, Paris, Gallimard, p. 55.
     »

    Cela revient à dire qu’aucune des appellations relevées dans la citation n’était totalement synonyme d’une autre ni complètement satisfaisante. Dans un bref ouvrage de synthèse sur le Tiers-Monde, le politologue Edmond Jouve (1955, p. 11 et suiv.) rappelait le succès, un temps, de la formule « nations prolétaires », empruntée à Arnold J. Toynbee et popularisée par Pierre Moussa, et parlait, à propos de toutes ces appellations, d’une « crise terminologique ». Quant au fait que Nord et Sud ne correspondaient pas strictement au découpage du globe selon la ligne équatoriale, les auteurs du rapport publié en 1980 le savaient bien, et il faudrait être d’assez mauvaise foi aujourd’hui pour ne pas voir dans ces appellations des catégories spatiales économiques et politiques qui n’ont qu’un rapport métonymique avec la division hémisphérique du globe en deux. Sur un plan strictement géographique, le découpage Nord-Sud n’est pas plus valide que le découpage Est-Ouest qui a dominé la guerre froide, l’ouest et l’est étant des positions relatives et non absolues. Cela n’invalide pas pour autant le sens dont ils sont porteurs. En revanche, « la ligne Nord-Sud est-elle encore pertinente aujourd’hui ? » est une autre question, qui mérite effectivement d’être posée.

    Pour y répondre, il est nécessaire de rouvrir le dossier géohistorique (Capdepuy, 2007) et de s’interroger : comment la ligne Nord-Sud est-elle devenue un objet cartographique ? Dans quelle mesure a-t-elle marqué de son emprunte la cartographie scolaire des inégalités mondiales ? Marque-t-elle un seuil de développement, comme on le pense assez communément, ou bien un clivage géopolitique ?

    1. La genèse d’une ligne

    La plus ancienne occurrence explicite d’une division Nord-Sud du Monde est attribuable à Oliver Franks, alors président de la Lloyds Bank, dans un discours prononcé le 19 novembre 1959 lors d’une conférence organisée par le Committee for Economic Development, groupe de réflexion états-unien fondé en 1942 et composé de cadres supérieurs de différentes entreprises. Le thème portait sur « L’économie du monde occidental est-elle en train de se séparer ? ». D’après le New York Times (Reston, 1959), le texte du discours d’Oliver Franks aurait été remis au secrétaire d’État Christian A. Herter, et attentivement étudié par le gouvernement, avant d’être publié dans la Saturday Review en janvier 1960.
    « 

    « Nous sommes entrés dans un monde différent. C’est pourquoi il est important de se demander quels sont aujourd’hui nos objectifs communs en matière de politique économique de part et d’autre de l’Atlantique. Je dirais qu’aujourd’hui nous en avons deux, et qu’ils sont liés à un changement dans la position politique et stratégique générale de notre monde occidental. Auparavant, les problèmes de tension entre l’Est et l’Ouest étaient dominants ; maintenant, nous avons un problème Nord-Sud d’égale importance. Il est lié au premier, mais a sa propre existence, indépendante et égale. Je voulais parler des problèmes des relations entre les pays industrialisés du Nord et les pays sous-développés et en développement qui se trouvent au sud de ceux-ci, que ce soit en Amérique centrale ou du Sud, en Afrique ou au Moyen-Orient, en Asie du Sud ou dans les grands archipels du Pacifique. S’il y a douze ans, l’équilibre du monde tournait autour de la reconquête de l’Europe occidentale, maintenant il tourne autour de relations justes du Nord industriel du globe avec le Sud en développement. »

    Oliver Franks, « The New International Balance : Challenge of the Western World », Saturday Review, vol. 43 16 janvier 1960, p. 20.
     »

    Un « problème Nord-Sud » – on peut s’étonner, soixante ans après, de la rapidité à laquelle l’expression employée par Oliver Franks en novembre 1959 a été reprise dans les mois qui suivirent. Dès 1960, Tadao Kato, étudiant japonais au Center of International Affairs de l’université de Harvard, rédigea un mémoire sur la double dichotomie Est-Ouest et Nord-Sud (Tadao, 1960). L’opuscule n’a pas été diffusé, mais révèle l’intérêt immédiat porté à ces concepts spatiaux. Notons que Tadao Kato a été, dix ans plus tard, ambassadeur du Japon au Mexique. En France, en 1960 également, dans la revue Politique étrangère, René Servoise, conseiller au ministère des Affaires étrangères, publia un article sur la transformation des relations entre les pays industrialisés et les anciens pays colonisés au moment où l’Europe occidentale et le Japon réapparaissaient sur la scène économique mondiale grâce à l’aide états-unienne dont ils avaient bénéficié.
    « 

    « Les succès même des Européens et les réussites économiques de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne et de la France à la veille des années 1960 permettent désormais aux peuples occidentaux de regarder au-delà de l’horizon immédiat de leurs frontières. Les problèmes intérieurs économiques et financiers sont en grande partie réglés, la convertibilité monétaire est partiellement revenue, l’or et les devises se sont redistribués d’une façon plus équilibrée. Dans ces conditions les peuples européens peuvent se pencher avec une plus grande liberté d’esprit et des moyens plus considérables vers les problèmes du tiers-monde. »

    René Servoise, « De l’assistance au commerce international », Politique étrangère, n° 4, 1960, p. 318.
     »

    C’était le problème des « relations Nord-Sud » selon la formulation que René Servoise empruntait explicitement à Oliver Franks, mais avec une autre référence que celle précédemment citée : Oliver Franks aurait fait un autre discours, en des termes semblables, lors de la réunion annuelle de la Lloyds Bank en février 1960 [2].

    En 1962, Walt W. Rostow, théoricien économiste du développement et conseiller au département d’État, fit une conférence sur « la stratégie américaine sur la scène mondiale » en partant de l’interrogation : « Comment se fait-il que nous semblions vivre dans un océan de problèmes ? »
    « 

    « Abstraction faite des intrusions directes de la puissance militaire communiste dans les années d’après-guerre – symbolisées, par exemple, par le blocus de Berlin en 1948-49, l’invasion de la Corée du Sud en 1950 et les attaques périodiques contre les îles au large des côtes – les crises d’après-guerre ont été de trois sortes, généralement combinées d’une manière ou d’une autre : les crises internationales résultant de luttes internes pour le pouvoir, reflétant les tensions politiques et sociales inévitables de la modernisation en cours dans les régions sous-développées ; les conflits coloniaux ou postcoloniaux impliquant les nations européennes d’un côté et les nations et territoires des continents méridionaux de l’autre ; et les efforts des communistes pour exploiter systématiquement les occasions offertes par ces deux types de problèmes inhérents. Pensez-y et vous serez, je pense, d’accord. L’Indochine, Suez, l’Irak, Cuba, l’Algérie, le Congo, Bizerte, Goa, la Nouvelle-Guinée occidentale, la République dominicaine – tous ces événements sont le fruit d’une combinaison de ces trois éléments, et ils sont tous apparus dans ce que nous appelons les régions sous-développées.

    À l’époque de Staline, la politique communiste était plutôt directe et militaire, mais au cours de la dernière décennie, les communistes se sont systématiquement efforcés de tirer le meilleur parti des turbulences inévitables du processus de modernisation, d’une part, et des conflits nord-sud, d’autre part (en utilisant cette désignation géographique abrégée pour représenter le fait approximatif que la révolution industrielle est arrivée en premier dans les parties septentrionales du monde et qu’elle se poursuit aujourd’hui dans les parties occidentales du monde). »

    Walt W. Rostow, « American Strategy on the World Scene », The Department of State Bulletin, vol. 46, n° 1188, 2 avril 1962, p. 26.

     »

    Tout en soulignant la dimension simplificatrice de cette dichotomie Nord-Sud, Walt W. Rostow la reprenait pour dépeindre à grands traits un tableau du Monde. Soulignons au passage – on y reviendra – la dimension conflictuelle, anticoloniale, donnée aux relations Nord-Sud.

    En 1962, lors d’une conférence donnée à l’université de Harvard, Willy Brandt, alors bourgmestre-gouverneur de Berlin, considérait que l’accélération de la décolonisation amènerait sans doute un retournement de la géopolitique mondiale :
    « 

    « Depuis quelques années, le problème Est-Ouest est accompagné et influencé par un problème Nord-Sud. Ce dernier sera peut-être un jour le plus important des deux. »

    Willy Brandt, 1963, The Ordeal Of Coexistence, Cambridge, Harvard University Press, p. 74.
     »

    Cependant, comme il le reconnut dans ses Mémoires (Brandt, 1992, p. 341), « pendant de nombreuses années, [il avait] été bouleversé par l’extrême pauvreté qui était un phénomène particulièrement flagrant dans des régions comme l’Afrique au sud du Sahara, le sous-continent indien et les barrios en marge des villes latino-américaines » :
    « 

    « Il n’y a pas de honte à admettre que ce problème n’était pas au premier plan de mes préoccupations pendant les années où j’ai exercé des responsabilités gouvernementales. En politique étrangère, je devais me concentrer sur des préoccupations immédiates et urgentes, faute de quoi je n’aurais rien pu faire dans le domaine de l’Ostpolitik. »

    Willy Brandt, My Life in Politics, trad. de l’allemand, New York, Viking, 1992, p. 341.
     »

    De fait, alors que la guerre froide polarisait les relations internationales entre Est et Ouest, l’accès à l’indépendance de nombreux pays modifiaient la géopolitique mondiale selon une dynamique transverse. Alors qu’on comptait officiellement 51 États membres de l’Organisation des Nations Unies en 1945, ils étaient 115 en 1964, issus pour la plupart de la décolonisation. Le 16 juillet 1964, à Genève, devant le Conseil économique et social, le Secrétaire général de l’ONU, Maha Thray Sithu U Thant, par ailleurs homme politique birman, ne pouvait que faire le constat de la montée en puissance du Sud :
    « 

    « J’ai souvent dit, et je pense que cela mérite d’être répété, que les tensions Nord-Sud sont fondamentalement aussi graves que celles Est-Ouest et que l’ONU a une contribution unique à apporter à la diminution des deux. Avant la Conférence, le parallèle entre les relations Nord-Sud d’une part et les relations Est-Ouest d’autre part aurait pu sembler un peu tiré par les cheveux, puisque le Nord et le Sud ne pouvaient pas être distingués l’un de l’autre dans nos forums économiques aussi distinctement que l’Est et l’Ouest pouvaient l’être sur certaines questions politiques majeures. Maintenant, on sait que le Sud peut être identifié à un grand groupe de plus de 75 voix, lorsqu’il choisit de s’affirmer. En démontrant une telle possibilité, la Conférence a peut-être marqué un tournant dans l’histoire des relations économiques internationales. »

    Portfolio for Peace : Excerpts from the writings and speeches of U Thant, Secretary-General of the United Nations, on major world issues 1961-1970, New York, United Nations, 1970, p. 111.
     »

    La conférence à laquelle il faisait référence était la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui s’était tenue à Genève de mars à juin 1964 et qui s’était achevée par la « Déclaration commune des Soixante-dix-sept » [3]. L’objectif était de promouvoir « un ordre international nouveau et juste ». La déclaration se terminait sur ces mots :
    « 

    « L’injustice et la négligence des siècles doivent être réparées. Les pays en développement sont unis dans leur détermination à poursuivre leur quête d’une telle réparation et se tournent vers l’ensemble de la communauté internationale pour qu’elle comprenne et soutienne cette entreprise. »

    « Joint declaration of the seventy-seven developing countries made at the conclusion of the United Nations Conference on Trade and Development », Geneva, 15 June 1964.
     »

    Les pays développés ne sont pas explicitement mentionnés, mais l’idée d’une injustice à réparer les désigne. Cette revendication était portée par ce qu’on allait appeler le Groupe des 77, indépendamment du nombre croissant de ses États-membres. Le 10 avril 1974, le président algérien Houari Boumediene s’en fit le héraut à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies :
    « 

    « Posé depuis un quart de siècle par l’ensemble des nations comme l’une des priorités du monde, le problème du développement devient aujourd’hui la priorité des priorités à laquelle nous tous devons faire face, et sans plus attendre, si nous voulons éviter l’éventualité tragique que ce problème ne se transforme un jour en une source de conflagration incontrôlable.

    Toute volonté politique réelle d’attaquer de front le problème du développement devrait, en premier lieu, reconnaître comme une question centrale, le sort des ressources mondiales. En d’autres termes, toute démarche entreprise vers une solution concrète et définitive à ce problème impliquerait, au préalable, une prise de position appropriée sur la reconnaissance des priorités humaines. Elle devrait conduire, en définitive, à un réaménagement profond des relations économiques entre pays riches et pays pauvres, dans le sens d’une répartition des avantages, de la croissance et du progrès, répartition qui, pour être équitable, devrait être conforme aux besoins, aux priorités et aux intérêts légitimes des parties concernées.

    Or, force nous est de constater, en premier lieu, que dans le monde où nous vivons, tous les leviers de commande de l’économie mondiale sont entre les mains d’une minorité constituée par des pays hautement développés. Cette minorité, par sa position dominante, détermine à elle seule la répartition des ressources mondiales en fonction d’une hiérarchie des besoins qui lui est propre. »

    Assemblée générale des Nations unies, 2208e séance plénière, 10 avril 1974, A/PV.2008 [en ligne].
     »

    La résolution 3201 votée au mois de mai 1974 validait cette demande d’un « nouvel ordre économique international ». L’article 4 en détaillait les principes : l’égalité souveraine des États, l’autodétermination des peuples, les coopération entre tous les États de la communauté internationale, la participation de tous, à égalité, au règlement des problèmes économiques mondiaux, le droit de chaque pays de choisir son modèle économique et social, la souveraineté de chaque État sur ses ressources naturelles, le droit pour tous les États de se voir restituer ses territoires occupés, la réglementation et la supervision des activités des multinationales, la lutte contre la discrimination raciale et l’apartheid, des rapports équitables entre les prix des matières premières et les produits manufacturés, une aide aux pays en développement… [4]

    En 1974, après l’abandon de la convertibilité du dollar en or et le premier choc pétrolier, le président français Valéry Giscard d’Estaing lança l’idée d’une conférence internationale consacrée aux problèmes de l’énergie. Le 16 décembre 1975, à Paris, s’ouvrait la Conférence pour la coopération économique internationale. Elle réunissait 27 pays : 19 États du Tiers monde et 8 pays industrialisés, dont la CEE (document 1). La conférence dura jusqu’en juin 1977. Tout le monde ne parlait que de « dialogue Nord-Sud ».
    Document 1. Les participants à la Conférence pour la coopération économique internationale (1975–1977)

    C’est dans ce contexte qu’en 1977, Willy Brandt, sollicité par Robert S. McNamara, alors président de la Banque mondiale, constitua une « commission indépendante sur les problèmes de développement international », la « Commission Nord-Sud ». Le 9 décembre 1977, dans son discours d’accueil de ladite commission, Willy Brandt eut un mot d’explication sur la carte offerte aux invités :
    « 

    « Il est de coutume, en de telles occasions, d’offrir aux participants un souvenir de la réunion. Il se trouve qu’un de mes compatriotes a produit une nouvelle carte, une projection de la planète Terre sur laquelle, nous tous, riches et pauvres, nous devons vivre.

    Au lieu de la carte conventionnelle avec l’Europe au centre, qui donne deux tiers de l’espace à l’hémisphère Nord, cette carte prête attention à l’espace où vivent les deux tiers de la population mondiale. Ce sont les problèmes de ce Tiers Monde (ou devrais-je dire des Deux Tiers du Monde ?) qui nous préoccupent dans cette Commission et qui domineront les événements politiques et économiques au moins jusqu’à la fin de ce siècle. »

    Willy Brandt, “Opening address by Willy Brandt”, Gymnich Castle, 9 décembre 1977, in : Brandt Commission - Correspondence 11, 1771352, WB IBRD/IDA 03 EXC-10-4539S, Records of President Robert S. McNamara, World Bank Group Archives, Washington, D.C., United States.
     »

    C’est cette carte, présentée par l’historien Arno Peters lors d’une conférence de presse à Bonn en 1973 puis devant la Société cartographique de Berlin en 1974, qui fut reprise en 1980 sur la couverture du rapport final de la Commission et sur laquelle fut tracée une ligne illustrant la division Nord-Sud. Notons cependant que le choix d’accentuer cette division par deux couleurs différentes pour représenter le Nord et le Sud n’apparaît que dans l’édition française (document 2a). Sur la couverture de plusieurs autres éditions, notamment anglaise, la ligne serpente en noir sur un planisphère où les pays sont tous coloriés en rouge (2b). L’effet visuel est bien moindre. Par ailleurs, toutes les éditions n’ont pas fait le choix d’une carte en couverture : l’édition colombienne montre le clivage Nord-Sud par le contraste de deux photos (2c) et l’édition mexicaine montre deux mains qui se tiennent selon un axe vertical (2d).
    Document 2. La couverture du rapport Brandt dans les éditions française, anglaise, colombienne et mexicaine

    En août 1978, dans une discussion avec le directeur de la Banque mondiale, Rainer Steckhan, Willy Brandt avait évoqué le projet d’Arno Peters de réaliser « un nouveau type d’atlas dans lequel chaque pays de la communauté mondiale serait présenté sur une double page avec des données et des tableaux relatifs à son histoire et à sa situation économique et sociale actuelle » (Fischer, 1978), les proportions individuelles de chaque pays étant déduites de la carte du monde déjà présentée. Ainsi, « l’ancienne présentation du monde, centrée sur l’Europe, est abandonnée au profit d’une image géographiquement plus équilibrée des pays en développement qui, sur cette carte, occupe désormais environ les deux tiers de la carte et inverse ainsi l’ancienne présentation où le “Nord” occupait cet espace » (ibid.). Un soutien de la Banque mondiale en vue de la publication de cet atlas est évoqué, ainsi que celui de l’UNESCO. Malgré cela, l’atlas n’a pas été publié et le rapport édité par la Commission en 1980 ne comportait aucune carte sinon celle publiée en couverture.

    Elle résumait à elle seule la vision du Monde portée par la Commission. De fait, une dizaine d’années plus tard, on commençait à parler en anglais de la « ligne Brandt » (document 3).
    Document 3. La « ligne Brandt » entre le « Nord riche » et le « Sud pauvre », sur un atlas britannique de 1990

    2. Une zone en filigrane

    La ligne Nord-Sud a été inventée, cartographiquement, par le rapport Brandt de 1980. Pour autant, on peut se demander dans quelle mesure ce rapport a vraiment influencé la géographie scolaire française [5]
    Document 4. Le Tiers-Monde dans un manuel de terminale de 1983

    La chose peut paraître étonnante au regard des rythmes actuels, mais le programme de géographie de classe de terminale n’a pas été modifié entre 1963 et 1982. On manque donc de référents pour les années 1970. Le programme de 1982 a été conçu en trois volets : les quatre grandes puissances / la mondialisation des échanges / les inégalités de développement. La troisième partie a donné lieu dans les manuels de 1983 à une cartographie du sous-développement et notamment du Tiers monde. Ainsi, dans le manuel édité chez Armand Colin sous la direction de Marcel Baleste, on peut trouver une carte problématisée avec pour titre une question : « Où arrêter le Tiers-Monde ? » (document 4). Il s’agit d’une carte choroplèthe avec une typologie distinguant « pays moins avancés », « autres pays à faible revenu », « pays à revenu intermédiaire » et « pays exportateurs de pétrole à excédent de capitaux ». Elle pose le problème récurrent du manque d’unité de cet ensemble qu’on a pris l’habitude depuis les années 1960 d’appeler le Tiers-Monde – avec ou sans majuscules, avec ou sans trait d’union. Sur la carte, on trouve également deux lignes clairement tracées qui indiquent, d’après la légende, la « limite du Tiers monde », en l’occurrence les limites. Le cartographe ne reprenait pas la ligne Nord-Sud du rapport Brandt (document 5).

    Document 5. Deux modèles de limite Nord-Sud : zonal et hémisphérique

    Le fait que la ligne méridionale qui inclut l’Australie et la Nouvelle-Zélande soit prolongée sur tout l’hémisphère Sud, sous l’Afrique et sous l’Amérique du Sud, alors qu’il n’y a évidemment aucun pays développé plus au sud, ni même la potentialité qu’il s’en trouve, apparaît en effet comme la trace persistante de l’idée que le sous-développement serait liée à la tropicalité. Le cours en vis-à-vis amène à prendre un peu de distance avec « un vocabulaire ambigu » et « des limites incertaines ». Par rapport aux termes de « pays sous-développés » ou de « pays en voie de développement » qui renvoient à l’idée discutable de développement, les auteurs semblent préférer des expressions plus vagues et par là-même moins contestables, notamment « Nord » et « Sud » (p. 264 du même manuel).

    Document 6. Les pays en voie de développement d’après un manuel de terminale de 1983

    Dans un autre manuel de 1983, édité par Hachette, une double page présente une grande carte des pays en voie de développement (document 5). Deux grandes lignes rouges traversent le planisphère de gauche à droite, l’une dans l’hémisphère nord, l’autre dans l’hémisphère sud. L’Australie, la Nouvelle-Zélande, mais aussi l’Afrique du Sud et l’Argentine ne font pas partie des pays en question. On voit bien se dessiner une large zone, au sens étymologique de « ceinture ». Sa source d’inspiration est référencée : la Géographie du sous-développement, d’Yves Lacoste, éditée en 1981. Il s’agissait de la troisième édition d’un ouvrage publié pour la première fois en 1965.

    Document 7. Carte schématique des limites du Tiers Monde et des principales zones thermiques du globe

    Document 8. Esquisse provisoire des limites du Tiers-Monde

    On retrouve le même dispositif sur une carte publiée dans un autre livre d’Yves Lacoste : Unité et diversité du tiers monde, paru en 1980. L’ouvrage était présentée comme une étude détaillée et méthodique de cette question difficile :
    « 

    « Il n’est pas inutile – mais il n’est pas suffisant – de distinguer à la surface du globe quelques grands ensembles de pays (il vaudrait mieux dire grands ensembles d’États et de formations sociales), parce que l’on peut leur reconnaître, à un degré poussé d’abstraction, un certain nombre de caractéristiques communes, celles-ci n’excluant absolument pas les antagonismes au sein d’un même ensemble.

    […]

    Pourtant s’il est utile de dégager ce qui permet de considérer le tiers monde comme un ensemble, malgré les affrontements qui s’y produisent, il ne faut plus négliger l’analyse de sa diversité. Trop longtemps, c’est seulement l’unité du tiers monde qui a été évoquée, célébrée, alors qu’il était pourtant évident que les États que l’on regroupait dans cet ensemble sont d’une extrême diversité, aussi bien en raison des héritages historiques, des contrastes de culture, des conditions naturelles, des structures économiques et sociales, des régimes politiques, etc. Mais les facteurs de cette diversité sont si nombreux, tellement hétéroclites qu’on renonçait à rendre compte méthodiquement de ce fouillis inextricable. L’évocation de l’unité du tiers monde permettait de laisser de côté cet embrouillamini, d’avoir une représentation du monde beaucoup plus simple, fondée sur un dualisme économique manichéen (pays développés/pays sous-développés) et de tenir des raisonnements relativement simples sur les mécanismes historiques de 1’“échange inégal” entre un “centre” dominant et une “périphérie” dominée. »

    Yves Lacoste, Unité et diversité du tiers monde, Paris, François Maspero, 1980, vol. 1, Des représentations planétaires aux stratégies sur le terrain, p. 10.

     »

    Yves Lacoste rejetait à nouveau toute zonalité climatique, considérant que « la rapidité de la croissance démographique constitue désormais, compte tenu des changements récents, la principale caractéristique commune des États que les médias envisagent communément comme faisant partie du tiers monde » (Lacoste, 1980, p. 96).
    Document 9. La diversité des situations des pays en développement dans un manuel de 1989

    Dans un manuel publié chez Hatier en 1989, sur la carte présentant la « diversité des situations des pays en développement », la ligne est discontinue au niveau des océans (document 9). Là aussi, les deux traits situés sous l’Amérique du Sud et l’Afrique peuvent apparaître a posteriori absurdes. Des années plus tard, dans un billet du blog, Philipe Rekacewicz est revenu sur la construction de cette carte. Lors d’un entretien, il explique que ces traits ont été ajoutés après discussion avec l’éditeur parce qu’il y avait un « besoin de sémiologiquement cadrer » ces pays en développement, pour « montrer qu’on avait un ensemble », « une zone » [6]. Philippe Rekacewicz reconnaît que ces traits n’avaient pas lieu d’être sur le plan géographique, mais, très influencé par la réflexion de Jacques Bertin, il avait fait le choix de les ajouter, dans un deuxième temps, parce que l’absence de traits avait été jugée déroutante.

    Document 10. « Nord » et « Sud » dans un manuel de terminale de 1989

    Document 11. La limite entre le « Nord » et le « Sud » en 1950 et en 1995 dans un manuel de 1995

    La même année, en 1989, le manuel publié chez Belin, sous la direction de Rémy Knafou, offre une carte qui, pour la première fois peut-être, révèle l’influence du rapport Brandt, avec une ligne unique qui traverse l’ensemble du planisphère et qui englobe l’Australie en un même mouvement (document 10). Les guillemets employés autour des termes « Nord » et « Sud » appelaient les élèves à comprendre que ces mots n’étaient évidemment pas à comprendre au sens strict, d’autant que l’équateur était clairement tracé. Quelques années plus tard, dans le manuel de terminale édité par Belin en 1995, deux cartes apparaissent a posteriori comme très novatrices (document 11). Tout d’abord, par le titre : elles représentent « la limite entre le “Nord” et le “Sud” ». Cela ne pourrait être qu’un détail, mais il est significatif. Ce n’est pas la limite du Tiers-Monde ou des pays en développement, mais bien une ligne distinguant deux ensembles. Ensuite, par le tracé : au lieu d’une ligne unique, on en trouve plusieurs, autour de différents espaces, dessinant ainsi une sorte d’archipel du Nord. Enfin, par l’approche historique : la première carte représente la limite Nord-Sud en 1950, la seconde en 1995. Entre 1950 et 1995, certains ne font plus partie du Nord (Argentine, URSS), tandis que d’autres l’ont intégré (Corée du Sud, Taïwan, Singapour, Espagne, Portugal). Le Nord et le Sud n’apparaissent pas ici comme des entités figées. On ne trouve rien d’équivalent dans les manuels qui ont été publiés depuis.

    En 1998, les auteurs du manuel d’histoire-géographie de Terminale STT publié par Magnard font le choix, en couverture, pour illustrer la géographie, de reprendre un planisphère où seule la ligne Nord-Sud est tracée (document 12). Celle-ci serait-elle en passe de devenir iconique ? La même année, dans le manuel de géographie de chez Hachette, sur un planisphère introductif représentant « le monde géopolitique aujourd’hui », la ligne est bien mise en valeur dans sa continuité grâce la projection polaire, mais la légende peut étonner : « ancienne limite Nord-Sud (pays industrialisés / tiers-monde » [7]. Au moment où en fait cette limite se diffuse et s’impose, elle apparaîtrait déjà obsolète – ce qui en fait se comprend si on la perçoit comme l’héritière d’une tradition cartographique qui est, en réalité, bien antérieure à 1980.

    Document 13. La Limite Nord-Sud sur une carte parue dans la Documentation photographique sur la mondialisation (2004)

    Pourtant, rien, alors, ne vint la remettre en question. Au contraire, la « limite Nord-Sud » est validée par une publication qui a une influence notable dans le milieu scolaire : la Documentation photographique et son numéro sur « La mondialisation en débat », dirigé par Laurent Carroué et publié en 2004 (document 13). On pourrait juste faire remarque le choix, rare, de ne pas représenter ladite limite par une ligne unique, mais par deux lignes. L’article que j’ai moi-même publié en 2007 dans M@ppemonde posait la question de l’origine de « la limite Nord/Sud » mais n’interrogeait absolument pas l’expression, employée dans le titre, alors que tout au long du texte, il n’était question que de « ligne ». Pourtant, cela appelait sans doute un commentaire.

    En effet, le terme de « limite » reste jusqu’à aujourd’hui le témoin de cette zonalité passée et un peu oubliée. Mais ce n’est pas forcément le cas partout. Ainsi est-il intéressant de comparer sur l’encyclopédie en ligne Wikipédia les différences de titres donnés à l’article consacré au sujet : « Limite Nord/Sud » en français, mais « División Norte-Sur » en espagnol, « Divisão norte-sul » en portugais, « Divisione Nord-Sud » en italien, « Nánběi fēnqí » en chinois… Tous renvoient à l’expression anglaise : « North-South divide », titre remplacé fin 2020 par « North-South divide in the World » puis en 2021, par celui de « Global North and Global South ». À l’exception de l’arabe « Had chamāl-janūb », qui, comme en français, met l’accent sur la frontière, ou la limite, dans les autres langues, c’est la division du monde en deux ensembles opposés qui est privilégiée.

    En 2015, Christian Gratalaloup, lors d’un café géographique, s’interrogeait : « Nord/Sud, une représentation dépassée de la mondialisation ? » Selon lui, cette vision du monde, outre son européocentrisme, a été rendue obsolète par la montée en puissance des BRICS, ce groupe de pays qui se réunissent lors de sommets annuels depuis 2009 [8]. En 2018, dans Vision(s) du Monde, il considère qu’on pouvait observer une « érosion de la zonalité mondiale » (p. 77). La formule en elle-même révèle une certaine interprétation de la dichotomie Nord-Sud. De fait, la tropicalité a été longtemps sous-jacente à la question du sous-développement. En 1990, dans Mondes nouveaux, le premier volume de la Nouvelle géographie universelle, réalisé sous la direction de Roger Brunet et d’Oliver Dollfus, les auteurs posaient encore la question : « Nord et Sud : un retour au “déterminisme géographique” ? » (p. 472). La réponse était négative, mais la lecture zonale demeurait prégnante.


    3. Un seuil de développement

    La question des critères pour délimiter le Tiers-Monde puis le Sud a été posée depuis longtemps. Yves Lacoste, en 1965, en proposait une liste assez longue :

    1. Insuffisance alimentaire.
    2. Graves déficiences des populations, forte proportion d’analphabètes, maladies de masse, forte mortalité infantile.
    3. Ressources négligées ou gaspillées.
    4. Forte proportion d’agriculteurs à basse productivité.
    5. Faible proportion de citadins ; faiblesse des classes moyennes.
    6. Industrialisation restreinte et incomplète.
    7. Hypertrophie et parasitisme du secteur tertiaire.
    8. Faiblesse du produit national par habitant.
    9. Ampleur du chômage et du sous-emploi ; travail des enfants.
    10. Situation de subordination économique.
    11. Très violentes inégalités sociales.
    12. Structures traditionnelles disloquées.
    13. Ampleur de la croissance démographique.
    14. Prise de conscience de la misère.

    Quinze ans plus tard, il considérait que prendre chaque critère l’un après l’autre aurait été fastidieux, pas toujours exact en termes de comparaison ou faussement précis :
    « 

    « Une démarche géographique aurait consisté, alors, à envisager l’extension spatiale de ces différentes caractéristiques, à examiner leurs coïncidences, leurs inclusions ou leurs intersections. Cette tâche de cartographie n’aurait d’ailleurs pas été facile à mener à bien, car bon nombre de ces “critères” sont relatifs ; ils procèdent d’une comparaison implicite ou explicite avec les caractéristiques des pays “développés”, et pour chacun d’eux l’établissement d’une carte aurait nécessité le choix d’un seuil quantitatif ; on se contente de tracer des ensembles spatiaux aux limites relativement floues. »

    Yves Lacoste, Unité et diversité du tiers monde, Paris, François Maspero, 1980, vol. 1, Des représentations planétaires aux stratégies sur le terrain, p. 40.
     »

    En 1981, cela ne lui paraissait plus possible de déterminer ainsi l’unité du Tiers monde. Nonobstant, la méthode est toujours plus ou moins celle-ci. Ainsi, Marcin Wojciech Solarz, professeur à l’université de Varsovie, a repris la question au début du XXIe siècle afin de proposer une cartographie plus juste, fondée sur le croisement de deux critères (Wojciech Solarz, 2009). D’un côté, il inscrit son travail dans la continuité de la réflexion initiée par l’économiste pakistanais Mahbub ul Haq, qui est l’inventeur de l’IDH, l’indice de développement humain utilisé dans le Rapport mondial sur le développement humain publié en 1990. Celui-ci, rappelons-le, agrège plusieurs données sur la santé (espérance de vie à la naissance), le niveau d’instruction (part de la population adulte alphabétisée + effectif scolarisé dans les trois cycles) et le niveau de vie (revenu brut par habitant en parité de pouvoir d’achat). D’un autre côté, Marcin Wojciech Solarz considère qu’il est nécessaire de compléter ces informations par un indicateur du développement politique, permettant de tenir compte du respect des droits politiques et des libertés civiles. Pour cela, il reprend le classement « Freedom in the World » publié tous les ans par l’ONG états-unienne Freedom House. Le croisement de ces deux classements lui permet de proposer deux cartes du Nord global et du Sud global, avec une définition plus ou moins large du Nord. Dans les deux cas, il ne représente pas de ligne qui diviserait le Monde en deux blocs et il conclut ainsi :
    « 

    « Une démarcation contemporaine de la ligne de partage Nord-Sud crée une image sur laquelle les îles et les archipels des pays caractérisés par un niveau de développement élevé sont dispersés dans un océan de pays caractérisés par l’absence de développement. »

    Marcin Wojciech Solarz, « North–South, Commemorating the First Brandt Report : searching for the contemporary spatial picture of the global rift », Third World Quarterly, vol. 33, n° 3, 2012, p. 569.
     »

    À partir des derniers rapports publiés, on peut en proposer une cartographie mise à jour et un peu différente qui dépasse la vision binaire habituelle (document 14). Mais sur la question de l’actualité de la limite Nord-Sud, les travaux récents arrivent à des conclusions parfois différentes.

    Document 14. Le Sud global en 2023 d’après les travaux de Marcin Wojciech Solarz

    En 2021, Nicholas Lee, dans une étude en termes de niveaux de développement économique, d’inégalités relatives, de pouvoir économique et de satisfaction politique, arrive à la conclusion que malgré une diversité économique accrue entre les pays du Sud, la hiérarchie mondiale reste la même qu’il y a quatre décennies (Lee, 2021, p. 85–106).

    Document 15. Dépasser la limite Nord Sud… et la voir ressurgir

    Plus récemment, en 2022, la question a été reprise sur le site Géoconfluences par Jean-Benoît Bouron, Laurent Carroué et Hélène Mathian. Ils proposent une nouvelle typologie des pays du monde sur la base d’une analyse multifactorielle combinant sept indicateurs : le taux de fécondité des femmes, la mortalité infantile, le PIB/hab., l’évolution du PIB/hab. entre 2000 et 2020, la consommation des ménages, la formation brute de capital fixe et les inégalités internes aux États (document 15). La ligne Nord-Sud telle qu’on l’enseignait apparaît dépassée, notamment en un point : la Russie est classée comme un pays émergent consolidé, à l’égal du Brésil et de la Chine, et non comme un pays favorisé.

    Le paradoxe de cet article, cependant, est peut-être que les pays qui constituent ce groupe de pays privilégiés sont peu ou prou les mêmes qu’il y a quarante ans. Ils correspondant finalement à ceux que Kenichi Ohmae, en 1985, avait inclus dans ce qu’il avait appelé « la Triade ». Terme souvent mal compris, il ne désignait pas alors une structure tripolaire, mais au contraire l’homogénéité d’un certain nombre de pays aux caractéristiques communes, et intéressantes pour des entreprises de plus en plus mondialisées.
    « 

    « On assiste à l’émergence d’un groupe homogènes de consommateurs formé des ressortissants du Japon, d’Amérique du Nord et de la Communauté européenne que nous pouvons appeler les Triadiens. Il s’agit de gens ayant des éducations très similaires de même que des niveaux de revenus, des styles de vie, des loisirs et des aspirations semblables. Dans ces pays démocratiques, l’infrastructure nationale – réseau routier, télécommunications, eau, électricité et services publics – est également très comparable. Les principales caractéristiques de la demande dans ces pays permettent à une entreprise d’aborder ce groupe de quelque 600 millions de personnes comme appartenant pratiquement à la même espèce. »

    Kenichi Ohmae, 1985, La Triade. Émergence d’une stratégie mondiale de l’entreprise, trad. de l’américain par C. Pommier, Paris, Flammarion, p. 21.
     »

    Leur conclusion n’est donc pas si éloignée de celle de Nicholas Lee dans le sens où on distingue toujours des inégalités mondiales et un « groupe de tête » composé des mêmes pays. Mais il est vrai que cela ne correspond pas à ce que montre la carte de la limite Nord-Sud telle qu’on la trace habituellement.


    4. Un clivage géopolitique

    Pour beaucoup, la ligne Nord-Sud représenterait autant un écart de développement qu’un seuil mal défini, une sorte de ligne de flottaison au-dessus de laquelle émergeraient les pays les plus développés. Marcin Wojciech Solarz souligne combien cette croyance ne tient pas, car le tracé de la ligne Nord-Sud, reprise depuis 1980 sans changement majeur d’une publication à l’autre, ne prend pas en compte le développement des pays (Solarz, 2020, p. 6–7). En un sens, c’est ce qu’ont voulu montrer Jean-Benoît Bouron, Laurent Carroué et Hélène Mathian : si on veut faire une typologie plus exacte, moins simpliste, des pays en fonction de critères socio-économiques, il faut abandonner la « limite Nord-Sud ». Et pourtant ! L’omniprésence, aujourd’hui dans les discours, du « Sud global » (davantage que du « Nord global »), montre bien que cette dichotomie fait sens à une expérience du Monde (Capdepuy, 2023). L’opposition Nord-Sud, qu’on a constamment voulu ramener à un écart de développement mesurable au niveau de richesse, a une dimension géopolitique qui a été gommée.

    On semble ainsi complètement oublier que cette vision du Monde a été inventée en 1959, en pleine guerre froide, et qu’elle prend sens par rapport à une autre division, Est-Ouest. Il faut réécouter ce que dit Willy Brandt le 9 décembre 1977, au château de Gymnich, lors de l’ouverture de la Commission Indépendante sur le Développement International :
    « 

    « L’exemple de ce que l’on a appelé l’Ostpolitik a montré qu’il est possible de changer le caractère d’un conflit et de trouver en son sein les éléments d’intérêt mutuel qui peuvent produire des solutions communes acceptables. Des différences fondamentales subsistent, mais de nouveaux domaines de coopération, s’ils sont correctement exploités, influencent même la scène idéologique.

    En tout état de cause, je suis prêt à m’engager dans une “Südpolitik” afin de réconcilier au moins certaines parties de la confrontation économique Nord-Sud. »

    Willy Brandt, “Opening address by Willy Brandt”, Gymnich Castle, 9 décembre 1977.
     »

    L’expression de Südpolitik n’a pas eu le succès de celle d’Ostpolitik, mais elle est révélatrice de l’esprit avec lequel cette commission était mise en place : une politique du Nord en direction du Sud dans l’espoir d’apaiser des relations perçues alors comme conflictuelles. L’équivalent de la « limite Nord-Sud » en allemand est « Nord-Süd-Konflikt ».

    Document 16. Le dialogue Nord-Sud en 1975–1977

    Ainsi est-il plus intéressant de cartographier la division Nord-Sud à partir de l’appartenance à deux ensembles géopolitiques dont l’origine remonte précisément au début des années 1960 lorsque l’expression a été imaginée : d’un côté, l’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques, créée en 1961 ; de l’autre, le G77, dont on a déjà dit qu’il avait été fondée en 1964, et qui comporte bien plus de membres aujourd’hui (document 16). La ligne Nord-Sud ne colle pas complètement. Le Mexique est membre de l’OCDE alors que la frontière mexicano-états-unienne est probablement un des lieux où la limite Nord-Sud est le plus tangible. L’ancien bloc communiste apparaît aussi encore en partie en blanc alors que l’URSS était considérée comme un pays du Nord. Il y a là une ambiguïté qui est intéressante, car révélatrice aussi de la posture ancienne de l’URSS et de la Russie d’aujourd’hui à se présenter non comme un pays du Sud, au sens où il serait sous-développé, mais comme un représentant des pays du Sud. Il y aurait une même logique de la conférence anti-impérialiste de Bruxelles en 1927 à la participation aux BRICS au XXIe siècle.

    Document 17. Pays développés au sens de l’Annexe B du Protocole de Kyoto

    Aujourd’hui, on a généralement tendance à considérer que la ligne Nord-Sud n’est qu’une abstraction, un artefact cartographique. Pourtant, il est un domaine où si la ligne n’est pas tracée, elle n’en divise pas moins les pays en deux catégories, c’est celui de la diplomatie climatique. Cette dichotomie a été actée lors du protocole de Kyoto en 1997 (Demaze, 2009) dont l’Annexe B a distingué deux groupes : d’une part, les pays développés et les ex-pays communistes d’Europe de l’Est, considérés comme « en transition vers une économie de marché » ; d’autre part, tous les autres pays du monde, qui ne sont pas listés, et qui correspondent aux pays en développement (document 17). Seuls les premiers devaient avoir baissé leurs émissions de gaz à effet de serre avant 2005. Le principe d’un tel clivage avait été ratifié à Rio de Janeiro lors de l’adoption de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, dont l’article 3 évoquait l’inégale responsabilité des pays dans le réchauffement du climat :
    « 

    « Il incombe aux Parties de préserver le système climatique dans l’intérêt des générations présentes et futures, sur la base de l’équité et en fonction de leurs responsabilités communes mais différenciées et de leurs capacités respectives. Il appartient, en conséquence, aux pays développés parties d’être à l’avant-garde de la lutte contre les changements climatiques et leurs effets néfastes. »

    Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, Nations unies, 1992, article 3, p. 5.

    Document 18. Les pays de l’Annexe I de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (1992)

    Ce sont les mêmes pays développés listés dans l’Annexe I de la Convention-cadre de 1992 qu’on retrouve dans l’Annexe B du protocole de Kyoto, à deux exceptions près : la Biélorussie et la Turquie (document 18). Or cette liste de pays développés, qui implique une liste invisible, celle des pays non nommés, des pays non développés, n’a pas la neutralité de l’annexe à laquelle elle est remisée.

    Comme l’affirma le président ougandais Yoweri Museveni lors du sommet de l’Union africaine qui s’était tenue à Addis Abeba en janvier 2007, « le changement climatique est un acte d’agression des riches contre les pauvres ». Propos qui fut rapporté par la ministre des Affaires étrangères britannique Margaret Beckett, alors qu’elle présidait au nom du Royaume-Uni le premier Conseil de sécurité portant sur cette question le 17 avril 2007 (p. 19). Lors de cette même réunion, Nassir Abdulaziz Al-Nasser, représentant du Qatar, insista bien sur cette dichotomie :
    « 

    « Pour parvenir à une compréhension commune qui permette de résoudre le problème du changement climatique, nous ne devons pas oublier le principe, convenu lors de tous les sommets et conférences des Nations unies, des responsabilités communes et différenciées de tous les États. En conséquence, les pays riches, développés et industrialisés se voient attribuer des responsabilités différentes de celles des pays pauvres en développement. »

    Nations Unies, Conseil de sécurité, 17 avril 2007, PV 5663, p. 10
     »

    Cette question de la justice climatique est la pierre d’achoppement des négociations actuelles, comme on a encore pu le voir lors de la COP27 qui s’est tenu à Charm el-Cheikh en novembre 2022. « The Global South Is Done Playing Mr. Nice Guy » titrait le Foreign Policy : « Le Sud global a fini de jouer Monsieur Gentil » (Hockenos, 2022).

    En 2009, lors de de la COP15 de Copenhague, avait été émise l’idée d’un Fonds vert pour le climat. Celui-ci devait servir à financer « l’adaptation » des pays en développement les plus vulnérables aux conséquences du réchauffement climatique, en priorité les pays les moins avancés, les États insulaires en développement, les pays d’Afrique (UNFCC, 2010). Ce fonds a été créé l’année suivante lors de la COP16 : « les pays développés parties adhèrent, dans l’optique de mesures concrètes d’atténuation et d’une mise en œuvre transparente, à l’objectif consistant à mobiliser ensemble 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 pour répondre aux besoins des pays en développement » (UNFCC, 2011) – les pays en développement, c’est-à-dire ceux qui ne sont pas sur la liste de l’Annexe I de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 1992. Le 29 novembre 2023, lors de l’ouverture de la COP 28 à Doubaï, le ministre des Affaires étrangères égyptien, Sameh Shoukry, qui avait présidé la COP 27, a rappelé que « nous ne pourrons pas atteindre nos objectifs communs sans l’adhésion de tous, et en premier lieu des pays du Sud », ajoutant :
    « 

    « Nous devons commencer à agir en faveur de la justice climatique et fournir les outils nécessaires dont nous avons déjà convenu à Charm el-Cheikh pour financer les pertes et les dommages, y compris la création d’un fonds. L’un des principaux résultats de la COP 28 est que le fonds soit pleinement opérationnel et financé. »

    United Nations Climate Change, « La COP 28 s’ouvre à Dubaï appelant à l’accélération de l’actio climatique et à une plus grande ambition face à l’escalade de la crise climatique », décembre 2023.
     »

    Plus de trente ans après, le clivage que cette catégorisation a acté perdure, quelle qu’ait été l’évolution économique des pays en question, et continue de diviser le Monde en deux : les pays développés et les pays en développement, le Nord et le Sud. Les problèmes sont communs, mais les responsabilités apparaissent différentes.

    Conclusion

    La dichotomie mondiale entre « Nord » et « Sud » ne date pas de 1980 (Capdepuy, 2018, p. 393). Il serait même possible de trouver les prémices d’une ligne Nord / Sud dans les décisions prises par différents papes au cours de la deuxième moitié du XVe siècle. On pense souvent à la ligne globale tracée « de pôle à pôle » par le traité de Tordesillas en 1494, mais on oublie la bulle Romanus Pontifex de 1454 qui donnait au roi du Portugal Alphonse V et à ses successeurs le droit de coloniser les territoires situés « à partir des caps Bojador et Nam jusqu’à toute la Guinée, c’est-à-dire en direction du Sud » [9]. Cette déclaration du pape dessinait une sorte de ligne distinguant deux mondes. Au sud d’une ligne qui correspondrait à peu près au 26e parallèle, on pouvait s’approprier tous les territoires et réduire en esclavage « Sarrasins et païens » ; au nord, c’était interdit. Les différents traités et bulles papales représentent à la fois la prétention absolue de puissances européennes, avec la bénédiction de l’Église catholique, à régenter un espace global dont elles n’avaient même pas encore fait le tour, et la dichotomie juridique instaurée entre l’Europe et le reste, qui était accaparable et exploitable, en un mot, colonisable.

    On pourrait considérer cela avec un certain scepticisme en arguant que tout cela est de l’histoire ancienne, sans rapport direct avec le Monde du XXIe siècle. On aurait tort. Pour preuve de l’actualité de ce rappel, le 30 mars 2023 a été publiée une Note commune sur la « Doctrine de la découverte » par le Dicastère pour la Culture et l’Éducation et le Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral. Rappelant la bulle Sublimis Deus prise par le pape Paul III en 1537 et condamnant déjà l’esclavagisation des populations indiennes, le Vatican a exprimé son rejet de ces bulles pontificales qui « n’ont pas reflété de manière adéquate l’égale dignité et les droits des peuples autochtones » et dont le contenu « a été manipulé à des fins politiques par des puissances coloniales concurrentes afin de justifier des actes immoraux à l’encontre des peuples autochtones qui ont été réalisés parfois sans que les autorités ecclésiastiques ne s’y opposent » :
    « 

    « L’Église est également consciente que le contenu de ces documents a été manipulé à des fins politiques par des puissances coloniales concurrentes afin de justifier des actes immoraux à l’encontre des peuples autochtones qui ont été réalisés parfois sans que les autorités ecclésiastiques ne s’y opposent. Il est juste de reconnaître ces erreurs, de reconnaître les terribles effets des politiques d’assimilation et la douleur éprouvée par les peuples autochtones, et de demander pardon. »

    « Joint Statement of the Dicasteries for Culture and Education and for Promoting Integral Human Development on the “Doctrine of Discovery” », Bollettino della Sala stampa della Santa Sede, 30 mars 2023.
     »

    Il reste que ce qui est visé ici ne concerne pas uniquement le Sud, mais aussi toute l’Amérique autochtone. De ce point de vue, la ligne Nord-Sud telle que dessinée sur la couverture du rapport de 1980 n’a aucune pertinence. Mais il n’est pas forcément besoin de tracer une ligne pour que le clivage entre ce qu’on appelle aujourd’hui le Nord global et le Sud global soit présent à l’esprit.

    Bibliographie

    Bouron Jean-Benoît, Carroué Laurent et Mathian Hélène, « Représenter et découper le monde : dépasser la limite Nord-Sud pour penser les inégalités de richesse et le développement », Géoconfluences, décembre 2022.
    Brandt Willy, 1963, The Ordeal Of Coexistence, Cambridge, Harvard University Press.
    Brandt Willy, “Opening address by Willy Brandt”, Gymnich Castle, 9 décembre 1977, in : Brandt Commission - Correspondence 11, 1771352, WB IBRD/IDA 03 EXC-10-4539S, Records of President Robert S. McNamara, World Bank Group Archives, Washington, D.C., United States.
    Brandt Willy (dir.), 1980, Nord-Sud : un programme de survie : Rapport de la Commission indépendante sur les problèmes de développement international, Paris, Gallimard, p. 6.
    Brandt Willy, My Life in Politics, trad. de l’allemand, New York, Viking, 1992, p. 341.
    Brunet Roger et Dollfus Olivier, Mondes nouveaux, Paris, Hachette. Chapitre écrit avec la collaboration de François Durand-Dastès.
    Capdepuy Vincent, 2007, « La limite Nord / Sud », Mappemonde, n° 88.
    Capdepuy Vincent, 50 histoires de mondialisations, Paris, Alma, 2018.
    Capdepuy Vincent, « Le Sud global, un nouvel acteur de la géopolitique mondiale ? », Géoconfluences, septembre 2023.
    Demaze Moïse tsayem, 2009, « Le protocole de Kyoto, le clivage Nord-Sud et le défi du développement durable », L’Espace géographique, Vol. 38, p. 139–156.
    Fischer, Fritz, 1978. Lettre de Fritz Fischer à Rainer Steckhan, 7 décembre 1978, in : Brandt Commission - Chronological Records - September 1978 - Marc 1979, 30124815, WB IBRD/IDA EXT-13, Records of the Office of External Relations, World Bank Group Archives, Washington, D.C., United States.
    Franks Oliver, « The New International Balance : Challenge of the Western World », Saturday Review, vol. 43, 16 janvier 1960, p. 20.
    Grataloup Christian, « Nord / Sud, une représentation dépassée de la mondialisation ? », Les cafés géographiques. Café géo du 14 janvier 2015, mis en ligne le 8 février 2015.
    Grataloup Christian, Vision(s) du Monde : Histoire critique des représentations de l’Humanité, Paris, Armand Colin.
    Paul Hockenos, « The Global South Is Done Playing Mr. Nice Guy », Foreign Policy, 24 octobre 2022.
    Jouve Edmond, 1996, Le Tiers Monde, Paris, Presses Universitaires de France.
    Lacoste Yves, Unité et diversité du tiers monde, Paris, François Maspero, 1980, vol. 1, Des représentations planétaires aux stratégies sur le terrain.
    Lacoste Yves, Géographie du sous-développement, 1965, 1981.
    Lee Nicholas, “The Brandt Line after forty years : The more North-South relations change, the more they stay the same ?”, Review of International Studies, n° 47, 2021, pp. 85-106.
    Ohmae Kenichi, 1985, La Triade : Émergence d’une stratégie mondiale de l’entreprise, trad. de l’américain par C. Pommier, Paris, Flammarion.
    Reston James, « U.S. Studies Briton’s Proposal For Revision of World Aid Set-Up », The New York Times, 8 décembre 1959.
    Rostow Walt W., « American Strategy on the World Scene », The Department of State Bulletin, vol. 46, n° 1188, 2 avril 1962.
    Servoise René, « De l’assistance au commerce international », Politique étrangère, n° 4, 1960, p. 318.
    Solarz Marcin Wojciech, Północ-Południe : Krytyczna analiza podziału świata na kraje wysoko i słabo rozwinięte [Nord-Sud : une analyse critique de la division du Monde en pays développés et en pays sous-développés], Varsovie, Wydawnictwa Uniwersytetu Warszawskiego, 2009.
    Solarz Marcin Wojciech, 2020, The Global North-South Atlas : Mapping Global Change, New York, Routledge.
    Tadao Kato, East-West and North-South : An Essay on American Concept s of Development Aid, Center for International Affairs, Harvard University, mai 1960.
    UNCC — United Nations Climate Change, « La COP 28 s’ouvre à Dubaï appelant à l’accélération de l’actio climatique et à une plus grande ambition face à l’escalade de la crise climatique », décembre 2023.
    UNFCC, Rapport de la quinzième session de la Conférence des Parties tenue à Copenhague du 7 au 19 décembre 2009, Additif, Deuxième partie : Mesures prises par la Conférence des Parties à sa quinzième session, 30 mars 2010.
    UNFCC, Rapport de la Conférence des Parties sur sa seizième session tenue à Cancun du 29 novembre au 10 décembre 2010, Additif, Deuxième partie : Mesures prises par la Conférence des Parties à sa seizième session, 15 mars 2011.

    http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/inegalites/articles/limite-nord-sud

    #Nord #Sud #Sud_global #ligne_Nord-Sud #cartographie #visualisation #manuels_scolaires #histoire #ressources_pédagogiques #Oliver_Franks #Walt_Rostow #Rostow #Willy_Brandt #ligne_Brandt #rapport_Brandt #Tiers-Monde #développement

  • Au niveau européen, un pacte migratoire « dangereux » et « déconnecté de la réalité »

    Sara Prestianni, du réseau EuroMed Droits, et Tania Racho, chercheuse spécialiste du droit européen et de l’asile, alertent, dans un entretien à deux voix, sur les #risques de l’accord trouvé au niveau européen et qui sera voté au printemps prochain.

    Après trois années de discussions, un accord a été trouvé par les États membres sur le #pacte_européen_sur_la_migration_et_l’asile la semaine dernière. En France, cet événement n’a trouvé que peu d’écho, émoussé par la loi immigration votée au même moment et dont les effets sur les étrangers pourraient être dramatiques.

    Pourtant, le pacte migratoire européen comporte lui aussi son lot de mesures dangereuses pour les migrant·es, entre renforcement des contrôles aux frontières, tri express des demandeurs d’asile, expulsions facilitées des « indésirables » et sous-traitance de la gestion des frontières à des pays tiers. Sara Prestianni, responsable du plaidoyer au sein du réseau EuroMed Droits, estime que des violations de #droits_humains seront inévitables et invite à la création de voies légales qui permettraient de protéger les demandeurs d’asile.

    La chercheuse Tania Racho, spécialiste du droit européen et de l’asile et membre du réseau Désinfox-Migrations, répond qu’à aucun moment les institutions européennes « ne prennent en compte les personnes exilées », préférant répondre à des « objectifs de gestion des migrations ». Dans un entretien croisé, elles alertent sur les risques d’une approche purement « sécuritaire », qui renforcera la vulnérabilité des concernés et les mettra « à l’écart ».

    Mediapart : Le pacte migratoire avait été annoncé par la Commission européenne en septembre 2020. Il aura fait l’objet de longues tergiversations et de blocages. Était-ce si difficile de se mettre d’accord à 27 ?

    Tania Racho : Dans l’état d’esprit de l’Union européenne (UE), il fallait impérativement démontrer qu’il y a une gestion des migrations aux #frontières_extérieures pour rassurer les États membres. Mais il a été difficile d’aboutir à un accord. Au départ, il y avait des mesures pour des voies sécurisées d’accès à l’Union avec plus de titres économiques : ils ont disparu au bénéfice d’une crispation autour des personnes en situation irrégulière.

    Sara Prestianni : La complexité pour aboutir à un accord n’est pas due à la réalité des migrations mais à l’#instrumentalisation du dossier par beaucoup d’États. On l’a bien vu durant ces trois années de négociations autour du pacte : bien que les chiffres ne le justifiaient pas, le sujet a été fortement instrumentalisé. Le résultat, qui à nos yeux est très négatif, est le reflet de ces stratégies : cette réforme ne donne pas de réponse au phénomène en soi, mais répond aux luttes intestines des différents États.

    La répartition des demandeurs d’asile sur le sol européen a beaucoup clivé lors des débats. Pourquoi ?

    Sara Prestianni : D’abord, parce qu’il y a la fameuse réforme du #règlement_Dublin [qui impose aux exilés de demander l’asile dans le pays par lequel ils sont entrés dans l’UE - ndlr]. Ursula von der Leyen [présidente de la Commission – ndlr] avait promis de « #dépasser_Dublin ». Il est aujourd’hui renforcé. Ensuite, il y a la question de la #solidarité. La #redistribution va finalement se faire à la carte, alors que le Parlement avait tenté de revenir là-dessus. On laisse le choix du paiement, du support des murs et des barbelés aux frontières internes, et du financement de la dimension externe. On est bien loin du concept même de solidarité.

    Tania Racho : L’idée de Dublin est à mettre à la poubelle. Pour les Ukrainiens, ce règlement n’a pas été appliqué et la répartition s’est faite naturellement. La logique de Dublin, c’est qu’une personne qui trouve refuge dans un État membre ne peut pas circuler dans l’UE (sans autorisation en tout cas). Et si elle n’obtient pas l’asile, elle n’est pas censée pouvoir le demander ailleurs. Mais dans les faits, quelqu’un qui voit sa demande d’asile rejetée dans un pays peut déposer une demande en France, et même obtenir une protection, parce que les considérations ne sont pas les mêmes selon les pays. On s’interroge donc sur l’utilité de faire subir des transferts, d’enfermer les gens et de les priver de leurs droits, de faire peser le coût de ces transferts sur les États… Financièrement, ce n’est pas intéressant pour les États, et ça n’a pas de sens pour les demandeurs d’asile.

    D’ailleurs, faut-il les répartir ou leur laisser le libre #choix dans leur installation ?

    Tania Racho : Cela n’a jamais été évoqué sous cet angle. Cela a du sens de pouvoir les laisser choisir, parce que quand il y a un pays de destination, des attaches, une communauté, l’#intégration se fait mieux. Du point de vue des États, c’est avant tout une question d’#efficacité. Mais là encore on ne la voit pas. La Cour européenne des droits de l’homme a constaté, de manière régulière, que l’Italie ou la Grèce étaient des États défaillants concernant les demandeurs d’asile, et c’est vers ces pays qu’on persiste à vouloir renvoyer les personnes dublinées.

    Sara Prestianni : Le règlement de Dublin ne fonctionne pas, il est très coûteux et produit une #errance continue. On a à nouveau un #échec total sur ce sujet, puisqu’on reproduit Dublin avec la responsabilité des pays de première entrée, qui dans certaines situations va se prolonger à vingt mois. Même les #liens_familiaux (un frère, une sœur), qui devaient permettre d’échapper à ce règlement, sont finalement tombés dans les négociations.

    En quoi consiste le pacte pour lequel un accord a été trouvé la semaine dernière ?

    Sara Prestianni : Il comporte plusieurs documents législatifs, c’est donc une #réforme importante. On peut évoquer l’approche renforcée des #hotspots aux #frontières, qui a pourtant déjà démontré toutes ses limites, l’#enfermement à ciel ouvert, l’ouverture de #centres_de_détention, la #procédure_d’asile_accélérée, le concept de #pays-tiers_sûr que nous rejetons (la Tunisie étant l’exemple cruel des conséquences que cela peut avoir), la solidarité à la carte ou encore la directive sur l’« instrumentalisation » des migrants et le concept de #force_majeure en cas d’« #arrivées_massives », qui permet de déroger au respect des droits. L’ensemble de cette logique, qui vise à l’utilisation massive de la #détention, à l’#expulsion et au #tri des êtres humains, va engendrer des violations de droits, l’#exclusion et la #mise_à_l’écart des personnes.

    Tania Racho : On met en place des #centres_de_tri des gens aux frontières. C’est d’une #violence sans nom, et cette violence est passée sous silence. La justification du tri se fait par ailleurs sur la nationalité, en fonction du taux de protection moyen de l’UE, ce qui est absurde car le taux moyen de protection varie d’un pays à l’autre sur ce critère. Cela porte aussi une idée fausse selon laquelle seule la nationalité prévaudrait pour obtenir l’asile, alors qu’il y a un paquet de motifs, comme l’orientation sexuelle, le mariage forcé ou les mutilations génitales féminines. Difficile de livrer son récit sur de tels aspects après un parcours migratoire long de plusieurs mois dans le cadre d’une #procédure_accélérée.

    Comment peut-on opérer un #tri_aux_frontières tout en garantissant le respect des droits des personnes, du droit international et de la Convention de Genève relative aux réfugiés ?

    Tania Racho : Aucune idée. La Commission européenne parle d’arrivées mixtes et veut pouvoir distinguer réfugiés et migrants économiques. Les premiers pourraient être accueillis dignement, les seconds devraient être expulsés. Le rush dans le traitement des demandes n’aidera pas à clarifier la situation des personnes.

    Sara Prestianni : Ils veulent accélérer les procédures, quitte à les appliquer en détention, avec l’argument de dire « Plus jamais Moria » [un camp de migrants en Grèce incendié – ndlr]. Mais, ce qui est reproduit ici, c’est du pur Moria. En septembre, quand Lampedusa a connu 12 000 arrivées en quelques jours, ce pacte a été vendu comme la solution. Or tel qu’il est proposé aujourd’hui, il ne présente aucune garantie quant au respect du droit européen et de la Convention de Genève.

    Quels sont les dangers de l’#externalisation, qui consiste à sous-traiter la gestion des frontières ?

    Sara Prestianni : Alors que se négociait le pacte, on a observé une accélération des accords signés avec la #Tunisie, l’#Égypte ou le #Maroc. Il y a donc un lien très fort avec l’externalisation, même si le concept n’apparaît pas toujours dans le pacte. Là où il est très présent, c’est dans la notion de pays tiers sûr, qui facilite l’expulsion vers des pays où les migrants pourraient avoir des liens.

    On a tout de même l’impression que ceux qui ont façonné ce pacte ne sont pas très proches du terrain. Prenons l’exemple des Ivoiriens qui, à la suite des discours de haine en Tunisie, ont fui pour l’Europe. Les États membres seront en mesure de les y renvoyer car ils auront a priori un lien avec ce pays, alors même qu’ils risquent d’y subir des violences. L’Italie négocie avec l’#Albanie, le Royaume-Uni tente coûte que coûte de maintenir son accord avec le #Rwanda… Le risque, c’est que l’externalisation soit un jour intégrée à la procédure l’asile.

    Tania Racho : J’ai appris récemment que le pacte avait été rédigé par des communicants, pas par des juristes. Cela explique combien il est déconnecté de la réalité. Sur l’externalisation, le #non-refoulement est prévu par le traité sur le fonctionnement de l’UE, noir sur blanc. La Commission peut poursuivre l’Italie, qui refoule des personnes en mer ou signe ce type d’accord, mais elle ne le fait pas.

    Quel a été le rôle de l’Italie dans les discussions ?

    Sara Prestianni : L’Italie a joué un rôle central, menaçant de faire blocage pour l’accord, et en faisant passer d’autres dossiers importants à ses yeux. Cette question permet de souligner combien le pacte n’est pas une solution aux enjeux migratoires, mais le fruit d’un #rapport_de_force entre les États membres. L’#Italie a su instrumentaliser le pacte, en faisant du #chantage.

    Le pacte n’est pas dans son intérêt, ni dans celui des pays de premier accueil, qui vont devoir multiplier les enfermements et continuer à composer avec le règlement Dublin. Mais d’une certaine manière, elle l’a accepté avec la condition que la Commission et le Conseil la suivent, ou en tout cas gardent le silence, sur l’accord formulé avec la Tunisie, et plus récemment avec l’Albanie, alors même que ce dernier viole le droit européen.

    Tania Racho : Tout cela va aussi avoir un #coût – les centres de tri, leur construction, leur fonctionnement –, y compris pour l’Italie. Il y a dans ce pays une forme de #double_discours, où on veut d’un côté dérouter des bateaux avec une centaine de personnes à bord, et de l’autre délivrer près de 450 000 visas pour des travailleurs d’ici à 2025. Il y a une forme illogique à mettre autant d’énergie et d’argent à combattre autant les migrations irrégulières tout en distribuant des visas parce qu’il y a besoin de #travailleurs_étrangers.

    Le texte avait été présenté, au départ, comme une réponse à la « crise migratoire » de 2015 et devait permettre aux États membres d’être prêts en cas de situation similaire à l’avenir. Pensez-vous qu’il tient cet objectif ?

    Tania Racho : Pas du tout. Et puisqu’on parle des Syriens, rappelons que le nombre de personnes accueillies est ridicule (un million depuis 2011 à l’échelle de l’UE), surtout lorsqu’on le compare aux Ukrainiens (10 millions accueillis à ce jour). Il est assez étonnant que la comparaison ne soit pas audible pour certains. Le pacte ne résoudra rien, si ce n’est dans le narratif de la Commission européenne, qui pense pouvoir faire face à des arrivées mixtes.

    On a les bons et mauvais exilés, on ne prend pas du tout en compte les personnes exilées, on s’arrête à des objectifs de #gestion alors que d’autres solutions existent, comme la délivrance de #visas_humanitaires. Elles sont totalement ignorées. On s’enfonce dans des situations dramatiques qui ne feront qu’augmenter le tarif des passeurs et le nombre de morts en mer.

    Sara Prestianni : Si une telle situation se présente de nouveau, le règlement « crise » sera appliqué et permettra aux États membres de tout passer en procédure accélérée. On sera donc dans un cas de figure bien pire, car les entraves à l’accès aux droits seront institutionnalisées. C’est en cela que le pacte est dangereux. Il légitime toute une série de violations, déjà commises par la Grèce ou l’Italie, et normalise des pratiques illégales. Il occulte les mesures harmonisées d’asile, d’accueil et d’intégration. Et au lieu de pousser les États à négocier avec les pays de la rive sud, non pas pour renvoyer des migrants ou financer des barbelés mais pour ouvrir des voies légales et sûres, il mise sur une logique sécuritaire et excluante.

    Cela résonne fortement avec la loi immigration votée en France, supposée concilier « #humanité » et « #fermeté » (le pacte européen, lui, prétend concilier « #responsabilité » et « #solidarité »), et qui mise finalement tout sur le répressif. Un accord a été trouvé sur les deux textes au même moment, peut-on lier les deux ?

    Tania Racho : Dans les deux cas, la seule satisfaction a été d’avoir un accord, dans la précipitation et dans une forme assez particulière, entre la commission mixte paritaire en France et le trilogue au niveau européen. Ce qui est intéressant, c’est que l’adoption du pacte va probablement nécessiter des adaptations françaises. On peut lier les deux sur le fond : l’idée est de devoir gérer les personnes, dans le cas français avec un accent particulier sur la #criminalisation_des_étrangers, qu’on retrouve aussi dans le pacte, où de nombreux outils visent à lutter contre le terrorisme et l’immigration irrégulière. Il y a donc une même direction, une même teinte criminalisant la migration et allant dans le sens d’une fermeture.

    Sara Prestianni : Les États membres ont présenté l’adoption du pacte comme une grande victoire, alors que dans le détail ce n’est pas tout à fait évident. Paradoxalement, il y a eu une forme d’unanimité pour dire que c’était la solution. La loi immigration en France a créé plus de clivages au sein de la classe politique. Le pacte pas tellement, parce qu’après tant d’années à la recherche d’un accord sur le sujet, le simple fait d’avoir trouvé un deal a été perçu comme une victoire, y compris par des groupes plus progressistes. Mais plus de cinquante ONG, toutes présentes sur le terrain depuis des années, sont unanimes pour en dénoncer le fond.

    Le vote du pacte aura lieu au printemps 2024, dans le contexte des élections européennes. Risque-t-il de déteindre sur les débats sur l’immigration ?

    Tania Racho : Il y aura sans doute des débats sur les migrations durant les élections. Tout risque d’être mélangé, entre la loi immigration en France, le pacte européen, et le fait de dire qu’il faut débattre des migrations parce que c’est un sujet important. En réalité, on n’en débat jamais correctement. Et à chaque élection européenne, on voit que le fonctionnement de l’UE n’est pas compris.

    Sara Prestianni : Le pacte sera voté avant les élections, mais il ne sera pas un sujet du débat. Il y aura en revanche une instrumentalisation des migrations et de l’asile, comme un outil de #propagande, loin de la réalité du terrain. Notre bataille, au sein de la société civile, est de continuer notre travail de veille et de dénoncer les violations des #droits_fondamentaux que cette réforme, comme d’autres par le passé, va engendrer.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/281223/au-niveau-europeen-un-pacte-migratoire-dangereux-et-deconnecte-de-la-reali
    #pacte #Europe #pacte_migratoire #asile #migrations #réfugiés

  • #Hartmut_Rosa : « Plus on économise le temps, plus on a la sensation d’en manquer »
    https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2016/04/01/hartmut-rosa-plus-on-economise-le-temps-plus-on-a-la-sensation-d-en-manquer_
    #acceleration #deceleration

    On ne peut résoudre un problème social de manière individuelle. Chacun peut s’adapter, apprendre à gérer son stress, à travailler sa pleine conscience, à préserver dans son agenda des journées où l’on ne prévoit rien. Se mettre en retrait du monde est aussi une option, risquée. On peut également essayer de trouver une stratégie d’adaptation collective en créant des oasis de décélération par exemple. A cet égard, la notion de loisir doit être revisitée. Avant il y avait des #temps où « le travail était fait », fini. Aujourd’hui, ce n’est quasiment plus possible, on a toujours quelque chose à faire.

    Pourrait-on imaginer un système fondé sur un autre #rapport_au_temps ?
    A terme nous serons contraints à la #décroissance. La question est de savoir si nous souhaitons la subir en raison d’un #désastre (#catastrophe_écologique ou nucléaire) ou si nous voulons en être les acteurs. Il s’agit d’aller vers une société post-croissance surtout, avec un équilibre qui ne repose pas sur un besoin d’accélération permanent. Le souci est que nous continuons d’accélérer dans une société qui ne produit plus de croissance. Nous devons passer d’une stabilisation #dynamique à une stabilisation d’adaptation… et tout reste à mettre en œuvre encore !

  • En 1989, Shell savait que ses activités mèneraient au chaos climatique | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/140423/en-1989-shell-savait-que-ses-activites-meneraient-au-chaos-climatique

    Ce qui frappe toutefois à la lecture de « Scénarios 1989-2010 », c’est sa clairvoyance et sa description précise des impacts du climat si les groupes énergétiques perpétuaient leurs activités fossiles.

    Pour le scénario intitulé « Mercantilisme global », Shell prédit des conditions météorologiques « plus violentes – plus de tempêtes, plus de sécheresses, plus de déluges », mais aussi que « le niveau moyen de la mer augmenterait d’au moins 30 cm » et que « les modèles agricoles seraient radicalement modifiés ».

    Le pétrolier indique par ailleurs qu’une modification « modérée » du régime des précipitations perturberait « les écosystèmes, et de nombreuses espèces d’arbres, de plantes, d’animaux et d’insectes qui ne seraient pas en mesure de se déplacer et de s’adapter ».

    Pour terminer, Shell avertit que les dérèglements climatiques dans un monde dépassant les + 1,5 °C de réchauffement auraient des impacts sans précédent sur les humains, citant les réfugié·es climatiques à venir, l’avènement de nouveaux conflits. Avant de conclure : « La civilisation pourrait s’avérer fragile. »

    Le groupe industriel indique que le scénario « Monde durable », qui atténue le recours aux énergies fossiles, est celui « d’une société qui choisit de flécher certains investissements dans la protection de l’environnement pour faire face à cette éventualité ».

    https://s3.documentcloud.org/documents/23776891/1989-oct-confidential-shell-group-planning-scenarios-1989-2010-cha

  • La motion de censure des travailleurs, c’est la grève !

    https://www.lutte-ouvriere.org/qui-sommes-nous
    #editoLO Editorial des bulletins d’entreprisedu 20 mars 2023

    https://videos.lutte-ouvriere.org/download/video/Edito21032023-1.mp4

    Jeudi dernier, le gouvernement a dégainé l’article 49.3 pour reculer l’âge de la retraite à 64 ans. Sans état d’âme, Macron a piétiné les millions de travailleurs qui s’y opposent depuis plus de deux mois. Alors oui, il y a de quoi être en colère !

    Et il y a aussi de quoi être conforté dans notre volonté de nous exprimer et de nous battre. Car le recours au 49.3 est un aveu de faiblesse de la part de Macron. Il a été contraint de passer en force, parce que, malgré ses petits marchandages avec la droite, il n’a pas trouvé de majorité pour voter sa loi.

    C’est un premier résultat des grèves et des manifestations. Les députés de droite qui manquaient à l’appel pour faire passer la loi n’ont pas été frappés par la grâce. Ils ont senti le souffle des manifestations qui se succèdent depuis plus de deux mois dans leur circonscription. Eh bien, il faut continuer en utilisant les armes des travailleurs : la grève et les manifestations !

    Il n’y a rien à attendre du côté du Parlement.

    Après le vrai-faux suspense autour d’un vote en bonne et due forme à l’Assemblée nationale, il y a eu celui autour des motions de censure. Toute la journée de lundi, les députés de la Nupes comme du RN ont fait croire que des députés de droite pouvaient jouer les sauveurs des travailleurs en votant la censure ! Et ensuite, ce sera quoi ? Un suspense autour d’un référendum, peut-être organisé dans des mois ?

    Ne nous laissons pas abuser par ces gesticulations politiciennes !
    Depuis jeudi, les rassemblements se multiplient dans de nombreuses villes. Des secteurs qui étaient en grève l’ont reconduite. D’autres prévoient de se remobiliser avec l’objectif que la journée de mobilisation et de grève appelée par l’intersyndicale, jeudi 23 mars, soit la plus massive possible. Engageons-nous, plus nombreux encore, dans cette brèche !

    La loi est adoptée, mais il dépend de nous, travailleuses et travailleurs, qu’elle ne soit jamais appliquée.

    Et au-delà de ce qui serait un premier revers pour Macron, ce serait, pour nous tous, un encouragement pour nous battre sur les salaires, les conditions de travail et contre tous les sacrifices que le gouvernement et le grand patronat nous ont imposés ces dernières années.

    Car cette attaque des retraites en cache bien d’autres, tout aussi graves. Si les manifestations ont été aussi massives, c’est que la coupe est pleine. Elle l’est pour les jeunes confrontés à la précarité. Elle l’est pour les plus âgés, cassés par le travail, et à qui on promet une pension de misère. Elle l’est pour tous les travailleurs confrontés à l’explosion des prix de l’alimentation et de l’énergie.

    La coupe est pleine pour tous ceux qui ont cru dans les promesses des politiciens annonçant des lendemains enchanteurs alors que tout s’aggrave, en particulier la guerre économique qui fait craindre une troisième guerre mondiale. C’est un ras-le-bol général que nous avons commencé à exprimer au travers de la mobilisation sur les retraites.

    Ensemble, nous représentons une force qui pèse sur le monde politique, la force de notre nombre. Mais c’est la grève qui lui donne tout son impact.

    Et lorsque nous trouverons la détermination pour nous y lancer, nous présenterons la note non seulement au gouvernement mais aussi au grand patronat.

    Nous nous ferons véritablement craindre et respecter sur toutes nos revendications quand la grève s’étendra aux grandes entreprises privées et que la machine à profits se grippera. Nous inverserons le #rapport_de_force quand le grand patronat sentira que les travailleurs ne sont plus prêts à obéir et à se taire.

    Pour l’instant, seuls certains secteurs connaissent des grèves.

    C’est vrai dans le public à la SNCF, EDF ou dans l’Éducation nationale. Dans le privé, des travailleurs sont en grève dans les raffineries Total ou les incinérateurs qui dépendent de Suez.

    Il a été dit que la #grève des éboueurs à Paris s’expliquait par le fait que c’étaient des agents publics. C’est un mensonge, car des éboueurs de l’entreprise privée Pizzorno ont aussi été en grève, et c’est le cas d’autres entreprises de ramassage dans les régions. Preuve que le privé peut et doit prendre toute sa place.

    Les #éboueurs sont mal payés et méprisés, mais ils ont de l’énergie et de la dignité à revendre pour se faire respecter et ils nous montrent l’exemple. Alors, dans le privé comme dans le public, montrons à la petite bande de privilégiés qui a les yeux rivés sur les cours boursiers qu’elle va devoir compter avec des travailleurs qui ont renoué avec la volonté d’agir collectivement !

    Partout discutons et organisons-nous pour rejoindre la grève ! Jeudi, retrouvons-nous à plusieurs millions dans la rue !

    Ce que le gouvernement fait, les travailleurs peuvent le défaire par la grève !

    #réforme_des_retraites #lutte_de_classe #inflation #détermination #mobilisation #grève_générale

  • Ce mardi 31 janvier, tous en grève et en manifestation ! | #éditorial des bulletins d’entreprise #LO (23 janvier 2023)

    Après les grèves et les #manifestations massives du 19 janvier, celles du 31 doivent encore faire monter la pression sur le gouvernement et le grand patronat. Cela dépend de chacun d’entre nous .

    Quels que soient les métiers, les statuts et les secteurs professionnels, le ras-le-bol est général. Le 19 janvier, il s’est exprimé à l’échelle du pays, dans le privé comme dans le public, dans les petites entreprises comme dans les grandes.

    Le #recul_de_l’âge_de_la_retraite n’est qu’un aspect de ce ras-le-bol. Les salaires restent au centre de toutes les préoccupations. Malgré la flambée des prix, plus de 12 % pour les produits alimentaires, les augmentations salariales dépassent rarement les 4 %. Comment ne pas être écœuré quand on voit, dans le même temps, les profits crever les plafonds ? #inflation #salaires

    Et puis, il y a, bien sûr, les #conditions_de_travail. Partout, dans les usines, les bureaux, les hôpitaux… elles deviennent plus dures, avec du sous-effectif permanent, une #flexibilité et une #précarité de plus en plus grandes. Et aujourd’hui, #Macron s’attaque à nos retraites. Eh bien, la coupe est pleine !

    Mais puisque cette attaque des retraites nous concerne tous, elle nous permet d’exprimer notre ras-le-bol d’une même voix. Alors, exprimons-le en dehors de l’atelier, du service et de l’entreprise ! Transformons-le en une contestation commune ! #réforme_des_retraites

    Le bras de fer sur les retraites pose les problèmes fondamentaux du monde du travail. À qui doivent profiter les richesses que nous contribuons tous à créer ? À ceux qui nous exploitent au prétexte qu’ils ont apporté les capitaux ? À une poignée de milliardaires prêts, avec le gouvernement, à pourrir la vie de millions de travailleurs en leur volant une partie de leur retraite pour accumuler quelques milliards de plus ? Il ne faut pas l’accepter ! #grande_bourgeoisie #capitalisme #parasitisme

    Où allons-nous si nous continuons de nous plier aux diktats des politiciens et de la #bourgeoisie qui dirigent aujourd’hui ? Que ce soit sur le plan économique ou politique, toute la société évolue dans un sens catastrophique.

    La #recherche_du_profit, la #concurrence et la #spéculation agissent comme des rouleaux compresseurs, provoquant le saccage des services publics et toujours plus de crises .

    Plus grave encore, il y a les bruits de bottes qui se rapprochent avec l’escalade guerrière en cours en #Ukraine.

    Il suffit de voir comment Macron veut passer en force sur les retraites pour comprendre qu’il ne nous demandera pas notre avis pour entrer en guerre. Et pour acheter des missiles, des chars d’assaut et des avions de combat, il ne manquera pas d’argent. Le gouvernement a déjà porté le budget militaire à 413 milliards, soit 100 milliards de plus sur sept ans ! S’il y a la guerre, le gouvernement ne nous volera pas seulement deux ans de retraite, il volera les 20 ans de la jeunesse qu’il enverra au combat.

    Plus d’#injustice, plus d’#inégalités, plus de guerres, voilà ce que les capitalistes et leurs serviteurs politiques nous réservent, à nous et à nos enfants !

    La voie à suivre est là, devant nous. C’est de reprendre le chemin de la #lutte_collective et de la #solidarité_ouvrière. C’est de nous battre pour que la société ne soit plus gouvernée par les intérêts des capitalistes, l’#exploitation, la guerre économique et la suprématie de quelques-uns sur le monde entier.

    Il n’est jamais facile de se lancer dans le combat, surtout dans un combat dont on sait qu’il sera long. Car il ne suffira pas d’un ou deux jours de manifestations : le seul moyen de faire reculer le gouvernement est de le confronter à des grèves qui se multiplient et deviennent contagieuses.

    Le 19 janvier, des centaines de milliers de travailleurs ont découvert ou redécouvert la force du nombre et l’unité du monde du travail. Plus nous serons nombreux mardi, plus nous reprendrons confiance en nos forces collectives, et plus notre camp gagnera en combativité et en détermination.

    Au soir du 31, les #confédérations_syndicales annonceront un calendrier de mobilisations, suivant leur propre logique. Et des syndicats, dans plusieurs secteurs, appellent déjà à des grèves reconductibles. C’est dans ce sens-là qu’il faudra aller pour espérer renverser le #rapport_de_forces.

    Mais quels que soient les appels syndicaux, c’est à chacun d’entre nous de faire vivre la mobilisation, d’apprendre à l’organiser et à la contrôler. Une chose est sûre, pour l’emporter, il faut réussir à mettre toutes nos forces dans ce combat. Ensemble, montrons-leur que nous pouvons, nous aussi, mener la #lutte_de_classe, mettre cette réforme en échec et nous faire respecter !

  • Le Business du bonheur

    De la légendaire Lise Bourbeau à la reine du rangement Marie Kondo, en passant par la star du développement personnel Tony Robbins, le bonheur est une industrie qui fait des millionnaires. C’est aussi une idéologie : le culte de l’optimisme, de la résilience et de la performance individuelle. Mais alors que la consommation d’antidépresseurs ne cesse d’augmenter et que les burn-out se multiplient dans nos sociétés, que cache cette obsession contemporaine pour le bonheur ?

    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/66144
    #film #documentaire #film_documentaire
    #développement_personnel #management #positivité #bonheur #psychologie_positive #choix #marché #coaching #individualisme #science_du_bonheur #Martin_Seligman #psychanalyse #Freud #thérapie_comportementale #optimisme #pessimisme #espoir #forces_Clifton #Don_Clifton #leadership #volontarisme #self-help #protestantisme #la_recherche_du_bonheur #recherche_du_bonheur #self-made_man #méritocratie #responsabilité_individuelle #inégalités #agency (#pouvoir_d'agir) #USA #Etats-Unis #libéralisme #éducation_positive #émotions #psychologie_sociale #team-building #cache-misère #travail #chief_happiness_officer #volonté #convivialité #docilité #happiness_economics #Richard_Layard #center_of_economic_performance (#CED) #bien-être_individuel #David_Cameron #programmes_d'activation_comportementale #chômage #rapport_Stiglitz #Gallup #adaptation #privatisation_de_la_souffrance

  • Violences sexuelles sur mineurs en institutions : pouvoir confier ses enfants en toute sécurité - rapport - Sénat
    https://www.senat.fr/notice-rapport/2018/r18-529-1-notice.html

    Violences sexuelles sur mineurs en institutions : pouvoir confier ses enfants en toute sécurité - rapport
    Rapport d’information de Mmes Marie MERCIER, Michelle MEUNIER et Dominique VÉRIEN, fait au nom de la MCI Répression infractions sexuelles sur mineurs
    n° 529 tome I (2018-2019) - 28 mai 2019

    Page 19 du rapport
    https://www.senat.fr/rap/r18-529-1/r18-529-11.pdf

    Par ailleurs, Marie Rabatel, cofondatrice et présidente de l’Association francophone des femmes autistes (AFFA), a mis en avant le fait, qui ne peut laisser indifférent, que les enfants en situation de handicap, en particulier mental, ont quatre fois plus de risques de subir des violences sexuelles que les autres. Selon elle, les enfants aveugles, malentendants, ceux qui s’inscrivent dans le spectre de l’autisme et les déficients intellectuels et ceux qui sont atteints d’un trouble de communication sociale sont plus touchés que les autres. En outre, parmi les enfants présentant des troubles autistiques, les filles ont, dans 90 % des cas, été victimes de violences sexuelles dans l’enfance2. Marie Rabatel a expliqué que cette proportion très élevée tenait à l’extrême vulnérabilité des victimes, qui sont aussi aisément manipulables. De surcroît, ces enfants sont rarement entendus, du fait de leur handicap. Enfin, la multiplicité des personnels intervenant dans les institutions d’accueil constitue un facteur de risque supplémentaire pour ces enfants.

    #autisme #femmes_autistes #viols #agressions_sexuelles #rapport_sénat #institutions

  • Ni pot ni enveloppe – Sortant du village
    https://sortantduvillage.info/2022/06/17/ni-pot-ni-enveloppe

    Sachez, chers collègues, que si j’ai annoncé en réunion de service, l’hiver dernier, que je refuserai toute célébration usuelle (pot, enveloppe, cadeau, etc.) pour mon départ en retraite c’est en grande partie parce que j’anticipais le fait que mon poste à Anglemont ne serait pas reconduit.

    À quelques semaines de l’échéance, ces prévisions n’ont malheureusement pas été démenties. Les usagers ont été prévenus, au début du mois de juin, qu’il n’y aurait pas de réinscription aux ateliers informatiques du centre culturel.

    Plus que l’emploi ou même le poste, c’est le principe même de la pérennité des missions de service public qui est en jeu. Accepter la disparition d’un poste de service public signifie que l’on accepte la possible disparition de tous !

    Il ne tient qu’à vous, chers collègues du centre culturel, de vous assurer que les heures des ateliers informatiques d’Anglemont seront effectivement reconduites. C’est aussi la pérennité de vos propres heures qui est en jeu, que vous soyez titulaire ou contractuel.

    #service_public #EPN #fonction_publique_territoriale #suppression_postes #pot_de_départ_en_retraite #syndicat #syndicalisme #rapport_employeur_salarié #médiation_numérique #fracture_numérique #administration_en_ligne

  • #Tribune. Avec ou sans papiers, les #livreurs veulent faire respecter leurs #droits

    Alors que s’ouvre ce 8 mars, le #procès de #Deliveroo pour #travail_dissimulé, des travailleurs #sans-papiers prennent la parole pour « s’associer à ces attaques en #justice ». Ils demandent « le #salariat et le #contrôle_des_données par ceux qui les produisent en pédalant, et non par ceux qui les minent depuis les ordinateurs. »

    Nous avons appris que des procès étaient en cours ou avaient eu lieu, en France et en Europe, contre #Uber, Deliveroo, #Frichti, #Stuart et d’autres. Un grand procès contre Deliveroo pour travail dissimulé s’ouvrira au printemps 2022 à Paris. Nous avons appris qu’un des enjeux de ces procès était de demander la #requalification d’#auto-entrepreneur en #salarié.

    Le travail à la tâche, le contrôle permanent des GPS et des plateformes, les temps d’attente et de déplacement non-payés, les équipements pour travailler (vélo, tenue, téléphone, électricité…) à la charge des livreurs, les baisses des revenus de livraisons, les accidents non-couverts : nous ne les acceptons pas. Des livreurs sont blessés dans des #accidents de vélo, certains sont morts, sans contrat de travail, sans protection sociale, sans indemnisation, ni couverture des frais médicaux.

    Nous avons également appris que, plus que notre force de pédalage, c’était nos données numériques qui avaient de la valeur. Nous savons que l’utilisation de ces données par les plateformes peut être jugée illégale. Nous avons lu l’article 22 du Règlement Général de Protection des Données : « La personne concernée a le droit de ne pas faire l’objet d’une décision fondée exclusivement sur un traitement automatisé, y compris le #profilage, produisant des effets juridiques la concernant ou l’affectant de manière significative de façon similaire ». L’#automatisation des #suppressions_de_comptes peut être et a déjà été jugée illégale en France et en Europe.

    Nous voulons nous associer à ces attaques en justice qui demandent le salariat et le contrôle des données par ceux qui les produisent en pédalant, et non par ceux qui les minent depuis les ordinateurs.

    Mais il nous faut, avant, préciser que notre situation, est à la fois liée et différente. L’#exploitation qui a cours avec les sans-papiers n’est pas qu’une intensification de l’exploitation en général. C’est aussi un autre métier que nous faisons en n’ayant aucun droit.

    Les #plateformes nous mettent en concurrence, entre ceux qui ont des papiers et ceux qui n’en ont pas. Nous sommes accusés de faire baisser les prix. Diviser pour mieux régner. Nous plaidons pour les luttes et rapports de force avec les plateformes se pensent et s’organisent entre travailleurs, avec et sans papiers.

    La situation est connue mais on préfère la rappeler :

    Une fois que tu as attendu trente minutes pour recevoir une commande, que tu sais que ton propriétaire de compte attend son argent (environ un prélèvement de 30% des revenus bruts), tu es obligé d’accepter tous les genres de commandes, la première qui arrive, même si c’est pour deux euros, même si tu ne comprends pas pourquoi ce prix dérisoire, qu’il pleut et que le client habite loin.

    Nous savons que les plateformes rétorquent que ce n’est pas de leur faute si des personnes sous-louent leurs comptes à des sans-papiers. Des voix s’élèvent pour demander des contrôles plus importants dans l’accès aux #comptes. Mais nous savons aussi que cet ordre arrange les plateformes et l’État : une main d’œuvre aussi corvéable, ça ne se trouve pas si facilement.

    Le problème est d’abord celui de la création légale de sans-papiers. Personne ne peut vivre sans droits dans ce monde, à part pour être gravement exploité.

    Dans les procès, les livreurs disent qu’ils ne sont pas leurs propres patrons, qu’il existe un #rapport_de_subordination entre eux et les plateformes.

    Dans notre cas, nous pourrions dire que nous avons cinq patrons : les sociétés des plateformes ; les clients ; les restaurants ; le propriétaire du compte ; et la Préfecture.

    Il faut vraiment savoir que tout le monde fait semblant : l’Obligation à Quitter le Territoire Français, délivré par les Préfectures, n’est pas qu’une décision qui vise à nous expulser, c’est un permis de travailler sur le vélo clandestinement. Régulièrement, nous livrons des repas aux policiers à l’hôtel de police. Pendant le confinement, nous faisons partie des seules personnes qui avaient le droit de circuler dans la ville pour livrer, nous, ceux qui avons le moins le droit de circuler par ailleurs, ou seulement pour être expulsés.

    Le 24 novembre 2021, nous, livreurs avec et sans papiers, avons fait grève tout le jour à Grenoble. Nous allons recommencer.

    Nous voulons créer des contentieux en droit du travail et aussi pour avoir accès à nos données. Les soutiens syndicaux, juridiques, sociaux, informatiques s’organisent. Nous les appelons aussi par cette tribune. Nous collectons nos propres données informatiques et les étudions : nous appelons à nous réapproprier les chiffres que les plateformes génèrent.

    Si des restaurants et des clients faisaient grève avec nous, simplement arrêter les smartphones un temps, se déplacer pour aller chercher un repas, en solidarité des revendications de transformations des conditions de travail et de régularisations, que se passerait-il ?

    Signataires :

    Laye Diakité, Pathé Diallo, Saâ Raphaël Moundekeno, Mohamed Traoré, co-auteurs.

    avec Sarah Mekdjian et Marie Moreau.

    https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/080322/avec-ou-sans-papiers-les-livreurs-veulent-faire-respecter-leurs-droi

    • Nous voulons créer des contentieux en droit du travail et aussi pour avoir accès à nos données. Les soutiens syndicaux, juridiques, sociaux, informatiques s’organisent. Nous les appelons aussi par cette tribune. Nous collectons nos propres données informatiques et les étudions : nous appelons à nous réapproprier les chiffres que les plateformes génèrent.

      #data

  • *Désinformer en informant - le #rapport_Bronner*

    Imputer à « la destructuration du paysage informatif » l’assaut du Capitole, les antivaccins et le risque de voir emportée la cohésion nationale, comme le fait le Président dans sa lettre de mission, est une démarche audacieuse et abusive, mais elle comporte l’avantage immense d’exonérer le politique. La désinformation aussi est toujours celle des autres.

    –-> Lettre à #Gérald_Bronner, président de la commission « Les lumières à l’ère numérique ». Quand la lutte contre la désinformation désinforme :

    Monsieur,

    « #Didier_Raoult est un grand scientifique français. », disait le 2 septembre 2021, le président de la République, qui insistait : "Il faut rendre justice à Didier Raoult, qui est un grand scientifique"[1].
    Le 29 septembre 2021, dans la lettre de mission par laquelle il vous demandait de présider la commission de haut niveau qui allait prendre pour titre « #Les_lumières_à_l’ère_numérique », le président faisait figurer parmi les phénomènes inquiétants qui rendaient opportune la mise en place de votre mission, la montée des #mouvements_antivaccins, qu’il rattachait à l’éclatement des sources d’information, comme il le faisait pour la prise du #Capitole.
    Chacun le sait, les adversaires du vaccin trouvent dans les interventions publiques du docteur Raoult une forme presque irremplaçable de légitimation[2].
    Dans votre rapport, vous vous référez à une étude qui montre, je vous cite, que, dans l’ensemble, les Français s’informent eux aussi majoritairement sur des sources web fiables. Selon cette étude, la consultation de sites non fiables sur Internet représenterait environ 0.4% du temps de connexion à Internet des résidents en France. On lit dans la même étude que 95% du temps que les Français passent à s’informer est consacré à des sites fiables.
    La désinformation dont sont victimes les Français ne semble pouvoir être détachée, sans simplification abusive, ni de déclarations telles que celles du président ni des sites fiables qui les véhiculent. On peut rappeler d’autres épisodes : #Olivier_Véran et les #masques inutiles contre le #COVID, le président et le chlordécone, les ministres #Blanquer et #Darmanin sur le prétendu déficit de petites filles musulmanes à l’Ecole, le ministre Blanquer au sujet des ventes d’écrans plats au mois de septembre, la ministre Vidal et son observatoire des libertés académiques[3], etc.
    Il est établi, en outre, que les #lobbies_industriels parviennent à désinformer les citoyens avec une redoutable efficacité (tabac, sucre, réchauffement climatique…)[4] et ce, par le truchement de sites fiables ou de personnalités respectables.
    En se focalisant sur les sites non fiables et sur les #réseaux_sociaux, votre rapport donne une image biaisée de la désinformation, comme si les manifestations de celle-ci ne devaient pas avoir grand-chose à voir avec les acteurs publics ou privés respectables dans sa genèse et avec les médias fiables dans sa diffusion.
    Ce #biais était attendu et il transparaissait déjà dans la lettre de mission du Président, qui, on l’a vu, présente la #prise_du_Capitole comme une conséquence de l’éclatement des sources d’information, mais omet de mentionner le discours de monsieur Trump ou l’organisation tout sauf spontanée des émeutiers. A lire le Président, on pourrait penser que la prise du Capitole a été un effet émergent des réseaux sociaux et que tel est le cas aussi pour les antivaccins.
    Il faut cependant noter que le Président affirme aussi que ces antivaccins n’ont pas prospéré. Il vous a fallu donc vous intéresser à la montée des antivaccins provoquée par la révolution virtuelle en dépit du fait que cette montée n’a pas prospéré.
    A titre subsidiaire, on observera que le Président affirme que les antivaccins ont cessé d’être des citoyens, ce qui est inexact, et qu’il veut les emmerder, ce qui pourrait être un propos haineux, sur la prévention desquels le Président vous demande aussi, dans sa lettre de mission, de réfléchir. Sans doute avez-vous manqué de temps pour vous intéresser à ces propos, tenus peu de temps avant la remise de votre rapport, mais on se souvient ceux de février 2019 au sujet du prétendu parler des boxeurs gitans et de l’impossibilité pour cette catégorie de la population de s’exprimer correctement. On ne sait pas si les conséquences de ce genre d’affirmations, devenues virales, doivent être imputées aux réseaux ou au Président. C’est une question importante que vous n’approfondissez pas.
    Mais en vérité, le Président va plus loin, car, selon lui, les développements d’#Internet mettent en cause rien de moins que la #cohésion_nationale et c’est en tant que garant de cette dernière qu’il agit lorsqu’il vous demande de prendre la tête de la commission qu’il met en place. Imputer à Internet l’affaiblissement de la cohésion nationale a pour effet de rendre moins visibles d’autres causes plus massives, plus directes, plus politiques et qui ne relèvent pas du fonctionnement des algorithmes des gafam, mais se trouvent dans le périmètre d’action du politique. La cohésion nationale est-elle affaiblie parce que le Président exclut de la #citoyenneté une partie de la population ou parce que cette déclaration, pensée sans doute pour l’être, devient virale ?
    Se concentrer sur ce qui est périphérique et occulter l’essentiel est une tactique de désinformation fréquemment utilisée par l’industrie du tabac et autres marchands de doute, connus pour financer des études sur tous les sujets possibles afin de noyer l’essentiel. Situer Internet au centre de la question de la désinformation et de l’affaiblissement de la cohésion nationale et en faire le point de départ, comme le veut la lettre de mission que vous avez reçue, donne une vision déformée de ces problèmes qui exonère le pouvoir politique et les médias fiables de leurs #responsabilités.
    On peut craindre dès lors que votre rapport ait surtout pour effet de renforcer la croyance selon laquelle la désinformation n’est jamais le fait de #médias fiables, des gouvernants ou des entreprises et que l’affaiblissement de la cohésion nationale découle d’Internet et non, par exemple, des inégalités sociales et de l’absence de volonté de les réduire ou de l’impuissance du politique à le faire.
    Par construction, par commande du Président, le #désordre_informationnel devait être rattaché par votre commission aux sites non fiables et aux réseaux sociaux. Vous ne deviez pas chercher à savoir si le gouvernement, les sites fiables ou les lobbies désinforment. Vous deviez, pour ainsi dire, vous intéresser aux 5%, pas aux 95%. C’est ce que vous avez fait. Que votre analyse de ces 5% soit souvent pertinente n’y change rien.
    C’est cette démarche, au demeurant, qu’adopte l’Education Nationale ; votre rapport y sera sans doute cité et diffusé. Il y sera fait appel dans les stages par lesquels notre institution veut centrer notre réflexion sur la désinformation aux phénomènes que vous commentez. Votre rapport contribuera probablement à rendre plus difficile notre mission de traiter de façon objective la question de la désinformation.

    Bien à vous,

    Nowenstein, professeur agrégé.

    [1] La video est consultable ici : https://www.dailymotion.com/video/x83wskh

    [2] Cet article du Monde reprend certaines déclarations du docteur Raoult qui ont contribué à semer le doute sur l’intérêt du vaccin contre le COVID : https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2022/01/12/la-tumultueuse-fin-de-regne-de-didier-raoult-desavoue-par-sa-fille-medecin-e

    [3] Sur ces quatre derniers sujets, j’ai écrit par la voie hiérarchique aux intéressés sans jamais obtenir de réponse. Voir ici.

    [4] On se rappelle, par exemple, les déclarations su président Macron en faveur du #vin (https://sebastiannowenstein.org/2020/01/21/lettre-au-president-macron-par-la-voie-hierarchique-au-sujet-du) : il arrive souvent qu’il soit difficile de dissocier acteurs privés et publics dans des actions qui ont pour effet de produire de la désinformation dans l’#opinion_publique.

    #désinformation #Bronner #vaccins #santé #mensonges #Macron #Emmanuel_Macron #Macronisme #Raoult #anti-vaxx #anti-vax

  • La prescription du dr Véran : encore plus d’écrans

    Partout, le #désert_médical progresse. Services d’urgences fermés la nuit, impossibilité de trouver un médecin traitant, délais d’attente s’allongeant pour avoir accès à un spécialiste : à #Grenoble comme ailleurs, l’offre de soins dans la « start-up nation » est en chute libre.
    Quels remèdes face à ce terrible diagnostic ? Sans aucune originalité, le ministre de la Santé Olivier Véran impose un traitement : « Dans le domaine de la santé, le #numérique il va être partout, il est déjà partout mais il sera encore plus partout. »

    Le « dégradé » à la mode

    Alors que le service des urgences de la clinique mutualiste et de l’hôpital de Voiron fonctionnent en mode très « dégradé », n’acceptant plus de patients la nuit sauf cas extrêmes, comment ça se passe aux dernières urgences fonctionnelles de la cuvette ? Mi-novembre, Le Postillon a passé un bout de nuit dans celles de l’hôpital Nord, et papoté avec quelques patients et soignantes.

    https://www.lepostillon.org/-Decembre-2021-Janvier-2022-.html

    #Le_Postillon, journal en papier.

    @rastapopoulos
    A propos de : https://seenthis.net/messages/938803#message938867

    « Pensez-vous qu’il faut obliger les soignant.e.s à se faire vacciner, sans quoi ils perdent leur taff ? »

    Bah… oui. [...] Ya rien de réactionnaire à ça, et c’est même fou qu’on finisse par trouver réac de faire… le B.A.BA des choix de santé publique.

    Où sont les choix de #santé_publique, svp ?

    Voir aussi : https://seenthis.net/messages/939138

    • Je ne vois absolument pas le rapport avec la choucroute. :p

      T’as pas encore remarqué depuis deux ans, qu’en gros absolument tout le monde ici sur seenthis critique tout autant les anti-sanitaires/négationnistes de l’épidémie, que le gouvernement qui fait en majorité n’importe quoi aussi ? Et qui est rassuriste tout autant pour d’autres raisons (pour ne pas avoir l’air d’avoir un bilan pourri, pour pousser au travail et à la reprise économique, pour économiser du fric et ne pas faire de gros travaux, etc, etc).

      Donc les choix de santé publique, c’est pas les choix du gouvernement, bien évidemment. C’est :
      – le masque dans tous les lieux clos et en extérieur si foule dense
      – des travaux de grandes ampleurs dans tous les bâtiments (publics ET privés) qui accueillent du monde, pour avoir des aérations dignes de ce nom (comme il a été dit : l’aération is the new hygiène des mains : un truc majeur qui en le généralisant peut faire baisser nombre de maladies sans industrie chimique compliquée)
      – vulgariser à grande échelle le fait que ça se transmet par aérosol et non par les surfaces
      – et donc logiquement refermer plus souvent les bars et restos qui sont des lieux clos où les gens sont structurellement sans masques
      – prendre en compte la transmission dans les écoles (et donc là aussi fermer plus souvent des classes)
      – arrêter de péter l’hopital public et remettre des moyens dedans
      – et donc LES vaccinations obligatoires (le covid parmi plusieurs autres) de toutes les maladies pouvant se transmettre facilement dans un lieu comme l’hopital pour tous les personnels de santé qui cotoient donc toute la journée des personnes fragiles : LA BASE
      – etc etc

      Et donc de nombreux choix pas du tout faits par le gouvernement, qui n’en fait ponctuellement certains que si dans sa balance ça ne réduit pas trop l’économie notamment.

      Et donc comme le dit @biggrizzly, fausse alternative, c’est pas antivax ou gouvernement, c’est ni l’un ni l’autre, et c’est pas sur leurs basesà eux qu’on détermine ce qui devrait être important ou utile de faire ensemble (ensemble en tant que groupe qui se coordonne pour avoir une politique commune de santé publique, pas chacun dans son coin en tant qu’individu).

    • @rastapopoulos @biggrizzly

      « Ensemble en tant que groupe qui se coordonne pour avoir une politique commune de santé publique »  ?!?

      Mais pour cela il faudrait instaurer un #rapport_de_force avec le gouvernement. Il me semble.

      Et lorsque l’on traite ceux qui ne veulent pas se faire vacciner d’assassins comme le fait Arno*, avec tout le mépris qui va aux manifs anti-passe sanitaire, lorsque l’on ne défend pas les soignants opposés à l’obligation vaccinale sous peine de licenciement comme tu le fait, comment créer ce rapport de force et cette « politique commune » ? SVP ?!

      Bref, comment ne serait-ce que tenter de changer la situation sans soutenir, voire même en justifiant - quant on ne fait pas dans la surenchère - les mesures gouvernementales, ceux qui luttent sur place pour la faire changer ?

      J’aimerais vraiment que l’on m’explique comment réaliser cette géniale quadrature du cercle. A moins que ce ne soit le degré zéro de la stratégie politique...

      Autrement dit, cet « ensemble en tant que groupe » - qui est bien abstrait, donc - semble ne concerner que les vaccinés à jour de leurs combien de doses, déjà ? Et avec ou sans QR code pour le prouver ?

      L’entre-soi confortable des gens raisonnables et éclairés... ?!?

      En définitive, le mépris flagrant et la moquerie de la gauche à l’égard des préoccupations légitimes des gens (concernant les confinements, les vaccins ou les passeports sanitaires) sont honteux. Non seulement ces préoccupations sont enracinées dans des difficultés réelles, mais elles découlent également d’une méfiance légitime envers les gouvernements et les institutions qui ont été indéniablement capturés par les intérêts des entreprises.

      https://qg.media/2021/11/30/le-naufrage-de-la-gauche-politique-face-au-covid-par-toby-green-et-thomas-fazi

      Un texte un peu naïf sur la « gauche progressiste », mais qui résume bien la situation de décomposition du soi-disant camp de l’émancipation.

    • C’est sûr qu’on a pas du tout déjà mille fois répondu sur le fond dans mille fils… : il y a décorrélation complète entre les raisons de nos avis, et les raisons des actions du gouvernement. Ce n’est pas parce que ces raisons ne sont pas les tiennes qu’on n’y a pas déjà répondu. :)

      Pourquoi diable est-ce qu’on instaurerait un rapport de force avec le gouvernement pour défendre les soignants opposés à la vaccination… alors que comme déjà dit, c’est juste la base en santé public : le principe même d’être soignant c’est être tous les jours en contact très rapproché avec uniquement des personnes faibles. Toutes les personnes intervenants dedans doivent être vaccinées pour les maladies qui se transmettent le plus à une période donnée. Ya strictement rien de nouveau, tous ces gens, ont déjà l’obligation d’être vaccinés pour X maladies de ce genre, et le covid est une de plus car il remplit tous les critères d’une maladie dangereuse, qui se propage très beaucoup et très facilement dans un lieu comme l’hôpital, et qui tue une part non négligeable des personnes faibles qui sont dedans. Ya strictement aucune raison de laisser approcher ces gens sans avoir toutes les tranches d’emmental à la fois (masque + vaccin + désinfection + aération + etc etc).

      La question c’est pas « qu’est-ce qu’on pourrait bien faire contre le gouvernement », la question c’est « qu’est-ce que nous, en tant que collectif porteur de valeurs d’émancipation, on aurait fait/on aimerait faire comme décisions/actions pour prendre en compte l’épidémie et réduire les risques de morts et de cas graves là à court terme en premier lieu » (le dernier point est important car il est trop facile de dire « si si si on réduisait plein de pollutions en 30/50/100 ans de changements, alors yorait moins de maladies industrielles et donc nos corps seraient en moyenne en meilleure santé », ce qui est vrai aussi mais laisse concrètement crever et devenir handicapés des millions de gens là maintenant = darwinisme social). Réponse à avoir bien sûr en ayant pris en compte ce qu’on sait de plus précis au fur et à mesure : transmission par aérosols et non par surface, etc. Et réponse à avoir bien sûr again en partant du principe qu’on est pas négationniste/rassuriste de l’épidémie et de sa dangerosité.

      Sans aucun rapport avec le gouvernement, en prenant en compte les savoirs du moment, il est parfaitement possible que certaines de nos décisions aillent à l’encontre de l’État ou de l’économie (arrêter d’aller travailler dans certains lieux, faire des travaux d’aération avec l’argent public) et d’autres aillent dans le même sens (porter le masque dès qu’on est dans un lieu clos ou en foule extérieur). Ce qu’ont fait des communautés comme les zapatistes (dont la plupart qui devaient se déplacer sont vaccinés contre le covid). Bref on se répète quoi, notre baromètre n’est pas en se comparant à l’État.

      Et si on avait suivi les mêmes demi-raisonnements depuis 40 ans de sida, j’imagine pas l’hécatombe… ("l’État dit qu’il faut se masquer le pénis mais c’est faux", « c’est seulement les homos et les personnes faibles qui transmettent ça et qui ont un risque », etc etc). Encore heureux que les groupes de malade ont mélangé savoirs savants (comment la maladie se transmet vraiment maintenant qu’on sait, quels médicaments peuvent repousser ou réduire la maladie ou la souffrance) et savoirs personnels… et non pas les assertions complotistes ou anti-sanitaires qui étaient apparues de même dès le début de l’épidémie de sida, aussi bien chez des complotistes que chez des racistes ou homophobes dans les gens au pouvoir (on a plusieurs décennies de documentation, d’archives, pour faire le bilan de ça).

    • @rastapopoulos

      Pourquoi diable est-ce qu’on instaurerait un rapport de force avec le gouvernement pour défendre les soignants opposés à la vaccination

      Lorsque l’on ne veut rien comprendre ( bis repetitam ) : pour défendre un service public de soin, banane !

      notre baromètre n’est pas en se comparant à l’État

      Lorsque l’on ne veut rien comprendre ( ter repetitam ) : mais peut-être faudrait-il faire preuve de plus d’imagination politique...

      Si je comprend bien le sens de ta réponse, il n’y a pas de problème politique, que des solutions techniques ?!?

  • #Wirecard. Le scandale financier qui secoue l’Allemagne

    En 2020, Wirecard, une #start-up allemande devenue un géant du #paiement_en_ligne, s’effondre suite à des révélations de fraudes d’une ampleur inouïe. Retour sur l’ascension et la chute d’un mouton noir de la « fintech ».

    Le plus grand scandale financier de ces deux dernières décennies en Allemagne a commencé comme une success-story. Start-up fondée en 1999 et pilotée dès 2002 par l’Autrichien Markus Braun, la société de paiement en ligne Wirecard profite de la croissance exponentielle d’Internet pour élargir massivement sa clientèle. Proposant d’abord ses services à des sites spécialisés dans la pornographie et les jeux d’argent, l’entreprise s’achète rapidement une respectabilité. Vingt ans après sa création, Wirecard a bravé tous les obstacles pour s’imposer comme un fleuron de l’économie numérique allemande et l’un des principaux concurrents de Paypal. Cotée au Dax, l’indice boursier national, et valorisée en Bourse à hauteur de 14 milliards d’euros, la société s’enorgueillit d’un impressionnant portefeuille de quelque 300 000 clients. Sa chute sera aussi fulgurante que son ascension quand, en juin 2020, des fraudes d’une ampleur inédite la concernant sont révélées. Au total, 1,9 milliard d’euros ont disparu des comptes de l’entreprise.

    Accointances douteuses
    Comment des irrégularités aussi colossales ont-elles pu passer sous les radars des autorités de régulation ? Des alertes circulaient pourtant dans le milieu de la finance depuis 2009 et un analyste avait même fourni en 2016 des preuves solides de fraudes chez Wirecard, sans faire réagir l’Autorité fédérale de supervision financière… De la Bourse de Munich à Singapour, cette ahurissante affaire, hautement romanesque, mêle blanchiment d’argent, falsifications, intimidations et menaces de mort, dévoilant la face sombre d’une « fintech » aux accointances pour le moins douteuses. Pour retracer la chronologie de ce dossier, Benji et Jono Bergmann ont rencontré plusieurs de ses acteurs : journalistes d’investigation, commentateurs et analystes, sans oublier le lanceur d’alerte Pav Gill, avocat et ancien employé de Wirecard, qui forme avec sa mère un étonnant duo de justiciers. Si l’ex-PDG Markus Braun, en prison, attend son procès, son ancien bras droit, le charismatique Jan Marsalek, s’est évaporé et reste l’un des criminels en col blanc les plus recherchés de la planète.

    https://www.arte.tv/fr/videos/100289-000-A/le-scandale-financier-qui-secoue-l-allemagne-wirecard
    #film #film_documentaire #documentaire
    #lanceur_d'alerte #finance #Markus_Braun #Jan_Marsalek #escroquerie #industrie_numérique #technologie_numérique #fintech #industrie_du_jeu #jeux_d'argent #Tobias_Bosler #justice #globalisation #mondialisation #rapport_Zatarra #GI_retails #fraude_comptable #blanchissement_d'argent #Michael_Schütt #Bluetool #BaFin #corruption #Allemagne #Jigajig #DAX #Al_Alam #Edo_Kurniawan #paiement_électronique #EY

  • Pédocriminalité dans l’Eglise : 330 000 victimes estimées en France depuis 1950, selon les travaux de la commission Sauvé
    https://www.lemonde.fr/societe/live/2021/10/05/pedocriminalite-dans-l-eglise-suivez-en-direct-la-conference-de-presse-de-la

    La Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise publie son rapport, mardi, après deux ans et demi de travaux. 216 000 personnes ont été victimes de clercs ou de religieux. Leur nombre passe à 330 000 en comptant les victimes de laïcs travaillant dans les institutions de l’Eglise (cathéchisme, aûmonerie).

    La vache. 330 000 victimes pour 3 000 pédocriminels, ça ferait 110 victimes par violeur. Ce qui, je le répète, dénoterait une impunité totale.

    • On est d’accord que quand on écrit « l’Eglise », on parle de l’Eglise de France, et non des catholiques du monde entier ?

      On est d’accord qu’on cause donc de 330 000 victimes rien qu’en France ?

      C’est énorme en fait...

      J’ai cependant une question. Les victimes ont-elles joui ? C’est un policier de l’assistance qui pose la question.

    • Sur l’impunité des violeurs en série, l’entretien de Nathalie Bajos :
      https://seenthis.net/messages/932062

      Mais si l’on se base sur les estimations faites à l’étranger, autour de 5 %, cela veut dire qu’en moyenne un prêtre aurait agressé 35 enfants (et plus de 60 si l’on estime que 3 % des prêtres ont agressé des personnes mineures). C’est aussi un élément qui permet de penser qu’on savait : un prêtre n’abuse pas pendant des années autant d’enfants sans qu’à un moment des membres de l’Eglise catholique ne soient au courant. Il est d’ailleurs frappant de constater que, d’après les données des archives, les prêtres incriminés auraient abusé en moyenne de trois ou quatre enfants. Cela conduit donc à penser que l’Eglise n’a pas diligenté des enquêtes sérieuses qui auraient permis de mettre en évidence toutes les agressions que les prêtres identifiés comme agresseurs avaient pu commettre.

    • Merci à tout le monde pour tout ça.
      Qui pour libérer l’article suivant ?
      Face au rapport Sauvé, les politiques ne savent pas sur quel pied danser
      https://www.mediapart.fr/journal/france/081021/face-au-rapport-sauve-les-politiques-ne-savent-pas-sur-quel-pied-danser

      8 octobre 2021 Par Mathieu Dejean, Mathilde Goanec, Pauline Graulle et Ilyes Ramdani

      Après que le rapport Sauvé a révélé que des centaines de milliers d’enfants français avaient été abusés sexuellement par des ecclésiastiques, les réactions des responsables politiques, de gauche comme de droite, paraissent timides. Certains demandent néanmoins à la justice d’intervenir et à l’Église de se réformer.

    • Aucune interrogation, mardi, lors de la séance hebdomadaire de questions au gouvernement. Une réaction à la volée d’Emmanuel Macron, en déplacement en Slovénie, qui a souhaité « que ce travail puisse se poursuivre dans la lucidité et l’apaisement ». Et le service minimum des candidats à la présidentielle…

      Au début de la semaine, c’est pourtant un scandale majeur qui vient d’éclater : selon les chiffres d’un rapport réalisé par la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église catholique (Ciase), 330 000 enfants français ont été, depuis 1950, victimes de violences sexuelles par des ecclésiastiques et des laïcs œuvrant au sein de l’Église.

      À l’étranger, des révélations du même genre ont, ces dernières années, donné lieu à des prises de parole fortes des plus hautes personnalités de l’État. En 2012, les vice-premiers ministres d’Irlande et d’Irlande du Nord, constatant « l’incapacité des membres éminents de l’Église catholique de protéger les enfants », avaient ainsi appelé à la démission du chef de l’Église catholique du pays, après que le cardinal eut été accusé d’avoir couvert des actes de pédocriminalité d’un prêtre dans les années 1970.

      Jean-Marc Sauvé, président de la Ciase, la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’église, lors de la présentation de son rapport, à Paris, le 5 octobre 2021. © Photo Thomas Coex / AFP

      Cet été, le chef du gouvernement canadien, par ailleurs fervent catholique, Justin Trudeau, s’indignait de l’absence de réaction de l’Église après la découverte de centaines de tombes près d’anciens pensionnats autochtones destinés à évangéliser et assimiler les Amérindiens. Annonçant, lors d’une conférence de presse à Ottawa, que le gouvernement allait mettre « la pression sur l’Église et toutes les institutions [pour qu’elles reconnaissent] leur rôle », il a aussi demandé « aux catholiques à travers le pays de parler à leurs prêtres, de parler à leurs évêques, de passer le message qu’il est temps que l’Église catholique reconnaisse [...] sa part de culpabilité ».

      Des politiques qui assument d’interpeler une institution religieuse : serait-ce impossible dans une République qui a fait de la séparation de l’Église et de l’État l’un des fondements de son identité ?

      Trois jours après la révélation du scandale, les politiques français étaient en tout cas peu nombreux à avoir pris des positions fortes sur l’épineux sujet. Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur et des cultes, a certes été contraint de sortir du silence après que le président de la Conférence des évêques de France, Éric de Moulins-Beaufort, eut déclaré que « le secret de la confession est plus fort que les lois de la République ». Mais le gouvernement est resté largement en retrait.

      Plus largement, il est notable que vendredi 8 octobre, ni Jean-Luc Mélenchon, ni Anne Hidalgo, ni Xavier Bertrand, ni Valérie Pécresse n’avaient encore pris la parole. Pour le reste, les rares à avoir réagi, à l’instar de l’écologiste Yannick Jadot ou du communiste Fabien Roussel, se sont généralement cantonnés à des messages sur les réseaux sociaux faisant part de leur empathie avec les victimes et saluant le travail de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église.

      Comment aborder politiquement ce sujet, à la croisée des problématiques religieuses, de la protection de l’enfance, du droit et de la lutte contre les violences sexuelles ?

      « Ni l’État ni le Parlement n’ont les moyens d’intervenir, la balle est dans le camp de l’Église », estime la sénatrice socialiste Marie-Pierre de la Gontrie, qui argue que le fait même que le rapport Sauvé ait été commandé par l’Église désarme en partie le champ politique. « Le travail actuel est nettement plus abouti que tout ce que nous aurions pu faire, incarné par la personnalité de Jean-Marc Sauvé, incontestable. Sa commission a eu accès aux archives des évêchés, ce que nous n’aurions pas pu faire en tant que parlementaires, faute de moyens », ajoute sa collègue de banc, Laurence Rossignol, qui fut ministre de la famille, de l’enfant et des droit des femmes durant le quinquennat Hollande.

      « La difficulté, c’est la coexistence entre le droit canonique et le droit français », ajoute Marie-Pierre de la Gontrie, laquelle examine néanmoins méticuleusement le texte pour voir si des « prolongements législatifs » sont envisageables.

      Le précédent de la commission parlementaire de 2018

      Tout le monde se souvient en outre de la commission sénatoriale avortée en 2018, au moment de l’affaire Preynat. Si Marie-Pierre de la Gontrie avait été parmi les parlementaires à réclamer une enquête conduite par la représentation nationale sur les abus sexuels dans l’Église, l’entreprise avait tourné court, empêchée par la droite au motif que des procédures judiciaires étaient en cours (celle autour du père Preynat et de l’implication éventuelle de Philippe Barbarin, cardinal de Lyon).

      « Pour Alexandre Benalla, ça ne gênait pas du tout, donc l’argument était fallacieux, raille aujourd’hui Laurence Rossignol, en référence à la commission d’enquête du Sénat sur le rôle du chargé de mission d’Emmanuel Macron. La réalité, c’est que la droite était tétanisée à l’idée d’enquêter sur l’Église, et cela s’est transformé en mission fourre-tout sur la pédocriminalité à travers le temps et l’espace... »

      Trois ans plus tard, l’hypothèse de réitérer une enquête de ce type n’est plus d’actualité après le travail immense fourni par la Commission Sauvé.

      En revanche, la question du financement des réparations reste ouverte. Interrogé par Mediapart, l’Insoumis Bastien Lachaud, député de Seine-Saint-Denis, dit « avoir une pensée pour les centaines de milliers de victimes », et appelle surtout à faire preuve de vigilance : « Comme le pointe le rapport Sauvé, il ne faudrait pas que l’Église utilise les fonds du denier du culte, ce qui reviendrait en vérité à les faire payer aux contribuables [le denier est en effet ouvert à la déduction fiscale accordée aux organismes reconnus d’intérêt public – ndlr] », avance-t-il.

      La droite gênée aux entournures

      La droite traditionnelle, dont l’électorat catholique constitue un socle précieux, peinait ces derniers jours à poser des mots sur le scandale. Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains (LR) au Sénat, a appelé sur Twitter à « poser les actes pour que des crimes aussi odieux ne soient plus possibles », qualifiant le rapport de « traumatisant ». Interrogé par Mediapart pour prolonger sa réflexion sur les suites à donner, il n’a pas souhaité s’exprimer.

      Députée du Doubs, Annie Genevard exprime à Mediapart son « effroi à la découverte de l’ampleur du phénomène ». Saluant cette « démarche de vérité nécessaire et salutaire » à laquelle l’Église s’est attelée, la vice-présidente de LR estime elle aussi que le rapport ne peut pas rester lettre morte : « La justice des hommes doit passer », dit-elle.

      « Les victimes peuvent, grâce à ce rapport, se positionner en tant que telles, et c’est déjà très salvateur, estime Perrine Goulet, députée La République en marche, membre de la majorité présidentielle. Ensuite ceux qui ont commis ces crimes doivent être déférés devant la justice, et nous encourageons toutes les victimes qui ne sont pas concernées par la prescription à déposer plainte. »

      Mais sur le plan législatif et pénal, rappelle la députée, « tous les outils sont déjà sur la table ». « Là où on attend l’Église, c’est qu’elle s’interroge pour comprendre comment elle en est arrivée là. Elle doit faire son autocritique. »

      La députée, corapporteure d’un rapport publié en 2019 sur la protection de l’enfance, confirme cependant buter encore sur le contrôle de l’organisation religieuse : « Nous nous sommes attelés récemment, et notamment dans le domaine du sport, à renforcer le contrôle des casiers judiciaires pour toute personne travaillant avec des enfants ou bénévole auprès d’eux, mais nous retombons dans cette affaire au registre de la séparation de l’Église ou de l’État ! Et si on l’oblige pour la religion catholique, il faudra le faire pour toutes les religions, y compris celles où les prêcheurs ne sont pas aussi bien identifiés. »
      « Que l’Église engage des réformes pour le bien commun ! »

      « La commission Sauvé n’a occulté aucun fait, et elle a rendu un état des lieux effarant et accablant, qui appelle à mon sens une réponse forte et des mesures structurelles », soutient Chloé Sagaspe, membre du bureau exécutif national d’Europe Écologie-Les Verts, déléguée à la jeunesse. « Si on veut éviter la répétition de ces violences, l’Église a la responsabilité d’en tirer les leçons. Les conclusions du rapport sont cohérentes avec les enquêtes révélées depuis des années en France et ailleurs. On ne doit plus être dans un silence coupable. »

      Le ton est encore plus virulent chez Robert Ménard, le maire (apparenté Rassemblement National) de Béziers. « L’Église doit reprendre nombre de ses habitudes, nombre de ses dogmes, parce que ce n’est pas possible, a lancé sur France Info l’élu biterrois. On ne peut pas ne pas tirer de conséquences de ce qui vient de se passer, on ne peut pas expliquer qu’il y a 330 000 enfants qui ont été abusés et puis dire qu’on va s’en remettre au bon jugement de prêtres ou de religieux quand on a vu ce qu’un certain nombre pouvait faire. »

      « C’est un séisme, il y aura un “avant” et un “après”, souligne quant à lui, la voix empreinte d’émotion, le député socialiste Dominique Potier. Pour retrouver la lumière, il faudra aller au bout de toutes les conséquences de ces révélations. »

      Tout ce qui affaiblit les corps intermédiaires nous regarde. Il ne faut pas se cacher derrière la pudeur de la laïcité.

      Dominique Potier, député PS

      Pour ce catholique pratiquant, président de l’Esprit civique, un laboratoire d’idées qui fait le lien entre l’éducation populaire et la spiritualité, ces révélations sur l’ampleur de la pédocriminalité dans l’institution catholique doivent déboucher sur un double mouvement : une action en justice d’abord, car, « dans l’esprit de la laïcité, il faut que la justice passe » ; une action de l’Église ensuite, qui doit « entreprendre une réforme profonde ».

      Un responsable politique qui se mêle des affaires de l’Église : Dominique Potier assume. « On peut souhaiter, comme républicain, que l’Église engage des réformes pour le bien commun ! », estime l’élu de Meurthe-et-Moselle. « L’Église, comme toutes les institutions, est partie prenante de la République, souligne-t-il. Nous devons appréhender cette affaire comme si elle avait lieu dans une fédération sportive car tout ce qui affaiblit les corps intermédiaires nous regarde. Il ne faut pas se cacher derrière la pudeur de la laïcité. »

      Le député communiste Pierre Dharréville tient à faire la part des choses : « Dans cette tragédie, il y a des choses condamnables par la justice, et j’encourage toutes les victimes à aller porter plainte. Mais pour ce qui concerne une éventuelle réforme de l’Église, c’est aux Chrétiens de demander des comptes », dit-il, estimant néanmoins que cela doit permettre d’avancer dans la lutte contre les violences sexuelles dans toutes les sphères de la société.

      Alors que 70 % des plaintes pour agression sexuelle sur mineur sont classées sans suite, le rapport Sauvé est ainsi pour tous les élus contactés un point d’appui pour briser l’omerta sur la pédocriminalité dans la société en général. Ainsi Ségolène Royal, ministre déléguée à l’enfance sous Lionel Jospin, estime que « tous les métiers liés à l’enfance et à l’adolescence doivent être surveillés » et se demande si la prescription ne devrait pas être levée, pour que « tous les prédateurs soient condamnés ». Reste que, là encore, le pouvoir politique est bien en mal de se substituer aux autorités de l’Église pour qu’elle se réforme.

      « Éviter que ne se perpétue l’omerta »

      Les organisations de jeunesse (tels les scouts de France, d’obédience religieuse, par exemple) « sont déjà soumises aux règles qui s’appliquent à n’importe quelle colonie de vacances, rappelle Laurence Rossignol. Et les clercs de l’Église qui interviennent auprès des enfants ont rarement des mentions sur leur casier judiciaire puisque jusqu’ici, l’institution fermait les yeux. Donc la révolution à faire est d’abord culturelle. Les parents, qui se taisaient parfois autrefois, sûrement ne se tairont plus. »

      Il reste le curatif et le préventif, faute de contrôles a priori, partout difficiles à mettre en place. L’Église a par exemple promis des cellules d’écoute pour les victimes potentielles… mais tenues par des religieux. « Elles doivent être animées par l’extérieur et des associations de victimes expertes sur le sujet, pour éviter que ne se perpétue l’omerta qui sévissait jusqu’ici », insiste Perrine Goulet.

      Laurence Rossignol estime enfin que l’Église catholique, qui s’est beaucoup exprimée ces dernières années sur les sujets de société, sort « disqualifiée » d’un tel scandale. « Quand on se remémore ce que l’Église a couvert comme actes alors qu’au même moment elle multipliait les injonctions faites aux femmes sur la contraception, l’avortement ou encore multipliait les discours de réprobation sur l’homosexualité ou la famille, qu’elle se taise, et pour longtemps. »

    • Merci beaucoup @monolecte (& aux journalistes de @mediapart , en passant, c’est bien de faire cet article)

      Pour info, le site du journal La Vie est en accès libre jusqu’au 15 octobre :

      La Vie vous ouvre son site
      À l’occasion de la publication du rapport Sauvé et parce que l’actualité mérite d’être lue par tous, nous avons choisi de mettre l’intégralité de nos articles en accès libre jusqu’au 15 octobre 2021

      Par exemple, un article publié aujourd’hui :
      Indemnisation des victimes : dans les diocèses, on veut trouver les moyens quoi qu’il en coûte
      https://www.lavie.fr/christianisme/eglise/indemnisation-des-victimes-dans-les-dioceses-on-veut-trouver-les-moyens-quoi-q

      Pour Antoine Garapon, magistrat et membre de la Ciase, la question est mal posée : « Il ne s’agit pas tant de savoir si et comment l’Église parviendra à payer, mais quel est le fondement de ce paiement. Si c’est un secours, elle décide souverainement, c’est la logique du don ; si elle considère que des crimes ont été commis en son nom, c’est une dette qui est fixée par un tiers de justice, et non par elle. »

      L’indemnisation financière est d’autant plus importante qu’elle est hautement symbolique : « Dès lors qu’elle se fonde sur une responsabilité assumée et sur une reconnaissance sincère, (…) elle est le signe d’une diminution de l’institution ecclésiale, d’une sorte d’amputation qui répond à celle subie par la victime », résume le rapport de la Ciase.

      Antoine Garapon insiste sur ce point : le chemin de réparation passe par la reconnaissance, « l’argent vient après ». Et ce, pour des raisons très profondes : « Si vous donnez de l’argent sans parole, cela veut dire que l’Église achète le silence. L’argent sans reconnaissance, il n’y a pas pis que cela. »

      Article entier : https://justpaste.it/5mfsa

    • https://www.youtube.com/watch?v=HVsYmYRUHyU


      À l’air libre (150) L’Église, bastion imprenable du patriarcat ?

      Au sommaire de cette émission :
      ➡️ Après les révélations sur la pédocriminalité dans l’Église, peu de réactions de l’État et une certaine crispation chez les évêques de France. Le couvercle ecclésiastique est-il en train de se refermer ?
      ➡️ Le monopole du masculin dans l’Église est pointé du doigt dans les violences sexuelles. L’Église peut-elle changer ?
      Débat avec le sociologue Josselin Tricou, Antoinette Frety, avocate de victimes, Sabine Sauret, co-autrice de « Le Déni » et Laurence Poujade, présidente de l’association Sentinelle.
      Vous connaissez notre émission À l’air libre ?
      #Église #ViolencesSexuelles #CIASE
      Votre avis nous intéresse ➡️ https://mdpt.fr/39yQZsn
      ☞ Abonnez-vous à Mediapart : https://www.mediapart.fr/abonnement#a...
      ☞ Abonnez-vous à la chaîne YouTube de Mediapart : https://www.youtube.com/user/mediapart

  • Cinquante ans avant la Convention pour le climat : l’incroyable histoire des quatre chercheurs qui avaient déjà tout prévu
    https://www.telerama.fr/debats-reportages/cinquante-ans-avant-la-convention-pour-le-climat-lincroyable-histoire-des-q

    1972, Massachusetts. Quatre étudiants chercheurs sont chargés de réfléchir aux conséquences de la croissance sur la planète. En sortira le rapport Meadows, vendu à dix millions d’exemplaires. Avec enthousiasme, ils arpentent le monde pour convaincre les décideurs d’agir. Lesquels décident de ne rien faire. Ils nous racontent leur fantastique aventure.

    C’est l’histoire d’un rendez-vous manqué. Manqué en 1972, en 1992, en 2012. Et 2022 ne s’annonce pas bien. Un rendez-vous avec la planète, ou plus précisément avec ceux qui la dirigent et qui, décennie après décennie, sur l’environnement, écoutent sans entendre, font mine de s’inquiéter puis atermoient.

    En 1972, les Américains Dennis Meadows, son épouse Donella, Bill Behrens et le Norvégien Jørgen Randers ne forment encore qu’une bande de très jeunes étudiants chercheurs – 26 ans de moyenne d’âge – au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Cambridge (États-Unis). Quatre « mousquetaires » au pedigree varié : un peu baba pour les deux premiers, rentrés deux ans plus tôt d’un long road-trip en Asie ; moins cool pour Jørgen, « jeune homme suffisant et parfaitement représentatif des milieux favorisés d’Oslo, confesse aujourd’hui l’intéressé. J’étais ce garçon doué en maths qui découvre, en intégrant le MIT pour y faire son doctorat de physique, qu’il y a un monde au-delà de la Norvège ». Quant à Bill Behrens, il fêtait tout juste ses 22 ans. Son nom, comme celui des trois autres, apparaît sur la couverture de The Limits to Growth (Les Limites à la croissance), un petit livre de 125 pages décrivant sans fioritures, et sur un ton politique neutre, l’impact destructeur des activités humaines sur notre planète. Les ressources de la Terre ne sont pas infinies, prévenaient les auteurs ; passé un cap, la charge devient trop lourde et les effets cumulés d’une démographie galopante, d’une pollution excessive, d’une consommation sans frein pourraient provoquer un effondrement. Troublé dans sa tranquillité, le gratin politique et économique mondial a lu cette enquête minutieuse, traduite en trente langues et vendue à 10 millions d’exemplaires… puis a choisi de ne rien faire.

    L’organisation était méticuleuse : « Chacun de nous s’occupait d’un secteur, détaille Bill Behrens, 71 ans, contacté par Zoom dans sa maison du Maine. Jurgen se cognait la pollution, je m’occupais des ressources naturelles, Donella de la démographie mondiale… Mais en découvrant les premières projections, nous étions tellement secoués que nous nous sommes dit : “Ce n’est pas possible, on a dû se planter.” On a repris nos calculs, fait quelques modifs ici et là… mais les nouvelles n’étaient pas meilleures. » Ou bien le monde développé réduisait son empreinte écologique avant de crever le plafond, ou bien la nature se chargerait de faire redescendre l’humanité sur terre…

    Une des premières recensions du livre paraît dans The New York Times Book Review : trois économistes en vue tournent en ridicule les conclusions de l’irritant bouquin. Si quelques critiques se montrent plus ouvertes, la plupart des commentaires sont négatifs, voire agressifs. Mais les débats sont passionnants. Et les années qui suivent, euphorisantes pour le quatuor. « C’était une période dingue, se souvient Bill Behrens. J’étais invité dans des colloques aux quatre coins du monde pour débattre de nos conclusions. Des organismes nous payaient le billet d’avion, et nous rémunéraient 1 000 dollars pour parler d’une enquête qu’on avait non seulement adoré faire, mais dont on pensait qu’elle allait changer le cours du monde. » À la longue, pourtant, l’ironie des mandarins, les sempiternelles réserves et ce satané déni vont avoir raison de l’enthousiasme.

    Bill Behrens, comme les autres, avait rendez-vous… avec lui-même. Il a acheté une cabane sans électricité dans les bois, et s’est lancé dans l’agriculture bio, avec vaches et moutons. « Je ne faisais qu’appliquer l’enseignement numéro un des Limites : arrêter de traiter la Terre comme un être à qui on ne cesse de prendre, sans rien lui donner en échange. » Dennis Meadows, lui, continuera longtemps de sillonner le monde pour secouer ses dirigeants. En vain. « Les grandes réformes politiques sont confrontées à un problème de taille, rappelle-t-il, elles exigent que les gens fassent un sacrifice aujourd’hui pour des bénéfices qui ne tomberont que bien plus tard. Et elles exigent des plus riches qu’ils fassent des sacrifices dont d’autres – généralement les plus pauvres – bénéficieront ailleurs. Aucun système politique occidental n’est capable de faire ce choix. Je me souviens d’un dirigeant européen qui, dans les années 1970, m’avait lancé : “Bravo, professeur Meadows, vous nous avez convaincus. Maintenant, expliquez-nous par quel miracle nous pourrons être réélus si nous faisons ce que vous dites ?” »

    Devant l’inaction crasse des responsables politiques et économiques, Donella a insisté pour qu’on ajoute un dernier chapitre, légèrement ésotérique. Les auteurs y proposaient cinq « outils » pour la transition qu’ils appelaient de leurs vœux : l’inspiration, l’honnêteté, le travail en réseau, l’apprentissage et… l’amour. « Du pur Donella, sourit Jørgen Randers. Si j’étais un grand sceptique, elle était une idéaliste qui avait connu la vie communautaire. Ce chapitre sur l’amour, les 3 % de la population mondiale qui partageait ses idées l’ont sûrement adoré. Les 97 % autres considèrent sûrement que c’est de la foutaise. »

    Il y a au moins deux morales à cette histoire. L’une, très sombre, l’autre lumineuse. Et les deux viennent de la bouche de Dennis Meadows, cueillies au tout petit matin – il se lève à 5 heures – alors qu’il faisait encore nuit noire dans le New Hamsphire : « J’ai passé cinquante ans à tenter d’expliquer aux dirigeants d’une cinquantaine de pays les enjeux des Limites à la croissance. Il est trop tard. Cognez-vous la tête contre un mur de pierre, ça fait mal au crâne mais ça n’a aucun effet sur le mur. Donc j’arrête. Et je me replie sur l’action locale, en utilisant la dynamique des systèmes sur les ressources naturelles, et en m’intéressant aux problèmes d’urbanisme de ma ville, Durham. » Des regrets ? « Très peu. Si vous faites dépendre votre bonheur de votre capacité à changer le monde, vous ne serez jamais heureux, car vous avez trop peu de chances de gagner. Quand des jeunes gens s’adressent à moi aujourd’hui, je leur dis les choses suivantes : “Apprenez la résilience, car les décennies qui viennent vont être semées de crises sévères ; apprenez des choses pratiques comme le jardinage ou la plomberie, car elles vous seront très utiles ; et lisez de l’histoire longue, celle des Phéniciens, des Romains, ou de la dynastie Qing.” Ces civilisations ont grandi, elles ont décliné, elles ont disparu. Imaginer que la nôtre pourrait suivre un autre destin me paraît un doux fantasme. Mais j’ajoute toujours ceci : “N’oubliez jamais qu’il existe deux façons de toucher au bonheur. La première est d’obtenir plus – c’est celle après laquelle notre civilisation a couru à perdre haleine –, et la seconde, de vouloir moins.” Philosophiquement, et de manière très pragmatique, je privilégierais le deuxième chemin. »

    #Rapport_Meadows #Club_de_rome #Ecologie #Climat #Histoire_contemporaine

  • #Désintégration - Journal d’un conseiller à Matignon

    Pendant dix-huit mois, #Matthieu_Angotti a travaillé aux côtés du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, et c’est ce qu’il raconte ici, dans un récit percutant qui tente le pari fou de nous mettre dans la peau d’un #conseiller_politique.« Le jour de mon entrée au cabinet du Premier ministre, j’ai commencé à prendre des notes, le temps que durerait l’aventure. Les voici mises en images, dessinant le quotidien d’un #conseiller, avec ses hauts et ses bas, ses #espoirs, ses #découragements, sa #solitude parfois... Ce livre raconte la #réforme manquée de la #politique_d'intégration, comme une lucarne sur les rouages du sommet de l’état, du côté de ses discrets artisans... »

    https://www.editions-delcourt.fr/bd/series/serie-desintegration-journal-d-un-conseiller-matignon/album-desintegration-journal-d-un-conseiller-matignon
    #BD #bande_dessinée #livre
    #plan_de_lutte_contre_la_pauvreté #François_Hollande #Jean-Marc_Ayrault #pauvreté #intégration #étrangers #Thierry_Tuot #rapport_Tuot #France

    ping @isskein @karine4

  • La Face cachée des #énergies_vertes

    Voitures électriques, éoliennes, panneaux solaires… La transition énergétique laisse entrevoir la promesse d’un monde plus prospère et pacifique, enfin libéré du pétrole, de la pollution et des pénuries. Mais cette thèse officielle s’avère être un mythe : en nous libérant des combustibles fossiles, nous nous préparons à une nouvelle dépendance à l’égard des métaux rares. De graves problèmes écologiques et économiques pour l’approvisionnement de ces ressources stratégiques ont déjà commencé. Et si le « monde vert » qui nous attend se révélait être un nouveau cauchemar ?

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/61421_1

    #film #film_documentaire #documentaire

    #COP21 #COP_21 #transition_énergétique #technologie #technologies_vertes #voiture_électrique #énergies_propres #extractivisme #mines #green-washing #greenwashing #délocalisation_de_la_pollution #pétrole #métaux_rares #néodyme #cobalt #graphite #lithium #photovoltaïque #énergie_solaire #énergie_éolienne #éolienne #solaire #dépendance #RDC #République_démocratique_du_Congo #Australie #Chili #Bolivie #Indonésie #Chine #industrie_minière #Mongolie #Terres_rares #eaux_usées #radioactivité #réfugiés_des_technologies_vertes #eau #IDPs #déplacés_internes #cuivre #santé #Chuquicamata #cancer #Aliro_Boladas #centrales_à_charbon #modèle_économique_extractiviste #énergies_renouvelables #engie #Norvège #charbon #hypocrisie #green_tech #zéro_émissions #changement_climatique #Jean-Louis_Borloo #ADEME #Renault #bornes_électriques #Rapport_Syrota #Jean_Sirota #BYD #EDF #Photowatt #Péchiney_métallurgie #magnésium #nationalisme_des_ressources #Bolivie #recyclage #déchets #décharges_sauvages #Neocomp #fausse_transition #sobriété #progrès_technologique #décroissance #énergies_renouvelables

    –-

    déjà signalé par @odilon sur seenthis :
    https://seenthis.net/messages/888273

    • « La face positive des énergies vertes »

      Le documentaire « La face cachée des énergies vertes » est passé fin novembre sur Arte. Truffé d’erreurs et d’arguments partisans, allant jusqu’à comparer le problème des pales d’éoliennes, soit disant non recyclables, à celui posé par les déchets nucléaires !

      Autre exemple : ce documentaire assène que les énergies vertes et que les batteries nécessitent obligatoirement l’utilisation de terres rares. Ce n’est pourtant pas du tout l’avis de l’Ademe. D’autre part, le photovoltaïque n’utilise jamais de terres rares. Et pour l’éolien et les voitures électriques, leur utilisation dans les moteurs à aimants permanents permet de gagner en performances, mais cet usage n’est ni systématique, ni indispensable.

      Cet article présente :

      – La quinzaine d’erreurs grossières parmi les très nombreuses qui émaillent ce documentaire.
      – Le cercle vertueux du photovoltaïque et de l’éolien : plus on en installe, plus on réduit les émissions de gaz carbonique.
      – Que nos voitures contiennent davantage de terres rares que les voitures électriques sans moteurs à aimants permanents.
      – Pour qui roule le journaliste Guillaume Pitron, à l’origine de ce documentaire.

      En se fondant sur les avis qui se colportent, principalement sur la production des terres rares utilisées dans les énergies vertes, Guillaume Pitron, qui a enquêté dans une douzaine de pays, nous fait visiter quelques sites d’exploitation qui portent atteinte à l’environnement et à la santé des travailleurs.

      Hélas ce documentaire est gâché autant par sa partialité, que par de très nombreuses erreurs grossières.

      https://www.passerelleco.info/article.php?id_article=2390
      https://seenthis.net/messages/894307

    • Geologic and anthropogenic sources of contamination in settled dust of a historic mining port city in northern Chile: health risk implications

      Chile is the leading producer of copper worldwide and its richest mineral deposits are found in the Antofagasta Region of northern Chile. Mining activities have significantly increased income and employment in the region; however, there has been little assessment of the resulting environmental impacts to residents. The port of Antofagasta, located 1,430 km north of Santiago, the capital of Chile, functioned as mineral stockpile until 1998 and has served as a copper concentrate stockpile since 2014. Samples were collected in 2014 and 2016 that show elevated concentrations of As, Cu, Pb, and Zn in street dust and in residents’ blood (Pb) and urine (As) samples. To interpret and analyze the spatial variability and likely sources of contamination, existent data of basement rocks and soil geochemistry in the city as well as public-domain airborne dust were studied. Additionally, a bioaccessibility assay of airborne dust was conducted and the chemical daily intake and hazard index were calculated to provide a preliminary health risk assessment in the vicinity of the port. The main conclusions indicate that the concentrations of Ba, Co, Cr, Mn, Ni, and V recorded from Antofagasta dust likely originate from intrusive, volcanic, metamorphic rocks, dikes, or soil within the city. However, the elevated concentrations of As, Cd, Cu, Mo, Pb, and Zn do not originate from these geologic outcrops, and are thus considered anthropogenic contaminants. The average concentrations of As, Cu, and Zn are possibly the highest in recorded street dust worldwide at 239, 10,821, and 11,869 mg kg−1, respectively. Furthermore, the contaminants As, Pb, and Cu exhibit the highest bioaccessibilities and preliminary health risk indices show that As and Cu contribute to elevated health risks in exposed children and adults chronically exposed to dust in Antofagasta, whereas Pb is considered harmful at any concentration. Therefore, an increased environmental awareness and greater protective measures are necessary in Antofagasta and possibly other similar mining port cities in developing countries.

      https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5922233

      #santé #mines

    • L’association #Vernunftkraft

      Aufgeklärte und deshalb zu Recht besorgte Bürger dieses Landes (https://www.vernunftkraft.de/bundesinitiative) erkennen hinsichtlich der Rationalität energiepolitischer Entscheidungen nicht hinnehmbare Defizite.

      Die Zerstörung von Wäldern zwecks Ansiedlung von volkswirtschaftlich sinnlosen Windindustrieanlagen ist dabei die Spitze des Eisbergs.

      Zentrale Elemente der gegenwärtigen Energiepolitik sind extrem unvernünftig.

      Daher möchten wir der Vernunft Kraft geben.
      https://www.vernunftkraft.de

    • La guerre des métaux rares. La face cachée de la transition énergétique et numérique

      En nous émancipant des énergies fossiles, nous sombrons en réalité dans une nouvelle dépendance : celle aux métaux rares. Graphite, cobalt, indium, platinoïdes, tungstène, terres rares… ces ressources sont devenues indispensables à notre nouvelle société écologique (voitures électriques, éoliennes, panneaux solaires) et numérique (elles se nichent dans nos smartphones, nos ordinateurs, tablettes et autre objets connectés de notre quotidien). Or les coûts environnementaux, économiques et géopolitiques de cette dépendance pourraient se révéler encore plus dramatiques que ceux qui nous lient au pétrole.

      Dès lors, c’est une contre-histoire de la transition énergétique que ce livre raconte – le récit clandestin d’une odyssée technologique qui a tant promis, et les coulisses d’une quête généreuse, ambitieuse, qui a jusqu’à maintenant charrié des périls aussi colossaux que ceux qu’elle s’était donné pour mission de résoudre.

      http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-La_guerre_des_m%C3%A9taux_rares-9791020905741-1-1-

      #livre #Guillaume_Pitron

    • Rapport ADEME 2012 :

      Énergie et patrimoine communal : enquête 2012

      L’enquête « Énergie et patrimoine communal » est menée tous les cinq ans depuis 1990. Elle porte sur les consommations d’énergie et les dépenses payées directement par les communes sur trois cibles principales : le patrimoine bâti, l’éclairage public et les carburants des véhicules.

      https://www.ademe.fr/energie-patrimoine-communal-enquete-2012

      –—

      Rapport ADEME 2015 :


      Scénarios 2030-2050 : une vision énergétique volontariste

      Quel mix énergétique pour les années 2030-2050 ? L’ADEME actualise son scénario Énergie Climat et propose des mesures pour contribuer à la déclinaison du plan CLIMAT.

      Les objectifs ambitieux du Plan Climat lancé par Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, confirment la stratégie volontariste de la France pour la transition énergétique. Dans le contexte actuel de mise à jour de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) et de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), l’actualisation du scénario énergie-climat de l’ADEME vient contribuer aux réflexions pour mettre en oeuvre ces objectifs.

      Cette contribution est double : d’une part, l’actualisation des « Visions énergétiques » de l’ADEME, qui souligne l’enjeu que représente l’atteinte des objectifs ambitieux inscrits dans la loi, et d’autre part, l’étude « Propositions de mesures de politiques publiques pour un scénario bas carbone », qui propose une liste de mesures concrètes à mettre en oeuvre.

      https://www.ademe.fr/recherche-innovation/construire-visions-prospectives/scenarios-2030-2050-vision-energetique-volontariste

    • En #Géorgie, la révolte de la “capitale du #manganèse” contre une exploitation hors de contrôle

      Le développement de technologies comme les voitures électriques a fait grimper la demande de manganèse. À #Tchiatoura, où cette ressource est abondante, on en paie les conséquences : excavations à tout-va, paysage saccagé, maisons qui s’effondrent, et main-d’œuvre mal payée.

      La grogne sociale monte depuis 2019 dans le district de Tchiatoura, ancienne “capitale” soviétique de la production de manganèse. Depuis trois mois, 3 500 mineurs sont en #grève pour réclamer la hausse de leurs salaires (qui ne dépassent pas 250 euros) et une meilleure assurance maladie. À la mi-mai, quelques mineurs du village de #Choukrouti, près de Tchiatoura, se sont cousus la bouche et ont entamé une #grève_de_la_faim, rapporte le site géorgien Ambebi.

      Face au silence des autorités locales et nationales, depuis le 31 mai, dix familles font un sit-in devant l’ambassade des États-Unis (la puissance occidentale la plus influente en Géorgie), à Tbilissi, la capitale. “Les gens réclament des compensations pour leur maison et demandent l’aide des diplomates étrangers”, pour rappeler à l’ordre la compagnie privée #Georgian_Manganese, filiale géorgienne de la société britannique #Stemcor, explique le site Ekho Kavkaza.

      Les habitants protestent contre les dégâts écologiques, économiques et culturels causés par une extraction intensive à ciel ouvert du manganèse. Utilisé dans la fabrication de l’acier, la demande pour ce métal est en forte croissance, notamment pour les besoins de l’industrie des véhicules électriques, des piles, des batteries et circuits électroniques.

      #paywall

      https://www.courrierinternational.com/article/degats-en-georgie-la-revolte-de-la-capitale-du-manganese-cont

    • En #Géorgie, la révolte de la “capitale du #manganèse” contre une exploitation hors de contrôle

      Le développement de technologies comme les voitures électriques a fait grimper la demande de manganèse. À #Tchiatoura, où cette ressource est abondante, on en paie les conséquences : excavations à tout-va, paysage saccagé, maisons qui s’effondrent, et main-d’œuvre mal payée.

      La grogne sociale monte depuis 2019 dans le district de Tchiatoura, ancienne “capitale” soviétique de la production de manganèse. Depuis trois mois, 3 500 mineurs sont en #grève pour réclamer la hausse de leurs salaires (qui ne dépassent pas 250 euros) et une meilleure assurance maladie. À la mi-mai, quelques mineurs du village de #Choukrouti, près de Tchiatoura, se sont cousus la bouche et ont entamé une #grève_de_la_faim, rapporte le site géorgien Ambebi.

      Face au silence des autorités locales et nationales, depuis le 31 mai, dix familles font un sit-in devant l’ambassade des États-Unis (la puissance occidentale la plus influente en Géorgie), à Tbilissi, la capitale. “Les gens réclament des compensations pour leur maison et demandent l’aide des diplomates étrangers”, pour rappeler à l’ordre la compagnie privée #Georgian_Manganese, filiale géorgienne de la société britannique #Stemcor, explique le site Ekho Kavkaza.

      Les habitants protestent contre les dégâts écologiques, économiques et culturels causés par une extraction intensive à ciel ouvert du manganèse. Utilisé dans la fabrication de l’acier, la demande pour ce métal est en forte croissance, notamment pour les besoins de l’industrie des véhicules électriques, des piles, des batteries et circuits électroniques.

      #paywall

      https://www.courrierinternational.com/article/degats-en-georgie-la-revolte-de-la-capitale-du-manganese-cont

  • Censure : JM Blanquer bat son record (Le Café Pédagogique)
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2021/03/25032021Article637522518887143055.aspx

    Loin de la transparence annoncée et des données publiques sur l’action ministérielle, J.-M. Blanquer verrouille toujours plus sa communication et la production d’évaluation et d’expertise interne.

    Nouveau record pour l’Education nationale ! Le rapport d’activité de l’Inspection générale de l’Education nationale fait l’éloge de la réforme de fond réalisée par JM Blanquer et la cheffe de service de l’Inspection, Caroline Pascal. Il a surtout pour avantage de publier la liste des rapports de « l’inspection générale de l’éducation du sport et de la recherche ». Malgré cette extension d’activité, encore moins de rapports ont été rendus publics en 2019.Cette année là seulement 7 rapports ont été publiés sur 82 produits soit 8%. Les autres ne sont jamais sortis du cabinet de JM Blanquer. Celui-ci bat son record de 2017.