#redoublement

  • « Faire du brevet l’examen de l’entrée en seconde, c’est la fin programmée du collège unique », Claude Lelièvre

    Invité à préciser ce qu’il entendait par « libéralisme avancé », le président de la République Valéry Giscard d’Estaing (« VGE ») déclarait, sur RTL, le 20 mai 1975 : « Il y a dans la pensée de gauche des éléments positifs importants dont je compte bien m’inspirer ; ce qui fait que, dans l’action libérale avancée, il y a beaucoup d’idées de gauche qui doivent être mises en œuvre. »

    Quelques-unes d’entre elles ont alors défrayé la chronique : création d’un secrétariat à la condition féminine, loi Veil sur l’IVG, abaissement de l’âge de la majorité à 18 ans, regroupement familial pour les immigrés, collège unique.

    On aurait pu penser qu’avec son antienne du « en même temps », la présidence d’Emmanuel Macron s’inscrirait dans cette filiation. On voit clairement qu’il n’en est rien. La loi Veil sur l’IVG a été adoptée avec l’appui de l’ensemble des députés de gauche le 20 décembre 1974 et une minorité de parlementaires de droite.

    A contrario, la récente loi sur l’immigration a été adoptée avec l’appui de l’ensemble des députés du Rassemblement national. Par ailleurs, Michelle Perrot, la grande spécialiste de l’histoire des femmes, a pu se dire « scandalisée » par les propos d’Emmanuel Macron concernant l’affaire Depardieu.

    Rupture avec la « tradition républicaine »

    La conception du « collège unique » est une version française de l’« école de base » suédoise (sociale-démocrate), de la « comprehensive school » (travailliste), de la « Gesamtschule » (sociale-démocrate). Dans le cadre du « libéralisme avancé », le collège unique a été voulu et porté personnellement par Valéry Giscard d’Estaing, mais a rencontré de nombreuses oppositions, en particulier dans son propre camp politique. Encore en octobre 1991, Alain Juppé (alors secrétaire général du RPR) proclamait qu’il fallait « casser le collège unique ». Mais, dans son livre paru en vue de la campagne présidentielle de 2017, il ne prônait plus que quelques aménagements.

    Marine Le Pen, elle, a proposé dans son programme pour l’élection présidentielle de 2022 une arme de « destruction massive » afin d’en finir avec le collège unique : « Le diplôme national du brevet deviendra un examen d’orientation post-troisième. » L’ex-ministre de l’éducation nationale, Gabriel Attal, a repris pour l’essentiel cette prescription en annonçant que le brevet serait désormais une condition nécessaire pour entrer en seconde (générale et/ou technologique ?), ce qu’il n’a jamais été jusque-là. Faire du brevet l’examen de l’entrée en seconde, c’est choisir sans appel que le collège doit être une propédeutique au lycée, et non pas la deuxième phase d’une instruction obligatoire (pour tous).

    C’est la fin programmée du collège unique et de son sens originel initié dans le cadre du libéralisme « avancé ». « VGE » avait été très net, en 2001 : « Le débat doit se concentrer sur cette question : quels savoirs donner à cet ensemble de jeunes qui constituent un acquis culturel commun ? On n’a guère avancé depuis vingt-cinq ans. Au lieu d’avoir rabattu tout l’enseignement des collèges vers l’enseignement général, les rapprochant des classes de la 6e à la 3e des lycées d’autrefois, en un peu dégradé, il aurait mieux valu en faire une nouvelle étape de la construction du cycle scolaire. »

    Le renoncement aux ambitions portées par le libéralisme « avancé » dans certains domaines peut parfois aller plus loin et rompre non seulement avec le « libéralisme avancé » mais même avec la simple « tradition républicaine ». On peut en prendre pour exemple significatif la volonté réitérée constamment ces derniers mois par l’ex-ministre de l’éducation nationale d’aller vers une forte « labellisation » ministérielle des manuels scolaires.

    Le choix des manuels scolaires, question vive

    La question du choix des manuels scolaires a été une question vive lors de l’instauration de l’école républicaine et laïque, sous la IIIe République. Le 6 novembre 1879, le directeur de l’enseignement primaire, Ferdinand Buisson, dans une note adressée à Jules Ferry, indique qu’« il y aurait de graves inconvénients à imposer aux maîtres leurs instruments d’enseignement » et qu’« il n’y en a aucun à leur laisser librement indiquer ce qu’ils préfèrent ».

    En conséquence, Jules Ferry signe, le 16 juin 1880, un arrêté qui fait largement appel au concours des maîtres et il souligne que « cet examen en commun deviendra un des moyens les plus efficaces pour accoutumer les enseignants à prendre eux-mêmes l’initiative, la responsabilité et la direction des réformes dont leur enseignement est susceptible ». Le 13 octobre 1881, une circulaire établit, pour les professeurs de collèges et lycées, des réunions mensuelles en leur confiant le choix des livres de classe.

    L’école républicaine instituée sous la IIIe République s’est ainsi distinguée nettement de ce qui l’a précédée et de ce qui l’a suivie dans ce domaine. Par exemple, François Guizot, ministre de l’instruction publique en 1833, a fait paraître des manuels scolaires officiels dans les cinq matières principales de l’école primaire. Et, dès l’arrivée de Philippe Pétain au pouvoir, un décret du 21 août 1940 a mis un terme à l’attitude libérale qui avait prévalu : ce décret ne traite plus de la liste « des livres propres à être mis en usage » mais de celle « des livres dont l’usage est exclusivement autorisé ».

    A la Libération, le 9 août 1944, une ordonnance annule « tous les actes relatifs à l’interdiction de livres scolaires ou instituant des commissions à l’effet d’interdire certains livres ».

    En miroir, on peut rappeler la réponse du ministre de l’éducation nationale Alain Savary à une question écrite de parlementaires en avril 1984 à propos d’un manuel incriminé : « Le ministre ne dispose pas du pouvoir d’injonction lui permettant de faire retirer ni même de faire amender un ouvrage. Il n’exerce aucun contrôle a priori sur le contenu des manuels scolaires et il n’a pas l’intention de modifier la politique traditionnellement suivie à cet égard. Il n’existe pas de manuels officiels, pas plus qu’il n’existe de manuels recommandés ou agréés par le ministère de l’éducation nationale. Il y a eu dans le passé des tentatives allant dans ce sens, avec risques de censure. »

    Oui, dans bien des domaines, on est désormais loin de l’horizon d’un certain libéralisme « avancé » qui se voulait « moderniste » : ce qui se profile, c’est presque sans fard un libéralisme « d’attardés » plus ou moins assumé.

    Claude Lelièvre est l’auteur de L’Ecole d’aujourd’hui à la lumière de l’histoire (Odile Jacob, 2021).

    https://www.lemonde.fr/education/article/2024/01/16/faire-du-brevet-l-examen-de-l-entree-en-seconde-c-est-la-fin-programmee-du-c

    #école #BEPC #collège

    • « Si le récit égalitaire perdure, l’Etat organise une forme d’optimisation scolaire », Laurent Frajerman
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/01/16/si-le-recit-egalitaire-perdure-l-etat-organise-une-forme-d-optimisation-scol

      L’ancien ministre Gabriel Attal avait annoncé, en novembre 2023, avant sa nomination comme premier ministre le 9 janvier, un important train de mesures pour réformer l’éducation nationale, incluant d’aborder la « question du tabou du #redoublement » et de créer des #groupes_de_niveau au collège. Au regard des enquêtes internationales, personne ne conteste plus la baisse du niveau des #élèves français, même de ceux qui figurent parmi les meilleurs.

      L’ex-ministre en avait conclu que l’#enseignement doit se montrer plus exigeant, ce qui correspond à un sentiment très majoritaire. Outre les menaces qu’elles font peser sur la liberté pédagogique, on peut douter que les mesures soient à la hauteur de l’enjeu. Toutefois, ces critiques ne peuvent dissimuler que cela fait plus de dix ans que la dynamique positive qui a démocratisé l’école française a disparu. La panne du modèle actuel, miné par la #ségrégation_sociale et des cures d’#austérité à répétition, impose des changements. Tout l’enjeu étant de savoir si c’est pour revenir aux années 1950 ou pour relancer sa démocratisation.

      Les politiques éducatives menées depuis le général de Gaulle œuvraient pour la scolarisation de tous les élèves du même âge dans une structure identique, dans l’objectif de leur délivrer le même enseignement. En conséquence, les classes ont été marquées par une hétérogénéité croissante, avec son corollaire : une baisse d’exigence, afin de faciliter l’accès de tous les élèves aux anciennes filières élitistes.

      Avec succès, puisque l’#accès_aux_études a été considérablement élargi. Cela s’accompagne du passage presque automatique en classe supérieure. A la fin des années 1960, le redoublement constituait la règle : un tiers des élèves redoublait la classe de CP, contre 1,3 % aujourd’hui. En 2021, seulement 12 % des élèves arrivaient en seconde avec du retard. Devenu résiduel, le redoublement a changé de nature, ne concernant plus que des élèves en forte difficulté, qu’elle soit structurelle ou conjoncturelle.

      Classes moyennes supérieures

      Les enseignants affichent leur scepticisme. Ils ne considèrent pas le redoublement comme une recette miracle, car il peut générer ennui et découragement. Toutefois, ils se trouvent démunis devant l’écart grandissant entre les meilleurs élèves, qu’il faut stimuler, et ceux qui cumulent les difficultés de compréhension. Ils constatent que plus les années de scolarité passent, plus l’échec s’enkyste, moins la notion de travail scolaire ne revêt de sens, générant quelquefois une attitude perturbatrice.

      Gabriel Attal en a tiré d’ailleurs argument pour dénoncer l’absurdité de cette situation et la souffrance qu’elle génère pour les élèves. Nombre d’enseignants vivent une situation d’autant plus ingérable que, paradoxalement, si l’affichage est homogène, le rêve de l’école commune s’éloigne.

      Jusque-là, la sociologie de l’éducation dénonçait les limites de cette politique de massification. Les inégalités sociales étant structurelles, le système est d’abord soumis aux effets de la #ségrégation-spatiale. Quoi de commun entre un collège en éducation prioritaire et un autre situé en centre-ville d’une métropole ?

      Quatre types d’école cohabitent, donc : l’#école_publique normale, celle en #éducation_prioritaire, l’école publique élitiste, et l’#école_privée. Aujourd’hui, avec le développement d’un #marché_scolaire, nous vivons une nouvelle phase. L’Etat aggrave la fracture existante en créant des établissements dérogatoires et de nouvelles #filières_élitistes sélectionnant par les langues, critère socialement discriminant. Pire, il subventionne massivement sa propre concurrence, l’enseignement privé.

      Le privé accueille de plus en plus d’élèves des milieux favorisés, au détriment de la mixité sociale. Les difficultés se concentrent alors dans l’école publique « normale ». Seule à supporter réellement les contraintes de la démocratisation, celle-ci n’en est que plus répulsive pour les classes moyennes et supérieures, générant un terrible cercle vicieux. Si le récit égalitaire perdure, l’Etat organise en réalité une forme d’#optimisation_scolaire au détriment de ceux qui n’ont pas d’échappatoire.

      Depuis une quinzaine d’années, les enquêtes internationales nous alertent sur l’aggravation du poids des #inégalités_sociales dans les résultats scolaires. Ce constat est dissimulé par l’invisibilisation de la #compétition. D’un côté, les notes ont été remplacées par les compétences, de l’autre, elles connaissent une inflation qui, malheureusement, ne reflète pas une hausse du niveau réel. En 2022, 59 % des bacheliers ont obtenu une mention. Ils étaient moins de 25 % en 1997… Le flou qui en résulte bénéficie aux familles les plus informées sur la règle du jeu, ou capables de payer coachs et cours particuliers.

      Politique éducative « discount »

      Le second vice de fabrication de la démocratisation scolaire est son caractère « discount ». Par exemple, l’argent économisé par la quasi-suppression du redoublement n’a guère été réinvesti dans des dispositifs permettant d’épauler les élèves en difficulté. Autrefois, les enseignants encadraient les élèves dans leurs exercices et l’apprentissage du cours en dehors des heures de classe. Aujourd’hui, ce type de travail est généralement confié à des étudiants bénévoles ou à des animateurs ou surveillants peu qualifiés. Même dans le dispositif « Devoirs faits » en collège, la présence d’enseignants est optionnelle.

      De nombreux choix proviennent de la #rationalisation_budgétaire : chasse aux options, suppression progressive des dédoublements de classe. Par exemple, en 2010, un élève de 1re L avait obligatoirement six heures de cours en demi-groupe (en français, langues, éducation civique, mathématiques et sciences). Aujourd’hui, les établissements ont toujours la latitude de créer de tels groupes, mais en prenant dans une enveloppe globale qui se réduit d’année en année et sans qu’un nombre maximum d’élèves ne soit prévu.
      Le pouvoir d’achat des #enseignants a baissé d’environ 20 %, source d’économie massive sur les salaires. Les effets commencent seulement à en être perçus : crise du recrutement, hausse exponentielle des démissions et professeurs en place démotivés par le déclassement de leur métier. Les promoteurs de cette politique leur préfèrent des enseignants précaires et sous-qualifiés, sommés de suivre les injonctions pédagogiques du moment. Remarquons que ces #contractuels sont nettement plus nombreux dans les établissements difficiles de l’enseignement public…

      Depuis 2002, les gouvernements de droite et de centre droit suppriment des postes d’enseignant. Malgré le redressement opéré sous François Hollande, le solde reste négatif, avec moins 36 500 postes. Le second degré a été particulièrement affecté, avec un solde de moins 54 700 postes, au nom de la priorité au primaire. Un maillon essentiel de la chaîne éducative a donc été fragilisé, alors que c’est le lieu de maturation des contradictions du système. Quel sens cela a-t-il d’habituer un élève de REP + à des classes de quinze élèves pour, devenu adolescent, le mettre dans une classe de vingt-cinq au collège ? Ces politiques de ciblage, censées produire des résultats visibles à un moindre coût, créent souvent inégalités et incohérences.

      Aujourd’hui, la France dépense 1 point de moins du PIB pour l’éducation qu’en 1995. Si on appliquait aujourd’hui les ratios en usage à l’époque, le budget consacré à l’avenir du pays augmenterait de 24 milliards d’euros, dont 15,5 milliards d’euros dépensés par l’Etat. Ce sous-investissement chronique se paie par la crise de notre #système_scolaire. Un débat sans arguments d’autorité s’impose donc, sous peine que les idéaux généreux et les politiques cyniques aboutissent définitivement à une école à plusieurs vitesses, dans laquelle les #classes_populaires seront assignées à un enseignement public dégradé.

      Laurent Fajermann est professeur agrégé d’histoire au lycée Lamartine, sociologue, chercheur associé au Centre de recherches sur les liens sociaux, du CNRS

    • Philippe Mangeot (philippe.duke ) sur Instagram :

      Lecture effarée du rapport de l’enquête administrative de l’Inspection générale sur le collège Stanislas, que publie dans son intégralité @mediapart. Toutes les informations qui circulaient sur les pratiques de cet établissement privé sous contrat sont corroborées et objectivées : contournement de la loi et de Parcoursup, pédagogie brutale et assumée comme telle, programmes non respectés, enseignement sexiste et homophobe..

      À ce stade, le scandale n’est pas seulement que la ministre de l’Éducation nationale ait choisi d’y inscrire ses enfants, contournant l’enseignement public au profit d’une école privée où se cultive l’entre-soi. Il est que le ministère dirigé à l’époque par Gabriel Attal a mis ce rapport sous le boisseau depuis qu’il lui a été rendu en juillet dernier, refusant de le rendre public.

      Mais il est également que cette institution privée, qui viole en toute impunité le contrat qui la lie à l’État, est mieux dotée, sur fonds publics, que la quasi-totalité des établissements scolaires publics de Paris, comme l’a révélé en janvier dernier une enquête de @lemondefr. L’argent public favorise Stanislas, c’est-à-dire les familles les plus fortunées : les « trois petits garçons » de Madame Oudéa-Castéra ont coûté plus cher à l’État.que les élèves du public.

      L’anagramme de Stanislas dit une vérité : la complaïisäncé : des pouvoirs publics à l’égard d’un établissement qui devrait n’avoir aucune place dans « l’École de la République », comme dit la ministre, nous salit tous et toutes.

  • « Loin de créer un “choc des savoirs”, Gabriel Attal va produire un choc d’ignorance », Pierre Merle, spécialiste des questions scolaires
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/19/pierre-merle-specialiste-des-questions-scolaires-loin-de-creer-un-choc-des-s

    La réforme souhaitée par le ministre de l’éducation nationale, Gabriel Attal, sous l’appellation « choc des savoirs », est fondée sur des diagnostics erronés. Première contrevérité, le collège français n’est nullement « uniforme ». En 2022, les collèges publics scolarisent près de 40 % d’élèves défavorisés. Les collèges privés en scolarisent moins de 16 %. Encore ne s’agit-il que de moyenne ! Dans les réseaux d’éducation prioritaire (REP et REP+), la proportion d’élèves d’origine populaire dépasse parfois 70 % alors qu’elle est souvent inférieure à 10 % dans les collèges privés du centre-ville des capitales régionales.

    A cette #ségrégation_sociale interétablissement, à laquelle correspondent des différences considérables de compétences des élèves, s’ajoute, énonce notamment une étude publiée en 2016 par le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco), une ségrégation intraétablissement d’une importance équivalente en raison de la multiplication des #sections bilangues et européennes, des classes à horaires aménagés, des langues rares, etc.

    Vouloir créer des groupes de niveau (faible, moyen, fort) dans des classes déjà homogènes est une triple erreur. D’abord, l’idée (en elle-même bienvenue) de réduire à 15 le nombre de collégiens dans les groupes de niveau d’élèves faibles profitera à des élèves moyens, voire bons, scolarisés dans les collèges très favorisés, au détriment des élèves réellement faibles scolarisés en REP.

    Ensuite, en 2019, une synthèse des recherches publiée par Sciences Po Paris a montré un effet bénéfique de la mixité sociale et scolaire sur les progressions des élèves faibles, sans effet négatif sur les meilleurs. Séparer encore davantage les élèves faibles des élèves moyens et forts ne fera qu’accentuer leurs difficultés d’apprentissage.

    Mixité sociale bénéfique à tous

    Enfin, l’évaluation des expériences de mixité sociale réalisées en France, souligne une note publiée en avril par le Conseil scientifique de l’éducation nationale, se traduit par un accroissement du bien-être de l’ensemble des élèves, y compris celui des élèves favorisés. La mixité sociale favorise aussi le développement des capacités socioémotionnelles, réduit la prévalence des #stéréotypes raciaux et sociaux et, pour les élèves socialement défavorisés, améliore leur insertion professionnelle (note de l’Institut des politiques publiques, publiée en novembre). Autant d’effets bénéfiques à tous les élèves. L’établissement scolaire et la classe sont des petites sociétés. Il faut créer de l’unité, non des groupes de niveau.

    La seconde contrevérité du projet ministériel est d’accréditer l’idée d’un redoublement favorable aux élèves en difficulté. Un large consensus scientifique a montré que cette politique débouche sur un résultat inverse. Le redoublement produit des effets négatifs en termes d’estime de soi, de motivation et d’apprentissages ultérieurs. Les seules exceptions concernent, outre la classe de terminale, les classes de 3e et de 2de dans lesquelles les élèves faibles, en cas de redoublement, sont motivés pour éviter une orientation non choisie.

    Tout comme la création des groupes de niveau, des redoublements plus fréquents pénaliseront les élèves faibles, majoritairement d’origine défavorisée. Alors même que, pour l’école française, le constat principal de l’édition 2022 du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) est l’écart considérable entre le niveau des élèves d’origine défavorisée et favorisée, le ministre Gabriel Attal, loin de créer un choc des savoirs, va produire un choc d’ignorance fondé sur une mise à l’écart encore plus accentuée des élèves les plus faibles.

    Le projet ministériel contient d’autres contradictions. Par exemple, Gabriel Attal souhaite une réforme des programmes et une labellisation des manuels scolaires, non pas en référence avec les cycles actuels de trois ans, mais avec des « objectifs annuels », voire « semi-annuels ». Finalement, après avoir dénoncé une uniformité fantasmée du collège, le ministre veut imposer un rythme de progression identique à tous les élèves alors même que, dès l’âge de 2 ans, les inégalités socio-économiques différencient sensiblement leurs compétences langagières.

    De surcroît, la décision de réformer au plus vite le « socle commun » [de connaissances, de compétences et de culture] signifie que l’expérience des #professeurs, les plus avertis des difficultés des élèves, ne sera pas prise en compte. Gabriel Attal veut renforcer leur autorité et, dans le même temps, a déjà décidé d’une modification des programmes sans même les consulter. Un bel exemple de déni de leurs compétences. Pourquoi, aussi, faut-il changer d’urgence des #programmes déjà réécrits par Jean-Michel Blanquer ? Sont-ils à ce point médiocres ? Et pourquoi la nouvelle équipe ministérielle ferait-elle mieux que l’ancienne ?

    Effets délétères

    Dernier exemple, bien que les résultats de #PISA 2022 montrent une baisse des compétences des élèves en #mathématiques, le ministre a décidé la création, à la fin des classes de premières générales et technologiques, d’une nouvelle épreuve anticipée du bac consacrée aux mathématiques et à la culture scientifique. Le ministre se targue de provoquer un choc des savoirs tout en supprimant une année entière d’enseignement scientifique ! Un projet paradoxal dont la genèse tient à l’absence d’une réelle réflexion sur un problème incontournable : la #crise_de_recrutement des professeurs, particulièrement en mathématiques.

    La réforme Blanquer, en reportant le concours d’accès au professorat de la fin du master 1 à celle du master 2, a réduit l’attractivité déjà insuffisante du métier d’enseignant. Certes, Gabriel Attal souhaite revenir sur cette réforme désastreuse, mais son projet est controversé. Au mieux, une réforme ne s’appliquera qu’à la rentrée 2025. En attendant, le ministre se contente d’expédients tels que le recrutement de #contractuels non formés, choix incompatible avec l’élévation du niveau scolaire des élèves.

    L’analyse du projet ministériel montre les effets délétères des mesures envisagées. Groupes de niveau, #redoublement, fin du collège « uniforme », énième réforme des programmes, renforcement de l’autorité du professeur… ne sont que les poncifs éculés de la pensée conservatrice. Ils ne répondent en rien à la crise de l’école française. En revanche, électoralistes et populistes, ces mesures sont susceptibles de servir l’ambition présidentielle de l’actuel ministre de l’éducation.

    Pierre Merle est sociologue, spécialiste des questions scolaires et des politiques éducatives, et il a notamment publié « Parlons école en 30 questions » (La Documentation française, 2021).

    https://seenthis.net/messages/1031680

    #élitisme #obscurantisme #autorité #école #éducation_nationale #élèves #éducation #groupes_de_niveau #ségrégation #Gabriel_Attal #hétérogénéité #coopération

  • Education : le ministre veut rétablir le #redoublement pourtant jugé inefficace
    https://www.mediapart.fr/journal/france/100617/education-le-ministre-veut-retablir-le-redoublement-pourtant-juge-ineffica

    Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation nationale, souhaite autoriser les professeurs à avoir recours au redoublement, interdit, dit-il, par Najat Vallaud-Belkacem. Seulement, pour la majorité des chercheurs, cette mesure en plus d’être coûteuse n’a aucun effet pour lutter contre l’échec scolaire.

    #France #CNESCO #Jena-Michel_Blanquer

    • La documentation sur le redoublement est bien fournie. Par exemple, en janvier 2015, le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) s’est penché sur la question dans un rapport intitulé Lutter contre les difficultés scolaires : le redoublement et ses alternatives. On peut y lire qu’en France, « 22 % des élèves ont redoublé au moins une fois avant l’âge de 15 ans, soit le double de la moyenne des pays de l’OCDE (PISA 2015). En France, le taux de redoublement a nettement régressé (– 17 points entre PISA 2003 et 2015). Les élèves qui sont allés moins d’un an en maternelle redoublent davantage (toutes choses égales par ailleurs) ».

      Voilà pour les chiffres. Cette régression s’explique par deux facteurs. D’abord, le redoublement a un coût élevé. Il est évalué à 2 milliards par l’Institut des études publiques. Mais surtout, la mesure est jugée peu efficace.

      Toujours selon le Cnesco : « Au mieux, le redoublement n’a pas d’effet ou il s’avère dans bien des cas nocif pour la réussite scolaire des élèves. » Plus loin : « Le redoublement n’a pas d’effet sur les performances scolaires à long terme. Quelques études obtiennent des effets positifs à court terme dans des contextes très particuliers (notamment lorsque le redoublement est accompagné d’autres dispositifs de remédiation comme des écoles d’été). Le redoublement a par contre toujours un effet négatif sur les trajectoires scolaires et demeure le meilleur déterminant du décrochage. »

  • Gaspard ne sait pas lire : pourquoi n’a -t-il pas redoublé le CP ?
    http://charmeux.fr/blog/index.php?2016/09/29/303-gaspard-ne-sait-pas-lire-pourquoi-n-a-t-il-pas-redouble-le-cp

    Cette question horrifiée, pour ne pas dire scandalisée, sert de titre à un article de presse qu’un ami m’a gentiment envoyé. Je trouve qu’il représente assez bien l’accumulation de clichés et d’idées reçues qui alimentent aujourd’hui le débat sur la lecture et son apprentissage. Une occasion de creuser encore cette question à la lumière d’une autre, celle du redoublement, censé permettre de rattraper un retard d’apprentissage.

    Telle qu’elle et formulée, la question qui ouvre ce billet en appelle au moins trois autres :
    1- Gaspard ne sait pas lire : a-t-on raison de le dire ?
    2- En quoi le redoublement du CP aurait-il pu aider Gaspard à acquérir ce qui apparemment lui manque ?
    3- Face à un échec, il faut recommencer" : Est-vrai ? Sinon, comment faire alors ?

  • Brandon aura “la chance” de ne pas redoubler

    Précisons d’abord que je suis a priori contre le redoublement qui n’est pas une réponse pédagogique satisfaisante à la difficulté scolaire, qui stigmatise et décourage les élèves et dont la plupart des études montrent qu’il est inutile sur la durée.
    Enseignant en CP, ces dernières années, je ne propose un redoublement que si le passage en CE1 me paraît source de souffrances supérieures à celles liées à un redoublement ou risque de casser une dynamique enclenchée par l’élève. Au niveau de l’équipe, nous préférons, autant que faire se peut, accompagner autant que possible en CE1 les élèves fragiles, dans la mesure où les apprentissages fondamentaux peuvent se faire jusqu’à la fin du CE1 (c’est le principe des cycles).

    Venons-en maintenant à Brandon.

    Brandon est né fin novembre (à cinq semaines près, il n’était pas en CP). Brandon est issu d’une famille sédentarisée de la communauté des gens du voyage, comme on dit quand on aime faire des phrases longues avec l’air de ne pas y toucher. Ses parents ne savent pas lire. Lorsqu’il arrive en CP, Brandon a peu fréquenté l’école, pas du tout au début, il a fait un mi-temps en GS. Il ne sait pas compter jusqu’à 10, ni même jusqu’à 5. Il ne reconnaît ni lettres ni chiffres. Il ne connaît aucun son, son langage oral est celui d’un tout-petit et préfère s’exprimer par gestes, il ne sait pas écrire son prénom et en est au stade des simili-écritures. Brandon ne sait pas, mais alors pas du tout, ce qu’il fait à l’école, sa mère a du mal à s’en détacher à 8h30 (quand ils arrivent à l’heure…). Brandon demande tout le temps si c’est bientôt fini l’école, pleure de tous ses yeux lorsqu’il vient plus de 3 matinées dans la semaine. Brandon ne comprend pas qu’on puisse dire non, fils unique il vit ses premières expériences de socialisation extra-familiale et impose son point de vue à ses camarades de manière très physique. Autant de frottements que Brandon racontent à sa façon et qui viennent nourrir la défiance de sa mère envers l’école en général, et la scolarisation de son fils en particulier.
    Brandon a malgré tout une chance immense par rapport à d’autres élèves de sa classe, sa famille l’aime et il le sait.

    Les premiers mois en CP sont difficiles, il joue à fond l’école contre la famille, pratique l’évitement, et sa famille suit : Brandon est absent un jour sur trois, plus parfois.
    On essaye de maintenir le cadre (avec bienveillance, selon la nouvelle terminologie ministérielle) : ça frotte, ça pique avec Brandon et sa mère. Brandon dit que son enseignant le frappe, que ses camarades le molestent, la maman est dans tous ses états, l’enseignant brandit (avec bienveillance) la menace d’un signalement pour absentéisme. Et puis, au cours d’une Nième réunion avec quelques cris et de la tension de part et d’autre (et de la bienveillance, aussi), quelque chose lâche. D’un coup. La maman rend les armes, décide de faire confiance, accepte qu’un chemin existe à l’école pour son fils, comprend que grandir c’est apprendre et vice-versa, et libère au passage quelques mots douloureux sur sa propre scolarité et la difficulté de ne pas savoir lire quand son enfant arrive en CP et qu’on ne peut pas l’aider. À la fin du premier trimestre, Brandon vient à l’école régulièrement (sauf certains mercredis matins lorsqu’il "part en gastro" ou qu’il est emporté par une tradéide, mais alors sa mère appelle le matin même). Brandon ne pleure plus, il se met parfois au travail, il reconnaît ses torts et s’excuse volontiers lors du conseil des élèves, il est attentif à ce qu’on lui rende justice, il dit que lorsqu’il saura lire, il lira des histoires à sa mère comme dans Le petit ogre qui voulait aller à l’école.

    Quelques mois plus tard, la fin de l’année scolaire approche déjà. Brandon sait compter jusqu’à 20, il connaît les sons simples, certains gestes associés à quelques sons complexes, commence à fusionner seul, utilise parfois ses doigts ou sa bande numérique pour quelques calculs simples, il fait de son mieux pour tracer les lettres ou pour retrouver un mot dans le texte. Il fatigue vite, mais souvent sa bonne volonté l’emporte et elle peut être immense. Lorsqu’il sait qu’il a fait de son mieux et que ça se voit sur le travail qu’il tient à la main, il porte fièrement son autre main à la taille et tête haute, regardant droit dans les yeux, il dit « Alors ? Tu me félicites ? », reconnaissance qui devra être actée d’une poignée de main.

    Après discussion avec sa mère, le redoublement du CP est proposé : en quelques mois, Brandon a rattrapé 3 ans d’école, il a maintenant un niveau correct de fin de GS ; il est devenu élève, il sait pourquoi il est là, il a retrouvé de la confiance en soi, sait qu’il peut réussir. Bref, il est prêt pour un CP, pour de vrai. Et puis à 5 semaines près, même en redoublant, il reste avec sa classe d’âge.

    Le redoublement n’est plus autorisé, cette année circulaires et notes arrivées sur la boîte mail de l’école l’ont bien rappelé. Il faut donc argumenter une dérogation auprès de l’IEN, ce qui est fait : élève de fin d’année, dynamique de progrès, risque de se vivre en échec au CE1, a besoin de temps, en termes institutionnels ces choses-là seront dites.

    La réponse de l’institution tombe quelques semaines plus tard :

    Comme je vous l’avais dit en réunion je ne peux que me prononcer défavorablement pour des maintiens en CP. Le CP est la première année du cycle 2 et il est bien rappelé que les acquisitions doivent se faire au rythme des élèves sur l’ensemble des trois années du cycle 2.
    La mise en place de différenciation pédagogique, de groupes de besoins, de classe multi-niveaux, d’intervention du RASED, de co-intervention... devrait permettre de répondre aux besoins de ces enfants les plus fragiles.
    Je vais demander à la conseillère pédagogique de se rapprocher de vous pour voir comment vous accompagner pour la mise en place de ces adaptations.

    L’inspectrice est quelqu’un de bien, la conseillère pédagogique aussi. Mais l’Institution transforme l’or en plomb. Et le bon sens en procédures dogmatiques à appliquer.

    Vient la conseillère pédagogique, qui constate que le niveau et le parcours de l’élève sont bien ceux décrits, que les groupes de besoin et la différenciation n’empêchent pas la souffrance de celui qui n’est pas au bon niveau d’apprentissage, que de retourner en CP à certains moments de la journée c’est l’humiliation du redoublement à revivre à chaque traversée quotidienne, que le RASED partagé avec 7 autres écoles ne peut pas tout, que la co-intervention nécessite d’être deux dans la classe et que jusqu’à preuve du contraire il n’y a dans l’école qu’un enseignant par classe.
    Puis dans un souffle : « Vous savez… l’avis de l’inspectrice n’est que… consultatif… »

    Voilà où on en est. Fabrique à tartufferie qu’est l’institution. D’un bout à l’autre de la hiérarchie, le discours sera conforme au dogme. Quitte à ce qu’à l’endroit précis où la chaîne hiérarchique touche perpendiculairement le plan de la réalité têtue, on conseille de passer outre…
    Alors, l’enseignant de Brandon, passant outre, va-t-il pouvoir lui offrir un an de plus pour faire un "vrai" CP. Et bien non, c’est trop tard. La date pour remplir le formulaire idoine est dépassée. La commission ad hoc pour les cas exceptionnels ne statue déjà plus. Brandon ira en CE1.

    Pour l’élitisme républicain, le redoublement était un outil stigmatisant et inefficace pour punir ceux qui n’atteignaient pas la norme scolaire… et faire le tri.
    Pour le manager démocrate, la suppression du redoublement est l’accélération des parcours pour sortir plus vite et à moindre frais ceux qui ont besoin de plus d’attentions… et faire le tri.

    Ami(e) pédagogue. Comme à chaque fois. Face, tu perds. Pile, aussi.

    Le redoublement va devenir « exceptionnel » (LeMonde.fr)
    http://www.lemonde.fr/campus/article/2014/11/20/le-redoublement-va-devenir-exceptionnel_4526632_4401467.html

    #éducation #redoublement

  • Rentrée des classes : des programmes aux vacances, tout ce qui change (LeMonde.fr)
    http://www.lemonde.fr/campus/article/2015/08/25/rentree-scolaire-2015-ce-qui-va-changer_4736423_4401467.html

    - Moins de pression en grande section de maternelle […]
    – La « morale laïque » enseignée du primaire au lycée […]
    – Les zones d’éducation prioritaire (ZEP) remodelées […]
    – Les CE2 évalués […]
    – Le redoublement devient « exceptionnel » […]
    – Un « parcours » pour faciliter l’orientation […]
    – Calendrier de vacances scolaires repensé, zones redécoupées […]
    – Droit de conserver des notes du bac en cas d’échec […]
    – Plus de numérique à l’école […]
    – La réforme du collège expérimentée […]

    #éducation #c'est_la_rentrée #école_maternelle #programmes #morale_laïque #éducation_prioritaire #évaluation #redoublement #orientation #vacances #rythmes_scolaires #lobby_industrie_tourisme #baccalauréat #TICE #NTIC #collège #réforme #ouf

  • En forte baisse depuis trente ans, le retard à l’entrée en CE2 reste très dépendant du milieu social de l’élève (DEPP)
    http://www.education.gouv.fr/cid90484/en-forte-baisse-depuis-trente-ans-le-retard-a-l-entree-en-ce2-reste-t

    Les taux de redoublement en CP et CE1 ont considérablement baissé au cours des trois dernières décennies : celui de CP a été divisé par 4 et celui de CE1 divisé par 2,5. Tous les élèves ne bénéficient pas également de cette évolution : à niveau scolaire équivalent à l’entrée au CP, les élèves issus de milieu défavorisé risquent davantage d’être en retard à l’entrée au CE2 que les élèves de milieu favorisé.

    Un biais : les parents des milieux défavorisés acceptent-ils davantage les redoublements proposés par l’institution que les autres ?
    Une inversion de causalité : le redoublement est une conséquence des inégalités, le supprimer ne va pas supprimer la cause qui continuera à s’exprimer sous cette forme ou ailleurs.
    Un point aveugle : le redoublement doit être supprimé car c’est une médiocre remédiation, quelles remédiations sont proposées aux élèves en difficulté à la place du redoublement, afin de réduire les inégalités ?

    #éducation #école #système_éducatif #redoublement #inégalités

  • Redoublement : quelles alternatives ? (VousNousIls)
    http://www.vousnousils.fr/2014/10/13/redoublement-quelles-alternatives-555587

    Une alter­na­tive peut rési­der dans le fait d’appréhender l’élève de la manière la plus indi­vi­dua­li­sée pos­sible, afin d’identifier ses pro­blèmes. A-t-il des dif­fi­cul­tés à orga­ni­ser son tra­vail ? A gérer le pas­sage de la famille à l’école ? Certaines notions le bloquent-il ?

    On a du mal à faire cela. Pourtant, ce n’est qu’à par­tir de ce diag­nos­tic qu’on peut trou­ver une solu­tion adap­tée à cha­cun. Plusieurs pistes existent, d’autres pays les uti­lisent. L’apprentissage coopé­ra­tif ou par les pairs par exemple. Cela consiste à faire tra­vailler les élèves de manière col­lec­tive : les plus à l’aise aidant les autres. On peut aussi ima­gi­ner des pos­si­bi­li­tés de rat­tra­page pen­dant les grandes vacances, avec les sys­tèmes d’école ouverte, voire l’organisation d’épreuves sup­plé­men­taires en fin d’année. Ou encore des pro­cé­dures de pro­mo­tion condi­tion­nelle, c’est-à-dire que l’élève passe en classe supé­rieure mais avec l’obligation de rat­tra­per pen­dant l’année ses défi­cits dans cer­taines matières.

    On peut aussi fonc­tion­ner avec des classes multi-âges, dans les­quelles l’ensei­gnant par­tage son temps entre des élèves de dif­fé­rents niveaux et dans les­quelles il s’adapte au rythme de cha­cun. Reste enfin à tra­vailler sur la rela­tion aux parents. L’ensei­gnant doit leur don­ner les outils pour aider leur enfant. Enseignants et parents doivent être unis dans la bataille contre l’échec sco­laire.

    #éducation #école #redoublement #échec_scolaire #coopération #relations_famille_école

  • Le #redoublement en voie de disparition
    http://fr.myeurop.info/2013/06/10/le-redoublement-en-voie-de-disparition-9915

    Alexandre Sommer

    A l’heure des conseils de classe de fin d’année, les #parents s’inquiètent de l’orientation de leur progéniture à la rentrée prochaine. Passage en classe supérieure ou redoublement conseillé ? Dans certains pays d’#Europe, la question ne se pose plus.

    Ce n’est pas un secret. (...)

    #EUROFOCUS #Allemagne #Bulgarie #Finlande #France #Irlande #Islande #Liechtenstein #Norvège #Royaume-Uni #école #professeurs #Réforme_de_l'école #Vincent_Peillon

    • Notons aussi que, comme indiqué dans l’article, ailleurs, en Europe, les grandes villes définissent jusqu’aux conditions de la scolarité des élèves et notamment les règles applicables au redoublement.

      Ce qui me semble bien montrer où se situe le problème : un corps enseignant qui s’accroche à son dernier pouvoir de nuisance, celui de hiérarchiser les élèves, volonté dont les autres aspects sont le caractère ubuesque et surréaliste des examens du brevet et des innombrables bacs à options.

    • Le redoublement… à la fois un symptôme de nos dysfonctionnements et un faux-débat comme nous les aimons tant, en tout cas un point de cristallisation de tous nos travers…

      1. Pédagogie. Toutes les études montrent, ici ou ailleurs, qu’en général redoubler ne sert à rien.
      2. Économie budgétaire. Les redoublants coûtent cher et il faut faire des économies, n’est-ce pas.
      3. Thermomètre institutionnel. La France championne du redoublement, ce n’est qu’un des symptômes d’un système élitiste et sclérosé. Faut-il traiter le symptôme ou la maladie ?
      4. Thermomètre individuel. Le redoublement sanctionne de trop grandes difficultés d’apprentissage et/ou une inadéquation avec le système scolaire. Lorsqu’un élève redouble, en général, il refait la même chose avec les mêmes difficultés et/ou la même inadaptation, s’ennuie (encore plus), intègre son échec et se construit autour. Mais si les redoublements sont interdits, alors, l’élève passe en classe supérieure, ses difficultés scolaires augmentent, son inadaptation aussi, il se structure autour de celles-ci, et fini par sortir d’un parcours scolaire où rien ne fut possible… et donc :
      5/ Faux-débat. La question n’est pas tant celle du redoublement que de l’accompagnement des élèves en difficulté. S’il redouble, que lui propose-t-on d’autre que de refaire son année ? S’il passe que lui propose-t-on d’autre qu’un naufrage à plus ou moins court terme ? Proposer d’interdire le redoublement est du bon sens. Interdire le redoublement est hypocrite. Car, au final, dans un cas comme dans l’autre : quelles aides ? quelles perspectives ? quels appuis pour remettre l’élève en réussite ? quels chemins différenciés pour atteindre la même destination que les autres mais autrement ?
      Bin rien, parce que tout cela coûte cher aussi et que dans la période actuelle, il y a peu de chances que les économies faites sur des redoublements inefficaces soient redéployées pour financer une aide efficace aux élèves en difficulté.
      [NB : dans cet article, rien ne nous est dit de ce qu’il advient des élèves en difficulté qui ne redoublent donc pas, sauf en Finlande et en Norvège où du « soutien scolaire » est prévu. Et pourtant, tout est là.]

  • La France championne d’Europe du redoublement
    http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/France/La-France-championne-d-Europe-du-redoublement-_NG_-2011-07-19-690735

    Selon l’organisation, dans l’Hexagone, 36,9 % des élèves de 15 ans ont au moins redoublé une fois au cours de leur scolarité, contre 13 % en moyenne dans l’ensemble des pays étudiés. Les écarts se font encore plus criants avec les bons élèves mondiaux. En Corée, en Norvège, et au Japon, plus aucun élève ne recommence une année de scolarité, et plus de 97 % des élèves finlandais, islandais, slovènes et britanniques passent systématiquement à la classe du dessus.

    #redoublement #éducation #école