Le naufrage d’un bateau de migrants au large de la Tunisie fait plus de 50 morts
▻http://www.rfi.fr/afrique/20190510-le-naufrage-bateau-migrants-large-tunisie-fait-plus-50-morts
Le naufrage d’un bateau de migrants au large de la Tunisie fait plus de 50 morts
▻http://www.rfi.fr/afrique/20190510-le-naufrage-bateau-migrants-large-tunisie-fait-plus-50-morts
Trois morts et des dizaines de migrants portés disparus en Méditerranée
Trois migrants ont été retrouvés noyés, vendredi 10 mars [sic : 10 mai], et des dizaines d’autres sont portés disparus après le naufrage d’une embarcation dans les eaux internationales au large de la Tunisie, ont fait savoir les autorités tunisiennes à l’Agence France-Presse (AFP).
Un bateau de pêche a pu sauver seize migrants, a affirmé le porte-parole du ministère de la défense, Mohamed Zekri, précisant que, selon les rescapés, soixante à soixante-dix Africains subsahariens se trouvaient à bord de l’embarcation. Selon le Croissant rouge local, il pourrait y avoir eu jusqu’à 90 passagers dans l’embarcation, ce qui porterait le bilan à plus de 70 disparus. « On ne connaîtra probablement jamais le nombre exact de morts », a estimé Mongi Slim, responsable du Croissant rouge à Zarzis (sud-est de la Tunisie).
Selon le ministère de la défense, l’embarcation est partie jeudi de Zouara, ville côtière de Libye, à 120 km à l’ouest de Tripoli, et se trouvait à 60 km au large de Sfax, ville côtière du centre de la Tunisie. Les passagers tentaient de rejoindre illégalement l’Italie, d’après le porte-parole du ministère de l’intérieur tunisien, Sofiène Zaag. Les rescapés ont été ramenés au port de Zarzis par un bateau militaire qui participait aux opérations de recherche.
Ce naufrage dans les eaux internationales au large de la Tunisie intervient alors que les navires de secours européens se sont retirés de cette zone de passage des migrants et que la plupart des bateaux humanitaires rencontrent des difficultés pour y accéder.
La voie maritime la plus meurtrière au monde
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), qui tire la sonnette d’alarme depuis plusieurs mois, a appelé à « renforcer les capacités des opérations de recherches et de secours dans toute la zone ». « Si nous n’agissons pas maintenant, il est presque certain que nous verrons de nouvelles tragédies dans les semaines et mois à venir », a souligné Vincent Cochetel, envoyé spécial du HCR pour la Méditerranée.
Le Forum tunisien des droits économiques et sociaux, une ONG tunisienne, a de son côté condamné une « tragédie humaine » qui est « le résultat inévitable des politiques restrictives et inhumaines de l’Union européenne ».
Depuis la mise en place, mi-2018, d’une zone de secours et de sauvetage confiée aux autorités libyennes, les garde-côtes libyens sont chargés de récupérer les migrants en détresse. Ils ont intercepté plusieurs centaines de migrants cette semaine qu’ils ont ramenés en Libye, malgré les violents combats en cours dans ce pays frontalier de la Tunisie. Les agences de l’ONU et des organisations humanitaires rappellent régulièrement leur opposition à ce que les migrants arrêtés en mer soient ramenés en Libye, où ils se retrouvent placés « en détention arbitraire » ou à la merci de milices.
Les navires humanitaires, qui dénoncent des entraves croissantes à leur action, sont de moins en moins nombreux à parcourir la zone. Fin 2018, les ONG Médecins sans frontières (MSF) et SOS Méditerranée ont dû mettre un terme aux opérations de leur bateau, l’Aquarius. Plusieurs autres navires humanitaires occidentaux ont été bloqués à quai après des procédures administratives ou judiciaires.
Selon le HCR, « la Méditerranée est depuis plusieurs années la voie maritime la plus meurtrière au monde pour les réfugiés et les migrants, avec un taux de mortalité qui a fortement augmenté » en 2018. Depuis début 2019, un migrant sur quatre partis de Libye meurt en mer.
▻https://www.lemonde.fr/international/article/2019/05/10/trois-morts-et-des-dizaines-de-migrants-portes-disparus-en-mediterranee_5460
Tunisie : Naufrage du bateau des migrants, nationalités des 16 rescapés
Les seize rescapés secourus vendredi, suite à l’effondrement de leur embarcation, sont arrivés au port de #Zarzis, à bord d’un bateau militaire.
Quatorze personnes ont déclaré être du #Bangladesh, tandis que deux autres sont de nationalité Egyptienne et Marocaine, selon une source sécuritaire.
On rappelle que plus de 70 migrants sont morts noyés, suite au naufrage au large de #Sfax de leur embarcation partie de #Libye, en partance vers l’Italie.
▻https://www.tunisienumerique.com/tunisie-naufrage-du-bateau-des-migrants-nationalites-des-16-rescap
#Maroc #Egypte
Venezia, per la #Biennale arriva il relitto del barcone dove morirono 800 migranti
Per arrivare in laguna, il relitto è partito dal porto di Augusta, in Sicilia: dopo quasi tre anni ha lasciato dunque il pontile Nato della Marina militare
L’épave du pire naufrage de migrants en Méditerranée exposée à Venise
L’épave du pire naufrage de migrants en Méditerranée, en avril 2015, sera exposée à la Biennale d’art contemporain qui s’ouvre samedi à Venise, comme une invitation à la réflexion sur un des phénomènes majeurs du XXIe siècle.
Dans la nuit du 18 au 19 avril 2015, ce bateau de pêche chargé d’un millier de migrants a percuté un cargo portugais envoyé à son secours et a coulé à pic, sous les yeux horrifiés de l’équipage qui n’a pu sauver que 28 personnes.
Le gouvernement de l’époque, dirigé par Matteo Renzi (centre gauche), a déboursé 10 millions d’euros pour renflouer l’épave, qui gisait à 370 mètres de profondeurs, et l’amener en 2016 en Sicile afin de tenter d’identifier les victimes et leur donner une sépulture digne.
Par une ouverture rectangulaire que l’on distingue nettement sur les flancs balafrés de cette grosse barque à la peinture bleue et rouge écaillée, les pompiers sont allés récupérer les restes des centaines de personnes entassés dans la coque.
Des dizaines de médecins-légistes se sont relayés pour participer à l’examen des 800 à 900 victimes. Ils ont retrouvé des documents du Soudan, de Somalie, du Mali, de Gambie, d’Ethiopie, du Sénégal, de Côte d’Ivoire, d’Erythrée, de Guinée Bissau et du Bangladesh.
Ils ont aussi trouvé des petits sachets de terre que certains emmenaient de leur pays et le bulletin scolaire qu’un adolescent avait cousu dans ses vêtements comme passeport pour une nouvelle vie.
Les victimes sont désormais inhumées dans différents cimetières de Sicile et l’épave, au départ promise à la destruction, a été finalement été préservée pour intégrer un projet de « Jardin de la mémoire » en Sicile.
« Invitation au silence »
Mais en attendant, l’artiste suisse Christoph Buchel a obtenu l’autorisation des autorités italiennes et du Comité du 18 avril - qui représente les victimes - pour transporter et exposer l’épave à Venise dans le cadre de son projet « Barca Nostra » (Notre barque).
Lors de la Biennale de 2015, cet artiste avait créé la polémique en installant une mosquée dans une ancienne église de Venise.
Portée sur une barge, l’épave est arrivée à Venise, où elle offre un contraste saisissant avec les élégants palais byzantins et les ponts délicatement ornés de la cité des doges.
Elle est exposée à l’Arsenal, les immenses chantiers navals vénitiens. Aucune installation autour, aucune explication devant.
« C’est un lieu silencieux, à l’abri du bruit, une invitation au silence et à la réflexion », a expliqué à la presse le président de la Biennale, Paolo Baratta.
Au-delà de l’épave, le commissaire de cette Biennale, l’Américain Ralph Rugoff, a invité 79 artistes contemporains à créer des oeuvres sur les drames du monde moderne. Le Coréen Lee Bul a dédié une installation à un autre naufrage, celui du ferry Sewol, qui a fait 304 morts, pour l’essentiel des lycéens, en avril 2014 au large de la Corée du Sud : une montagne de vieux chiffons se gonfle pour représenter la douleur, la peur, l’étonnement et l’impuissance.
C’est encore la rage, l’impuissance et la mort qui émanent du travail de la Mexicaine Teresa Margolles : elle expose un mur érigé de barbelés et constitué des blocs de ciment d’une école où l’on peut voir les impacts de balles là où quatre personnes ont été tuées.
▻https://www.lepoint.fr/monde/l-epave-du-pire-naufrage-de-migrants-en-mediterranee-exposee-a-venise-07-05-
I have seen the tragedy of Mediterranean migrants. This ‘art’ makes me feel uneasy
The vessel that became a coffin for hundreds has gone on display at the Venice Biennale. It intends to stir our conscience – but is it a spectacle that exploits disaster?
En voiture !
▻http://carfree.fr/index.php/2019/05/10/en-voiture
Et voilà, vous avez gagné à la grande tombola de l’été, bravo ! Par contre, vous êtes passé à côté de la croisière sur la Méditerranée et des trottinettes électriques, en Lire la suite...
#Destruction_de_la_planète #Etalement_urbain #Fin_des_autoroutes #Fin_du_pétrole #Insécurité_routière #humour #radars #sécurité_routière #stationnement #transports_en_commun #vitesse
L’#OIM, une organisation au service des #frontières… fermées.
Le 4 avril 2019, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) faisait connaître sa préoccupation au sujet des migrant·e·s détenu·e·s en Libye. Ce communiqué faisait office de « clarification », rendue nécessaire par la prise de position d’António Guterres, secrétaire général de l’ONU. En visite en Libye, celui-ci s’était en effet déclaré « choqué » du sort des personnes migrantes et avait lancé « un appel à la communauté internationale pour le respect du droit international des réfugiés et la nécessité de traiter le problème de la migration d’une manière compatible […] avec les droits de l’Homme ».
Dans sa mise au point, l’OIM prend pourtant soin de n’incriminer aucun État, pas même cette « communauté internationale » qui avait clairement été pointée par António Guterres. Pour l’OIM, la détention des personnes que ses agents accueillent dans des « points de désembarquement » est certes « arbitraire », mais elle se borne à plaider pour des « solutions alternatives » à l’internement pratiqué par le gouvernement libyen. Le soutien donné à ce dernier par des États européens avides de trouver des partenaires prêts à mettre en oeuvre leurs politiques d’externalisation n’est pas même évoqué. L’OIM est en effet un maillon important des dispositifs de #dissuasion et d’entrave de l’émigration prônés par ses principaux financeurs. Y oeuvrer sans états d’âme lui a permis d’occuper une place de plus en plus grande dans un système onusien où d’autres agences et instances sont un peu plus regardantes en matière de droits humains.
Le 5 avril, le secrétaire général de l’OIM se déclarait particulièrement préoccupé par « la sécurité des migrants en détention en cas d’escalade des actions militaires ». La reprise des affrontements militaires dans la région de Tripoli rendait la fiction d’une Libye « pays sûr » de moins en moins tenable. Hors de question cependant de renoncer à « défendre » les frontières des pays du nord de la Méditerranée : c’est au #Niger et au #Nigeria qu’ont été déplacées ou reconduites quelques centaines de personnes placées sous la « protection » de l’OIM.
▻http://www.migreurop.org/article2918.html
#contrôles_frontaliers #asile #migrations #réfugiés #fermeture_des_frontières #IOM #renvois #retours_volontaires #externalisation #ONU
ping @karine4 @reka @_kg_
Sur l’#OIM, en quelques mots, par #Raphaël_Krafft...
▻https://seenthis.net/messages/904103
Fraude à la TVA : « Carrousel », la crasse du siècle
Par Emmanuel Fansten et Jacques Pezet — 7 mai 2019 — Libération
▻https://www.liberation.fr/planete/2019/05/07/fraude-a-la-tva-carrousel-la-crasse-du-siecle_1725371
Cinquante milliards d’euros : voilà au bas mot la somme engloutie chaque année en Europe par la fraude à la TVA dite « carrousel », probablement la plus juteuse de l’histoire. En faisant circuler des biens et des services au sein de l’UE sans reverser la taxe finale aux Etats, ses artisans ont réussi le casse du siècle. Bien que son principe soit connu des autorités depuis plus de vingt-cinq ans, la fraude carrousel continue à provoquer des dégâts considérables, les Etats s’avérant incapables de mettre en place des outils permettant d’y mettre fin. En bout de chaîne, les profits générés alimentent le crime organisé et les réseaux terroristes, déformant l’économie légale et pénalisant les entreprises saines. A la veille des élections européennes, Libé s’est associé à 34 médias dans le cadre du projet « Grand Theft Europe », en collaboration avec le média d’investigation à but non lucratif allemand Correctiv, pour mettre en commun de nombreux documents confidentiels et mener des dizaines d’entretiens, afin d’évaluer la portée de cette gigantesque escroquerie.
(...)
En France, le pic a été atteint en 2009 avec la gigantesque fraude au CO2, des quotas carbone que les escrocs pouvaient s’échanger via une bourse détenue à 40 % par la Caisse des dépôts et consignations. Il suffisait alors de quelques clics pour acheter les quotas hors taxe à l’étranger et les revendre TTC en France sans reverser au fisc la TVA facturée. Puis de renouveler l’opération des dizaines de fois, en empochant à chaque tour 19,6 % de la somme investie. Au total, en à peine huit mois, l’escroquerie a fait perdre au moins 1,6 milliard d’euros à l’Etat français. Depuis, plusieurs procès retentissants ont mené à des sanctions exemplaires. L’an dernier, la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris a condamné 36 personnes à des peines allant jusqu’à dix ans de prison et 20 millions d’euros d’amende dans le volet dit « marseillais » de la fraude au CO2 (385 millions d’euros de préjudice). Mais plus d’une décennie après les premiers signalements, seule une infime partie des sommes envolées ont été récupérées et un grand nombre de fraudeurs courent toujours.
(...)
En France, plusieurs fraudes carrousel ont impliqué des escrocs proches du milieu franco-israélien au cours des dernières années. Ils seraient plusieurs dizaines identifiés par les services de police, réfugiés en Israël, à Dubaï ou dans des paradis fiscaux plus exotiques. L’un d’eux, Stéphane Alzraa, vient d’être extradé d’Israël pour son implication dans une escroquerie ayant permis de détourner environ 51 millions d’euros. Un autre, Arnaud Mimran, considéré comme un des princes du CO2, et condamné à huit ans de prison dans une affaire portant sur plus de 280 millions d’euros, devait comparaître lundi devant la cour d’assises spéciale de Paris pour séquestration et extorsion en bande organisée. Mais le procès a été renvoyé pour des raisons procédurales. Il est soupçonné d’avoir commandité l’enlèvement d’un richissime trader suisse en janvier 2015 afin de lui soutirer ses fonds, ce qu’il conteste. (...)
#carrousel #mafia_du_co2 #taxe_carbone #France #Israël #Arnaud_Mimran
Entre la France et Israël, les escrocs ont toujours réseaux
Par Marie Semelin, Intérim à Tel-Aviv — 7 mai 2019
▻https://www.liberation.fr/planete/2019/05/07/entre-la-france-et-israel-les-escrocs-ont-toujours-reseaux_1725376
(...)
Ce jour de 2016, Stéphane Alzraa, ses yeux clairs, sa gouaille et son goût pour la flambe, roulent en Israël dans une Ferrari rouge au côté d’un ami, Michael Aknin. Dans l’univers des grands escrocs, les deux acolytes sont des petits, qui se sont tout de même largement gavés sur l’arnaque au CO2. Stéphane Alzraa, alias David Bloomberg comme il se fait désormais appeler, a deux mandats d’arrêt sur le dos. Il est en cavale, et c’est un simple contrôle routier qui l’envoie en geôle israélienne.
Un an plus tôt, il était emprisonné à Corbas, près de Lyon, pour abus de biens sociaux. Le Franco-Israélien profite d’une permission de sortie en novembre 2015 pour se planquer au bord de la Méditerranée, bénéficiant sans doute du délai de transmission de son mandat Interpol, un peu plus lent qu’un avion pour Tel-Aviv. Egalement connu comme l’un des corrupteurs du commissaire Neyret, il a été condamné en son absence pour avoir un peu trop gâté l’ex-star lyonnaise de l’antigang. La France vient d’obtenir son extradition de l’Etat hébreu pour son implication dans une fraude au CO2 portant sur 51 millions d’euros. Après un feu vert du parquet israélien, Alzraa est arrivé dans l’Hexagone le mois dernier.
Lui n’y croyait pas. « Israël n’extrade pas ses citoyens », confiait-il au téléphone, dans des écoutes publiées par la presse israélienne. Voyant cette perspective se rapprocher, il jure à des magistrats israéliens dubitatifs que « sa vie est en danger en France, où ses codétenus antisémites le menacent parce qu’il est juif », raconte une source proche du dossier : « Il a pris les Français pour des cons, pas de raison qu’il ne fasse pas pareil avec les Israéliens. » En Israël, certains laissent entendre que ce côté flambeur, couplé à du fricotage avec la pègre locale, n’est pas étranger à son extradition.
L’étudiante amiénoise qui a perdu un œil, candidate identitaire aux élections européennes
▻http://www.courrier-picard.fr/181223/article/2019-05-04/letudiante-amienoise-qui-perdu-un-oeil-candidate-identitaire-aux-ele
Déjà condamné pour provocation à la haine contre les musulmans, Renaud Camus vient une nouvelle fois d’être épinglé à la suite d’un tweet : « Une boîte de préservatifs offerte en Afrique, c’est trois noyés en moins en Méditerranée, cent mille euros d’économie pour la Caf, deux cellules de prisons libérées et trois centimètres de banquise préservée », a-t-il tweeté le jeudi 18 avril. En s’affichant à ses côtés, Fiorina Lignier annonce clairement la couleur.
Neuer Ausschaffungsdeal der Schweiz mit Bangladesch
Le Bangladesh est le 62e pays avec lequel les autorités suisses ont conclu un accord de déportation. Selon l’accord, les dirigeants du Bangladesh s’engagent à aider la Suisse en matière de contrôle d’identité et à reprendre les personnes expulsées de force contre leur gré. Dans son communiqué de presse sur l’accord, le Secrétariat d’Etat aux migrations salue également sa brutalité remarquable en matière de refoulements : „Avec un taux de renvoi de près de 60 %, la Suisse est l’un des pays d’Europe les plus efficaces en matière d’exécution des renvois. De plus, le nombre de cas en suspens a été ramené de 7293 unités à l’automne 2013 à 3949 à la fin de l’année 2018.“
▻https://migrant-solidarity-network.ch/fr/2019/04/18/neuer-ausschaffungsdeal-der-schweiz-mit-bangladesch
l’ #efficacité prime, au pays de Heidi, évidemment
#Bangladesh #accord_de_réadmission #asile #migrations #réfugiés #renvois #Suisse
La Suisse et le Bangladesh formalisent leur collaboration dans le domaine du retour
La Suisse et le Bangladesh ont posé les bases juridiques de leur collaboration dans le domaine du retour des personnes qui se trouvent en situation irrégulière sur le territoire helvétique. À ce jour, la Suisse a ainsi conclu des accords en matière de retour avec 62 pays.
Notamment lors de la crise migratoire de 2015-2016, de nombreux migrants ont quitté le Bangladesh pour gagner illégalement l’Europe en passant par la Méditerranée centrale. Le renvoi de requérants d’asile déboutés a été pour tous les pays européens source de difficultés dans la collaboration avec le Bangladesh.
Au terme de rencontres bilatérales, la Suisse est parvenue à donner une base juridique à sa collaboration opérationnelle avec le Bangladesh dans le domaine du retour. Le Bangladesh s’est en effet engagé à épauler la Suisse dans les procédures d’identification des migrants et à reprendre ses ressortissants tenus de quitter la Suisse. Cette collaboration opérationnelle repose sur une convention que le Bangladesh a conclue avec l’Union européenne en 2017. Par ailleurs, des experts des autorités compétentes se rencontreront régulièrement afin de garantir une application correcte de l’accord conclu.
Autres améliorations dans le domaine du retour
Avec un taux de renvoi de près de 60 %, la Suisse est l’un des pays d’Europe les plus efficaces en matière d’exécution des renvois. De plus, le nombre de cas en suspens a été ramené de 7293 unités à l’automne 2013 à 3949 à la fin de l’année 2018. Au total, la Suisse a conclu des #accords_de_réadmission, des accords migratoires ou des partenariats migratoires avec 62 pays.
▻https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-74615.html
#expulsions
ping @i_s_
Les mutations récentes du #foncier et des agricultures en #Europe
L’ouvrage propose un tour d’horizon des évolutions les plus récentes du foncier et de l’agriculture en Europe. Une première partie caractérise les évolutions et les révolutions des #politiques_agricoles, étudiées du point de vue du droit, de la science politique, de l’agronomie et de la géographie, en mettant l’accent sur la fin d’une phase protectionniste, et avec deux éclairages régionaux, en #Méditerranée et dans l’#Europe_médiane. Une seconde partie interroge les #modèles_agricoles et fonciers : l’#agriculture_familiale, l’agriculture de firme, le #travail_saisonnier, les mutations de la #propriété et l’évolution vers le #portage_foncier.
▻http://www.lcdpu.fr/livre/?GCOI=27000100076500
#agriculture #terres #livre
ping @odilon
►https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/04/29/jean-marie-delarue-au-nom-de-la-securite-toutes-nos-libertes-sont-menacees_5
Jean-Marie Delarue, nouveau président de la Commission nationale consultative des droits de l’homme rappelle :
« Il est très inquiétant de voir des gouvernements donner toujours raison à leur police. Les policiers sont des gens très estimables, mais comme tout le monde, ils peuvent faire des erreurs et avoir tort. »
Jean-Marie Delarue : « Au nom de la sécurité, toutes nos libertés sont menacées »
Le président de la Commission nationale consultative des droits de l’homme estime, dans un entretien au « Monde », que les libertés fondamentales sont en « très mauvais état » en France.
Jean-Marie Delarue, 74 ans, nommé le 10 avril à la tête de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), a consacré sa vie à la défense des libertés fondamentales. Pour le conseiller d’Etat, ex-directeur des libertés publiques au ministère de l’intérieur (de 1997 à 2001) et ancien contrôleur général des lieux de privation de liberté (de 2008 à 2014), elles sont aujourd’hui en danger. Nommé pour un mandat de trois ans, le haut fonctionnaire, un temps président de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité, entend faire entendre sa voix.
Dans quel état sont les libertés fondamentales en France ?
En très mauvais état. En apparence, nous sommes un Etat de droit, et l’on s’en flatte assez, nous avons un corpus juridique étoffé, des juges chargés de protéger nos libertés… En apparence, rien de tout ça n’est menacé.
Dans la réalité, c’est autre chose. Au nom de la sécurité, toutes nos libertés le sont. On n’arrête pas de nous dire que « la sécurité est la première de nos libertés », selon une formule désormais consacrée. C’est faux ! La sécurité est éventuellement l’une des conditions de notre liberté. Cet aphorisme est une dangereuse illusion qui pousse depuis plusieurs décennies les gouvernements à grignoter nos libertés toujours davantage.
Depuis quand ?
Le point de départ est la loi Peyrefitte de 1981, qui portait un nom prémonitoire, « sécurité et liberté ». La démocratie était-elle alors désarmée face au terrorisme ? Au point qu’il soit nécessaire de légiférer ? Personne ne se pose la question, alors que la réponse me paraît claire : nous n’avions pas besoin de nouvelles lois pour mettre en prison des terroristes. Et ça n’est pas plus le cas aujourd’hui.
Quelles sont les conséquences ?
Par ces lois nouvelles, on installe une distinction entre le français ordinaire, qui a tous les droits, et le français suspect, qui a droit à des procédures particulières, à des juges particuliers… Cette dernière catégorie ne cesse de s’élargir. D’abord les musulmans avec l’état d’urgence permanent, puis les « gilets jaunes », avec la loi dite « anticasseurs ». Désormais, il suffit de se trouver dans les environs d’une manifestation pour devenir un Français suspect faisant l’objet de mesures extraordinaires, comme des fouilles.
Il est par ailleurs très inquiétant de voir des gouvernements donner toujours raison à leur police. Les policiers sont des gens très estimables, mais comme tout le monde, ils peuvent faire des erreurs et avoir tort. La façon dont a été traité le journaliste Gaspard Glanz est de la même façon totalement anormale. Quarante-huit heures de garde à vue, ça n’était évidemment pas nécessaire, vingt-quatre heures auraient suffi.
Il faut faire attention : c’est à l’aune dont on traite ces personnes que se juge une société. La majorité des Français croit que cela ne les concerne pas et qu’il existe un rideau étanche, or ce n’est jamais le cas. La frontière est toujours beaucoup plus fragile qu’on l’imagine. Ce n’est pas parce que l’on croit que cela ne regarde que les musulmans, les « gilets jaunes » ou la presse qu’il ne faut pas s’en émouvoir.
Vous estimez que les Français ne s’en émeuvent pas assez ?
Non. Et c’est aussi ce qui m’inquiète beaucoup. Il y a trente ans, lorsque l’on touchait à une liberté fondamentale, des pétitions circulaient, des intellectuels s’indignaient, des citoyens se mobilisaient… Aujourd’hui, à l’exception de la déchéance de nationalité annoncée en novembre 2015 par François Hollande et de la rétention de sûreté voulue par Nicolas Sarkozy en 2008, on entend peu de protestations.
En ce qui concerne les migrants, les ONG ont été les seules à « sauver l’honneur de l’Europe en Méditerranée », comme l’a déclaré au Monde mi-avril l’ex-directeur de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, Pascal Brice. C’est grave ! Comme si toutes ces lois successives avaient fini par tétaniser la protestation, comme si tout cela n’intéressait pas l’opinion.
Quel est le risque ?
Les droits de l’homme, ce n’est pas un machin qu’on met en avant de temps en temps comme une cerise sur le gâteau, ce n’est pas une décoration ni un sapin de Noël qu’on installe une fois par an, c’est la base de tout. Il ne faut pas les poser comme des principes du passé, mais comme des principes d’avenir, comme le socle sur lequel construire de nouvelles libertés. Les droits de l’homme doivent s’appliquer à tous, en tout temps et en tout lieu. Or, on en est loin.
S’il n’y a pas de voix qui s’élèvent pour incarner ce que nous prétendons être, il n’y a aucune raison pour que la France résiste mieux que les autres pays à la tentation de renoncement à nos grandes libertés, à laquelle les gouvernements successifs ont déjà en partie cédé. Avec notre système de protection sociale, c’est pourtant ce qui nous différencie du reste du monde. Si nous abandonnons cela, nous nous renierons.
Quelle est votre feuille de route à la tête de la CNCDH ?
La CNCDH est une voix pour exprimer ces inquiétudes. C’est ce qui me motive. Sa voix ne porte pas assez, et c’est regrettable, c’est pourtant une voix indépendante, celle de la société civile. Les dangers les plus graves pour la dignité humaine se situent souvent dans les interstices que personne ne voie.
Notre rôle, à la CNCDH, est de voir où se cachent les indignités. On peut saisir les Nations unies, on peut témoigner devant le Conseil constitutionnel – ce que nous avons fait au sujet de la loi dite anticasseurs. Par nos avis, nous essayons de faire réfléchir les pouvoirs publics. Il est d’ailleurs regrettable de voir que, depuis quinze ans, le gouvernement saisit rarement la CNCDH en amont lorsqu’il réfléchit à des projets de loi. Nous ne sommes pas des imprécateurs mais des lanceurs d’alerte.
Comment allez-vous travailler avec le Défenseur des droits, qui, lui, a une autorité constitutionnelle ?
Ce qui m’intéresse, c’est qu’on aille dans le même sens. Je vais rencontrer Jacques Toubon début mai. Chacun a son rôle. Le Défenseur des droits fait écho aux plaignants, la CNCDH à la société civile. Nous sommes complémentaires, pas concurrents.
Jean-Marie Delarue : « Au nom de la sécurité, toutes nos libertés sont menacées »
►https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/04/29/jean-marie-delarue-au-nom-de-la-securite-toutes-nos-libertes-sont-menacees_5
Jean-Marie Delarue, 74 ans, nommé le 10 avril à la tête de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (#CNCDH), a consacré sa vie à la défense des libertés fondamentales. Pour le conseiller d’Etat, ex-directeur des libertés publiques au ministère de l’intérieur (de 1997 à 2001) et ancien contrôleur général des lieux de privation de liberté (de 2008 à 2014), elles sont aujourd’hui en danger. Nommé pour un mandat de trois ans, le haut fonctionnaire, un temps président de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité, entend faire entendre sa voix.
Dans quel état sont les libertés fondamentales en France ?
En très mauvais état. En apparence, nous sommes un Etat de droit, et l’on s’en flatte assez, nous avons un corpus juridique étoffé, des juges chargés de protéger nos libertés… En apparence, rien de tout ça n’est menacé.
Dans la réalité, c’est autre chose. Au nom de la sécurité, toutes nos libertés le sont. On n’arrête pas de nous dire que « la sécurité est la première de nos libertés », selon une formule désormais consacrée. C’est faux ! La sécurité est éventuellement l’une des conditions de notre liberté. Cet aphorisme est une dangereuse illusion qui pousse depuis plusieurs décennies les gouvernements à grignoter nos libertés toujours davantage.
Depuis quand ?
Le point de départ est la loi Peyrefitte de 1981, qui portait un nom prémonitoire, « sécurité et liberté ». La démocratie était-elle alors désarmée face au terrorisme ? Au point qu’il soit nécessaire de légiférer ? Personne ne se pose la question, alors que la réponse me paraît claire : nous n’avions pas besoin de nouvelles lois pour mettre en prison des terroristes. Et ça n’est pas plus le cas aujourd’hui.
Quelles sont les conséquences ?
Par ces lois nouvelles, on installe une distinction entre le français ordinaire, qui a tous les droits, et le français suspect, qui a droit à des procédures particulières, à des juges particuliers… Cette dernière catégorie ne cesse de s’élargir. D’abord les musulmans avec l’état d’urgence permanent, puis les « gilets jaunes », avec la loi dite « anticasseurs ». Désormais, il suffit de se trouver dans les environs d’une manifestation pour devenir un Français suspect faisant l’objet de mesures extraordinaires, comme des fouilles.
Il est par ailleurs très inquiétant de voir des gouvernements donner toujours raison à leur police. Les policiers sont des gens très estimables, mais comme tout le monde, ils peuvent faire des erreurs et avoir tort. La façon dont a été traité le journaliste Gaspard Glanz est de la même façon totalement anormale. Quarante-huit heures de garde à vue, ça n’était évidemment pas nécessaire, vingt-quatre heures auraient suffi.
Sous un drapeau en berne, les éléments de la suite, repris par LOLJ :
France : les libertés fondamentales "en très mauvais état, selon la Commission des droits - L’Orient-Le Jour
▻https://www.lorientlejour.com/article/1168328/france-les-libertes-fondamentales-en-tres-mauvais-etat-selon-la-commi
En outre, le président de la Commission « s’inquiète beaucoup » de l’absence de réaction face au recul des libertés fondamentales, « comme si toutes ces lois successives avaient fini par tétaniser la protestation, comme si tout cela n’intéressait pas l’opinion ».
Or, « les droits de l’Homme, ce n’est pas un machin qu’on met en avant de temps en temps comme une cerise sur le gâteau, ce n’est pas une décoration ni un sapin de Noël qu’on installe une fois par an, c’est la base de tout », souligne Jean-Marie Delarue.
J’adore le raccourci de l’url qui laisse deviner que les_libertés_fondent (emmental)
Jean-Marie Delarue : « Au nom de la sécurité, toutes nos libertés sont menacées »
Le président de la Commission nationale consultative des droits de l’homme estime, dans un entretien au « Monde », que les libertés fondamentales sont en « très mauvais état » en France.
Jean-Marie Delarue, 74 ans, nommé le 10 avril à la tête de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), a consacré sa vie à la défense des libertés fondamentales. Pour le conseiller d’Etat, ex-directeur des libertés publiques au ministère de l’intérieur (de 1997 à 2001) et ancien contrôleur général des lieux de privation de liberté (de 2008 à 2014), elles sont aujourd’hui en danger. Nommé pour un mandat de trois ans, le haut fonctionnaire, un temps président de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité, entend faire entendre sa voix.
Dans quel état sont les libertés fondamentales en France ?
En très mauvais état. En apparence, nous sommes un Etat de droit, et l’on s’en flatte assez, nous avons un corpus juridique étoffé, des juges chargés de protéger nos libertés… En apparence, rien de tout ça n’est menacé.
Dans la réalité, c’est autre chose. Au nom de la sécurité, toutes nos libertés le sont. On n’arrête pas de nous dire que « la sécurité est la première de nos libertés », selon une formule désormais consacrée. C’est faux ! La sécurité est éventuellement l’une des conditions de notre liberté. Cet aphorisme est une dangereuse illusion qui pousse depuis plusieurs décennies les gouvernements à grignoter nos libertés toujours davantage.
Depuis quand ?
Le point de départ est la loi Peyrefitte de 1981, qui portait un nom prémonitoire, « sécurité et liberté ». La démocratie était-elle alors désarmée face au terrorisme ? Au point qu’il soit nécessaire de légiférer ? Personne ne se pose la question, alors que la réponse me paraît claire : nous n’avions pas besoin de nouvelles lois pour mettre en prison des terroristes. Et ça n’est pas plus le cas aujourd’hui.
Quelles sont les conséquences ?
Par ces lois nouvelles, on installe une distinction entre le français ordinaire, qui a tous les droits, et le français suspect, qui a droit à des procédures particulières, à des juges particuliers… Cette dernière catégorie ne cesse de s’élargir. D’abord les musulmans avec l’état d’urgence permanent, puis les « gilets jaunes », avec la loi dite « anticasseurs ». Désormais, il suffit de se trouver dans les environs d’une manifestation pour devenir un Français suspect faisant l’objet de mesures extraordinaires, comme des fouilles.
Il est par ailleurs très inquiétant de voir des gouvernements donner toujours raison à leur police. Les policiers sont des gens très estimables, mais comme tout le monde, ils peuvent faire des erreurs et avoir tort. La façon dont a été traité le journaliste Gaspard Glanz est de la même façon totalement anormale. Quarante-huit heures de garde à vue, ça n’était évidemment pas nécessaire, vingt-quatre heures auraient suffi.
Il faut faire attention : c’est à l’aune dont on traite ces personnes que se juge une société. La majorité des Français croit que cela ne les concerne pas et qu’il existe un rideau étanche, or ce n’est jamais le cas. La frontière est toujours beaucoup plus fragile qu’on l’imagine. Ce n’est pas parce que l’on croit que cela ne regarde que les musulmans, les « gilets jaunes » ou la presse qu’il ne faut pas s’en émouvoir.
Vous estimez que les Français ne s’en émeuvent pas assez ?
Non. Et c’est aussi ce qui m’inquiète beaucoup. Il y a trente ans, lorsque l’on touchait à une liberté fondamentale, des pétitions circulaient, des intellectuels s’indignaient, des citoyens se mobilisaient… Aujourd’hui, à l’exception de la déchéance de nationalité annoncée en novembre 2015 par François Hollande et de la rétention de sûreté voulue par Nicolas Sarkozy en 2008, on entend peu de protestations.
En ce qui concerne les migrants, les ONG ont été les seules à « sauver l’honneur de l’Europe en Méditerranée », comme l’a déclaré au Monde mi-avril l’ex-directeur de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, Pascal Brice. C’est grave ! Comme si toutes ces lois successives avaient fini par tétaniser la protestation, comme si tout cela n’intéressait pas l’opinion.
Quel est le risque ?
Les droits de l’homme, ce n’est pas un machin qu’on met en avant de temps en temps comme une cerise sur le gâteau, ce n’est pas une décoration ni un sapin de Noël qu’on installe une fois par an, c’est la base de tout. Il ne faut pas les poser comme des principes du passé, mais comme des principes d’avenir, comme le socle sur lequel construire de nouvelles libertés. Les droits de l’homme doivent s’appliquer à tous, en tout temps et en tout lieu. Or, on en est loin.
S’il n’y a pas de voix qui s’élèvent pour incarner ce que nous prétendons être, il n’y a aucune raison pour que la France résiste mieux que les autres pays à la tentation de renoncement à nos grandes libertés, à laquelle les gouvernements successifs ont déjà en partie cédé. Avec notre système de protection sociale, c’est pourtant ce qui nous différencie du reste du monde. Si nous abandonnons cela, nous nous renierons.
Quelle est votre feuille de route à la tête de la CNCDH ?
La CNCDH est une voix pour exprimer ces inquiétudes. C’est ce qui me motive. Sa voix ne porte pas assez, et c’est regrettable, c’est pourtant une voix indépendante, celle de la société civile. Les dangers les plus graves pour la dignité humaine se situent souvent dans les interstices que personne ne voie.
Notre rôle, à la CNCDH, est de voir où se cachent les indignités. On peut saisir les Nations unies, on peut témoigner devant le Conseil constitutionnel – ce que nous avons fait au sujet de la loi dite anticasseurs. Par nos avis, nous essayons de faire réfléchir les pouvoirs publics. Il est d’ailleurs regrettable de voir que, depuis quinze ans, le gouvernement saisit rarement la CNCDH en amont lorsqu’il réfléchit à des projets de loi. Nous ne sommes pas des imprécateurs mais des lanceurs d’alerte.
Comment allez-vous travailler avec le Défenseur des droits, qui, lui, a une autorité constitutionnelle ?
Ce qui m’intéresse, c’est qu’on aille dans le même sens. Je vais rencontrer Jacques Toubon début mai. Chacun a son rôle. Le Défenseur des droits fait écho aux plaignants, la CNCDH à la société civile. Nous sommes complémentaires, pas concurrents.
SOS Méditerranée | Mercredi !
▻http://www.armada-productions.com/mercredi-sos-mediterranee
Au programme de Mercredi !, une émission hebdomadaire pour les enfants, 45 minutes sur l’association SOS Méditerranée. Paula interview deux bénévoles de l’association, Tifenn et Émilien à propos de l’Aquarius et de cette dangereuse frontière qu’est la mer Méditerranée. Durée : 45 min. Source : L’Armada Productions
▻https://www.mixcloud.com/Mercredi/mercredi-sos-m%C3%A9diterran%C3%A9e-24042019
Réfugiés : les dons de la France à la marine libyenne attaqués en justice
25 avril 2019 Par Mathilde Mathieu
►https://www.mediapart.fr/journal/france/250419/refugies-les-dons-de-la-france-la-marine-libyenne-attaques-en-justice?ongl
(...) C’est bien un tribunal, pourtant, qu’ont décidé de saisir huit ONG françaises et italienne pour tenter de remettre un peu de justice en Méditerranée.
Jeudi 25 avril, Amnesty international France, Médecins sans frontières (MSF) ou encore le Gisti ont déposé un recours devant le tribunal administratif de Paris pour contester la décision de la ministre des armées, Florence Parly, d’offrir six embarcations à la marine libyenne au nom de « la lutte contre l’immigration clandestine », alors même que les garde-côtes de Tripoli ramènent tous les migrants qu’ils interceptent dans les centres de détention inhumains du régime, que persiste un embargo sur la fourniture d’armes à l’ancien pays de Kadhafi, et que la capitale se retrouve depuis quelques semaines en proie à une véritable guerre civile.
« Avec ce qui se passe en ce moment, cette décision qui n’avait déjà pas de sens tourne à la farce tragique », pointe ainsi Michaël Neuman, directeur d’études chez MSF. « La France a pris des engagements internationaux qu’elle ne peut pas violer en toute impunité », dénonce Cécile Coudriou, directrice d’Amnesty.
Achetés par la France à l’entreprise Sillinger de Toulon, mais bientôt offerts « à la marine libyenne », ces bateaux sont des « embarcations rapides à coque semi-rigide » (selon le ministère des armées), soit des « hors-bord » de 12 mètres capables d’embarquer jusqu’à 16 ou 18 personnes. « Idéal pour le transport de troupes ou matériels lourds et encombrants », précise la fiche produit du fabricant.
La remise des deux premiers spécimens étant initialement programmée pour mai ou juin, les associations ont engagé à la fois un « référé suspension » (pour demander au juge de reconnaître l’urgence et suspendre la livraison), et un recours au fond, qui ne sera pas tranché avant des mois, pour réclamer l’annulation pure et simple de la décision ministérielle – encore faudrait-il que ces ONG soient jugées recevables. (...)
Mercredi ! #sos Méditerranée // 24.04.2019
▻http://www.radiopanik.org/emissions/mercredi-/mercredi-sos-mediterranee-24-04-2019-
Au programme ce mercredi !
Au programme, une émission de 45 minutes sur l’association SOS Méditerranée. Paula interview deux bénévoles de l’association, Tifenn Bouillard et Emilien Bernard de SOS Méditerranée (Antenne de Rennes) à propos de l’Aquarius et de cette dangereuse frontière qu’est la mer Méditerranée !
Pour aller plus loin :
La Libye est un grand pays d’Afrique du Nord situé entre l’Algérie à l’ouest, le Niger et le Tchad au sud et l’Egypte à l’est. Il est bordé au nord par la mer Méditerranée.
Un visa est un cachet valant autorisation de séjour, apposé sur un passeport par les services diplomatiques des pays dans lesquels désire se rendre le demandeur.
Les musiques de l’émission :
Sufjan Stevens - Should Have Known Better
Bigflo & Oli - Rentrez chez vous
Haley Heyndrickx - The bug (...)
#jeune_public #mediterranée #l'aquarius #jeune_public,mediterranée,sos,l’aquarius
▻http://www.radiopanik.org/media/sounds/mercredi-/mercredi-sos-mediterranee-24-04-2019-_06606__1.mp3
Découverte d’un art paléolithique qui met en vedette des oiseaux et des humains. C’est un jalon exceptionnel dans l’art rupestre paléolithique européen.
Il n’est pas très fréquent de trouver des représentations de scènes au lieu de figures individuelles dans l’art paléolithique, mais il est encore plus difficile pour ces figures d’être des oiseaux au lieu de mammifères tels que les chèvres, les cerfs ou les chevaux. Jusqu’à présent, les historiens ont seulement trouvé trois scènes de l’art paléolithique mettant en vedette les humains et les oiseaux en Europe.
Maintenant, un article publié dans le journal l’anthropologie raconte comment les chercheurs de l’Université de Barcelone ont trouvé-dans le site de Hort de la Bequera (Margalef de Montsant, Priorat)-, une pièce artistique de 12 500 ans dans lequel les humains et les oiseaux tentent d’interagir dans un scène picturale avec des traits exceptionnels : les figures semblent avoir une narration sur la chasse et la maternité. En ce qui concerne le contexte catalan en particulier, il s’agit d’une constatation importante concernant les quelques pièces de l’art paléolithique en Catalogne et il place ce territoire dans le flux de la production artistique du Paléolithique supérieur en Méditerranée.
La pièce qu’ils ont trouvée est un calcaire de 30 centimètres de long qui montre deux figures humaines et deux oiseaux, que les chercheurs ont identifiés comme des grues. Depuis qu’ils ont trouvé la pièce en 2011, ils ont subi toutes les procédures de nettoyage, de restauration et de copie 3D pour l’étudier en détail. Ces figures ont été gravées dans le panneau de pierre avec un outil de silex de sorte qu’ils ont créé une composition organisée par rapport aux autres pièces de la même période.
"C’est l’une des rares scènes trouvées jusqu’à présent qui suggèrent la naissance d’un art narratif en Europe, et ce thème est unique, car il combine une image de la chasse et une maternité : une naissance avec son jeune, " dit le premier signataire de l’article , Chercheur et conférencier de l’ICREA à l’UB Inés Domingo. "Dans la scène représentée, les oiseaux attrapent l’attention, ils sont copiés ou poursuivis par deux figures humaines, " continue Domingo. "Nous ne connaissons pas le sens de la scène pour les peuples préhistoriques, mais ce qu’il dit, c’est que non seulement ils ont été considérés comme des proies, mais aussi comme un symbole pour les sociétés paléolithiques européennes », poursuit-elle.
(...)
Les autres sites en Europe que les chercheurs avaient trouvés jusqu’à présent avec des figures humaines et des oiseaux sont des peintures rupestres sur le site de Lascauz [(?)], un bâton perforé à abri MEGE (Teyjat, Dordogne), et la plaque du grand chasseur sur le site de Gönnersdorf (Allemagne).
(...)
#Préhistoire #Paléolithique_tardif #Art #transition #12500BP
Humanizing European Paleolithic art : A new visual evidence of human/bird interactions at L’Hort de la Boquera site (Margalef de Montsant, Tarragona, Spain)
▻https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0003552119300019
Inés Domingo, Pilar García-Argüelles, Jordi Nadal, Josep Mª Fullola, José L. Lerma, Miriam Cabrelles. Humanizing European Paleolithic art : A new visual evidence of human/bird interactions at L’Hort de la Boquera site (Margalef de Montsant, Tarragona, Spain). L’Anthropologie, 2019 ; DOI : 10.1016/j.anthro.2019.01.001
L’homme oiseau de Lascaux, difficile d’accès car dans un puits au fond de la grotte.
#oiseaux
Je qualifierais cet « homme » de thérianthrope. Par contre, en effet, à côté de lui se trouve bien un oiseau. Mais comme il est sur un « bâton », je n’ai pas pensé à lui. Merci du rappel.
Pourquoi l’extrême-droite européenne a quasiment réussi à faire interdire les sauvetages de réfugiés en Méditerranée | Rachel Knaebel
►https://www.bastamag.net/Pourquoi-l-extreme-droite-europeenne-a-quasiment-reussi-a-faire-interdire-
Des navires comme l’Aquarius ou le Sea Watch, affrétés par des associations, ont sauvé des dizaines de milliers de vies en Méditerranée. Mais depuis deux ans, les autorités italiennes et européennes ont multiplié les entraves. L’Italie leur a fermé ses ports depuis l’arrivée au pouvoir de Matteo Salvini et de son parti d’extrême droite. Il n’est pas le seul à harceler les sauveteurs. Des bateaux sont saisis ou bloqués à Malte, en Espagne, leurs équipages sont menacés de poursuites. Et ce, dans l’indifférence des autres gouvernements européens. Les réfugiés, eux, continuent de mourir ou sont interceptés par les garde-côtes libyens. Bilan d’un naufrage européen. Source : Basta (...)
Une Déclaration pas si universelle
La lutte pour les droits humains ne conduit pas toujours à l’#émancipation et à #la liberté. C’est même souvent le contraire qui est vrai, estime la chercheuse indienne #Ratna_Kapur.
Les droits humains sont-il universels ? La question était au centre d’un débat organisé en mars dans le cadre du Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH) de Genève. Parmi les intervenants, l’universitaire indienne Ratna Kapur a développé un point de vue résolument critique et féministe qui souligne les limites de luttes basées sur les droits humains.Professeure de droit international et chercheuse à l’université Mary Queen de Londres, elle vit entre la capitale anglaise et l’Inde, et s’intéresse en particulier aux questions de genre et d’altérité1. Ratna Kapur soutient que les droits humains ont, dès le départ, davantage servi des objectifs politiques et culturels que la condition des groupes opprimés, et ce partout dans le monde. Interview.
Les droits humains sont-ils universels ?
Ratna Kapur : Clairement pas. Relisez la #Déclaration_universelle_des_droits_de_l’homme et vous serez frappé par l’utilisation du pronom masculin, par une certaine conception de la #famille (nucléaire et dépendante) et du #mariage qui exclut d’emblée d’autres modèles, par exemple.
Rappelons par ailleurs que le comité de rédacteurs de la Déclaration [adoptée en 1948] n’incluait pas de représentants des gros deux tiers de la planète qui étaient encore sous le règne colonial ou sous le joug de la ségrégation ou de son héritage. Dans certaines parties du monde, les #femmes n’avaient pas accès à la propriété ni au droit de vote. Ces auteurs portaient une perspective paternaliste, en affirmant savoir ce qui est bon pour les autres, qui remonte au #colonialisme : « Nous, les pays civilisés, savons ce qui est bon pour vous. »
Pourtant, la plupart des droits contenus dans la Déclaration paraissent couler de source. Le droit à la vie, le droit à la santé ou à la liberté d’expression ne seraient pas universels ?
Le droit à la vie, pour ne prendre que celui-ci, est très contesté : il y a différents points de vue sur l’avortement et la peine de mort. Plus fondamentalement, si nous pensions vraiment que les droits humains étaient universels, les migrants qui traversent la Méditerranée pour se rendre en Europe auraient le droit à la vie, n’est-ce pas ? En réalité, on conditionne les droits, on bricole des justifications pour ne pas les octroyer à certains groupes – les réfugiés et les homosexuels, par exemple. Les droits sont toujours négociés selon certains critères. Tant que nous nous conformons à ces critères, tout va bien, mais s’ils apparaissent remis en cause ou menacés, les droits ne s’appliquent plus. Il y aura toujours une justification pour dénier des droits. Pour en bénéficier, les « non-Blancs », par exemple, doivent prouver leur capacité à s’assimiler.
Vous faites référence à cet égard à l’exemple de l’interdiction du voile intégral en France…
Oui, certaines féministes ont décrété que c’était un signe de soumission. Pourtant, selon des musulmanes qui désiraient porter ce voile, le fait de ne pas montrer son visage est un moyen de tourner son attention vers l’intérieur de soi-même. C’est une toute autre philosophie et une éthique de vie. Pourquoi ne pas les écouter ?
Après l’interdiction en 2011, des femmes sont allées voilées dans l’espace public, dans le but ensuite de pouvoir saisir la Cour européenne des droits de l’homme pour faire valoir leur droit. En 2014, la Cour a statué que le port du voile intégral contrevenait aux politiques démocratiques de cohésion sociale et au vivre-ensemble. Pourtant, il n’existe rien de tel dans la Convention européenne des droits humains. Il s’agit donc bien là d’une décision politique. De même, quand des policiers armés et vêtus de gilets pare-balles ont envahi les plages pour ordonner à des femmes en burkini de se dévêtir, ce ne sont pas les droits humains qui sont en jeu.
Est-ce les droits humains eux-mêmes que vous mettez en cause ? Ou leur instrumentalisation ?
Aucune loi, aucun droit, ne peut être appréhendé hors de son contexte historique. Invariablement, les droits humains, façonnés par l’homme blanc, ont fonctionné en dénigrant certaines communautés, en les faisant passer pour « non civilisées ». Cet aspect est constitutif des droits humains, la raison pour laquelle ils ont été façonnés.
Prenons un autre exemple : l’égalité entre femmes et hommes. Il s’agit de définir ce qu’est l’égalité. Surgit alors la question conflictuelle : sont-ils différents ? Et ensuite, s’ils le sont : différents par rapport à qui ? Aux hommes hétérosexuels ? Aux hommes blancs ? Aux hommes mariés ? Qui représente le standard de la similitude ?
Longtemps, on a justifié le refus d’accorder le droit de vote aux femmes avec l’argument qu’elles étaient différentes des hommes. Idem pour les personnes homosexuelles qui réclament le droit à l’égalité. Si vous ne pouvez prouver que vous appartenez à la catégorie de référence, vous êtes traités différemment. Je constate que l’universalité cache en réalité cette conception sous le couvert de la neutralité.
A vos yeux, les droits humains ne sont-ils pas un instrument utile ?
Si, nous en avons besoin, et ils peuvent être des outils radicaux. Je dis simplement que nous devons leur porter un autre regard : comprendre que les droits sont une construction politique et un lieu de pouvoir. Tout le monde peut les manier. Ils peuvent donner plus de pouvoir à l’Etat, à la police ou aux ONG, et pas forcément aux personnes qui en ont besoin – ils peuvent même être exploités pour les affaiblir. Ce ne sont pas toujours les « gentils » qui gagnent.
Par conséquent, nous devons nous ôter de la tête que les droits humains sont nécessairement progressistes en eux-mêmes et nous engager politiquement avec eux. C’est parce que les droits humains sont trop souvent utilisés dans une perspective quelque peu naïve que nous perdons sans cesse.
#droits_humains #universalité #universalisme #paternalisme #néo-colonialisme #droit_à_la_vie #avortement #peine_de_mort #droits #voile #burkini #civilisation #égalité #neutralité #pouvoir
À la frontière ukraino-polonaise. “Ici, ce n’est pas l’entrée de la Pologne. C’est celle de l’Europe”
Quand quelqu’un traverse cette ligne, il n’entre pas seulement en Pologne. Il entre en Europe. Demain, il peut être à Bruxelles. Après-demain, en Espagne ou au Portugal...”.
Paolo, un officier de police portugais détaché à #Medyka, en Pologne, se tient sur une ligne rouge entourée de bandes blanches. “Ne la dépassez pas, sinon on va avoir des problèmes avec les Ukrainiens”, avertit-il.
“On n’a pas besoin de mur ici”
Devant lui, des voitures font la file pour sortir d’Ukraine. Des champs bordent le poste-frontière. La terre y a été retournée sur une quinzaine de mètres : sept et demi côté ukrainien, sept et demi côté polonais.
“Si quelqu’un passe la frontière, il nous suffit de suivre les traces de pied dans la boue. À 10 kilomètres d’ici, il y a une #tour_de_contrôle avec des #caméras_de_surveillance (infrarouge et thermique) qui balaient l’horizon. Quand les conditions météo sont bonnes, elles peuvent voir jusqu’ici. Une deuxième tour va être installée de l’autre côté du #BCP (border check point, NdlR). Peut-être qu’un jour on aura une barrière comme en Hongrie. Mais je ne pense pas. On n’en a pas besoin ici, on a suffisamment d’équipements”, détaille Piotr, un officier qui ressemble comme deux gouttes d’eau au caporal Blutch dans Les Tuniques Bleues.
Des détecteurs d’explosifs et de radioactivité - “ils sont très puissants et captent même si quelqu’un a suivi un traitement aux isotopes pour guérir du cancer” -, de battements de coeur - “le plus souvent, celui des souris dans les camions” -, #scanners à rayons X pour les véhicules et les cargos, caméras avec #thermo-vision qui peuvent identifier des objets, définir et enregistrer leurs coordonnées géographiques, capables de filmer à une distance maximale de 20 kilomètres, scanners de documents, lecteurs d’empreintes digitales, #terminaux_mobiles pour contrôler les trains... “On ne déconne pas à Medyka”, sourit Piotr.
De barrière, il y en a bien une. Ou plutôt une simple #clôture, sortie de terre lorsque la Pologne appartenait au camp soviétique.
Le BCP de Medyka, qui protège une section de 21 kilomètres de frontières entre les deux pays, a été construit en 1945. Parmi les quatorze postes de la frontière (dont onze avec la frontière ukrainienne), il s’agit du plus fréquenté : 14 000 piétons et 2 600 véhicules y passent chaque jour dans les deux sens. À cela, il faut encore ajouter les camions et les trains de passagers et de marchandises. “Certaines personnes passent toutes les semaines pour aller faire leurs courses - contrairement à ce que l’on pourrait croire, la vie est moins chère en Pologne qu’en Ukraine - et on finit par les connaître. Certains en profitent pour faire du trafic. Ils pensent que comme on les connaît et qu’on sait qu’ils sont réglos, on sera moins vigilants. C’est pour ça qu’il ne faut pas laisser la routine s’installer”, observe Piotr.
Quand la Pologne adhère à l’Union européenne, en 2004, sa frontière orientale devient une des frontières extérieures de la zone Schengen (rejointe quant à elle en 2007). Cette même année, l’agence européenne de garde-côtes et de garde-frontières (#Frontex) voit le jour. Les opérations de coopération internationale aux postes-frontières polonais se sont multipliées depuis.
Tous les officiers de la #Bieszczady_BGRU font ainsi partie d’un pôle de #garde-frontières et sont régulièrement envoyés en mission pour Frontex dans d’autres pays européens. À l’inverse, des officiers issus de différents États membres son envoyés par Frontex à Medyka (il y en a trois en ce moment : un Portugais, un Bulgare et un Espagnol). En cela, postuler comme garde-côte ou garde-frontière, c’est comme faire un mini Erasmus de trois mois.
Dans quelques semaines, Piotr partira pour la treizième fois en mission pour Frontex. Ce sera la deuxième fois qu’il ira à la frontière entre la Bulgarie et la Serbie. Paolo est quant à lui le tout premier policier portugais à être déployé ici. Sa spécialité : détecter les voitures volées. À Medyka, on en repère entre 75 et 90 chaque année. “C’est particulier de travailler ici, à la limite du monde européen : on réalise ce que veut vraiment dire "libre-circulation" et "coopération internationale". C’est ici la première ligne, ici qu’on protège l’Europe, ici qu’on peut détecter si un voyageur est "régulier" ou pas. Si on ne le repère pas... Bonjour pour le retrouver dans Schengen ! En tant que policier, je savais tout ça. Mais je crois que je ne le comprenais pas vraiment. C’est lors de mon premier jour ici, quand j’ai vu la frontière, les files, les contrôles, que j’ai vraiment compris pourquoi c’est super important. Dans mon pays, je suis enquêteur. J’ai fait des tas d’arrestations pour toutes sortes de crimes qui ont été commis au Portugal, en Espagne, en France, en Belgique. Si j’avais pu les stopper ici, en première ligne, peut-être que ce ne serait pas arrivé”, note Paolo.
Mimi et Bernardo
Pour la première fois éloigné de sa famille, Paolo a voulu sortir de sa routine en venant à Medyka. Enquêteur principal, la cinquantaine, il estimait avoir fait le tour de sa profession et commençait sérieusement à s’ennuyer. “Dans mon pays, j’étais le type vers qui se tournaient les autres pour avoir des conseils, des réponses. Ici, je suis le petit nouveau, je repars de zéro”, dit-il en buvant son café, entouré par trois collègues, tous nommés Piotr.
“Raconte-lui l’histoire !”, s’exclame l’un d’eux. “Deux poissons sont dans un aquarium : Mimi et Bernardo. Bernardo est un petit poisson-rouge et Mimi est le plus grand. Il pense qu’il est le roi, qu’il a tout pour lui. Le jour où Mimi est placé dans un autre aquarium, beaucoup plus grand, avec un requin, Mimi se rend compte qu’il est tout petit ! Ici, je suis comme Mimi, je ne suis même pas une sardine (rires) !”. Morale de l’histoire : la taille du poisson dépend de la taille de l’aquarium. Et un enquêteur au top de sa carrière a toujours quelque chose à apprendre. “Oh allez Paolo, la taille ça ne compte pas !”, plaisante un autre Piotr.
À Medyka, Paolo perfectionne sa connaissance en voitures volées et documents frauduleux. “Quand je faisais des contrôles d’identité au Portugal, je ne savais pas trop comment les reconnaître. Ici, j’apprends tous les jours grâce à leur expérience en la matière. Quand je rentrerai, j’enseignerai tout ça à mes collègues”, se réjouit-il.
En guise d’illustration, Paolo contrôle notre passeport. Les fibres qui ressortent en couleurs fluo dans le lecteur de documents prouvent qu’il est authentique. “Premier bon signe”, glissent Paolo et Piotr. D’autres détails, qu’il est préférable de ne pas divulguer, confirment leurs certitudes. Un séjour en Afghanistan, un autre en Jordanie, un transit en Turquie et des tampons dans différents pays africains soulèvent toutefois des suspicions. “Si vous passiez la frontière avec ce passeport, on vous aurait signalé aux services secrets”, lâche Paolo.
"Mon premier jour, on a découvert une Lexus volée"
Ce cinquantenaire a le droit de circuler où bon lui semble - “c’est l’oiseau libre du BCP” - dans le poste-frontière. Il porte toujours un badge sur lui pour expliquer qui il est et dans quel cadre il intervient. Un détail important qui permet de calmer les tensions avec certains voyageurs qui ne comprennent pas pourquoi ils sont contrôlés par un officier portant un uniforme avec lequel ils ne sont pas familiers.
Chaque matin, après avoir bu son café et fumé son cigare (il en grille trois par jour), Paolo se rend au terminal des voitures, son terrain de jeu. “Mon premier jour, on a découvert une Lexus volée ! Tout était bon : le numéro de châssis, la plaque d’immatriculation (espagnole), les pièces, les données... Mais un de mes collègues me répétait que quelque chose n’allait pas. J’ai contacté les autorités espagnoles pour leur demander une faveur. Ils ont accepté de vérifier et il se trouve que l’originale était garée à Valence ! Quand il y a deux voitures jumelles dans le monde, ça signifie qu’une des deux est volée. Et il faut trouver l’originale pour le prouver”, explique-t-il.
Quelques instants plus tard, dans ce même terminal, il scrute un autre véhicule sous toutes ses coutures. Quelque chose cloche avec la vitre avant-gauche. Mais lui faut au moins deux détails suspects pour décider de placer le véhicule dans une autre file, où les fouilles et les vérifications sont plus poussées.
Le #crime_organisé a toujours une longueur d’avance
En 2018, Frontex a saisi 396 véhicules volés. Trois Joint Action Days, des opérations internationales organisées par l’agence visant à lutter contre les organisations criminelles, ont mené à la saisie de 530 voitures, 12 tonnes de tabac et 1,9 tonne de différentes drogues. 390 cas de fraudes aux documents de voyage ont été identifiés et 117 passeurs arrêtés.
À la fin de sa journée, Paolo écrit un rapport à Frontex et signale tout ce qui s’est produit à Medyka. Le tout est envoyé au Situation Centre, à Varsovie, qui partage ensuite les informations récoltées sur des criminels suspectés à Europol et aux autorités nationales.
Ce travail peut s’avérer décourageant : le crime organisé a toujours une longueur d’avance. “Il faut en être conscient et ne pas se laisser abattre. Parmi les vols, on compte de moins en moins de voitures entières et de plus en plus de pièces détachées. Ce qu’on peut trouver dans les véhicules est assez dingue. Un jour, on a même déniché un petit hélicoptère !”, se rappelle Piotr.
Derrière lui, un agent ouvre le coffre d’une camionnette, rempli de différents moteurs de bateaux et de pneus. Plus loin, une agent des Douanes a étalé sur une table le contenu d’une voiture : CD, jouets, DVD... Elle doit tout vérifier avant de la laisser passer vers la frontière, où l’attendent Paolo et ses trois comparses.
Par-delà l’entrée du BCP, la file s’étend sur quelques kilomètres. Les moteurs ronronnent, les passagers sortent pour griller une cigarette. Dans la file pour les piétons, certains s’impatientent et chantent une chanson invitant les officiers à travailler un peu plus vite. “Là où il y a une frontière, il y a toujours une file”, dit Piotr en haussant les épaules. Il faut une minute pour vérifier l’identité d’une personne, trente minutes à une heure pour “innocenter” une voiture.
"Avant 2015, je ne connaissais pas Frontex"
Le travail des garde-frontières est loin de refléter l’ensemble des tâches gérées par Frontex, surtout connue du grand public depuis la crise de l’asile en Europe et pour le volet "migration" dont elle se charge (sauvetages en mer, identification des migrants et rapatriements). Son rôle reste flou tant son fonctionnement est complexe. “Je n’avais jamais entendu parler de Frontex avant la crise de 2015. J’ai appris son existence à la télévision et je suis allé me renseigner sur Internet”, avance Paolo.
Les images des migrants traversant la Méditerranée, qui font régulièrement le tour du monde depuis quatre ans, l’ont bouleversé. “Je trouve ça tellement normal de vouloir une vie meilleure. Quand on voit les risques qu’ils prennent, on se dit qu’ils doivent vraiment être désespérés. Je me souviens que je regardais ma fille qui se plaignait de son iPhone qui n’avait qu’un an mais qu’elle trouvait déjà trop vieux. Je me suis dit que j’étais très bien loti et que je pouvais peut-être faire quelque chose. Alors, j’ai décidé de déposer ma candidature. Je ne savais pas où j’allais être envoyé et j’ai fini ici, à Medyka. Ce n’est pas la même chose que de sauver des vies mais... dans quelques années, je pourrai dire que j’ai fait quelque chose. Que je ne suis pas resté les bras croisés chez moi, à regarder ma fille et son iPhone”.
Dans le Situation Center de Frontex, coeur névralgique de la surveillance des frontières
La migration et la #criminalité_transfrontalière sur grand écran
Le cœur névralgique de l’Agence européenne de garde-côtes et de garde-frontières (Frontex) est situé à son siège principal, à #Varsovie. Une douzaine d’agents s’y relaient en permanence pour surveiller les frontières extérieures de l’Union européenne.
Devant eux, trois larges écrans meublent les murs du #Situation_Center. Des points verts apparaissent sur celui du milieu, le plus large, principalement près des côtes grecques et espagnoles. Ils représentent diverses “détections” en mer (sauvetages en mer, navire suspect, etc.).
Sur une autre carte, les points verts se concentrent près des frontières terrestres (trafic de drogue, voitures volées, migration irrégulière, etc.) de l’Albanie, la Hongrie, la Bulgarie et la Grèce. À gauche, une carte affiche d’autres informations portant sur les “incidents” aux postes-frontières détectés par les États membres. “Ce que vous voyez ici n’est pas diffusé en temps réel mais on tend à s’en rapprocher le plus possible. Voir les données nous aide à évaluer la situation aux frontières, constater si certaines sont soumises à une pression migratoire et à effectuer des analyses de risques”, explique un porte-parole de l’agence. Les images diffusées lors de notre passage datent de février. Dès que nous quittons la pièce, elles seront remplacées par d’autres, plus récentes qui ne sont pas (encore) publiables.
Le #Frontex_Situation_Centre (#FSC) est une sorte de plate-forme où parviennent toutes sortes d’informations. Elle les les compile et les redispatche ensuite vers les autorités nationales, Europol ou encore la Commission européenne.
Sur demande, Frontex peut également suivre, par exemple, tel vaisseau ou telle camionnette (le suivi en temps réel dans le cadre de missions spécifiques se déroule dans une autre pièce, où les journalistes ne sont pas les bienvenus) grâce au système européen de surveillance des frontières baptisé #Eurosur, un système de coopération entre les États membres de l’Union européenne et Frontex qui “vise à prévenir la criminalité transfrontalière et la migration irrégulière et de contribuer à la protection de la vie des migrants”.
Pour tout ce qui touche à l’observation terrestre et maritime, Frontex exploite du Centre satellitaire de l’Union européenne, de l’Agence européenne pour la sécurité maritime et l’Agence européenne de contrôle des pêches.
Un exemple : en septembre 2015, les garde-côtes grecs ont intercepté Haddad I, un vaisseau surveillé par Eurosur depuis le début de l’année. Le navire, en route vers la Libye, transportait 5 000 armes, 500 000 munitions et 50 millions de cigarette. Autre exemple : en octobre 2015, un radar-satellite utilisé par Eurosur a détecté des objets en mer, au nord de la Libye. Envoyé sur place par les autorités italiennes dans le cadre de l’opération Sophia, le Cavour, porte-aéronefs de la Marine militaire, a trouvé plusieurs bateaux avec des migrants à bord. 370 personnes ont été sauvées et amenées à bon port.
Surveillance accrue des médias
Dans un coin de la pièce, des images diffusées par France 24, RaiNews et CNBC défilent sur d’autres écrans. Au FSC, on suit l’actualité de très près pour savoir ce qui se dit sur la migration et la criminalité transfrontalière. Parfois, les reportages ou les flash info constituent une première source d’information. “La plupart du temps on est déjà au courant mais les journalistes sont souvent mieux informés que les autorités nationales. La couverture médiatique de la migration change aussi d’un pays à l’autre. Par exemple, les Italiens et les Grecs connaissent mieux Frontex que les autres”, glisse un porte-parole.
Les médias sociaux (Twitter, Facebook, Youtube) sont également surveillés quotidiennement par une équipe dédiée depuis 2015. “Pendant la crise migratoire, Facebook était une source importante d’information. On peut y trouver pas mal de choses sur le trafic d’êtres humains, même si ce n’est pas évident. Ça peut être aussi utile quand une personne a traversé une frontière illégalement et poste une vidéo pour dire qu’il a réussi. Mais on ne mène pas d’enquête. On transmet à Europol ce qui peut être intéressant”, décrit-on chez Frontex.
Depuis 2009, le FSC publie une newsletter en interne, du lundi au vendredi. L’agence a également créé le Frontex Media Monitor, une application gérée par le staff du FSC qui collecte les articles portant sur la gestion des frontières, Frontex et les agences frontalières des États membres. Ils sont issus de 6 000 sources ouvertes en 28 langues différentes.
Une partie des agents qui travaillent au FSC, des nationaux issus des États membres qui vont-viennent selon une rotation effectuées tous les trois mois, rédige des rapports durant les périodes dites “de crise”. Ceux-ci portent sur les incidents majeurs aux frontières européennes, la situation migratoire dans les différents États membres, les développements politiques et institutionnels au niveau national et international et les crises dans les pays non-européens.
Paradoxe kafkaïen
À l’avenir, le programme Eurosur permettra-t-il de sauver des vies, comme dans l’exemple susmentionné ? Alors que l’Union européenne vient de suspendre la composante navale de l’opération Sophia (ou EUNAVFORMED), Frontex va bientôt acquérir ses propres navires grâce à l’élargissement de son mandat. Selon le directeur exécutif de Frontex, Fabrice Leggeri, ceux-ci pourront couvrir plus de kilomètres que ceux déployés par les autorités nationales.
En vertu du droit maritime international, Frontex est, comme tout navire, tenue de porter assistante aux naufragés et de les ramener dans un port sûr. De port sûr, condition requise par ce même droit pour débarquer des personnes à terre, les autorités européennes considèrent qu’il n’y en a pas en Libye. Mais l’Italie refuse désormais de porter seule la charge des migrants secourus en mer et les Européens n’ont pas réussi à trouver d’accord pour se les répartir à l’avenir. D’où la suspension des activités maritime de Sophia.
Quid si l’agence est amenée à procéder à un sauvetage pendant une mission de surveillance des frontières extérieures ? L’Europe finira-t-elle par obliger les navires de Frontex, son “bras opérationnel”, à rester à quai ? Et si oui, qui surveillera les frontières ? À quoi serviront alors les investissements que Frontex s’apprête à réaliser, au frais du contribuable européen, pour s’acheter son propre matériel ? Seul l’avenir donnera des réponses.
“Nous ne construisons pas une Europe forteresse”
Fabrice Leggeri, directeur exécutif de l’Agence européenne de garde-côtes et de garde-frontières (Frontex)
Douze secondes pour décider. C’est le temps dont dispose, en moyenne, un garde-frontière pour décider si un voyageur est “légal” et si ses documents sont authentiques. C’est ce que dit une brochure produite par l’équipe “Information et Transparence” de Frontex, l’Agence européenne de garde-côtes et de garde-frontières, exposée dans une salle d’attente de ladite agence.
La tour qui abrite le siège de l’agence a été réalisée par le constructeur flamand Ghelamco, en plein centre des affaires de Varsovie.
Début avril, l’agrandissement du mandat de Frontex a été confirmé. Dotée de 1 500 garde-côtes et garde-frontières (majoritairement déployés en Grèce, en Italie et en Espagne) empruntés aux États-membres, Frontex en comptera 10 000 d’ici 2027 et pourra acquérir son propre équipement (avions, bateaux, voitures, hélicoptères, etc.). Le tout doit encore être adopté par le Parlement européen et le Conseil – une formalité qui ne devrait pas remettre en question ce projet. Depuis son bureau à Varsovie, situé dans une tour sortie de terre par le constructeur flamand Ghelamco, Fabrice Leggeri, directeur exécutif de l’agence, revient en détails sur cette décision, qu’il considère comme “une grande avancée pour l’Union européenne” .
Le mandat de Frontex a déjà été élargi en 2016. Celui qui vient d’être avalisé va encore plus loin. Des États membres avaient exprimé leurs réticences par rapport à celui-ci. Qu’est-ce qui a changé ces dernières semaines ?
2016 a été un véritable tournant pour notre agence, qui a été investie d’un mandat plus robuste avec des moyens plus importants. Aujourd’hui, on ne doit plus seulement renforcer des équipes pour réagir en cas de crise – c’est nécessaire mais insuffisant, on l’a compris en 2015 et 2016. Il s’agit de renforcer de manière durable la capacité européenne de gestion des frontières. Concernant notre futur mandat, il est clair que certains États seront vigilants dans la manière dont il sera mis en œuvre. 2020 était une date qui paraissait, à juste titre, très difficile pour la plupart des acteurs (la Commission européenne souhaitait que les effectifs soient portés à 10 000 en 2020, NdlR). D’ailleurs, j’ai observé qu’on parlait beaucoup plus de cette date que du nombre d’agents lui-même, ce qui me laisse penser que nous sommes donc largement soutenus.
Un corps européen n’a jamais existé auparavant à une telle échelle. Expliquez-nous comment il va fonctionner.
Construire la capacité de gestion de frontières efficaces, ça ne veut pas dire qu’on doit se cantonner à l’immigration irrégulière. Il faut aussi s’occuper du bon fonctionnement des franchissements réguliers aux points de passages (dans les aéroports, aux postes-frontières, etc.). En 2018, on a eu 150 000 franchissements irréguliers mais on a 700 millions de franchissements réguliers par an. Donc, on ne construit pas une Europe forteresse mais un espace intérieur de libertés, de sécurité et de justice. L’objectif de la création de ce corps européen et des propositions budgétaires proposées par la Commission est de pouvoir recruter davantage pour augmenter le nombre total de garde-côtes et de garde-frontières. Ce corps européen doit être construit ensemble avec les États. On est là pour se compléter les uns les autres et pas pour entrer en concurrence (lire ci-dessous) . Selon un chiffre qui vient des États membres eux-mêmes, le nombre théorique de garde-frontières que l’Union européenne devrait avoir est de 115 000. Quand on regarde combien il y en a de façon effective, selon les planifications nationales, il y en a – à peu près – 110 000.
“Nos grosses opérations et nos nouveaux déploiements en dehors de l’Union européenne, sont deux gros morceaux qui vont absorber pas mal de ressources”.
Au niveau opérationnel, quels sont les grands changements que permet le nouveau mandat ?
Nous allons pouvoir déployer, en mai, une opération hors du territoire européen, en Albanie. Nous pourrons aussi aller dans un pays tiers sans que ce soit nécessairement un pays directement voisin de l’Union européenne, à condition évidemment que celui-ci nous appelle, donne son consentement et qu’il y ait un accord entre l’Union européenne et ce pays. Autrement dit : on va avoir des contingents de plus en plus nombreux hors des frontières européennes. Nos grosses opérations et nos nouveaux déploiements en dehors de l’Union européenne, sont deux gros morceaux qui vont absorber pas mal de ressources.
Une de vos missions qui prend de plus en plus d’importance est d’organiser le rapatriement de personnes dans les pays tiers.
À ce niveau-là, l’Union européenne est passée dans une autre dimension. L’Europe est devenu un acteur à part entière de l’éloignement. Par rapport à ce qu’on pouvait seulement imaginer il y a quatre ou cinq ans (13 729 personnes ont été rapatriées en 2018 contre 3 576 en 2015, NdlR), on a fait un bond énorme. Pour les éloignements, une partie des ressources humaines sera utilisée soit comme escorteurs, soit comme spécialiste de l’éloignement qui vont aider les États membres à les préparer. Cette dimension est nécessaire à cause d’un goulot d’étranglement administratif : les États membres n’ont pas augmenté le personnel qui doit préparer les décisions d’éloignement alors que le nombre d’étrangers en situation irrégulière et de demandeurs d’asile déboutés à éloigner croît. Le corps européen peut répondre à cette faiblesse pour qu’elle ne se transforme pas en vulnérabilité.
Vous parlez de complémentarité avec les États. Certains sont méfiants face à l’élargissement du mandat de Frontex, voire carrément hostiles à sa présence sur leur territoire, en vertu de leur souveraineté nationale. Ont-ils raison de craindre pour celle-ci ?
Qu’il y ait des craintes, ça peut se comprendre. Mais les déploiements du corps européens se feront toujours avec le consentement de l’État concerné et l’activité se déroulera toujours sous l’autorité tactique de celui-ci. Vous savez, je ne sais pas combien de personnes s’en souvienne mais la libre-circulation dans l’espace Schengen existe depuis bientôt 25 ans. Ça fait donc près d’un quart de siècle que les gardes-frontières nationaux gardent la frontière de “nous tous”. Donc ce qu’on fait aujourd’hui, ce n’est pas si différent… Le vrai changement, c’est que ce sera plus visible. Plus assumé. Que Frontex devient le bras opérationnel de l’Union européenne. Moi, je considère l’agence comme une plateforme d’entraide opérationnelle. Et ce n’est pas parce qu’un État membre nous demande de l’aide qu’il est défaillant. Il ne faut pas non plus percevoir nos actions comme une sanction, une faiblesse ou une substitution à la souveraineté. À l’avenir, il faudra que chaque État puisse avoir un petit bout de ce corps européen présent chez lui. Il contribue à renforcer une culture de travail commune, à homogénéiser des pratiques. Les frontières extérieures sont communes à tous, à notre espace de circulation et il serait absolument incompréhensible qu’on travaille de façon radicalement différente en divers endroits de cette frontière commune.
Le nouveau mandat vous donne tout de même plus d’autonomie…
On aura une autonomie opérationnelle plus forte et une flexibilité dans la gestion des ressources humaines, ce qui est effectivement une force. Mais c’est une force pour nous et qui bénéficie aux États membres. On aura aussi une plus grande autonomie technique renforcée grâce à nos propres moyens opérationnels (Frontex emprunte actuellement ce matériel aux États membres et les défraye en échange, NdlR).
À vous entendre, on croirait que la libre-circulation des personnes a été tellement menacée qu’elle aurait pu disparaître…
C’est le cas. La crise de 2015-2016 a montré que ce qui était remis en question, c’était la libre-circulation effective. D’ailleurs, un certain nombre d’États membres ont rétablis les contrôles aux frontières. C’est le signe d’un dysfonctionnement. L’objectif des autorités au niveau de l’Union européenne, c’est de retourner au fonctionnement normal. C’est “retour à Schengen”.
Le visa Schengen est le représentant du collectif des 26 pays européens qui ont mutuellement décidé d’éliminer les contrôles à leurs frontières communes.
Schengen, c’est quelque chose que l’on prend trop pour acquis ?
Quand on voyage à l’intérieur de cet espace, ça paraît surprenant de se voir demander sa carte d’identité ou d’entendre que le contrôle a été rétabli aux frontières intérieures. Ça a un impact économique monstrueux qui se chiffre en millions, même en milliards d’euros et ça détricote l’Europe petit à petit. Un espace de libre-circulation, c’est un espace où on circule pour faire du commerce, pour étudier, etc. Et c’est là que le rôle de l’agence de garde-côtes et de garde-frontières est crucial : les frontières doivent fonctionnent correctement pour sauver et maintenir Schengen. Sans vouloir faire une digression, c’est un peu la même chose avec qu’avec la zone euro. C’est quelque chose de très concret pour le citoyen européen. Vous remarquez que quand vous arrivez en Pologne (nous sommes à Varsovie, où se situe le siège de Frontex, NdlR), vous ne pouvez pas payer votre bus avec une pièce dans le bus. L’espace Schengen, c’est pareil. C’est quand on ne l’a pas ou qu’on ne l’a plus, qu’il est suspendu temporairement, qu’on se dit que c’est quand même bien. Frontex évolue dans un domaine où “plus d’Europe” est synonyme de meilleur fonctionnement et de meilleure utilisation des deniers publics.
En 2015, le budget de Frontex dédié aux retours était de 13 millions d’euros. En 2018, 54 millions y étaient dédiés. La Belgique n’organisait quasiment pas de vols sécurisés, en collaboration avec Frontex avant 2014. Ces "special flights" sont plus avantageux sur le plan financier pour les États car ceux-ci sont remboursés entre 80 % et 100 % par Frontex.
Les migrants coincés dans le bourbier maltais
Depuis que l’Italie a fermé ses ports aux bateaux des ONG, Malte a vu le nombre d’exilés exploser. L’absence de cadre européen contraint l’île à utiliser la manière forte pour obliger l’UE à respecter ses engagements d’accueil.
▻https://www.liberation.fr/planete/2019/04/14/les-migrants-coinces-dans-le-bourbier-maltais_1721348
#Malte #asile #migrations #réfugiés #routes_migratoires #Méditerranée #déplacement_des_routes_migratoires #fermeture_des_ports
#Fonds_fiduciaire de l’UE pour l’Afrique : 115,5 millions d’euros pour renforcer la #sécurité, la protection des migrants et la création d’#emplois dans la région du #Sahel
La Commission européenne a adopté cinq nouveaux programmes et trois compléments pour des programmes actuels, pour un montant de 115,5 millions d’euros au titre du fonds fiduciaire d’urgence de l’UE pour l’Afrique, afin de compléter les efforts actuellement déployés dans la région du Sahel et du lac Tchad.
Neven Mimica, commissaire chargé de la coopération internationale et du développement, a tenu les propos suivants : « Nous avons assisté au cours de ces dernières semaines à une recrudescence de la violence et des attentats terroristes dans la région du Sahel et du lac Tchad. Les nouveaux programmes et les compléments à des programmes existants de l’UE, pour un montant de 115,5 millions d’euros, viendront renforcer davantage nos actions sur les fronts du développement et de la sécurité. Ils contribueront également à renforcer la présence de l’État dans des régions fragiles, à créer des emplois pour les jeunes et à protéger les migrants dans le besoin. Afin de poursuivre, dans un futur proche, le bon travail réalisé dans le cadre du fonds fiduciaire, il convient de reconstituer ses ressources qui s’épuisent rapidement. »
Dans un contexte de précarité croissante de la sécurité au Sahel, l’UE s’engage à poursuivre sa coopération aux niveaux régional et national. Elle soutiendra les efforts déployés par les pays du #G5_Sahel (#Burkina_Faso, #Tchad, #Mali, #Mauritanie et #Niger) afin d’apporter une réponse commune aux grandes menaces transfrontières et aux principaux besoins régionaux en matière de #développement. Une enveloppe supplémentaire de 10 millions d’euros viendra renforcer les capacités de défense et de sécurité des pays du G5 Sahel, tandis qu’un montant de 2 millions d’euros sera alloué au soutien de la coordination de l’#Alliance_Sahel. Au Burkina Faso, une enveloppe supplémentaire de 30 millions d’euros sera allouée au programme d’urgence Sahel en place, afin de renforcer l’accès aux services sociaux de base et encourager le dialogue entre communautés.
D’autres mesures renforceront les efforts de protection des migrants, de lutte contre la traite des êtres humains et d’amélioration de la gestion des migrations. Une enveloppe supplémentaire de 30 millions d’euros sera allouée à la protection des migrants et des réfugiés le long de la route de la Méditerranée centrale et à la recherche de solutions durables dans la région du Sahel et du lac Tchad. Elle permettra d’accroître encore le nombre de migrants bénéficiant de mesures de protection et de retour volontaire tout en veillant à leur réintégration durable et dans la dignité. Au Niger, l’équipe conjointe d’investigation a démantelé 33 réseaux criminels et 210 trafiquants ont été condamnés au cours de ces deux dernières années. Elle bénéficiera d’une enveloppe supplémentaire de 5,5 millions d’euros afin de capitaliser sur ce succès. Au #Ghana, un montant de 5 millions d’euros consacré au renforcement des capacités et aux équipements permettra de renforcer la gestion des frontières du pays.
Deux mesures visent spécifiquement à créer des débouchés économiques et des possibilités de développement. Au Ghana, des nouvelles activités, pour un montant de 20 millions d’euros, permettront d’améliorer les perspectives d’emploi et d’encourager la transition vers des économies vertes et résilientes face au changement climatique. Au Mali, une enveloppe supplémentaire de 13 millions d’euros s’inscrira au soutien de la création d’emplois et de la fourniture de services publics par l’État dans des régions à la sécurité précaire autour de #Gao et de #Tombouctou.
Historique du dossier
Le fonds fiduciaire d’urgence de l’UE pour l’Afrique a été créé en 2015 en vue de remédier aux causes profondes de l’instabilité, des migrations irrégulières et des déplacements forcés. Actuellement, les ressources allouées à ce fonds fiduciaire s’élèvent à 4,2 milliards d’euros, qui proviennent des institutions de l’UE, des États membres de l’UE et d’autres contributeurs.
L’aide annoncée aujourd’hui s’ajoute aux 188 programmes déjà adoptés pour les trois régions (nord de l’Afrique, Sahel et lac Tchad, et Corne de l’Afrique). L’ensemble de ces programmes représente un montant total de 3,6 milliards d’euros. Ces fonds étaient répartis comme suit : Sahel et lac Tchad 1,7 milliard d’euros (92 programmes) ; Corne de l’Afrique 1,3 milliard d’euros (70 programmes) ; nord de l’Afrique 582 millions d’euros (21 programmes). Ce montant inclut cinq programmes transrégionaux.
▻http://europa.eu/rapid/press-release_IP-19-1890_fr.htm
#Sahel #Fonds_fiduciaire_pour_l'Afrique #externalisation #frontières #contrôles_frontaliers #asile #migrations #réfugiés
Fondos de cooperación al desarrollo para levantar un muro invisible a 2.000 kilómetros de Europa
Abdelaziz se escabulle entre la gente justo al bajarse del autobús, con una alforja en mano y rostro de alivio y cansancio. Tiene 21 años y es de Guinea Conakry. Acaba de llegar al centro de tránsito de la Organización Internacional de Migraciones (OIM) en Agadez (Níger), desde Argelia. La policía argelina le detuvo mientras trabajaba en una cantera en Argel. Se lo requisó todo y lo metió en un autobús de vuelta. Lo mismo le sucedió a Ousmane, de Guinea Bissau. “Fui al hospital para que me quitaran una muela y allí me cogieron. Hablé hasta no poder más, pero me dijeron que no tenía derechos porque no tenía papeles. Me lo quitaron todo y me enviaron al desierto”.
Les abandonaron en pleno Sáhara, después de maltratarles y humillarles. “La policía nos trató como animales, nos pegó con bastones”, afirma Mamadou. Todos tuvieron que andar 14 kilómetros para llegar a Níger, uno de los países más pobres del planeta, convertido en frontera de la UE. El “basurero donde se tira todo lo que la UE rechaza”, en palabras del periodista nigerino, Ibrahim Manzo Diallo.
La arena y el calor sofocante marcan el día a día en este lugar, principal cruce migratorio de África. Los migrantes expulsados de Argelia, más de 35.000 desde 2014 y solo 11.000 en 2018, coinciden aquí, en las instalaciones de la OIM, con repatriados de Libia. La mayoría pasó por ambos países, no siempre con la voluntad de llegar a Europa –según la ONU, el 70% de las migraciones de África Subsahariana se dan en el interior del continente–. “Podría estar aquí dos semanas explicándote todo lo que he vivido en Libia y no acabaría. Vendían a personas como ovejas”, relata Ibrahim, de Senegal. “Estuve en Libia dos años y luego trabajé en Argel durante tres más. Un día, la policía llegó, me atrapó y me expulsó. Hemos sufrido mucho”, narra Ousmane.
En las infraestructuras de la agencia vinculada a la ONU juegan al fútbol, reciben atención médica y psicológica y esperan su turno, a menudo lento, para su repatriación. “La capacidad del centro es de entre 400 y 500 plazas, pero a veces hemos tenido que gestionar hasta 1.800 personas por el retraso en la obtención de documentos”, describe el director de la instalación, Lincoln Gaingar. Con fondos europeos, la OIM recoge a los migrantes en el lado nigerino de la frontera con Argelia y organiza caravanas de vuelta a sus países de origen. A este programa lo llama “retorno voluntario”. Buena parte de la sociedad civil y expertos lo califica como regresos “claramente forzados”. “No se deciden de forma libre, sino condicionados por una expulsión previa”, explica el sociólogo burkinés Idrissa Zidnaba. “Argelia hace el trabajo sucio de Europa, que luego se cobra en sus negociaciones con la UE”, afirma Mahamadou Goita, activista maliense pro derechos humanos.
El aumento de las deportaciones es una de las estrategias de la UE para construir su particular valla en medio del desierto. Otras pasan por el refuerzo del control de fronteras, las trabas a los defensores de los migrantes o la utilización de fondos de ayuda al desarrollo condicionados a frenar a quienes intentar alcanzar las costas europeas. Todo un dispositivo de contención desplegado en Níger, que ejerce de muro invisible de Europa.
Un pequeño hangar de tela intenta protegerles del sol ardiente a media mañana. Algunos han salido, pero otros, la mayoría, pasa el día en el gheto –albergue clandestino, propiedad de traficantes– sin saber muy bien qué hacer ni cómo seguir. “Estamos bloqueados, pero no queremos volver atrás, nuestro objetivo es Europa”, explica Hassan, de Guinea Conakry. “La vida en África no merece la pena, queremos ir a Europa para ganar dinero y regresar”, afirma Mahamadou, de Gambia.
En una habitación adyacente, el pequeño Melvin duerme plácidamente. Su madre ha salido a buscar trabajo con el fin de reunir la cantidad necesaria para pagar un pasaje hacia el norte. “Los precios dependen del traficante, pero están entre 800.000 y un millón de FCFA –unos 1.500 euros–”, según Daouda. La ruta está cada vez más difícil por los obstáculos que la UE y el Gobierno de Níger imponen a la travesía.
El principal escollo llegó en 2015 en forma de ley, la 036, muy conocida en el país, que establece como delito el tráfico ilegal de personas para desmantelar redes en Agadez. Se confiscaron 200 vehículos, se detuvo a decenas de transportistas y se asestó un duro golpe a la economía regional, históricamente dedicada al contrabando –desde tejidos, oro y sal en la Edad Media hasta armas, drogas y personas, en la actualidad–.
“Hemos practicado una represión enorme, lo admito. En Agadez, la población rechaza la ley y pide su modificación, pero somos inflexibles y no la cambiaremos. Agadez dice que su economía se fundamenta en el tráfico ilícito de migrantes, pero yo me pregunto. ¿A pesar de que la droga sustente a centenares de familias se tiene que autorizar? La respuesta es no”, afirma la directora de la agencia contra la trata de personas de Níger, Gogé Maimouna Gazibo.
Las autoridades locales, por su parte, denuncian falta de previsión y de entendimiento, así como que se priorice la visión securitaria por delante del desarrollo en una de las regiones más necesitadas del planeta. “El bloqueo brusco del comercio sin atender las necesidades de nuestra población ha comportado el despliegue de vías alternativas que mantienen el tráfico de manera más informal, mucho más peligrosa y extremadamente cara”, asegura el vicealcalde de Agadez, Ahmed Koussa.
Algunos han dejado de formar parte del negocio con el programa de reconversión de traficantes lanzado por la UE. “Me dieron tres motos y ahora trabajo como taxi-moto. Ahora no me pongo en riesgo, pero nos dan muy poco. Nosotros estamos habituados a ganar mucho dinero”, explica Laouli, extraficante, durante una reunión de la asociación que han creado para canalizar las ayudas europeas. Los retrasos y la insuficiencia son sus quejas recurrentes. “Nos prometieron un millón de FCFA para poner en marcha una actividad empresarial y abandonar el tráfico con el que ganábamos dos o tres millones de FCFA por semana –unos 3.000 euros–. Pero hasta ahora, no hemos recibido nada”, asegura Ahmed, exconductor de la ruta hacia Libia.
El Estado reconoce que, de las más de 5.000 personas que debían recibir fondos, solo se ha apoyado a 370. “Aunque las medidas son escasas, nuestra voluntad es que el Estado esté presente, que estas personas vean que no les dejamos, porque el riesgo en el norte es que se incendie [que grupos rebeldes de la zona vuelvan a coger las armas]”, asegura el director de estabilización de la Alta Autoridad para la Consolidación a la Paz de Níger, Hamidou Boubacar.
Los flujos a través de Níger se han reducido un 90%, según la OIM
Tanto la UE como la OIM afirman que los flujos a través de Níger se han reducido notablemente, en un 90%, pasando de 330.000 personas en 2016 a 18.000 en 2017 y a menos de 10.000 en 2018. El tráfico continúa, pero de forma menos visible. Los vehículos siguen agolpándose al comienzo de la semana a las afueras de Agadez para iniciar su viaje, en “el convoy de los lunes”, pero hay menos coches y más militares en el puesto de control. Los viajeros se apean antes de la barrera, cruzan a pie y vuelven a subir al vehículo, corriendo. Unos palos en la parte trasera de la pick-up sobresalen. Son su apoyo para evitar caídas durante el trayecto, a gran velocidad para evitar ser vistos.
Cada coche acoge a unas 25 personas hacinadas. El desierto aguarda y la muerte acecha. “Dicen que ahora ya no hay migrantes en Agadez, pero sí los hay, aunque más escondidos”, reconoce Bachir, que mantiene su actividad ligada a la migración. “Antes la gente iba en convoy por la vía principal y no podías estar un día sin ver a alguien. Ahora, en cambio, si tienes una avería por las rutas secundarias, por las dunas profundas, nadie te ve, no hay puntos de agua y puede resultar fatal”, asegura Djibril, que dejó el tráfico como consecuencia de la ley. “Desde su implementación todo se hace de forma encubierta y clandestina. Han llevado a la gente a la ilegalidad y eso aumenta la vulnerabilidad de los migrantes, que pasan por caminos más complicados”, confirma el responsable de Médicos Sin Fronteras en Níger, Francisco Otero.
Las organizaciones humanitarias procuran identificar los nuevos itinerarios, aunque resulta difícil porque se bifurcan por la inmensidad del Sáhara, hacia Chad y sobre todo hacia Malí. El país vecino, sumido en una crisis securitaria y sin presencia del Estado en la mitad de su territorio, es un espacio de proliferación de grupos armados. El cerco en Agadez desvía las rutas hacia esta ’tierra de nadie’, a través de la ciudad de Gao.
“Traslada el problema a otro país, sin resolverlo”
“Si se cierra una vía, otras se abren”, admite el consejero técnico del Ministerio de Malienses en el Exterior, Boulaye Keita. La Casa del Migrante de Gao ha registrado un incremento notable del movimiento por la ciudad, de 7.000 personas en 2017 a 100.000 en 2018. Para Sadio Soukouna, investigadora del Institut de Recherche pour le Développement (IRD) en Bamako, esto demuestra que la mano dura contra la migración en Níger “traslada el problema a otro país, sin resolverlo”.
En la misma línea, Hamani Oumarou, sociólogo del LASDEL, el centro de estudios sociales más importante de Níger, afirma: “Cuanto más cerramos las fronteras, más vulnerables hacemos a los migrantes, porque rodean los puestos de control y toman rutas menos seguras y mejor controladas por los traficantes. Este es el gran riesgo de los dispositivos de control”.
Los migrantes se enfrentan a la presencia de grupos terroristas en la zona. “Interceptan sus vehículos y les dicen que pueden ganar algo de dinero si les siguen y algunos lo hacen. Otros, en cambio, son secuestrados en contra de su voluntad y su familia debe pagar el rescate. El año pasado liberamos a 14 personas”, revela el responsable de la Casa del Migrante de Gao, Eric Alain Kamdem. “Hay familias que una vez en la frontera se dividen para que al menos uno de los dos sobreviva”, asegura el activista Mahamadou Goita.
Las autoridades vinculan en ocasiones el terrorismo con la migración para justificar el refuerzo de fronteras con controles biométricos. “Ayudamos a las autoridades a securizar sus fronteras e instalamos programas muy sofisticados para el registro de la gente que entra y sale. Estamos muy contentos de tener una cooperación tan estrecha en este ámbito”, afirma el jefe de la misión de la OIM en Níger, Martin Wyss. Reconoce la voluntad europea de empujar las fronteras hacia Níger y trabajar por “una migración regular, segura y ordenada”, en la línea del Pacto Mundial de migraciones.
Níger es uno de los beneficiarios de la ayuda europea al desarrollo, no solo por su vulnerabilidad sino también por sus esfuerzos en el control fronterizo. Hasta 2020, prevé recibir más de 1.800 millones de euros procedentes del Fondo Fiduciario de Emergencia para África (EUTF), un mecanismo que emplea recursos destinados a la cooperación al desarrollo para frenar la llegada de migrantes a Europa.
La mayoría de este fondo –que cuenta con 4.200 millones– proviene del principal instrumento de cooperación de la UE, el Fondo Europeo de Desarrollo. Sin embargo, casi la mitad de este dinero no se está dedicando a erradicar la pobreza: cerca del 40% de su presupuesto está siendo desviado directamente para control migratorio en terceros países, según han constatado las ONG europeas en 2018, tres años después de su creación.
El fondo fiduciario fue ideado en la Cumbre de La Valeta de 2015 para “atacar las causas profundas de las migraciones”. Desde entonces, la UE apuesta por la formación militar de ejércitos africanos –a través de misiones como EUCAP Sahel– para desmantelar redes de tráfico y promueve proyectos de desarrollo local para intentar evitar desplazamientos.
En Níger, el fondo dedica 253 millones de euros. Entre ellos, la UE destina 90 millones al proyecto de apoyo a la justicia y la seguridad en el país, que proporciona ayuda directa a las autoridades nigerinas. Parte de este dinero ha dependido de una serie de condiciones, como elaborar una estrategia nacional contra la migración irregular, adquirir equipos de seguridad para mejorar los controles fronterizos, rehabilitar o construir puestos fronterizos en zonas estratégicas, crear unidades especiales de policía de fronteras o levantar centros de migrantes, según ha documentado la red de ONG europeas Concord. El programa incluye establecer un equipo conjunto de investigación compuesto por agentes de policía franceses, españoles y nigerinos para apoyar a las autoridades del país, de acuerdo con su investigación.
Los riesgos que acarrea esta política de reforzar los servicios de seguridad e imponer controles fronterizos más estrictos en Níger son varios, según las ONG, desde impulsar “prácticas corruptas” por parte de policías hasta la detención “sin pruebas suficientes” de presuntos traficantes de personas.
La Unión Europea niega el concepto de “externalización de fronteras”, pero admite un despliegue de todos sus instrumentos en el país por su importancia en cuestión migratoria. Su embajadora, Denise-Elena Ionete, asegura que “Níger ha hecho mucho para disminuir el sufrimiento y la pérdida de vidas humanas en el desierto y el Mediterráneo y eso explica el poderoso aumento de nuestra cooperación los últimos años”.
Organizaciones de la sociedad civil africana y europea denuncian que se condicionen fondos de desarrollo al freno migratorio y el desvío de estos hacia programas de seguridad. Para el periodista Ibrahim Manzo Diallo, se trata de “un chantaje en toda regla, una coacción a África y a los pobres”. Las entidades también consideran las donaciones escasas e ineficaces, puesto que “el desarrollo está vinculado a una intensificación de la movilidad” y no al revés, según el director del grupo de investigación sobre migraciones de la Universidad de Niamey, Harouna Mounkaila. No son las personas más pobres las que migran ni proceden de los países más vulnerables, como demuestra el propio Níger con índices ínfimos de migrantes en Europa.
Otros colectivos sociales señalan que el refuerzo de fronteras obstaculiza la movilidad regional mayoritaria y vulnera el protocolo de libre circulación de la Comunidad de Estados de África Occidental (CEDEAO), similar al Espacio Schengen. Consideran que la contención va en contra de la apuesta de la Unión Africana (UA) por la libertad de movimiento continental y rompe consensos propios.
Las autoridades nigerinas rechazan estas acusaciones y defienden que la ley contra el tráfico proporciona mayores garantías a las personas en tránsito y no quebranta, en ningún caso, el derecho a moverse. Solo exigen, explican, viajar con documentación identificativa y rechazan un incremento de las muertes en el desierto como consecuencia del aumento de los controles. “Si me quieren decir que debemos abrir nuestras fronteras porque los migrantes que atraviesan Níger cambian de ruta, se desvían y mueren, pues digo que no. Ningún responsable político podría decir eso y, además, no tengo pruebas de que ahora haya más muertos que antes”, asegura Gogé Maimouna.
Tanto la UE como la OIM alaban la “mejora” de la gestión migratoria en Níger y comparan los posibles efectos negativos con la ilegalización de la droga. “Está claro que cuando conviertes algo legal en ilegal obligas a que lo responsables se escondan. Europa tenía que hacer algo en este tema, porque la falta de una gestión ordenada de la migración ha facilitado el auge de los extremismos y ha dividido a nuestro continente”, afirma Wyss, de la OIM. Las migraciones son cada vez menos visibles, mientras los mecanismos de control se expanden por la región de forma más perceptible.
La frontera llega a #Mali y Burkina Faso
El edificio es nuevo, se inauguró en 2018, con capacidad para 240 personas. Las decenas de habitaciones contienen literas, un gran comedor preside el lugar y una bandera de la República de Mali ondea en lo alto. Es uno de los centros donde opera la OIM en Bamako, pero su titularidad es del Estado. Esa es la diferencia con Níger. “La OIM tiene serias dificultades en asentarse en Mali. Hace años que lo intenta pero no tiene centros de tránsito propios, sino que colabora con asociaciones locales. El factor clave es la importancia de la diáspora maliense”, asegura Eric Kamden.
Cinco millones de malienses viven en el extranjero, un 15% en Europa, sobre todo en Francia. Es una diáspora dinámica y movilizada que con sus remesas aporta más que toda la Ayuda Oficial al Desarrollo (AOD). “Mali tiene una tradición migratoria muy larga. Es un país de origen y de tránsito, a diferencia de Níger. Eso significa que para tomar cualquier decisión en Mali, se debe tener en cuenta a la diáspora, no solo desde un punto de vista cuantitativo sino porque los migrantes son escuchados y respetados en sus pueblos, familias y comunidades, porque las sustentan”, afirma el asesor del Ministerio de Malienses en el Exterior, Boulaye Keita. Este mayor margen de negociación de Mali ya tumbó los acuerdos de readmisión promovidos por la UE en 2014.
No obstante, el país es uno de los principales receptores de fondos europeos con 214 millones de euros y la inversión se percibe en el crecimiento de la OIM y su dispositivo de contención. Las nuevas edificaciones que gestionan los “retornos voluntarios” lo demuestran. A ellas llegan migrantes malienses expulsados de Argelia o repatriados de Libia, Gabón, Angola o Francia. “Para mí Argelia es agua pasada, no volveré a allí. Ahora, por fin, estoy en casa y me voy a quedar aquí”, asegura Moctar, nacido en la región oeste de Kayes y visiblemente cansado tras el largo viaje en autobús desde Niamey. Algunos habían estado también en Agadez y repiten sus historias sobre malos tratos recibidos en Argelia, aunque sin cerrar la puerta a volver a partir.
“Quizás vuelvo a irme a otro país, pero no a Argelia. Son muy racistas con nosotros y eso no está bien”, atestigua Kalidou. Para ellos, sin reconocimiento del estatuto de refugiado o solicitante de asilo, a pesar de la guerra abierta que azota el norte de su país, Bamako supone el fin del periplo organizado por la #OIM, forzado por las circunstancias. Este organismo internacional, critica el antropólogo y activista Mauro Armanino, “acaricia por un lado y por el otro golpea”. Por una parte protege, sensibiliza y apoya a los migrantes más necesitados, pero por el otro “ejerce de brazo armado de las políticas europeas” y “agencia de deportación”, sostiene el investigador de la Universidad de Bamako Bréma Dicko.
El responsable de programas de la OIM en Mali, David Cumber, se defiende asegurando que no quieren frenar la migración, aunque admite la voluntad de la institución de “reducir la migración irregular”. Sus argumentos apuntan “la necesidad de que las personas viajen con documentos”, a la vez que reconoce su incapacidad para reclamar “más vías legales y seguras”, al tratarse de una agencia intraestatal financiada por potencias internacionales.
En #BurkinaFaso, el discurso disuasorio y a favor del retorno ha calado en el régimen surgido de la revolución de 2014, inestable, ávido de recursos y víctima creciente del terrorismo. Este país es lugar de paso de las rutas hacia el norte, punto de avituallamiento previo a Níger. Abdoulaye, por ejemplo, de Costa de Marfil, salió a la aventura hacia España, pero se quedó en Ouagadougou, capital de Burkina Faso, para ganar un poco de dinero y seguir su camino.
Hoy trabaja en la cafetería de una estación de autobuses de la capital donde ya lleva casi un año, pero no renuncia a pisar suelo español. “Intentaré hacerme el visado, pero me faltan recursos. Tengo amigos que viven allí y por eso quiero ir”. Los burkineses en Europa son minoritarios, solo hay pequeñas comunidades en Italia y escasas en España. La OIM, junto a ONG locales, intenta disuadir la movilidad explicando los peligros del camino. “Estamos subcontratados por la OIM, nos pagan para ir por los pueblos a exponer los riesgos del viaje. Eso no nos impide denunciar que el cierre de fronteras europeo provoca más curiosidad y más ganas de partir a las personas. Si las fronteras estuvieran abiertas, mucha gente iría y volvería sin problema”, expone Sebastien Ouédraogo, coordinador de la entidad Alert Migration.
Para Moussa Ouédraogo, responsable de la ONG burkinesa Grades, su país se ha convertido en la “prefrontera, donde cerrar el paso a cuanta más gente mejor”. Los puestos de control policial se han propagado por todo el país bajo el pretexto de lucha contra el terrorismo, pero “sin duda es por la migración, porque la intensificación de la vigilancia intimida a la gente de partir”, afirma. Se han instalado controles biométricos en la frontera entre Burkina Faso y Níger, en Kantchari, además de puntos de vigilancia en todas las carreteras del territorio, lo que aumenta también la corrupción. “Muchas veces los migrantes tienen los papeles en regla, pero los policías les piden dinero igualmente”, explica el presidente de la ONG local Tocsin, Harouna Sawadogo.
La colaboración entre la UE, la OIM y las autoridades parece funcionar. La vinculación entre migración y desarrollo va en sintonía y el Gobierno la asume, aunque reclama, de forma tímida, una flexibilización en la concesión de visados para reducir los flujos irregulares. “Los Estados son soberanos para aceptar o no la entrada de extranjeros, pero los burkineses queremos viajar para aprender y traer capital humano que ayude a desarrollarnos. Por eso, Europa debe dar más visados”, argumenta Gustave Bambara, director de política de población del Ministerio de Economía y Finanzas. El Gobierno de Níger apoya esta visión y reivindica una mayor recompensa a sus esfuerzos por aplicar sus recetas.
“Níger está haciendo lo que puede para frenar los flujos, pero si Europa sigue cerrando sus fronteras, habrá más gente descontenta de la que ya hay y esto, a la larga, no será rentable para nuestro Estado”, advierte Gogé Maimouna Gazibo, responsable de la agencia contra el tráfico de personas.
En un centro de acogida en Ouagadougou, Jimmy, de 19 años, originario de Liberia, repite una posición extendida entre quienes regresan. “Sigo queriendo ir a Europa, porque yo no quería volver a mi país. En cuanto regrese, volveré a probar la ruta de Marruecos, intentaré saltar las vallas: entrar o morir”.
▻https://especiales.eldiario.es/llaves-de-europa/sahel.html?_ga=2.228431199.379866320.1572532596-1969249460.15619
« La jeunesse algérienne a transformé notre cynisme en espoir » - CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales
►http://cqfd-journal.org/La-jeunesse-algerienne-a
Quel est ton regard sur les manifestations actuelles ?
« Pour tout avouer, je pensais qu’à la première marche du 22 février il n’y aurait pas beaucoup de monde. Les Algériens n’étaient pas sortis en 2014 après la quatrième élection de Bouteflika. La répression et l’achat de la paix sociale avaient complètement neutralisé la société. Aussi, le gouvernement jouait sur la peur en agitant le trauma de la décennie noire et, pour celles et ceux qui n’ont pas connu ces années-là, les syndromes libyen et syrien.
J’avais sous-estimé toute une nouvelle dynamique d’autonomie et de désobéissance civile, qui s’est exprimée avec le mouvement des chômeurs dans le Sud en 2013 ou encore lors les manifestations contre les gaz de schiste à Ouargla en 2015. Une sorte d’archipel extérieur aux structures de l’opposition classique – c’est-à-dire la presse privée, les partis et les syndicats.
Cette autonomisation vis-à-vis de l’État se traduit par des faits : des parents se saignent pour mettre leurs enfants dans le privé, des mosquées refusent les prêches officiels du gouvernement, des maisons d’édition osent sortir des livres qui peuvent être considérés comme “dangereux”...
Il faut aussi évoquer les anciens militants communistes et trotskystes qui continuent à former des jeunes et à faire un travail de base. Sans parler des mouvements des femmes et des militants LGBT. Même dans la sphère islamiste, il existe des mouvements intéressants. Il y avait ainsi dans le pays un ensemble de flammèches allumées depuis vingt ans et qui ont convergé après ce choc de l’humiliation. »
Qu’entends-tu par « choc de l’humiliation » ?
« En 2014, les Algériens pensaient que Bouteflika allait mourir. Ils se disaient : “Il a bien servi le pays et ramené la sécurité. S’il veut mourir président, donnons-lui ce cadeau.” Il existait un large sentiment populaire d’indulgence. Mais l’annonce du cinquième mandat a été perçue comme une humiliation insupportable. Même les pro-Bouteflika, ceux qui font partie de sa clientèle sociale, ou les plus âgés qui ont toujours voté FLN pour “la stabilité”, se sont rebellés. En effet, les Algériens, qui sont très fiers de leur image et attachés à l’incarnation d’un président fort, ont vu que les médias étrangers présentaient leur président comme un vieil incontinent, faisant de Bouteflika une marque d’indignité.
En parallèle, les cadres du FLN ou des partis proches des cercles du pouvoir ont eu des discours honteux, affirmant qu’en termes d’État social, l’Algérie était plus avancée que la Suède ou encore que Bouteflika était en pleine possession de ses moyens...
Enfin, les oligarques sont devenus trop puissants : ils ont gangrené tous les appareils de l’État, les appareils sécuritaires, les appareils juridiques, la primature. Les Algériens tiennent beaucoup à “l’État papa” qui assure la redistribution de la rente. Sauf que ces oligarques corrompus ont capté tout l’argent public et fait s’effriter le modèle social algérien. »
La décennie noire est régulièrement brandie par le régime pour opérer un chantage à la peur et un possible retour du chaos. Pourquoi cet épouvantail n’a-t-il pas fonctionné cette fois-ci ?
« Pour la jeunesse d’aujourd’hui, l’État n’a aucune légitimité à parler des années 1990 : ce ne sont pas les gouvernants et leurs enfants, alors exilés à l’étranger, qui ont subi cette sale guerre, mais bien le peuple qui a payé le prix fort. Cette génération a par ailleurs vécu la décennie noire par procuration. La mienne, celle des quadragénaires, est dans le même cas vis-à-vis de la guerre de libération. Nous n’avons pas connu les douleurs et les haines de l’époque. Mais nous avons hérité de l’idéal d’émancipation et de liberté de cette période. Les jeunes Algériens ont la même distance avec les années 1990. Ils n’ont pas connu le trauma, mais portent les leçons tirées de cette décennie. »
Quelles sont justement ces leçons ?
« D’abord de toujours faire attention aux “barbus”. S’il y a eu des marches parallèles, des prières dans la rue, ça ne prend pas pour le moment. Les Algériens s’en méfient énormément. D’autant que l’une des grandes leçons tirées des années 1990, c’est l’enjeu de la violence. C’est pour cela que le slogan “Silmiya !” (pacifique) scandé par les manifestants est très important. Les jeunes disent aux autres générations : “N’ayez pas peur, soyez avec nous dans la rue, nous n’allons pas basculer dans la violence.”
Ces immenses marches civiques et pacifiques sont là pour effacer le traumatisme des générations précédentes et neutraliser la tentation de répression de la part du pouvoir. Aujourd’hui encore, j’ai peur d’une instrumentalisation ou d’une provocation qui fasse dévier le mouvement. Surtout connaissant ce régime, car il en est capable. Au tournant des années 1990, des “individus anonymes” – en fait des barbouzes de l’État – fonçaient dans les manifestations en voiture et tiraient dans la foule... »
Comment se transmet la mémoire autour de la décennie noire ?
« Selon la version officielle de l’État, les années 1990 ont été une “tragédie nationale”, une période de l’histoire algérienne durant laquelle un groupe a utilisé la religion à des fins politiques, ce qui a mené à des assassinats et à des attaques terroristes. L’article 46 de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale empêche toute remise en question de cette version [1]. Votée en 2006, elle promeut l’amnistie pour les agents de l’État et pour les terroristes ainsi que des indemnisations pour les familles de disparus. C’est une loi qui essaie de réparer ce qui s’est passé durant ces années.
Il n’y a cependant pas d’événements officiels organisés et il existe juste un monument à Alger, qui recense les journalistes assassinés. Parce que ce sont des Algériens qui ont massacré d’autres Algériens, la position de l’État est de dire qu’il faut oublier assez vite cet épisode honteux de notre histoire. »
Comment peut-on se réapproprier cette histoire, en dehors du récit officiel ?
« Tout ce qui reste de ces années, ce sont les récits familiaux. Pas une famille algérienne n’a été épargnée. Ma propre tante, que j’ai croisée récemment lors des manifestations du vendredi, est une victime du terrorisme. Une bombe lui a explosé en plein visage lors de funérailles. Mais ça reste encore assez tabou et beaucoup de jeunes disent que leurs parents ne leur parlent jamais de cette période. Elle est pourtant profondément gravée dans notre inconscient collectif. Les attaques terroristes à Paris ont été un vrai choc en Algérie : elles ont réactivé ce que nous avions vécu durant ces années de plomb. »
« Avec la décennie noire, c’est comme si le peuple avait l’exemple absolu de ce qu’il ne faut pas faire »
« À partir des années 2000, en Algérie, il y a eu une explosion éditoriale des livres sur l’histoire de la guerre d’indépendance. Les Algériens ont été tellement surpris par la violence des années 1990 qu’ils se sont dit qu’il y avait sûrement un élément qui leur avait échappé dans leur histoire officielle, qu’ils ne se connaissaient pas assez bien. Ils sont restés sur une grande interrogation : pourquoi tant de violence ? D’où ça vient ? Il ne s’agit pas de savoir si elle est atavique. Ça, c’est le discours raciste et colonialiste. Mais de dire qu’il y a peut-être des choses que nous n’avons pas réglées entre nous et qui sont toujours là. Pour être précis, c’est l’histoire des premières années d’indépendance. À quel moment a déraillé le beau projet qu’on avait construit collectivement, un projet émancipateur, démocratique et progressiste, qui reconnaissait tous les enfants de l’Algérie, musulmans, juifs, chrétiens et athées ? Comme aurait dit l’écrivain Rachid Mimouni, auteur du Fleuve détourné (1982), grand roman sur les débuts de l’indépendance, il y a eu une puissance détournée par le parti unique et la dictature militaire, qui ont imposé que tous les Algériens soient bruns, musulmans et moustachus.
Fin 1988, après le Printemps algérien, tous les espoirs étaient à nouveau permis. Une loi sur le multipartisme a mis fin à l’hégémonie du FLN. Les communistes et les trotskystes sont sortis de la clandestinité, les islamistes sont apparus sur la scène politique et la télévision publique n’était plus sous le joug des militaires. Une période de liberté incroyable. Mais lors de la décennie 1990, toute différence est devenue un problème. Cela a été le fondement de l’intégrisme islamique : détruire tout ce qui est autre. »
Comment ne pas retomber dans ce piège ?
« Ce qui se passe en ce moment dans les marches contre le régime, ce côté non violent et joyeux très spectaculaire – nettoyage collectif des rues après les manifestations, pas de jets de pierre à l’encontre des forces de l’ordre, voire scènes de fraternisation avec les flics – affirme que contrairement aux années 1990, il est possible de faire de la politique proprement et pacifiquement.
L’État a toujours dit aux Algériens qu’ils étaient des sauvages, des incultes. Et que, quand ils essayaient de se pencher sur la politique, ils créaient du terrorisme et votaient pour des islamistes. Là, au contraire, le peuple est en train de répondre au régime. Son propos : “Vous, vous n’êtes pas aptes à faire de la politique. Or, nous savons fabriquer du politique autrement : sans violence, avec les familles qui sortent dans la rue et sans laisser les barbus faire ce qu’ils veulent.” Elle se situe là aussi, la leçon de la décennie noire. Comme si le peuple avait l’exemple absolu de ce qu’il ne faut pas faire.
Ma génération porte en elle les traces d’un monde englouti et terrible, qui nous avait poussés au cynisme. Et la puissance de la jeunesse d’aujourd’hui, c’est qu’elle a transformé notre cynisme en espoir. »
Cela fait penser à cette phrase taguée sur un mur d’Alger : « Pour la première fois de ma vie, je n’ai pas envie de te quitter, mon Algérie »...
« C’est un vrai changement d’imaginaire ! Un dessin récent du caricaturiste algérien L’Andalou montre des requins en mer Méditerranée râlant de ne plus avoir de harragas [2] à se mettre sous la dent. Autre phénomène incroyable, des jeunes franco-algériens viennent faire la marche le vendredi, et envisagent de rester définitivement ici. À leurs yeux, l’Algérie devient un pays où l’avenir est possible et non plus le bled, cette terre des parents, chiante, où rien ne fonctionne.
Paradoxalement, c’est le pouvoir qui a provoqué cela. Ce n’est pas une balle mais un obus que ce régime s’est tiré dans le pied. »
Que peut-il se passer dans les semaines à venir ?
« L’État en est réduit à attendre chaque semaine la mobilisation du vendredi pour réagir ensuite... Quant à l’armée, elle est coincée. Le chef d’état-major est lié par un serment de fidélité au Président [quelques jours après cet entretien, le général Ahmed Gaïd Salah a tout de même fini par lâcher Bouteflika, NDLR]. Mais les militaires sont aussi les garants de l’intérêt public, de l’intégrité et de la sécurité du pays. L’armée demande aux décideurs de ne pas trop tirer sur la corde, pour ne pas faire basculer le mouvement dans une ligne plus conflictuelle et véhémente. Dans un de ses derniers discours, le chef de l’armée parle de la relation exceptionnelle entre l’armée et son peuple, du fait que les deux partagent une même vision de l’avenir. C’est un dilemme terrible pour quelqu’un à ce poste. Jamais il ne donnera l’ordre de tirer sur les manifestants, ça relève de l’impossible.
Ce qui est intéressant, c’est que le rapport de force s’est inversé. Il existe une multitude de revendications issues de divers groupes sociaux ou professionnels tels que les avocats, les enseignants, les femmes, les imams, les journalistes, qui tentent de grignoter des droits, des avancées sociales et des mesures anti-corruption avant que le pouvoir ne reprenne la main d’une manière ou d’une autre. Et pour sûr, si chacun grignote de son côté, les attributs du système autoritaire d’aujourd’hui vont tomber demain. »
Propos recueillis par Mickaël Correia & Margaux Wartelle
_ La décennie noire _
Fin 1988, après les émeutes du Printemps algérien, le multipartisme est autorisé. Les islamistes s’engouffrent dans la brèche. Au premier tour des législatives de 1991, le Front islamique du salut (Fis) arrive en tête. L’armée interrompt le processus électoral. S’ensuivent plusieurs années de guerre civile entre le gouvernement et divers groupes islamistes armés. Chaque camp se rend responsable d’immenses massacres et de milliers de disparitions forcées. La guerre s’achève au début des années 2000, peu après l’arrivée au pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika, qui fait voter plusieurs lois d’amnistie.
L’État algérien reconnaît officiellement 60 000 victimes et près de 9 000 disparus, quand des estimations d’ONG évoquent quelque 18 000 disparus et jusqu’à 200 000 morts.
Edward Saïd — Wikipédia
▻https://fr.wikipedia.org/wiki/Edward_Sa%C3%AFd
Un extrait de la fiche Wikipedia sur Edward Saïd, en fait l’intégralité de ce qui est résumé à propos de ce qui reste pour beaucoup son principal ouvrage, L’Orientalisme. A peine 4 lignes pour ses thèses, 26 pour présenter les réfutations apportées à ses thèses, à commencer par Bernard Lewis... Bon, c’est quand même mieux en anglais...
En 1978, il publie son livre le plus connu, L’Orientalisme, considéré comme le texte fondateur des études postcoloniales. Il y mène une analyse de l’histoire du discours colonial sur les populations orientales placées sous domination européenne en développant quatre thèses, à savoir la domination politique et culturelle de l’Orient par l’Occident, la dépréciation de la langue arabe, la diabolisation de l’arabe et de l’islam, et la cause palestinienne. Le livre suscite des commentaires très divers, et notamment une célèbre controverse avec Bernard Lewis.
Dans un article intitulé « La question de l’orientalisme » (The New York Review of Books, 24 juin 1982), Bernard Lewis répond aux attaques visant les orientalistes, et particulièrement à celles que leur adresse Edward Saïd. Bernard Lewis estime que la démonstration d’Edward Said n’est pas convaincante. Il reproche à Said11 :
de créer artificiellement un groupe, les orientalistes, qui partageraient, en gros la même thèse, ce que Bernard Lewis juge absurde ;
d’ignorer les travaux des orientalistes du monde germanique (ce qui « n’a pas plus de sens qu’une histoire de la musique ou de la philosophie européenne avec la même omission »), pour se focaliser sur les Britanniques et les Français, et de négliger, parmi ces derniers, bon nombre d’auteurs majeurs, comme Claude Cahen ;
de préférer, souvent, les « écrits mineurs ou occasionnels » aux « contributions majeures à la science » ;
de faire commencer l’orientalisme moderne à la fin du XVIIIe siècle, dans un contexte d’expansion coloniale de la Grande-Bretagne et de la France, alors que cette science émerge au XVIe siècle, c’est-à-dire au moment où l’Empire ottoman domine la Méditerranée ;
d’intégrer dans son analyse des auteurs qui ne sont pas de vrais orientalistes, comme Gérard de Nerval ;
de commettre une série d’entorses à la vérité et d’erreurs factuelles, notamment quand Edward Said accuse Sylvestre de Sacy d’avoir volé des documents et commis des traductions malhonnêtes (« Cette monstrueuse diffamation d’un grand savant est sans un grain de vérité »), ou lorsqu’il écrit que les armées musulmanes ont conquis la Turquie avant l’Afrique du nord (« c’est-à-dire que le XIe siècle est venu avant le VIIe ») ;
de faire des interprétations absurdes de certains passages écrits par des orientalistes, notamment par Bernard Lewis lui-même ;
d’utiliser deux poids, deux mesures : « les spécialistes soviétiques, en particulier quand ils traitent des régions islamiques et d’autres régions non européennes de l’Union soviétique, se rapprochent le plus — beaucoup plus que tous ces Britanniques et ces Français qu’il condamne — de la littérature tendancieuse et dénigrante, qu’Edward Said déteste tant chez les autres » ; or Said ne mentionnerait jamais les thèses contestables d’auteurs russes.
Edward Saïd écrit alors une lettre à la New York Review of Books, publiée avec une réplique de Bernard Lewis12.
Deux ans avant cette controverse, Jean-Pierre Péroncel-Hugoz avait publié dans Le Monde un compte-rendu de lecture recoupant certaines critiques de Bernard Lewis, en particulier le mélange fait entre des savants et des écrivains de fiction (« L’une des principales faiblesses de la thèse d’Edward Saïd est d’avoir mis sur le même plan les créations littéraires inspirées par l’Orient à des écrivains non orientalistes, dont l’art a nécessairement transformé la réalité, et l’orientalisme purement scientifique, le vrai. »), la focalisation excessive sur des aspects secondaires dans l’œuvre de certains orientalistes, et l’omission de nombreux spécialistes (Jean-Pierre Péroncel-Hugoz donne une liste, dans laquelle se trouvent Antoine Galland, Robert Mantran et Vincent Monteil)13.
Tout en se déclarant d’accord avec Edward Saïd sur certains points importants, comme la définition du terme orientalisme, le philosophe Sadek al-Azem a conclu pour sa part, que le livre manquait trop de rigueur pour être vraiment concluant : « chez Saïd, le polémiste et le styliste prennent très souvent le pas sur le penseur systématique14. » Malcolm Kerr, professeur à l’université de Californie à Los Angeles puis président de l’université américaine de Beyrouth a porté une appréciation assez similaire sur l’ouvrage : « En accusant l’ensemble de la tradition européenne et américaine d’études orientales de pécher par réductionnisme et caricature, il commet précisément la même erreur15. »
INFOGRAPHIE - Le commerce extérieur de l’Union européenne en chiffres
▻https://www.la-croix.com/Economie/Economie-et-entreprises/INFOGRAPHIE-Le-commerce-exterieur-lUnion-europeenne-chiffres-2019-04-01-12
L’Union européenne a conclu 42 accords commerciaux sous différentes formes avec 70 pays tiers, si bien que les trois quarts des importations de l’UE sont exonérées de droits de douane ou bien soumises à des droits réduits. Parmi ces partenaires figurent les pays voisins des Balkans ou de la Méditerranée, ainsi que les 48 pays les moins avancés.
Mediterraneo
#tourisme #Méditerranée #mourir_en_mer #mer_Méditerranée #cimetière #dessin #caricature #dessin_de_presse #morts #décès #collision #migrations
En citant @reka :
Petit #crash de deux mondes qui n’auraient jamais dû se rencontrer.
source : ►https://visionscarto.net/la-mediterranee-plus-loin
v. aussi mon billet sur @visionscarto sur le campement à #Côme :
Touristes et migrants : collision en gare de Côme
Fil de discussion devenu une sorte de #métaliste...
D’autres images/documents qui donnent à voir ces points de collisions ?
Vos idées, sont les bienvenues... pour un futur billet @visionscarto, @reka ?
La photo d’une tourisme en maillot sur une plage réconfortant un migrant naufragé.
Oui, celle-ci est citée via le billet de @reka, où l’on peut citer aussi sa carte:
Mais, justement, je voulais voir si les seenthisien·nes en ont en tête d’autres...
« Invisibiliser les migrants, pour visibiliser une région de tourisme »
C’est les mots prononcés par Sarah Bachellerie lors d’une session des Rencontres de géopolitique critique :
▻http://blog.modop.org/post/2019/03/Discussion-D%C3%A9sert-%E2%80%93-Mer-%E2%80%93-Montagne-%3A-la-construct
Elle se réfère à ce qu’elle a observé à Briançon.
#Briançonnais, des #migrants croisent des #skieurs dans une vidéo publiée par Internazionale :
Dans cette vidéo, un migrant dit (2’21) :
« C’est impressionnant de voir de près... marcher dans les montagnes... c’est quand même beau. On fait un peu comme les touristes... des #touristes_migrants ».
Son compagnon de route rebondit :
« Nous sommes des touristes et clandestins au même temps »
Brochure de Tous Migrants : "Dans nos #montagnes, le #jour et la #nuit :
La série #Eden (Arte) commence par un clash entre touristes et migrants sur l’île de #Chios en #Grèce :
Des migrants accostent sur une plage espagnole sous le regard des touristes
Une patrouille aura tenté d’empêcher le bateau pneumatique de rejoindre le rivage. En vain.
Le quotidien des migrants a rencontré celui des touristes sur cette plage espagnole
Le contraste entre les deux réalités est saisissant.
▻https://www.huffingtonpost.fr/2017/08/10/le-quotidien-des-migrants-a-rencontre-celui-des-touristes-sur-ce_a_23
On Greek island, tourists come for the sun and stay to help refugees
2. The Canary Islands was still one of the main destinations for African migrants two years later. By this stage the boats were often leaving from Mauritania or even Senegal, instead of Morocco - a perilous journey across 1,000km of the Atlantic. Many people arrived starving and dehydrated. This photograph taken on #Tenerife's #La_Tejita beach shows tourists trying to help a young boy, and earned #Arturo_Rodriguez a World Press Photo award in 2007.
▻https://seenthis.net/messages/783370
#photographie #îles_Canaries
Et sur comment les #réfugiés ont refait naître l’#économie_touristique, notamment en #Italie.
Dans les #Apennins :
▻https://seenthis.net/messages/743591
Les #touristes qui viennent en aide aux migrants débarqués sur les #îles_grecques :
►https://seenthis.net/messages/396244
▻https://seenthis.net/messages/388662
#solidarité #Lesbos
Comment les touristes sont gênés pendant leurs vacances sur les îles grecques...
▻https://seenthis.net/messages/374957
▻https://seenthis.net/messages/379750
Ou comment ils ruinent l’#image de la ville de #Calais... qui peine ainsi à attirer des touristes...
▻https://seenthis.net/messages/367319
Les migrants, les nouveaux clients des commerces de #Lesbos... à la place des touristes...
Comment les commerçants de #Lesbos se sont adaptés à la crise des migrants
▻https://seenthis.net/messages/459482
#adaptation
Un centre touristique transformé en camps de réfugiés en Grèce...
La Une du Figaro Magazine (mai 2019) :
Quand les touristes se confrontent, sur les avions, aux #renvois_forcés...
Des touristes font capoter le renvoi forcé d’un homme
▻https://seenthis.net/messages/517764#message687481
#expulsions #avion
lien vers la métaliste sur la résistance aux renvois forcés :
►https://seenthis.net/messages/725457
#Croatie : dans les #montagnes, la police traque les #réfugiés
Le samedi 15 juin, un groupe de randonneurs arrive au #refuge de Risnjak, dans le but d’y passer la nuit avant d’entamer le lendemain l’ascension du sommet. Mais à l’entrée du refuge, ils tombent sur une scène inattendue : un fusil automatique trône sur une table et deux membres des forces spéciales discutent avec la gérante du refuge. Ils sont là pour la « protéger des réfugiés », explique-t-elle. Cet hiver, certains seraient entrés par effraction dans le refuge et l’auraient « dévasté ». Pourtant, on ne voit nulle trace de dégradation, pas la moindre fenêtre cassée. Les malheureux étaient simplement à la recherche de chaleur et de nourriture.
Témoignage d’un bénévole de l’association Refugee Rescue (▻https://www.facebook.com/RefugeeRescueUK), reçu par email d’une collègue le 4 juillet 2019, amie du bénévole...
Notre plus grosse intervention a eu lieu il y a deux jours. On est sortis en mer à 5h, comme tous les matins. A 6h30 on est prévenus par nos spotters qu’un bateau est en approche à 3NM. On trace pleine balle. À 2 NM de l’objectif on reçoit un appel d’un bateau frontex portugais en contact avec le bateau nous disant que les réfugiés ne veulent pas s’arrêter et qu’ils comptent sur nous pour les faire stopper. Quand on arrive on découvre un petit bateau avec 13 réfugiés (5 enfants) accroupis dedans fonçant vers le rivage (1 NM). Le pilote porte une capuche et refuse tout contact visuel avec nous. on peut lire la panique dans les yeux des gens. On sourit, leur parle en farsi pour leur dire de s’arrêter mais ils refusent. Les portugais perdent patience et coupent la route au bateau, qui esquive. Ils lancent un bout sur le bateau, les réfugiés le rejettent à l’eau et il se prend dans leur hélice, stoppant net le bateau. A partir de là tout part en sucette. Un gamin se lève, sort un tournevis et crève le bateau, qui commence à s’affesser à bâbord. Les portugais s’approchent et avant qu’ils puissent réagir plusieurs réfugiés sautent sur leur bateau, déstabilisant leur bateau à eux qui commence à se retourner sur les autres, tombés à l’eau. On s’approche suffisamment pour que je puisse attraper le bord tribord et en donnant tout ce que j’ai, retourner à la force du poignet le bateau. Les bagages tombent en cascade sur les personnes dans l’eau, accrochés désespérément les uns aux autres. Un garde portugais réussi à en attraper plusieurs pendant qu’on dégage leur bateau pour pouvoir nous approcher. Il reste un couple, la femme est maintenue en l’air par un policier qui la tient par son foulard pendant que son mari dans l’eau est agrippé à elle. Ils sont maintenus à bout de bras contre la coque par le garde portugais, à bout de force. On s’approche suffisamment pour que le garde puisse lâcher et le couple se retrouve à l’eau entre nos deux bateaux, proches de moins d’un mètre, avec un clapot travers de 1m. Je me penche par dessus bord, les yeux plongés dans ceux terrifiés de la femme. J’attrape l’homme pendant qu’un garde portugais attrape la femme. L’homme s’accroche désespérément à notre bateau mais lutte pour ne pas être séparé de sa femme. On se met à 3 pour le décrocher et le hisser à bord. Il s’évanouit immédiatement. Il respire, on le met en PLS. Je m’occupe de lui et il fini par reprendre connaissance. Il est totalement paniqué et cherche sa femme. Il vomit plusieurs fois. On le calme en lui montrant sa femme et son fils à bord du bateau Portugais,on l’hydrate et le couvre et on le réconforte jusqu’à ce qu’on arrive au port. On les débarque tous,les gardes côtes et la police arrivent, prennent des photos du gamin au tournevis et du pilote. Notre équipage a droit à un contrôle d’identité. Le maire du village arrive en hurlant parce qu’on a ramené les réfugiés à skala et que ça nuit au tourisme. La police embarque les réfugiés. La vie du village reprend son cours. On fait un point rapide entre nous pour débriefer cette situation qui aurait pû dégénérer salement. On partage notre ressenti sur cette détresse immense chez les réfugiés et la violence des situations qu’ils traversent, qui les amène à des extrémités aussi folle que crever leur propre bateau (en discutant avec l’ancien du groupe à l’arrivée on a découvert qu’ils avaient tous pour consigne de ne faire confiance à personne).
Vous trouverez ici une vidéo de l’intervention, filmée depuis mon casque :
▻https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=2293692884031482&id=1206400986094016
J’ai ajouté à cette liste à cause de cette réaction du maire :
Le maire du village arrive en hurlant parce qu’on a ramené les réfugiés à skala et que ça nuit au tourisme.
Quand les hôtel sont ré-utilisés pour accueillir ou squattés des migrants...
#Porto_Recanati, #Hotel_House :
Le #City_Plaza à #Athènes :
#Hotel_Porin, à #Zagreb (#Croatie) :
La polémique en Italie, migrants hébergés dans des hôtels de luxe... (well...) :
▻https://seenthis.net/messages/792321
Et la décision de la #Ligurie de ne pas subventionner les hôtels qui hébergent des migrants :
▻https://seenthis.net/messages/792326
–---------
Autres hôtels auxquels je pense
Hotel à #Obrenovac, en #Serbie :
Suite à venir... voir aussi ci-dessous dans le fil de discussion
Un peu comme la photo du golf... Mais là c’est Paris.
reçue via une doctorante, Annaelle Piva
Refugees meet Tourists on the Island of All Together
An award-winning short video about Europeans meeting with new Syrian refugees one-on-one in front of a camera is both light-hearted and serious — a humanist view of the crisis.
▻https://www.lensculture.com/articles/marieke-van-der-velden-refugees-meet-tourists-on-the-island-of-all-toge
#vidéo #court-métrage #film
« Ces migrants qui gâchent nos vacances » : l’indécence à son comble
▻https://www.levif.be/actualite/europe/ces-migrants-qui-gachent-nos-vacances-l-indecence-a-son-comble/article-opinion-1165895.html?cookie_check=1563194141
"Vendredi dernier (12 juillet), RTL-TVI a diffusé, au journal télévisé, une séquence intitulée « Une touriste belge découvre des cadavres sur une plage de Djerba » et présentée de la façon suivante : « Un début de vacances raté pour Charlotte. La Liégeoise venait d’arriver à Zarzis, en Tunisie, et elle a découvert un cadavre sur la plage ». Au cours du reportage, on comprend que ce sont des corps de migrants échoués sur la plage qui sont en cause : ils viennent gâcher les vacances d’une touriste belge, qui demande à changer d’hôtel.
signalé par @reka, que je remercie en passant...
Témoignage d’une nuit à la frontière franco-italienne : la solidarité face à la déshumanisation des exilé.e.s
Dès notre arrivée à #Montgenèvre, le #paradoxe de cette frontière nous saute aux yeux. Une #frontière à la fois invisible et floue ; étendue et poreuse. Invisible et floue car on ne sait jamais exactement où l’on se trouve par rapport à elle. Là, sommes-nous en France ? Et ici, en Italie ? Les glisseurs de la station slaloment avec la frontière, évoluant entre les arbres sans se soucier de savoir si celui-ci est un sapin italien et celui-là un pin français, s’ils foulent la poudreuse de #Clavière, premier village italien après la frontière, ou de Montgenèvre, dernier village français avant la frontière. Etendue et poreuse car les contrôles dits « frontières » peuvent s’étendre sur des dizaines de kilomètres et prennent différentes formes. Ces contrôles se matérialisent par le local de la police aux frontières (PAF), une présence massive des forces de l’ordre et des vrombissements de motoneiges. Ils donnent lieu à des violations quotidiennes des droits, à des humiliations, des violences verbales et physiques. Et cela, depuis près de trois ans.
(...)
Une frontière paradoxale donc, aux bords de laquelle l’insouciance des loisirs se mêle à une réalité innommable qui demeure impunie.
(...)
Le lendemain matin, quelques heures plus tard à peine, le soleil irradie de nouveau la station de ski de Montgenèvre. Les skieurs, sans conscience des événements de la nuit, slaloment de nouveau entre les arbres, balayant ainsi les dernières traces des scènes nocturnes laissées dans la neige. Tout cela a-t-il vraiment eu lieu ? Ces scènes étaient-elles réelles ? Oui. Elles sont même quotidiennes. Pourtant, elles sont insoutenables, presque impossible à raconter et ne peuvent être rationnalisées.
►https://www.humanite.fr/temoignage-dune-nuit-la-frontiere-franco-italienne-la-solidarite-face-la-de
The Gilets Noirs Are in the Building
Paris’s tourist economy relies on a hidden army of undocumented migrants. But these workers are no longer happy to remain in the shadows — and their protests for regular status are drawing inspiration from the gilets jaunes.
Ce commentaire de l’auteur de l’article en lien avec l’utilisation par Frontex d’un zeppelin en Mer Egée pour surveiller les frontières...
PS I suppose, tourists will be cheered to have their vacation activities monitored by a plastic Big Brother. Not?
Le cauchemar de trois touristes sud-américaines en centre de rétention près de #Rouen
Et ça... que celleux qui ont fait des vacances en Italie connaissent...
Les #vendeurs_ambulants sur les plages. Quand j’allais en vacances en Italie avec ma famille (il fut un temps...), c’était surtout des Sénégalais... qu’en Italie on surnommait (surnomme ?) « #Vu_cumprà » (terme méprisant qui imite l’accent des vendeurs qui répètent comme une litanie « est-ce que tu veux acheter ? » —> « Vuoi comperare ? », en italien —> devenu « Vu cumprà ? »
Il y a même une page wiki #vucumprà :
▻https://it.wikipedia.org/wiki/Vucumpr%C3%A0
J’ai pensé à cela en voyant passer cet article ce matin sur twitter...
Italy’s Politics Go to the Beach
For decades, immigrant peddlers have been part of the familiar fabric of the Italian summer vacation. It’s no longer so simple.
▻https://www.nytimes.com/2019/09/01/world/europe/italy-migrants-beaches.html
Flexibiliser le travail et produire des vies illégales
« Les Etats font exprès de ne pas délivrer des papiers à tout le monde pour que d’autres puissent exploiter les sans-papiers dans des conditions difficiles, sur certains chantiers ou dans les sites touristiques de ski en montagne, ou dans les travaux de ménage. »
Ce #fonds_d'investissement qui prospère... sur l’#hébergement de migrants aux frais de l’Etat
"Plus d’un tiers des places #AT-SA et #HUDA au niveau national (36%) sont des chambres d’hôtel."
Fin 2018, le ministère de l’Intérieur a rappelé aux préfets l’objectif de réduction des nuitées hôtelières « qui ne permettent pas un accompagnement satisfaisant du demandeur d’asile », demandant donc de « favoriser leur transformation en d’autres modalités d’hébergement »
p.174 de ce rapport :
Le Rapport annuel 2019 sur l’asile en France et en Europe
▻https://www.forumrefugies.org/s-informer/publications/rapports/330-le-rapport-annuel-2019-sur-l-asile-en-france-et-en-europe
#France
Citation tirée du livre «Stranieri residenti. Una filosofia della migrazione» de Donatella Di Cesare (2017, p.110):
La chiusura della rotta balcanica ha avuto effetti immediati, che non sarebbe stato difficile immaginare. Chi era intrappolato a Est, ha cercato una via d’uscita; a chi era ancora fuori dai confini europei non restava che la via del mare. Molti siriani e curdi sono andati raccogliendosi sulle coste turche nella speranza di trovare un passaggio per le vicine isole greche, avvistabili da costa a costa. I trafficanti sono stati assidui e zelanti nel predisporre le traversate con barche piccole, capaci di dissimularsi con facilità. Per filmare gli sbarchi l’occhio delle telecamere si è spinto talvolta fin là, dove le vacanze dei turisti venivano disturbate dall’irruzione di naviganti provenienti dall’universo incomprensibile delle guerre orientali.
Et page 116:
Il turista e il profugo, persino l’uno accanto all’altro, sulla stessa spiaggia, sono le due figure emblematiche in cui il Mediterraneo è scisso. Il contrasto non potrebbe essere più stridente. (...) Imponenti navi da crociera scaricano ogni giorno turisti animati dal bisogno compulsivo del consumo, mentre gommoni pericolanti, «carrette del mare», perdono parte della loro zavorra negli abissi. Banalità e sciagura si rincorrono sulle onde, lasciando scie di rifiuti, relitti alla deriva, per un verso plastica e lattine, per l’altro scarti umani.
Il paragone con i turisti mostra tutta l’ambivalenza che la frontiera riserva. Figura speculare a quella del migrante, il turista, lontano dall’antica idea del viaggio ormai in rovina, si muove spinto sia dall’esigenza del consumo – consumo di luoghi, di paesaggi, di musei ecc. – sia dal bisogno del confort, collezionando mete in attesa del meritato ritorno. Gode di un’extraterritorialità, in senso inverso a quello del migrante. Soggiorna in un grande resort, o in un villaggio turistico, al fine di preservarsi da ogni rischio; l’altro non gli interessa, né intende mettere a repentaglio la propria identità. Viaggia, ma è come se non viaggiasse, perché non fa un passo oltre sé.14 Per il turista, che spende per viaggiare, e viaggia per spendere, le frontiere si aprono rapidamente. Il contrario avviene per il migrante che guadagna per viaggiare, e viaggia per guadagnare. Per lui le frontiere si chiudono. (p.212)
Reçu via la mailing-list de Inicijativa dobrodosli, le 28.10.2019 :
Avec ce commentaire :
#Welcome_to_Croatia and #Croatia_Full_of_Torture – using the language of tourist slogans, are the latest #billboards set up in #Cista_Provo municipality, where artists have intervened in public space for more than a decade through billboards, highlighting various social issues.
Billboards were put up at this location, not far from the Croatian border with Bosnia and Herzegovina, a few days after the European Commission announced that Croatia had fulfilled the conditions to join the Schengen area. “People who are beaten up and insulted every day, people who truly know pain, hunger, and fear, speak much more accurate about our country than the worn-out tourist slogans,” said the activists behind the action.
In the name of joining Schengen, Croatia has normalized and institutionalized #violence, which remains unacceptable. Illegal pushbacks and incarceration of refugees and migrants, and police violence, abuse, and torture of individuals and groups, men and women, adults and children have been reported for years. With this action, we declare that we will never accept this (as) reality. We will never believe the police lies and their unconvincing press releases.
With these billboards, we declare that the truth of refugees and migrants who are exposed to police repression daily is more powerful and louder than your batons, beacons, and prison cells. People who are beaten up and insulted every day, people who truly know pain, hunger, and fear, speak much more accurate about our country than the worn-out tourist slogans. They speak of repression that knows no boundaries, of violence that spills over on all „others”, of violence that attacks women and girls, intimidates transgender and queer people, insults lesbians and gays, hates Serbs and Roma people, starves workers, crushes the poor and homeless, persecutes activists and journalists, beats up anti-fascists and libertarians. Not in our name!
Citation tirée du livre «Stranieri residenti. Una filosofia della migrazione» de Donatella Di Cesare (2017, p.152):
Schütz scorge la novità della «crisi», coglie l a differenza tra il turista, spettatore distaccato, e lo straniero che dovrà stabilirsi, vede l’esigenza di una traduzione da un modello culturale all’altro , cammino per nulla ovvio, dato che il nuovo paese più che un rifugio, è un campo d’avventura per l’immigrato.
►https://www.bollatiboringhieri.it/libri/donatella-di-cesare-stranieri-residenti-9788833927350
Graffiti vu à Athènes, le 07.07.2019 :
Immigrants welcome, tourists fuck off
#Refugees and #migrants that were brought to Paralimni Giannitsa in #Greece by buses to be housed in local #hotels, were blocked by locals
▻https://twitter.com/BrunoTersago/status/1190944723621568512
Source :
Έστησαν « μπλόκο » για να διώξουν τους πρόσφυγες
Επεισόδια δημιούργησαν τις πρώτες πρωινές ώρες στην Παραλίμνη Γιαννιτσών στον νομό Πέλλας, κάτοικοι της περιοχής, με αφορμή την άφιξη στην περιοχή λεωφορείων που μετέφεραν πρόσφυγες και μετανάστες.
Συγκεκριμένα, περίπου 30 άτομα συγκεντρώθηκαν στο σημείο που θα έφταναν δύο τουριστικά λεωφορεία που μετέφεραν περίπου 100 με 150 πρόσφυγες και αποπειράθηκαν να « μπλοκάρουν » την εγκατάστασή τους σε ξενοδοχείο.
Στην αρχή τα λεωφορεία αποχώρησαν από το σημείο, ωστόσο στη συνέχεια προσέγγισαν το ξενοδοχείο από παράδρομο και οι πρόσφυγες κατάφεραν να εγκατασταθούν.
Οι συγκεντρωθέντες αποχώρησαν φωνάζοντας συνθήματα κατά των προσφύγων ενώ λίγο νωρίτερα είχαν αναρτήσει πανό με το ρατσιστικό σύνθημα : « Απελάστε τους λαθραίους μετανάστες από την Ελλάδα. Κλείστε τα σύνορα. Αλληλεγγύη στους Έλληνες ».
Οι κάτοικοι μετέβησαν στο αστυνομικό τμήμα προκειμένου να υποβάλουν μήνυση κατά παντός υπευθύνου, καθώς υποστήριζαν πως δεν είχαν ενημερωθεί για την άφιξη των προσφύγων και μεταναστών.
Αντίστοιχο περιστατικό σημειώθηκε και στις Σέρρες. Λίγο πριν τις 3 τα ξημερώματα, κάτοικοι συγκεντρώθηκαν στον κάθετο άξονα της Εγνατίας Οδού.
Ένα λεωφορείο που μετέφερε πρόσφυγες σε ξενοδοχείο, στην περιοχή του Σιδηροκάστρου, αναγκάστηκε να σταματήσει πριν τα διόδια και, όταν οι ντόπιοι αποχώρησαν, συνέχισε την πορεία του για τον τελικό προορισμό του.
▻https://tvxs.gr/news/ellada/estisan-mploko-gia-na-dioksoyn-toys-prosfyges
Uz granicu s BiH postavljeni jumbo plakati Dobrodošli u Hrvatsku – Hrvatska puna mučenja
Dobrodošli u Hrvatsku i Hrvatska puna mučenja – Welcome to Croatia i Croatia full of torture, najnoviji su jumbo plakati postavljeni u Cisti Provo, na mjestu na kojem umjetnici više od desetljeća kroz jumbo plakate interveniraju u javni prostor i propituju društvene probleme. Plakati su u ovom mjestu nedaleko od granice s BiH podignuti nekoliko dana nakon što je Europska komisija objavila da Hrvatska ispunjava uvjete za ulazak u Schengenski prostor. “Ljudi koji svakodnevno trpe udarce, uvrede i psovke, koji poznaju bol, glad i strah, govore vjerodostojnije o našoj zemlji od izlizanih turističkih slogana”, poručuju aktivistkinje koje stoje iza akcije.
Priopćenje aktivstkinja prenosimo u cijelosti:Ljudi koji svakodnevno trpe udarce, uvrede i psovke, koji poznaju bol, glad i strah, govore vjerodostojnije o našoj zemlji od izlizanih turističkih slogana
“U ime ulaska u Schengen u Hrvatskoj je normalizirano i institucionalizirano nasilje, a to je nedopustivo. Godinama se izvještava o nezakonitim protjerivanjima i zatvaranjima izbjeglica i migranata, o policijskom nasilju, zlostavljanju i mučenju kojem su izloženi pojedinci i grupe, muškarci i žene, odrasli i djeca.
Ovom akcijom želimo poručiti da nikad nećemo pristati na takvo stanje stvari. Nikada nećemo povjerovati policijskim lažima i neuvjerljivim priopćenjima.
Jumbo plakatima poručujemo da je istina izbjeglica i migranata koji su svakodnevno izloženi policijskoj represiji snažnija i glasnija od vaših pendreka, rotirki i ćelija. Ljudi koji svakodnevno trpe udarce, uvrede i psovke, koji poznaju bol, glad i strah, govore vjerodostojnije o našoj zemlji od izlizanih turističkih slogana.
Govore o represiji koja ne poznaje granice, o nasilju koje se prelijeva i na nas druge, o nasilju koje napada žene i djevojčice, zastrašuje transrodne i queer osobe, vrijeđa lezbijke i gejeve, mrzi Srbe i Rome, izgladnjuje radnice i radnike, mrvi siromašne i bezdomne, proganja aktiviste i novinare, mlati antifašiste i slobodare. Ne u naše ime!”
Za više informacija o policijskom nasilju na granicama, aktivistkinje mole da se kontaktira: Davor Božinović, telefon: 00 385 1 6122 129, telefaks: 00 385 1 6122 405, email: pitanja@mup.hr, policija@mup.hr.
Commentaire de Inicijativa dobrodosli, mail du 06.11.2019 :
Not far from the border with Bosnia and Herzegovina, in the town of #Cista_Provo, billboards were put up this week with slogans Welcome to Croatia and Croatia full of torture. The activists behind this campaign say that “people who suffer physical and verbal abuse on a daily basis, who know pain, hunger and fear, speak more credibly about our country than worn out tourist slogans.” Artists have been questioning social issues through billboards in the town of Cista Provo for more than a decade, with the current campaign appearing just a few days after the European Commission gave Croatia the green light to enter Schengen.
Commentaire reçu via la mailing-list Migreurop :
The irony of travel giant #Airbus profiting from border walls (!!!)
Le commentaire fait référence à ce rapport sur les murs :
The Business of Building Walls
Thirty years after the fall of the Berlin Wall, Europe is once again known for its border walls. This time Europe is divided not so much by ideology as by perceived fear of refugees and migrants, some of the world’s most vulnerable people.
Citation tirée du livre «Stranieri residenti. Una filosofia della migrazione» de Donatella Di Cesare (2017, p.217):
««Documenti!» La richiesta appare del tutto ovvia nell’epoca attuale. Di solito è la polizia a domandare le generalità. Lo straniero che arriva viene identificato alla frontiera. «Perché è qui?» «Per quanto tempo?» «Nome e indirizzo dell’albergo in cui soggiornerà!?» Non è detto, peraltro, che non venga fermato, se non addirittura respinto. A ben guardare la richiesta, che mina già al fondo ogni ospitalità, è la conferma che chi viaggia è «fuori posto», non è lì dove era stato assegnato. Il che non costituisce un problema, se lo spostamento è temporaneo, come avviene per il turista, per il manager, per lo studente. Diventa invece una difficoltà insormontabile per il migrante.»
►https://www.bollatiboringhieri.it/libri/donatella-di-cesare-stranieri-residenti-9788833927350
Requérants d’asile aux Mayens de Chamoson : mon rêve c’est la paix
Ils viennent de Syrie, du Sri Lanka, d’Erythrée ou encore de Géorgie. Une cinquantaine de familles de réfugiés et de requérants d’asile ont été placées pour des séjours de plusieurs semaines au « Temps de vivre », une ancienne auberge des #Mayens_de_Chamoson transformée par le canton du Valais en lieu de vie et de formation. C’est là que la mini radio ambulante « Caravane FM » a monté son antenne pour recueillir les témoignages et les instants de vie de ces migrants qui tentent de reconstruire leur existence et de réaliser leur rêve : celui de la paix. Reportage touchant qui donne la parole aux personnes venues chercher refuge en Suisse.
▻https://www.rts.ch/play/tv/caravane-fm/video/requerants-dasile-aux-mayens-de-chamoson-mon-reve-cest-la-paix?id=10878138&start
▻https://seenthis.net/messages/812254
Tourists in #Gran_Canaria are left stunned as 24 migrants including three children and a pregnant woman in a rickety boat land on popular beach on the holiday isle
#Hotel_Sedra, en #Bosnie, utilisé comme centre pour demandeurs d’asile :
L’hotel est situé à #Cazin, en #Bosnie-Herzégovine :
Voir aussi le #film #Il_rifugio, tourné dans un centre pour demandeurs d’asile dans les #Alpes italiennes :
Il Rifugio (2012) retrace la vie suspendue de 116 de ces migrants, hébergés pendant plus de quatre mois dans un #hôtel solitaire sur le sommet des Alpes italiennes. Isolés du reste du monde, ils vivent dans l’attente de savoir s’ils seront expulsés ou enfin reconnus, alors que l’hiver est à venir.
Hotel Berlin, Sjenica
#Sjenica was set up as a temporary centre in the former #Hotel_Berlin to accommodate an increased number of asylum-seekers in Serbia in August 2013. Later on, in March 2017, the former textile factory Vesna was added to the Asylum Centre. The old Hotel Berlin, with inadequate conditions and collective dormitories in the hall, was closed in July 2018. The centre in Sjenica is now located only in the former factory Vesna, downtown Sjenica, that can take up to 250 persons in 27 rooms. According to the management of the centre, the ongoing reconstruction works are to extend its capacity by an additional 160 places. An average of 150 persons per day stayed in this centre in the course of the first eleven months of 2018. According to the latest information of November 2018, children comprised 93% of the residents of the centre, the majority of them being unaccompanied. The principle of family unity is observed at placement, so the families are always accommodated together.
▻https://www.asylumineurope.org/reports/country/serbia/conditions-reception-facilities
#Serbie
Et une photo signée Alberto Campi à l’intérieur de l’Hotel Berlin :
“I hadn’t been sure what to bring with me from Iran. I really didn’t have anything of any value.
My lot in life after thirty years /
After thirty years of trying my best in that dictatorship /
After thirty years struggling within that theocracy known as Iran /
After thirty years my lot in life was nothing /
What else could I have taken with me besides a book of petry?
I had wanted to exit the gates of Teheran airport not carrying anything with me. But I was afraid of the officers. Without a doubt they would have asked why this skinny lad, going overseas, was taking nothing with him. So I brought a backpack and filled it with a bunch of old newspapers and a few sets of worthless clothes. I departed the airport looking like a tourist. I honestly didn’t have a thing that was worth even a cent. If it weren’t for my fear of the officers, I would have left like an empty-handed vagbond.
I was probably the lightest traveller in the history of all the world’s airports. It was just me, the clothes on my back, a book of poetry, a packet of smokes, and my manhood.
Now I am metres away from completing my long, arduous journey. I have my soaking wet boo of poetry in my hands. I have lost my shoes, and my clothes are full of thousands of holes.”
Citation tirée du livre de #Behrouz_Boochani, No friends but the mountains:
L’inteview de deux réfugiés syriens qui expliquent comment ils arrivent à quitter un aéroport en Grèce (je ne sais plus lequel) en se faisant passer par des touristes espagnols...
"Metal syrien en exil"
Evakuiert die griechischen Inseln - jetzt!
Récemment, l’Initiative européenne pour la stabilité a publié un plan concret à cet effet. 35 000 migrants devraient maintenant être amenés des îles vers le continent. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) y construit actuellement trois camps pour plusieurs milliers de migrants. Cinq autres camps temporaires pourraient accueillir 10 000 migrants supplémentaires. Selon l’OIM, ces travaux pourraient être achevés en moins de deux semaines.
10 000 autres personnes pourraient être hébergées dans des #hôtels vides sur le continent. Il s’agit également d’une solution provisoire viable compte tenu de l’effondrement du tourisme. Des fonds européens sont disponibles pour cela. En Grèce, quelque 7 000 personnes sont déjà hébergées dans des hôtels.
–-> traduction de l’allemand:
Vor Kurzem veröffentlichte die Europäische Stabilitätsinitiative einen konkreten Plan dazu. 35.000 Migranten müssten jetzt von den Inseln auf das Festland gebracht werden. Die Internationale Organisation für Migration (IOM) baut dort derzeit drei Lager für einige Tausend Migranten. Fünf weitere provisorische Lager könnten weitere 10.000 Migranten beherbergen. Laut IOM wären diese innerhalb von weniger als zwei Wochen fertigstellbar.
Weiter 10.000 Menschen könnten in leeren Hotels auf dem Festland untergebracht werden. Auch das ist angesichts des Zusammenbruchs des Tourismus eine praktikable Übergangslösung. Europäische Gelder dafür gibt es. Bereits jetzt sind etwa 7.000 Menschen in Griechenland in Hotels untergebracht.
Dans les #Alpes, face au #coronavirus, mettre les migrant·es à l’abri
Alors que les #Hautes-Alpes regorgent d’#infrastructures_touristiques inutilisées pendant la période de #confinement, aucune #mise_à_l’abri préventive n’a été décidée pour les 120 personnes précaires du département. Malgré tout, les associations s’organisent et ripostent.
(...)
« On pourrait limiter le risque contamination de ces publics précaires en leur offrant un hébergement préventif, regrette Carla Melki. Dans les Hautes-Alpes, on parle de 120 personnes à héberger. Dans un département où il y a d’énormes infrastructures touristiques qui ne sont plus utilisées, la possibilité de mettre à l’abri paraît plutôt facile. »
#Voyageurs_internationaux ou immigrants, le virus ne fait pas la différence
Une fermeture prophylactique des frontières ciblée sur les seuls migrants (européens ou non), n’aurait donc aucun sens, vu leur part minime dans l’ensemble des entrées. Dans notre imaginaire, fermer les frontières, c’est d’abord les fermer aux migrants. Mais le covid-19 se moque de cette distinction ; il se propage d’un pays à l’autre via les voyageurs de toute sorte, sans se demander s’ils sont migrants.
Les enfants invisibles de #Haraldvangen
Alentour, le paysage lui donne raison. Nous sommes à une heure d’Oslo, dans un décor enneigé de vacances à la montagne. Haraldvangen, ancienne #colonie_de_vacances entourée de sapins, fait face à un lac bleu étincelant. Ici, des générations de petits Norvégiens ont skié et nagé, étés et hivers durant. Mais depuis deux ans, la grande bâtisse de bois ne résonne plus des rires des enfants. Fin décembre 2017, le gouvernement norvégien a fermé le bâtiment à double tour, installé un feu rouge derrière la porte, fait enlever les poignées des fenêtres pour transformer la colo en bunker. Haraldvangen est devenu la première « #unité_familiale » du pays, un mot fleuri pour désigner un #centre_de_détention pour #mineurs migrants et leurs parents.
Asylum seekers’ lives ‘put at risk’ by decision to move them to hotels
Hundreds of asylum seekers claim their lives are being put at risk after they were moved out of their flats and into #Glasgow hotels where they are unable to isolate to protect themselves from coronavirus.
Dispositif d’#accueil des demandeurs d’asile : état des lieux 2020
On parle ici des hôtels #Formule_1 (donc appartenant au groupe Accor) utilisées pour héberger surtout des Dublinés :
5 351 places ont été créées dans le cadre d’un programme d’accueil et d’hébergement des demandeurs d’asile (#PRAHDA). Lancé par appel d’offres en septembre 2016 remporté pour tous les lots par ADOMA, il consiste en grande partie en des places situées dans d’anciens #hôtels formule 1, rachetés au groupe #Accor. Ces places, gérées par l’OFII, accueillent pour moitié des personnes isolées, qui ont demandé l’asile ou qui souhaitent le faire et qui n’ont pas été enregistrées. Ce dispositif s’est spécialisé dans beaucoup de lieux dans l’hébergement avec #assignation_à_résidence des personnes Dublinées notamment ceux situés à proximité d’un #pôle_régional_Dublin. Cependant des personnes dont la demande est examinée à l’OFPRA ou à la CNDA y sont également logées.
Elena, jeune Française d’origine grecque, a dû mal à se remettre de la mort de sa mère, survenue un an plus tôt. Elle décide de retourner dans sa maison de vacances sur l’île de #Lesbos où la présence de sa mère est partout. Heureusement, elle peut compter sur l’amitié de Nassim et Sekou, deux jeunes banlieusards trop heureux d’avoir quitté leur banlieue le temps d’un été. Mais les vacances vont être bouleversées quand le trio rencontre Elyas, jeune Syrien réfugié depuis peu sur l’île. Attirée par le jeune homme et émue par son histoire, Elena va tout tenter pour aider Elyas à continuer son périple et retrouver sa mère qui est dans un camp...
Residents from a village near #Pella in Central Macedonia gathered to protest the transfer of vulnerable asylum seekers from Moria, Lesbos, to a Greek hotel rented by IOM. In the early hrs of Tuesday, locals started a fire, blocked the roads and threatened to burn down the hotel.
▻https://twitter.com/daphnetoli/status/1257738850958442500
–------
Άρνισσα Πέλλας : Έκαψαν ξενοδοχείο που θα φιλοξενούσε αιτούμενους άσυλο
Ρατσιστικές αντιδράσεις στις προσπάθειες μετεγκατάστασης στην ηπειρωτική χώρα, προσφύγων που ανήκουν σε ευάλωτες ομάδες
Bon voyage
Jonas et Silvia sont en vacances en voilier sur la Méditerranée. Au large, ils tombent sur une embarcation en difficulté, des tas de réfugiés à son bord. Après avoir alerté les garde-côtes, ils perdent le bateau de vue. Le lendemain matin, ils se réveillent...
Sur une #plage méditerranéenne ensoleillée, le temps semble figé. Un homme noir, à bout de force, rampe péniblement pour quitter la plage. Autour de lui, les #baigneurs habituels semblent ne pas le voir...
Grèce : un millier de migrants transférés de camps vers des hôtels vides
Fury after Syrian asylum seeker found dead in Scottish hotel
Malte retient en mer plus de 400 migrants sur des navires de tourisme
Depuis fin avril, Malte retient systématiquement sur des navires touristiques positionnés au large de ses côtes tous les migrants secourus en mer dans ses eaux territoriales. On compte désormais plus de 400 personnes retenues à bord de quatre ferries sans avoir eu accès à des avocats, des interprètes ou des agents du HCR.
Malgré les appels répétés de l’ONU et des ONG à mettre fin à la détention de centaines de migrants retenus au large de Malte, La Valette fait la sourde oreille et continue, au contraire, de maintenir en pleine mer de nouveaux naufragés.
Les autorités ont même affrété un quatrième bateau touristique, le Jade de l’opérateur #Supreme_Cruise, pour les 75 personnes secourues mercredi 27 mai dans ses eaux territoriales, portant à 425 le nombre de migrants retenus à bord de #navires_privés.
Fermeture des ports
Depuis début avril, Malte refuse tout débarquement de migrants sur son sol, arguant que ses ports ne peuvent être considérés comme sûrs en raison de la pandémie de coronavirus. Les autorités mettent également en avant un manque de places suffisantes pour accueillir de nouveaux arrivants dans les centres pour migrants du pays, en pleine crise sanitaire.
Ainsi, dès le 30 avril, les premiers naufragés secourus par un bateau de pêche au large de Malte n’ont pas été autorisés à débarquer dans un port maltais. Les 57 naufragés ont été transférés sur un ferry touristique, l’#Europa_II, appartenant à la société #Captain_Morgan_Cruises Ltd.
Quelques jours plus tard, le 7 mai, le même scénario s’est reproduit avec le transfert de 105 migrants secourus dans les eaux maltaises à bord d’un autre bateau touristique, l’#Atlantis, appartenant à la même compagnie. Dix-huit femmes et enfants ont par ailleurs été amenés sur la terre ferme.
Le vendredi 22 mai, ce sont 121 personnes secourues par les autorités maltaises qui sont orientées vers le ferry #Bahari, toujours de la compagnie Captain Morgan Cruises Ltd. Dix-neuf personnes vulnérables ont, quant à elles, été prises en charge sur l’île.
Les derniers naufragés à prendre place à bord d’un des trois navires de l’entreprise Captain Morgan sont les 63 migrants secourus dans la même zone mardi 26 mai.
"Nous sommes dans un état déplorable"
Les informations sur les conditions de vie à bord de ces navires de croisières sont peu nombreuses, les Maltais refusant aux journalistes et aux associations de rencontrer les prisonniers. Seule la Croix-Rouge a pu monter à bord écrit le quotidien Times of Malta.
Selon Alarm Phone, la plateforme d’aide aux migrants en mer, qui cite le témoignage d’un migrant retenu, des tentatives de suicide et des grèves de la faim ont été signalées. "L’anxiété, le désespoir et la dépression ont augmenté (...). Nous sommes dans un état déplorable. Nous n’avons aucun moyen de communication pour montrer notre (condition) au monde extérieur", a déclaré un prisonnier à l’organisation.
En réponse à ces affirmations, des vidéos et des photos ont été diffusées sur les réseaux sociaux, montrant des migrants à bord de ces navires chanter et danser. Cependant, les ONG s’interrogent sur la date d’enregistrement de ces vidéos, qui aurait pu être tournées au moment de leur arrivée sur le bateau touristique.
▻https://twitter.com/alarm_phone/status/1265218149043122177?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E12
"Les personnes à bord sont gravement traumatisées par les abus dont elles ont été victimes dans les camps de torture libyens. N’utilisez pas leur soulagement momentané pour justifier des violations cruelles des droits de l’homme", a ainsi réagi Alarm Phone.
"Violation du droit international et européen"
Dans une lettre envoyée jeudi 28 mai au Premier ministre maltais, Amnesty International rappelle que "rien ne peut justifier de détenir des personnes pendant des jours sans base légale et dans des conditions inadéquates". Selon les ONG, les naufragés n’ont pas pu avoir accès à des avocats, à des interprètes ou à des agents du Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR).
"La privation de liberté sans base légale est une détention illégale et arbitraire en violation du droit international et européen", averti de son côté Human Right Watch dans un communiqué.
▻https://twitter.com/sunderland_jude/status/1266085420108001280?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E12
En agissant de la sorte, les autorités maltaises entendent faire pression sur les États membres de l’Union européenne (UE) afin qu’ils prennent "leur responsabilité". Malte plaide depuis des mois pour la mise en place d’un mécanisme de répartition pérenne au sein de l’UE.
Le HCR demandait déjà le 22 mai à Malte et aux États européens de s’entendre sur un accord de répartition de ces migrants, afin de les “mettre en sécurité sur la terre ferme".
"Le traitement (des migrants) et la violation de leurs droits (ne sont pas) dignes du peuple de Malte ou de toute autre pays de l’UE", estime HRW, qui appelle les États membres à respecter "leurs engagements".
►https://www.infomigrants.net/fr/post/25080/malte-retient-en-mer-plus-de-400-migrants-sur-des-navires-de-tourisme
Greece ready to welcome tourists as refugees stay locked down in Lesbos
►https://seenthis.net/messages/858847
Attirer les touristes, collaborer, se taire : comment la station de Montgenèvre protège l’ordre de la frontière
▻https://derootees.wordpress.com/2019/09/08/attirer-les-touristes-collaborer-se-taire-comment-la-station-de
Migrazione internazionale e spazio pubblico turistico: la presenza silenziosa dei venditori ambulanti di origine straniera nelle spiagge dell’isola di #Ischia
Questo contributo propone la descrizione delle dinamiche socio-spaziali che si sviluppano in un luogo turistico, in periodo di alta stagione, concentrandosi in particolare sulle spiagge di San Pietro e Maronti, sull’isola di Ischia. Nella fattispecie, lo spazio balneare sarà letto al prisma delle relazioni che intercorrono tra bagnanti e venditori ambulanti di origine straniera. La spiaggia, nonostante si presenti come uno spazio liminale e poco strutturato, viene dunque letta come spazio che solo in apparenza rifugge da quelle categorie che in letteratura sono usate piuttosto per definire e studiare lo spazio urbano. Tale dimensione sarà interpretata e concepita come prodotto sia dell’esperienza visiva sia di quella uditiva, attraverso una iniziale analisi del paesaggio sonoro che la caratterizza. Dal caso preso in esame si verificherà anche il ruolo svolto dall’ambulantato nel sostentamento di una certa parte della popolazione migrante, residente o meno sull’isola, con particolare riferimento agli effetti delle iniziative ministeriali e municipali messe in atto per combattere questa attività.
#Coronavirus : au #Maroc, des dizaines de migrants sub-sahariens arrêtés et confinés de force
Une cinquantaine de migrants sub-sahariens ont été arrêtés dimanche 21 juin, chez eux, sur leur lieu de travail et parfois dans la rue par la police marocaine qui les a conduits dans une école de la ville de #Laâyoune, dans la région du #Sahara_occidental. Pendant sept jours, ils ont été entassés dans des salles de classe, sans accès à l’eau courante ou à des vêtements propres, sans possibilité de sortir ou de s’alimenter correctement. Tous ont subi des tests de dépistage au coronavirus avant d’être relâchés dans la soirée, dimanche 28 juin. Ceux testés positifs au Covid-19 ont été mis en quarantaine dans un #hôtel où ils reçoivent notamment un traitement à la #chloroquine.
(...)
Mohamed était loin de se douter qu’il allait passer une semaine en enfer. Cinq heures après son arrivée à l’école de Laâyoune, une équipe médicale s’est présentée pour lui faire passer un premier dépistage. « On était plus de 50. Personne ne pouvait sortir tant qu’on n’avait pas les résultats. Trois jours plus tard, on a appris que 11 personnes étaient positives. Elles ont été mises à l’écart dans un hôtel où ils leur donnent des médicaments. »
(...)
Un peu plus au nord, à #Tan-Tan, la situation est plus tendue. L’AMDH a recensé un groupe de 33 migrants dont « 20 femmes et 3 bébés » placés en quarantaine dans l’#hôtel_Hagounia depuis sept jours « sans qu’ils n’aient subi un seul dépistage au Covid jusqu’à présent ».
Ce jour-là à #Vintimille. Retour d’un lieu d’exil sans cesse confiné
À la veille de la reprise officielle de la saison touristique, plusieurs réalités se superposent. Les arrivées de touristes tant attendues par la municipalité coïncident avec celles de groupes considérés comme irréguliers. Les usagers des terrasses à nouveau animées côtoient les déambulations quotidiennes des personnes exilées pour trouver une stratégie de passage. Les camions de nettoyage sillonnent les rues ; les fourgons des marchands du célèbre marché de Vintimille reprennent place. Cette soudaine effervescence économique est traversée par le ballet des forces de l’ordre : militaires, police municipale, guardia di finanza et carabinieri quadrillent la ville. Nous nous étonnons de voir la police nationale française stationnée devant la gare. La stratégie des autorités italiennes semble moins correspondre à une logique de contrôle de l’immigration qu’à un impératif de tenir à l’écart du centre-ville les migrant-tes indésirables. C’est-à-dire celles et ceux qu’il ne faut pas voir dans ce paysage renaissant de la consommation.
#DJAO - After the Road
La personne qui témoignage dans ce court-métrage est visiblement logée dans un #hôtel (#F1) :
Utilisation de #ferries privés (en Italie et à Malte) pour effectuer la #quarantaine en lien avec la #pandémie de #coronavirus :
►https://seenthis.net/messages/866072
#navi-quarantena
Athènes veut des touristes, mais pas de migrants
▻https://seenthis.net/messages/870180
Citations tirées du livre de Alessandro Leogrande : La frontiera
Para rapport à #Lampedusa...
“Come indicato su molti siti turistici, è davvero una delle spiagge più belle al mondo, un paradiso incontaminato avvolto dalla luce e dal silenzio. Un paradiso davanti al quale almeno 366 persone sono morte affogate. Il peschereccio si è rovesciato a poche centinaia di metri dalal costa, tra l’Isola dei Conigli e Cala Galera, nello stesso spicchio di mare riprodotto su un’infinità di dépliant.
Non poteva esserci contrasto più netto. E’ incommensurabile, semplicemente incommensurabile, la frattura tra la tragedia avvenuta qui davanti e la calma piatta dell’acqua limpida, un vetro sotto al sole feroce, appena inscurito dagli scogli che sul basso fondale venano la sabbia.” (Leogrande, 2017 : 144)
“Accanto a noi un gruppo di svedesi si fotografa con le imbarcazioni della Capitaneria di porto sullo sfondo. Syoum sbotta: ‘Va bene la memoria, ma qui si rischia una replica della Costa Concordia. I selfie, le foto in posa… prima o poi prenderà piede anche qui il turismo dell’orrore con le guide’”. (Leogrande, 2017 : 145)
« Ci siamo, eccoci dentro #Claviere, paese delle mie vacanze da ragazzo, dove mio padre mi ha insegnato a sciare e mia madre metteva il visone durante la settimana bianca. Vaneggiamenti d’amore adolescenziali mi tornano in mente, accanite ricerche su e giù per il paese alla ricerca di Arianna, ricordi che sembrano finiti un secondo fa. Passiamo davanti alla chiesetta il cui interrato è occupato da qualche giorno dagli anarchici, gente insopportabile ma dal cuore enorme. Passiamo davanti ai carabinieri che osservano gli occupanti e l’anziano prete che squadra, infuriato, la cantina della sua chiesa piena di gente con pezzi di ferro sulla faccia e negri di ogni genere ed età – chiedo scusa, ma è l’unico termine che possa spiegare il sentimento generale di quel momento. Sciatori ovunque, felici : mi piacciono. Devo tornare a sciare in questo bellissimo comprensorio. Gente che non immagina nemmeno, che sorride e si chiude gli scarponi, controlla il filo, cerca parcheggio, si compra un pezzo di pizza. Due mondi mescolati, ineluttabilmente destinati a convivere, ma in apparenza alieni »
(in: Maurizio Pagliassotti, Ancora dodici chilometri , 2019 : 57)
#Kamena_Vourla: Locals rally against refugee children, close schools in protest
According to local media, Mayor of Kamena Vourla, Ioannis Sykiotis, announced that as of tomorrow, schools of all levels in the municipality will remain closed in protest.
He said that that they were not informed by the central government about the arrival of 39 refugee children who are accommodated in a spa hotel.
« Una scena usuale da queste parti. (…) Gente per bene alla guida, quelli che riconosci per l’implacabile sorriso di chi è troppo ricco e troppo felice. Una decina di superbe Ferrari con targa italiana più qualche eccezione svizzera mi superano, come una lunga bandiera rossa tesa dal vento: Tutti dovrebbero venire a vedere questo su queste meravigliose montagne il territorio spettacolo dei ricchissimi e dei poverissimmi che si incrociano e nemmeno si vedono, di chi corre per piacere verso un piatto di ostriche e una coppa di champagne a 2000 metri e 2000 euro, e chi corre per scappare verso un miserabile piatto di cous cous con un bicchier d’acqua alla stessa altitudine »
Source: Maurizio Pagliassotti, Ancora dodici chilometri, 2019 : 203-204.
El ministro de Inclusión, Seguridad Social y Migraciones, José Luis Escrivá, anunció este viernes que de aquí a finales de año Canarias contará con 7.000 plazas de acogida provisionales en carpas para vaciar el puerto de #Arguineguín y los establecimientos hoteleros.
El epicentro de este fenómeno migratorio ha sido el puerto de Arguineguín, que aloja en la actualidad a poco más de 1.300 personas, si bien ha llegado a registrar picos de 2.300 en un dique de apenas 3.600 metros cuadrados. Además, 17 hoteles y edificios de apartamentos alojan a 5.500 migrantes, según los datos del Ministerio.
▻https://seenthis.net/messages/885310#message887584
–----
El delegado del Gobierno en Canarias ha explicado que las personas que permanecían hasta este domingo en el muelle han sido reubicadas en distintos recursos, algunos de ellos gestionados por el Ministerio del Interior, como el #CATE (#Centro_de Atención_Temporal_para_Extranjeros) de #Barranco_Seco, y otros por la cartera de Migraciones, como los complejos hoteleros del sur de Gran Canaria.
Refugees detained in #Melbourne hotel ’devastated’ as they await move to another site
▻https://seenthis.net/messages/891624
#Australie
L’accueil de réfugiés « réinstallés » dans les communes rurales de #Dordogne
« Tout cet accompagnement n’est pas assez structuré pour permettre aux réfugiés de s’intégrer », s’emporte Liliane Gonthier, maire de #Boulazac, dont la commune a aussi dû accueillir des demandeurs d’asile dans un hôtel proche de la mairie. « Si on veut être une terre d’accueil, il faut une volonté politique. Quand on voit les demandeurs d’asile entassés dans le Formule 1, sans cuisine ou même frigo, ce n’est pas un accueil digne. On sait que, dans certaines communes, les migrants sont repartis vers les grandes villes, peut-être vers la jungle de Calais. Ce n’est pas une politique aboutie et ça manque d’humanité ! » « J’aurais pu continuer à accueillir des personnes », se désole Pascal Bourdeau qui ne souhaite pas recevoir plus de 5 familles dans sa commune, pourtant convaincu que « l’intégration est plus facile dans les campagnes et que les mélanges sont une richesse ». Mais il n’y a aucune coordination entre les différents acteurs institutionnels et peu ou pas de suivi. « Quand on arrive au bout du dispositif prévu par les associations prestataires, on nous laisse tomber ! »
#Belgique : Les conséquences de la privatisation dans le centre d’accueil de demandeur·ses d’asile de #Jalhay (Spa)
Enregistrée comme coopérative à finalité sociale, #Svasta est administrée par le groupe hôtelier de luxe #Corsendonk et gère les centres sur les sites de ce dernier.
“Vagabonds move because they find the world inhospitable.
Tourists move at their hearts’ desire”
–-> carte postale de l’Institute of Ethnology, Czech Academy of Sciences, Department of Mobility and Migration
#Croatie : une saison touristique sans assez de travailleurs saisonniers
▻https://seenthis.net/messages/922489
Kurdish refugee sues Australian government for alleged unlawful imprisonment in Melbourne hotels
▻https://seenthis.net/messages/925796
Afghan boy, 5, who died in Sheffield hotel fall named as Mohammed Munib Majeedi
▻https://seenthis.net/messages/926611
#OYO_Rooms
Les premiers Afghans arrivent à #Paris...
Tous seront placés en quarantaine dans des #hôtels des #Hauts-de-Seine , en région parisienne. « Dans un deuxième temps, ils seront dirigés vers des structures d’accueil pérennes », affirme Didier Leschi. De là, leur parcours administratif de demande d’asile débutera. « Ils devront suivre la procédure habituelle, quoiqu’accélérée : passer devant le Guichet unique [s’enregistrer à la préfecture, NDLR] puis devant l’Ofpra ». Ils auront également droit à l’allocation pour demandeurs d’asile (ADA).
UK: Charities concerned about level of support provided to families in hotels.
« Les CAS peuvent occuper d’anciens bâtiements publics (casernes, gendarmeries, prisons ou écoles). Ils peuvent aussi être installés dans des appartements loués dans des immeubles, des chambres d’hôtels ou des hôtels entiers qui décident de convertir leur usage – de l’accueil des touristes aux demandeurs d’asile »
in : Bontemps, Makaremi, Mazouz 2018, Entre accueil et rejet : ce que les villes font aux migrants, p. 139
►https://www.lepassagerclandestin.fr/catalogue/bibliotheque-des-frontieres/entre-accueil-et-rejet
#Home_Office planning to house asylum seekers on disused cruise ships
►https://seenthis.net/messages/997047
ou dans des #bases_aériennes:
Air force bases set to be used to house migrants as ministers hunt for cheaper alternatives to hotels
►https://seenthis.net/messages/997047
#bateau #bateaux_de_croisière #bateau_de_croisière #UK #Angleterre
« On n’a jamais vu ça » : à #Boulogne-sur-Mer, les touristes confrontés à la crise migratoire
Tra ieri ed oggi ricuperati 26 corpi dei #migranti da parte dell’autorità tunisine, sono stati trovati sulla spiaggia a #Sfax.
🛑Immagine presa queste estate dei bagnanti in momento della scoperta di un corpo di un migrante sulla spiaggia in #Tunisia .
#Egypte : les réfugiés soudanais, une manne inespérée pour le tourisme à #Assouan
Depuis le début de la guerre au Soudan, plus de 310 000 personnes ont traversé la frontière. Certaines d’entre elles ont rejoint Le Caire, d’autres sont restées dans la ville du sud, connue pour ses sites pharaoniques.
►https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/09/15/egypte-les-refugies-soudanais-une-manne-inesperee-pour-le-tourisme-a-assouan
Arrivée à Malte du pétrolier détourné par des naufragés libyens en Méditerranée
▻https://www.lemonde.fr/international/article/2019/03/28/arrivee-a-malte-du-petrolier-detourne-par-des-migrants_5442469_3210.html
Le pétrolier est arrivé vers 9 heures à Malte, après qu’un commando de la marine maltaise en a repris le contrôle dans la nuit.
La marine maltaise a annoncé jeudi 28 mars au matin avoir pris le contrôle du pétrolier ravitailleur Elhiblu-I, arrivé à Malte vers 9 heures. Le navire, qui a secouru mardi soir des migrants au large de la Libye, a été détourné par ces derniers, vraisemblablement lorsqu’ils ont compris que le bateau s’apprêtait à les débarquer à Triploli.
« Ce ne sont pas des naufragés mais des pirates », avait dénoncé le ministre de l’intérieur italien d’extrême droite Matteo Salvini, prévenant que le navire, qui a subitement mis cap vers l’Europe mercredi matin, ne serait pas autorisé à pénétrer dans les eaux italiennes.
Remarques sur l’effondrement de l’Empire romain (par Ana Minski) – Le Partage
▻http://partage-le.com/2019/03/de-leffondrement-de-lempire-romain-par-ana-minski
Les éditions La Découverte ont récemment publié l’ouvrage de Kyle Harper, Comment l’Empire romain s’est effondré, le climat, les maladies et la chute de Rome. Kyle Harper, professeur d’histoire à l’université d’Oklahoma, renouvelle les connaissances sociales, environnementales et épidémiologiques de la chute de l’Empire. S’appuyant sur les dernières données archéologiques, historiques, climatiques et microbiennes, il rend compte du rôle important des changements climatiques, de l’exploitation de l’environnement et des maladies, principales causes de l’effondrement de la civilisation romaine.
Les récentes études pluridisciplinaires intégrant les conditions climatiques, épidémiologiques et démographiques confirment que les peuples du Paléolithique bénéficiaient d’une structure sociale et d’une écologie des maladies bienveillantes[1]. La révolution néolithique, à l’origine de modes de vie exclusivement sédentaires, de régimes alimentaires plus monotones, d’habitats plus denses, de transformation des paysages, de nouvelles technologies de déplacement et de communication, permet à de nouveaux agents pathogènes de se développer. Les animaux de ferme constituent une partie du réservoir biologique d’où émergent les agents infectieux mais l’exploitation de l’environnement génère des destructions des écosystèmes, des déplacements et modifications de populations non humaines, principaux responsables de nouvelles formes de maladies. L’accroissement de la population, le développement de l’urbanisation, des moyens de subsistances nécessairement intensifs (agriculture et élevage) favorisent l’apparition d’agents infectieux toujours plus dangereux. L’état de santé des Romains, lié à l’impact environnemental de leur culture, était mauvais. « Chaque jour, on peut trouver dix mille personnes souffrant de la jaunisse et dix mille d’hydropisie » écrivit Galien qui n’ignorait pas la sagesse commune : « Quand l’année entière devient humide ou très chaude, survient nécessairement une très grande peste ». Les collines de Rome dominaient un marais, la vallée du fleuve, les bassins, les fontaines, étaient un refuge pour le moustique anophèle, vecteur du paludisme, l’un des principaux tueurs, avec la diarrhée :
« En ville les rats grouillaient, les mouches pullulaient, les petits rongeurs couinaient dans les passages et les cours. Il n’y avait pas de théorie microbienne, on se lavait peu ou pas les mains, et la nourriture ne pouvait pas être protégée des contaminations. La cité ancienne était un lieu d’insalubrité maximale. Les maladies banales se répandant par contamination féco-orale, causes de diarrhées fatales, étaient sans doute la première cause de mortalité dans l’Empire romain. Hors des villes, la transformation du paysage a exposé les romains à des menaces tout aussi périlleuses. Les romains n’ont pas seulement modifié les paysages ; ils leur ont imposé leur volonté. Ils ont coupé ou brûlé les forêts. Ils ont déplacé les rivières et asséché des lacs, construit des routes au travers des marais les plus impénétrables. L’empiétement humain sur de nouveaux environnements est un jeu dangereux. Il expose non seulement à de nouveaux parasites inhabituels mais peut provoquer une cascade de changements écologiques aux conséquences imprévisibles […] Les cités fétides de l’Empire étaient des boîtes de Petri grouillantes de parasites intestinaux. […] L’espérance de vie à la naissance variait entre vingt et trente ans. La force brutale des maladies infectieuses était, de loin, le facteur principal du régime de mortalité qui pesait de tout son poids sur la démographie. »
Cet état de santé médiocre est confirmé par l’examen de la dentition qui montre un important défaut de croissance, l’hypoplasie linéaire de l’émail, qui survient au cours de l’enfance dans les cas de malnutrition et de maladie infectieuse. À l’époque de l’Empire, la civilisation romaine, fortement urbanisée et interconnectée, s’étend jusqu’au tropique, son centre écologique est la Méditerranée et ses parties occidentale et nordique sont sous l’influence de la zone climatique atlantique. La densité de l’habitat urbain, les transformations permanentes des paysages, le développement des routes terrestres et maritimes, contribuent à créer une écologie microbienne unique. Cet impact environnemental, combiné à l’évolution des pathogènes, stimule la propagation des infections chroniques, rendant plus vulnérables les populations, et permettant à la lèpre et à la tuberculose de profiter du système de circulation de l’Empire pour se développer et s’installer. La tuberculose, qui n’aurait pas plus de 5 000 ans, aime particulièrement les villes et laisse sa signature sur les os de ses victimes, ce qui permet aux archéologues de constater sa présence exceptionnelle sur les squelettes des siècles de domination romaine. Jusqu’au XXe siècle, elle est une cause importante de mortalité et reste encore aujourd’hui dangereuse. La lèpre, quant à elle, est connue depuis le IIe millénaire avant J.C. en Inde, mais commence véritablement à se développer dans le contexte archéologique de l’empire romain. Le drame de l’histoire des maladies est le résultat de la collusion permanente entre l’évolution des agents pathogènes et les rencontres humaines. Les croissances territoriale, commerciale et démographique de la civilisation romaine participent à l’explosion souterraine des maladies jusqu’à donner naissance aux premières pandémies.
L’optimum climatique romain (OCR) est une période de climat chaud, humide et invariable qui domine la plus grande partie du cœur méditerranéen de 200 avant J.-C. à 150 après J.C. La civilisation romaine profite de ce climat bénéfique pour urbaniser des zones jusque-là difficiles à domestiquer. Pour répondre aux exigences de croissances économique et démographique qui caractérisent toute civilisation, l’urbanisation et l’agriculture colonisent la nature, créant des écosystèmes favorables à l’évolution des agents pathogènes : « Les Romains furent submergés par les forces de ce que l’on appelle l’émergence des maladies infectieuses. » Pour lutter contre une forte mortalité infantile causée par le développement des virus, bactéries et parasites, un taux de fertilité élevé est nécessaire, ce qui pèse lourdement sur le corps des femmes chargées de repeupler les rangs. La loi romaine autorise les filles à se marier dès l’âge de 12 ans. Il n’y a pas de célibataire dans le monde romain et le mariage est un engagement à procréer : « Les femmes sont habituellement mariées pour les enfants et la succession, et non pas d’abord pour le plaisir. »[2] À partir d’Auguste, l’État met en place une politique nataliste qui pénalise les personnes sans enfant et encourage la fécondité. Les femmes ont en moyenne six enfants. La principale source de croissance démographique dans l’Empire n’est pas un déclin de la mortalité mais une fertilité importante. Les Romains vivent et meurent en affrontant des vagues incontrôlées de maladies infectieuses. La terre est le principal facteur de production, et l’augmentation démographique oblige à cultiver des terres toujours moins fertiles pour en tirer toujours davantage. Ce besoin expansionniste, intrinsèque à toute civilisation, est l’un des principaux responsables des destructions environnementales :
« L’augmentation de la population a poussé des personnes à s’installer dans les marges. Mais, de plus, le réseau serré des échanges était un encouragement pour les paysans à s’installer dans des zones où les risques étaient plus importants. Les connexions limitaient les conséquences les plus graves des années de sécheresse. Et la croissance des marchés nourrissait l’expansion entrepreneuriale et les institutions romaines poussaient exprès les paysans à occuper des terres situées aux marges. La circulation des capitaux a favorisé une explosion des travaux d’irrigation dans les régions semi-arides. L’essor économique de l’Afrique romaine a été favorisé par la construction d’aqueducs, de puits, de citernes, de terrasses, de barrages, de réservoirs et de foggaras (de longues canalisations souterraines permettant le transport de l’eau des sommets aux zones cultivées). Les technologies hydrauliques soit d’inspiration indigène soit de nature impériale se retrouvaient dans les hautes terres comme dans les vallées. Grâce à ces dispositifs l’eau était soigneusement collectée et exploitée dans les zones semi-arides occupées comme jamais auparavant par de nouvelle populations. […] Le désert a gagné des zones qui étaient sans conteste cultivées pendant l’OCR. »
L’Empire, consommateur vorace de sources d’énergie et de matériaux, dénude les montagnes de leur manteau sylvestre, autrefois dense. Cette déforestation est à l’origine des inondations catastrophiques dont est régulièrement victime l’Empire romain, inondations quasiment inexistantes au Moyen-Âge, lorsque les montagnes se recouvrent à nouveau d’arbres. La croissance territoriale et démographique s’accompagne d’un développement commercial toujours plus frénétique et débridé :
« … cargaison d’or, d’argent, de pierres précieuses, de perles, de fin lin, de pourpre, de soie, d’écarlate, de toute espèce de bois de senteur, de toute variété d’objets d’ivoire, ou en bois très précieux, en airain, en fer et en marbre, de cinnamome, d’aromates, de parfums, de myrrhe, d’encens, de vin, d’huile, de fine farine, de blé, de bœufs, de brebis, de chevaux, de chars, de corps et d’âmes d’hommes. »[3]
Les marchands, toujours en quête de soie et d’épices, d’esclaves et d’ivoire, ne cessent de franchir le Sahara le long des routes commerciales, traversent l’océan Indien en passant par les ports de la mer Rouge, transportant les animaux exotiques destinés à être massacrés au cours des spectacles romains. Le vivant ayant perdu toute valeur intrinsèque, les autres espèces n’existent plus que pour servir la démesure des Empereurs et de l’élite. Le citoyen romain, incapable de remettre en question l’idéologie de la croissance démographique et économique, incapable d’envisager le monde et ses existants autrement que comme un grenier dont il peut user et abuser, assiste à la mise en scène de la surpuissance de Rome :
« Les créatures les plus étranges capturées dans le monde entier – un véritable zoo – furent offertes au peuple et massacrées sous ses yeux : trente-deux éléphants, dix élans, dix tigres, soixante lions, trente léopards, six hippopotames, dix girafes, un rhinocéros, et une quantité innombrable d’autres bêtes sauvages, sans oublier mille couples de gladiateurs. »
La mauvaise santé physique et psychique des sujets de l’Empire et sa destructivité écologique est également le produit d’un régime autoritaire et très hiérarchique. La République des dernières années est une période de pillage sans contrôle, et le maintien de l’Empire nécessite des négociations permanentes avec tous ceux qui vivent à l’intérieur de ses frontières. Le pillage est donc peu à peu transformé en impôts dont la collecte, confiée à la petite noblesse locale qui se voit accorder la citoyenneté, permet de transformer sur tous les continents l’élite en classe dominante au service de l’Empire. Ainsi devient-il possible de diriger un vaste territoire avec seulement quelques centaines de fonctionnaires romains. Le nombre d’habitants double, de plus en plus de territoires sont occupés et toute tentative de résistance écrasée avec violence, comme en Judée et en Bretagne. Sous Auguste, les légions citoyennes permanentes sont remplacées par des armées professionnelles et les hommes libres des provinces deviennent peu à peu des citoyens. La paix n’existe pourtant pas, la zone frontalière est constituée d’un réseau de fortins, de tours de guet et de postes d’observations, de forts construits pour surveiller les populations et les zones inamicales où sont installées d’importantes bases militaires. Avec Auguste, l’expansion territoriale ralentit mais ne s’arrête pas. Les frictions provoquées par cette expansion permanente aboutissent peu à peu à des lignes de séparation démarquant les territoires sous hégémonie romaine, et au développement d’un réseau de communication et de transport destiné à gérer le système et le pouvoir militaire depuis le centre impérial. La machine de guerre approche le demi-million d’hommes et le budget de la défense est de loin la dépense la plus importante de l’État. La paix à l’intérieur de l’Empire dépend de la discipline, de la valeur et de la loyauté d’une gigantesque armée rémunérée. D’autant plus que : « La répartition des richesses était terriblement inégale. La richesse et le statut légal formaient la structure entremêlée d’une hiérarchie sociale exacerbée. En bas, de manière légale, il y avait la vaste classe des personnes totalement non libres. L’Empire romain a été l’un des systèmes esclavagistes les plus importants et les plus complexes de l’histoire – dont l’endurance exceptionnelle est, par ailleurs, un autre signe que la surpopulation n’a pas suffisamment fait baisser le coût d’un travail libre pour rendre inutile le travail servile. »
La population de l’Empire, constituée principalement de pauvres et de sans terre, augmente au cours des cent cinquante années qui suivent le règne d’Auguste, et atteint son maximum avant que la peste antonine éclate.
Le livre de Kyle Harper.
C’est ainsi qu’à la fin de l’OCR, en 165 après J.-C., sous le règne de Marc Aurèle, la peste antonine fait sept millions de victimes. L’agent pathogène de la peste antonine est probablement celui de la variole, maladie contagieuse dont le virus se propage par inhalation de gouttelettes aériennes expulsées par une personne infectée. La variole n’est pas un ennemi si ancien, tout comme la lèpre et la tuberculose, elle semble apparaître au cours des mille dernières années. Elle est particulièrement violente dans les villes et les zones côtières où la densité de la population était importante. Le réseau de transport permet sa diffusion de région en région. La peste antonine est un phénomène létal d’une ampleur telle qu’elle interrompt l’expansion démographique et économique de l’Empire, qui parvient malgré tout à se stabiliser en maintenant toujours un fort autoritarisme.
Sous le règne des Sévères (193–235 après J.-C.) l’Empire retrouve son équilibre économique et démographique. Le pouvoir de l’armée, dont la paye n’a cessé d’augmenter, est davantage considéré. L’explosion des constructions est un des signes du rétablissement économique et démographique qui caractérisent leur règne. Septime reconstruit le grand temple de la Paix, construit l’arche de Septime, les colonnes géantes de granit d’Assouan, la Forma Urbis Romae, le Septizodium ; son fils Caracalla finance des bains monumentaux, de grands moulins à eau et greniers gigantesques qui s’élèvent tout autour de la cité.
« Assurément, il suffit de jeter les yeux sur l’univers pour reconnaître qu’il devient de jour en jour plus riche et plus peuplé qu’autrefois. Tout est frayé ; tout est connu ; tout s’ouvre au commerce. De riantes métairies ont effacé les déserts les plus fameux ; les champs ont remplacé les forêts ; les troupeaux ont mis en fuite les animaux sauvages ; les sables sont ensemencés ; l’arbre croît sur les pierres ; les marais sont desséchés ; il s’élève plus de villes aujourd’hui qu’autrefois de masures. Les îles ont cessé d’être un lieu d’horreur ; les rochers n’ont plus rien qui épouvante ; partout des maisons, partout un peuple, partout une république, partout la vie », écrit Tertullien.
L’OCR disparait lentement, sur une durée de trois siècles, laissant place à un climat plus instable. Il y a une forte interaction entre les crues du Nil et le mode de variabilité climatique connu sous le nom de ENSO (El Niño-Southern Oscillation), un El Niño puissant, corrélé avec une crue du Nil faible. Au cours de la période romaine de transition climatique (150 – 450 après J.-C.) les phénomènes ENSO deviennent plus courants, tous les trois ans environ. Devenus dépendants des conditions favorables de la fertile vallée du Nil, les Romains sont confrontés aux oscillation de ses crues. À ces problèmes climatiques s’ajoute la peste de Cyprien, partie d’Éthiopie, qui dure plus de quinze ans, de 249 à 270 après J.-C. « Il n’y eut presque aucune province romaine, aucune cité, aucune demeure qui ne fût attaquée par cette pestilence générale et désolée par elle » (Orose). La peste de Cyprien vida l’Empire, ravage la ville sans épargner les zones rurales, « aucune peste du passé n’a provoqué une telle destruction en vies humaines » (Zosime).
« La maladie s’abattait d’un coup sur les gens, pénétrant beaucoup plus vite que tout ce que l’on pouvait penser, se nourrissant de leur maison comme le feu si bien que les temples étaient remplis de ceux qui, terrassés par la maladie, avaient fui dans l’espoir d’être guéris. […] Tous ceux qui brûlaient de soif à cause de la faiblesse provoquée par la maladie se pressaient aux sources, aux cours d’eau et aux citernes. Mais l’eau ne parvenait pas à apaiser la flamme de l’intérieur, laissant ceux qui étaient affectés par la maladie dans le même état qu’avant. » (Grégoire de Naziance).
La pestilence frappe sans considération d’âge, de sexe ou de condition. Il est probable que l’agent pathogène de la peste de Cyprien soit un filovirus proche de celui d’Ebola.
Les troubles climatiques globaux des années 240 après J.C. suscitent des changements écologiques susceptibles d’être à l’origine de la peste. La pandémie frappe les soldats et les civils, les habitants des villes et des villages. Elle fait éclater l’intégrité structurelle de la machine du pouvoir plongeant l’Empire dans une succession de faillites violentes. Les frontières sont fragilisées et l’économie et l’armée mises à mal par des successions d’attaques aux frontières. L’Empire se disloque. La mortalité ravage l’armée romaine, les casernes étant des lieux propices à la propagation du virus. Le temps des empereurs-soldats commence, et la crise du IIIe siècle permet l’avènement d’une nouvelle religion, le christianisme. Dans les années 260 après. J.C., la fortune et la démographie de l’Empire sont au plus bas. La restauration est lente et les villes, plus petites et moins nombreuses, ne sont plus les mêmes. À partir de 266 après J.C., le climat se stabilise, le IVe siècle est une période de réchauffement sans précédent. Les tendances climatiques sont alors sous l’influence dominante de l’Atlantique Nord. Les fluctuations des différences de pression entre l’anticyclone des Açores et la dépression d’Islande sont connues sous le nom d’Oscillation Nord-Atlantique (ONA), et font partie des grands mécanismes climatiques du globe. Sécheresses et famines sont fréquentes, les données bioarchéologiques témoignent de la lutte contre les maladies infectieuses qui épuisaient les capacités physiques des victimes. Les microbes ne laissent aucun répit aux hommes.
« Entre la conversion de Constantin et le saccage de Rome en 410 après J.C., nous disposons de milliers de tombes chrétiennes dans la cité impériale gardant la date du jour où le croyant a quitté ce monde (et la baisse brutale après 410 est également le signe des désordres qui ont affligé la vénérable capitale). Une fois agrégées, ces données constituent un dossier sans équivalent sur les rythmes saisonniers de la Grande Faucheuse. Les canicules estivales étaient mortelles, une vague de germes gastro-intestinaux submergeant la ville. La mortalité flambait en juillet et atteignait un pic en août et septembre. Le pic automnal met en évidence la prévalence durable du paludisme. »
L’État collecte les impôts en or et s’en sert pour payer ses fonctionnaires. Dioclétien réquisitionne le précieux métal en procédant à de vastes expropriations. L’économie de marché se rétablit rapidement, et l’on observe alors une fusion entre les forces du marché et les forces fiscales. Les grandes banques ressuscitent, les preuves d’une activité bancaire et de crédit sont plus fortes à cette époque (au IVe siècle) qu’à aucune autre.
« Le marchand qui veut s’enrichir équipe un navire, embauche des marins, recrute un capitaine et fait tout ce qui est par ailleurs nécessaire pour prendre la mer, emprunte de l’argent et teste les flots avant de gagner des terres étrangères. » (Jean Chrisostome)
La renaissance de la monnaie et du crédit réveille les réseaux de commerce en Méditerranée. L’Égypte et la Palestine entrent sérieusement dans le commerce du vin aux IIIe et IVe siècle. La répartition archéologique de la céramique sigillée montre l’essor de l’Afrique jusqu’à occuper une position dominante dans les réseaux connectant l’Empire sur de longues distances. L’appât du gain unifie le monde romain, transformé en une immense zone de libre-échange. Avec la revitalisation de l’économie de marché, le système esclavagiste connaît un renouveau rapide. Comme autrefois, les esclaves sont partout : sans leur sueur et leur peine, pas de fabuleuses fortunes aristocratiques, et la richesse des propriétaires d’esclaves est visible à chaque fois que l’on jette un coup d’œil sur le mode de vie des gens aisés du IVe siècle. Posséder un esclave est le minimum pour un homme respectable. L’ampleur de la stratification sociale est vertigineuse. Il faudra attendre le temps du colonialisme transatlantique pour trouver une élite économique réussissant à accumuler des fortunes privées d’une telle ampleur. Mais l’Empire d’Occident, dont les habitants sont affaiblis par de nombreux germes, perd peu à peu face aux hordes des steppes où le climat sec est plus bénéfique et où le paludisme n’affaiblit pas la population. Les villes de l’Occident se dépeuplent ce qui génère une baisse de la mortalité.
À la fin de l’Empire romain, les greniers à blé dominent les paysages. Le vaste réseau des villes, des navires et des entrepôts de blé forme un véritable écosystème qui bénéficie particulièrement au rat noir.
« La fusion du commerce global et de l’infestation par les muridés a été la précondition écologique du plus grand événement sanitaire que la civilisation humaine ait jamais connu : la première pandémie de peste. »
Elle débute sur les rives de l’Égypte en 541 avant de se répandre dans l’Empire et au-delà. La pandémie de peste bubonique submerge tout par sa durée et son intensité. Son arrivée est le signe d’un nouvel âge, sa persistance sur deux siècles est à l’origine d’une longue période de stagnation démographique.
Justinien est le dernier des grands ingénieurs environnementaux romains, il façonne tout le paysage local en changeant le cours du Skirtus, creuse un nouveau lit pour le Cydnus, construit un pont imposant, abat une forêt pour remodeler la plaine et contrôler le débit du Drakon, répare et construit de nouveaux aqueducs. Il rêve de soumettre la nature à ses désirs, de restaurer l’Empire d’Occident et mène une campagne pour gagner les provinces occidentales mais n’apporte que la misère. Ce qui n’est rien face à la peste qui s’abat en 541, couvrant les 23 années suivantes de son règne de pestilence. Le commerce de la soie permet au rat noir de voyager vers de nouveaux territoires et le changement climatique constitue le facteur final. L’année 536 est une année sans été. Une série d’explosions volcaniques des années 530 à 540 plongent l’Empire dans un hiver de plusieurs décennies, un des plus froids de l’Holocène. Le taux de mortalité augmente jusqu’à atteindre 50 à 60 % de la population. L’ordre social s’effondre, tous les travaux s’arrêtent, les marchés de détail ferment et une famine s’installe dans la cité. Contrairement aux pandémies précédentes, la peste bubonique touche aussi les zones rurales et toutes les couches de la population dont le système immunitaire est affaibli par l’environnement insalubre du monde romain, et dont les organismes le sont également en raison de la diminution des réserves alimentaires engendrée par les anomalies climatiques des années précédentes. Durant deux siècles, de 543 à 749, la peste jaillit de ses réservoirs, provoquant des épidémies aussi violentes que soudaines. En 589 après J.-C., des pluies torrentielles s’abattent sur l’Italie, l’Agide déborde et la crue du Tibre submerge les murailles de Rome. Des églises s’effondrent, les greniers à blé du pape sont détruits. En 590, la peste emporte le pape Pélage II. En 599, l’Occident subit une nouvelle pestilence. La peste de Justinien est un événement funeste, de même que le petit âge glaciaire de l’Antiquité tardive traversé d’épisodes sismiques.
« Pour les contemporains de cette première pandémie, c’était une incroyable nouvelle que d’apprendre qu’un peuple avait été épargné des destructions de la peste. Les Maures, les Turcs et les Arabes habitant le désert auraient été exemptés de la catastrophe globale. […] Les Maures, les Turcs et les habitants du centre de l’Arabie partageaient tous un mode de vie nomade. L’explication écologique est évidente : les formations sociales non sédentaires étaient protégées contre la collusion létale rat-puce-peste. »
L’expansion territoriale, démographique et commerciale de l’Empire romain et son hubris architecturale n’ont eu de cesse de détruire des écosystèmes entiers : un niveau exceptionnel d’urbanisation, plus d’un millier de villes. Fortement inégalitaire et hiérarchisé, l’Empire étend son domaine agraire jusque dans les environnements les plus pauvres, épuisant les sols et la vie des habitants qui ne cessent de lutter contre les maladies et la faim. Les déforestations, l’urbanisation et l’agriculture, bien plus que les effets du changement climatique, ont eu raison de l’Empire romain qui a été incapable de remettre en question les valeurs intrinsèques à toute civilisation : expansion territoriale, croissance démographique et économique, accumulation de richesses, exploitation du monde et des vivants comme source de distraction, d’accumulation matérielle et d’orgueil.
« Même en ce qui concerne l’environnement physique, où des forces entièrement indépendantes de l’action humaine sont à l’œuvre, les effets du changement climatique dépendaient des arrangements particuliers entre une économie agraire et la machinerie de l’empire. Et l’histoire des maladies infectieuses est toujours profondément dépendante des écologies créées par les civilisations. »
L’histoire de l’effondrement de l’Empire romain résonne comme un avertissement à l’heure où de nouveaux agents infectieux émergent – Ebola, Lassa, Nipah, SARS, MERS, Zika – où l’urbanisation se répand comme une lèpre sur le monde sauvage, où les monocultures détruisent les sols, où nos environnements sont de plus en plus toxiques et affaiblissent nos systèmes immunitaires, où nous sommes toujours plus entassés dans des mégapoles toujours plus asphyxiantes. Mieux vaut anticiper l’effondrement de l’Empire de la civilisation industrielle et tout mettre en œuvre pour le démanteler plutôt qu’attendre que les inégalités et l’exploitation toujours plus mortifère du vivant ne nous apportent notre lot de pestilences et d’hécatombes.
Ana Minski