region:nord du liban

  • Israël admet avoir coulé un bateau de réfugiés libanais en 1982 - médias
    The Times of Israël - 23 novembre 2018
    https://fr.timesofisrael.com/israel-admet-avoir-coule-un-bateau-de-refugies-libanais-en-1982-me

    La Dixième chaîne israélienne a révélé jeudi, après la levée de la censure militaire sur un incident remontant à 1982, qu’un sous-marin israélien a accidentellement coulé un bateau qui transportait des réfugiés et des ouvriers étrangers au large de la côte libanaise pendant la guerre du Liban de 1982, tuant 25 personnes.

    Selon la Dixième chaîne, l’incident est survenu au large de Tripoli, au nord du Liban, au mois de juin 1982, alors qu’Israël avait imposé un blocus naval au pays.

    #IsraelLiban

    • Un ancien officier de Tsahal ayant enquêté sur l’incident a confié à la Dixième chaîne ne pas partager le même point de vue.

      Le colonel à la retraite Mike Eldar, qui était à la tête de la 11e flotille pendant la guerre, a estimé que le capitaine avait agi de manière inappropriée et il a accusé Israël de tenter de couvrir l’incident.

      « Nous avons des règles d’engagement même dans les sous-marins : on n’ouvre pas le feu sur un bateau simplement parce qu’on a peut-être des soupçons », a-t-il déclaré à la Dixième chaîne, ajoutant que le sous-marin aurait dû faire venir un bateau de patrouille pour enquêter.

      Eldar a expliqué qu’il avait tenté, depuis des décennies, à faire reconnaître cet incident par Israël.

  • A Lannemezan, une mobilisation pour le plus ancien détenu de France
    Par Jean-Manuel Escarnot, Envoyé spécial à Lannemezan — 22 octobre 2017 à 18:19
    http://www.liberation.fr/france/2017/10/22/a-lannemezan-une-mobilisation-pour-le-plus-ancien-detenu-de-france_160491

    Des soutiens à Georges Ibrahim Abdallah, le détenu ayant purgé la plus longue peine en France, devant l’ambassade française de Beyrouth, le 26 février 2015. Photo AFP

    (...) « Finir ses jours parmi les siens »

    « Il entame sa 34e année de détention. Il reste combatif même s’il a peu d’espoir d’obtenir une libération conditionnelle, relate Suzanne, responsable du collectif de soutien. Le 5 novembre 2014, le tribunal d’application des peines a rejeté sa dernière demande de libération au motif qu’il ne regrettait pas les actes pour lesquels il avait été condamné. Des actes qu’il assume en tant que militant politique d’une organisation et qui ont été commis dans un contexte de guerre et d’occupation israélienne au Liban.

    De retour du parloir où il vient « de passer deux heures avec Georges », Jean-Pierre Bastid, 80 ans, cinéaste et coscénariste du film Dupont Lajoie, se pose à une table de la brasserie où se sont amassés les manifestants à la fin du rassemblement. « Je suis impressionné par son moral, livre-t-il à Libération. Tous les jours il se lève aux aurores dans sa cellule remplie de livres. Après avoir écouté les infos de la BBC en arabe, il fait sa gymnastique puis sort en promenade, avant de revenir en cellule pour lire et répondre à son courrier venu du monde entier. Il reste très informé de la situation au Proche et au Moyen-Orient. Aujourd’hui, il estime que seul un soutien politique de l’Etat libanais lui permettra de sortir de prison. Il veut garder l’espoir que cela finira par arriver. » Originaire de Kobayat, village du Nord du Liban où il est né dans une famille de chrétiens maronites, « Georges » ne rêverait « que de finir ses jours parmi les siens, affirme l’un de ses anciens codétenus venu participer au rassemblement. Mais il a parfois le sentiment qu’il ne sortira de prison que les pieds devant. »

  • Cette révolution syrienne qui n’existe pas. Par Stephen Gowans Mondialisation.ca, 25 octobre 2016 - RipouxBlique des CumulardsVentrusGrosQ
    http://slisel.over-blog.com/2016/10/cette-revolution-syrienne-qui-n-existe-pas.html

    Note de la rédaction : l’article traduit ci-dessous est une dénonciation, en bonne et due forme, des mensonges de propagande qui empoisonnent « la gauche » aux USA concernant le conflit syrien, en l’occurrence sous le clavier d’Eric Draitser qui écrivait sur le site web Counterpunch. Il s’agissait pour l’auteur de démontrer que certains discours se disant « de gauche » cachent en réalité des projets inavouables et manipulateurs au service d’agendas impérialistes occidentaux, et sionistes. Dans le même temps, il offre au lecteur une chronologie très instructive sur le conflit syrien et ses origines cachées dans les ambitions post-coloniales des nations occidentales. De plus, c’est un excellent travail journalistique a posteriori de « débunkage » des manipulations oligarchiques (relayées par leurs médias aux ordres) par l’usage de leur propre travail « à contre-emploi ». Enfin, les reproches émis envers la distorsion du discours « de gauche » aux USA sont parfaitement transposables à la France (ainsi qu’à la plupart des pays francophones) et à ses partis « de gauche », qui diabolisent tous – et à tort – le régime syrien. – Will Summer

    Dans certains milieux circule une rengaine dans le vent qui veut que le soulèvement syrien, comme Eric Draitser l’écrivait dans un récent article de Counterpunch, « a commencé en réaction aux politiques néolibérales du gouvernement syrien et à sa brutalité », et que « le contenu révolutionnaire de la faction rebelle en Syrie a été mis sur la touche par un ramassis de djihadistes, financés par les Qataris et par les Saoudiens. » Cette théorie semble, à mon esprit défendant, reposer sur une logique de présomptions mais non de preuves.

    Une revue des dépêches médiatiques pendant les semaines précédant et suivant immédiatement l’éruption d’émeutes à Deraa, au milieu du mois de mars 2011 – généralement reconnues pour avoir marqué le début des troubles – ne fournit aucune indication que la Syrie ait été aux prises avec un empressement révolutionnaire, anti-néolibéral ou autre. Au contraire, des journalistes travaillant pour Time Magazine et pour le New York Times ont évoqué le large soutien dont bénéficiait le gouvernement, que les opposants d’Assad lui concédaient sa popularité et que les Syriens ne témoignaient guère d’intérêt à manifester. Dans le même temps, ils ont décrit les troubles comme une série d’émeutes concernant des centaines – et non pas des milliers ou des dizaines de milliers – de personnes, mues par un agenda principalement islamiste et exhibant un comportement violent.

    Time Magazine rapporta que deux groupes djihadistes, qui allaient plus tard jouer des rôles de premier plan dans l’insurrection, Jabhat al-Nusra et Ahrar al-Sham, étaient déjà en activité à la veille des émeutes alors que seulement trois mois auparavant des dirigeants des Frères Musulmans avaient exprimé « leur espoir d’une révolte civile en Syrie ». Les Frères Musulmans, qui avaient plusieurs décennies plus tôt déclaré la guerre au Parti Ba’as au pouvoir en Syrie par rejet du laïcisme du parti, étaient enferrés dans une lutte à mort avec les nationalistes arabes depuis les années 1960, et s’étaient engagés dans des bagarres de rue avec des partisans du Parti Ba’as depuis les années 1940. (dans l’une de ces bagarres Hafez al-Assad, père du Président actuel qui allait lui-même servir comme Président de 1970 à 2000, fut poignardé par un adversaire Frère Musulman.) Les dirigeants des Frères Musulmans ont fréquemment rencontré, à partir de 2007, des représentants du State Department US et du Conseil National de Sécurité US, ainsi que de la Middle East Partnership Initiative financée par le gouvernement US, qui endossait ouvertement le rôle de financement d’organisations putschistes à l’étranger – une tâche que la CIA avait jusqu’alors rempli clandestinement.

    Washington avait conspiré pour purger la Syrie de l’influence nationaliste arabe dès le milieu des années 1950 quand Kermit Roosevelt Jr., qui avait été le maître d’œuvre de l’éviction du Premier Ministre Mohammad Mossadegh en Iran, renversé pour avoir nationalisé l’industrie pétrolière de son pays, ourdit avec les renseignements britanniques d’exciter les Frères Musulmans pour renverser un triumvirat de dirigeants nationalistes arabes et communistes à Damas, considérés par Washington et Damas comme nuisibles aux intérêts économiques occidentaux dans le Moyen-Orient.

    Washington alimenta les combattants des Frères Musulmans en armes pendant les années 1980 pour mener une guérilla urbaine contre Hafez al-Assad, que les bellicistes à Washington traitaient de « Communiste arabe ». Son fils Bachar poursuivit l’attachement des nationalistes arabes à l’unité (de la nation arabe), à l’indépendance et au socialisme (arabe). Ces objectifs guidaient l’état syrien – comme ils avaient guidé les états nationalistes arabes de Libye sous Mouammar Qaddafi, et d’Irak sous Saddam Hussein. Ces trois états étaient les cibles de Washington pour la même raison : leurs principes nationalistes arabes s’opposaient fondamentalement à l’agenda impérialiste US d’hégémonie planétaire des États-Unis.

    Le refus par Bachar al-Assad de renoncer à l’idéologie nationaliste arabe consterna Washington qui se plaignit de son socialisme, la tierce partie de la sainte trinité des valeurs ba’athistes. Des plans pour évincer Assad – partiellement inspirés par son refus d’embrasser le néolibéralisme de Washington – étaient déjà en préparation à Washington en 2003, sinon plus tôt. Si Assad était un champion du néolibéralisme comme le prétendent Draitser et d’autres, cela a étrangement échappé à l’attention de Washington et de Wall Street, qui se plaignaient de la Syrie « socialiste » et de ses politiques économiques résolument anti-néolibérales.

    Un bain de sang déclenché avec l’aide des USA

    Fin janvier 2011, une page Facebook a été créée avec le titre « The Syrian Revolution 2011 ». Elle annonçait qu’un « Jour de Colère » serait tenu le 4, et le 5 février [1]. Les manifestations « s’évanouirent d’elles-mêmes », selon Time. Le Jour de Colère se solda par un Jour d’Indifférence. En plus, les liens avec la Syrie étaient ténus. La plupart des slogans scandés par les quelques manifestants présents concernaient la Libye, exigeant que Mouammar Qaddafi – dont le gouvernement était assiégé par des insurgés islamistes – quitte le pouvoir. Des projets pour de nouvelles manifestations furent faits pour le 4 et le 5 mars, mais elles n’attirèrent pas davantage de soutien [2].

    La correspondante de Time Rania Abouzeid attribua l’échec des organisateurs de ces manifestations pour attirer un soutien significatif au fait que la plupart des Syriens n’étaient pas opposés à leur gouvernement. Assad avait une réputation favorable, en particulier parmi les deux-tiers de la population âgée de moins de 30 ans, et les politiques de son gouvernement jouissaient d’un large soutien. « Même des opposants concèdent qu’Assad est populaire et jugé proche de l’énorme cohorte de jeunes du pays, à la fois émotionnellement, psychologiquement et, bien entendu, chronologiquement », rapportait Abouzeid en ajoutant qu’au contraire « des dirigeants pro-US renversés de Tunisie et d’Égypte, la politique étrangère d’Assad hostile envers Israël, son soutien acharné en faveur des Palestiniens et de groupes militants comme le Hamas et le Hezbollah sont en accord avec les sentiments du peuple syrien. » Assad, en d’autres termes, avait une légitimité. La correspondante de Time poursuivait pour écrire qu’Assad « conduisant lui-même jusqu’à la Mosquée des Omeyyades en février pour prendre part aux prières marquant l’anniversaire du Prophète Mohammed, et flânant parmi la foule du Souq Al-Hamidiyah entouré d’une garde restreinte » s’était « attiré, à titre personnel, l’affection du public » [3].

    Cette description du Président syrien – un dirigeant aimé de son peuple, idéologiquement en phase avec les sentiments syriens – s’érige en contraire du discours qui allait émerger peu de temps après l’éruption de manifestations violentes dans la ville syrienne de Deraa moins de deux semaines plus tard, et qui allait s’implanter dans celui des gauchistes US dont Draitser. Mais à la veille des événements déclencheurs de Deraa, la Syrie se faisait remarquer par sa quiétude. Personne ne « s’attend à un soulèvement de masse en Syrie », rapportait Abouzeid « et, malgré l’expression d’une dissidence une fois de temps en temps, il y en a très peu qui souhaitent y prendre part » [4]. Un jeune Syrien dit à Time : « Il y a beaucoup d’aides du gouvernement pour la jeunesse. Ils nous donnent des livres gratuits, des écoles gratuites, des universités gratuites. » (Pas trop l’image d’un état néolibéral comme dépeint par Draitser…) Elle continue : « Pourquoi y aurait-il une révolution ? La probabilité en est peut-être d’un pour cent. » [5] Le New York Times partageait cette opinion. La Syrie, rapportait le journal, « semblait immunisée contre la vague de révoltes frappant le monde arabe. » [6] La Syrie était libre de troubles.

    Mais le 17 mars, il y eut un violent soulèvement à Deraa. Il y a des récits contradictoires quant à qui, ou ce qui l’a déclenché. Time rapporta que la « révolte à Deraa a été provoquée par l’arrestation d’une poignée de jeunes pour avoir peint un mur avec des graffitis anti-régime. » [7] Robert Fisk de The Independent offrait une version légèrement différente. Il rapportait que « des agents des services de renseignement avaient tabassé et tué plusieurs garçons qui avaient tagué des graffitis sur les murs de la ville. » [8] Un autre récit soutient que le facteur ayant mis le feu aux poudres à Deraa ce jour-là, avait été l’usage extrême et disproportionné de la force par les services de sécurité syriens en réponse à des manifestations s’opposant à l’arrestation des garçons. Il y a eu « quelques jeunes dessinant des graffitis sur les murs, ils ont été mis en détention, et comme leurs parents voulaient les récupérer, les services de sécurité ont réagi de façon vraiment très, très brutale. » [9] Un autre récit, provenant du gouvernement syrien, affirme que rien de tout cela ne s’est produit. Cinq ans après les événements, Assad déclara lors d’une interview que cela « n’est pas arrivé. Ce n’était que de la propagande. En fait, nous en avons entendu parler, et nous n’avons jamais vu ces enfants ayant été emmenés en prison à l’époque. Donc, c’était une histoire fausse. » [10]

    Mais s’il y a eu des désaccords sur ce qui avait déclenché le soulèvement, il y en a eu peu pour dire qu’il était violent. Le New York Times rapporta que « les manifestants ont mis le feu au quartier-général du Parti Ba’as au pouvoir ainsi qu’à d’autres bâtiments gouvernementaux… et ont affronté la police… En plus du quartier-général du parti, les manifestants ont incendié le palais de justice de la ville et les bureaux locaux de la compagnie de téléphone SyriaTel. » [11] Time ajoutait que les manifestants avaient mis le feu au bureau du gouverneur, ainsi qu’à ceux de la succursale locale d’une deuxième compagnie de téléphonie mobile. [12] L’agence de presse du gouvernement syrien, SANA (Syrian Arab News Agency), publia des photographies de véhicules en flammes sur son site web. [13] Clairement il ne s’agissait pas là d’une manifestation pacifique, ainsi qu’elle serait décrite plus tard. Ce n’était pas non plus un soulèvement populaire. Time rapporta que les manifestants se dénombraient par centaines, et pas en milliers ou en dizaines de milliers. [14]

    Assad a immédiatement réagi aux troubles de Deraa, annonçant « une série de réformes, y compris une augmentation du salaire des fonctionnaires, une plus grande liberté pour les médias d’information et les partis politiques, et un réexamen de la loi sur l’état d’urgence, » [15] une restriction des libertés politiques et civiques de temps de guerre en vigueur parce que la Syrie était officiellement en guerre contre Israël. Avant la fin du mois d’avril, le gouvernement allait abroger « la loi sur l’état d’urgence du pays vieille de 48 ans » et abolir « la Cour Suprême de l’État sur la Sécurité. » [16]

    Pourquoi le gouvernement a-t-il fait ces concessions ? Parce que c’est ce qu’avaient demandé les manifestants de Deraa. Les manifestants se sont « rassemblés dans et autour de la Mosquée d’Omari à Deraa, scandant leurs exigences : la libération de tous les prisonniers politiques… l’abolition de la loi sur l’état d’urgence vieille de 48 ans ; davantage de libertés ; et la fin de la corruption endémique. » [17] Ces exigences étaient cohérentes avec l’appel, articulé début février sur la page Facebook « The Syrian Revolution 2011 », pour « mettre fin à l’état d’urgence et à la corruption en Syrie. » [18] Un appel exigeant la libération de tous les prisonniers politiques fut également rédigé dans une lettre signée par des religieux et posté sur Facebook. Les exigences des religieux incluaient l’abrogation de la « loi sur l’état d’urgence, la libération de tous les détenus pour des raisons politiques, la cessation du harcèlement par les services de sécurité du régime et un combat contre la corruption. » [19] Relâcher les détenus pour des raisons politiques équivalait à libérer des djihadistes ou, pour employer le terme communément usité en Occident, des « terroristes ». Le State Department US avait reconnu que l’Islam politique était la principale force d’opposition en Syrie [20] ; les djihadistes constituaient la majeure partie du corps des opposants à même d’être incarcérés. Que des religieux réclament que Damas libère tous ses prisonniers politiques est comparable à ce que l’État Islamique exige de Washington, Paris et Londres la libération tous les Islamistes détenus dans les prisons US, françaises et britanniques pour des affaires liées au terrorisme. Il ne s’agissait pas d’exigences pour des emplois ou davantage de démocratie, mais de l’issue de détention d’activistes inspirés par l’objectif d’instaurer un état islamique en Syrie. L’appel à lever l’état d’urgence, pareillement, semblait avoir peu de rapport avec la promotion de la démocratie et davantage avec l’amélioration de la mobilité des djihadistes et de leurs acolytes, pour organiser l’opposition à l’état laïc.

    Une semaine après l’explosion des violences à Deraa, Rania Abouzeid de Time rapportait qu’il « ne semble pas y avoir d’appels répandus pour la chute du régime ou pour l’éviction du Président, relativement populaire. » [21] Effectivement, les exigences émises par les manifestants et par les religieux ne comprenaient pas d’appel à la démission d’Assad. Et les Syriens se ralliaient à leur Président. « Il y a eu des contre-manifestations dans la capitale en soutien au Président, » [22] réunissant d’après les rapports beaucoup plus de monde que les quelques centaines de manifestants qui avaient pris les rues de Deraa pour incendier des bâtiments et des voitures, et affronter la police. [23]

    Le 9 avril – moins d’un mois après les événements de Deraa – Time rapportait qu’une série de manifestations avait été organisées et que l’Islam y jouait un rôle prééminent. Pour quiconque un tant soit peu familier avec l’enchaînement sur plusieurs décennies de grèves, de manifestations, d’émeutes et d’insurrections qu’avaient initié les Frères Musulmans contre ce qu’ils estimaient être le gouvernement « infidèle » ba’athiste, tout cela ressemblait à l’histoire qui se répétait. Les manifestations n’atteignaient pas la masse critique. Au contraire, le gouvernement continuait à bénéficier de « la loyauté » d’une « large partie de la population », selon Time. [24]

    Les Islamistes ont joué un rôle éminent dans la rédaction des Déclarations de Damas au milieu des années 2000, qui réclamaient le changement de régime. [25] En 2007 les Frères Musulmans, archétypes du mouvement politique islamiste sunnite, ayant inspiré al-Qaeda et sa progéniture de Jabhat al-Nusra à l’État Islamique, se sont mis en cheville avec un ancien vice-président syrien pour fonder le Front du Salut National. Cet organe a fait de fréquentes rencontres avec le State Department US et le Conseil National de Sécurité US, ainsi qu’avec la Middle East Partnership Initiative [Inititative de Partenariat au Moyen-Orient, NdT] financée par le gouvernement US, [26] qui accomplissait ouvertement ce que la CIA faisait naguère en secret, c’est-à-dire acheminer des fonds et de l’expertise aux cinquièmes colonnes des pays où Washington n’aimait pas le gouvernement.

    En 2009, juste deux ans avant l’éruption des troubles à travers le monde arabe, les Frères Musulmans de Syrie ont dénoncé le gouvernement nationaliste arabe de Bachar al-Assad comme élément exogène et hostile à la société syrienne, qui devait être éliminé. Selon la réflexion du groupe la communauté des Alaouïtes, à laquelle appartient Assad et que les Frères considéraient comme hérétiques, se servait du nationalisme arabe laïc comme couverture pour la progression d’un agenda sectaire, dont l’objectif était la destruction de la Syrie de l’intérieur par l’oppression des « vrais » Musulmans (c’est-à-dire des Sunnites). Au nom de l’Islam, il était nécessaire de renverser ce régime hérétique. [27]

    Seulement trois mois avant le début des violences de Syrie en 2011, l’érudit Liat Porat écrivit un billet pour le Crown Center for Middle East Studies, basé à l’Université de Brandeis. « Les dirigeants du mouvement, » concluait Porat, « continuent d’exprimer leur espoir d’une révolte civile en Syrie, dans laquelle ‘le peuple syrien remplira son devoir et libérera la Syrie du régime tyrannique et corrompu’. » Les Frères Musulmans stressaient le fait qu’ils étaient engagés dans une lutte à mort contre le gouvernement nationaliste arabe laïc de Bachar al-Assad. Il était impossible de trouver un arrangement politique avec ce gouvernement car ses dirigeants n’appartenaient pas à la nation syrienne, musulmane et sunnite. L’appartenance à la nation syrienne était réservée aux vrais Musulmans affirmaient les Frères, et pas aux hérétiques alaouïs qui embrassaient des croyances étrangères aussi anti-islamiques que le nationalisme arabe. [28]

    Que les Frères Musulmans syriens aient joué un rôle clé dans le soulèvement s’est vu confirmé en 2012 par la Defense Intelligence Agency US [renseignements militaires, NdT]. Un document ayant fuité de l’agence déclarait que l’insurrection était sectaire et emmenée par les Frères Musulmans et al-Qaeda en Irak, précurseur de l’État Islamique. Le document poursuivait pour dire que ces insurgés étaient soutenus par l’Occident, les pétromonarchies arabes du Golfe Persique et la Turquie. L’analyse prédisait correctement l’établissement d’une « principauté salafiste » – un état islamique – en Syrie orientale, soulignant que c’était là le souhait des appuis étrangers de l’insurrection, qui voulaient voir les nationalistes arabes isolés et coupés de l’Iran. [29]

    Des documents mis au point par des chercheurs du Congrès US en 2005 ont révélé que le gouvernement US envisageait activement le changement de régime en Syrie longtemps avant les soulèvements du Printemps Arabe de 2011, ce qui défie l’opinion que le soutien US en faveur des rebelles syriens reposait sur leur allégeance à un « soulèvement démocratique », et démontrent qu’il s’agissait de l’extension d’une politique de longue date visant à renverser le gouvernement de Damas. En effet, les chercheurs reconnaissaient que la motivation du gouvernement US pour renverser le gouvernement nationaliste arabe laïc à Damas n’avait rien à voir avec la promotion de la démocratie au Moyen-Orient. Pour être précis, ils relevaient que la préférence de Washington allait vers les dictatures laïques (Égypte) et les monarchies (Jordanie et Arabie Saoudite). Le moteur des efforts visant le changement de régime, selon les chercheurs, était le désir de balayer un obstacle à l’accomplissement des objectifs US au Moyen-Orient en lien avec : le renforcement d’Israël, la consolidation de la domination US en Irak et l’instauration d’économies de marché sur le mode néolibéral. La démocratie n’a jamais fait partie du décor. [30] Si Assad faisait la promotion de politiques néolibérales en Syrie comme le prétend Draitser, il est difficile de comprendre pourquoi Washington a pu citer le refus syrien d’épouser l’agenda US d’ouverture des marchés et de liberté des entreprises comme prétexte pour procéder au changement du gouvernement syrien.

    Afin de mettre un accent sur le fait que les manifestations manquaient de soutien populaire massif le 22 avril, plus d’un mois après le début des émeutes à Deraa, Anthony Shadid du New York Times rapportait que « les manifestations, jusqu’ici, ont semblé ne pas atteindre le niveau des soulèvements populaires des révolutions d’Égypte et de Tunisie. » En d’autres termes, plus d’un mois après que des centaines – et pas des milliers, ni des dizaines de milliers – de manifestants aient provoqué des émeutes à Deraa, il n’y avait pas de signes d’un soulèvement populaire de type Printemps Arabe en Syrie. La rébellion restait une affaire essentiellement circonscrite aux Islamistes. Par contraste, il y avait eu à Damas d’énormes manifestations en soutien – et non pas hostile – au gouvernement, Assad était toujours populaire et, selon Shadid, le gouvernement profitait de la loyauté des « sectes hétérodoxes chrétiennes et musulmanes. » [31] Shadid n’a pas été le seul journaliste occidental à rapporter que les Alaouïtes, les Ismaïliens, les Druzes et le Chrétiens soutenaient fortement le gouvernement. Rania Abouzeid de Timeobserva que les Ba’athistes « pouvaient compter sur le soutien des groupes minoritaires conséquents de Syrie. » [32]

    La réalité que le gouvernement syrien commandait la loyauté des sectes hétérodoxes chrétiennes et musulmanes, telle que rapportée par Anthony Shadid du New York Times, suggère que les minorités religieuses de Syrie décelaient dans ce soulèvement quelque chose qui n’a pas assez été rapporté par la presse occidentale (et que les socialistes révolutionnaires aux États-Unis ont manqué), c’est-à-dire qu’il était alimenté par un agenda sectaire sunnite islamiste qui, s’il devait porter ses fruits, aurait des conséquences désagréables pour tous ceux n’étant pas considérés comme de « vrais » Musulmans. Pour cette raison les Alaouïtes, les Ismaïliens, les Druzes et les Chrétiens s’alignaient avec les Ba’athistes qui cherchaient à réduire les clivages sectaires dans leur engagement programmatique de génération d’unité de la nation arabe. Le slogan « les Alaouïtes dans la tombe et les Chrétiens à Beyrouth ! » entonné pendant les manifestations des premiers jours [33] ne faisait que confirmer le fait que le soulèvement s’inscrivait dans la continuité de la lutte à mort proclamée par l’Islam politique sunnite contre le gouvernement nationaliste arabe laïc, et n’était nullement une révolte populaire en faveur de la démocratie ou contre le néolibéralisme. S’il s’était agi de l’une ou l’autre de ces choses, alors comment expliquer que la soif de démocratie et l’opposition au néolibéralisme n’aient été présentes qu’au sein de la communauté sunnite, et absentes dans les communautés des minorités religieuses ? Assurément, un déficit de démocratie et une tyrannie néolibérale auraient dépassé les frontières religieuses, si jamais ils avaient figuré parmi les facteurs déclencheurs d’un soulèvement révolutionnaire. Que les Alaouïtes, les Ismaïliens, les Druzes et les Chrétiens n’aient pas manifesté, et que les émeutes aient reposé sur les Sunnites avec un contenu islamiste suggère fortement que l’insurrection, dès le départ, constituait la recrudescence de la campagne djihadiste sunnite engagée de longue date contre la laïcité ba’athiste.

    « Dès le tout début le gouvernement Assad a déclaré qu’il était engagé dans un combat contre des militants islamistes. » [34] La longue histoire des soulèvements islamistes contre le Ba’athisme antérieurs à 2011 suggère certainement que c’était très probablement le cas, et la façon dont le soulèvement évolua par la suite, en tant que guerre emmenée par des Islamistes contre l’état laïc, ne fait que renforcer ce point de vue. D’autres preuves à la fois positives et négatives corroboraient l’affirmation d’Assad que l’état syrien subissait l’attaque de djihadistes (tout comme il l’avait déjà été maintes fois dans le passé). Les preuves négatives, que le soulèvement n’était pas une révolte populaire dirigée contre un gouvernement impopulaire, transpiraient des rapports médiatiques occidentaux qui démontraient que le gouvernement nationaliste arabe de Syrie était populaire et commandait la loyauté de la population.

    Les manifestations et les émeutes anti-gouvernementales à petite échelle ont attiré beaucoup moins de monde, par contraste, qu’une énorme manifestation à Damas en soutien au gouvernement et assurément, également beaucoup moins que les soulèvements populaires d’Égypte et de Tunisie. De plus, les exigences des manifestants étaient centrées sur la libération de prisonniers politiques (principalement des djihadistes) et sur la levée des restrictions de temps de guerre sur la dissidence politique, pas sur des appels à la démission d’Assad ou au changement des politiques économiques du gouvernement. Les preuves positives proviennent des rapports médiatiques occidentaux démontrant que l’Islam politique a joué un rôle prééminent dans les émeutes. En outre, alors qu’il était crédité que les groupes islamistes armés n’étaient entrés dans l’arène que dans le sillage des émeutes initiales du printemps 2011 – « piratant » ainsi un « soulèvement populaire » – en réalité, deux groupes ayant joué un grand rôle dans la révolte armée post-2011 contre le nationalisme arabe laïc, Ahrar al-Sham et Jabhat al-Nusra étaient tous les deux actifs, au début de cette année-là. Ahrar al-Sham « avait commencé à former des brigades […] bien avant la mi-mars 2011, » quand l’émeute de Deraa a eu lieu, selon Time. [35] Jabhat al-Nusra, franchise d’al-Qaeda en Syrie, « était inconnu jusqu’à fin janvier 2012 où le groupe a annoncé sa formation [… mais] il était déjà actif depuis des mois. » [36]

    Un autre élément de preuve corroborant l’idée que l’Islam militant a joué très tôt un rôle dans les soulèvements – ou du moins, que les manifestations ont tout de suite été violentes – est qu’il y « avait dès le départ des signes que des groupes armés étaient impliqués. » Le journaliste et écrivain Robert Fisk se souvient avoir vu un enregistrement des « tous premiers jours du ‘soulèvement’ montrant des hommes équipés d’armes de poing et de Kalashnikovs, pendant une manifestation à Deraa. » Il se souvient d’un autre événement survenu en mai 2011, où « une équipe d’Al Jazeera a filmé des hommes armés tirant sur des troupes syriennes à quelques centaines de mètres de la frontière du nord du Liban, mais la chaîne a décidé de ne pas diffuser l’enregistrement. » [37] Même des officiels US, qui étaient hostiles au gouvernement syrien et dont on aurait pu attendre qu’ils contestent la version de Damas selon laquelle la Syrie était engagée dans une lutte contre des rebelles armés, ont « concédé que les manifestations n’étaient pas pacifiques et que certains participants étaient armés. » [38] En septembre, les autorités syriennes faisaient savoir qu’elles déploraient la perte de plus de 500 policiers et soldats, tués par les insurgés. [39] À la fin du mois d’octobre ces chiffres avaient plus que doublé. [40] En moins d’un an, le soulèvement était parti de l’incendie de bâtiments du Parti Ba’as et de bureaux gouvernementaux avec des affrontements contre la police, à la guérilla comprenant des méthodes qui seraient plus tard définies de « terroristes », quand elles sont menées contre des cibles occidentales.

    Assad allait se plaindre plus tard que :

    Tout ce que nous avons dit depuis le début de la crise en Syrie, ils le disent plus tard. Ils ont dit que c’était pacifique, nous avons que ça ne l’était pas, ils tuent – ces manifestants, qu’ils ont appelé des manifestants pacifiques – ils ont tué des policiers. Et ce sont devenus des militants. Ils ont dit oui, ce sont des militants. Nous avons dit ce sont des militants, et c’est du terrorisme. Ils ont dit que non, ce n’est pas du terrorisme. Et ensuite, quand ils admettent que c’est du terrorisme nous disons que c’est al-Qaeda et ils disent non, ce n’est pas al-Qaeda. Alors quoique nous disions, ils le disent plus tard. [41]

    Le « soulèvement syrien », écrivait le spécialiste du Moyen-Orient Patrick Seale, « ne devrait être considéré que comme le dernier épisode, sans nul doute le plus violent, de la longue guerre entre Islamistes et Ba’athistes qui remonte à la fondation du Parti Ba’as laïc dans les années 1940. Le combat qui les oppose a désormais atteint le niveau de lutte à la mort. » [42] « Il est frappant, » poursuivait Seale en citant Aron Lund qui avait rédigé un rapport pour l’Institut Suédois des Affaires Internationales sur le djihadisme syrien, « que quasiment tous les membres des divers groupes armés sont des Arabes sunnites ; que les combats ont surtout été circonscrits uniquement dans les zones de peuplement arabes sunnites, tandis que les régions habitées par les Alaouïtes, les Druzes ou les Chrétiens sont demeurées passives ou ont soutenu le régime ; que les défections du régime sont sunnites presque à 100% ; que l’argent, les armes et les volontaires proviennent d’états islamistes ou d’organisations et d’individus pro-islamistes ; et que la religion soit le dénominateur commun le plus important du mouvement des insurgés. » [43]

    La brutalité qui met le feu aux poudres ?

    Est-il raisonnable de croire que l’usage de la force par l’état syrien ait enflammé la guérilla qui a commencé peu de temps après ?

    Cela défie le raisonnement, qu’une réaction excessive de la part des services de sécurité face au déni de l’autorité du gouvernement dans la ville syrienne de Deraa (s’il y a vraiment eu sur-réaction), puisse déclencher une guerre majeure impliquant une foule d’autres pays et mobilisant des djihadistes venant de dizaines de pays différents. Il aura fallu ignorer un éventail de faits discordants dès le départ, pour pouvoir donner à cette histoire le moindre soupçon de crédibilité.

    D’abord, il aura fallu passer outre la réalité que le gouvernement Assad était populaire et considéré comme légitime. Il est possible de plaider qu’une réaction trop excessive, issue d’un gouvernement hautement impopulaire en face d’un défi trivial à son autorité ait pu fournir la mèche indispensable à l’embrasement d’une insurrection populaire, mais malgré les insistances du Président Barack Obama selon lequel Assad manquait de légitimité, il n’existe aucune preuve que la Syrie, en mars 2011, ait été un baril de poudre de ressentiment anti-gouvernemental sur le point d’exploser. Comme Rania Abouzeid de Time le rapportait la veille des émeutes à Deraa, « même ses opposants concèdent qu’Assad est populaire » [44] et « personne ne s’attend à des soulèvements de masse en Syrie et, malgré l’expression d’une dissidence de temps en temps, il y en a très peu souhaitent y prendre part. » [45]

    Ensuite, il nous aura fallu délaisser le fait que les émeutes de Deraa impliquaient des centaines de participants, un piètre soulèvement de masse, et les manifestations qui ont suivi ont également échoué à atteindre une masse critique comme l’avait rapporté Nicholas Blanford, de Time. [46] De même, Anthony Shadid du New York Times n’a relevé aucune preuve révélant un soulèvement de masse en Syrie, plus d’un mois après les émeutes de Deraa. [47] Ce qui se passait vraiment, à l’inverse de la rhétorique propagée par Washington évoquant le Printemps Arabe qui aurait atteint la Syrie, c’était que des djihadistes étaient engagés dans une campagne de guérilla contre les forces de sécurité syriennes qui avait, déjà en octobre, pris les vies de plus d’un millier de policiers et de soldats.

    Enfin, il nous aura fallu fermer les yeux sur le fait que le gouvernement US, avec son allié britannique, avait concocté des plans en 1956 pour la création d’une guerre en Syrie par l’embrigadement des Frères Musulmans, devant provoquer des soulèvements intérieurs. [48] Les émeutes de Deraa et les affrontements qui ont suivi contre la police et les soldats ressemblent au plan qu’avait ourdi le spécialiste en changements de régimes, Kermit Roosevelt Jr. . Il ne s’agit pas d’affirmer que la CIA ait épousseté le projet de Roosevelt et l’ait recyclé pour être déployé en 2011 ; seulement que le complot démontre que Washington et Londres étaient capables de projeter une opération de déstabilisation impliquant une insurrection emmenée par les Frères Musulmans, afin d’obtenir le changement de régime en Syrie.

    Il nous aurait fallu également avoir ignoré les événements de février 1982 quand les Frères Musulmans ont pris le contrôle de Hama, la quatrième plus grande ville du pays. Hama était l’épicentre du fondamentalisme sunnite en Syrie, et une base importante pour les opérations des combattants djihadistes. Aiguillonnés par la fausse nouvelle du renversement d’Assad, les Frères Musulmans se livrèrent à un joyeux et sanglant saccage de la ville, prenant d’assaut les commissariats et assassinant les dirigeants du Parti Ba’as ainsi que leurs familles, et des fonctionnaires du gouvernement ainsi que des soldats. Dans certains cas les victimes étaient décapitées, [49] une pratique qui serait revigorée des décennies plus tard par les combattants de l’État Islamique. Chaque responsable du Parti Ba’as de la ville de Hama fut assassiné. [50]

    L’Occident se souvient davantage des événements de Hama en 1982 (s’il s’en souvient du tout) non pour les atrocités commises par les Islamistes, mais pour la réaction de l’armée syrienne qui, comme il faut s’y attendre de la part de n’importe quelle armée, a impliqué l’usage de la force pour restaurer la souveraineté de contrôle du territoire saisi par les insurgés. Des milliers de troupes furent déployées pour reprendre Hama aux Frères Musulmans. L’ancien responsable du State Department US William R. Polk a décrit les suites de l’assaut de l’armée syrienne sur Hama comme similaires à celles de l’assaut US contre la ville irakienne de Falloujah en 2004, [51] (à la différence évidemment que l’armée syrienne agissait de manière légitime à l’intérieur de son propre territoire, tandis que les militaires US agissaient de façon illégitime en tant que force d’occupation pour écraser l’opposition à leurs activités.) Le nombre de morts au cours de l’assaut contre Hama demeure encore disputé. Les chiffres varient. « Un rapport précoce paru dans Time affirmait que 1000 personnes y avaient trouvé la mort. La plupart des observateurs estimaient que 5000 personnes avaient été tuées. Des sources israéliennes et les Frères Musulmans – des ennemis jurés des nationalistes arabes laïcs qui avaient donc intérêt à exagérer le bilan des morts – « ont déclaré que le nombre de morts avait dépassé les 20 000 victimes. » [52] Robert Dreyfus, qui a écrit sur la collaboration de l’Occident avec l’Islam politique, plaide que les sources occidentales ont délibérément gonflé les chiffres du bilan des morts afin de diaboliser les Ba’athistes et les dépeindre en tueurs sans pitié, et que les Ba’athistes ont laissé courir ces histoires pour intimider les Frères Musulmans. [53]

    Alors que l’armée syrienne déblayait les décombres de Hama dans les suites de l’assaut, des preuves furent découvertes attestant que des gouvernements étrangers avaient fourni de l’argent, des armes et du matériel de communication aux insurgés dans Hama. Polk écrit que :

    Assad voyait bien les fauteurs de troubles à l’œuvre parmi son peuple. C’était, après tout, l’héritage émotionnel et politique du règne colonial – un héritage douloureusement évident pour la majeure partie du monde post-colonial, mais qui est passé presque inaperçu en Occident. Et cet héritage n’est pas un mythe. C’est une réalité que, souvent des années après les événements, nous pouvons vérifier d’après des documents officiels. Hafez al-Assad n’a pas eu besoin d’attendre des fuites de documents classés : ses services de renseignements et des journalistes internationaux ont dévoilé des douzaines de tentatives de subversion de son gouvernement par des pays arabes conservateurs et riches en pétrole, par les États-Unis et par Israël. La plupart s’étaient engagés dans des « sales tours », de la propagande ou des injections d’argent, mais il importe de relever que lors du soulèvement de Hama en 1982, plus de 15 000 fusils automatiques d’origine étrangère ont été capturés, ainsi que des prisonniers comprenant des éléments des forces paramilitaires jordaniennes, entraînés par la CIA (à peu près comme les djihadistes qui apparaissent si souvent dans les rapports médiatiques sur la Syrie en 2013). Et ce qu’il a vu en Syrie a été confirmé par ce qu’il a pu apprendre des changements de régime à l’occidentale en d’autres lieux. Il était informé de la tentative d’assassinat du Président Nasser d’Égypte par la CIA, ainsi que du renversement anglo-US du gouvernement du Premier Ministre d’Iran, Mohammad Mossadegh. [54]

    Dans son livre « De Beyrouth à Jérusalem », le chroniqueur du New York Times Thomas Friedman a écrit que « le massacre de Hama peut être considéré comme la réaction naturelle d’un politicien progressiste dans un état-nation relativement jeune, s’efforçant de réprimer des éléments rétrogrades – ici des fondamentalistes islamiques – cherchant à miner tout ce qu’il avait pu accomplir pour construire la Syrie en république laïque du vingtième siècle. C’est également pourquoi, » continuait Friedman, « s’il y avait eu quelqu’un pour faire un sondage d’opinion objectif en Syrie dans le sillage du massacre de Hama, le traitement par Assad de la rébellion y aurait reflété un assentiment significatif, même au sein des Musulmans sunnites. » [55]

    L’émergence d’un Djihad islamiste sunnite contre le gouvernement syrien pendant les années 1980 défie l’interprétation selon laquelle le militantisme islamiste sunnite au Levant est une conséquence de l’invasion par les USA de l’Irak en 2003, et des politiques sectaires pro-Chiites des autorités d’occupation US. Cette perspective est historiquement myope, et aveugle à l’existence d’un militantisme islamiste sunnite depuis plusieurs dizaines d’années comme force politique signifiante au Levant. Dès l’instant où la Syrie obtint formellement son indépendance de la France après la Seconde Guerre Mondiale, dans les décennies qui suivirent au cours du vingtième siècle et jusqu’au siècle suivant, les forces antagonistes présentes en Syrie ont été le nationalisme arabe laïc et l’Islam politique. Comme l’écrivait le journaliste Patrick Cockburn en 2016, « l’opposition armée syrienne est dominée par Da’esh, al-Nusra et Ahrar al-Sham. » La « seule alternative à ce règne (du nationalisme arabe laïc) est celui des Islamistes. » [56] C’est depuis longtemps le cas.

    Finalement, il nous aura fallu en plus ignorer le fait que les stratèges US avaient projeté depuis 2003 – et peut-être aussi tôt qu’en 2001 – de contraindre Assad et son idéologie nationaliste arabe laïque à quitter le pouvoir, et financé depuis 2005 l’opposition syrienne – y compris des groupes affiliés aux Frères Musulmans. Donc, Washington avait œuvré au renversement du gouvernement Assad dans le but de dé-ba’athifier la Syrie. Une lutte de guérilla dirigée contre les nationalistes arabes laïcs de Syrie se serait déployée, que la réaction du gouvernement syrien à Deraa ait été excessive ou pas. La partie était déjà lancée, et il ne fallait plus qu’un prétexte. Deraa l’a fourni. Ainsi, l’idée selon laquelle l’arrestation de deux garçons à Deraa, pour avoir peint des graffitis anti-gouvernementaux sur un mur, ait pu enflammer un conflit de cette ampleur est aussi crédible que la notion accréditant l’embrasement de la Première Guerre Mondiale, en tout et pour tout à l’assassinat de l’Archiduc François-Ferdinand.

    La Syrie socialiste

    Le socialisme peut être défini de plusieurs façons, mais s’il peut l’être par l’exercice de la propriété publique sur les mécanismes de l’économie de pair avec une planification économique étatique, alors la Syrie selon ses Constitutions de 1973 et 2012 en remplit clairement les critères. Toutefois, la République Arabe Syrienne n’a jamais été un état socialiste prolétarien selon les catégories reconnues par les Marxistes. C’était plutôt un état arabe socialiste, inspiré par l’objectif de réaliser l’indépendance politique arabe et de surmonter l’héritage de sous-développement de la nation arabe. Les concepteurs de la Constitution voyaient le socialisme comme un moyen d’accomplir la libération nationale et le développement économique. « La marche vers l’établissement d’un ordre socialiste, » ont écrit les rédacteurs de la Constitution de 1973, est une « nécessité fondamentale pour mobiliser les potentialités des masses arabes dans leur lutte contre le Sionisme et contre l’impérialisme. » Le socialisme marxiste se préoccupait de la lutte entre une classe nantie exploitante et une classe laborieuse exploitée, tandis que le socialisme arabe situait le combat entre nations exploitantes et nations exploitées. Bien que ces deux socialismes différents opéraient en fonction de niveaux d’exploitation différents, ces distinctions n’avaient aucune importance pour les banques, les multinationales et les gros investisseurs occidentaux tandis qu’ils scrutaient le monde à la recherche de bénéfices à leur portée. Le socialisme travaillait contre les intérêts commerciaux du capital industriel et financier US, qu’il soit orienté vers la fin de l’exploitation de la classe laborieuse ou le dépassement de l’oppression impérialiste de groupes nationaux.

    Le socialisme ba’athiste irritait Washington depuis longtemps. L’état ba’athiste avait exercé une influence considérable sur l’économie syrienne par le biais d’entreprises nationalisées, de subventions données à des entreprises nationales privées, de limites imposées à l’investissement extérieur et de restrictions appliquées aux importations. Les Ba’athistes considéraient ces mesures comme les outils économiques indispensables d’un état post-colonial, s’appliquant à arracher sa vie économique aux griffes d’anciennes puissances coloniales et à cartographier une voie de développement libre de la domination d’intérêts étrangers.

    Les objectifs de Washington, cependant, étaient évidemment antinomiques. Washington ne voulait pas que la Syrie nourrisse son industrie et conserve énergiquement son indépendance, mais qu’elle serve les intérêts des banquiers et des gros investisseurs qui comptaient vraiment aux États-Unis en ouvrant les forces vives de la Syrie à l’exploitation, ainsi que son territoire et ses ressources naturelles à la propriété étrangère. Notre agenda, déclarait l’Administration Obama en 2015, « se concentre sur l’abaissement des tarifs [douaniers] pour les produits américains, l’effacement des barrières à nos biens et services, et à l’application de normes plus draconiennes pour niveler le terrain à l’avantage des entreprises américaines. » [57] Ce n’était guère un nouvel agenda, c’était celui de la politique étrangère US depuis des décennies. Damas ne rentrait pas dans le rang dicté par Washington, qui insistait pouvoir et vouloir « diriger l’économie mondiale. » [58]

    Les partisans de la ligne dure à Washington avaient vu Hafez al-Assad comme un Communiste arabe, [59] et les responsables US considéraient son fils Bachar comme un idéologue incapable de se résoudre à délaisser le troisième pilier du programme du Parti Socialiste Arabe Ba’as : le socialisme. Le State Department US se plaignait que la Syrie avait « échoué à rejoindre une économie mondiale de plus en plus interconnectée, » ce qui revenait à dire qu’elle avait échoué à abandonner ses entreprises nationalisées entre les mains d’investisseurs privés comprenant des intérêts financiers de Wall Street. Le State Department US exprimait également sa déception que « des raisons idéologiques » avaient empêché Assad de libéraliser l’économie syrienne, que « la privatisation des entreprises n’est toujours pas très répandue, » et que l’économie « demeure hautement contrôlée par le gouvernement. » [60] Clairement, Assad n’avait pas appris ce que Washington avait appelé « les leçons de l’histoire, » c’est-à-dire, que « les économies de marché, pas les économies entièrement planifiées par la lourde main du gouvernement, sont les meilleures. » [61] En rédigeant une Constitution qui mandatait que le gouvernement maintienne un rôle dans l’orientation de l’économie pour le bien des intérêts syriens, et que le gouvernement ne ferait pas travailler les Syriens pour les intérêts des banques, des multinationales et des investisseurs occidentaux, Assad affermissait l’indépendance de la Syrie contre l’agenda de Washington visant à « ouvrir les marchés et niveler le terrain à l’avantage des entreprises américaines… à l’étranger. » [62]

    En sus de tout cela, Assad a souligné son allégeance aux valeurs socialistes contre ce que Washington avait naguère défini comme « l’impératif moral » de la « liberté économique » [63] en inscrivant les droits sociaux dans la Constitution : sécurité contre la maladie, le handicap et la vieillesse ; accès aux soins médicaux ; éducation gratuite à tous les niveaux. Ces droits vont continuer à être gardés hors d’atteinte des législateurs et des politiciens, qui auraient pu les sacrifier sur l’autel de la création d’un climat de basse fiscalité, attractif pour les affaires des investisseurs étrangers. Affront supplémentaire à l’encontre de l’orthodoxie pro-business de Washington, la Constitution contraignait l’état à pratiquer une fiscalité progressive.

    Enfin, le dirigeant ba’athiste a inclus dans sa Constitution mise à jour une provision qui avait été introduite par son père en 1973, un pas vers une démocratie réelle et authentique – une provision que les preneurs de décisions à Washington, avec leurs légions de connexions aux monde de la banque et de l’industrie, ne pouvaient pas supporter. La Constitution exigeait qu’au moins la moitié des membres de l’Assemblée Populaire soit tirée des rangs de la paysannerie et du prolétariat.

    Si Assad est un néolibéral c’est certainement au monde, l’un des adeptes les plus singuliers de cette idéologie.

    Sécheresse ?

    Un dernier point sur les origines du soulèvement violent de 2011 : quelques sociologues et analystes ont puisé dans une étude publiée dans les minutes [Proceedings] de la National Academy of Sciences pour suggérer que « la sécheresse a joué un rôle dans les troubles syriens. » Selon ce point de vue, la sécheresse a « provoqué la perte de récoltes qui ont mené à la migration d’au moins un million et demi de personnes, des zones rurales aux zones urbaines. » Ceci, en conjonction avec l’afflux de réfugiés venant d’Irak, a intensifié la compétition dans un bassin d’emplois limité dans ces zones urbaines, faisant de la Syrie un chaudron de tension économique et sociale sur le point d’entrer en ébullition. [64] L’argument semble raisonnable, même « scientifique », mais le phénomène qu’il cherche à expliquer – un soulèvement de masse en Syrie – n’a jamais eu lieu. Comme nous l’avons vu, une revue de la couverture médiatique occidentale n’a révélé aucune référence à un soulèvement de masse. Au contraire, les journalistes qui s’attendaient à trouver un soulèvement de masse ont été surpris de n’en déceler aucun. À la place, les journalistes occidentaux ont trouvé que la Syrie était étonnamment calme. Les manifestations organisées par les administrateurs de la page Facebook « The Syrian Revolution 2011 » ont été des pétards mouillés. Des opposants concédaient qu’Assad était populaire. Les journalistes n’ont pu trouver personne croyant qu’une révolte était imminente. Même un mois après les incidents de Deraa – qui ont impliqué des centaines de manifestants, éclipsés par les dizaines de milliers de Syriens qui ont défilé à Damas pour soutenir le gouvernement – le correspondant du New York Times sur place, Anthony Shadid, ne parvenait à trouver en Syrie aucun des signes des soulèvements de masse qu’avaient vécu la Tunisie ou l’Égypte. Au début du mois de février 2011, « Omar Nashabe, un observateur et correspondant de longue date du quotidien arabe Al-Akhbar, basé à Beyrouth » disait à Time que « les Syriens souffrent sans doute de la pauvreté qui afflige 14% de la population combinée à un taux de chômage estimé à 20%, mais Assad conserve sa crédibilité. » [65]

    Que le gouvernement commandait le soutien populaire a été confirmé quand l’entreprise britannique YouGov publia un sondage fin 2011, qui montrait que 55% des Syriens désiraient qu’Assad reste au pouvoir. Le sondage ne récolta presque aucune mention dans les médias occidentaux, poussant le journaliste britannique Jonathan Steele à poser la question : « Imaginez qu’un sondage d’opinion respectable découvre que la majorité des Syriens préfère que Bachar al-Assad demeure au pouvoir, est-ce que cela ne serait pas une nouvelle importante ? » Steele décrivit les résultats du sondage comme « des faits incommodes » qui ont « été étouffés » parce que la couverture médiatique des événements en Syrie avait « cessé d’être juste » et s’était transformée en « arme de propagande ». [66]

    De beaux slogans en lieu et place de politique et d’analyse

    Draitser peut être déclaré fautif non seulement pour avoir propagé un argument établi par présomption ne reposant sur aucune preuve, mais aussi pour avoir remplacé la politique et l’analyse par l’émission de slogans. Dans son article du 20 octobre sur Counterpunch, « Syria and the Left : Time to Break the Silence » [La Syrie et la Gauche : Il est Temps de Rompre le Silence, NdT], il affirme que les objectifs devant définir la Gauche sont la quête de paix et de justice comme si c’étaient des qualités inséparables, ne se trouvant jamais en opposition. Que la paix et la justice puissent parfois être antithétiques est illustré dans la conversation qui suit, entre le journaliste australien Richard Carleton et Ghassan Kanafani, un écrivain, romancier et révolutionnaire palestinien. [67]

    C : Pourquoi ton organisation n’entame-t-elle pas des pourparlers de paix avec les Israéliens ?

    K : Tu n’entends pas vraiment « pourparlers de paix ». Tu veux dire capituler. Abandonner.

    C : Pourquoi ne pas simplement parler ?

    K : Parler à qui ?

    C : Parler aux dirigeants israéliens.

    K : C’est comme une espèce de conversation entre l’épée et le cou, c’est ça ?

    C : Hé bien, s’il n’y a aucune épée ni aucun fusil dans la pièce, tu pourrais toujours parler.

    K : Non. Je n’ai jamais vu de conversation entre un colonialiste et un mouvement de libération nationale.

    C : Mais malgré tout ça, pourquoi ne pas parler ?

    K : Parler de quoi ?

    C : Parler de la possibilité de ne pas se battre.

    K : Ne pas se battre pour quoi ?

    C : Ne pas se battre du tout. Pour quoi que ce soit.

    K : D’habitude, les gens se battent pour quelque chose. Et ils arrêtent de le faire pour quelque chose. Alors tu ne peux même pas me dire pourquoi, et de quoi nous devrions parler. Pourquoi devrions-nous parler d’arrêter de nous battre ?

    C : Parler d’arrêter de se battre pour faire cesser la mort et la misère, la destruction et la douleur.

    K : La misère et la destruction, la douleur et la mort de qui ?

    C : Des Palestiniens. Des Israéliens. Des Arabes.

    K : Du peuple palestinien qui est déraciné, jeté dans des camps, qui souffre de la faim, assassiné pendant vingt ans et interdit d’employer son propre nom, « Palestiniens » ?

    C : Pourtant, mieux vaut ça plutôt qu’ils soient morts.

    K : Pour toi, peut-être. Mais pas pour nous. Pour nous, libérer notre pays, avoir notre dignité, le respect, posséder simplement des droits humains est une chose aussi essentielle que la vie elle-même.

    Draitser n’explique pas les valeurs auxquelles devrait se consacrer la Gauche aux USA quand la paix et la justice sont en conflit. Son invocation du slogan « paix et justice » en tant que mission d’élection pour la Gauche US semble n’être rien de plus qu’une invitation faite aux gauchistes d’abandonner la politique pour s’embarquer plutôt sur une mission les vouant à devenir de « belles âmes » se situant au-delà des conflits sordides qui empoisonnent l’humanité – sans jamais prendre parti, hormis celui des anges. Son affirmation comme quoi « aucun groupe n’a à cœur les meilleurs intérêts de la Syrie » est presque trop stupide pour mériter un commentaire. Comment le saurions-nous ? L’on ne peut s’empêcher d’avoir l’impression qu’il croit qu’il sait, et avec lui la Gauche US, seuls parmi tous les groupes et tous les états du monde, ce qui est le mieux pour « le peuple syrien ». C’est peut-être pourquoi il annone que la responsabilité de la gauche US est vouée « au peuple de Syrie, » comme si le peuple de Syrie était une masse indifférenciée dotée d’intérêts et d’aspirations identiques. Les Syriens dans leur ensemblecomprennent à la fois les républicains laïques et les Islamistes politiques, qui possèdent des opinions irréconciliables sur la manière d’organiser l’état, et qui ont été enferrés dans une lutte à mort pendant plus d’un demi-siècle – lutte entretenue, du côté islamiste, par son propre gouvernement. Les Syriens dans leur ensemble comprennent ceux qui sont en faveur de l’intégration dans l’Empire US et ceux qui s’y opposent ; ceux qui collaborent avec les impérialistes US et ceux qui s’y refusent. De cette perspective, que signifie donc l’affirmation que la gauche US ait une responsabilité envers le peuple de Syrie ? Quel peuple de Syrie ?

    Je pensais que la responsabilité de la gauche US se situait auprès des travailleurs des États-Unis, pas du peuple de Syrie. Et je pensais pareillement que la Gauche US aurait considéré que parmi ses responsabilités figure la diffusion d’analyses politiques rigoureuses et fondées sur des preuves, démontrant comment les élites économiques US utilisent l’appareil d’état US pour faire progresser leurs propres intérêts aux dépens des populations, domestiquement et à l’étranger. Comment la longue guerre de Washington contre la Syrie affecte-t-elle la classe laborieuse aux USA ? C’est ce dont Draitser devrait parler.

    Mon livre, « La Longue Guerre de Washington contre la Syrie », paraîtra en avril 2017.

    Stephen Gowans

     

    Article original en anglais :

  • اللبنانيون لن يشاهدوا غدا معظم قنواتهم.. “نايل سات” تحجب قنوات “المنار” و”الجديد” والـ”ان بي ان” و”تلفزيون لبنان” | رأي اليوم
    http://www.raialyoum.com/?p=418419

    Hausse imprévue de la natalité au Liban ? A partir de demain, les Libanais ne pourront plus guère capter leurs chaînes (Al-Manar, Al-Jadid, Nbn, TéléLiban...), y compris terrestres, après la décision de Nilesat de couper son émetteur au Nord du Liban.

    C’est la guerre saoudienne des ondes, version spatiale, puisque Arabsat (panarabe, mais sous contrôle saoudien majoritaire) avair déjà occulté deux chaînes libanaises de son satellite (Al-Manar et Al-Mayadeen :une décision condamnée d’ailleurs par l’Union des radiso et télévisions islamiques). Les bureaux de Al-Arabiyya et Al-Hadath (toutes deux saoudiennes) ont fermé à Beyrouth et ceux du quotidien al-Sharq al-Awsat (dont je crois me souvenir que la fermeture a été annoncée aussi) ont été saccagés après la publication d’une caricature, parlant du gouvernement libanais comme un "poisson d’avril". (Les Libanais n’ont pas d’humour !) Le ministre concerné, Boutros Harb, continue à maintenir que la décision de Nilesat est purement technique...

    _Pied de nez à ceux qui (comme moi) dissertent depuis des lustres sur la révolution de l’information dans une région désormais ouverte aux flux transnationaux... Néanmoins, on peut imaginer que la riposte va s’organiser. Al-Manar rests disponible sur les réseaux satellites russes (RSCC) et indonien (Indosat).

    #liban #arabie_saoudite #al-manar #guerre_de_l'information

  • Qu’est-ce que le tandem saoudo-turc est en train de préparer au nord du Liban ? Coup de bluff ou tentative de déstabilisation ?

    Depuis quelques jours, plusieurs pays du Golfe ont incité leurs citoyens à ne pas se rendre au Liban, alors qu’il n’y a a priori aucun signe sécuritaire qui justifierait celà.
    Pour les EAU voir ici : http://seenthis.net/messages/463844 (signalé par @nidal)
    En plus des Emirats, c’est aussi le cas de l’Arabie saoudite, du Qatar, du Koweït et de Bahreïn qui ont fait de même :
    http://www.aljazeera.com/news/2016/02/kuwait-joins-gulf-allies-banning-travel-lebanon-160224161730185.html

    Kuwait, Qatar join GCC allies in Lebanon travel warning
    The two countries follow Saudi, UAE and Bahraini move after Riyadh halted $4bn aid to Lebanon over Hezbollah.

    Dans le même temps l’Arabie saoudite a annulé son aide de 4 milliards de dollars à l’armée libanaise : http://seenthis.net/messages/462711

    Et en sus, les 6 pays du Conseil de Coopération du Golfe ont décidé de classer le Hezbollah « organisation terroriste », accusant celle-ci d’actes hostiles contre les membres du CCG :
    http://www.timesofisrael.com/gulf-nations-declare-hezbollah-a-terrorist-group

    A Saudi-led bloc of six Gulf Arab nations formally branded Hezbollah a terrorist organization on Wednesday, ramping up the pressure on the Lebanese militant group fighting on the side of President Bashar Assad in Syria.
    A statement from GCC Secretary-General Abdullatif al-Zayani said the bloc decided to implement the terrorist designation because of hostile acts by Hezbollah within its member states. It said the designation applies to the militant group as well as all its leaders, factions and affiliates.
    Al-Zayani accused Hezbollah of charges including seeking to recruit members within the GCC to carry out terrorist acts, smuggling weapons and explosives, and incitement to sow disorder and violence.

    Le récent discours de Nasrallah témoigne du sentiment d’une volonté saoudienne de faire monter la tension au Liban pour sanctionner le Hezbollah :
    http://seenthis.net/messages/466108 (signalé par @gonzo)

    Qui plus est hier on apprenait qu’un navire en partance de la Turquie avait été arraisonné par la Grèce alors qu’il contenait une cargaison d’armes et que, selon son équipage, il se dirigeait vers le Liban : http://seenthis.net/messages/465954 (signalé par @kassem)

    Enfin, l’agence privée américaine de renseignements Stratfor, considérée comme des services bis, a rapporté que selon les confidences d’un « politicien sunnite » libanais, l’Arabie saoudite tentait de recruter dans les camps de réfugiés syriens au Liban pour monter une milice sunnite anti-Hezbollah. Une indication sur les destinataires de cette cargaison d’armes de Turquie ?
    https://www.stratfor.com/sample/situation-report/lebanon-saudi-arabia-courting-syrian-refugees-politician-says?amp%3Buuid=a

    Lebanon: Saudi Arabia Is Courting Syrian Refugees, Politician Says
    March 1, 2016 | 15:42 GMT
    According to a Sunni politician in Lebanon, Saudi Arabia is reportedly courting Syrian refugees in Lebanon with the goal of establishing an anti-Hezbollah Sunni militia. The politician said Saudi Deputy Crown Prince Mohammed bin Salman sees Sunni Syrian refugees with military training as a way to harass Hezbollah , and he may be using Saudi philanthropic organizations that provide aid to refugee camps as a way to court potential militia recruits. Though Stratfor could not verify the politician’s claims, it is clear that Saudi Arabia is using Syria’s convoluted battlespace as a way to expand its regional clout.

    • Pour moi, il y a eu tentative manifeste, à travers la vidéo qui se moque de Nasrallah, de faire exploser la cocotte-minute. Raté, les partisans de Hezbollah sont plus disciplinés que les autres, et il aurait fallu plus de provocation/provocateurs... Les experts de ces choses ont l’air de penser que l’invasion militaire par le nord de la Syrie (et ou le sud) ne se fera pas et le cessez-le-feu, contre toute attente, tient (plus qu’un jour, comme tu le soulignais d’ailleurs). Nombre d’articles soulignent que l’AS est aux abois, ou bien que les plus jeunes de ses dirigeants sont aussi inexpériments qu’impatients. Dans ce contexte, le coup du Liban s’explique. On peut même imaginer qu’il y a eu une tentative du meme type (qu’il y aura) dans le nord de la Jordanie (je l’ai signalée, et elle n’est guère commentée dans la presse internationale je trouve...)

    • @gonzo : oui j’ai oublié le coup du sketch dans ma recension. Et avec cet étrange cargaison d’armes et cette rumeur de constitution d’une milice, on passerait de la parole provocatrice et des mesures symboliques de rétorsion à quelque chose de plus dangereusement concret.
      Un coup probable selon toi. Je crois d’ailleurs qu’al-akhbar a fait un article dans le même sens.
      Perso, je n’aurais pas misé cher sur ce cessez-le-feu. S’il dure malgré tout et s’il n’y a pas d’invasion au nord et au sud, la seule course vers Raqqa possible sera par l’Irak. Ça laisse du temps au régime et à ses alliés pour se positionner, ce que, d’après certaines infos, ils sont déjà en train de faire du côté de Palmyre et de Tabaqa (on parle notamment du redéploiement des forces du « Tigre »).
      A moins que les USA ne leurrent leurs encombrants « alliés » et qu’ils ne se soient entendus avec les Russes bien plus qu’on ne le croit...

  • Un drone israélien s’écrase au Liban, pour la 2e fois en 3 semaines
    11 juillet 2015
    http://www.romandie.com/news/611325.rom

    Beyrouth - Un drone israélien est tombé samedi matin dans le port de Tripoli dans le nord du Liban, a annoncé l’armée libanaise, le deuxième incident du genre dans le pays en trois semaines.

    Vers 08H30 du matin (05H30 GMT), un drone appartenant à l’ennemi israélien est tombé dans le port de Tripoli et l’armée a pris les mesures nécessaires, a indiqué le communiqué de l’armée sans donner plus de détails.

    Selon un responsable de sécurité dans la grande ville du nord du Liban, le drone est tombé dans l’eau.

    Vers 05H30, des pêcheurs ont eu l’impression qu’un avion s’abattait du côté de leur port, proche de celui de Tripoli, a-t-il dit sous couvert de l’anonymat.

    Ils ont alerté l’armée qui a retiré l’avion de l’eau, où il se trouvait à huit mètres de profondeur. Il s’est avéré par la suite qu’il s’agissait d’un drone israélien, a poursuivi le responsable.

    Contactée par l’AFP, une porte-parole de l’armée israélienne a refusé de commenter l’information.

    Le 21 juin, l’aviation israélienne avait détruit un drone tombé la veille dans une région montagneuse de l’est du Liban, selon une source de sécurité libanaise.

    L’armée israélienne s’était déjà refusée à tout commentaire.

    Des photos prises par un journaliste libanais sur place avaient alors montré un morceau d’aile et une pièce de l’appareil portant une inscription en russe.

    L’aviation de l’Etat hébreu, techniquement en guerre avec le Liban, survole régulièrement ce pays pour des missions d’observation.

  • Georges CORM : « L’instrumentalisation du religieux, poison récurrent du Moyen-Orient » | Juin 2012
    http://www.humanite.fr/tribunes/498175

    Il était clair qu’il serait affecté, notamment à partir du moment où la Turquie ayant largement fait marche arrière par rapport aux positions d’avant-garde qu’elle avait prises sur la question syrienne, on s’est tourné vers le Liban. Pays où les mouvements dits djihadistes ou takfiristes sont en train de prospérer, toujours avec des aides en provenance d’Arabie saoudite et du Qatar, et qui a une frontière commune avec la Syrie, notamment au nord du Liban, qui est à moins de 30 kilomètres de la ville de Homs. On savait, depuis des mois déjà, que des combattants en armes partaient vers les éléments armés syriens anti-régime. Ce qui explique que la bataille de Homs ait été aussi longue. Il est clair que le nord du Liban sert de couloir pour ravitailler en armes les insurgés syriens.

    #takfiristes

  • Huit pêcheurs libanais et palestiniens brièvement détenus par la marine syrienne | Dernières Infos | L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/article/830745/huit-pecheurs-libanais-et-palestiniens-brievement-detenus-par-la-mari

    Huit pêcheurs libanais et palestiniens du Liban ont été brièvement capturés avec leurs deux embarcations, samedi par la marine de guerre syrienne à l’extrême-nord du Liban, avant d’être libérés, a-t-on appris de sources concordantes.

    En fin de matinée les huit pêcheurs, originaires du village côtier de Abdé et du camp palestinien voisin de Nar el Barred, ont été pris pour cible par une vedette de la marine syrienne alors qu’ils pêchaient à proximité de la frontière entre le Liban et la Syrie.

    Leurs deux embarcations ont été capturées et emmenées vers un port syrien, a indiqué l’armée libanaise dans un communiqué. Des contacts ont été rapidement pris afin d’obtenir leur libération, a ajouté l’armée.

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    Deux pêcheurs palestiniens blessés par la marine égyptienne au large de Gaza
    http://www.romandie.com/news/n/_Deux_pecheurs_palestiniens_blesses_par_la_marine_egyptienne_au_large_de_G ?

    GAZA (Territoires palestiniens) - Deux pêcheurs palestiniens ont été blessés et cinq ont été interpellés vendredi par la marine égyptienne au large de la bande de Gaza, a indiqué le Hamas, qui a condamné un acte injustifié et réclamé la libération des détenus.

    Des bateaux de la marine égyptienne ont tiré en direction des bateaux de pêcheurs palestiniens près de la frontière égyptienne, au large de Rafah (sud de la bande de Gaza) à l’aube vendredi, a annoncé l’agence de presse du Hamas sur son site internet.

    Les autorités égyptiennes n’ont de leur côté pas confirmé l’incident, qui intervient sur fond de tension croissante avec le Hamas.

    Deux pêcheurs ont été blessés et cinq autres arrêtés, a précisé le mouvement islamiste, au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007.
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    30 violations israéliennes contre les pêcheurs de Gaza en 3 mois
    http://french.irib.ir/info/moyen-orient/item/261322-30-violations-isra%C3%A9liennes-contre-les-p%C3%AAcheurs-de-gaza-
    IRIB-Le Centre Palestinien des Droits de l’Homme a affirmé que 30 violations ont été commises contre les pêcheurs palestiniens dans la bande de Gaza par les forces navales israéliennes au cours de trois mois.

    Le centre a indiqué dans un rapport ces violations, au cours de la période allant du premier jour du mois de Mars dernier jusqu’au 31 mai dernier, comprenant 29 incidents de tirs à feu qui ont conduit à la blessure d’un pêcheur et deux incidents de chasse en mer conduisant à l’arrestation de deux pêcheurs et la confiscation des outils de pêche.

    Il a souligné que les forces navales israéliennes ciblent régulièrement les pêcheurs du secteur et les empêchent de pêcher dans plus de 3 miles nautiques. Ces forces israéliennes n’ont pas respecté la trêve parrainée par l’Egypte le 21 Novembre dernier qui a donné aux pécheurs le droit de pécher dans les eaux de Gaza à 6 miles nautiques, sauf que l’occupation l’a réduite à trois miles nautiques seulement à partir du 21 Mars jusqu’au 20 Mai. A partir du 21 Mai elle a permis à nouveau la pèche à six mile.

    Selon l’institution des droits de l’homme, 85% des attaques ont été effectué dans des zones que les pêcheurs sont autorisés d’accéder et ceci démontre que la politique des forces navales de l’occupation a pour but de réprimer les pêcheurs et les agresser.

    #pêcheurspalestiniens

  • Nouveaux affrontements dans le centre de Tripoli.
    http://www.lepoint.fr/monde/liban-nouveaux-affrontements-lies-au-conflit-syrien-07-06-2013-1678486_24.ph

    Une personne a été tuée vendredi à Tripoli, la grande ville du nord du Liban, dans de nouveaux affrontements liés au conflit en Syrie, selon une source des services de sécurité. Ces nouvelles violences qui ont fait également cinq blessés dans les souks de la Vieille Ville ont opposé un groupuscule salafiste partisan des rebelles syriens à un autre groupe sunnite mais favorable au Hezbollah chiite, allié du régime de Damas. Jeudi soir, une personne avait été tuée et sept autres blessées dans de violents combats entre ces deux groupes dans le centre de Tripoli, sur fond de violences croissantes au Liban liées à la guerre en Syrie voisine.

  • Liban : deux morts dans des accrochages armés à Tripoli
    http://www.lorientlejour.com/article/815057/liban-deux-morts-dans-des-accrochages-armes-a-tripoli.html

    Au moins deux personnes ont été tuées et six autres blessées à Tripoli, la grande ville du nord du Liban, au cours de heurts confessionnels liés au conflit en Syrie voisine, a rapporté dimanche une source de sécurité à l’AFP.
     
    Les deux morts sont un habitant de 22 ans du quartier alaouite de Jabal Mohsen, et un adolescent de 13 ans originaire du quartier sunnite rival de Bab el-Tebbaneh. En outre, une personne a été blessée à Jabal Mohsen et cinq autres à Bab el-Tebbaneh.
     
    « L’armée libanaise est sur les lieux et répond aux tirs », a ajouté la source de sécurité, sous le couvert de l’anonymat.
     
    Dans l’après-midi, l’Agence nationale d’information (ANI, officielle) a affirmé que la route internationale reliant Tripoli à la région de Akkar était dangereuse en raison de tirs de francs-tireurs

  • Deux billets d’Angry Arab à propos des affrontements à Tripoli (nord du Liban). Je vous livre une rapide traduction.

    Le premier billet résume la situation : Guerre anti-alaouites à Tripoli
    http://angryarab.blogspot.com/2012/08/anti-alawite-war-in-tripoli.html

    Il y a une guerre contre la présence alaouite à Tripoli. Le stupide gouvernement étatsunien a émis une déclaration de condamnation qui suppose que les alaouites (à peine 5% de la population de Tripoli) sont responsables du déclenchement du conflit (supposément pour le compte du régime syrien) alors que durant la dernière année, ce sont les salafistes et fanatiques pro-Qatar et pro-Arabie séoudite (ou, encore mieux, « pro-occidentaux » dans la nouvelle terminologie de la presse occidentale) de Bab At-Tibannah (dont certains sont en même temps des supporters de Najib Mikati) qui ont provoqué les alaouites. Hier, les fanatiques de Bab At-Tabbanah ont mené une campagne d’incendies et d’explosions contre les magasins tenus par des alaouites à Tripoli. Un propriétaire qui a vu son magasin détruit par une bombe incendiaire est apparu sur New TV pour témoigner : je suis sunnite et non alaouite, a-t-il répété, et il a montré sa carte d’identité à la caméra.

    Le second billet, particulièrement intéressant, permet de balayer cette espèce d’essentialisme qui oppose systématiquement « sunnites anti-syriens » et « alaouites pro-régime syrien » : À propos des références de Damien Cave aux sunnites et à la Syrie à Tripoli.
    http://angryarab.blogspot.com/2012/08/regarding-damien-caves-reference-to.html

    Al m’a envoyé un bon résumé de l’histoire récente de Tripoli :

    « Ma femme est de Mina, à Tripoli, qui était un bastion communiste. Au début des années 80, des échanges de tirs ont éclaté entre le Tawheed islamique à Bab Tabaneh et les alaouites du Parti arabe démocratique. Les Tawheed ont essayé d’étendre leur contrôle sur Tripoli/Mina en attaquant les communistes et en prenant Mina et d’autres quartiers de Tripoli. Les PSNS (qui étaient principalement sunnites) et les communistes tenaient toujours des quartiers de Tripoli. Au milieu des années 80, avec le soutien de l’artillerie lourde syrienne, les communistes et les PSNS ont lancé une attaque et vaincu les Tawheed à Tripoli/Mina et pris le contrôle des secteurs détenus par les Tawheed (sans les alaouites du Jabal Muhsin). Les seuls sunnites dans les années 80 qui étaient contre les Syriens étaient les membres du Tawheed. Le leader sunnite le plus populaire à Tripoli était Rachid Karamé, qui était pro-syrien. Les sunnites de Tripoli sont restés pro-syriens, comme vous l’avez mentionné, jusqu’en 2005.

    Implicitement, ce genre de rappel permet de percevoir l’invraisemblable et terriblement dangereuse agitation confessionnelle, soutenue par de l’argent wahhabite, qui permet de faire sombrer des quartiers entiers (ici des bastions laïcs, PSNS et communistes) du Liban dans l’affrontement sectaire (avec quasiment inversion des positions politiques) en quelques années seulement.

    • Ces billets réagissent, initialement, à une phrase d’un article du New York Times. Voici la réaction initiale d’Angry Arab : Regardez comment le New York Times stigmatise tous les alaouites (même les alaouites libanais)

      Ceci est tiré d’un article écrit par le reporter de Rolling Stone à Beyrouth (qui couvre la Syrie) : « lorsqu’un leader sunnite a été tué par un sniper d’un quartier dominé par les alaouites, les membres de la secte à laquelle appartient le président syrien Bashar al-Assad ».
      http://www.nytimes.com/2012/08/25/world/middleeast/syrian-forces-strike-again-in-suburbs-of-damascus.html

      Quelle est la pertinence de lier les alaouites libanais à Bashshar al-Asad dans la même phrase ? Pourquoi ne pas dire la même chose du « leader sunnite » (qui était en réalité un salafiste admirateur de Ben Laden, mais qui se soucie encore des salafistes maintenant qu’ils sont qualifiés de « pro-occidentaux » dans les médias occidentaux ?) ? Pourquoi ne pas identifier les sunnites ainsi : les membres de la secte à laquelle appartenait Oussama Ben Laden ? Pourquoi ne pas présenter Barry Obama en tant que : membre de la secte à laquelle appartenait Ted Bundy ?

  • Ça y est, concernant le Liban, le Figaro a décidé de totalement se déconnecter de la réalité, et se place dans le même esprit (très inquiétant) que ce qui présidait en 2006.
    http://www.lefigaro.fr/international/2012/07/24/01003-20120724ARTFIG00609-les-libanais-redoutent-un-durcissement-du-hezboll

    Plus grave, un cheikh sunnite du Akkar (extrême nord du Liban) se rendant à une manifestation de soutien aux rebelles syriens fut assassiné à un barrage de l’armée, par un soldat chiite. Ce dernier fut arrêté, puis libéré sur pression du Hezbollah, puis à nouveau incarcéré. Sa comparution devant un tribunal militaire est devenue une affaire politique.

    Fort de la contre-société qu’il a su organiser en milieu chiite (écoles, services sociaux, milice armée dotée de son propre réseau téléphonique câblé), le Hezbollah ne veut pas d’un État libanais fort, appuyé sur une armée puissante. Nombreux sont les Libanais qui accusent aujourd’hui le Parti de Dieu de tout tenter pour diviser l’armée libanaise, dont la majorité des officiers sont chrétiens mais où les soldats proviennent des milieux chiites et sunnites les plus pauvres.

  • Liban : Une cargaison de munitions en provenance d’Egypte saisie
    http://www.20minutes.fr/ledirect/930367/liban-cargaison-munitions-provenance-egypte-saisie

    Les autorités libanaises ont saisi 60.000 balles dissimulées dans deux voitures à bord d’un cargo italien qui faisait escale dans le port de Tripoli, au nord du Liban, en provenance d’Egypte, a-t-on appris ce mardi de source sécuritaire.

    La source n’a pas précisé la destination des munitions mais les autorités syriennes ont régulièrement dénoncé le trafic d’armes au bénéfice des rebelles luttant contre le régime de Bachar al Assad.

    Les 60.000 balles saisies lundi était notamment destinées à des pistolets de calibre 9 mm et à des fusils d’assaut Kalachnikov AK-47, a dit la source.

  • La DGSE va-t-elle former les déserteurs syriens ? - Nouvelobs.com
    http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20111122.OBS5105/la-dgse-va-t-elle-former-les-deserteurs-syriens.html

    Des officiers du Renseignement français ont été envoyés au Nord du Liban et en Turquie avec pour mission de constituer les premiers contingents de l’Armée syrienne libre grâce aux déserteurs ayant fui la Syrie, affirme le « Canard enchaîné » du 23 novembre. « Plusieurs membres du Service action de la DGSE et le Commandement des opérations spéciales (COS) sont déjà prêts en Turquie, s’ils en reçoivent l’ordre, à former ces déserteurs à la guérilla urbaine », affirme l’hebdomadaire.

    « Une guerre anti-Bachar par intermédiaire ? » se questionne le « Canard ». "Il ne s’agit pas de recommencer ce qui s’est passé en Libye, confirme un officier de haut rang à la Direction du renseignement militaire, ajoutant : « mais ce sont les Français et les Britanniques qui ont pris les premiers contacts avec les rebelles ».

    Selon l’hebdomadaire c’est une « intervention limitée préparée par l’Otan » qui est en projet. « Aide à la rébellion civile et militaire, présentation d’une résolution à l’Assemblée générale de l’Onu, trafics d’armes aux frontières de la Syrie, contacts nécessaires avec Washington via l’Otan… autant de sujets en discussion entre Paris, Londres et Ankara » indique le « Canard ».

  • Ali Abdelkarim Ali : Il ne faut pas exagérer l’incident de Arsal | L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/category/Dernières+Infos/article/725728/Ali_Abdelkarim_Ali_:_Il_ne_faut_pas_exagerer_lincident_de_Arsal.html

    L’ambassadeur syrien au Liban, Ali Abdelkarim Ali, a affirmé jeudi que le Liban et la Syrie sont en train de traiter la question de l’incursion de l’armée syrienne à Arsal (nord du Liban) et qu’il ne faut pas exagérer l’incident. Les deux États veillent au respect de la souveraineté, a-t-il assuré.

    Oui m’enfin quand même...

    Le Figaro - Flash Actu : Un Syrien tué au Liban
    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/10/06/97001-20111006FILWWW00634-un-syrien-tue-au-liban.php

    Des forces syriennes sont entrées aujourd’hui au Liban et ont tué un Syrien vivant dans la région de la Bekaa, près de la frontière, a indiqué à l’AFP un responsable de la sécurité.

  • Un mort et des blessés à Tripoli lors de manifestations contre le régime syrien - Politique - iloubnan.info
    http://www.iloubnan.info/politique/actualite/id/63262

    Une personne a été tuée et au moins sept autres blessées vendredi lors d’affrontements entre sunnites et alaouites à Tripoli au cours d’une manifestation protestant contre le régime syrien, selon une source sécuritaire.

    Les affrontements se sont déclenchés dans cette ville côtière du nord du Liban au niveau de ses banlieues considérées comme sensibles de Bab el Tebbaneh et de Jabal Mohsen, où les musulmans sunnites et alaouites (une branche du chiisme), se sont souvent battus.

    « Une personne a été tuée. Sur les personnes blessées, cinq sont des civils, dont un dans un état critique, » a dit l’officiel de la sécurité à l’AFP. Il a ajouté que les deux autres blessés étaient des soldats et qu’ils avaient été bléssés par balles. L’armée s’est largement déployée autour des deux zones pour éviter toute escalade.

    Deux remarques (généralement omises dans les dépêches) :

    – ces islamistes du Nord sont systématiquement des agents de l’agitation sectaire du clan Hariri ; ils servent à chaque fois à démontrer le pouvoir de nuisance du clan ; voir un de mes billets de 2008 :
    http://tokborni.blogspot.com/2008/05/le-monde-entier-lexception-de-tous-les.html

    – il y a régulièrement des affrontements entre les islamistes sunnites et les alaouites (par exemple, août 2008) ; les islamistes sunnites n’ont jamais eu besoin de prétendre « protester contre le régime du président syrien » (ce que racontent toutes les dépêches aujourd’hui) pour attaquer les alaouites ;

    – le nouveau Premier ministre, Mikati, est justement un sunnite du nord. Je pense fondamentament que Hariri envoit ici ainsi un message à son rival.

    Ah, d’ailleurs, je viens de voir qu’Angry Arab a publié ceci à l’instant au détour d’un de ses billets :
    http://angryarab.blogspot.com/2011/06/anthony-shadid-on-syria.html

    In reality, it is indubitable that Hariri Salafites were the ones who started the clashes to sabotage the new government of Tripolie-based Miqati. Jabal Muhsin was shelled two days ago, and yet that was not mentioned in this account.

    • Ah, d’ailleurs Mikati lui-même dénonce une magouille Hariri. (Évidemment, L’Orient-Le Jour n’est pas d’accord.)

      Heurts sanglants à Tripoli entre Bab el-Tebbané et Jabal Mohsen | Politique Liban | L’Orient-Le Jour
      http://www.lorientlejour.com/category/Liban/article/708738/Heurts_sanglants_a_Tripoli_entre_Bab_el-Tebbane_et_Jabal_Mohsen.html

      Ils ont coïncidé avec la présence, à Tripoli, du Premier ministre, Nagib Mikati, venu initialement prier et prendre un bain de foule dans son fief. Ce dernier a commis l’erreur d’insinuer, dans le feu de l’action, que les heurts avaient été provoqués par le courant du Futur, en affirmant que « ceux qui se croient plus forts que l’État se trompent », ce qui lui a valu une volée de réponses des membres de ce courant, qui ont absolument nié toute implication dans ces incidents.