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  • #Paca : la CGT dénonce “l’#esclavage_moderne” des travailleurs agricoles détachés

    La CGT dénonce « l’utilisation massive d’ouvriers détachés dans nos campagnes » du sud-est, parlant même « d’esclavage moderne ». Et dénonce l’inaction du gouvernement face à ce problème.

    La CGT se lance dans la dénonciation de l’emploi frauduleux à grande échelle de travailleurs détachés
    dans les exploitations agricoles du sud-est de la France, rappelant selon elle des conditions « d’esclavage moderne ».
    Lors d’une conférence de presse, Stephan Dainotti, le représentant de la CGT a expliqué que « l’utilisation d’ouvriers détachés dans nos campagnes était massive » en Provence Alpes Côte d’Azur.
    Ces travailleurs viennent généralement du Maroc et d’Amérique latine (Equateur) et sont employés par des agences d’interim espagnoles, fraudant massivement les lois sur le travail détaché, qui imposent de respecter le droit du travail français selon le syndicat.

    Nous parlons de personnes humaines en #captivité, qui travaillent dans des conditions dignes de l’esclavage a estimé Stephan Dainotti.
    Beaucoup travaillent 11 heures par jour, parfois tous les jours, dans des conditions difficiles et sont renvoyés immédiatement en cas d’accident ou de maladie.
    L’inspection du travail affirme faire de la lutte contre ces fraudes une priorité mais n’a pas les moyens nécessaires, assure la CGT, pour laquelle la réponse judiciaire est également insatisfaisante.

    Une forme de « dumping social »
    Par son inaction, le gouvernement « encourage » cette forme de « dumping social », dénonce le syndicat, qui dit avoir listé les exploitants qui auraient recours à ces fraudes et sur lesquels elle entend mettre la pression.

    1800 euros pour loger à 8 dans un mobilhome
    À #Châteaurenard (Bouches du Rhône), la CGT a notamment rapporté la situation de travailleurs logés à 6 ou 8 dans un mobilhome moyennant 230 euros de loyer chacun.
    Ces travailleurs sont transportés d’exploitation en exploitation en minibus et privés de liens avec les autres salariés « pour qu’ils n’aient pas conscience qu’ils sont surexploités », a rajouté Stephan Dainotti.
    Certaines exploitations se sont séparées de tous leurs ouvriers agricoles et ne travaillent plus qu’avec un cadre qui commande des travailleurs détachés, assure la #CGT.
    De grandes exploitations maraîchères dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse et horticoles dans le Var sont notamment concernées.
    En 2014, la justice s’était saisie de la question et une enquête avait été ouverte au parquet de Marseille sur des suspicions de « fraude aux prestations de service internationales » à l’encontre de #Terra_Fecundis, l’une des principales sociétés d’intérim espagnoles qui envoyait à l’époque des #travailleurs_détachés dans les campagnes françaises.

    https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/paca-cgt-denonce-esclavage-moderne-travailleurs-agricol
    #travail #exploitation #France #agriculture #horticulture #maraîchage

  • Au MJS, des années d’omerta et de duplicité - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2017/11/14/au-mjs-des-annees-d-omerta-et-de-duplicite_1610116

    En pointe dans les combats féministes, le mouvement a pourtant occulté, sinon couvert, les agissements de son ancien président. Symbole d’un système où la parole des femmes était (auto)censurée pour « ne pas nuire à l’orga ».

    Personne n’a été surpris. Samedi 21 octobre, Mathilde M., dirigeante nationale du MJS sur le départ, lâche une petite bombe dans son discours d’adieu. Au sous-sol de La Maison, un bar parisien, une centaine d’amis et de militants l’écoutent retracer ses dix ans au service de la cause socialiste. En plein scandale Weinstein, elle transforme son allocution en plaidoyer pour la parole libérée et réclame des comptes à son organisation. Pour Mathilde M., il est « de notoriété quasi publique [qu’un] ancien président est un agresseur multirécidiviste ». Lisant clair entre les lignes, la petite assemblée applaudit. Lourde, la charge est surtout limpide. Elle vise Thierry Marchal-Beck, qui a présidé le MJS de 2011 à 2013.

    Jusqu’à ces mots, personne n’avait publiquement accusé l’ancien patron du MJS d’agression sexuelle. Certaines victimes, avec le soutien de camarades bienveillants, avaient pourtant tenté au fil du temps de tirer la sonnette d’alarme. Car ce que tout le monde savait, c’est que « TMB » était un « homme à femmes ». Rien de surprenant ni de répréhensible dans une organisation rassemblant des jeunes dans la fleur de l’âge. Mais pour certaines militantes, qui témoignent aujourd’hui dans Libération, ces relations n’avaient rien de consenti et relèvent de l’acte délictuel. Comment un mouvement progressiste, féministe, prônant le respect de l’autre et la défense des plus faibles a-t-il pu occulter pendant des années les agissements de l’un des siens en totale contradiction avec ses valeurs ?

    « Vous couchiez, vous montiez »

    Le MJS est un mouvement très personnifié. Il existe principalement à travers son président et non par ses fédérations locales. D’où une surprotection de la personne qui dirige l’organisation, quelle qu’elle soit. « S’attaquer au président, c’est s’attaquer au MJS », schématise un ex-salarié du mouvement. Sûrement, aussi, parce que l’intéressé cachait son jeu. A la manière d’un Cahuzac, ministre grand pourfendeur de fraude fiscale devant les caméras mais détenteur d’un compte offshore non déclaré, Thierry Marchal-Beck a été un grand président féministe du MJS. Capable d’entamer une réunion en lisant la liste des personnes inscrites pour prendre la parole et de piquer une colère s’il n’y avait qu’une femme et 14 hommes. Encourageant ses militants à rejoindre l’association Osez le féminisme ou rappelant les règles sur le consentement sexuel dans le bus roulant vers un congrès ou un rassemblement de jeunes socialistes européens.

    C’est pourtant le même qui, lors d’un camp d’été en Croatie en 2012, avait mis en place un jeu avec certains de ses proches. Une sorte de permis de baiser à points. « Vous couchiez avec un militant, c’était tant de points. Un cadre, c’était plus, un militant étranger plus et le président c’était bingo, rapporte une participante, revenue choquée de Savudrija. Il utilisait son pouvoir de président : vous couchiez, vous montiez dans les instances, c’était le deal. » Pour l’une des huit victimes, « on dit souvent au MJS que nous sommes un laboratoire pour l’avenir. Force est de constater que la jeunesse n’est pas épargnée dans la reproduction des saloperies que peuvent commettre nos aînés ».

    Dans cette ambiance mêlant en permanence sexe et politique, la campagne de communication « Socialiste parce que féministe » pendant la présidentielle de 2012 apparaît comme l’hypocrisie ultime. « Vous êtes supposés vous battre pour ces valeurs d’égalité, de féminisme, et vous voyez que non seulement elles ne sont pas appliquées mais qu’elles sont foulées au pied. C’était un peu schizophrène, se souvient Ada R., ancienne animatrice fédérale ayant tenté de faire bouger les choses à l’époque. Ce paradoxe décrédibilise la parole des victimes et peut les dissuader de parler. » « Si j’avais adhéré au MJS sous sa présidence, je ne serais pas restée : il y avait trop de contradictions entre le message et l’homme, abonde Anouck J., l’une des victimes retrouvées par Libération. Beaucoup de dirigeants du MJS sont irréprochables et proches des valeurs que nous défendions au quotidien, mais lui, il renvoyait une sale image du mouvement. »

    « Un très grand mouchoir »

    Pendant des mois, les alertes vont sonner dans le vide. Quelques semaines avant le congrès de Strasbourg qui doit introniser Thierry Marchal-Beck en novembre 2011, trois femmes sonnent le tocsin, rencontrant ensemble un membre de la direction du mouvement. « On leur a dit : "Vous ne pouvez pas mettre ce type président, vous allez avoir des frasques tous les jours dans la presse et vous allez salir l’organisation" », se remémore l’une d’elles. A la même époque, le MJS envoie une de ses cadres rencontrer Anouck J., qui a maille à partir avec le futur président. Il s’agit de prendre la température et de vérifier de quoi il retourne. Mais sans le savoir, la direction va désigner pour cette mission une femme qui a elle-même eu affaire à TMB quelques mois plus tôt… « Comment j’ai pu faire ça alors que ça m’était arrivé à moi, je ne sais pas, raconte cette dernière à Libération. J’ai mis un très grand mouchoir sur ce qui m’était arrivé. Je m’entends encore lui dire : "C’est mauvais pour toi, il va être président." »

    Le problème, c’est que quand elles trouvent la force de parler, les victimes butent sur le choc de leur agression et sentent le poids de l’organisation peser sur elles. « Parler de harcèlement en interne sans toucher l’image du mouvement, c’est ça la question », déclare l’une des huit victimes. Douloureuse, leur parole peut être elliptique. Et en face, l’écoute dont elles bénéficient est, à tout le moins, sélective. Sur le papier, le MJS est du côté des femmes mais c’est aussi une organisation rompue aux manœuvres et aux coups bas. Déjà peu enclins à voir dans leur camarade un agresseur de femmes, les dirigeants ont tendance à ranger un peu facilement ces alertes dans la catégorie instrumentalisation politique. « Le poisson était noyé pour de mauvaises raisons », résume un ancien responsable parisien.

    « L’orga a couvert »

    Figure emblématique du MJS, consulté en cas de bisbilles, Benoît Hamon entend « vaguement des rumeurs » sur TMB en 2012, se souvient-il. Les rumeurs se font un peu plus précises en 2015, quelques mois après l’affaire Denis Baupin. A cette date, Mathilde M. évoque devant lui le comportement « à risques » de l’ancien président. « Je ne disposais d’aucune information tangible, solide, précise, explique, à Libération, l’ancien candidat à l’Elysée. Je lui ai redit ma ligne qui consiste à conseiller de porter plainte. Je pense que, jusqu’à il y a peu, nous n’étions pas culturellement préparés à tout ça. La société française est en train de faire un pas considérable sur les sujets de harcèlement : la maturité est là. » A l’échelle du MJS, « l’affaire Baupin a remué deux ou trois trucs et l’affaire Weinstein a fini de secouer tout le monde, confirme Aurélie R., ancienne secrétaire nationale du MJS, qui dit avoir alerté dès 2011 sur un « problème TMB ». « Tout ça met six ans à sortir, c’est long. Pour les victimes et pour l’organisation. » Pour elle, c’est clair, « l’orga a couvert » son patron.

    Dégagés des enjeux de pouvoir interne, certains anciens font ce qu’ils peuvent. En 2014, Matthieu Rouveyre, qui s’occupait de la communication du MJS entre 2005 et 2007, essaie de mener l’enquête, de récolter des témoignages. En vain. Un an plus tard, quand l’ex-numéro 2 du mouvement, Paul Meyer, relaie ses interrogations sur la situation de Mathilde M., qui aurait pu devenir présidente mais se trouve sur la touche, il se voit immédiatement reprocher de vouloir faire un putsch. Un classique. « C’est vrai que, sans procédure judiciaire, c’est compliqué de trouver la bonne solution », estime de son côté Antoine Détourné, qui a commencé à prendre conscience fin 2015 de la gravité des faits reprochés à TMB. Pendant son mandat à la tête du MJS, de 2007 à 2009, il a eu à gérer un cas d’agression sexuelle : un membre des instances nationales avait tenté de forcer une militante à lui faire une fellation. L’agression lui avait été rapportée par des proches de la victime, plus âgés et plus aguerris. Verdict : l’homme a été viré du MJS.

    Pendant les années TMB, une responsable départementale du sud-est de la France décide, elle, de porter plainte pour agression sexuelle contre un de ses alter ego, animateur fédéral en province. L’affaire sera classée sans suite. Mais c’est surtout la réaction du MJS qui l’avait choquée à l’époque : personne n’avait bougé. « Dans une organisation qui professe le "no means no", s’entendre répondre qu’on ne peut rien faire pour une femme qui dit que les limites ont été franchies, c’était très dur, témoigne cette ancienne dirigeante. Même dans un milieu politisé, la parole des femmes peut être minimisée. » La meilleure preuve que certains sont conscients du problème, c’est que le mouvement finira par mettre en place un système de protection autour de TMB. Au MJS, c’est la tradition, il y a toujours quelqu’un pour « gérer » le président. Pour son bien personnel et pour le salut de l’organisation, il faut veiller à ce qu’il prenne son train à l’heure, qu’il rencontre les journalistes prévus, qu’il ne soit pas importuné sans raison, qu’il dîne et qu’il dorme. Cette surveillance va prendre un autre tour entre 2011 et 2013. Quand il venait en province, il y avait une bulle de sécurité autour de lui, pour être sûr qu’il rentre dormir sans déraper. Les réunions de préparation d’événements nationaux ou en fédération, se terminent par la désignation d’un référent pour TMB. « Ce système de protection était tacite mais connu de tous, analyse avec le recul Chloé P., ancienne animatrice fédérale. J’aimerais qu’on trouve collectivement où on a failli en tant que mouvement. On a beau se dire féministes, on peut être pris dans une orga, un système qui nous dépasse. » Etre le référent de TMB - son « gardé » dans le jargon du MJS - implique parfois de le stopper physiquement quand il frôle la ligne jaune. « Quand il était lourd, je le prenais entre quatre yeux et je lui disais : "Maintenant, t’arrêtes tes conneries" », reconnaît aujourd’hui un permanent du MJS époque TMB. En janvier 2013, après les vœux de Hollande à la jeunesse à Grenoble, une responsable fédérale hausse le ton pour lui dire : « Fais attention, ça peut se retourner contre toi. » Lui élude. Ceux qui osent s’informer ou réagir récoltent au mieux de la colère, au pire des menaces. Quelques semaines après l’agression d’une de ses militantes dont il a connaissance, un responsable fédéral rentre en taxi avec Thierry Marchal-Beck. Entre aveu et pressions, le président glisse : « "Cette affaire, il ne faut pas que ça sorte", rapporte l’ancien cadre du MJS devenu entre-temps avocat. Je l’ai mal pris. J’ai répondu qu’elle ferait ce qu’elle veut. » Parce qu’il pose des questions après avoir appris l’agression d’une de ses camarades, un des militants embauchés au siège du PS pour la campagne de Hollande sera affublé du surnom de « ventilateur à caca » par TMB. Les allusions, sibyllines, prospèrent en parallèle sur le Tumblr du MJS, MJS Mi Amor, créé après la présidentielle. A la page 61, on peut lire un message inquiet de l’administrateur de la plateforme évoquant « plusieurs contributions relatives à des agressions sexuelles de la part d’une personne très importante au MJS ». C’était il y a trois ans.

    Les rumeurs sont arrivées longtemps après

    Interrogés par Libération, de nombreux permanents du MJS expliquent qu’ils n’ont jamais été informés de la gravité précise du phénomène avant et pendant la présidence de TMB. Les « rumeurs » sont arrivées longtemps après son départ, disent-ils, à partir de la fin 2015. « Apprendre qu’il a pu y avoir des cas d’agressions sexuelles me rend malade, confie Laurianne Deniaud, à qui TMB a succédé. C’est intolérable. Je ne savais pas et je ne peux que me demander comment cela a pu arriver sans qu’on s’en rende compte », s’interroge l’ancienne présidente, très engagée sur ces questions d’égalité femmes-hommes. Pendant son mandat, son équipe avait même émis une règle, à mi-chemin entre la blague et la mise en garde : « Si vous sortez avec des militantes vous les épousez. » « Aujourd’hui, dit Laurianne Deniaud, ma place est avec ces femmes. J’apporte du crédit à leur parole, je soutiendrai leurs démarches. Elles doivent être entendues et la libération de la parole doit continuer. » Même credo pour Benjamin Lucas, l’actuel président du MJS, qui assure n’avoir jamais été interpellé personnellement par une victime. « Je préfère que les femmes parlent, y compris en mettant en cause le fonctionnement du MJS pour qu’il se transforme, dit-il à quelques mois de passer la main. La question n’est pas celle de notre image : s’il y a une sale image du mouvement, c’est qu’il y a eu de sales comportements dans le mouvement comme partout ailleurs. Nous avons aussi la responsabilité collective de les combattre. »
    Laure Bretton

    Je cite :

    Capable d’entamer une réunion en lisant la liste des personnes inscrites pour prendre la parole et de piquer une colère s’il n’y avait qu’une femme et 14 hommes.

    En même temps quand on est prédateur, plus il y a de femmes plus il y a de proies. Sa colère était sans doute sincère mais ses motivations moins avouables lol

    #TMB #harcèlement #MJS #agressions_sexuelles

  • “L’hôpital est malade” : des infirmiers racontent leur enfer quotidien
    04/10/17 16h05
    Par
    Amélie Quentel
    A l’heure où une récente enquête de la Fédération nationale des étudiants en soin infirmiers (Fnési) estime alarmant le bilan de santé des élèves soignants, force est de constater que, côté titulaires, la situation est également préoccupante. Nous avons interrogé plusieurs d’entre eux - professionnels ou personnes toujours en formation - qui nous ont raconté leur quotidien fait de pressions et d’humiliations, ou encore leur sentiment d’être parfois maltraitants avec les malades, faute de temps et de moyens. A l’hôpital, force est de constater que le burn out et la dépression ne touchent pas que les patients.

    Au sein de l’hôpital public français, quand vous faites part de votre détresse au travail, on vous considère comme “une emmerdeuse”. Voilà ce qu’a subi Aurélie*, infirmière bretonne de 29 ans. C’était il y a trois ans, et pourtant, le souvenir de ce moment d’une violence inouïe reste vif dans la mémoire de cette jeune femme au rire communicatif – c’est du moins ce qu’on a perçu au téléphone.

    A l’époque, sa propension à l’hilarité ne fait plus vraiment partie de sa vie : Aurélie est alors plongée dans une dépression sévère. En cause, une longue période de roulement de nuit imposée par la direction de son hôpital, dans le Finistère, que son corps, déjà fatigué par le job en soi, ne supporte pas bien. Elle ne dort plus, prend des anxiolytiques et des somnifères, est “au bout du bout”.

    Quand elle commence à avoir des pensées suicidaires, elle se résout à aller voir la médecine du travail, qui l’enjoint à expliquer sa situation à la DRH. Laquelle lui dira gentiment, en quinze minutes top chrono car, bon, on n’a pas que ça à faire quand même de s’occuper des collègues qui vont mal, qu’elle est “une épine dans son pied” du fait de ses désidératas, et qu’elle “avait cherché, en vain, à la virer, en lui cherchant une faute grave”. Pas de chance : les appréciations d’Aurélie, à l’époque stagiaire en passe d’être titularisée, sont bonnes. Elle obtiendra finalement gain de cause et changera d’horaires.

    Des histoires comme celles d’Aurélie, il en existe des myriades. Elles se terminent parfois moins bien, en témoignent des cas de suicides, comme celui d’Emmanuelle Lebrun, infirmière travaillant au Havre qui, persuadée à tort d’avoir commis une erreur mortelle sur un bébé, avait décidé de s’appliquer un traitement similaire à elle-même en 2016 – l’enfant avait finalement survécu, comme le rappelle ce papier du Monde. En fait, de l’avis des principaux concernés, la situation des soignants serait peu à peu devenue intenable.

    “Cocotte-minute”, “l’hôpital est malade”, “malaise des blouses blanches”... Les infirmiers n’ont pas assez d’expressions pour exprimer leur désarroi face à leurs conditions de travail, de plus en plus dégradées de l’avis des personnes titularisées depuis de longues années au sein des établissements de santé.

    "La moindre chose me paraît insurmontable"

    Côté étudiants en soins infirmiers, le constat est également sévère. En témoigne cette enquête de la Fnési, (Fédération nationale des étudiant.e.s en soins infirmiers) dont les chiffres – et surtout les causes qui les sous-tendent – donnent le vertige : 76,5 % d’entre eux estiment être obligés de travailler à côté pour subvenir à leurs besoins financiers tandis que 78,2 % se déclarent “tout le temps ou souvent stressé”, que 75,4 % racontent être épuisés physiquement ou encore en très mauvaise santé psychologique (26,2%).

    Les conséquences de ce bilan de santé préoccupant : des crises d’angoisse et des épisodes dépressifs, des velléités suicidaires voire des passages à l’acte, une consommation élevée de médicaments… “Parfois, je me dis : “ça me saoule, pourquoi je fais ça ?” Et, en même temps, j’ai envie de faire ce métier… Avant, je n’étais pas du genre à me décourager mais, plus le temps passe, plus je me décourage vite. La moindre chose me paraît insurmontable”, nous raconte Hélène*, 24 ans, stagiaire de 3e année dans un hôpital du sud-est de la France.

    La jeune femme semble un peu émue en racontant son parcours, explique avoir fondu en larmes quelques heures plus tôt en répondant à une simple question posée par une formatrice : “Comment se passe ton stage ?” En fait, Hélène a peu à peu perdu confiance au gré de ses différentes expériences, peinant à trouver sa place – le sentiment d’être “un boulet” collé à ses chaussures d’hôpital – au point de ne pas se sentir “légitime” à être titularisée, alors même que “dans un an, [elle est] censée être opérationnelle”. A-t-elle songé à aller consulter un médecin pour parler de son mal-être ? “Non. Si je m’arrête, ça peut remettre en cause mon diplôme et mon stage. J’ai peur qu’on croit que j’en ai rien à foutre du boulot.”

    D’autres, à l’image de Pauline, 21 ans, n’ont tout simplement parfois pas les sous pour se soigner. “Ce sont des études qui coûtent cher [En moyenne, le coût de la rentrée d’un étudiant en soins infirmiers est de 2 577,10 € selon une étude de la Fnési, alors même que ces élèves seraient en général, selon une enquête de la DRESS citée par le syndicat, issus de catégories socio-professionnelles plus modestes en comparaison d’autres filières paramédicales, ndlr]. Cela arrive qu’on réfléchisse à deux fois avant d’aller chez le médecin car on n’a pas les moyens – et donc, on ne se soigne pas.”

    La jeune femme rappelle à raison que les étudiants infirmiers ont un grade licence, mais pas une licence stricto sensu, ce qui les empêche souvent d’avoir accès aux services universitaires, malgré des partenariats mis en place dans certains établissements – une ineptie selon les syndicats infirmiers. Et qu’il faut acheter la blouse, les pinces, les ciseaux et tutti quanti. En perte de confiance après plusieurs humiliations – “Nos encadrants sont parfois très cassants. Une fois, l’une d’entre elles m’a dit : “Si tu as réussi ce soin, c’était le coup du hasard.” Je suis beaucoup dans le doute et dans l’attente de la critique” – elle se dit à présent que, “si [elle] avait su comment se passait la formation, [elle] se serait peut-être ré-orientée”.

    Un état de détresse constaté depuis plusieurs années par la Fnési, comme nous l’explique par téléphone sa secrétaire générale Ludivine Gauthier, elle-même étudiante infirmière : “La problématique existe depuis longtemps, mais il y a une sorte de tabou à l’hôpital à ce propos. Heureusement, les étudiants sont au fait que ce n’est pas normal, et sont actuellement dans une dynamique de dénonciation de ce qu’il se passe.”

    "Sur le fil"

    Le sentiment que les pouvoirs publics occultent leurs problèmes depuis des années est prégnant chez les soignants, qui, au-delà d’être entendus par nos gouvernants, aimeraient être écoutés – ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Idem du côté de leur hiérarchie. “Avant, les hôpitaux étaient dirigés par des médecins, des gens qui avaient un regard médical, se remémore avec nostalgie Isabelle*, infirmière depuis plus de trente ans. Petit à petit, ce sont des gestionnaires affublés de pièces de monnaie à la place des yeux qui ont pris leur place. On a l’impression qu’un mec peut passer de gérant d’une concession automobile à directeur d’hôpital…”

    Passée à la fois par le public et le privé, par le poste de cadre ou de simple titulaire, elle se désole de la prégnance du travail administratif de plus en plus imposé aux infirmiers et infirmières, qui les “étouffe”. Une pression à la rentabilité, une chasse aux lits vides, autant de contraintes qui sont mal vécues par les personnels hospitaliers. “Mais la direction sait très bien que, malgré tout, la majorité d’entre nous se défoncera quand même pour s’occuper bien des patients, car on aime notre métier. Aussi, qu’on ne laissera pas tomber nos collègues en difficulté. De même, qu’on ne fera pas forcément grève car on vivrait mal de laisser nos patients, et que ça pourrait nous retomber dessus. Ils jouent là-dessus.”

    Elle est malgré tout conscience que les récurrentes coupes budgétaires et réductions de la masse salariale posent de gros soucis - et ce, tant en termes de rythme de travail pour les soignants que pour la qualité des soins prodigués aux patients. Parfois “sur le fil”, il n’est pas rare que, dans le rush, après des heures de boulot à courir partout, ils ne savent plus trop qui est qui, qui est dans quel lit, appréhension de “finir par faire une connerie”, impatience de rentrer chez soi, culpabilité forte de penser ainsi et de ne pas avoir le temps de mieux s’occuper des personnes à prendre en charge.

    “On m’a déjà appelée pour me dire “il nous faut des renforts, on est en train d’être maltraitants””, désespère Nathalie Depoire, présidente du syndicat Coordination nationale infirmière. Idem du côté des aides soignants, qui se retrouveraient parfois à “systématiquement mettre des couches” aux malades, par manque de temps. Nathalie Depoire estime “largement insuffisante” la réponse des pouvoirs publics face aux problèmes rencontrés, parle de “maltraitance institutionnelle” en sus de celle infligée parfois aux patients faute de temps et de moyens. “On pourrait largement avoir des revendications salariales, quand on voit comment on est mal payés par rapport à nos compétences et nos responsabilités. Mais l’urgence aujourd’hui, c’est de nous donner les moyens de soigner.”

    "L’ambiance entre nous devient parfois délétère"

    Le manque de reconnaissance pèse en effet sur les infirmiers, qui ont souvent le sentiment d’être “un pion”, des “petites mains” tenues de se taire parce que c’est comme cela que ça se passe - le comportement des patients eux-mêmes pouvant parfois être désagréable, les actes du type “je pisse partout dans la chambre mais je m’en fous car, après tout, vous êtes payés pour ça” pouvant arriver. Des pions d’ailleurs interchangeables : quand un service est touché par une réduction d’effectifs, un soignant peut se retrouver du jour au lendemain parachuté dans un autre. De quoi, même si “la formation est censée être polyvalente”, générer de l’anxiété et un sentiment de dévalorisation chez eux. “J’ai déjà reçu en larmes une femme qui était passée du service de chirurgie à celui d’oncologie - ce n’est pas du tout la même chose. Elle répétait qu’elle était nulle parce qu’elle avait des difficultés”, souffle avec tristesse Nathalie Depoire.

    Certains versent alors dans le défaitisme, d’autres dans l’énervement, d’autres dans tout cela à la fois. “J’ai pu voir certain en venir aux mains, se lamente la syndicaliste. L’ambiance entre nous devient parfois délétère.” Les rivalités entre services existeraient, de même que celles entre les différentes professions : aide-soignant VS. infirmiers par exemple, ou infirmiers VS. médecins - les actes de solidarité étant eux-aussi bien réels. "Je trouve que c’est très difficile de trouver sa place en stage, assure ainsi Sonia*, élève en deuxième année de formation qui, elle, est globalement heureuse de son cursus, estime que le fait d’être fatigué est propre à beaucoup d’étudiants et que "ce sont des attitudes et caractères personnels de certains qui posent souci".

    Entre encadrants et étudiants, aussi, le ton peut monter : les premiers n’ont pas le temps de s’occuper des seconds, qui, en conséquence, n’apprennent pas tout ce qu’il faudrait durant leurs stages, perdent confiance etc etc etc, voire sont parfois formés par des intérimaires et vacataires qui ne connaissent pas bien l’hôpital puisque, par définition, ils n’y restent pas de façon pérenne. “Les jeunes nous voient stresser, et eux aussi du coup : ça devient contagieux”, raconte par exemple Manon*, infirmière depuis sept ans en banlieue parisienne qui s’est parfois retrouvée à gérer vingt patients seule pendant plusieurs jours. Ces mêmes élèves seront pourtant amenés, une fois diplômés, à devenir encadrants eux-mêmes… Le cercle est en fait vicieux et surtout vicié par le manque d’argent. Ludovic*, enthousiaste étudiant en troisième année dans l’ouest de la France et appréciant parler en verlan - “j’adore ce boulot… et j’ai envie de changer les choses !” [bon ok là c’est pas du verlan, ndlr] - prévient : “Il faut montrer qu’il y a un problème. Avec les infirmiers, on pourrait être la sonnette d’alarme à l’échelle de l’hôpital : ça va finir par péter.”

    *Tous les prénoms ont été modifiés

    PS : Dans le ventre de l’hôpital, un documentaire diffusé mardi 3 octobre sur Arte revient sur cette question du mal-être des soignants. Le travail du réalisateur Jérôme le Maire, qui a passé deux ans dans une unité chirurgicale de l’hôpital Saint-Louis à paris, est disponible en replay ici.

    #burn_out #DRH (inhumanité des)

  • @raspa Donc, ma découverte de la semaine : la mixité choisie. Le terme m’a énormément intriguée, parce que dans ma petite tête, la mixité c’est forcément homme-femme, alors j’imaginais un temps mixte homme-femme avec des règles bien particulières pour que ça parte pas en cacahuète.
    MAIS j’ai donc appris à cette occasion qu’on peut aussi arrêter de se limiter à ces petites cases étriquées homme-femme, étant donnée la palette de gens qui ne se reconnaissent pas là-dedans : la mixité choisie étant donc un temps sans hommes cisgenre, mixité au sens de « toutes les possibilités d’étiquetage ou de non-étiquetage en fonction de son genre tant que l’étiquette n’est pas homme cisgenre ».

    Comme j’ai découvert ça via une militante des ateliers vélo, un exemple ici, à Grenoble : http://www.ptitvelo.net/Permanence-en-mixite-choisie-sans-hommes-cisgenres.html
    La définition donnée est

    Un espace d’auto-réparation entre femmes, trans, intergenres, ou personnes s’auto-identifiant différemment mais autrement qu’un homme cisgenre*

    On retrouve des marches féministes avec le même principe à Lyon : https://www.facebook.com/events/1019666954779379
    Ou des ateliers chants à Marseille : https://equitablecafe.org/tag/mixite-choisie

    Tout ça me fait dire que c’est très quart sud-est de la France, je ne sais pas si c’est le hasard de ma recherche Qwant ou une propagation du concept via une association locale... A creuser !

    Et pour finir, parce que Christine Delphy c’est toujours bien, un texte court qui repose les bases de la non-mixité choisie... http://lmsi.net/La-non-mixite-une-necessite

    Les femmes, exclues, ne souhaitent pas la non-mixité qui leur est imposée : elles souhaitent, comme tous les dominés, se rapprocher du groupe dominant. Elles souhaitent aussi, en général, le convaincre qu’il les traite mal.

    Devant l’échec de cette stratégie de persuasion amicale, le mouvement de libération des femmes, en 1970, dans tout le monde occidental, a choisi la non-mixité pendant ses réunions. Mais justement, une non-mixité choisie, et non imposée.

    La non-mixité choisie

    La pratique de la non-mixité est tout simplement la conséquence de la théorie de l’auto-émancipation. L’auto-émancipation, c’est la lutte par les opprimés pour les opprimés. Cette idée simple, il semble que chaque génération politique doive la redécouvrir. Dans les années 1960, elle a d’abord été redécouverte par le mouvement américain pour les droits civils qui, après deux ans de lutte mixte, a décidé de créer des groupes noirs, fermés aux Blancs.

    • @raspa en poursuivant mes recherches, je tombe sur le groupe affinitaire queer-féministe de la dernière action Ende Gelände : https://feministesjusticeclimatique.wordpress.com/2017/08/01/ende-gelande-2017-nous-creerons-un-climat-de-

      En tant que collectif, nous voulons rendre visible le rôle des femmes et des minorités de genre dans les luttes contre le changement climatique, par exemple en relayant les luttes des femmes impactées, en particulier celles des femmes du Sud et des femmes des Premières Nations, en première ligne de la lutte contre les industries extractives et polluantes.

      De plus, le mouvement climat est souvent vu (et représenté comme tel) comme porté par un super-héros mâle, cis, blanc et valide. Nous voulons changer cette représentation du mouvement ainsi que les comportements sexistes et excluants qui persistent au sein du mouvement. Nous sommes aussi légitimes, tel-les que nous sommes, à participer, et nous souhaitons le faire en respectant nos limites et celles des autres.

      C’est pour mettre en action des formes de lutte inventives et inclusives que nous allons nous joindre à l’action Ende Gelände qui aura lieu du 24 au 29 août 2017 dans la région de la Rhénanie (dans l’ouest de l’Allemagne) et aux camps (camp climat et Degrowth school ainsi que Connecting Movement Camp, camp for [future]) du 18 au 29 août en amont et pendant les jours d’action !

      Nous défendrons un espace safe pendant le camp et pendant les actions, où nos identités peuvent s’exprimer librement, et où on pourra sans problème critiquer un comportement/une parole oppressive. Les camps climat sont des espaces de vie et il est primordial que tou-te-s participent également au travail de care et se sentent en sécurité.

      Et ici pour un texte plus complet sur féminisme et climat : https://feministesjusticeclimatique.wordpress.com/2017/07/16/nos-echos-feministes/#more-354

  • Bagnes d’enfants et révoltes dans le Sud-Est-Non Fides
    http://www.non-fides.fr/?Bagnes-d-enfants-et-revoltes-dans-le-Sud-Est

    @Ad Nauseam - A l’occasion d’une visite collective de l’ancienne colonie pénitentiaire pour mineurs du Luc, dans les Cévennes, nous avons édité un texte qui revient brièvement sur les bagnes d’enfants du Sud-Est de la France et sur quelques révoltes qu’ils connurent. - Sur le monde (...)

    #Non_Fides / #Mediarezo

  • La double peine d’Hanane Charrihi : « peur de Daech » et « des racistes »

    http://information.tv5monde.com/terriennes/la-double-peine-d-hanane-charrihi-peur-de-daech-et-des-raciste

    « Bande de terroristes », « on ne veut plus de vous ici ». Hanane Charrihi se souviendra toujours de ces mots lancés par des passants alors que sa famille se recueillait à Nice (sud-est de la France), après la mort de sa mère Fatima dans l’attentat du 14 juillet 2016.

    « J’avais la gorge serrée. On s’attendait à des petites phrases comme ça, mais en étant devant un mémorial avec des fleurs, en mode recueillement, on prend une gifle », raconte à l’AFP la jeune femme de 27 ans, qui a publié un livre et créé une association après la mort de sa mère.

    Jusque-là, Hanane Charrihi n’avait jamais éprouvé un tel rejet, même si elle avait déjà perçu un changement : depuis le premier des attentats jihadistes ayant frappé la France, le 7 janvier 2015 contre le journal satirique Charlie Hebdo, la situation s’est tendue pour les musulmans, et notamment pour les femmes qui, comme elle, portent le foulard.

    Fille de Marocains arrivés en France dans les années 1970, elle ne s’est « jamais sentie exclue » dans le quartier où elle a grandi sur les hauteurs de Nice. En région parisienne, où elle vit depuis son mariage il y a sept ans, elle ne se sent pas non plus ostracisée à cause de son voile. Certes, il y a des regards, notamment quand elle va à Paris, mais c’est « de la curiosité plus que de la méchanceté ».

    La claque, pour elle, est venue avec les commentaires entendus le jour d’un grand rassemblement organisé à Nice à la mémoire des 86 victimes - dont sa mère-, tuées dans l’attaque d’un Franco-Tunisien au volant d’un camion meurtrier, un attentat revendiqué par le groupe Etat islamique.

    « On ne veut plus de vous ici », « cassez-vous ».... Qu’importe si elle porte le deuil de sa mère : « tant mieux ! Ca en fait une de moins », lui lance un passant.

    Pour elle, c’est « la double peine » : « la peur de Daech (acronyme arabe de l’EI) comme tout le monde mais en plus, la peur des racistes ». "Quand je prends le métro à Paris, je ne me mets pas au bord du quai, j’ai trop peur qu’on me pousse.

    #racisme #amalgame #féminisme

  • Citoyens solidaires du 06 | Pour que la solidarité ne soit plus un délit
    http://asile.ch/2017/01/09/citoyens-solidaires-du-06-pour-que-la-solidarite-ne-soit-plus-un-delit

    En réponse à l’interpellation et aux poursuites judiciaires de citoyens ayant porté secours de manière désintéressée à des personnes réfugiées en provenance d’Italie, un comité de soutien aux citoyens solidaires des Alpes-Maritimes s’est constitué en ce début d’année 2017. Le manifeste du Comité de Soutien aux Citoyens Solidaires du 06 est à lire ci-dessous.

  • à propos de maillots de bain
    http://www.vacarme.org/article2929.html

    C’était dans la torpeur du quinze août, et Twitter vrombissait d’une question posée par Raphaël Enthoven : « Les partisans du #burkini défendent-ils, au nom de la tolérance qu’ils invoquent, le port du string sur les plages saoudiennes ? ». Je me sentais moins partisan qu’adversaire d’une interdiction dont on a amplement vérifié, depuis, la traduction policière et les effets politiques. Sans polémique, et sans faire bref, la réponse qui suit (à laquelle R.E. a depuis répondu, dans le Huffington Post) tente de déplier l’embarras de cette interpellation.

    Actualités / #Fronts, #Race, #islam, #Voile

  • A propos de maillots de bain. - Lettre ouverte de Matthieu Potte-Bonneville à Raphaël Enthoven

    https://docs.google.com/document/d/1uUKgvUUnqnWkLsem8ATXo2NDMC2Cs2v7KzNGjlyTiSw/edit?pref=2&pli=1

    Paris, le 14 août.

    Cher Raphaël,

    j’ai suivi sur Twitter les polémiques consécutives à la question que tu y as posée : “Les partisans du #burkini défendent-ils, au nom de la tolérance qu’ils invoquent, le port du string sur les plages saoudiennes ?”. Cette question m’ayant travaillé une partie de l’après-midi, je me permets de risquer une réponse, qui n’engage que moi ; tu la trouveras, je le crains, bien piétinante et longue, quand ta question était malicieuse et provocante - mais il est des embarras que cent quarante caractères ne suffisent pas à dissiper. Je tâche tout de même d’aller vite.

    /1/ Première réponse, simple, brève, lapidaire : oui, bien sûr. Oui, factuellement oui. Parmi mes exaspérations et mes colères récentes, figurent en désordre les arrêtés municipaux prescrivant, dans plusieurs villes du sud-est de la France, le port sur les plages de tenues “compatibles avec la laïcité”, mais aussi la confirmation en appel, par la cour d’appel du Caire, des deux ans de prison infligés à l’écrivain Ahmed Naji pour avoir publié les extraits de son roman “l’Usage de la vie”, tableau triste, beau et déchiré de la jeunesse cairote dans lequel figuraient plusieurs scènes sexuelles (on peut en lire un extrait ici : https://www.fidh.org/IMG/pdf/extrait_roman_egypte.pdf ) ; ou encore l’activité, au Maroc, du compte Facebook Aicha Jamal publiant, aux fins d’en dénoncer l’impudeur, les photographies des femmes qui osent bronzer en bikini. Dans ces derniers cas, la manière dont un pouvoir autoritaire s’autorise en Afrique du Nord et au Moyen-Orient d’une référence à la morale religieuse pour exercer sa répression sur ce qui peut être dit et montré des corps (ou la façon dont un groupe de pression tente de susciter pareille réaction) a suscité en moi rage et écoeurement.

    /2/ Tu me diras : c’est de la triche, et tu jugeras peut-être que je réponds à côté. Il n’est en effet question dans ma réponse ni de string, ni d’Arabie Saoudite. Ce, pour une raison simple : je ne connais personne qui se soit récemment risqué à s’afficher en string sur une plage saoudienne (peut-être fais-tu référence à un cas précis que j’ignore, mais m’étonnerait), ce qui ne veut pas dire bien entendu que l’Arabie saoudite ignore les strings et les dessous chics, mais c’est autre chose. Or, c’est ce qui me gêne dans ta question : le fait que celle-ci établisse un parallèle entre un cas empirique (avec son lieu, son temps, ses enjeux locaux, sa sociologie, etc) et un contre-exemple sinon imaginaire, du moins hyperbolique, extrapolé dans une démarche a fortiori - on peut en effet penser que l’obsession saoudienne bien connue pour l’effacement du corps féminin trouverait sa forme aiguë face à toute tentative de bronzer en string et en public.

    Cette abstraction et la double symétrie dont elle s’autorise (trop de tissu / pas assez ; ici / là-bas) me posent plusieurs problèmes. D’abord, elle transforme les décisions municipales récentes en “cas d’école” (ce qui revient à en gommer le contexte, les intentions, la dimension moins éthique que stratégique - j’y reviendrai). Ensuite, elle porte à se demander ce qui te porte au juste à construire pareille comparaison, ce qui ouvre la boîte de Pandore des interprétations. Pour le dire autrement ; tu indiques n’avoir introduit dans ta question aucun sous-entendu, et surtout pas de comparaison déplacée entre les régimes français et saoudiens, et je ne vois personnellement aucune raison de ne pas te faire ce crédit. Il n’en reste pas moins que, justement parce que ta question est à-demi artificielle, on ne peut éviter de se demander ce qui peut justifier de poser le problème ainsi.

    /3/ Le souci, c’est que j’ai beau chercher, aucune des justifications à cette manière de poser le problème ne me convient vraiment. Par exemple :

    S’agit-il de comprendre que la France a ses moeurs (on s’y balade en slip) et l’Arabie Saoudite les siennes (on y proscrit la nudité) ? Vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà… J’adore, comme toi, l’isosthénie sceptique et le genre de retours à l’envoyeur que pratiquaient Pyrrhon ou Montaigne, mais en l’espèce cela ne me va pas : une telle lecture épinglerait à la géographie un fait d’histoire (malgré mon admiration pour Louis de Funès, je ne pense pas que croiser des gendarmes ait été très drôle, il y a encore peu de temps, pour une femme en monokini ; et la vidéo de Nasser riant à l’idée de voiler les femmes égyptiennes est fort connue). Surtout, cette lecture renverrait surtout chaque pays à l’homogénéité de ses moeurs (when in Rome, do as romans do) quand la question est aujourd’hui de prendre acte de la diversité, parmi celles et ceux qui vivent également ici, du rapport au corps, du souci des bonnes moeurs, etc. (Je ne dis pas que cette hantise de la pudeur m’est toujours sympathique ; je récuse seulement qu’elle soit étrangère, ou doive être verbalisée).

    S’agit-il alors, de suggérer qu’à tout prendre, il vaut mieux vivre dans un pays où l’on se chamaille sur le règlement des plages à l’ombre de la République, que dans un autre où l’on exécute les condamnés à mort à tour de bras ? J’en tombe radicalement d’accord - mais, une fois encore, je crois que ce “vaut-il mieux” a quelque chose d’abstrait. Le problème n’est pas (pour moi, aujourd’hui) de me demander si je troquerais un régime contre l’autre, mais de m’inquiéter de ce qui se tricote, dans mon pays, et dans des arrangements qui ont peu à voir avec la République : par exemple, la manière dont l’échelon municipal fonctionne à la fois comme vitrine et comme laboratoire pour une série de responsables politiques anxieux de démontrer la possibilité d’introduire dans le tissu du droit une série de petites dérogations complémentaires, qui sont autant de marges ouvertes pour la surveillance tatillonne, pour l’humiliation sûre de son bon droit, pour le développement de comportements passive-agressive vis-à-vis d’une partie de la population locale. J’évoquais tout à l’heure De Funès et la bonhomie en trompe-l’oeil du gendarme de Saint-Tropez ; mais je dois t’avouer qu’imaginer, à l’inverse, la lueur dans l’oeil d’un policier chargé, sur les plages, de vérifier que les dames sont suffisamment dévêtues ne me réjouit pas fort.

    /4/ Une incise, ici. Je n’ignore certainement pas, ni ne prescris d’ignorer, la manière dont la revendication de venir couverte à la plage peut se trouver enrôlée dans un agenda politique précis, de la part de groupes de pression et d’influence. De même, je pense qu’il ne faut pas ignorer non plus l’agenda politique qui, du côté de certains élus, amène à en faire une affaire - et le caractère autochtone de cet agenda-là ne me le rend pas plus séduisant. C’est l’un des problèmes aujourd’hui : les ennemis de mes ennemis ne sont pas mes amis. Raison supplémentaire, à mon avis, de ne manier les symétries qu’avec une extrême prudence.

    /4/ J’allais ici écrire qu’au fond, je ne comprends pas ta question, faute de pouvoir adosser son abstraction relative à un socle de présupposés avec lequel je pourrais me sentir en accord. En fait, ce n’est pas vrai : il y a au moins un point sur lequel cette symétrie semi-imaginaire me paraît convaincante. Le fait est que, si d’aventure quelqu’un portait le string sur une plage saoudienne, on ne pourrait manquer de le voir ; comme, sur les plages françaises, les femmes voilées suscitent apparemment le scandale par leur seule présence visible. Je me demande si la comparaison string-voile, qui est un trope assez récurrent maintenant (et a d’ailleurs suscité à l’occasion des allergies bien françaises, et chez les mêmes personnes, par exemple dans les collèges dont les règlements intérieurs finissent par se perdre dans les détails relatifs à la longueur des vêtements), si cette comparaison donc ne raconte pas quelque chose du scandale que suscite le corps, lorsque sa différence vis-à-vis de la norme commune l’expose à être vu, avec ce que cela comporte d’enjeux de reconnaissance, avec ce que cela implique aussi de violences liées au regard. A ce compte, le paradoxe fait qu’un corps couvert est, dans certaines circonstances, incroyablement visible, et que par un effet de vrille ceux qui s’inquiètent de la pudeur excessive requise des femmes musulmanes appellent les mêmes musulmans à être plus discrets… A l’heure où je t’écris, Twitter bruisse des rixes survenues en Corse, consécutives apparemment (vérifier, toujours vérifier) à ce que certains prenaient des photos des femmes voilées sur la plage - dans un geste pour le coup étrangement symétrique et inverse à celle des marocains du compte Aicha Jamal, que j’évoquais en commençant. Je pense que la tolérance, la mienne en tout cas, peut s’alarmer de l’un et l’autre gestes ; je pense surtout que la philosophie n’a pas fini d’interroger ce qui noue aujourd’hui, de part et d’autre de la Méditerranée, la politique au corps et au regard.

    Amitiés,

    Mathieu
    PS : je reste fidèle au boxer-short.

  • Quand les communes détournent l’usage de la vidéosurveillance
    http://www.sudouest.fr/2016/05/04/quand-les-communes-detournent-l-usage-de-la-videosurveillance-2350964-710.p

    Alors que de plus en plus de communes se tournent vers la vidéosurveillance, le chercheur au CNRS Laurent Mucchielli estime que les objectifs poursuivis ne sont plus les mêmes qu’avant Sociologue et directeur de recherches au CNRS, Laurent Mucchielli a étudié le fonctionnement des systèmes de vidéosurveillance dans les communes du sud-est de la France. Publiée en début d’année, son enquête de terrain balaie les fantasmes et confirme l’abandon progressif des objectifs initiaux de lutte contre la (...)

    #CCTV #surveillance #verbalisation #surveillance

  • FRANCE = Pesticides : une contamination généralisée de l’environnement
    http://www.brujitafr.fr/article-france-pesticides-une-contamination-generalisee-de-l-environnement

    Ça ne s’arrange pas sur le front des pesticides. La contamination des cours d’eau et des nappes souterraines s’est généralisée en France. L’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse (RMC) a le courage de le dire : elle en a recensé 150 produits différents dans les près de 3 000 cours d’eau du Sud-Est de la France - majoritairement des herbicides - , soit à peu près autant tous les ans depuis 2008. « Non seulement leur nombre reste stable, mais les concentrations ne faiblissent pas non plus, souligne Martin Guespereau, directeur général de cet établissement public. Leurs taux atteignent parfois jusqu’à 200 fois la norme de l’eau potable. Je veux insister sur ce constat inquiétant. » L’agence de l’eau RMC (...)

    #NATURE_/_ECOLOGIE

  • La contamination des #rivières par les #pesticides s’est durablement généralisée
    http://www.lemonde.fr/ressources-naturelles/article/2014/09/25/la-contamination-des-rivieres-par-les-pesticides-s-est-durablement-generalis

    Ça ne s’arrange pas sur le front des pesticides. La contamination des cours d’#eau et des nappes souterraines s’est généralisée en France. L’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse (RMC) a le courage de le dire : elle en a recensé 150 produits différents dans les près de 3 000 cours d’eau du Sud-Est de la France – majoritairement des herbicides –, soit à peu près autant tous les ans depuis 2008.

    (...)

    Mais il y a pire : dans un quart des analyses, on retrouve des substances prohibées, pour certaines depuis dix ans. Sur cette palette de pesticides, l’agence en a identifié 36 interdits depuis au moins 2008. Et il apparaît clairement qu’il ne s’agit pas de quelques traces persistantes, mais bien d’utilisations renouvelées. Les prélèvements effectués six à douze fois par an indiquent en effet des pics au moment des épandages d’herbicides.

    Les concentrations records de terbuthylazine, de simazine et d’atrazine correspondent systématiquement à la saison de traitement des vignobles et des grandes cultures. Dans certaines stations des zones viticoles du Beaujolais et de Bourgogne, ainsi que du Languedoc-Roussillon, ces substances sont présentes dans plus de la moitié de leurs analyses.

    On trouve en particulier du #glyphosate dans les trois quarts des rivières du Sud-Est ! Pas étonnant puisqu’il s’agit du principe actif du #Roundup, un produit-phare en tête des ventes de pesticides dans les bassins Rhône-Méditerranée et de Corse où il s’en vend… plus de 4 000 tonnes par an.

    (...)

    Les comparaisons avec les autres régions françaises sont difficiles, car l’agence RMC est la seule à faire preuve d’autant de #transparence. Cette dernière estime cependant que, selon les critères de la directive-cadre européenne sur l’eau de 2000, la moitié de ses cours d’eau peut être considérée comme en « bon état écologique ».

    Globalement, 16 % d’entre eux ont progressé en quatre ans. Les poissons sont partiellement de retour dans l’axe rhodanien, notamment des jeunes anguilles. Il y a moins de rivières classées « médiocres » qu’en 2008, mais la catégorie « très bon état » reste bien peu fournie.

    #pollution

  • FRANCE : Fort séisme ressenti dans 6 départements du sud-est de la France = 5 sur l’échelle de Richter
    http://www.brujitafr.fr/article-france-fort-seisme-ressenti-dans-6-departements-du-sud-est-de-la-f

    Tout va bien ! Dormez braves gens ! MAJ = les USA ont offert 10 milliards de dollards /an pdt 10 ans au Congrès national africain pour loger des américains en vue de l’éruption du Yellowstone. Douze volcans dans six pays différents se déclenchent à quelques heures d’intervalle Un séisme de magnitude 5 s’est produit lundi soir dans le sud-est de la France. Son épicentre se situe dans les Alpes-de-Haute-Provence, à 7 km de Châteauroux-les-Alpes, 8 km d’Embrun et 10 km de Barcelonnette. Le réseau national de surveillance sismique indique sur son site que la secousse a eu lieu à 21 h 27, à une profondeur de 11 kilomètres. Selon un journaliste du Dauphiné Libéré, (...)

  • La contamination des cours d’#eau en France est « quasi généralisée »
    http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/07/24/pesticides-la-contamination-des-cours-d-eau-quasi-generalisee-en-france_3453

    Dans une note datée du 22 juillet et diffusé mercredi, le Commissariat général au développement durable (CGDD) estime que la contamination des cours d’eau « est quasi généralisée en France, essentiellement par les #herbicides en métropole et des #insecticides en outre-mer ».
    Les zones les plus touchées sont les grandes régions céréalières, maraîchères ou viticoles que sont le nord de la France, le Bassin parisien, le Sud-Ouest, l’amont du Rhône et la Martinique.

    « Seuls 7 % des points en sont exempts. Ils sont majoritairement situés dans des régions peu agricoles ou à agriculture peu intensive », soit le quart sud-est de la France et l’Auvergne, écrit le Commissariat.

    Pour une fois, on tient compte des départements d’outre-mer

    • Quel bel optimisme ! C’est vrai ! en à peine 50 ans, ils savaient parfaitement ce qui arriverait et ils l’ont fait en toute connaissance de cause, en 50 ans ils ont réussi à polluer tous les cours d’eau, ils ont aussi détruit la biodiversité de la faune et la flore et l’élément premier, l’eau, tout simplement, avec un si bel optimisme pour l’avenir. Les enfants jouaient avec les fûts toxiques. Des centaines de milliers d’années d’équilibre écologique à la poubelle en à peine 50 ans. Ils savaient tous lire, mais l’école, le ministère, l’agriculture, la pac, l’europe, le fric, la voiture du voisin, leur avaient expliqué ce qu’il fallait faire pour survivre dans ce monde en crise, tuer l’autre lentement, légalement.
      Les guerres des industriels les avaient préparé à accepter de courber l’échine devant l’argent et la modernité, l’utopie du progrès et sa cohorte de techniciens avaient instauré la dictature molle de l’individualisme, accepte de participer ou crève.
      Prendre le pouvoir, savoir détruire une dernière fois, ils ont autant aimé qu’un après midi de fête chez Disney, la belle utopie, la belle illusion, déversant leur poison sur la terre, dans les poumons de leurs enfants, dans le ventre de leurs animaux, dans l’eau, pas le choix, pas responsables les sales connards, accepte de participer au grand jeu de qui détruira le plus vite ou suicide toi.
      Heureusement la réparation de l’immonde arrivait par le petit écran et les chanteurs de variété fredonnaient l’amour au repas du soir. A peine 50 ans, les brochets et les truites s’attrapaient à mains nues, les perches avaient des arêtes, les anguilles traversaient les champs la nuit, les poules d’eau se disputaient les trous des ragondins et nous nous baignons en riant. Soyez fiers de votre optimisme agriculteurs de la FNSEA, vous n’êtes pas de ceux qui passeront au bio, cette agriculture réservée à l’élite. Vous allez continuer dans la même voie, jusqu’à ce que le crédit à la banque, votre grand maître vous dise d’arrêter. Un coup de jaja pollué et ce sera reparti pour un tour.