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  • Contraception définitive, un tabou à la française  ? | Flora Beillouin (L’Humanité)
    http://www.humanite.fr/03_07_2011-st%C3%A9rilisation-d%C3%A9finitive-un-tabou-%C3%A0-la-fran%C3%A7

    Traumatismes historiques, paternalisme ou tradition nataliste… La «  stérilisation à visée contraceptive  » demeure extrêmement marginale dans l’Hexagone et ce malgré une loi du 4 juillet 2001 officialisant pour la première fois en France cette pratique. Dix ans après, où en est-on  ? « Vous êtes sûre  ? Vous ne voulez pas vous laisser la chance d’avoir un garçon  ?  » Ces vilaines petites questions aux relents machistes, Suzanne, déjà mère de quatre filles, aurait préféré ne pas l’entendre de la bouche de sa gynécologue. Surtout (...) Source : L’Humanité

    • Pour Nathalie Bajos, ces représentations sociales influent inévitablement sur les comportements des médecins, qui à leur tour «  jouent un rôle clé vis-à-vis de la population  ». Profitant de femmes souvent démunies face au savoir et au pouvoir médical, certains ne se privent pas de freiner délibérément le recours à ces méthodes. Notamment depuis l’arrivée de la méthode des micro-implants en 2002, qui simplifie considérablement le passage à l’acte. Sans nécessiter la moindre anesthésie, l’insertion de ces implants flexibles dans les trompes de Fallope s’effectue en effet en moins de dix minutes et par voie vaginale. Ni hormone, ni incision, ni cautérisation. «  La pose n’est pas plus douloureuse qu’une pose de stérilet qui se passe bien, et au cours des trois mois qui suivent, l’organisme forme une barrière naturelle autour de ces implants, empêchant définitivement les spermatozoïdes d’atteindre l’ovule  », explique Sergine Heckel.

      Cette gynécologue-obstétricienne pratique régulièrement les différentes méthodes de stérilisation dans un hôpital lyonnais. Selon elle, la ligature des trompes est non seulement moins fiable, puisque le taux d’échec s’élève à 1,8 % contre 0 % pour les micro-implants, mais comporte également des risques de perforation digestive, voire de décès. Pas étonnant que, sur les 70 000 stérilisations féminines pratiquées depuis sa mise sur le marché en 2002, cette nouvelle méthode ait déjà séduit 50 % des femmes. Jusque très récemment, le remboursement des micro-implants, bien moins coûteux que la ligature, était d’ailleurs automatique dès lors que la pose s’effectuait dans le public. Mais, en 2010, l’assurance maladie a préféré faire machine arrière en instaurant des restrictions par le biais d’un décret. «  Visiblement, la Sécurité sociale ne veut pas trop faciliter cet acte, d’où sa décision de prononcer le déremboursement de la pose des micro-implants pour les femmes de moins de quarante ans. En gros, il faut que ça se mérite  », déplore Carine Favier. Aux yeux de la présidente du planning familial, l’ajout de ce critère n’est que la résurgence d’un paternalisme archaïque, qui continue à primer sur le désir des femmes. «  Elles sont encore considérées comme vulnérables, ne pouvant assumer seules leur choix. Que ce soit en milieu rural ou en ville, c’est pareil : on leur sort systématiquement l’argument du regret à venir, fait pourtant rarissime, quand on ne leur demande pas une autorisation écrite du conjoint !  »