• Aides sociales : « Ne luttons pas davantage contre les pauvres que contre la pauvreté », Axelle Brodiez-Dolino, chercheuse au Centre Norbert-Elias (EHESS, universités d’Avignon et d’Aix-Marseille)
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/02/19/aides-sociales-ne-luttons-pas-davantage-contre-les-pauvres-que-contre-la-pau

    L’historienne Axelle Brodiez-Dolino revient aux racines du discours, récemment remis en avant par Edouard Philippe, sur la « contrepartie » aux aides sociales.

    Tribune. Alors que les « gilets jaunes » focalisent l’attention sur les couches populaires laborieuses, le premier ministre vient de faire diversion, dans le cadre du grand débat national, le vendredi 15 février, en exhumant l’idée de contreparties aux aides sociales. Flattant implicitement ceux qui n’y recourent pas, tout en répondant à son électorat. S’il reconnaît le sujet comme « explosif », c’est qu’il fait référence au concept du #workfare anglo-américain, rarement loué comme un modèle enviable ; et que, (re)lancé en 2011 par Laurent Wauquiez puis Nicolas Sarkozy, puis adopté dans le Haut-Rhin, il a suscité des levées de boucliers.

    Car il englobe deux préoccupations. L’une, économique : faire que chacun, surtout s’il reçoit de la collectivité plus qu’il ne semble apporter, contribue ostensiblement. L’autre, morale : imposer le maintien d’une saine occupation, contre l’oisiveté et les activités illicites suspectées chez les #allocataires.

    Loin d’être nouvelle, l’idée était déjà soulevée par le Comité de mendicité en 1790 : « Si celui qui existe a le droit de dire à la société “Faites-moi vivre”, la société a également le droit de lui répondre “Donne-moi ton travail”. » Elle était au cœur du « grand renfermement », dans les « hôpitaux généraux » (XVIIe-XVIIIe siècles) puis les « dépôts de mendicité » (XVIIIe-XIXe siècles), ainsi qu’en Angleterre et aux Etats-Unis dans les workhouses. Le pauvre « valide », en âge et en état de travailler, bénéficiait, si l’on ose dire, du gîte et du couvert au sein d’un système #disciplinaire carcéral fondé sur la #mise_au_travail. Ce système, que les pouvoirs publics se sont maintes fois évertués à réactiver, a de l’avis général (contemporains de l’époque comme historiens d’aujourd’hui), fait la preuve de sa totale inefficacité. Au point qu’il a fini par être, au début du XXe siècle, discrètement abandonné.

    Un principe récusé par les lois sociales

    Hors son échec historique, ce principe est discutable. Il ne relève pas du hasard que sa disparition coïncide avec l’apparition des lois sociales : en forgeant des #droits, la IIIe République a récusé la #contrepartie. Elle a, avec le solidarisme, renversé l’idée de dette, qui n’était plus celle de l’individu envers la société, mais de la société envers l’individu pour lui assurer sa subsistance.

    « Le “devoir de travailler” n’a de sens qu’avec son corolaire, le “droit d’obtenir un emploi” »

    Du début du XXe siècle à 1988, un droit a donc été un pur droit. Les préambules des Constitutions des IVe et Ve Républiques ont toutefois été prudents : « Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi (…). Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler, a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence. »

    C’est ce qui a légitimé, dans la loi de 1988 sur le #RMI, l’imposition d’une contrepartie : le contrat d’insertion. Lequel puisait à la pratique alors novatrice d’ATD Quart monde de rééquilibrer le rapport d’assistance en mettant sur un pied d’égalité les contractants. Le « contrat-projet » du rapport Wresinski s’est mué en contrat d’insertion du RMI.

    Mais c’est aussi là qu’il a été dévoyé, vidé des deux grandes caractéristiques du contrat : librement consenti, et équilibré entre les deux parties. On ajoutera que le « devoir de travailler » n’a de sens qu’avec son corolaire, le « droit d’obtenir un emploi » – qui n’existe toujours pas aujourd’hui.

    Déséquilibre entre offre et demande d’emploi

    Car le problème français n’est pas d’occuper les #chômeurs. Il est celui d’un déséquilibre abyssal entre offre et demande d’#emploi : au minimum, un ratio de 1 à 10 ; et qui serait plutôt situé entre 1 à 17 et 1 à 42 (selon le rapport 2017 du Secours catholique). On peut toujours « traverser la rue », selon la formule d’Emmanuel Macron, mais la demande reste très supérieure à l’offre. La France recourt en outre largement à l’emploi précaire et aux contrats très courts, paupérisants, désincitatifs et coûteux (transports, gardes d’enfants, etc.). S’y ajoutent la désadéquation entre formations et emplois disponibles, ainsi qu’entre lieux d’emplois et lieux de vie. Si, comme le dit le premier ministre, « on veut qu’il y ait un avantage objectif à retourner à l’activité », mieux vaudrait aborder le problème sous ces angles-là.
    Mettre en regard, de façon simpliste, chômage et emplois non pourvus, c’est faire fi de ces chantiers politiques et imputer le paradoxe à des chômeurs qui feraient la fine bouche devant les emplois proposés ; donc rendre les plus démunis responsables. Car fondamentalement, le recours aux aides sociales découle du découragement face aux échecs répétés à s’insérer de façon durable et décente sur le marché du travail.

    La ministre des solidarités et de la santé Agnès Buzyn veut inscrire la « stratégie pauvreté » annoncée en septembre 2018 « dans la fidélité aux valeurs profondes qui ont construit notre république sociale ». Mais ne choisissons pas la filiation de la Ire République, qui luttait davantage contre les pauvres que contre la pauvreté, mais celle des républiques suivantes. Le slogan de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron est beau : « Faire plus pour ceux qui ont moins. » Ne le dévoyons pas, à peine engendré, en « demandant plus à ceux qui ont moins ».

    #guerre_aux_pauvres

  • Mouvements de chômeurs et de précaires en France, la revendication d’un revenu garanti (1989)
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5814

    Nous présentons ici une analyse des mouvements de chômeurs et de précaires qui sont nés dans la France des années 1980. La réunion de ces trois notions indique d’entrée que ce texte prend à contre-pied les banalités aujourd’hui unanimement admises quant à la disparition de toute conflictualité sociale centrée sur le travail productif.

    Il importe donc, tout d’abord, de rappeler que le rôle des chercheurs est de formuler des hypothèses sur l’évolution du rapport social qui, en principe, se distinguent un tant soit peu des « évidences » répandues quotidiennement dans les discours ministériels et dans la presse. Ainsi, cette étude n’a-t-elle rien de misérabiliste. Non point que nous n’ayons pas rencontré de chômeurs dénués de tout, et même de droits ! Leur existence en cette fin de XXe siècle au sein de la quatrième puissance économique mondiale réputée démocratique — et socialiste de surcroît — restera même sans doute la caractéristique sociologique majeure que l’histoire retiendra de cette décennie. Mais, précisément, cette violence incroyable suggère un enjeu, une mutation du rapport social qui ne se résume pas dans les simples descriptions des « nouvelles pauvretés » et autres « galères » dont se contente aujourd’hui la littérature sociologique. Cette conception purement phénoménologique s’identifie en fait parfaitement à la banale vision dominante du chômage-précarité en termes d’exclusion et de marginalité qui renvoie implicitement à l’intangibilité du paradigme fordien.

    L’hypothèse centrale de ce texte vise, au contraire, à considérer ce chômage-précarité non comme une dysfonction, mais bien en tant que moment du développement des forces productives. D’où la nécessité de saisir le rapport social-historique qui le provoque. En d’autres termes, l’irruption de ce qu’on appelle la précarité nous semble devoir interroger plus essentiellement les mutations des formes d’emploi et du rapport salarial dont l’institutionnalisation fordienne des Trente Glorieuses n’a jamais constitué un horizon indépassable [1]. Dès lors, c’est la précarité en tant que rapport social qu’il importe de saisir, et non les seuls effets des mesures étatiques visant à réduire un phénomène « marginal » comme les chercheurs se conforment aujourd’hui à le faire en réponse aux nombreux appels d’offres sur le sujet. Les auteurs de ce rapport travaillent, quant à eux, sur l’évolution des formes d’emploi depuis plus de dix ans et livrent ici le résultat d’une observation des pratiques sociales de l’acteur précaire à travers l’analyse des mouvements dans lesquels il s’exprime.

    C’est ce point de vue de l’acteur qui permet de dépasser l’idéologie misérabiliste dominante.

    Il convient de rappeler que la remise en cause radicale actuelle du fordisme a d’abord été le fait des luttes ouvrières des années 1960-1970. La crise qui s’en est suivie, avec l’instauration de nouvelles formes de régulation extériorisant de l’entreprise une notable partie des travailleurs, instaure le précaire comme une force centrale du nouvel ordre productif (deux tiers des contrats de travail passés annuellement par les entreprises françaises). Mais on verra aussi que cette extériorisation concerne également le capital, à mesure que se développe l’immatérialité, tant de certaines formes de production (informatique...) que de marchandises (les divers services de communication, de santé, d’éducation et l’ensemble de ce qu’Alain Touraine dénomme les industries culturelles).

    C’est cette dilatation progressive de l’ordre productif dans l’ensemble de l’espace social que révèlent essentiellement les mouvements étudiés ici. D’une part, la revendication d’un revenu garanti — à laquelle répond, à sa manière, le récent RMI gouvernemental — traduit ce débordement des anciennes frontières entre production et reproduction et du lien entre travail et salaire. Non réductible à son ancienne fonctionnalité interne à l’entreprise, c’est surtout le travail qui devient, d’autre part, un nouvel enjeu à mesure que les nouvelles technologies sont l’objet d’une réappropriation présidant aux réseaux alternatifs, aux pratiques des hackers informatiques et autres mouvements où évoluent les précaires.

    Le précaire révèle donc non seulement les mutations actuelles de l’ordre productif, mais aussi l’esquisse d’une recomposition d’un mouvement social totalement écrasé dans ses formes ouvrières traditionnelles depuis dix ans.

    #archives #luttes #chômeurs #précaires #revenu_garanti #travail #RMI #PS

  • Notre insertion contre la leur ! Archives du précariat.
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=8006

    Lorsqu’existait le RMI, l’idéologie du travail vantait l’« insertion », il fallait impérativement greffer l’« exclu » au vigoureux tronc du travail, productif (?) et intégrateur (?). Quitte à lui forcer la main.

    Depuis, la société de concurrence a marqué des points. Avec le #RSA, on se droit d’être en « activité », de développer son « autonomie », comme ils disent. Le mot a changé, la conditionnalité de ce mini #revenu et le contrôle de ses allocataires ont été renforcés. Une récente surenchère (un vote du conseil départemental du Haut-Rhin) voudrait que les RSAstes soient contraints à des heures de « bénévolat »... D’aucuns pourraient penser que c’est d’une droite de droite soucieuse de se démarquer d’un gouvernement qui applique sa politique. Non sans raison. Mais qui imite qui ? Comme vous le verrez à la lecture de l’article qui suit, la gauche de droite n’a pas été en reste pour prôner le travail forcé au nom de la morale.

    Notre insertion contre la leur !

    Le 19 septembre [1998] à Perpignan, une manifestation organisée à l’initiative d’AC ! s’est achevée par une tentative d’occupation du Conseil général des Pyrénées-Orientales, peu avant d’être dispersée par la police. Le Président #socialiste du Conseil général, Christian Bourquin, avait en effet annoncé vouloir imposer aux #allocataires du #RMI du département des heures de travail non rémunérées.

    #Idéologie_du_travail #travail_forcé #société_punitive #précarité

  • Originial. En 1998 déjà, des socialistes voulaient imposer un travail obligatoire aux RMIstes sous peine de radiation... Mais lorsqu’il prône aujourd’hui l’emploi forcé des RSAste, le parvenu N.S n’en dit mot.

    Notre insertion contre la leur ! #CARGO (Collectif d’Agitation pour un Revenu Garanti Optimal)
    http://www.ac.eu.org/spip.php?article496

    Le 19 septembre dernier [en 1998, sous #Jospin] à Perpignan, une #manifestation organisée à l’initiative d’#AC ! s’est achevée par une tentative d’occupation du #Conseil_Général des Pyrénées-Orientales, peu avant d’être dispersée par la police. Le Président #socialiste du Conseil Général, Christian Bourquin, avait en effet annoncé vouloir imposer aux allocataires du #RMI du département des heures de #travail_non_rémunérées. (...) Ils nous veulent honteux et soumis nous choisissons l’arrogance et la fierté.
    Non, nous ne pleurnicherons pas pour obtenir des emplois, nous ne supplierons pas les patrons de nous exploiter, nous ne ramperons pas à genoux devant les #employeurs, histoire que les #salaires baissent encore un peu plus. Ce que fait le #travaillisme, c’est propager de la mauvaise conscience pour aiguiser la #concurrence dans l’obtention d’un poste, pour que le travail devienne une lutte de tous contre tous, et ce, pour le seul profit des exploiteurs. Le Workfare ne passera pas par nous, nous ne serons pas les « jaunes » des temps modernes dont les patrons se serviraient à volonté pour briser les grèves, détériorer les conditions de travail et faire baisser les salaires.

    #luttes_sociales #Archives #idéologie_du_travail

  • #Rspamd #spam filtering system
    https://rspamd.com

    Rspamd supports various internal and external filters to process messages, such as regular expressions, suffix tries, RBLs, URL black lists, IP lists, SPF, DKIM, character maps. For advanced filtering rspamd provides improved statistics module (based on OSB-Bayes algorithm) and fuzzy hashes database that is generated based on honeypots traffic.

    Un #antispam côté serveur qui a l’air très performant et efficace. Un bon remplaçant de dspam, qui semble absent de debian jessie.

    À utiliser en conjonction avec #rmilter :

    https://github.com/vstakhov/rmilter

    #sysadmin

  • CIP-IDF > #Archives : CASH, journal de #chômeurs et précaires (1985-1989)
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=6875

    1985, c’était déjà « la crise », le #socialisme, l’#austérité, l’invocation de la croissance et de l’emploi qui sauvent… on s’en souvient moins, 1985 c’était aussi des #luttes de chômeurs et précaires, luttes auxquelles, en 1988, l’Etat répondit par l’instauration du #RMI
    C’est dire qu’à la veille d’une " réforme " annoncée du #RSA, on ne perdra pas son temps à fréquenter les textes mentionnés ci-après.

    Pour l’association des chômeurs et précaires de Paris et son journal CASH, l’auto-organisation des chômeurs et précaires suppose d’assumer une rupture préalable avec le « consensus pour l’emploi » et la glorification de l’entreprise ; pas question de « refaire (le) monde » sans procéder d’un #écart, adopter un point de vue dont une catégorie centrale est le refus de l’idéologie du travail . Voir par exemple ces deux tracts diffusés en mai 1985 :

    Les #chômeurs c’est la classe ! http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5421

    Chômer payé !
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5568

    Dix numéros du #journal #CASH sont disponibles en ligne en pdf sur le site Archives #Autonomies, fragments d’histoire, archives et sources de la gauche radicale et/ou extraparlementaire.

    http://archivesautonomies.org/spip.php?article309

    #idéologie_du_travail

  • Pauvreté : les impasses du RSA et de la « solidarité active » | Chez les Economistes Atterrés | Rue89 Les blogs
    http://blogs.rue89.com/chez-les-economistes-atterres/2013/12/04/pauvrete-les-impasses-du-rsa-et-de-la-solidarite-active-231851

    Le revenu de « solidarité active » (RSA), présenté comme porteur d’une conception renouvelée de la lutte contre la pauvreté, n’est pas un système satisfaisant. La lutte contre la pauvreté demande un changement d’approche, qui doit être fondée sur le principe de solidarité et déconnectée de la politique de l’emploi.

    Le RSA a remplacé en 2009 le revenu minimum d’insertion (RMI) et l’allocation de parent isolé (API). Ces derniers ont été conçus comme des mesures de soutien au revenu des ménages pauvres. L’API cherchait en 1976 à lutter contre le développement de la pauvreté des « parents isolés », essentiellement des mères précaires élevant seules leurs enfants.

    Le RMI visait en 1988 à concrétiser, dans un contexte de montée du chômage et de dégradation de ses conditions d’indemnisation, un principe inscrit dans le préambule de la Constitution de 1946 :

    « Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler, a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence ».

    Sous la pression d’une idéologie néolibérale pointant le risque de piéger les allocataires dans l’assistance et la pauvreté, le RMI et l’API ont été réformés de manière à encourager le retour à l’emploi.

    #pauvreté
    #RSA (revenu de « solidarité active »)
    #RMI (revenu minimum d’insertion)
    #API (allocation de parent isolé)

    • Le RSA sera réformé, mais comment ? La Commission Sirugue chargée de plancher sur la pauvreté des « travailleurs modestes » s’est concentrée sur les dispositifs d’intéressement [PDF]. Même mieux affûtées, les fléchettes n’approcheront pas la lune.

      Pour lutter contre la pauvreté, il faut redonner tout son sens au principe de solidarité inscrit dans le préambule de la Constitution de 1946.

      Il est urgent de revaloriser le socle du RSA qui ne l’a pas été suffisamment depuis 20 ans, mais aussi de personnaliser la prestation (un point qui fait débat au sein des économistes atterrés), afin que ceux (et surtout celles) qui n’ont pas (ou plus) de droit à l’assurance chômage cessent d’en être exclu/es du fait des revenus de leur conjoint/e.

      Quant à l’emploi des allocataires, il ne découle pas de leur seul comportement de recherche d’emploi, mais suppose un soutien à l’activité économique et des dispositifs d’emploi ambitieux. La pauvreté laborieuse, enfin, réclame de s’attaquer aux très bas salaires avec les instruments adéquats : la politique salariale (hausse du Smic) et la régulation des temps de travail.

    • Bizarre ce Friot, contrairement à tant d’autres, lui ne fètichise pas le #travail, il est l’un des rares à tenir à la distinction fondamentale entre travail et emploi (ce dernier n’étant une forme instituée d’un travail qui l’excède de toutes parts )mais il soutient une étrange mystique du #salariat...

      Sa définition du « salaire social » exclut toute les formes de revenu dont le financement ne provient pas du salaire mais de l’impôt, c’est absurde. La socialisation du salaire, le fait que celui-ci soit délié d’une « productivité individuelle » de plus en plus difficile à mesurer, si ce n’est autoritairement, ne tient pas à son mode de financement. Autant s’en tenir à une définition du salaire comme étant ce qui permet la reproduction de la force de travail (employée par une entreprise ou non), quelque soit la forme juridique que cela prend.
      Autant admettre aussi que ce qui est en jeu c’est une « reproduction élargie », c’est à dire un enjeu politique conflictuel, ce que ni Friot, ni les propositions d’allocation universelle n’assument.

      Sinon, Mona intervient à 1h04 après le début, se faisant zappé, puis le sujet « revenu » est lancé à 1h08 avec une présentation de la proposition soumise au référendum suisse.

      #archives

    • Le fétichisme du salariat est la raison d’être une école de sociologues fonctionnaires, qui n’iront pas pour autant exploser sous le poids de leur contradiction.

      La différence est que le salaire universel est sensé cotiser aux caisses sociales (et donc, entretenir la puissance paritaire) là où par définition le revenu universel accepte l’ordre du marché.

    • Par définition le revenu accepte le marché ? Comme tu y vas... Comme si la représentation paritaire n’était pas ce qui a permis de structurer le marché du travail, les conditions d’exploitation de la main d’oeuvre ? comme si les syndicats n’avaient pas aussi pour fonction de bâtir un état social qui est l’une des expressions du capitaliste collectif ?

      Une lecture possible, du #Negri d’avant les best sellers, en 1978 :
      L’#Etat, les dépenses publiques : problèmes et perspectives
      http://multitudes.samizdat.net/L-Etat-les-depenses-publiques

    • Hier soir ma femme m’a sorti du lit en me disant : « y a Mona Cholet à la télé ! »
      J’ai regardé et ouille, j’avais oublié ce que c’était la télé.. En fait le principe d’un débat télévisé, c’est dès que le débat devient intéressant et que quelqu’un peut énoncé clairement ses arguments, paf, on le coupe et on passe à autre chose, faut du spectacle, de la provoc, de l’esclandre..
      Dommage faudrait pas grand chose à Friot pour que son discours soit vraiment bien. Sur la question de la propriété lucrative / propriété d’usage et des responsabilités, je suis en phase, mais par contre sur la question du besoin de valoriser l’apport social de chacun, j’étais plus en phase avec Hirsch et son image du compartiment de l’inutilité...

      En fait dans ce débat il faut prendre en compte la cinématique d’évolution des mentalités.. Pour l’instant, tout ce qui peut donner l’idée d’être « payé à rien foutre » n’est pas audible pour la population durablement formatée par les capitalistes pour confondre la justice et le mérite, l’utilité et la rentabilité, la solidarité et l’assistanat... Pour ma part je crois qu’avant de « forfaitiser » le coût de la vie, faut passer par la case « les bons comptes font les bons amis » avant d’arriver à la case « quand on aime, on ne compte pas ».. On a besoin d’aller au bout de nos comptes d’épicier pour nous affranchir de la #valeur..

      Et du coup dommage, @Mona, je c’est pas si c’est que j’étais fatigué, mais on n’a pas pu bien saisir ce qui se passe vraiment en Suisse :-)

    • Hum... Hirsch est une ordure intégrale, avec un cachet « humano » de rigueur chez les meilleurs technocrates. Ancien patron d’Emmaus, conseiller social des Verts et EELV (parti d’apprentis notables), il est à l’origine de la création du #RSA sous Sarkozy. Ce dispositif a renforcé la contrainte à l’emploi et la disciplinarisation des #pauvres en remplaçant le #RMI, voir au sujet du RSA :

      Nous sommes tous des irréguliers de ce système absurde et mortifère
      http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=4124

    • Quel courage Mona ! Quand on voit ta tête absolument atterrée par ce qui est raconté, on endure avec toi ce moment terrible.
      La télévision, il vaut mieux refuser d’y aller, à peine arrivé, on va te maquiller pour te rendre télévisuel, le truc déstabilisant, surtout si tu es une femme, l’hôte te demandera de jouer le personnage qu’ils ont invité, pas toi, un personnage hargneux qui doit défendre ardemment ses positions quitte à couper la parole et parler plus fort que les autres, là, tu commences à piger, mieux vaut être un mâle. Toi, là, maintenant avec ton maquillage tu es qui dans ce show débile ? La télé, faut y aller seulement à partir du moment ou on t’assure au moins 2h00 d’émission pour exprimer des idées sans être interrompue par des pubs ou des gens noyés par leur image télé et leur surégo. Oui, ça existe, mais ça s’appelle la radio.

      Et là, Martin Hirsh qui joue le bon copain de Boutin, avec son accent Bourvillesque, le pro de la com télé c’est lui ! Le bon sens sauce gribiche, le sociétaire du spectacle, le bradeur de pauvres aux patrons, c’est pourtant ce brave type ! Et l’autre « Nous sommes les producteurs, nous sommes payés » Bernard Friot devrait dire ça aux étalons du salon de l’agriculture, mais non, le voilà l’autre sociétaire du spectacle mâle de ce plateau à pavaner sa suffisance et accaparer la parole. Hirsh reprend « Oh mais les gens déprimeraient si on leur donnait le revenu minimum » mais se retrouve au final à être plus intelligent que Friot qui se lâche : « Il n’y a que les travailleurs qui produisent de la richesse ». La honte du salaire universel qu’il veut placer partout, mais quelle mauvaise blague ! Ohlala bravo d’avoir tenu si longtemps !

      #compétition #volem_rien_foutre #connards

    • Oui sur le fait d’« endurer », j’allais rajouter un peu la même chose.

      Rien qu’en tant que spectateur, et même pas sur place, quand je regarde une émission comme ça j’en ressors é - pui - sé. C’est hyper fatiguant intellectuellement d’arriver à suivre toutes les horreurs (et les quelques rares choses utiles) qui s’y passent, ou plutôt qui s’y crient. Alors j’imagine ce que ça doit être quand on est dans l’arène... Quelle abnégation !...

    • @biggrizzly : je ne suis pas sur de saisir ce que tu veux dire, mais oui la brutalité d’expression est quelque chose de parfaitement bien partagée entre les deux camps. Si on voulait des débats instructifs et non divertissants, une charte d’expression suffirait, mais ce n’est pas le but.
      Faire un débat politique avec ce genre de partisans aussi peu ouverts d’esprits, c’est comme si on réunissait des supporters de l’OM et du PSG pour déterminer quelle est l’équipe qui joue le mieux au foot en France.
      Mauvaise foi, malhonnêteté intellectuelle, invectives et insultes occulteront le fond.. Pour le grand bénéfice du spectacle..

    • Friot est assez insupportable dans le genre gauchiste d’université un peu trop sûr de lui. Ceci dit sa distinction salaire/revenu n’est pas forcément inintéressante dans sa volonté de remettre le travail (dans le sens opposé au capital) au centre de la production de valeur et réduire grandement le rôle de l’État en supprimant l’impôt. Tout cela ressemble à une mise à jour du marxisme, ce qui n’est pas forcément mauvais en soi, mais on y retrouve une espèce de froideur économiste pas très excitante avec sa volonté de fonctionnariser l’ensemble de la société avec son lot de grilles hiérarchiques et inégalitaires. Bref, il manque un côté libertaire à la chose. :)

    • De plus, son « marxisme » bien à lui est un passéisme, contradictoire qui plus est. D’une part il soutient que le travail excède l’emploi, d’autre part il refuse le revenu alors que celui-ci « rétribue » lui aussi un travail, est constitutif d’un #salaire_social réel. Friot se refuse à admettre que ce salaire social réel ne relève ni d’une définition juridique et comptable centrée sur le temps d’emploi, ni d’un mécanisme de prélèvement particulier telle la cotisation salariale, ni d’une cogestion partielle telle qu’on peut l’observer pour diverses institution sociale spécifiques.

  • Jean GADREY » Blog Archive » 22 ans de décrochage scandaleux du RMI/RSA en trois graphiques
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2013/05/31/22-ans-de-decrochage-scandaleux-du-rmirsa-en-trois-graphiqu

    Le premier graphique représente l’évolution comparée du RMI/RSA (montant pour une personne seule) et du « revenu disponible brut des ménages par habitant » (RDB, définition en annexes), tous les deux en euros courants, base 100 en 1990. On peut cliquer sur les graphiques pour les agrandir.

    Le résultat est clair : le RMI devenu RSA (courbe du bas) se traîne derrière le RDB par personne, et l’écart se creuse encore plus nettement à partir de 2000. Le premier a progressé de 50 % en euros courants depuis 1990, le second de 80 %. Quant à la hausse des prix à la consommation (voir annexe 4), elle a été de 43,5 % au cours de ces 22 ans. Le pouvoir d’achat du RMI/RSA a progressé de moins de 5 % en 22 ans (voir graphique 3), pendant que celui du RDB par personne augmentait de 24,6 %.

    #RSA #RMI #pauvreté #précarité #revenu

  • #Minimex. Pour se divertir à propos de #droits_sociaux, une vidéo sur l’#exil social et le #RSA : Le Mouvement Des #Rmistes vous présente un clip de Jean-Jacques Goldman Sachs et Siriminima Sociaux. MDR - Là-bas (RSA) - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=9QHivugpa30

    En contrepoint
    Belgique : Les chômeurs braqués par le gouvernement
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5924

    Et un texte de Choming-out : Les désirs ne chôment pas
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5933

    Nous sommes des #intermittents du chômage ou du travail. Nous passons de l’un à l’autre continuellement. En dessous, à coté de ces statuts nous agissons, créons, cherchons, dormons, baisons et nous prenons soin de nous–mêmes, de nos ami-e-s et de nos familles. C’est de cette pluralité d’univers d’où nous parlons. Nous sommes attachés à cette multiplicité.

    Nous sommes nés dans ces politiques qui ont pour nom « #crise ». Nous avons vu défiler des dizaines et des dizaines de plans, de mesures, de lois visant à résoudre les crises, résorber le #chômage. Ceux-ci n’ont produit qu’une augmentation de la précarité sur les lieux de travail et au niveau du chômage. Nous voyons au jour le jour d’autres profiter de ces mesures. Au nom de la lutte contre le chômage, ce sont les patrons, banquiers, huissiers,... qui se sont engraissés. Aujourd’hui, ils nous refont le coup avec leur crise financière. C’est leur modèle de gestion capitaliste qui a failli et c’est nous qui devons les rembourser.

    Nous voulons l’arrêt du plan d’activation ; l’abrogation du statut de cohabitant ; une augmentation des #allocations de chômage ; des nouvelles politiques des savoirs, des techniques et de formation.

  • Emplois d’avenir, le gouvernement en appelle au secteur privé - France Info
    http://www.franceinfo.fr/economie/tout-info-tout-eco/emplois-d-avenir-le-gouvernement-en-appelle-au-secteur-prive-982473-2013-

    Après les stages Barre, en 1976, après l’interdiction du #RMI aux moins de 25 ans par le #P.S (et une assemblée nationale unanime), en 1988, nos bons maitres restent toujours prêts à organiser les conditions du dressage à la précarité des entrants dans le #salariat.

    #précarité #emploi-d'avenir #jeunes #Michel_Sapin

  • Livre : Les intermittents du #RMI | Actuchômage
    http://www.actuchomage.org/2012120423442/Mobilisations-luttes-et-solidarites/livre-les-intermittents-du-rmi.html

    On ne les écoute pas, on ne les consulte jamais (on décide à leur place) et on les enferme dans une double caricature d’obédience judéo-chrétienne : celle du pauvre qui, comme un enfant irresponsable, subirait son existence avec passivité et qu’il faut « pour son bien » activer tel un pion sur l’échiquier restreint d’un puissant conformisme ; celle d’une société normée, obsédée par le « mérite » et le fric, punitive voire sado-masochiste, qui estime qu’il faut gagner son pain à la sueur de son front à n’importe quel prix (là serait la dignité de l’homme…), tout choix, tout plaisir et toute créativité étant bannis. Bardés d’œillères, les bons petits soldats de l’insertion, eux-mêmes pilotés par les employeurs et les politiciens, s’emploient avec zèle à consolider ce carcan aussi archaïque qu’inefficient.

    Or, les allocataires du RSA-ex RMI sont des êtres humains comme les autres : munis d’un cerveau, ils ont des aspirations, des capacités, du talent qu’ils sont tout à fait capables de mobiliser avec intelligence, ténacité et débrouillardise. Forte de ce constat, la sociologue Martine Abrous [1] nous présente son livre qui, à travers onze portraits de précaires, va à l’encontre des idées reçues et plaide pour un retour au bon sens. A sa manière, elle démontre l’utilité d’un revenu universel.

  • Indéniablement, la politique de lutte contre la fraude interroge sur nos choix publics et sur la place du besoin. Si le besoin ne saurait justifier la fraude, la fraude peut-elle justifier de ne pas tenir compte du besoin ? Comment ne pas garder à l’esprit le fameux adage affirmant que « la #fraude corrompt tout » et ce proverbe malinké indiquant que « quand la fraude a construit une maison, elle la détruit ». Mais le besoin lui aussi détruit assurément. La question de l’équilibre des droits et des devoirs est subtile et fragile. Si la logique des devoirs est importante, elle doit s’allier dans un jeu délicat avec celle des droits sans les supplanter, tout comme les droits ne sauraient supplanter les devoirs. Si la conduite juridique impose une conduite honnête, comme l’affirmait Ulpien, elle s’inscrit aussi dans une logique permanente de conciliation entre des exigences opposées. Quoi qu’il en soit, dans la discussion sur la fraude, il ne faut pas omettre une réflexion sur les frontières entre la fraude et l’erreur et une, majeure, sur la construction d’un droit accessible et effectif.

    Note de Florence Tourette sous l’arrêt du Conseil d’Etat à propos de la non récupération des trop perçus pour fraude, s’agissant du #RMI
    http://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriAdmin.do?oldAction=rechJuriAdmin&idTexte=CETATEXT000024081